Auteur/autrice : Fatou Kiné SENE

  • SENEGAL-MUSIQUE-CULTURE / Fête de la musique : une célébration placée sous le signe de la sobriété

    SENEGAL-MUSIQUE-CULTURE / Fête de la musique : une célébration placée sous le signe de la sobriété

    Dakar, 20 juin (APS) – Le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, va célébrer mercredi la fête de la musique,  mais dans la « sobriété », annonce un communiqué du ministère de la Culture et du Patrimoine historique parvenu mardi à l’APS.

    « Le Sénégal célèbre la fête de la musique, le mercredi 21 juin 2023 sur l’ensemble du territoire dans la sobriété », indique le communiqué.

    La cérémonie officielle marquant la célébration de la fête de la musique se tiendra à partir de 19 heures au centre culturel régional Blaise Senghor de Dakar.

    La directrice des arts Ndèye Khoudia Diagne a indiqué dans un entretien téléphonique avec l’APS que deux raisons justifient cette célébration dans la sobriété.

    Il y a d’une part  »la situation, le contexte » actuel du Sénégal qui a vécu de violentes manifestations le 31 mai dernier, les 1er et 2 juin,  lesquelles ont entrainé 16 morts et de nombreux blessés, selon un bilan officiel.

    La deuxième raison est liée à la fin du mandat du comité d’organisation de la fête de la musique dirigé par le producteur Ousmane Faye.

    « Il est envisagé d’appuyer les centres culturels régionaux pour qu’ils travaillent en partenariat avec les acteurs à l’avenir », a expliqué la directrice des arts.

    La Fête de la musique est célébrée le 21 juin de chaque année depuis 1982. Elle a été instituée sous l’égide de Jack Lang, ancien ministre français de la Culture.

    FKS/ASG/MTN

  • SENEGAL-CULTURE / Un pré-colloque pour revisiter l’histoire culturelle de Sédhiou

    SENEGAL-CULTURE / Un pré-colloque pour revisiter l’histoire culturelle de Sédhiou

    Dakar, 20 juin (APS) – Le secrétaire général du ministère de la Culture et du Patrimoine historique, Habib Léon Ndiaye, a souligné, mardi, à Dakar, « la pertinence scientifique » du pré-colloque ouvert le même jour en perspective du colloque international de Sédhiou (sud), prévu du 27 au 29 octobre prochain dans la capitale du Pakao.

    M. Ndiaye présidait l’ouverture officielle de ce pré-colloque portant sur le thème « Sédhiou : histoire, culture et développement ».

    Cette rencontre est destinée à la promotion du colloque d’octobre, sous l’égide de l’Association pour le développement de Sédhiou (ADS). Elle sera l’occasion de revisiter l’histoire et la culture, qui servent de base au développement local.

    ‘’Le pré-colloque qui nous réunit ce jour est d’une grande pertinence scientifique et d’une grande opportunité pour le projet d’émergence que nourrit le chef de l’Etat [Macky Sall]. C’est un évènement d’importance capitale puisque permettant de revisiter toute l’histoire culturelle de Sédhiou et par extension de la Casamance et de la Sénégambie’’, a relevé le secrétaire général du ministère de la Culture.

    Selon Habib Léon Ndiaye, ce pré-colloque, comme le colloque lui-même, va mettre à la contribution « des compétences de tout bord, de tous les pays, pour dire le savoir dans son intime honnêteté’’.

    ‘’Sédhiou est historiquement un carrefour intellectuel et culturel, mais aussi une région qui regorge d’énormes potentialités pour son développement économique et social’’, a relevé le secrétaire général du ministère de la Culture et du Patrimoine historique.

    Il note que les organisateurs de ce pré-colloque ‘’ont comme ligne de mire le développement de Sédhiou. Aujourd’hui, c’est l’enjeu principal’’, à savoir ‘’mettre en commun les énergies pour créer des emplois pour les jeunes, exploiter les énormes potentialités de notre pays […]’’.

    Les participants à cette rencontre, parmi lesquels le professeur Balla Moussa Daffé, se sont planchés sur deux panels, dont celui portant sur le thème : ‘’Le bois sacré : philosophies, rites et rituels de quelques expressions culturelles et cultuelles sénégambiennes’’.

    ‘’L’initiation en pays mandenka, un acte d’éducation et d’enseignement du berceau à la tombe’’ est le thème du second panel de ce pré-colloque qui devrait ‘’mettre en lumière les valeurs qui nous ont tous façonnés et qui nous guident’’, selon son coordinateur, Moustapha Tambadou.

    Le colloque prévu en octobre s’offre ainsi ‘’les moyens d’analyser avec lucidité les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces auxquelles sont confrontées notre grande et belle région pour son développement’’, ajoute-t-il.

    FKS/BK/MTN

     

  • SENEGAL-MUSIQUE-REPORTAGE / Distribution musicale au Sénégal : quand le clic sonne le déclin d’un secteur florissant

    SENEGAL-MUSIQUE-REPORTAGE / Distribution musicale au Sénégal : quand le clic sonne le déclin d’un secteur florissant

    Par Amadou Baba Ba

    Dakar, 20 juin (APS) – Sandaga. Cantines B224 et B36. Deux places mythiques du célèbre marché du centre-ville dakarois renvoyant à une période faste de la distribution musicale au Sénégal : les années 1990-2000. Sauf que de cette période à nos jours, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

    Il y a surtout que l’ouragan du numérique et du streaming est depuis passé par-là. Et il ne reste plus de ces années que le souvenir faste d’une époque bénie, ce qui dit beaucoup du déclin actuel de la distribution musicale dans le pays du mbalax-roi.

    Un tour à Sandaga permet de voir que les emplacements de ces boutiques mythiques n’ont gardé aucune trace de cet âge d’or. Seuls quelques-uns s’aventurent encore à parler de Talla Diagne et d’Omar Gadiaga, qui avaient la haute main sur la distribution musicale avant l’effondrement de ce business.

    Pour se rendre aux emplacements passés de leurs anciennes cantines, il faut demander encore et encore. Preuve que ces deux hommes, qui se sont fait un nom dans la distribution musicale, ne sont plus que de vieux souvenirs dont ne se rappellent que les commerçants plus âgés du marché Sandaga.

    Qu’à cela ne tienne. A l’évocation de leur nom, ou des numéros respectifs de leurs cantines – B224 et B36 -, des bribes de souvenirs affleurent chez quelques commerçants de cette rue grouillante qui traverse le marché Sandaga.

    C’est le cas de Ngagne Diop, la quarantaine, vendeur d’accessoires pour téléphones et appareils numériques. Dans sa cantine mitoyenne à celle qu’occupait Talla Diagne à l’époque, il se souvient que chaque sortie d’album d’un Youssou Ndour, par exemple, était un véritable événement.

    ‘’Je me rappelle des sorties d’albums de Youssou Ndour. A l’époque, des files interminables se formaient, créant des embouteillages sur la voie publique.’’

    Quid des autres chanteurs sénégalais ? ‘’L’album posthume de Ndongo Lô a également été un moment de grande effervescence auprès des acheteurs venus en grand nombre’’, se souvient Ngagne Diop.

    Souvenir des temps heureux

    La mythique cantine B224 de Talla Diagne n’est plus qu’une boutique quelconque dans cette partie du marché Sandaga, où les commerces de vêtements et d’accessoires pour femmes tiennent désormais le haut du pavé.

    Barham Bijoux est le nouveau nom de cette ancienne place qui a fait les beaux jours de la distribution musicale au Sénégal. Une appellation tout sauf fortuite. Elle renvoie à une nouvelle tendance de marché, de la même manière que KSF – Keur Serigne Fallou avait fait la fortune et la renommée de Talla Diagne dans l’industrie musicale sénégalaise.

    Comme son nom l’indique, Barham Bijoux est un établissement dédié à la vente de bijoux et d’autres parures dorées, mais également de montres de luxe et d’accessoires de toutes sortes. Il en existe pour tous les goûts et toutes les bourses, jusqu’aux modèles de contrefaçon.

    Depuis dix ans qu’il occupe les lieux, le nouveau propriétaire note que ‘’beaucoup de gens, des journalistes, des touristes ou de simples curieux viennent souvent ici, qui pour des interviews, qui pour demander après Talla Diagne’’.

    L’ancien propriétaire a son commerce à Pikine, dans la grande banlieue dakaroise, où il a trouvé il y a plus d’une décennie un nouveau départ dans le commerce de tissus, après des déboires avec la justice. Talla Diagne a définitivement rompu avec la distribution musicale, qui a pendant longtemps fait son succès et construit son prestige.

    Il refuse désormais de parler à la presse, si on a la chance de tomber sur lui, après plusieurs tentatives de le joindre au téléphone.

    Comme Talla Diagne, Omar Gadiaga, une autre célébrité de la distribution musicale dans les années 1990, a également totalement tourné le dos à ce secteur. Un détail qui résume tout : de son ancienne boutique, il ne reste plus qu’un vaste espace où s’affairent des ouvriers du bâtiment et des bulldozers, pour l’exécution du projet de reconstruction du marché Sandaga.

    Cinquante-cinq mille exemplaires d’un album d’Omar Pène écoulés en une semaine

    ‘’Avec l’arrivée du digital et des plateformes de streaming, la vente et la distribution d’albums physiques ne nourrissaient plus son homme. C’est pourquoi j’ai cessé ces activités’’, explique Omar Gadiaga, qui s’est reconverti dans la quincaillerie.

    Il n’empêche que celui dont le nom se confondait avec la cantine B36 continue d’entretenir et de partager volontiers ses souvenirs d’une époque où les cassettes des ténors de la musique sénégalaise se vendaient comme de petits pains.

    ‘’Le jour de la sortie officielle de certains albums, ceux de Youssou Ndour, de Baaba Maaal, d’Omar Pène ou d’Ismaël Lô, certains inconditionnels de ces musiciens n’hésitaient pas à passer la nuit [devant les cantines B224 et B36] pour être les premiers servis’’, se souvient-il.

    A l’époque, la vente d’albums et de cassettes était une activité florissante. Omar Gadiaga parvenait à écouler en moyenne 5.000 albums en deux jours.

    ‘’En 2006 ou 2007, j’ai écoulé en seulement une semaine 55.000 exemplaires d’un album d’Omar Pène dont je ne me rappelle plus le titre’’, dit-il au bout du téléphone.

    Les anciens distributeurs et mélomanes ne vivent plus que de leurs souvenirs d’une belle époque, les premiers pouvant au moins se targuer d’avoir fait fortune et de s’être faits un nom grâce à la distribution musicale.

    Assane Teuw est un quadragénaire à la tête d’une jeune entreprise de location de voitures. Ce mélomane nourri de rap ‘’made in Sénégal’’, rap galsen pour être à la page, se souvient avec nostalgie de ses années de lycée bercées par ce genre musical.

    Le jeune originaire de Saint-Louis (nord) avait l’habitude de passer à l’époque ses vacances scolaires à Dieuppeul, un quartier dakarois, qui correspondait à un ensemble de cités résidentielles dédiées à la moyenne bourgeoisie sénégalaise.

    Contre mauvaise fortune bon cœur

    Assane se souvient d’un épisode précis correspondant à la fin des vacances et à l’annonce de la sortie du nouvel album des Da Brains, un mythique groupe de rap sénégalais des années 1990-2000.

    Il ne voulait pour rien au monde rentrer à Saint-Louis sans la nouvelle production de son groupe favori, l’un des préférés des jeunes Sénégalais adeptes du rap dans ces années-là.

    ‘’L’album devait sortir officiellement le lendemain, jour de mon retour à Saint-Louis, mais j’avais appris qu’il était déjà disponible chez certains chanceux. Alors, je me suis rendu à Liberté 5, où habitaient des membres du groupe, et où j’ai dû attendre jusqu’à 3 heures du matin pour enfin avoir un exemplaire.’’

    D’avoir fait partie de l’un des premiers mélomanes à posséder cet album faisait de lui ‘’la star’’ de son quartier à Saint-Louis. ‘’Ma chambre, devenue du jour au lendemain un lieu de séances d’écoute, ne désemplissait pas. Tout le monde voulait être parmi les premiers à écouter l’album. D’autres le dupliquaient dans des cassettes vierges’’, se rappelle Assane Teuw avec nostalgie.

    Babs, qui tient une boutique d’albums, est l’un de ceux qui regrettent le plus cette époque bénie. ‘’Le streaming a eu raison de ce secteur, alors que les musiciens sénégalais ne s’y sont pas bien préparés’’, déplore le propriétaire de Babs Laser System.

    Le digital, insiste-t-il, a fini de tuer la production et la vente de cassettes et d’albums.

    Babs en veut pour preuve les sorties d’albums qui passent maintenant inaperçues, alors que les anciens albums ne sont jusque-là pas encore numérisés.

    ‘’Cela représente un manque à gagner énorme pour ces musiciens qui voient la vente de leurs œuvres dégringoler, car ils ne bénéficient pas de la publicité qui leur était faite du temps des casettes’’, note-t-il.

    Une preuve, s’il le faut, que la distribution d’albums est bel et bien morte de sa belle mort. Il ne reste plus que le souvenir d’une époque où les sorties d’albums créaient de véritables événements musicaux.

    Il y en a qui, à l’image de Babs, refusent pourtant d’abandonner le secteur de la distribution musicale. Ce dernier, guidé par sa seule passion, continue d’y croire et de garder l’espoir de lendemains meilleurs, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

    ABB/BK/MTN/FKS/ESF

  • SENEGAL-AFRIQUE-CINEMA / Un fonds panafricain lancé en juillet prochain en soutien aux femmes dans le cinéma et l’audiovisuel

    SENEGAL-AFRIQUE-CINEMA / Un fonds panafricain lancé en juillet prochain en soutien aux femmes dans le cinéma et l’audiovisuel

    Dakar, 19 juin (APS) – Un fonds panafricain dédié aux femmes résidentes en Afrique dénommé « Fonds indigo » sera lancé en juillet prochain, pour accompagner les productrices, réalisatrices, scénaristes et autres techniciennes du cinéma et de l’audiovisuel, a annoncé la réalisatrice et productrice sénégalaise Rama Thiaw, l’une de ses fondatrices.

    Le « Fonds indigo » sera mis en place pour les femmes lors du Durban film Festival International, une manifestation prévue du 20 juillet au 30 du même mois en Afrique du Sud, a précisé Mme Thiaw.

    « Nous ne visons pas une approche fondée sur l’aide au développement, mais plutôt des collaborations et des partenariats efficaces avec des festivals et des bailleurs pour alimenter le fonds qui nous permettra d’exercer notre métier dans de meilleures conditions et d’occuper la place qui nous revient dans le cinéma et l’audiovisuel », a-t-elle expliqué en marge de la première édition du Festival africain du film et de la recherche féministe (16-18 juin) qui s’est tenue sur l’île de Gorée, au large de Dakar.

    Selon Rama Thiaw, cette initiative vise à accorder, pendant deux ans, une allocation de cinq cent mille francs CFA par mois à chacune des productrices, réalisatrices et scénaristes bénéficiant de ce fond.

    À côté, ajoute-t-elle, il y a un mentor qui va les accompagner dans la mise en œuvre de leur projet, alors que des partenaires de festivals sont appelés à leur permettre de bénéficier d’une formation ou d’avoir accès à un marché.

    Tout est parti, dit-elle, de discussions qui ont eu lieu lors du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en 2021, du Zanzibar International Film Festival et du Festival « Elles Tournent-Dames Draaien » de Bruxelles en Belgique.

     »J’ai modéré une table ronde il y a deux ans lors du Fespaco avec des réalisatrices, productrices résidentes en Afrique pour échanger sur les difficultés et les challenges. Elles parlaient toutes de manque de moyens. On s’est dit : qu’est-ce qu’on peut faire de concret pour ne pas revenir ici dans cinq ans avec les mêmes problèmes. C’est ainsi que l’idée du fonds est née », a relevé la réalisatrice-productrice, auteure du documentaire « The Revolution Won’t Be Televised », produit en 2016 et consacré au mouvement Y’ en a marre ».

    Depuis deux ans, les initiatrices de ce projet, dont Angela Rabatel (Togo), Rama Thiaw (Sénégal), Tella Kpomahou (Bénin), Samantha Biffo (Gabon), Diane (Burundi), Aimée (Burkina Faso), se sont attelées à l’élaboration du fonds, à la recherche de financiers pour l’alimenter et des partenaires pour accompagner ces professionnelles du cinéma et de l’audiovisuel.

    FKS/MD/BK

  • SENEGAL-CULTURE / Sorano va célébrer la Fête de la musique avec l’Ensemble lyrique traditionnel

    SENEGAL-CULTURE / Sorano va célébrer la Fête de la musique avec l’Ensemble lyrique traditionnel

    Dakar, 19 juin (APS) – La compagnie du Théâtre national Daniel Sorano va célébrer la Fête de la musique, mercredi, à partir de 9 heures, a appris l’APS de son directeur, Ousmane Baro Dione.

    Le programme de cette commémoration prévoit une prestation de l’Ensemble lyrique traditionnel, composé de chanteurs et d’instrumentistes représentatifs des différentes ethnies du Sénégal, dont de grandes divas sénégalaises.

    Aux côtés de Marie Ngoné Dione, chanteuse et directrice artistique de l’Ensemble lyrique traditionnel, il y aura Fatou Mbaye, Arame Camara, mais aussi le koriste Baboulaye Cissokho, etc.

    La Fête de la musique est célébrée le 21 juin de chaque année depuis 1982. Elle a été instituée sous l’égide de Jack Lang, un ancien ministre français de la Culture.

    FKS/BK

  • SENEGAL-AFRIQUE-CINEMA / Cinéfemfest se veut un espace de transmission (coordinatrice)

    SENEGAL-AFRIQUE-CINEMA / Cinéfemfest se veut un espace de transmission (coordinatrice)

    Dakar, 17 juin (APS) – La première édition du Festival africain du film et de la recherche féministes, ouverte vendredi sur l’île de Gorée, se veut un espace de transmission et de partage entre l’ancienne génération de réalisatrices et la nouvelle génération, d’une part, et le public, d’autre part, a déclaré la directrice dudit festival, Rama Salla Dieng.

    ‘’On a voulu remettre à l’ordre du jour les œuvres des cinéastes Safi Faye, décédée en février dernier et Khady Sylla, partie en 2013, sous le thème de l’héritage, parce qu’elles ne sont plus là. Au-delà de l’héritage, Il s’agit aujourd’hui de transmission dans ce sens qu’on a avec nous des réalisatrices de la jeune génération’’, a-t-elle expliqué.

    L’universitaire Rama Salla Dieng, chercheuse en féminismes africains, souligne que l’idée du Cinéfemfest qui se poursuit jusqu’à dimanche, est née d’une ‘’passion’’ entre elle et deux autres initiatrices : Tabara Korka Ndiaye et Ndèye Débo Seck.

    ‘’Tabara Korka Ndiaye a eu l’idée en premier et son projet s’appelait +Souli danan+ (exhumez de grandes dames du cinéma), car Safi Faye, première africaine à réaliser un film commercial, et Khady Sylla ont été de grandes dames qu’on a souvent oubliées’’, a-t-elle regretté.

    Tout a commencé, dit Rama Salla Dieng, par les critiques des films vus et partagés à travers une revue.

    ‘’Les retours qu’on avait souvent étaient du genre, c’est beau de nous parler de ces films, mais on ne les a pas vus. Ce que vous décrivez est beau, mais il est préférable de montrer les films et d’en discuter ensemble et c’est comme cela que l’initiative est née’’, raconte-t-elle.

    Aujourd’hui, le Cinéfemfest réunit 30 femmes, en majorité des ‘’féministes’’ de professions différentes dans le cadre d’un symposium pour discuter autour du travail de ces réalisatrices, et surtout, ‘’libérer la parole des femmes’’.

    Cette rencontre organisée sous la forme d’une retraite de trois jours, va leur permettre de  décortiquer le contenu des films proposés.

    Elles ont eu à voir le documentaire ‘’Les mamans de l’indépendance’’ (2012) en présence de la réalisatrice Diabou Bessane, qui exhume l’apport et le rôle joué par les femmes pour l’accession du Sénégal à l’indépendance.

    ‘’Aujourd’hui, on parle beaucoup de sororité entre femmes, mais il faut que les femmes prennent conscience qu’elles sont une véritable force de la nature. Il faut qu’elles comprennent que c’est ensemble qu’elles pourront avancer. Ce n’est pas pour rien que le film commence par Yacine Boubou, la reine du Walo. On veut nous donner une image de la femme qui n’existe pas parce que la réalité historique est autre’’, martèle la réalisatrice, enseignante en genre au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI).

    Les participants ont salué le film, surtout pour ce qu’il suscite en elles. ‘’Le film ressuscite quelque chose en nous et nous donne de la force et c’est le rôle de l’art. (…) Le film montre une volonté manifeste d’éteindre la voix des femmes’’, commente l’enseignante et romancière Fatimata Diallo Ba.

    Trois autres films ont été projetés : ‘’Mère Bi’’ de Ousmane William Mbaye, qui dresse le portrait et le parcours élogieux de la première journaliste sénégalaise, Annette Mbaye d’Erneville.

    Il s’en est suivi de la projection de ‘’La monologue de la muette’’, de Khady Sylla.

    La réalisatrice Mariama Sylla a salué ‘’l’immense talent’’ de sa sœur Khady, qui a toujours voulu transmettre des choses, partager. ‘’On n’est pas dans un cinéma féministe, mais on a voulu montrer notre vision de vie’’, lance-t-elle.

    Le film ‘’Mossane’’, de Safi Faye a clôturé la journée tard dans la soirée. Ce film porte sur un drame social avec comme toile de fond le mariage forcé et aussi les croyances et les mythes en pays sereer.

    FKS/ASG

  • SENEGAL-CINEMA / Un symposium-festival pour célébrer le travail de Safi Faye et Khady Sylla à Gorée, vendredi

    SENEGAL-CINEMA / Un symposium-festival pour célébrer le travail de Safi Faye et Khady Sylla à Gorée, vendredi

    Dakar, 14 juin (APS) – La première édition d’un symposium-festival de cinéma féministe dénommé « CineFemFest », « Gëstu nataal i jigeen en wolof », se tient vendredi à Gorée, au large de Dakar, « dans le but d’analyser la recherche et de célébrer le cinéma africain avec une perspective féministe », a-t-on appris des organisateurs.

    La cérémonie d’ouverture de ce festival est prévue à 18 h 30, précisent-ils dans un communiqué, selon lequel la manifestation est axée sur le travail de deux cinéastes africaines pionnières – Safi Faye (1943-2023) et Khady Sylla (1963-2013) – et va porter sur le thème : « L’héritage ».

    Des cinéastes, universitaires-chercheures, journalistes, activistes féministes et actrices culturelles sont attendus à cette rencontre prévue pour se poursuivre jusqu’à dimanche.

    « Le festival fera un zoom sur l’œuvre de ces deux cinéastes au talent immense, Safi Faye et Khady Sylla, qui sont encore très peu connues malgré leur filmographie importante alors que leur travail constitue un riche héritage pour les féministes africaines », explique une des organisatrices, docteur Rama Salla Dieng, enseignante-chercheuse d’études africaines au Royaume-Uni.

    Elle souligne que « CineFemFest » ambitionne de faire de ces films produits par des féministes africaines un outil d’éducation populaire pour promouvoir l’égalité des sexes dans le sens d’une plus grande transformation de la société en Afrique.

    « La dimension féministe est importante dans le sens où un film n’est pas en soi féministe, ou engagé, à moins que son auteur ne le revendique ouvertement. Cependant, les films, à travers le prisme qu’ils présentent, peuvent avoir une signification éducative ou de sensibilisation particulière et importante », note-t-elle.

    Au programme de ces trois jours de symposium-festival, il est prévu des projections des films des deux réalisatrices, à savoir pour Safi Faye « Kaddu Beykat ou Lettre paysanne » (1975), « Fad’jal » (1979) et « Mossane » (1996).

    Pour Khady Sylla, les films en lice, que sont « Une fenêtre ouverte » (2005), « Le monologue de la muette » (2008) et « Le jeu de la mer » (1992) seront projetés au cours de ce festival.

    Selon le communiqué, ces projections organisées en collaboration avec « Gorée cinéma », structure créée par le réalisateur Joe Gaye Ramaka, seront ponctuées par des panels et discussions sur l’œuvre de ces deux auteures.

    FKS/BK/ASG/OID/AKS

  • SENEGAL-AFRIQUE-POLITIQUE / AfricTivistes lance une consultation en ligne pour rapprocher les citoyens des institutions de l’Union africaine

    SENEGAL-AFRIQUE-POLITIQUE / AfricTivistes lance une consultation en ligne pour rapprocher les citoyens des institutions de l’Union africaine

    Dakar, 12 juin (APS) – L’organisation panafricaine « AfricTivistes » annonce le lancement d’une consultation en ligne des citoyens pour rapprocher ces derniers des institutions de l’Union africaine.

    Dans un communiqué de presse parvenu à l’APS, elle précise que cette initiative est mise en place dans le cadre du « Projet de Charte Afrique » qui aide les Etats membres de l’UA à remplir leurs engagements.

    Selon l’Union panafricaine de blogueurs et d’activistes du Web à travers le continent (AfricTivistes), la consultation citoyenne vise à recueillir les idées, les recommandations et les suggestions des citoyens africains sur cinq thématiques liées à la gouvernance démocratique sur le continent.

    Ces cinq thématiques sont : ‘‘les Droits de l’Homme : Liberté d’expression et accès à l’information publique’’, ‘’le Principe de la séparation des pouvoirs’’, ‘’la Démocratie participative et Gouvernance inclusive’’, ‘’le Respect de la Constitution et des limitations de mandats présidentiels’’ et ‘’la Participation des jeunes et des femmes dans les institutions politiques’’.

    ‘’Cette consultation citoyenne panafricaine permettra au consortium du +charter project Africa+ de recueillir une diversité d’avis et d’opinions sous forme de contributions des citoyens africains, en particulier les jeunes, la société civile et les activistes tout au long de sa mise en œuvre’’, souligne le texte.

    Il ajoute que ces contributions seront partagées avec les décideurs politiques nationaux, régionaux et continentaux, afin d’informer les débats et les prises de décision.

    ‘’Cette initiative favorise les échanges entre la société civile, la Plateforme africaine de gouvernance (AGA) et les institutions de l’Union africaine, en mettant l’accent sur des approches et initiatives innovantes pour promouvoir la gouvernance démocratique’’, souligne l’organisation panafricaine.

    Elle précise aussi que la consultation citoyenne est ouverte à tous les Africains, ‘’rendant ainsi l’exercice interactif et inclusif’’.

    Les citoyens africains peuvent s’exprimer par écrit en français ou en anglais sur ‘’charter.africa’’ et ont aussi la possibilité de commenter les différents sujets déjà discutés à travers des médias ouverts et participatifs.

    FKS/ASG/OID

  • SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Iwol, cœur battant des Bédiks, un peuple ancré dans ses traditions

    SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Iwol, cœur battant des Bédiks, un peuple ancré dans ses traditions

    Dakar, 12 juin (APS) – Iwol, village niché à 485 mètres sur les collines des hauteurs de Bandafassi, dans la région de Kédougou (sud-est), se reconnait comme la capitale des Bédiks, un peuple ancré dans ses traditions restées vivaces et dont la perpétuation est garantie par un calendrier commémoratif qui s’étale sur toute l’année.

    La première fête de la saison se déroule en novembre, une célébration destinée à remercier Dieu pour la saison des pluies et les récoltes enregistrées, a expliqué Jean-Baptiste Keita, un enseignant natif de Iwol, dans un entretien avec des reporters de APS-TV.

    Il y a ensuite le mois de janvier, réservé à la circoncision des garçons âgés de 15 ans, puis vient en avril la période d’initiation « des garçons qui vont rentrer dans le bois sacré pour se former sur comment vivre en adulte. Cette formation dure cinq mois à l’issue desquels ils sont ramenés chez leurs parents ». Il leur est donné, à partir de ce moment, « la liberté de faire ce qu’ils veulent », selon Jean-Baptiste Keïta.

    « Au mois de mai, c’est la dernière fête de la saison réservée aux femmes. Cela marque l’étape du retour de la brousse des hommes qui sont accueillis par leurs femmes avec une +gourdelette+ de vin de mil préparé en leur absence », explique l’enseignant natif de Iwol.

    En plus de toutes ces coutumes bien conservées pour être transmises aux générations futures, Iwol renferme bien d’autres « mystères », dont un pacte passé avec un génie protecteur, selon Jean-Baptiste, qui fait partie de la lignée des Keita, une des quatre principales familles de Iwol avec les Camara, les Samoura et les Sadiakhou.

    « Le diable a été sollicité pour une protection pendant la guerre, des jeunes ont été envoyés vers lui pour qu’il nous aide. Après un exposé de la situation, il a accepté et a envoyé des abeilles qui ont combattu aux côtés des Bédiks jusqu’au retour de la paix », a-t-il souligné en revenant sur la genèse de ce pacte avec le diable.

     

    Les Bédiks, une société bien organisée

    Les us et coutumes des Bédiks sont la marque d’une société bien structurée autour de ces quatre familles que sont les Keïta, les Camara, les Samoura et les Sadiakhou et dont les rôles et domaines de compétences sont bien arrêtés, indique-t-il

    « Les Keita sont les chefs du village à Iwol, ils sont aussi les dépositaires des classes d’âge. Les Camara, en tant que chefs coutumiers et gardiens des secrets du village, sont chargés de préparer les fêtes. Les Samoura sont de la lignée des forgerons et sont chargés d’arbitrer l’ensemble des conflits de la société bédik. Les Sadiakhou, chargés de la préservation des coutumes, sont la dernière famille de cette société patrilinéaire », ajoute Jean-Baptiste.

     

    Les missions dévolues à chacun de ces quatre clans assurent un fonctionnement harmonieux de la société bédik et du village de Iwol, qui compte au total 618 habitants.

    « Notre origine est au Mali. Ce qui nous a fait quitter le Mali, c’est la guerre [qui sévissait à l’époque entre des figures politiques de cette région]. Nous, les Bédiks, sommes venus ici dans les montages au Sénégal. C’était au douzième siècle », raconte Jean baptiste Keita, véritable mémoire de ce peuple qui fait partie des minorités, numériquement les moins importantes du Sénégal.

    Les campagnes d’islamisation du chef guerrier Alpha Yaya Diallo de Labé, l’une des provinces du Fouta-Djalon, constituent également des moments importants de la vie des Bédiks, un peuple resté très attaché à l’animisme et dont le refus d’embrasser l’islam a généré une guerre avec cette figure historique. Les rescapés de cette guerre se sont cachés dans des cavernes, pendant que de nombreuses jeunes filles et femmes,  »belles » la plupart du temps, ont été capturés par Alpha Yaya Diallo et ses hommes.

     

    FKS/BK/ASG

  • SENEGAL-CINEMA-POLITIQUE / Le marxisme, socle de la production littéraire et cinématographique de Sembène Ousmane (spécialistes)

    SENEGAL-CINEMA-POLITIQUE / Le marxisme, socle de la production littéraire et cinématographique de Sembène Ousmane (spécialistes)

    Dakar, 9 juin (APS) – L’écrivain et cinéaste sénégalais, Sembène  Ousmane (1923-2007) dont on célèbre ce vendredi le 16ème anniversaire de la disparition, a bâti toute sa carrière littéraire et cinématographique sur la voie du marxisme, a indiqué à l’APS le critique et universitaire germaniste Professeur Maguèye Kassé.

    Selon le Pr Kassé, Sembène, qui a débuté par une carrière de romancier avant son basculement vers le cinéma, a été influencé par l’idéologie marxiste qu’il a découverte dès son arrivée en France, au début des années 1940.

    Docker dans les ports marseillais pendant dix ans, il a été très tôt gagné par la lutte des classes, a affirmé le Professeur Kassé, par ailleurs président de l’association Sembène Ousmane.

     »On fait une analyse très incomplète de l’œuvre de Sembène Ousmane lorsqu’on veut lui enlever ce qui fait sa substance, notamment une position marxiste affirmée très concrète de l’analyse des situations qu’a connu l’Afrique dans ces différents démembrements, une analyse qu’il traduit dans ses œuvres cinématographiques et littéraires », a fait remarquer Maguèye Kassé lors d’un entretien accordé, jeudi, à l’APS.

    L’universitaire, membre du Partie de l’indépendance et du travail (PIT), où Sembene a aussi milité, souligne que ‘’les classes moyennes qui se sont paupérisées davantage ont été montrées avec beaucoup de crédibilité par Sembène dans la plupart de ses films, qu’il s’agisse des longs métrages comme « Le Mandat» (1968), « Xala » (l’impuissance, 1975) ou encore « Guélewar » (1992)’’.

    Pour ce dernier film, Maguèye Kassé souligne que Sembène montre qu’il y a une union et une unité qui peuvent bien  »s’opérer entre des gens qui ont des fois, des croyances différentes, à condition d’identifier clairement les causes de leur situation et des problèmes auxquels ces personnes de religions différentes étaient confrontées ».

    Dans tout ce que le cinéaste sénégalais a écrit ou filmé, poursuit Maguèye  Kassé,  »on voit en filigrane, son engagement communiste et ce qu’il a appris du marxisme avec une analyse concrète de situations concrètes, et surtout, de pouvoir apercevoir, déceler, identifier et démontrer l’ensemble des contradictions qui agitent des sociétés en mutation permanente ».

    L’écrivain et journaliste Boubacar Boris Diop abonde dans le même sens, quand il soutient que  »cet engagement communiste de Sembène Ousmane est omniprésent aussi bien dans l’écriture à travers ses œuvres littéraires que dans le cinéma avec ses films ».

     »Dans ses œuvres littéraires, le roman +Les bouts de bois de Dieu+ porte sur la grève des cheminots où il a mélangé les deux grèves et les personnages de ce roman sont au service des gens défavorisés, de la classe ouvrière. C’est le personnage de Bakayoko qui a était inspiré par le syndicaliste de gauche Ibrahima Sarr qui lui a servi de modèle », a expliqué Boubacar Boris Diop. Il note qu’il n’y a pas un seul film de Sembène où l’on ne sente pas cet engagement.

    Il a notamment fait allusion au film « Le Mandat » avec lequel, dit-il,  »le facteur donne une réponse typiquement communiste au personnage principal Ibrahima Dieng en disant +toi tu vas changer cela, moi, nous tous ensemble nous allons changer ce pays+ ».

    Avec  « Le mandat », Sembène Ousmane peint sur un ton humoristique la nouvelle société sénégalaise post indépendance à travers l’histoire de Ibrahima Dieng à qui son neveu émigré en France envoie un mandat, explique Diop.

    Boubacar Boris Diop évoque également le  »regard très tendre » de Sembène à l’endroit des classes défavorisées et en particulier de la classe ouvrière.

     »Cela vient de sa formation au Parti communiste français où il a milité et dont il a gardé à Yoff la carte jusqu’à sa mort », a rappelé l’auteur du livre « Murambi, le livre des ossements », publié en 2000.

    Celui que l’on appelle affectueusement « l’Aîné des anciens » et dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance a été aussi un syndicaliste membre de la Confédération générale du travail fondée en 1895, en France.

    Boubacar Boris Diop comme le professeur Maguèye Kassé observent que c’est à partir de ce séjour français que Sembène Ousmane aurait développé ses convictions politiques et son militantisme communisant.

    FKS/SMD/ASG