Année : 2024

  • SENEGAL-HORTICULTURE / Dagana : des productrices de riz se tournent vers la culture de la pomme de terre

    SENEGAL-HORTICULTURE / Dagana : des productrices de riz se tournent vers la culture de la pomme de terre

    Dagana, 16 fév (APS) – Des femmes productrices de riz du département de Dagana ont pris la décision d’expérimenter pour la première fois la culture de la pomme de terre, pour pallier les faibles rendements rizicoles liés aux changements climatiques, indique la présidente du Réseau des femmes agricultrices du nord (REFA), Korka Diaw.

     »Depuis 1991, on ne cultivait que du riz dans la vallée(…) mais, aujourd’hui, avec les changements climatiques, le rendement est devenu faible. Ce qui nous a motivés à nous lancer dans l’horticulture depuis quelques années et pour la première fois cette année, nous expérimentons la pomme de terre qui s’adapte mieux au climat’’, a-t-elle déclaré dans un entretien avec l’APS.

    La présidente du Réseau des femmes agricultrices du nord a effectué jeudi une visite dans le département de Dagana, pour expliquer à la presse la nouvelle orientation de cette organisation faîtière nationale.

    ‘’Tous ceux qui récoltaient six tonnes, voire huit tonnes se retrouvent actuellement avec moins de quatre tonnes à cause des effets des changements climatiques’’, a déploré Mme Diaw, par ailleurs présidente du GIE « Mayoro Guèye ».

    ‘’Le maraîchage nous a donné beaucoup de satisfaction, surtout avec la culture de tomate, mais après avoir consulté des experts et échangé avec beaucoup de techniciens, nous avons initié pour cette fois la culture de pomme de terre dans la zone nord’’, a-t-elle fait valoir.

    Elle a rappelé que lors d’une visite en France, les membres du REFA avaient discuté avec le directeur de l’horticulture, Macoumba Diouf. Ces discussions ont motivé leur volonté de cultiver la pomme de terre qui leur vaut de très grands rendements, a-t-elle ajouté.

    Selon elle, 2,5 tonnes de produits importés et 10 tonnes de produit locaux ont été remis au REFA par le directeur de l’horticulture pour cette campagne ‘’avec beaucoup d’enthousiasme’’.

    ‘’Nous espérons sous peu voir les résultats’’, a dit Korka Diaw, ajoutant que la main d’œuvre et les engrais sont assurés pour chaque productrice membre de l’association. Elle indique néanmoins que les productrices attendent toujours leurs quotas d’engrais.

    OG/AMD/ASB/ASG

  • SENEGAL-POLITIQUE-SOCIETE / Les Eclaireurs engagés dans la sensibilisation contre les violences électorales (communiqué)

    SENEGAL-POLITIQUE-SOCIETE / Les Eclaireurs engagés dans la sensibilisation contre les violences électorales (communiqué)

    Dakar, 15 fév (APS) – Les Eclaireuses et Eclaireurs du Sénégal (EEDS), se disant « soucieux de tout ce qui touche à un environnement épanouissant pour les jeunes et les communautés locales », ont réitéré leur engagement dans la sensibilisation contre les violences électorales, indique un communiqué reçu de cette association.

    « Les EEDS sont déjà engagés, avec d’autres partenaires au développement, dans une campagne de sensibilisation contre les violences électorales, dans la frange jeunesse notamment, et continueront à jouer un rôle de premier plan dans cette direction », peut-on lire dans ce communiqué.

    Aussi l’association des Eclaireuses et Eclaireurs du Sénégal a-t-elle fait part de sa « vive préoccupation face à la recrudescence des actes de violences politiques dans le déroulement de l’élection présidentielle de 2024 ».

    « Les EEDS pensent que des divergences idéologiques ou politiques ne doivent pas justifier des violences qui aboutissent toujours à des destructions importantes de biens privés et nationaux, ou plus gravement à des pertes en vies humaines, le plus souvent des jeunes », soulignent-ils.

    La situation de tension que vit actuellement le Sénégal, liée essentiellement à la gestion du processus électoral, est « très grave et les conséquences affecteront très négativement encore la jeunesse », prévient l’association des Éclaireuses et Eclaireurs du Sénégal.

    Elle demande aux acteurs politiques de tout bord et de tous niveaux, « d’exclure de leurs méthodes de communication et d’intervention toutes formes de violence (verbale, physique ou institutionnelle) ».

    De même, lance-t-elle « un appel vibrant à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral à privilégier l’intérêt supérieur de la nation et à s’engager sincèrement dans une dynamique positive et franche de concertation afin de trouver les solutions effectives au différends actuels et, finalement, créer une ambiance nationale faite de paix, de confiance mutuelle et de respect des Institutions de notre État ».

    « Notre association invite au strict respect des lois, à tous niveaux, tout spécialement les dispositions de la Constitution, pour garantir la primauté des valeurs éthiques, celles de la République et de la démocratie », ajoute-t-elle dans ce communiqué.

    L’association des EES suggère par ailleurs « vivement que tous les acteurs impliqués dans le processus électoral s’engagent formellement en signant un code d’éthique, de bonne conduite et d’honneur par lequel l’application de la loi et le consensus inclusif seront les seules bases de règlement des différends ».

    Le Sénégal fait face à une crise politique depuis que Macky Sall a annoncé, le 3 février dernier, avoir annulé le décret convoquant les Sénégalais aux urnes le 25 février prochain pour l’élection d’un nouveau président de la République.

    En prenant cette décision, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.

    S’adressant à la nation, le chef de l’État a appelé à « un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé et réconcilié ».

    L’Assemblée nationale a voté, deux jours plus tard, une proposition parlementaire reportant l’élection présidentielle au 15 décembre prochain. Lors du vote, des députés protestant contre cette proposition et le report du scrutin ont été expulsés de l’hémicycle par la Gendarmerie nationale.

    Des candidats au scrutin présidentiel et des députés ont saisi le Conseil constitutionnel en vue de l’annulation de la décision du président de la République et l’organisation du vote à la date initialement prévue.

    ADL/BK

  • SENEGAL-RELIGION / Lettre pastorale des évêques sur  »l’engagement des laïcs dans l’Eglise et dans la société »

    SENEGAL-RELIGION / Lettre pastorale des évêques sur  »l’engagement des laïcs dans l’Eglise et dans la société »

    Dakar 15 fév (APS) – Les évêques de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée Bissau ont publié une ‘’Lettre pastorale’’ engageant les fidèles laïcs dans la vie de l’église et dans la vie sociale, économique, politique et environnementale.

    Intitulé ‘’Sur l’engagement des laïcs dans l’Eglise et dans la société’’, ce document a été rendu public, ce jeudi, au lendemain du ‘’mercredi des cendres’’ marquant le démarrage du carême, lors d’une conférence de presse organisée à la cathédrale de Dakar.

    Entre autres étaient présents, le secrétaire de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau, Abbé Augustin Thiaw, le président du Conseil national du laïcat, Philippe Abraham Birane Tine.

    Selon l’Abbé Thiaw, cette lettre pastorale est destinée aux fidèles laïcs des différentes églises locales.

    En publiant ce document, les évêques de la Conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau veulent l’engagement des fidèles laïcs dans l’église et dans la vie sociale, économique et politique, a-t-il dit.

    Abbé Augustin Thiaw a expliqué que ce choix des évêques est motivé par la décision du pape François d’élever ‘’le service de la catéchise à la divinité du ministère (…)’’.

    Le document de 32 pages s’ouvre d’abord sur des ‘’propos liminaires’’, définit ensuite ‘’le rôle et la mission du fidèle laïc dans l’église’’, ‘’le rôle et la place des fidèles laïcs dans la société’’ en abordant ‘’l’engagement social, l’engagement politique, l’engagement économique et l’engagement environnemental’’.

    La Lettre propose enfin quelques champs d’actions pour ‘’faire face aux nombreux défis qui nous interpellent aujourd’hui. Ces actions passent par la formation, les engagements dans l’église et les engagements dans la société’’.

     PD/OID/ASB/ASG

  • SENEGAL-DIVERS / Bambey : un homme se donne la mort en s’immolant par le feu

    SENEGAL-DIVERS / Bambey : un homme se donne la mort en s’immolant par le feu

    Bambey, 15 fév (APS) – Un homme s’est donné la mort jeudi, en s’immolant par le feu à l’intérieur du cimetière de Léona, un quartier de la commune de Bambey, dans la région de Diourbel (centre), a appris l’APS de source sécuritaire.

    La victime, âgée de cinquante et un an, s’est aspergée un liquide inflammatoire avant d’y mettre le feu, selon les témoignages des voisins qui ont alerté les sapeurs-pompiers.

    Le corps sans vie a été transporté à l’hôpital régional Heinrich Lübke de Diourbel par les sapeurs-pompiers.

     MS/ASB/ASG

  • SENEGAL-MONDE-FOOTBALL / Classement FIFA : une 17e place mondiale historique pour les Lions 

    SENEGAL-MONDE-FOOTBALL / Classement FIFA : une 17e place mondiale historique pour les Lions 

    Dakar, 15 fév (APS) – Le Sénégal a fait un bond de trois rangs dans le dernier classement mondial de la FIFA et occupe pour la première fois de son histoire la 17e place, tout en gardant sa deuxième position africaine, indique un communiqué de l’instance dirigeante du football mondial, rendu public jeudi.

    L’équipe du Sénégal a occupé pendant plusieurs mois la 18e place mondiale, avant de chuter de deux bonds au cours de l’année 2023 pour occuper la 20e position, qu’elle a gardée jusqu’à la fin de la même année.

    Malgré une élimination en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations 2023 par la Côte d’Ivoire, vainqueur de cette CAN à domicile, les Lions du Sénégal progressent de trois rangs, atteignant pour la première fois la 17e place.

    D’autres pays africains ont fait un grand bond en avant. Grâce à son sacre, la Côte d’Ivoire a fait un progrès de 10 places, quittant la 49e pour la 39e position.

    Finaliste malheureux de la CAN 2023, le Nigeria s’est hissé au 28e rang mondial, avec un bond remarquable de 14 places.

    Eliminée en quart de finale par le Nigeria, l’Angola réalise un progrès spectaculaire de 24 rangs. De la 117e position, elle est allée se placer au 93e rang.

    Les Palancas Negras ont effectué ‘’la plus belle progression de ce classement en termes de places’’.

    Sortie lors des huitièmes de finale par la Guinée, la Guinée équatoriale quitte la 88e place pour la 79e.

    L’Afrique du Sud, troisième de cette 34e édition de la CAN, fait un bon de huit places, passant de la 66e position à la 58e.

    Le Cap-Vert, quart de finaliste, réalise la même progression, quittant la 73e position pour la 65e. La Namibie réalise la même progression et passe du 115e au 107e rang.

    Le Mali, demi-finaliste, gagne quatre places. De la 51e place, il se hisse à la 47e.

  • SENEGAL-EDITION-LITTERATURE / L’ouvrage  »Deux vocations en une vie », récit du  »parcours atypique » de sœur Yolande Diémé

    SENEGAL-EDITION-LITTERATURE / L’ouvrage  »Deux vocations en une vie », récit du  »parcours atypique » de sœur Yolande Diémé

    Saint-Louis, 15 fév (APS) – Le livre ‘’Deux vocations en une vie’’ de Sœur Yolande Diémé retrace  »le parcours atypique’’ d’une enseignante qui poursuit aussi une vocation de religieuse, déclare son préfacier, l’écrivain Alpha Amadou Sy.

    L’ouvrage de 99 pages, publié aux éditions Harmattan Sénégal, a été présenté récemment à Saint-Louis (nord).

    ‘’Nous n’avons pas la chance d’avoir une femme à la fois femme d’Eglise et enseignante qui voyage de la Casamance à Saint-Louis, va en France, revient et se livre à ses deux vocations’’, a-t-il dit à la presse, à propos du choix de sœur Yolande ‘’d’écrire son parcours atypique’’.

    Faisant partie des personnes qui ont poussé cette dernière à s’essayer à l’écriture, Alpha Amadou Sy estime qu’il fallait écrire ce livre sur son cursus pour ‘’la postérité’’.

    Le livre s’est fait en un jeu de questions réponses avec l’auteure qui a eu à mettre la dernière touche, a expliqué M. Sy, professeur de philosophie à la retraite.

    Le préfacier souligne que ‘’cette femme est un modèle d’engagement pour l’école, pour sa communauté et est à offrir en exemple à la jeunesse’’.

    Il a insisté également sur son intégration réussie dans son quartier de Balacos, qui abrite son établissement ‘’Notre Dame de Lourdes’’, où elle a eu à nouer de solides relations faites de complicité avec son environnement immédiat peuplé de musulmans.

    L’écrivain rappelle également le succès enregistré avec l’installation d’une école catholique à Boudiouck, une localité habitée par des Peulh qui, au début, avaient montré une certaine réticence à l’accueillir.

    ‘’Quand on leur a expliqué ce qu’elle fait, tout est rentré dans l’ordre, et aujourd’hui, l’école grandit et est devenue un lycée qui accueille majoritairement des musulmans’’, a-t-il rappelé.

    Sœur Yolande Diémé est revenue sur son parcours marqué par son arrivée en 1955 pour la première fois à Saint-Louis où elle a fait ses études et où elle a ensuite enseigné avant d’aller en France et à son retour, elle a été en Casamance.

    Des témoignages de femmes catholiques du quartier avec qui elle a mené des activités génératrices de revenus ainsi que des hommes de lettres comme Louis Camara [lauréat du Grand prix du chef de l’Etat pour les lettres en 1996 avec son livre  »Le choix de l’Ori »] et Sabah Benjelloun ont aussi apporté leur contribution au succès de cet événement.

    L’ouvrage  »Deux vocations en une vie » a été présenté, samedi dernier, à la librairie Clairafrique de Dakar.

    AMD/FKS/SBS/ASG

  • SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COLLECTIVITES / Brèche de Saint-Louis : face aux bouleversements de l’écosystème, les solutions étatiques et la résilience des populations

    SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COLLECTIVITES / Brèche de Saint-Louis : face aux bouleversements de l’écosystème, les solutions étatiques et la résilience des populations

    Par Abdoulaye Diallo et Khady Diop

    Saint-Louis, 15 fév (APS) – L’ouverture en 2003 d’un canal de délestage ou brèche à l’embouchure du fleuve Sénégal est à l’origine de profonds bouleversements de l’écosystème marin et de nombreux chavirement mortels de pirogues de pêcheurs, poussant les pouvoirs publics à trouver des solutions, tandis qu’une forme de résilience a vu le jour chez les habitants de l’île de Saint-Louis et de plusieurs villages de la commune de Ndiébène Gandiole, à travers le développement de nouvelles activités socio-économiques.

    Ces profonds changements n’ont épargné ni l’aire marine protégée (AMP) de Saint-Louis ni le Parc national de la langue de Barbarie (PNLB). Ces aires protégées sont situées dans l’emprise de l’embouchure, point de rencontre entre le fleuve Sénégal (1750 kms) et l’océan Atlantique, à l’extrémité sud de la ville de Saint-Louis.

    La récurrence des accidents fluviomaritimes mortels et des bouleversements environnementaux dans cette partie du fleuve a poussé les pêcheurs locaux, les collectivités territoriales et les habitants des villages environnants à se mobiliser depuis plus de vingt ans aux côtés des pouvoirs publics, pour limiter et atténuer les effets meurtriers et dévastateurs engendrés par l’ouverture de la brèche de Saint-Louis.

    Au moins entre 400 et 500 morts y ont été enregistrés entre 2003 et 2022, dans des accidents fluviomaritimes. Ces drames ont principalement fait des victimes du côté des pêcheurs locaux, selon les pouvoirs publics et les pêcheurs.

    La brèche a été creusée dans l’urgence le 3 octobre 2003, sur la partie sud de la langue de Barbarie, vers l’embouchure du fleuve Sénégal, point de jonction avec la mer.

    Elle a été réalisée à l’époque sur initiative des autorités régionales, pour libérer des eaux pluviales, des quartiers inondés de la langue de Barbarie, une bande de terre de 400 mètres de large et de 30 kilomètres de long, située sur le littoral de l’île de Saint-Louis.

    Creusée initialement sur une largeur de quatre mètres, elle a finalement atteint sept à huit kilomètres de diamètre, en vingt ans, à cause des changements climatiques et de la dynamique sédimentaire.

    Constatant cette grande ouverture à l’embouchure, les pêcheurs locaux vont progressivement utiliser ce chenal avec leurs grosses embarcations, pour pénétrer dans la partie continentale de l’île de Saint-Louis afin de décharger leurs captures de poissons mais aussi pour aller en haute mer.

    ’’Les débarquements de poissons se faisaient avec beaucoup de difficultés, avant l’ouverture de la brèche sur la façade du  littoral de l’île de Saint-Louis. L’amélioration de la navigabilité  à l’embouchure est favorisée par l’élargissement de la brèche’’, explique Lamine Diagne, chef du service régional des pêches et de la surveillance de Saint-Louis.

    Selon lui, cette nouvelle configuration a encouragé les pêcheurs à pénétrer à l’intérieur de l’île de Saint-Louis, avec leurs pirogues et captures.

    Récemment affecté à la tête de ce service régional, M. Diagne a reconnu que ‘’l’élargissement du diamètre de l’embouchure a principalement amélioré la navigabilité à l’embouchure’’.

    L’élargissement du diamètre de l’embouchure a contribué indirectement au développement de la pêche artisanale à Saint-Louis et au renforcement des équipements et équipages de pêche, estime de son côté Daouda Fall, coordonnateur des réseaux de conseils locaux de pêche artisanale (CLPA) de Saint-Louis.

    Daouda Fall, coordonnateur des réseaux de Conseil local de pêche artisanale (CLPA) de Saint-Louis
    Daouda Fall, coordonnateur du réseau de conseils locaux de pêche artisanale (CLPA) de Saint-Louis

    ‘’L’ouverture de la brèche a incontestable changé l’activité de pêche à Saint-Louis dans la mesure où les pêcheurs peuvent désormais accoster avec leurs pirogues à l’intérieur du continent, sur les rives du fleuve Sénégal’’, se félicite le pêcheur, qui est né et a grandi à Saint-Louis, dans le milieu de la pêche.

    Trouvé sur la corniche de l’île de Saint-Louis, Daouda Fall contemple, à l’approche de la mi-journée, le ballet incessant des motos et charrettes.

    Vêtu d’un boubou blanc, il insiste sur le fait que l’ouverture de la brèche de Saint-Louis ‘’a considérablement contribué au développement de la pêche artisanale même si, à côté, il y a des aspects biens négatifs à relever’’.

    Moulaye Mbaye, président du comité de gestion de l’Aire marine protégée (AMP) de Saint-Louis
    Moulaye Mbaye, président du comité de gestion de l’aire marine protégée (AMP) de Saint-Louis

    Plus de 400 morts enregistrés à l’embouchure du fleuve 

    Parmi les aspects négatifs, le pêcheur cite ‘’les nombreuses pertes en vies humaines’’ enregistrées dans des accidents fluvio-maritimes mortels.

    Selon lui, les autorités étatiques ont déclaré avoir recensé,  de l’ouverture de la brèche en 2003 à aujourd’hui, 400 morts dans des chavirements de pirogues. Ces drames ‘’surviennent généralement au moment où les pêcheurs, de retour en haute mer, tentent de regagner les rives du fleuve Sénégal, à travers l’embouchure, avec leurs pirogues’’, signale-t-il.

    ‘’Les drames arrivent généralement lorsque ces grandes pirogues, sous l’effet combiné du poids et de la vitesse de progression, heurtent brutalement le fond marin  sableux de l’embouchure’’, explique Moulaye Mbaye, président du comité de gestion de l’aire marine protégée (AMP) de Saint-Louis.

    ‘’Cette embouchure fait aujourd’hui huit kilomètres de large. Elle connaît dans son fond marin, de petites profondeurs par endroits violemment heurtées par de grandes pirogues. Et à chaque fois que les pirogues touchent le fond,  il y a des drames, et des chavirements mortels’’, déplore-t-il.

    M. Mbaye précise que sur 25 000 pirogues immatriculées au Sénégal, les 10.000 le sont à Saint-Louis.

    Lamine Diagne, nouveau chef du service régional des pêches et de la surveillance de Saint-Louis
    Lamine Diagne,  chef du service régional des pêches et de la surveillance de Saint-Louis

    Des mesures préventives prises pour réduire les accidents mortels

    L’embouchure étant devenue au fil des années un lieu de passage dangereux et périlleux pour les pêcheurs locaux, le service régional des pêches et de la surveillance de Saint-Louis s’est appuyé sur l’autorité administrative, pour prendre des mesures préventives allant dans le sens de réduire les récurrents accidents mortels.

    ‘’A cet effet,  le préfet de Saint-Louis avait pris en 2008, un arrêté portant réglementation du débarquement de la sardinelle dans la commune de Saint-Louis et l’accès au canal de délestage’’, rappelle Lamine Diagne, chef du service régional des pêches et de la surveillance de Saint-Louis.

    Cet arrêté encore en vigueur interdit toute navigation sur l’embouchure, de 19 heures à 7 heures du matin, fait-il savoir, expliquant que son objectif est de freiner ‘’la  récurrence des accidents mortels notés à l’embouchure’’.

    Il souligne que cet arrêté était la première mesure administrative prise par les pouvoirs publics pour limiter les accidents fluviomaritimes au niveau de la brèche.  Des missions de contrôles ont été initiées par les pêcheurs locaux et des équipes mixtes pluri-professionnelles de  surveillance (sapeurs-pompiers, eaux et forêts, police, etc.), ajoute M. Diagne

    Ces équipes mixtes pluri-professionnelles mobilisées pour appuyer la mise en œuvre de l’arrêté préfectoral travaillent sous l’égide de l’Agence nationale des affaires maritimes (ANAM).

    Les équipes sont chargées de faire des patrouilles le long de l’embouchure,  de 7 heures à 19 heures, des tranches horaires qui correspondent aux heures de navigation autorisées, indique-t-il.

    Lamine Diagne souligne que ces équipes mixtes, communément appelées  »check point », veillent du 1er janvier au 31 décembre de chaque année, au respect de l’arrêté préfectoral mais aussi des mesures sécuritaires, comme le port de gilet, et le respect des alertes météorologiques.

    Les pêcheurs membres du Groupement d’intérêt économique (GIE) Diamalaye et du CLPA de Saint-Louis ainsi que des partenaires se sont aussi engagés sur le terrain  pour le respect des heures autorisées de navigation de l’arrêté préfectoral, renseigne le fonctionnaire.

    Dans le cadre de la lutte contre les accidents fluviomaritimes, le chef du service régional des pêches indique qu’un balisage et un dragage du canal ont été exécutés par l’Etat comme mesures sécuritaires pour endiguer les accidents mortels et améliorer davantage la navigabilité.

    Lancés en 2019, ces travaux ont porté sur le dragage de la voie navigable de l’embouchure jusqu’au port polonais ainsi que sur le balisage du chenal.

    Une enveloppe de sept milliards de francs CFA avait été dégagée par l’Etat pour ces travaux, selon les autorités étatiques.

    Mamadou Keita, chef de la circonscription nord de l’ANAM intervenait dans son bureau lors d’un entretien accordé à l’APS
    Mamadou Keita, chef de la circonscription nord de l’ANAM, accordant un entretien à l’APS

    Une baisse des accidents fluviomaritimes à l’embouchure

    Les mesures préventives ont permis ‘’une régression des cas d’accidents fluviomarines à l’embouchure, passant de 400 à une quarantaine de morts ces dernières années’’, note Lamine Diagne, le chef du service régional des pêches et de la surveillance de Saint-Louis.

    Mamadou Keïta, chef de la circonscription nord de l’ANAM, salue aussi les efforts et investissements de l’Etat qui ont contribué à la réduction ‘’des accidents fluviomaritimes à l’embouchure’’.

    ‘’De 400 décès enregistrés depuis l’ouverture de la brèche, on est passé à deux accidents ou trois par an, en tout cas, à pas plus d’une dizaine de morts par an’’, dit-il. Il appelle à continuer la sensibilisation des pêcheurs au respect des mesures interdisant la navigation nocturne sur l’embouchure.

    ‘’C’est le non-respect de l’arrêté préfectoral qui favorise les accidents », accuse-t-il, justifiant la nécessité de « renforcer la sensibilisation des pêcheurs et [la poursuite] des missions de surveillance’’.

    Concernant les travaux de balisage et de dragage à l’embouchure, Mamadou Keïta rappelle que l’Etat avait fait appel à une entreprise chinoise dans un premier temps, avant de dénoncer ce contrat pour manque de respect de clauses.

    Une entreprise belge a finalement dragué l’embouchure sur une distance de 11 kilomètres en huit mois, indique M. Keïta, relevant que le dragage de la brèche et son balisage latéral matérialisé par la pose de 52 bouées (de balisage), de l’embouchure au port polonais, ont permis de réduire de moitié la récurrence des drames.

    Pour mener leurs missions de surveillance conjointe, les équipes mixtes disposent de sept vedettes dont deux appartenant à l’ANAM et cinq à d’autres services de l’Etat, selon le chef de la circonscription nord de l’ANAM.

    Il appelle les autorités étatiques à renforcer la mission de surveillance de l’embouchure en vedettes tout en dotant les pêcheurs et les habitants des villages environnants de gilets de sauvetage.

    Daouda Fall, coordonnateur du Réseau des conseils locaux de pêche artisanale (CLPA) de Saint-Louis, magnifie les activités menées dans le cadre de la campagne de sensibilisation sur les dangers de l’embouchure par les pêcheurs locaux à travers les radios communautaires locales et la diffusion d’alertes ou bulletins météorologiques.

    ‘’Grâce à ces initiatives de sensibilisation, les pécheurs ont pris conscience du danger de l’embouchure. Cette prise de conscience a permis de réduire les accidents fluviomaritimes touchant ces derniers’’, se félicite M. Fall, imputant ‘’la responsabilité entière des dégâts causés par la brèche aux autorités étatiques’’.

    ‘’Elles ont ouvert ce canal en 2003, sans au préalable faire des études d’impact environnemental, et sans consulter les pêcheurs locaux’’, dénonce-t-il.

    Outre les conséquences meurtrières de la brèche dans la commune de Saint-Louis, l’élargissement de celle-ci a impacté les principales activités socio-économiques des habitants de Ndiébène Gandiole. Les populations de cette commune située à 17 kilomètres de la ville de Saint-Louis ont décidé de se mobiliser contre les effets néfastes de l’élargissement de la brèche.

    Limitrophe de l’embouchure du fleuve Sénégal, elle compte près de 30.000 habitants, 30 villages, 6 hameaux, 27 écoles primaires, un lycée, deux collèges, un poste de santé et des cases de santé.

    Vue aérienne du PNLB
    Vue aérienne de la brèche de Saint-Louis

    ‘’A Ndiébène Gandiole, l’élargissement de la brèche a impacté négativement les activités socio-économiques des populations, comme la pêche, l’élevage, et l’agriculture’’, indique Mamadou Ndiaye, deuxième adjoint au maire de cette collectivité territoriale.

    ‘’Aujourd’hui, elles ont abandonné ces activités fortement impactées par la salinisation des sols et de la nappe phréatique’’, déplore l’élu local, signalant que les jeunes se sont tournés vers l’émigration clandestine en Europe.

    Il déplore ‘’la perte tragique d’une bonne partie de la jeunesse » de la commune.

    Tout de blanc vêtu, l’adjoint au maire dégage une grande sérénité dans la tenue traditionnelle qu’il arbore en cet après-midi.

    Mamadou Ndiaye, deuxième adjoint au maire de Ndiobène Gandiole
    Mamadou Ndiaye, deuxième adjoint au maire de Ndiobène Gandiole

    M. Ndiaye indique qu’en guise de solutions à ces problèmes environnementaux, la mairie a formalisé avec des partenaires, trois groupements d »intérêt économique portant sur l’agriculture, la pêche et la transformation des produits locaux, au profit des populations locales, particulièrement des jeunes.

    Ces trois GIE ont bénéficié chacun d’un financement de quatre millions de francs CFA, précise-t-il, expliquant que la commune a misé sur le partenariat et la sensibilisation ‘’pour retenir sa jeunesse’’.

    Il assure que la mairie est disposée à accompagner les jeunes, les GIE, dans le processus d’acquisition de parcelles agricoles. ‘’Il est vrai qu’une partie des terres est impactée par la salinisation mais d’autres sont encore cultivables’’, assure-t-il.

    ‘’Nous sensibilisons les jeunes contre l’émigration clandestine, à travers les radios communautaires, et les réseaux sociaux. Nous les appelons à croire à un destin possible ici, et non à l’étranger’’, lance M. Ndiaye.

    Situés sur l’emprise de l’embouchure du fleuve Sénégal, l’aire marine protégée de Saint-Louis et le Parc national de la langue de Barbarie n’ont pas non plus été épargnés par les effets destructeurs engendrés par l’agrandissement du canal de délestage.

    Du côté de l’AMP de Saint-Louis, l’ouverture de la brèche a détruit la flore et les dunes de sable. Des efforts ont été entrepris pour restaurer ses anciens écosystèmes, indique son conservateur, le capitaine Didier Kabou, à l’entame d’une visite de terrain de plus de deux tours d’horloge.

    Sur la plage de l’AMP, des traces de pattes d’oiseaux sont visibles. Au milieu de la réserve, des limicoles se pavanent allègrement.

    Les espèces végétales endémiques comme le ‘’paspalum’’ et le prosopis y poussent naturellement. Au fur et à mesure qu’on progresse dans ce foyer écologique, on découvre diverses plantes qui jalonnent les pistes sablonneuses et une bande de filaos à perte de vue. Ces végétaux foisonnent sur le relief de l’AMP et forment de jolis tapis verts agréables à contempler.

    L’AMP abrite une importante ressource avifaune composée de pélicans blancs (Pelicanus onocrotalus), de sternes caspiennes (Sterna caspia), de balbuzards pêcheurs (Pandion haleaetus), de goélands bruns (Larus fuscus), de mouettes à tête grise (Larus cirrocephalus), et de grands cormorans (phalocrocorax carbo).

    Oiseaux migrateurs à l’Air Marine Protégée de Saint-Louis (AMP)- (Crédit photo-Site AMP)
    Oiseaux migrateurs à l’aire marine protégée de Saint-Louis- (Crédit photo-Site AMP)

    Créée 2004, cette aire protégée s’étend sur 49 600 hectares dont 527 constitués essentiellement d’écosystèmes littoraux.

    107 hectares de filaos reboisés dans l’AMP

    Elle est limitrophe aux communes de Saint-Louis, Gandon et Ndiébène Gandiole et vise trois objectifs : la conservation de la biodiversité marine et  côtière, la restauration des habitats marins et côtiers, et l’amélioration des revenus des ménages autour de l’AMP.

    ‘’Depuis 2012, nous sommes à 107 hectares de filaos reboisés dans l’AMP. Nous avons également mis en place un dispositif qui permet de reconstituer le sable et le cordon dunaire de la langue de Barbarie’’, fait savoir son conservateur.

    Vêtu d’un tee-shirt noir et d’un pantalon kaki militaire, Didier Kabou parait plus jeune que son âge malgré ses 50 ans.

    Le capitaine Didier Kabou, conservateur de l’Air marine Protégée lors d’un entretien accordé aux journalistes de l’APS
    Le capitaine Didier Kabou, conservateur de l’aire marine protégée lors d’un entretien accordé aux journalistes de l’APS

    Le natif de la Casamance est un habitué du terrain pour avoir servi au Parc national de Niokolo Koba, une aire protégée qui se distingue aussi par la richesse de sa biodiversité et de ses écosystèmes.

    ‘’L’autre problème de l’AMP né de l’ouverture de la brèche, est l’ensablement du fleuve à l’origine  de beaucoup de problèmes de navigation’’, signale-t-il, se réjouissant de la réaction positive apportée par ‘’les pouvoirs publics dans la restauration des écosystèmes détruits par l’ouverture du canal de délestage’’.

    L’AMP de Saint-Louis compte 41 espèces d’oiseaux et reçoit en moyenne jusqu’à 10 000 oiseaux, selon les opérations mensuelles de décompte des oiseaux d’eau.

    Les grandes vagues de migrations d’oiseaux arrivent en période de froid dans l’hémisphère nord correspondant ici à la période entre les mois de novembre et d’avril. C’est à cette période que l’AMP enregistre des pics d’arrivées d’oiseaux migrateurs.

    L’AMP compte également des zones de reproduction dont celle dédiée aux tortues marines, et d’expérimentation de la reconstitution du cordon dunaire et de lutte contre l’érosion côtière.

    Le conservateur indique qu’après cartographie de l’AMP, neuf unités de gestion ont été mises en place dont des unités dédiées à l’écotourisme et au maraîchage.

    Cette brèche réalisée en 2003 a connu une dynamique allant vers le sud de la langue de Barbarie, explique-t-il, relevant une érosion côtière au nord et  une sédimentation au sud.

    Concernant la lutte contre les effets de la brèche, ‘’nous avons expérimenté dans l’AMP les pièges à sable réalisés  avec les plantes de typhas et des palissages pour piéger le sable et reconstituer le cordon dunaire de la langue de Barbarie’’, explique-t-il.

    Il indique que des actions de reboisement pour fixer les dunes et reconstituer le cordon protecteur de la langue de Barbarie  ont été déroulées dans les villages environnants, à l’embouchure en rapport avec les populations locales.

    Palissage érigée par les gestionnaires de l’AMP pour fixer le sol
    Palissage érigé par les gestionnaires de l’AMP pour fixer les dunes de sable 

    ‘’En amont de ces villages,  il y avait la langue de Barbarie qui jouait un rôle de cordon naturel protecteur pour les villages de Doun Baba Dièye, de Ndiébéne Gandiole et Gandon’’, rappelle-t-il. Selon lui, ‘’c’est ce rôle du cordon de la langue de Barbarie qu’on avait perdu avec l’ouverture de la brèche, en 2003’’.

    Il signale qu’à côté des actions de reboisement, l’AMP a accompagné avec des dons d’intrants et de matériels, les populations des villages dans la mise en place de blocs maraîchers. ‘’Aujourd’hui, à Doun Baba Dièye, un village rayé de la carte par l’ouverture de la brèche, des actions de reboisement et d’aménagement de maraîchers  sont en cours, pour permettre aux populations de vivre de leurs activités de maraîchage’’, dit-il.

    Des maraîchers réalisent 1,2 million de FCFA de chiffre d’affaire par campagne

    Il rappelle que les populations de ce village et environs s’adonnent à des activités de maraichage pour ravitailler en légumes la ville de Saint-Louis.

    ‘’Malheureusement, avec l’ouverture de la brèche, elles ont abandonné à un moment donné le maraîchage pour se reconvertir dans la pêche’’, déplore-t-il, avant de se réjouir de la restauration du cordon dunaire de la langue de Barbarie.

    L’activité de maraîchage rapporte énormément aux maraîchers avec 1,2 million de francs CFA de chiffre d’affaires par campagne, selon des enquêtes menées auprès de maraîchers, fait-il savoir.

    Des données de l’AMP sur les superficies de filaos reboisés de 2012 à 2022
    Des données de l’AMP sur les superficies (en ha) de filaos reboisés de 2012 à 2022

    Le capitaine Kabou lance un vibrant appel aux partenaires pour qu’ils viennent accompagner l’AMP dans la restauration de la langue de Barbarie, seule barrière qui protégeait la ville de Saint-Louis de l’avancée de la mer.

    ‘’Avec les activités économiques qui se profilent à l’horizon dont l’exploitation du pétrole et du gaz, c’est sûr qu’il y aura beaucoup de structures qui vont s’installer à Saint-Louis. Donc, c’est le moment d’anticiper sur la conservation de la langue de Barbarie,  le dernier rempart qui protège Saint-Louis des rigueurs de la mer’’, fait-il valoir.

    Au Parc national de la langue de Barbarie (PNLB), limitrophe de 17 villages riverains du fleuve Sénégal, l’ouverture de la brèche et l’érosion côtière menacent aujourd’hui l’ilot aux oiseaux, a alerté l’adjoint au conservateur du PNLB,  le lieutenant Bélal Diédhiou, à l’entame d’une visite du PNLB à bord d’une vedette.

    ‘’Cette brèche de Saint-Louis, dans sa progression du nord vers le sud sous l’effet des courants, risque de faire disparaître l’ilot’’, prévient-il.

    Explications du Lieutenant Belal Diedhiou sur l’avancée de la mer au niveau parc national de la langue de barbarieQuelques oiseaux trouvés au Parc National de la Langue Barbarie
    Le lieutenant Bélal Diedhiou expliquant l’avancée de la mer au Parc national de la langue de Barbarie

    Le point focal du PNLB est représenté par l’ilot de reproduction. Il avait 2 ha de superficie, mais a perdu 1/3 de sa superficie sous l’effet de l’érosion côtière. Cet ilot, dit-il, est un point important du parc qui reçoit chaque année des milliers d’oiseaux migrateurs.

    Bélal Diédhiou rappelle qu’avant la réduction de sa superficie, 10 espèces d’oiseaux se reproduisaient sur le site. ‘’Ce nombre est maintenant passé à quatre espèces d’oiseaux’’, déplore-t-il.

    Le long de la plage, les dégâts de la brèche sont toujours visibles avec notamment la disparition de filaos ravagés par la salinité et la forte érosion du rivage. Au fil des années, le parc a gravement subi les affres des changements climatiques, entraînant une disparition progressive des écosystèmes forestiers.

    Il est environ 16h. Un vent frais caresse les visages tandis que le soleil darde ses rayons.

    Après 20 minutes de navigation, la vedette arrive sur l’îlot de reproduction des oiseaux où se concentrent plus de 10 mille espèces avifaunes entre les mois novembre et d’avril.

    Des actions menées avec des partenaires ont permis de mettre en place, un cordon pierreux destiné à protéger l’îlot, confie M. Diédhiou. Il signale que ce cordon a lâché au bout de quelques jours seulement, sous l’effet des submersions marines et des grandes marées.

    Au milieu du fleuve, à bord de l’embarcation, une vue large des côtes où on peut constater facilement les impacts du canal de délestage s’offre aux visiteurs:  l’érosion côtière des sites abritant des campements et hôtels qui se trouvent sur le rivage du fleuve et la dégradation progressive du cordon pierreux érigé pour empêcher la disparition de l’ilot de reproduction des oiseaux.

    Oiseaux migrateurs au Parc national de la Langue de Barbarie
    Oiseaux migrateurs au Parc national de la Langue de Barbarie

    Bélal Diédhiou renseigne que les nouvelles options envisagées pour sauver l’îlot d’une disparition portent sur une restauration, un aménagement en hauteur ou encore la création d’un îlot artificiel sur la partie nord.

    ‘’Mais nous craignons que les oiseaux migrateurs qui ont l’habitude d’être sur l’îlot de reproduction n’acceptent pas l’îlot artificiel’’, redoute-t-il, soulignant que la réflexion se poursuit pour voir la meilleure option à prendre à ce niveau.

    Il assure que des solutions durables contre la brèche sont en cours d’étude, montrant du doigt la zone de reproduction des tortues marines du parc située entre l’océan Atlantique et le fleuve Sénégal.

    Créé en 1976, le PNLB s’étend sur 2000 hectares entre les communes de Ndiébéne Gandiole (Saint-Louis) et Léona (Louga). Sa création vise d’abord la protection des milliers de colonies nicheuses qui quittent chaque année l’Europe à cause de l’hiver pour se reproduire ici et la protection des tortues marines dont quatre espèces évoluent au PNLB.

    Le PNLB est constitué d’un écosystème marin, fluvial, et lagunaire

    L’adjoint au conservateur souligne que le PNLB est confronté également à une perte des surfaces de plage de la langue de Barbarie où se trouvent des sites de pontes de tortues marines.

    Sur une petite bande de terre qui sépare la mer et le fleuve du Sénégal, se dressent des filaos à perte vue. ‘’Vous voyez, ces écosystèmes forestiers ont été reboisés avec l’appui des partenaires, c’est pour fixer le sol’’,  souligne-t-il.

    Sur la plage apparait un fort rétrécissement de la côte. ‘’Cette plage fréquentée par des tortues marines est actuellement menacée par l’avancée de la brèche et l’érosion côtière. Une situation qui met en péril ces sites de ponte des tortues marines au point que l’année dernière on n’a pas eu de remontée de tortues’’, regrette-t-il. Il signale qu’en 2023, il y a eu seulement quatre remontées de tortues au niveau du parc.

    Concernant la lutte contre la remontée de la salinité, relève-t-il, les dunes sont fixées avec les filaos qui jouent aussi le rôle d’abri des oiseaux.

    ‘’Nous faisons des activités de reboisement de la mangrove qui joue un rôle écologique important, notamment la séquestration du carbone. Nous reboisons aussi au niveau du parc des espèces qui résistent à la salinité des sols et à l’érosion côtière’’, fait-il savoir, annonçant la mise en place d’une pépinière de ces espèces pour la restauration de terres dégradées par la salinité.

    Le lieutenant Diédhiou reconnaît que la remontée de la salinité n’a pas été entièrement mauvaise pour les populations des 17 villages limitrophes du PNLB.

    Selon lui, ‘’grâce à la remontée de la salinité, des arches, des huîtres, et des coquillages sont apparus dans le Gandiole, à cause du bouleversement de l’écosystème marin, poussant les populations riveraines, en majorité des femmes, à se lancer dans l’élevage de fruits de mer’’.

    Moussa Niang, éco-garde et ressortissant de la commune de Ndiébène Gandiole, souligne que la remontée de la salinité de la nappe phréatique et des terres, avec l’ouverture de la brèche, a transformé cette zone d’horticulture.

    Moussa Niang éco- garde habitant la commune de Ndiobène Gandiole
    Moussa Niang, éco- garde habitant la commune de Ndiobène Gandiole

    ‘’Les activités touchées par les effets de la brèche sont l’horticulture, mais les femmes s’adonnent maintenant à l’ostréiculture, la récolte des arches et des fruits de mer’’, renseigne M. Niang. Il rappelle que ces espèces y avaient été observées en 2008.

    Ce changement de l’écosystème a permis aux femmes qui avaient perdu leurs terres de se reconvertir dans l’ostréiculture et l’élevage de fruits de mer, s’est-il réjoui.

    Pape Aldiouma Cissé, chargé de projet technique senior à l’Agence de développement municipal, (ADM) indique qu’avec l’appui de la Banque mondiale, le gouvernement du Sénégal a initié une étude de modélisation hydrodynamique de l’embouchure du fleuve Sénégal.

    ‘’Cette étude en cours nous permettra de voir comment va se comporter cette brèche durant les 50 prochaines années et d’apporter des solutions durables de stabilisation de la brèche’’, ajoute M. Cissé, par ailleurs coordonnateur du Projet de protection côtière à Saint-Louis (PPCS).

    ABD/KD/AB/ASB/OID/ASG

  • VIDEO / Conférence épiscopale Sénégalaise : les évêques se penchent sur l’engagement politique

    VIDEO / Conférence épiscopale Sénégalaise : les évêques se penchent sur l’engagement politique

    Les évêques de la conférence épiscopale du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap vert et de la Guinée-Bissau ont présenté leur lettre pastorale. Au cours de cette déclaration, les évêques se sont exprimés sur l’engagement des laïcs dans la société mais surtout en politique.

  • SENEGAL-SPORT / Athlétisme : le retard des subventions empêche le bon déroulement des activités à Matam (président)

    SENEGAL-SPORT / Athlétisme : le retard des subventions empêche le bon déroulement des activités à Matam (président)

    Matam, 15 fév (APS) – Le président de la Ligue régionale d’athlétisme de Matam, Isma Bâ, a déclaré, jeudi, que le retard des subventions accordées par la fédération sénégalaise d’athlétisme empêche le bon déroulement des activités dans la région.

    ‘’Chaque année, nous recevons les subventions presque à la fin de la saison. Cela nous handicape beaucoup et nous empêche de dérouler normalement nos activités au niveau régional. Nous finançons souvent nos activités avec nos maigres moyens en attendant les subventions devant venir de l’instance supérieure’’, a t-il dit dans un entretien avec l’APS.

    M. Bâ a signalé que la ligue n’a pas d’autres partenaires à part la Fédération sénégalaise d’athlétisme. Les sollicitations faites à la mairie de Matam dans ce sens n’ont encore rien donné, a-t-il fait savoir.

    ‘’Nous avons raté une compétition à Louga organisée par le district du nord faute de moyens. Ce qui a démotivé les jeunes athlètes qui devaient prendre part à cette rencontre’’, a regretté Isma Bâ.

    Selon lui, c’est la ligue qui ‘’assure le déplacement des athlètes’’ à travers les trois districts pour les compétions organisées dans la région ainsi que la finale régionale.

    Il a laissé entendre que la subvention octroyée par la FSA ‘’ne couvre pas tous les besoins de la ligue’’ qui manque également de matériel comme les haies, les starting-blocks et autres.

    AT/ASB/OID

  • SENEGAL-SANTE- ENFANCE / Chirurgie infantile: 70 enfants pris en charge à Kolda et Sédhiou

    SENEGAL-SANTE- ENFANCE / Chirurgie infantile: 70 enfants pris en charge à Kolda et Sédhiou

    Sédhiou, 15 févr (APS)- Soixante-dix enfants ont été opérés gratuitement lors d’un camp de chirurgie infantile organisé du 12 au 15 février par l’ONG-AMREF en partenariat avec les centres hospitaliers régionaux de Kolda et de Sédhiou pour contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité infantile.

     »’Soixante-dix enfants atteints de diverses pathologies dont les plus fréquentes sont la hernie ont été opérés et soignés gratuitement dans les deux centres hospitaliers régionaux de Kolda et de Sédhiou », a indiqué Manson Touré, chargé de programmes à l’ONG AMREF en Casamance.

    Ce camp de chirurgie vise à  »contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité des enfants de la naissance à l’âge de 14 ans par la décentration des soins de santé au niveau des écoles et des structures de santé les plus inférieures », a souligné M. Touré qui intervenait lors de la cérémonie de clôture des travaux du camp chirurgie infantile organisé au centre hospitalier Amadou Tidiane Ba de Sédhiou.

    ‘Global Health Foundation » a financé l’organisation des deux camps de chirurgie infantile à hauteur de dix-huit millions de francs Cfa.

    Les parents des patients ont salué cette initiative avant de demander sa pérennisation.  »L’organisation de ces journées est une bonne chose pour la population », a déclaré Arouna Savané, parent d’un enfant opéré.

     »J’ai fait beaucoup d’hôpitaux, beaucoup de villages pour la santé de ma fille qui n’a que 11 mois mais, il y avait aucun résultat probant. Aujourd’hui, j’ai vraiment l’espoir que tout ira mieux pour elle » a-t-il ajouté. Selon lui,  »soigner les enfants malades est un acte noble et louable ».

     »Nous félicitons les acteurs sanitaires et les responsables du projet », a pour sa part souligné Ousmane Seck Dame, directeur du centre hospitalier régional Amadou Tidiane Ba de Sédhiou, saluant une initiative visant à  »améliorer la santé et le bien-être des enfants de la région ».

    Selon lui,  »le programme a pris en charge gratuitement les patients de la consultation à l’hospitalisation en passant par  les kits opératoires ».

    L’hôpital Amadou Tidiane Ba ne dispose pas de chirurgien-pédiatre, d’où le recours aux partenaires pour la prise en charge en cas de besoin.

     »En ce moment l’hôpital n’a pas de chirurgien-pédiatre alors que les pathologies prédominantes chez les enfants sont essentiellement la hernie et souvent il faut faire appel aux chirurgiens de Dakar », a-t-il expliqué.

    OB/SKS/OID