Année : 2025

  • SENEGAL-ENVIRONNEMENT-CONSERVATION / Reptilarium du parc de Hann : un refuge pour les serpents de Dakar, menacés d’extermination

    SENEGAL-ENVIRONNEMENT-CONSERVATION / Reptilarium du parc de Hann : un refuge pour les serpents de Dakar, menacés d’extermination

    Par Abdoulaye Badji

    Dakar, 17 fév (APS) – Logé à l’intérieur du Parc forestier et zoologique de Hann, le premier reptilarium d’Afrique de l’Ouest s’évertue depuis une dizaine d’années, en dépit de maigres moyens, à sauver les serpents d’une extermination à Dakar et environs, zone où l’urbanisation accompagnée de grands travaux de terrassement ne cesse de repousser et menacer l’existence de ces animaux.

    ‘’L’idée de mettre en place ce reptilarium, au Parc forestier et zoologique de Hann, en partenariat avec la Direction des eaux et forêts, est née en 2015 et s’inscrit dans une lutte pour sauver les serpents d’une extermination à Dakar et environs’’, a dit à l’APS, Fallou Guèye, promoteur privé de cet espace. La vocation du reptilarium consiste à protéger ces animaux des menaces anthropiques et à servir d’espace de loisirs aux visiteurs.

    ‘’Toutes les espèces de serpents qu’on a au reptilarium du parc forestier et zoologique de Hann sont récupérées, lors de nos interventions dans des maisons et autres foyers. Nous sommes partis d’un serpent à plusieurs espèces au niveau du reptilarium’’, a-t-il expliqué.

    Il signale qu’il arrive qu’un passionné de reptiles leur offre des serpents.

    Fallou Guèye explique que pour faciliter les interventions dans des domiciles ou autres endroits de Dakar, le reptilarium a mis ses contacts à la disposition des eaux et forêts et de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers. ‘’C’est à partir de ces numéros d’ailleurs que les gens nous appellent pour leur venir en aide en délogeant les serpents après apparition dans leurs habitats’’, a-t-il dit.

    ‘’Nous recevons dans ce cadre régulièrement des appels téléphoniques. Et nous intervenons parfois la nuit avec nos équipements appropriés souvent à Mbao, particulièrement dans des maisons situées près de la forêt classée, à Keur Massar et partout ailleurs. A l’issue de ces opérations, nous mettons aussitôt le serpent concerné à l’abri, au reptilarium’’, a-t-il indiqué.

    Il signale que les multiples chantiers d’ouvrages routiers et d’urbanisation sont à l’origine d’un taux de mortalité élevé des serpents. ‘’Par conséquent, j’invite les responsables de ces chantiers à prendre toujours des dispositions nécessaires pour déloger ces animaux des sites concernés, avant tout démarrage d’opérations de terrassement’’, a-t-il lancé. ‘’Malheureusement, ils ne respectent jamais ces mesures et écrasent tout sur leur passage avec des pelles mécaniques, tuant ainsi beaucoup de serpents’’, déplore-t-il.

    Il estime qu’une vérification des lieux est très importante pour la sauvegarde de ces espèces, rappelant que les reptiles sont les premiers à occuper ces sites.

    La majorité des serpents du reptilarium retirés de maisons 

    Niché à proximité du jardin ethnobotanique du parc forestier et zoologique de Hann, le reptilarium est aménagé pour accueillir en plus des serpents, d’autres animaux, comme les crocodiles.

    Ces crocodiles sont placés dans un point d’eau bien sécurisé du reptilarium, qui accueille aussi des tortues, des varans aquatiques et terrestres dans des cages bien sécurisées.

    ‘’Aujourd’hui, après une dizaine d’années d’interventions, le reptilarium comptabilise 90 têtes composées de serpents venimeux et non venimeux, mais aussi des crocodiles, des varans terrestres et aquatiques et d’autres animaux sauvages’’, a-t-il indiqué.

    Après 26 ans d’émigration en Italie, où il travaillait au zoo de Rome, Fallou Guèye est sans nul doute un grand passionné des serpents et des animaux sauvages. Cet amour des animaux l’a poussé à mettre en place ce reptilarium en dépit de ses faibles moyens.

    Il explique que son amour des animaux remonte à sa tendre jeunesse, donc bien avant qu’il n’émigre en Italie. Aujourd’hui, l’homme dit  »ressentir du plaisir et du bonheur en contribuant à la sauvegarde des reptiles, en particulier des serpents et à évoluer dans cet espace de plus en plus visité par les Sénégalais’’.

    ‘’Nous recevons ici régulièrement plusieurs catégories de visiteurs, parmi lesquels des élèves et des familles. Nous profitons de ces moments pour sensibiliser nos visiteurs sur le rôle et l’importance des serpents dans nos écosystèmes’’, a-t-il indiqué.

    ‘’En outre, pour permettre au public de connaître davantage les reptiles, nous faisons de la publicité, des cartes postales ainsi que des activités de sensibilisation sur le rôle et l’importance des serpents’’, a-t-il expliqué.

     »Nous mettons l’accent pour faire comprendre aux visiteurs que les serpents ne sont pas nos ennemis. Ce sont des animaux très importants pour l’écosystème et qu’on doit protéger’’, insiste-t-il.

    Il assure que ses activités de sensibilisation ont permis aux Sénégalais de connaitre de plus en plus l’importance des serpents.  »Ce qui se traduit de plus en plus par un nombre croissant de visiteurs au reptilarium avec en moyenne 150 à 200 visiteurs par semaine’’, a-t-il indiqué.

    ‘’Les week-end, a-t-il renseigné, nous avons un afflux important de visiteurs, contrairement aux jours ordinaires où nous enregistrons moins de fréquentation.’’

    63 espèces de serpents, dont 18 venimeuses

    Fallou Guèye souligne que les serpents jouent un rôle important dans la protection des exploitations agricoles contre les rongeurs et certaines maladies. Le venin du serpent est très utilisé comme un composant dans beaucoup de médicaments, confie-t-il en citant l’exemple de l’anti venin.

    Le promoteur du premier reptilarium d’Afrique de l’Ouest indique que le Sénégal compte 63 espèces de serpents, dont seulement 18 catégorisés dangereux et 45 non dangereux.

    ‘’Donc, beaucoup de serpents qu’on a au Sénégal ne sont pas venimeux. Par conséquent, le fait de tuer ces serpents qui jouent un rôle important dans l’écosystème, relève selon lui, d’un manque de connaissance’’.

    Fallou Guèye sollicite un accompagnement des autorités étatiques pour moderniser davantage ce vivarium au profit des enfants et touristes, un échantillon très représentatif des visiteurs.

    AB/MK/OID/ASG

  • SENEGAL-AFRIQUE-EDUCATION / Moustapha Guirassy invite le PASEC à s’auto-évaluer

    SENEGAL-AFRIQUE-EDUCATION / Moustapha Guirassy invite le PASEC à s’auto-évaluer

    Dakar, 17 fev (APS) – Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Guirassy, a invité, lundi à Dakar, le Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la francophonie (PASEC) à s’auto-évaluer pour être dans une logique d’équité et de quête de performances.

     »Le PASEC a pour mission d’évaluer les différents systèmes éducatifs, mais il est à un tournant pour s’auto-évaluer, se comparer à d’autres et s’ajuster dans une logique d’équité  et de quête de performances », a recommandé le ministre de l’Education nationale.

    Moustapha Guirassy procédait à l’ouverture du deuxième regroupement des équipes nationales du PASEC chargées de la grande collecte de données.

    Le Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Education des Etats et Gouvernements de la francophonie (PASEC) doit ‘’s’auto-évaluer lui-même pour voir comment il évolue afin de s’inscrire sur de nouveaux axes d’amélioration de son processus’’, a-t-il ajouté.

    Devant les délégations venues de 21 pays de la  Conférence des ministres de l’Éducation des Etats et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN), le ministre a fait des suggestions allant dans le sens de ‘’réorienter le PASEC’’, invitant les acteurs à ‘’rendre plus inclusif le processus d’évaluation’’.

    ‘’Nous devons continuer à être ambitieux par respect pour ce que nous sommes, mais aussi par respect pour les enfants que nous formons’’, a fait valoir le ministre.

    Moustapha Guirassy a noté par ailleurs que le PASEC ne prenait pas en compte  »suffisamment les enjeux liés aux compétences et à l’impact de l’école sur l’élève’’.

    ‘’Or, il  s’agit, a-t-il expliqué, de voir comment l’école transforme l’enfant, les compétences numériques, le civisme, les rapports avec l’environnement, entre autres’’.

    Il estime qu’il  »y a un déficit et pour le combler il faut revoir la politique du PASEC afin qu’il soit connecté directement à l’école’’.

    Il a ainsi proposé à la coordination du PASEC de ‘’revoir sa structuration pour que la mise en œuvre des recommandations soit effective’’.

    ‘’Il y un beau travail, une expertise avérée, mais dans la transformation de nos systèmes à partir des recommandations, nous constatons qu’il y a beaucoup de lenteurs, et il faut absolument être beaucoup plus inventif et innovant’’, a encore dit Moustapha Guirassy devant la centaine de participants.

    Durant dix jours, les équipes nationales du PASEC de 21 pays, composées de responsables nationaux, de pédagogues et d’informaticiens, participeront à des sessions théoriques et pratiques pour échanger sur les procédures techniques et les outils de collecte, particulièrement de l’application CAPI utilisée pour la collecte numérique des données.

    Ce renforcement des compétences est ‘’essentiel pour garantir la qualité et la fiabilité des données qui seront recueillies entre mars et juin 2025’’.

    Les participants sont préparés pour cette grande collecte de données en vue de l’évaluation internationale du PASEC 2024.

    Il s’agit du deuxième regroupement des équipes nationales du PASEC, après celui de l’année dernière.

    Avec plus de 660 000 répondants attendus, cette troisième évaluation internationale du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC) s’impose comme l’une des plus vastes enquêtes sur les apprentissages fondamentaux en Afrique avec pour objectif de produire des données fiables pour éclairer les politiques éducatives et renforcer les systèmes éducatifs des pays participants.

    La CONFEMEN a mis en place depuis 1991 le PASEC afin de disposer des informations permettant d’accompagner les Etats membres dans le pilotage de leurs systèmes éducatifs.

    Le PASEC 2024, avec 21 pays participants, est la troisième évaluation internationale après le PASEC 2014 avec 10 pays et le PASEC 2019 avec 14 pays.

    ADL/OID/AB

  • SENEGAL-MONDE-MUSIQUE / DMX : la place du jazz africain dans le contexte mondial au cœur de la 6e édition

    SENEGAL-MONDE-MUSIQUE / DMX : la place du jazz africain dans le contexte mondial au cœur de la 6e édition

    Dakar, 17 fév (APS) – La sixième édition du Dakar music expo (DMX), prévue à partir de jeudi, à Dakar, sera centrée sur la place du jazz africain dans le contexte mondial, avec pour thème ‘’L’essor du jazz africain entre racines et innovations’’, a déclaré à l’APS son promoteur Doudou Sarr.

    ‘’Le thème du DMX prévu du 20 au 23 février est le genre musical jazz. Quelle est la place du jazz africain dans le nouveau contexte mondial ? C’est à nous d’interpréter, de dire c’est quoi notre jazz, parce que le jazz est parti d’ici’’, a expliqué M. Sarr lors d’un entretien accordé à l’APS.

    Le promoteur suggère d’inviter les gens à avoir ce genre de discussion et leur montrer des créations de jazzy venues d’Afrique.

    ‘’Dans les milieux internationaux, on a souvent tendance à dire, à l’exception d’Afrique du Sud encore, qu’il n’y a pas de jazz en Afrique. Manu Dibango a beaucoup souffert de cela. (…) dans le circuit jazz, on pensait qu’il était world music, et dans le circuit world music, on pensait qu’il était trop jazz. On veut rectifier cela’’, explique Doudou Sarr,

    Il promet que les amateurs du jazz vont être servis avec la mise en avant de bons instrumentistes africains.

    Doudou Sarr signale que des groupes représentant le renouveau du jazz africain et répondant aux critères internationaux ont été invités à cette manifestation.

    Il a rappelé que l’Afrique compte plein de grands noms du jazz, à l’image du Camerounais Richard Bona, du Malien Cheikh Tidiane Seck, du Béninois Lionel Loueke, qui n’ont pas eu le succès de leurs cousins afro américains.

    M. Sarr a aussi cité à cet égard les guitaristes sénégalais Alune Wade, Doudou Konaré, Hervé Samb, estimant qu’‘’il leur faut un peu plus de reconnaissance sur le plan international’’.

    Le DMX recevra comme invités des représentants de grands festivals de jazz, notamment ‘’North Sea jazz festival’’ de Rotterdam (Pays Bas), le plus grand en Europe, ‘’Marseille jazz des cinq continents’’ (France), qui fait partie du top cinq des festivals de jazz, etc.

    Doudou Sarr a souligné que Saint-Louis jazz festival se joindra également aux discussions.

    Plusieurs délégations de professionnels de l’industrie musicale, notamment l’European jazz network, le Centre national de la musique et la Zone franche, composées de programmateurs, tourneurs et directeurs de festivals venus de France et de divers pays européens, sont attendues à Dakar.

    L’organisateur a annoncé en même temps la participation de nouveaux talents du jazz africain, tels que le collectif ‘’Maquis electroniq de Côte d’Ivoire’’ qui regroupe des artistes sénégalais, ivoiriens et togolais, les Sénégalais Zale Seck (Canada), Jules Guèye, Réma Diop, Mara Seck, Amady Sidibé, Queen Ndatté, le groupe Alioune Guissé et Lee Carrol (Sénégal/USA), l’Autrichienne Cécile Nordegg, etc.

    Des ateliers de formation sont aussi inscrits dans le programme de cette sixième édition du DMX, en plus de concerts et panels.

    FKS/ASG/OID

  • SENEGAL-AFRIQUE-EDUCATION / PASEC 2024 de la CONFEMEN : une ‘’grande collecte de données’’ lancée à Dakar

    SENEGAL-AFRIQUE-EDUCATION / PASEC 2024 de la CONFEMEN : une ‘’grande collecte de données’’ lancée à Dakar

    Dakar, 17 fév (APS) – Les représentations nationales des 21 pays membres de la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la francophonie (CONFEMEN) ont lancé, lundi, à Dakar, une ‘’grande collecte de données’’ en vue de l’évaluation du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC 2024) de ladite organisation internationale, a-t-on appris de son secrétaire général, Abdel Rahmane Baba Moussa.

    ‘’C’est l’une des plus vastes enquêtes sur les apprentissages fondamentaux en Afrique pour produire des données fiables, afin d’éclairer les politiques éducatives et renforcer les systèmes éducatifs des pays membres’’, a-t-il précisé.

    L’évaluation des apprentissages permet de mesurer les connaissances et les compétences des élèves dans une discipline donnée, a-t-il indiqué.

    Abdel Rahmane Baba Moussa juge que ce renforcement des compétences est ‘’essentiel pour garantir la qualité et la fiabilité des données qui seront recueillies entre mars et juin 2025’’.

    Ce regroupement permettra d’‘’harmoniser les procédures, d’adopter un calendrier commun et de renforcer les compétences des formateurs des administrateurs de tests’’, a expliqué le secrétaire général de la CONFEMEN.

    Le secrétaire général de la CONFEMEN, Abdel Rahmane Baba Moussa

    Une évaluation de ce type est ‘’un instrument de contrôle, de suivi et de pilotage de la qualité de l’éducation’’, qui aide à ‘’cibler les politiques éducatives pour plus d’efficacité et d’équité’’, a dit le ministre de l’Éducation nationale du Sénégal, Moustapha Guirassy, venu présider la cérémonie d’ouverture de la réunion des représentations nationales de la CONFEMEN.

    L’évaluation concerne à la fois des pays d’Afrique francophone, anglophone et lusophone : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, Djibouti, le Gabon, la Guinée-Bissau et Madagascar. Le Mali, le Mozambique, le Niger, le Nigeria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, São Tomé-et-Príncipe, le Sénégal, le Tchad et le Togo sont également concernés.

    Les données collectées dans le cadre de l’évaluation PASEC 2024 alimenteront des analyses approfondies sur les performances des systèmes éducatifs, en lien avec les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, selon un dossier de presse consacré à cette initiative.

    Durant dix jours, les équipes nationales PASEC de 21 pays, comprenant des responsables nationaux, des pédagogues et informaticiens, participeront à des sessions théoriques et pratiques pour échanger sur les procédures techniques et les outils de collecte, dont l’application CAPI, utilisée pour la collecte numérique des données.

    Plus de 660.000 répondants sont ciblés pour cette troisième évaluation internationale du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN.

    Ses résultats attendus avec ‘’intérêt’’ par les décideurs, les acteurs et les partenaires de l’éducation devraient contribuer à l’accélération des progrès en vue d’‘’une éducation plus inclusive et de qualité’’, selon la coordination du PASEC.

    ADL/BK/ESF

  • SENEGAL-FINANCE / Ce qu’il faut comprendre du ‘’sukuk SOGEPA’’, ou le recours à la finance islamique pour la vente d’immeubles appartenant à l’État sénégalais

    SENEGAL-FINANCE / Ce qu’il faut comprendre du ‘’sukuk SOGEPA’’, ou le recours à la finance islamique pour la vente d’immeubles appartenant à l’État sénégalais

    Par Serigne Mbaye Dramé

    Dakar, 17 fév (APS) – La Cour des comptes a relevé des anomalies dans l’usage fait de la finance islamique par la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (SOGEPA) pour vendre une dizaine d’immeubles appartenant à l’État, mais des spécialistes interrogés par l’APS relèvent, pour leur part, la ‘’mauvaise utilisation d’un mécanisme scientifiquement éprouvé’’ – pour employer la formule de l’un d’entre eux.

    Certaines réactions au rapport publié mercredi par cette institution de contrôle des finances publiques remettent en cause le recours à la finance islamique dans une opération financière de l’État.

    Des spécialistes interrogés par l’APS relèvent, pour leur part, la ‘’mauvaise utilisation d’un mécanisme scientifiquement éprouvé’’. C’est la formule de l’un d’entre eux.

    Les anomalies relevées dans le rapport d’audit de la Cour des comptes ne sont pas une raison valable pour ‘’jeter le discrédit et semer la confusion sur la finance islamique, qui est une alternative au système classique de financement’’, prévient Mansour Ndiaye, un expert en microfinance et formateur en finance islamique.

    La procédure de finance islamique utilisée pour vendre des immeubles appartenant à l’État relève d’‘’un mécanisme clair’’, précise M. Ndiaye.

    De quoi sukuk est-il le nom ?

    Il déplore, toutefois, la manière dont le ‘’sukuk SOGEPA’’ a été utilisé. L’expert exhorte l’opinion à éviter de considérer la finance islamique comme une ‘’nébuleuse’’.

    ‘’C’est quelque chose de clean’’, a tenu à préciser Mansour Ndiaye.

    Le site d’information Iqra Finance définit le sukuk comme une ‘’obligation adossée à un actif’’. Généralement émis par les entreprises, les institutions financières et les États, ‘’le sukuk est un billet de trésorerie qui confère à l’investisseur une part de propriété dans un actif sous-jacent, en lui assurant un revenu à ce titre’’, explique ce site spécialisé.

    Iqra Finance ajoute que ‘’l’entité émettrice doit identifier les actifs existants, à vendre aux investisseurs sukuk par transfert à une entité ad hoc’’.

    Il signale que les investisseurs jouissent de l’usufruit de ces actifs, au prorata de leur investissement.

    Le mécanisme de finance islamique utilisé dans le cadre du ‘’sukuk SOGEPA’’ est appelé ijara, qui renvoie à une commission, à des frais ou à une rémunération.

    La ijara est définie comme une location au terme duquel une partie achète un bien et le loue à une autre, en contrepartie d’un loyer périodique prédéterminé contractuellement, selon le glossaire de la finance islamique d’Iqra Finance.

    La Cour des comptes a signalé l’existence d’un reliquat de 114,4 milliards de francs CFA de l’emprunt obligataire non versé au Trésor public.

    La Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État a procédé, le 21 avril 2022, à la mobilisation d’un emprunt obligataire sous forme de sukuk d’un montant de 330 milliards de francs CFA. Pour effectuer cette opération, l’État a procédé à la vente de certains de ses immeubles à la SOGEPA, à l’aide du décret n° 2022-163 du 3 février 2022 portant cession à titre onéreux au profit de la SOGEPA, selon le rapport publié par la Cour des comptes.

    Le document rendu public mercredi fait état d’une dizaine d’immeubles appartenant à l’État, d’une valeur de 198 milliards 92 millions de francs CFA, sur la base d’un rapport d’évaluation et après avis favorable de la Commission de contrôle des opérations domaniales.

    Les auditeurs de la Cour des comptes signalent que les justificatifs de cette opération de trésorerie ne sont pas produits. Ils ont relevé un gap de trésorerie de 114,4 milliards de francs CFA, un montant n’ayant pas été reversé au Trésor.

    Que dit la Cour des comptes du ‘’sukuk SOPGEPA’’ ?

    L’opération de mobilisation de fonds à l’aide des sukuks n’est nullement ce qui est mis en cause dans le rapport de la Cour des comptes, mais ‘’un reliquat de 114,4 milliards de francs CFA de l’emprunt obligataire (sukuk SOGEPA) de 2022 non versé au Trésor public’’, précise le docteur en finance islamique Abdou Karim Diaw, coordonnateur national du Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal.

    ‘’L’Etat du Sénégal vend certains de ses immeubles bâtis à la SOGEPA, une société qui appartient à l’État à 100 % et a, entre autres  missions, la gestion administrative et technique des logements et bâtiments appartenant à l’État ou conventionnés par ce dernier. À ce niveau, je ne vois pas de problème’’, analyse M. Diaw.

    Il relève ensuite la volonté de mobiliser des ressources à hauteur de 330 milliards de francs CFA, par le biais de la SOGEPA, qui vend ‘’l’usufruit des bâtiments en question aux investisseurs détenteurs de sukuks’’, pendant une durée devant expirer en 2037.

    Abdou Karim Diaw considère qu’on ne peut pas parler  ‘’d’un bradage des bâtiments de l’État’’, dans la mesure où la SOGEPA reste toujours propriétaire des bâtiments pendant et après la transaction.

    À la question de savoir si cette procédure respecte ou pas les règles de la finance islamique, M. Diaw insiste sur le fait que cette transaction de sukuk est censée être ‘’certifiée conforme par le conseil de conformité à la charia de l’arrangeur’’.

    Le conseil de conformité, appelé également Sharia Board, veille à la conformité des opérations des institutions financières islamiques avec les règles édictées, inspirées de l’islam.

    La Banque islamique du Sénégal est l’arrangeur dont parle M. Diaw.

    Mansour Ndiaye estime qu’‘’il n’y a pas eu de vente à des investisseurs’’. ‘’Après remboursement total du capital sur la base de la location versée à la SOGEPA, cette dernière restitue à l’État ses immeubles’’, a ajouté M. Ndiaye, précisant que les investisseurs n’ont droit qu’à ‘’l’usufruit’’, c’est-à-dire les loyers payés par l’État à la SOGEPA.

    ‘’Ce ne sont pas les sukuks qui sont en jeu mais l’utilisation que le régime [précédant] en a fait’’, a-t-il précisé.

    L’audit faisant état d’anomalies dans la vente d’immeubles appartenant à l’État a fait l’objet de beaucoup de commentaires et a suscité l’indignation de nombreux Sénégalais.

    SMD/ADL/MT/ESF/OID/ASG

  • VIDEO / Rappel à Dieu de Serigne Moustapha Saliou : le Sénégal perd un homme de foi

    VIDEO / Rappel à Dieu de Serigne Moustapha Saliou : le Sénégal perd un homme de foi

    Rappelé à Dieu, dimanche 16 février 2025, Serigne Moustapha Saliou Mbacké, fils du cinquième khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, a été inhumé le soir aux côtés de son père dans la grande Mosquée de Touba. Reconnu pour son érudition et son engagement dans l’agriculture, il était une figure respectée au sein de la communauté mouride. L’homme s’est fait remarquer grâce à sa proximité avec son père dont il a été le porte-parole pendant de nombreuses années.
  • SENEGAL-SANTE-HUMEUR / Le SAMES en grève générale mardi et mercredi

    SENEGAL-SANTE-HUMEUR / Le SAMES en grève générale mardi et mercredi

    Dakar, 17 fev (APS) – Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES) va observer une grève de 48 heures à partir de mardi, avec respect strict des urgences, sur tout le territoire national, pour réclamer de meilleures conditions de travail, a annoncé, lundi, Diabel Dramé, son Secrétaire général chargé des Affaires médicales.

    ‘’Devant l’absence d’action concrète du gouvernement allant dans le sens d’un dialogue et d’un consensus pour solutionner nos revendications, le SAMES est au regret de poser, ce jour (mardi), le premier acte de son plan d’action qui consiste en une grève générale de 48 heures avec respect strict des urgences sur le territoire national les 18 et 19 février 2025’’, a déclaré Diabel Dramé.

    Il s’exprimer lors d’une conférence de presse au siège de l’Ordre national des médecins du Sénégal pour informer l’opinion du plan d’action que le SAMES a adopté suite à sa réunion extraordinaire élargie à tous les secrétaires généraux de zones et de sections du Bureau exécutif national (Ben), samedi.

    Selon lui,  »le SAMES ne réclame que de meilleures conditions de travail pour une offre de santé de qualité pour les populations. Cet état de fait a motivé les revendications ».

    Les revendications du syndicat tournent essentiellement autour du recrutement des médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes dans la fonction publique pour soulager les structures sanitaires ; la gestion démocratique des ressources humaines à travers un appel à candidatures lors des nominations à des postes de responsabilités.

    Diabel Dramé a posé aussi le problème du régime indemnitaire qui, selon lui, « souffre d’une incohérence et d’une injustice notoires au détriment des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes ».

    A cela s’ajoute la revalorisation de la pension de retraite.

    « Un médecin qui part à la retraite devient un ancien fonctionnaire très vulnérable et précaire car se retrouvant avec une pension de retraite dérisoire’’, se désole M. Dramé, réclamant par ailleurs la construction progressive de nouveaux hôpitaux dans les départements.

    L’accélération de la mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle en passant tout d’abord par le remboursement de la dette CMU due aux structures sanitaires fait partie des points de la plateforme revendicative des blouses blanches.

    Ces dernières s’offusquent également du retard noté dans la matérialisation du statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux, rendant ces « derniers très vulnérables sur le plan socioprofessionnel’’, a dit Diabel Dramé.

    Le Secrétaire général du SAMES, Mamadou Demba Ndour, a relevé qu’ils ont rencontré le gouvernement à 14 reprises sans que des solutions ne soient apportées à leurs problèmes. La dernière en date remonte au jeudi 13 février dernier avec le ministère de la Santé et de l’Action Sociale en l’occurrence.

    NSS/HB/HK/OID

  • SENEGAL-USA-SANTE / Gel de l’aide américaine : les risques de résurgence du VIH appellent une réflexion sur des financements domestiques (responsable)

    SENEGAL-USA-SANTE / Gel de l’aide américaine : les risques de résurgence du VIH appellent une réflexion sur des financements domestiques (responsable)

    Dakar, 17 fév. (APS) – La suspension de l’aide publique américaine doit être vue comme une opportunité pour réfléchir à des financements domestiques dans le secteur de la santé, surtout contre les risques de résurgence du VIH/ SIDA au Sénégal, affirme la secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS), Safiatou Thiam.

    ‘’Cette décision est une alerte qui doit être prise comme une opportunité de réfléchir à des financements domestiques, une occasion pour nous de voir dans quelle mesure pérenniser les acquis de notre riposte’’, a-t-elle dit dans un entretien avec l’APS.

    Dès son entrée en fonction le 20 janvier dernier, le Président américain Donald Trump a suspendu des centaines de millions de dollars de dons d’aide étrangère pendant 90 jours, paralysant de nombreux secteurs économiques dans le monde, notamment la santé et particulièrement la lutte contre le VIH/Sida dont les activités ont été suspendues, y compris au Sénégal.

    Face à cette situation, Safiatou Thiam prévient qu’‘’il y a un grand risque de résurgence du VIH’’. Le monde est un village globalisé, a-t-elle rappelé, relevant que ces risques ne concernent donc pas seulement le Sénégal, mais aussi le monde entier.

    Elle a toutefois rappelé que la lutte contre le VIH/Sida au Sénégal a eu de bons résultats qu’il faut pérenniser en définissant les priorités d’investissement dans le cadre de la santé de manière générale.

    ‘’Il faut faire en sorte que ces priorités d’investissement soient prises en compte avec des ressources nationales, cela peut être le budget de l’État, des partenariats qu’on met en place avec le secteur privé ou en tout cas des financements innovants qu’il faut amener’’, a t-elle précisé.

    L’exploitation des recettes des hydrocarbures pour la souveraineté sanitaire

    Elle a rappelé les opportunités liées à l’exploitation des recettes issues des hydrocarbures au Sénégal, pour concrétiser la souveraineté sanitaire prônée par le Premier ministre, Ousmane Sonko.

    ‘’ Notre rêve serait qu’une partie, peut-être, des ressources pétrolières (..) soit allouée justement à la santé dans notre pays. Donc, ce sont des décisions comme ça qu’il faut prendre pour vraiment avoir cette souveraineté sanitaire’’, a indiqué la secrétaire exécutive du CNLS.

    La suspension de l’aide humanitaire américaine dans la lutte contre le SIDA a eu des répercussions directes sur les travailleurs sénégalais impliqués dans certains projets financés par l’USAID, l’agence américaine pour le développement international, premier pourvoyeur mondial d’aide humanitaire.

    Considéré comme un partenaire stratégique au Sénégal depuis 1961, l’USAID intervient dans de nombreux programmes de santé, en plus de la lutte contre le VIH, comme la lutte contre le paludisme, la tuberculose, pour le renforcement du système de santé et de la santé maternelle et néonatale.

    ‘’Dans le court terme, l’impact de la suspension des financements américains va surtout toucher les travailleurs de ces programmes-là, à qui on a demandé d’arrêter. Donc, ce sont des pères et des mères de famille, qui certainement n’auront pas de salaire pendant trois mois », a révélé Safiatou Thiam qui a tenu à exprimer la solidarité du CNLS à leur égard.

    D’après le rapport annuel du CNLS, en 2021, près de 73,5 % des ressources consacrées à la lutte contre le sida proviennent de donateurs étrangers. Pour la mise en œuvre des programmes de lutte contre le Sida,  le CNLS a mobilisé en 2022 , un financement global de plus de 6,2 milliards de FCFA, dont 4,8 milliards du Fonds mondial et 1,2 milliard représentant la contrepartie de l’Etat du Sénégal.

    Des craintes sur la distribution des ARV si le retrait de l’aide américaine se prolonge

    Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial) et le Plan d’urgence présidentiel de lutte contre le Sida (PEPFAR), constituent les principaux bailleurs de la riposte au VIH/Sida au Sénégal.

    Le PEPFAR est financé à plus de 5 milliards de FCFA par an au Sénégal, selon la secrétaire exécutive du CNLS.

    Mme Safiatou Thiam a toutefois exprimé ses craintes dans le long terme face à l’arrêt de toutes les activités liées à la lutte contre le VIH, financées par l’aide américaine malgré la ‘’dérogation humanitaire d’urgence’’ accordée par le Département d’État américain, qui permettra aux personnes de continuer à accéder au traitement du VIH.

    ‘’Dans le long terme, il faut vraiment craindre pour tous les pays, y compris le Sénégal. Parce que nous sommes financés à 50% par le Fonds mondial pour l’achat des antirétroviraux (ARV), qui lui-même est financé par l’aide américaine. Donc, si l’arrêt se prolonge, il y a un risque pour le Fonds mondial et donc un risque direct sur les ARV au Sénégal’’, a-t-elle expliqué.

    L’Agence des Nations unies chargée de la lutte contre VIH/Sida (ONUSIDA) avait déclaré, il y a quelques  jours, qu’il y a ‘’beaucoup de confusion, en particulier dans les communautés, sur la manière dont la dérogation sera mise en œuvre’’, même si elle devrait permettre à 20 millions de personnes vivant avec le VIH et dont le traitement dépend de l’aide américaine de continuer à prendre leurs médicaments.

    Au Sénégal, l’on estime à 41 560 le nombre de personnes vivant avec le VIH. La prévalence au sein de la population générale de 15 à 49 ans est de 0,31%. Selon le Dr Safiatou Thiam, ce taux est certes faible au niveau national, mais élevé pour les groupes très à risque, dont les professionnels du sexe ( 5,8% en 2019), ou encore les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (27,6% en 2017).

    Résurgence de nouvelles infections à VIH chez les jeunes

     »L’USAID nous permettait justement d’intervenir pour la prévention et la prise en charge auprès de ces groupes à risque’’, a-t-elle relevé, évoquant de nouvelles infections à VIH chez les jeunes.

    ‘’Depuis quelques années, nous voyons que les nouvelles infections sont en train de revenir à travers les jeunes, mais aussi à travers la transmission mère-enfant du VIH’’, a soutenu Safiatou Thiam. Selon elle, le CNLS avait prévu d’intensifier ses programmes de prévention pour améliorer l’information et la communication en direction des jeunes.

    Toutefois, des mesures ont été prises par la division Sida du ministère de la Santé depuis l’annonce du gel de l’aide publique américaine. Elle est en train ainsi de travailler sur un plan de contingence sur trois mois, a annoncé Mme Thiam.

    ‘’Quatre-vingt-dix jours, c’est tenable, mais on reste dans une expectative ouverte ou active pour, justement, nous préparer à une éventualité d’un arrêt définitif’’, a indiqué la secrétaire exécutive du CNLS.

    MF/SKS/HB/HK/ASG

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