Auteur/autrice : Serigne Mbaye Dramé

  • SENEGAL-FINANCE / Ce qu’il faut comprendre du ‘’sukuk SOGEPA’’, ou le recours à la finance islamique pour la vente d’immeubles appartenant à l’État sénégalais

    SENEGAL-FINANCE / Ce qu’il faut comprendre du ‘’sukuk SOGEPA’’, ou le recours à la finance islamique pour la vente d’immeubles appartenant à l’État sénégalais

    Par Serigne Mbaye Dramé

    Dakar, 17 fév (APS) – La Cour des comptes a relevé des anomalies dans l’usage fait de la finance islamique par la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (SOGEPA) pour vendre une dizaine d’immeubles appartenant à l’État, mais des spécialistes interrogés par l’APS relèvent, pour leur part, la ‘’mauvaise utilisation d’un mécanisme scientifiquement éprouvé’’ – pour employer la formule de l’un d’entre eux.

    Certaines réactions au rapport publié mercredi par cette institution de contrôle des finances publiques remettent en cause le recours à la finance islamique dans une opération financière de l’État.

    Des spécialistes interrogés par l’APS relèvent, pour leur part, la ‘’mauvaise utilisation d’un mécanisme scientifiquement éprouvé’’. C’est la formule de l’un d’entre eux.

    Les anomalies relevées dans le rapport d’audit de la Cour des comptes ne sont pas une raison valable pour ‘’jeter le discrédit et semer la confusion sur la finance islamique, qui est une alternative au système classique de financement’’, prévient Mansour Ndiaye, un expert en microfinance et formateur en finance islamique.

    La procédure de finance islamique utilisée pour vendre des immeubles appartenant à l’État relève d’‘’un mécanisme clair’’, précise M. Ndiaye.

    De quoi sukuk est-il le nom ?

    Il déplore, toutefois, la manière dont le ‘’sukuk SOGEPA’’ a été utilisé. L’expert exhorte l’opinion à éviter de considérer la finance islamique comme une ‘’nébuleuse’’.

    ‘’C’est quelque chose de clean’’, a tenu à préciser Mansour Ndiaye.

    Le site d’information Iqra Finance définit le sukuk comme une ‘’obligation adossée à un actif’’. Généralement émis par les entreprises, les institutions financières et les États, ‘’le sukuk est un billet de trésorerie qui confère à l’investisseur une part de propriété dans un actif sous-jacent, en lui assurant un revenu à ce titre’’, explique ce site spécialisé.

    Iqra Finance ajoute que ‘’l’entité émettrice doit identifier les actifs existants, à vendre aux investisseurs sukuk par transfert à une entité ad hoc’’.

    Il signale que les investisseurs jouissent de l’usufruit de ces actifs, au prorata de leur investissement.

    Le mécanisme de finance islamique utilisé dans le cadre du ‘’sukuk SOGEPA’’ est appelé ijara, qui renvoie à une commission, à des frais ou à une rémunération.

    La ijara est définie comme une location au terme duquel une partie achète un bien et le loue à une autre, en contrepartie d’un loyer périodique prédéterminé contractuellement, selon le glossaire de la finance islamique d’Iqra Finance.

    La Cour des comptes a signalé l’existence d’un reliquat de 114,4 milliards de francs CFA de l’emprunt obligataire non versé au Trésor public.

    La Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État a procédé, le 21 avril 2022, à la mobilisation d’un emprunt obligataire sous forme de sukuk d’un montant de 330 milliards de francs CFA. Pour effectuer cette opération, l’État a procédé à la vente de certains de ses immeubles à la SOGEPA, à l’aide du décret n° 2022-163 du 3 février 2022 portant cession à titre onéreux au profit de la SOGEPA, selon le rapport publié par la Cour des comptes.

    Le document rendu public mercredi fait état d’une dizaine d’immeubles appartenant à l’État, d’une valeur de 198 milliards 92 millions de francs CFA, sur la base d’un rapport d’évaluation et après avis favorable de la Commission de contrôle des opérations domaniales.

    Les auditeurs de la Cour des comptes signalent que les justificatifs de cette opération de trésorerie ne sont pas produits. Ils ont relevé un gap de trésorerie de 114,4 milliards de francs CFA, un montant n’ayant pas été reversé au Trésor.

    Que dit la Cour des comptes du ‘’sukuk SOPGEPA’’ ?

    L’opération de mobilisation de fonds à l’aide des sukuks n’est nullement ce qui est mis en cause dans le rapport de la Cour des comptes, mais ‘’un reliquat de 114,4 milliards de francs CFA de l’emprunt obligataire (sukuk SOGEPA) de 2022 non versé au Trésor public’’, précise le docteur en finance islamique Abdou Karim Diaw, coordonnateur national du Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal.

    ‘’L’Etat du Sénégal vend certains de ses immeubles bâtis à la SOGEPA, une société qui appartient à l’État à 100 % et a, entre autres  missions, la gestion administrative et technique des logements et bâtiments appartenant à l’État ou conventionnés par ce dernier. À ce niveau, je ne vois pas de problème’’, analyse M. Diaw.

    Il relève ensuite la volonté de mobiliser des ressources à hauteur de 330 milliards de francs CFA, par le biais de la SOGEPA, qui vend ‘’l’usufruit des bâtiments en question aux investisseurs détenteurs de sukuks’’, pendant une durée devant expirer en 2037.

    Abdou Karim Diaw considère qu’on ne peut pas parler  ‘’d’un bradage des bâtiments de l’État’’, dans la mesure où la SOGEPA reste toujours propriétaire des bâtiments pendant et après la transaction.

    À la question de savoir si cette procédure respecte ou pas les règles de la finance islamique, M. Diaw insiste sur le fait que cette transaction de sukuk est censée être ‘’certifiée conforme par le conseil de conformité à la charia de l’arrangeur’’.

    Le conseil de conformité, appelé également Sharia Board, veille à la conformité des opérations des institutions financières islamiques avec les règles édictées, inspirées de l’islam.

    La Banque islamique du Sénégal est l’arrangeur dont parle M. Diaw.

    Mansour Ndiaye estime qu’‘’il n’y a pas eu de vente à des investisseurs’’. ‘’Après remboursement total du capital sur la base de la location versée à la SOGEPA, cette dernière restitue à l’État ses immeubles’’, a ajouté M. Ndiaye, précisant que les investisseurs n’ont droit qu’à ‘’l’usufruit’’, c’est-à-dire les loyers payés par l’État à la SOGEPA.

    ‘’Ce ne sont pas les sukuks qui sont en jeu mais l’utilisation que le régime [précédant] en a fait’’, a-t-il précisé.

    L’audit faisant état d’anomalies dans la vente d’immeubles appartenant à l’État a fait l’objet de beaucoup de commentaires et a suscité l’indignation de nombreux Sénégalais.

    SMD/ADL/MT/ESF/OID/ASG

  • SENEGAL-SOCIETE / Des experts planchent sur  les dimensions socioéconomiques de la zakat

    SENEGAL-SOCIETE / Des experts planchent sur les dimensions socioéconomiques de la zakat

    Dakar, 17 fév (APS) – Des universitaires et islamologues ont planché, dimanche, sur les dimensions socioéconomiques de la zakat (aumône légale des musulmans), en dépit de toutes considérations religieuses, a constaté l’APS.

    Lors d’une conférence organisée par le Centre islamique de formation et de documentation (CIFOD), les intervenants ont notamment insisté sur la nécessité d’organiser cette pratique religieuse au Sénégal afin de créer plus d’impacts socio-économiques.

    Introduisant la conférence axée sur le thème « Comprendre la Zakat, l’aumône légale en Islam’’, Abdou Karim Diaw a estimé que « la collecte générale de la zakat et sa distribution efficace » devraient aider à « diminuer de façon significative » la pauvreté au Sénégal.

    Invitant les pouvoirs publics à penser à son organisation par le biais d’une institutionnalisation, il a parlé d’une étude qu’il a menée en 2020, avec des collègues universitaires, sur les solutions qui peuvent permettre au Sénégal d’éradiquer la pauvreté « en collectant efficacement la zakat ».

    En s’appuyant sur les textes scripturaires, le conférencier a indiqué que « la zakat purifie les biens, les protège et attire la bénédiction. C’est une source de bénédiction pour les biens de celui qui la paye ».

    Sont soumis à la zakat, ‘’les actifs monétaires, l’or, l’argent, les actifs financiers, les actions, les obligations’’, a rappelé l’expert en finance islamique.

    Ce dernier, nommé récemment coordonnateur national du Programme de développement de la microfinance islamique du Sénégal (PROMISE), a aussi cité les actifs commerciaux, comme les marchandises, les bovins, les ovins, les camelins, les produits d’agriculture’’

    L’acte de la zakat est appliqué dans une « propriété privé ayant atteint le minimum de seuil sur chaque catégorie d’actifs » (Nissab), a-t-il précisé.

    ‘’Le thème de notre conférence, qui met en lumière les dimensions exclusives et socio-économiques de la zakat, met une grande résonance dans notre société contemporaine’’, a souligné El Hadj Djibril Seck, chargé des affaires pédagogiques du CIFOD.

    Il a présenté cette pratique religieuse comme une « belle manifestation de notre engagement à aider ceux qui sont dans le besoin et à favoriser la justice sociale ».

    Selon lui, l’organisation des conférences de ce genre participe à une « compréhension plus profonde et une application concrète de ce devoir sacré, vital, pour le bien-être de notre communauté ».

    ID/SMD/ASB

  • SENEGAL-SPORT-LUTTE / Victoire de Franc sur Ama baldé

    SENEGAL-SPORT-LUTTE / Victoire de Franc sur Ama baldé

    Dakar, 16 fév (APS) – Le lutteur Franc de  l’écurie Jambaar Academy Wrestling a terrassé dimanche, Ama Baldé de l’écurie Falaye Baldé, au terme d’un combat de moins de deux minutes, à l’Arène nationale de Pikine (banlieue dakaroise).

    Après un balancement de bras entre les deux lutteurs, Ama Baldé a pris l’initiative de déclencher une attaque.

    Très technique et très serein,  Franc montre ses qualités en prenant son pied pour planquer au sol le fils de l’ancien champion de lutte Falaye Baldé.

    Le lutteur des Parcelles Assainies poursuit son ascension dans l’arène en lutte avec frappe après une série impressionnante de 14 victoires en autant de sorties.

    Les commentateurs de ce sport en déduisent une manière pour le champion de s’affirmer comme une valeur sûre dans le landerneau de la lutte avec frappe.

    De son coté, Ama Baldé essuie son quatrième revers en 18 combats.

    Il est crédité de 15 victoires.

    Dans les combats préliminaires, Mbacké Faye a battu Sokh bou Ndaw, Niang Ballo (Door Doorat)  a pris le dessus  sur  Nandy Fall  (Grand Yoff) et Thiatou Yoff a remporté le duel des Lebous devant Domou Ndagou.

    Le lutteur Liss Ndiago a réalisé l’exploit de la soirée, en battant  par Ko,  l’expérimenté lutteur de l’écurie Fass Lac Rose.

    BHC/SMD/ASB

  • SENEGAL-AFRIQUE-INSTANCE / Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf élu président de la Commission de l’UA

    SENEGAL-AFRIQUE-INSTANCE / Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf élu président de la Commission de l’UA

     Dakar, 15 fév (APS) – Le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf a été élu, samedi, à Addis Abeba, président de la Commission de l’Union africaine, en remplacement du Tchadien Moussa Faki Mahamat dont le mandat est arrivé à terme.

    Face à ses concurrents, le Kényan Raila Odinga et le Malgache Richard Randriamandrato, Mahmoud Ali Youssouf obtenu 33 voix après sept tours, indique-t-on.

    Diplomate de carrière et âgé de 59 ans, Mahmoud Ali Youssouf était jusqu’ici le ministre des Affaires étrangères de son pays.

    SMD/ASB

  • SENEGAL-MONDE-LEADERSHIP / Antonio Guterres compte sur le président Faye pour « défendre les grandes causes mondiales »

    SENEGAL-MONDE-LEADERSHIP / Antonio Guterres compte sur le président Faye pour « défendre les grandes causes mondiales »

    Dakar, 15 fév (APS) – Le secrétaire général de l’Organisation des Nation unies Antonio Guterres a réaffirmé, samedi, à Addis-Abeba, l’importance du Sénégal comme une « voix influente et respectée sur la scène internationale », ajoutant compter sur le leadership du président Bassirou Diomaye Faye pour « défendre les grandes causes mondiales ».

    Le chef de l’Etat a rencontré le patron de l’ONU en marge du 38ᵉ Sommet de l’Union africaine qui se déroule actuellement dans la capitale éthiopienne.

    Selon la présidence sénégalaise, les deux hommes ont échangé sur « les crises multiformes qui touchent l’Afrique et le monde, la situation sécuritaire dans la sous-région, le changement climatique et les défis liés au multilatéralisme ».

    Lors de cet entretien, le président Faye a réitéré son engagement en faveur de « la paix, de la justice et de la préservation des grandes institutions africaines bâties par les pères fondateurs du continent », indique la même source.

    Le président Bassirou Diomaye Faye a ensuite rencontré Moussa Faki Mahamat, président sortant de la Commission de l’Union africaine qu’il a chaleureusement félicité pour son engagement et les progrès réalisés dans l’intégration africaine, tout en rappelant les défis qui restent à relever pour l’avenir du continent.

    SMD/ASB

  • SENEGAL-PRESSE-REVUE / Des questions économiques et sociales dominent la livraison des quotidiens

    SENEGAL-PRESSE-REVUE / Des questions économiques et sociales dominent la livraison des quotidiens

    Dakar, 15 fév (APS) – Les quotidiens parvenus ce samedi à l’Agence de presse sénégalaise continuent de commenter le dernier rapport de la Cour des comptes, tout en s’intéressant également à des questions sociales.

    Sud-Quotidien donne le ton, en titrant « le parti PASTEF (au pouvoir) exige la traduction des brigands devant les juridictions ».

    Selon le journal, en conférence de presse la veille, le bureau politique de PASTEF appelle « la justice à faire son travail après la publication du rapport de la Cour des comptes, sur la gestion des finances publiques ».

    S’exprimant dans le même journal, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique également membre du mouvement des cadres de PASTEF, Daouda Ngom note que le rapport a fait état d’un « carnage financier sans précédent dans l’histoire politique du Sénégal. Le contexte est effarant. Les faits extrêmement graves, pour ne pas dire criminels ».

    Le Soleil s’est aussi intéressé à ce sujet en faisant savoir que les cadres de PASTEF appellent à « sévir contre les brigands financiers ».

    WalfQuotidien part du prétexte du rapport pour lever le voile sur les douze ans de règne du régime sortant.

    « Ces scandales des années Macky », titre à sa Une WalfQuotidien, en citant notamment les affaires Petro-TIM, fonds force Covid, 94 milliards; cartes d’identités biométrique, la réfection du building administratif

    « A côté de son bilan matériel jugé bon, les douze ans de Macky Sall et son régime ont été marqués par des scandales », indique-t-il

    « Le rapport de la Cour des comptes, au-delà des anomalies relevées sur la gestion de l’ancien régime, met le Sénégal dans une situation inconfortable avec des risques de perte de confiance sur le marché financier, la fuite des investisseurs », croit-il savoir.

    Le même journal donne la parole à un spécialiste, Mamadou Samba Han, qui indique que « les indicateurs confirmés par la Cour des comptes montrent que le Sénégal est dans une situation économique compliquée. Les notes du Sénégal qui n’étaient pas favorables ne vont pas encore s’élever ».

    Le journal EnQuête s’est intéressé à la question de la surpopulation carcérale au Sénégal, en parlant d’une « bomme à retardement »

    Selon le journal, « plus de 14 milles détenus entassés dans des prisons conçus pour 4 milles ».

    Trois millions de Sénégalais sans données électorales

    L’EnQuête a aussi exploité le rapport spécial de l’ONU qui dénonce des « conditions indignes et inhumaines (…) un système judiciaire surchargé et des réformes pénales en attente ».

    « La surpopulation que j’ai vu dans les prisons est dramatique et inhumaine »,  a dit dans le même journal, Alice J. Edward rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture

    Dans le cadre de son séjour au Sénégal, cette dernière s’est aussi prononcée sur la loi d’amnistie.

    « Je demande instamment au Sénégal d’abroger la loi d’amnistie  qui accorde une immunité de poursuite aux personnes qui auraient été impliquées dans le recours à une force excessive et dans d’autres violations des droits de l’homme commises lors des manifestations entre mars 2021 et février 2024”.

    Les journaux font également écho de la dernière sortie des centrales syndicales de même que celle du directeur général des Elections qui déplore dans Sud quotidien le fait que 3 millions de citoyens seraient sans données électorales sur leurs cartes d’identités biométriques CEDEAO

    « La coalition des confédérations syndicales du Sénégal annonce un préavis de grève générale au sortir d’une assemblée générale pour dénoncer les nombreux cas de licenciements abusifs, de fermetures d’entreprises, de violations des droits des travailleurs entre autres maux », peut-on lire dans L’AS quotidien.

    Le quotidien Quotidien évoque une « Grève générale en vue ».

    Il renseigne que les syndicalistes déplorent « l’absence de dialogue avec l’Etat ».

    Le secrétaire général de la Confédération nationales des travailleurs du Sénégal (CNTS) « exige la tenue d’un dialogue entre le gouvernement et les travailleurs. Si le dialogue ne suit pas, nous allons déposer un préavis de grève générale », dit-il dans le Quotidien.

    SMD/ASB

  • SENEGAL-FINANCES / La notation financière, le ‘’quasi-régulateur’’ au cœur du fonctionnement des marchés financiers

    SENEGAL-FINANCES / La notation financière, le ‘’quasi-régulateur’’ au cœur du fonctionnement des marchés financiers

    Dakar, 7 fév (APS)– Le vocabulaire de la notation financière est largement utilisé pour parler de l’économie sénégalaise depuis octobre dernier, à la suite de la révision à la hausse du déficit budgétaire et du niveau d’endettement du pays pour la période 2019-2023.

    La baisse de la note financière du Sénégal – ou la dégradation de sa note souveraine – est survenue à la suite d’un audit des finances publiques dont les résultats préliminaires ont été communiqués à la presse par des membres du gouvernement, le 26 septembre 2024.

    ‘’Dans la gouvernance mondiale, il y a des institutions internationales qui mettent en place des critères de convergence. On peut citer la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Elles fixent un niveau d’endettement’’, a expliqué à l’APS l’économiste Meïssa Babou, enseignant-chercheur à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar.

    Comprendre le principe de la notation

    Le montant de la dette des pays membres ou partenaires de ces institutions ne doit pas dépasser 70 % de leur produit intérieur brut.

    Selon M. Babou, le déficit budgétaire des pays partenaires de la Banque mondiale, du FMI ou de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ne doit pas dépasser 3 % du produit intérieur brut. C’est l’un des critères de convergence fixés par ces institutions pour mesurer les performances économiques et financières des pays membres.

    ‘’Presque tous les pays du monde ont dépassé ces seuils’’, observe Meïssa Babou, tout en précisant que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, les deux principales institutions multilatérales du monde, ne sont pas chargées d’attribuer des notes aux États.

    Ces institutions font confiance à des cabinets chargés de la notation des États.

    ‘’Si l’un de ces cabinets écrit que le Sénégal n’est plus un pays sûr et lui attribue la note C ou D, au lieu de A ou A+, le pays […] ne pourra plus emprunter comme il le souhaite. Ceux qui doivent prêter de l’argent au pays noté de la sorte s’en tiennent à ce que dit le cabinet et se mettent à lui appliquer des taux d’intérêt extrêmement élevés’’, explique M. Babou.

    ‘’Quand votre note est dégradée, vous perdez la confiance du monde, celle des marchés financiers surtout’’, signale l’enseignant-chercheur de l’UCAD.

    L’UMOA-Titres, l’agence chargée de la gestion et de la promotion des titres publics des pays de l’UEMOA, cite ‘’la réduction de l’asymétrie d’information’’ sur le marché financier parmi les avantages de la notation. Cette réduction est avantageuse dans la mesure où elle fournit des informations aux acteurs du marché financier.

    Comment lit-on la notation ?

    Selon le site d’information spécialisé La finance pour tous, chaque agence de notation possède son système d’évaluation ou d’attribution des notes, lesquelles varient entre A, qui est le risque d’insolvabilité le plus faible, et D, qui est synonyme d’arrêt de toute activité et de mise en liquidation pour toute entité ainsi notée. Il existe, donc, des échelons intermédiaires entre A et D.

    Les notes peuvent être accompagnées des signes arithmétiques + et –, des chiffres 1 ou 2 également, selon le même site d’information. Généralement, ‘’plus la note est élevée, plus le risque est faible’’, explique-t-il.

    Selon un document de l’UMOA-Titres consulté par l’APS, la notation d’un État s’effectue à la suite d’une analyse essentiellement basée sur le niveau de solidité et de stabilité de ses institutions, le niveau d’efficacité de sa gouvernance et l’ampleur de son solde budgétaire.

    La notation dépend également du niveau des revenus, de la croissance économique, ainsi que de ‘’la solidité et [de] la résilience des positions extérieures’’.

    L’UMOA-Titres, dont la vocation est d’aider les États membres à ‘’mobiliser sur les marchés de capitaux les ressources nécessaires au financement de leur politique de développement économique, à des coûts maîtrisés’’, distingue deux ‘’grands types de note’’, selon la période d’évaluation du risque de crédit.

    Il s’agit des notes à long terme et des notes à court terme. La première catégorie sert à évaluer le risque de crédit pendant une période supérieure ou égale à douze mois. Les notes à court terme sont utilisées pour mesurer la capacité et la volonté de l’émetteur à honorer ses engagements financiers, pendant une durée inférieure à douze mois.

    Les critères pris en compte dans une notation financière

    Selon le site de La finance pour tous, une note publiée évoque en même temps l’évolution qu’il puisse y avoir durant sa période de validité. On parle, dès lors, d’une perspective positive (amélioration possible de la note), stable (pas d’évolution possible de la note) ou négative (dégradation possible de la note).

    Apparue aux États-Unis d’Amérique vers 1909, la notation financière va connaître, à partir des années 1970, un développement accéléré. ‘’Progressivement, la notation s’est vu attribuer un rôle de ‘quasi-régulateur’, qui la place au cœur du fonctionnement des marchés financiers’’, peut-on lire dans une étude publiée en 2012 par le think tank Institut Montagne.

    Dans ce rapport intitulé Remettre la notation financière à sa juste place, les auteurs constatent que ‘’l’action des agences de notation présente plusieurs limites’’. Ils citent notamment l’incapacité des agences ‘’à prévoir les principales crises de dette’’. Ils déplorent également ‘’leur tendance à ‘surréagir’ une fois que la crise est avérée. ‘’Pour s’en convaincre, il faut examiner l’évolution des notations au cours de la Grande Dépression et de la débâcle financière des années 2007-2011’’, peut-on lire dans le texte.

    Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch sont les agences internationales les plus en vue dans la notation. Aux côtés de ces trois agences américaines, la chinoise Dagong se fraye un chemin depuis quelques années.

    La notation ou la philosophie d’une opinion

    Le site La Finance pour tous évoque le ‘’pouvoir considérable’’ des agences de notation en soulignant que ‘’les titres moins bien notés présentent des risques et, donc, des taux d’intérêt plus élevés’’.

    ‘’Le pouvoir de la notation est d’autant plus considérable qu’elle est devenue une norme utilisée par les régulateurs, alors que les agences de notation soulignent elles-mêmes qu’elles ne font qu’émettre des opinions’’, lit-on sur ce site spécialisé.

    Il signale que des juridictions américaines considèrent les agences de notation comme des ‘’journalistes’’ qu’il n’est pas possible de poursuivre en justice en raison du premier amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique, qui garantit le droit de la libre expression.

    Meïssa Babou relève, à ce sujet, une certaine ‘’complicité’’ des principaux acteurs de la gouvernance mondiale – les plus grandes institutions financières multilatérales – avec les agences de notation.

    En raison de cette complicité, ‘’le Sénégal subit positivement et négativement les considérations de ces notations’’, observe M. Babou.

    L’économiste sénégalais constate que ces agences basées à New York et à Londres, pour la plupart, ‘’ne mettent pas forcément les pieds dans nos pays’’. À la différence des agences de notation internationales, celles basées en dehors du continent, les agences de notation régionales implantées dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine connaissent bien les réalités de nos États, selon UMOA-Titres.

    Les secondes savent mieux que les premières faire ressortir les hétérogénéités des économies de l’UEMOA, selon cette agence ouest-africaine.

    Des approches objectives

    UMOA-Titres estime que la présence d’une agence de notation dans les pays qu’elle est censée évaluer lui donne l’avantage de bien prendre en compte les paramètres qualificatifs liés à l’environnement sociopolitique, économique et culturel.

    C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Union africaine (UA) a entrepris en 2022, sous la présidence tournante du Sénégal, de créer une agence de notation continentale, celles d’Europe ou des États-Unis étant de plus en plus contestées en Afrique.

    L’agence de notation africaine devait voir le jour en 2024, mais les dirigeants du continent ont décidé, par la suite, de la mettre sur pied cette année.

    Selon l’UA, le coût du crédit est toujours plus élevé pour les pays africains en raison des notes qui leur sont attribuées par les agences de notation d’Amérique ou d’Europe.

    Dans un rapport publié en 2023, le Programme des Nations pour le développement (PNUD) estimait que des approches plus objectives des agences de notation devraient permettre d’économiser près de 75 milliards de dollars américains à l’ensemble des pays notés en Afrique. Cette somme représente 80 % des besoins annuels d’investissements du continent, selon le PNUD.

    SMD/ESF/ASG

  • AFRIQUE-RDC-CRISE / Réunion d’urgence du Conseil des droits de l’homme sur la situation de l’ONU au nord-kivu, vendredi

    AFRIQUE-RDC-CRISE / Réunion d’urgence du Conseil des droits de l’homme sur la situation de l’ONU au nord-kivu, vendredi

    Dakar, 4 fév (APS) –Le Conseil des droits de l’homme, une entité de l’Organisation des nations unies basée à Genève, annonce la tenue, vendredi, d’une réunion d’urgence consacrée à la situation qui prévaut actuellement à l’Est de la République démocratique du Congo.

    ‘’Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU va se réunir en urgence vendredi pour examiner la crise dans l’est de la République démocratique du Congo et son impact sur les droits humains’’, a dit son porte-parole, Pascal Sim lors d’une séance de briefing dans la capitale suisse.

    Il a affirmé que la convocation de cette réunion d’urgence fait suite à une demande formulée par les autorités de Kinshasa, en début de semaine.

    La tenue de cette session extraordinaire est soutenue par plusieurs dizaines de pays membres de de même que des Etats observateurs du conseil des droits de l’homme, a indiqué M. Sim.

    Le groupe armé du M23, appuyé par des forces rwandaises, est entré dans la ville de Goma, à l’est de la RDC, dans la nuit de dimanche 26 à lundi 27 janvier, accentuant davantage les tensions entre Kinshasa et Kigali.

    Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Felix-Antoine Tshisekedi, a annoncé, mercredi soir, une ‘’riposte vigoureuse et coordonnée’’ contre les ‘’terroristes‘’ du M23 qui ont pris le contrôle de l’Est du pays notamment à Goma.

    La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) vont organiser, samedi, un sommet conjoint pour statuer sur la situation en RDC.

    KM/SMD/OID

  • MONDE-USA-COOPERATION-ENJEUX / Administrateur intérimaire de l’USAID, Marco Rubio  annonce une « éventuelle réorganisation de l’agence »

    MONDE-USA-COOPERATION-ENJEUX / Administrateur intérimaire de l’USAID, Marco Rubio annonce une « éventuelle réorganisation de l’agence »

    Dakar, 4 fév (APS) – Le secrétaire d’Etat Marco Rubio est désigné, cumulativement, administrateur par intérim de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

    Cette mesure rendue publique, lundi, a été présentée comme une volonté du président Donald Trump, de mieux comprendre et contrôler les activités de cet instrument consacré à l’aide publique au développement du gouvernement américain

    « À titre provisoire, dans le cadre d’une mesure visant à contrôler et à mieux comprendre les activités de l’agence, le président Donald J. Trump a nommé le secrétaire d’État Marco Rubio au poste d’administrateur par intérim’’, peut-on lire dans le communiqué posté sur le site du département d’Etat.

    Selon la même source, ‘’l’USAID dévie depuis longtemps de sa mission initiale, qui consiste à faire progresser de manière responsable les intérêts américains à l’étranger’’.

    Elle déplore le fait qu’une part importante du financement de l’USAID « n’est pas alignée sur les intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis’’.

    Marco Rubio a annoncé dans cet ordre d’idées une ‘’éventuelle réorganisation de l’agence’’, allant dans le sens de d’amener le Congrès vers un réexamen des activités de l’USAID en matière d’aide extérieur.

    L’administrateur par intérim  de l’USAID promet par la même occasion d’aligner cet organe d’appui extérieur sur un programme mettant en avant les intérêts des américains, en veillant à ce que « l’argent des contribuables ne soit pas gaspillé ».

    Le Premier ministre Ousmane Sonko a indiqué, lundi, que la suspension de l’aide publique au développement annoncée par le président des États-Unis d’Amérique concerne un programme d’électrification mis en œuvre au Sénégal avec un financement de 318 milliards de francs CFA du gouvernement américain.

    Il a, à cet effet, invité ses compatriotes à ‘travailler dur » pour ne plus dépendre de l’aide fournie par les pays développés. ‘’Doit-on continuer à dépendre de l’aide étrangère ? Nous devons travailler dur à la mise en œuvre de nos programmes. Si nous faisons cela, nous serons cités, dans les années à venir, parmi les pays les mieux gérés’’, a dit Ousmane Sonko.

    KM/SMD/OID

  • SENEGAL-UNIVERSITE-NECROLOGIE / L’UCAD salue la mémoire du professeur Moussa Daff, un pionnier des études francophones et des langues nationales

    SENEGAL-UNIVERSITE-NECROLOGIE / L’UCAD salue la mémoire du professeur Moussa Daff, un pionnier des études francophones et des langues nationales

    Dakar, 3 fév (APS) – Le linguiste et grammairien Moussa Daff, décédé lundi, est un pionnier des études francophones au Sénégal ayant mené un travail jugé colossal dans l’optique de faire des langues nationales, des langues d’enseignement et pas seulement d’alphabétisation, a indiqué l’université Cheikh Anta Diop, au sein duquel le défunt enseignait depuis plusieurs décennies.

    Il a formé plusieurs générations d’étudiants, et a été un maillon important dans les réformes de l’enseignement du français comme dans les problématiques des langues nationales et des interculturalités, a souligné l’UCAD dans un communiqué publié dans ses différents réseaux sociaux.

    Les travaux et les enseignements du professeur Daff portaient, notamment, sur les sciences du langage, la médiation interculturelle, la didactique et les littératures francophones.

    SMD/FKS/BK