Auteur/autrice : Souleymane Faye

  • SENEGAL-SOCIETE-JUSTICE / Il ne peut pas y avoir de médiation lorsqu’il y a atteinte à l’ordre public, rappelle le professeur Ndiaw Diouf

    SENEGAL-SOCIETE-JUSTICE / Il ne peut pas y avoir de médiation lorsqu’il y a atteinte à l’ordre public, rappelle le professeur Ndiaw Diouf

    Dakar, 7 jan (APS) – La loi n’autorise pas le recours à la médiation lorsque le différend porte sur certaines infractions, celles qui portent atteinte à l’ordre public, par exemple, a rappelé le professeur de droit privé Ndiaw Diouf, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.

    ‘’Il faut dire que la médiation ne peut pas être mise en œuvre lorsque certaines infractions sont commises. Lorsqu’il y a des infractions qui portent essentiellement atteinte à l’ordre public, on ne peut pas envisager la médiation’’, a dit précisé M. Diouf.

    L’agrégé de droit privé s’est entretenu avec l’APS sur les notions de médiation, d’arbitrage et de conciliation, à la suite d’une formation qu’il a dispensée aux côtés d’autres experts, en décembre, à Dakar.

    ‘’Il y a ce qu’on appelle la médiation pénale, mais c’est essentiellement pour des infractions qui portent atteinte aux intérêts des particuliers, en matière d’abus de confiance ou d’escroquerie, par exemple’’, a-t-il expliqué.

    Ndiaw Diouf signale que ‘’lorsqu’il y a de graves atteintes à l’ordre public, lors des manifestations qui dégénèrent par exemple, on ne peut pas envisager une médiation’’.

    Il précise aussi que ‘’tous les litiges ne peuvent pas donner lieu à une médiation ou à un arbitrage’’. ‘’En matière de divorce, par exemple, on ne peut pas aller à l’arbitrage…’’

    ‘’Médiation institutionnalisée’’

    ‘’Ce sont des circuits de dérivation dont le rôle est de désengorger les juridictions […] Pour la médiation, nous avons les maisons de justice, par exemple. Pour l’arbitrage, nous avons les centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation. Nous avons également l’arbitrage devant la Cour commune de justice et d’arbitrage’’, a dit M. Diouf.

    Cette juridiction régionale dont il parle est celle de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires. Elle appartient à 17 pays africains.

    ‘’Les parties choisissent de ne pas aller devant un juge étatique. Elles choisissent d’aller devant une personne investie à titre occasionnel de la mission de juger’’, a poursuivi Ndiaw Diouf pour expliquer l’arbitrage.  

    ‘’Il y a la médiation institutionnalisée : vous allez devant une institution comme une maison de justice. Mais cette médiation peut se faire en dehors des maisons de justice’’, a-t-il affirmé.

    Dans certains différends, ‘’on ne va pas devant une institution, ce sont les parties elles-mêmes qui organisent l’arbitrage et choisissent leur arbitre […] On ne va pas recourir au service d’une institution comme la maison de justice. Les parties peuvent elles-mêmes organiser la procédure de médiation ou de conciliation. C’est ce qu’on appelle la procédure ad hoc’’, a-t-il expliqué.

    ESF/ASG

  • SENEGAL-SOCIETE-JUSTICE / Professeur Ndiaw Diouf : ‘’Il faut que les modes alternatifs de règlement des différends soient portés à la connaissance des Sénégalais’’

    SENEGAL-SOCIETE-JUSTICE / Professeur Ndiaw Diouf : ‘’Il faut que les modes alternatifs de règlement des différends soient portés à la connaissance des Sénégalais’’

    Dakar, 6 jan (APS) – Le professeur de droit privé Ndiaw Diouf, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, relève une large méconnaissance des modes alternatifs de règlement des différends au Sénégal et juge nécessaire de constituer un vivier d’arbitres et de médiateurs agréés par les centres d’arbitrage.

    M. Diouf et l’APS se sont entretenus sur ce sujet, à la suite d’une formation que l’universitaire a dispensée, avec d’autres experts de la médiation et de l’arbitrage, en décembre, à Dakar.

    Professeur, quels étaient les objectifs de la formation que vous avez dispensée à Dakar sur les modes alternatifs de règlement des différends ?

    Il faut replacer ces sessions de formation dans leur contexte. Il y avait un projet de l’Union européenne destiné au renforcement des structures et mécanismes d’arbitrage au Sénégal. Dans ce projet, il était prévu la vulgarisation des modes alternatifs de règlement des différends, à savoir l’arbitrage, la médiation et la conciliation. Il fallait vulgariser ces modes alternatifs de règlement des différends afin que les Sénégalais puissent se les approprier. Voilà pourquoi nous avons organisé une session de formation pour les journalistes économiques et tenu des réunions publiques d’information dans plusieurs régions du Sénégal […] Nous tenions pour mission de faire en sorte que les Sénégalais s’imprègnent davantage de ces modes alternatifs de règlement des différends.

    Mais il n’y avait pas que de la vulgarisation à faire. Il y avait également la formation d’un vivier d’arbitres et de médiateurs. Il y a des centres d’arbitrage et des centres de médiation. Je pense, par exemple, au Comité national de médiation et de conciliation.

    Les arbitres et médiateurs doivent être formés. Notre premier objectif, pour cette session de formation, c’était la formation d’un vivier d’arbitres et de médiateurs en vue de leur agrément par ces centres-là. Il faudrait peut-être revenir à la notion de mode alternatif de règlement des différends. La justice a toujours été considérée comme une affaire de l’État. Lorsqu’un conflit survient entre deux personnes, il est soumis à des juridictions étatiques, qui rendent des décisions exécutoires. Mais en raison de l’encombrement de ces juridictions, il était nécessaire de trouver des circuits de dérivation. C’est ce qu’on appelle les modes alternatifs de règlement des différends. Il y en a deux.

    Lesquels ? À quoi peuvent-ils aboutir (comme résultats) ?

    Vous avez d’un côté l’arbitrage, de l’autre ce qu’on appelle la médiation et la conciliation. Dans l’arbitrage, nous avons un juge privé. Un juge qui est investi, non pas par l’État, mais par les parties. C’est un arbitre. Donc, il y a toujours une convention des parties comme base de l’arbitrage. C’est ce qu’on appelle la convention d’arbitrage. C’est un compromis. Dans un litige, les parties décident d’aller vers l’arbitrage. Il y a ce qu’on appelle la clause compromissoire des parties : avant le litige, les parties insèrent dans un contrat une clause par laquelle elles s’engagent à aller à l’arbitrage au cas où il y aurait des difficultés d’interprétation ou d’exécution du contrat.

    L’arbitre est un juge. Il tranche le différend, dans le cadre d’une sentence arbitrale… Comme le fait le juge étatique. Une sentence dotée de l’autorité de la chose jugée.

    En revanche, dans la médiation et la conciliation, ce sont les parties elles-mêmes qui trouvent une solution dans le cadre d’un accord de médiation. Elles trouvent un accord avec l’aide d’un tiers, qu’on appelle médiateur ou conciliateur. On distinguait traditionnellement médiation et conciliation selon que le rôle du tiers était plus ou moins actif. Mais ici, ce sont les parties qui trouvent un accord avec l’appui du tiers qu’on appelle médiateur ou conciliateur.

    Ce qui va résulter de la médiation ou de la conciliation est un accord de médiation. Dans l’arbitrage, c’est une sentence.

    Comme je le disais tout à l’heure, c’était une mission de vulgarisation. Il faut que ces mécanismes de règlement des conflits, qui ne sont pas très connus des Sénégalais, soient portés à la connaissance des Sénégalais. Je crois que les journalistes économiques sont les personnes les plus indiquées pour accompagner cette mission de vulgarisation. Voilà pourquoi on avait senti la nécessité de former les journalistes économiques.

    Il y a des textes [qui encadrent les modes alternatifs de règlement des différends]. Ce sont essentiellement ceux de l’OHADA, l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires… Vous avez, dans le traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique, des stipulations consacrées à l’arbitrage. Mais c’est l’arbitrage dans le cadre de la Cour commune de justice et d’arbitrage. Vous avez ensuite ce qu’on appelle l’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage… Dans les 17 États parties au traité de l’OHADA, c’est cet acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage qui sert de loi sur l’arbitrage…

    On a toujours besoin d’accroître les viviers d’arbitres et de médiateurs, et de conciliateurs. Voilà pourquoi on avait senti cette nécessité de former des arbitres qui vont être agréés par ces centres-là. De former des médiateurs et des conciliateurs pouvant être agréés dans les différents centres.

    La médiation et l’arbitrage sont-ils des professions à proprement parler ?

    Il n’y a pas de filière d’enseignement consacrée à l’arbitrage, à la médiation, à la conciliation. C’est plutôt des unités d’enseignement dans les formations classiques. Vous pouvez avoir une unité d’enseignement sur l’arbitrage. Mais il n’y a pas de filière spécifiquement réservée à la formation des arbitres ou des médiateurs. Maintenant, il y a des établissements d’enseignement supérieur privé qui font des formations certifiantes en matière d’arbitrage. Il y a par exemple [une] école de droit, de gestion et d’économie […] qui [délivre] un certificat sanctionnant la formation d’arbitres et de médiateurs. Médiateur et arbitre ne sont pas des métiers. Ce sont des qualifications.

    Quelqu’un ne peut pas dire qu’il est arbitre ou médiateur de profession. On est qualifié pour faire de l’arbitrage ou de la médiation.

    Le médiateur, comme l’arbitre, est une personne investie à titre occasionnel de la mission de trancher ou d’aider à trancher, à résoudre les différends. Il n’en fait pas un métier. Moi, par exemple, il m’arrive de faire de l’arbitrage pour la CCGA (une commission consultative créée au sein du ministère des Finances et du Budget)…

    ESF/SBS/ASB

  • SENEGAL-ECONOMIE / Recettes douanières : les liquidations atteignent 1.613 milliards de francs CFA en 2024, soit une hausse de 13 %

    SENEGAL-ECONOMIE / Recettes douanières : les liquidations atteignent 1.613 milliards de francs CFA en 2024, soit une hausse de 13 %

    Dakar, 1er jan (APS) – Les droits de douane et les taxes payés par les déclarants à l’administration douanière sénégalaise en 2024 s’élèvent à 1.613 milliards de francs CFA en 2024, contre 1.426,6 milliards en 2023, soit une hausse de 13 %, a-t-on appris mercredi de la Direction générale des douanes (DGD).

    ‘’En 2024, les liquidations douanières se chiffrent à 1.613 milliards, contre 1426,6 milliards en 2023. Il en ressort une progression de 186,4 milliards en valeur absolue et 13 % en valeur relative’’, indique une fiche des réalisations douanières reçue de la DGD.

    Les réalisations en matière de lutte contre la fraude, de janvier à novembre 2024, dépassent largement celles effectuées sur toute l’année 2023, signale la même source.

    À la fin de novembre 2024, les réalisations contentieuses étaient de 67,8 milliards, contre 28,3 milliards à la fin de décembre 2023, indique-t-elle.

    Il en ressort une hausse de l’ordre de 39,5 milliards en valeur absolue et 139,5 % en valeur relative, ajoute la DGD.

    Concernant la lutte contre la criminalité transnationale organisée, les valeurs des saisies sont passées de 4,4 milliards en 2023 à 226,4 milliards en 2024, lit-on sur la fiche des réalisations douanières.

    La Direction générale des douanes relève, en guise de ‘’faits majeurs’’, d’‘’importantes saisies de cocaïne pour une quantité totale de 2.681 kilogrammes et de billets noirs pour une contre-valeur de 11 milliards’’.

    Les performances réalisées en matière de mobilisation des recettes sont le résultat d’efforts fournis en vue d’une meilleure maîtrise de l’assiette sur certains produits comme les véhicules et les importations du secteur dit informel, explique la DGD.

    Elle affirme avoir pris plusieurs mesures, en termes de maîtrise de l’assiette de taxation, dont la poursuite du processus d’opérationnalisation du bureau du guichet unique de dédouanement des véhicules (BGUDV).

    Une ‘’franche collaboration des partenaires’’

    Le renforcement des capacités opérationnelles du BGUDV a permis d’augmenter les recettes collectées de 109,9 milliards en 2023 à 136,6 milliards en 2024, soit une progression de 26,7 milliards, c’est-à-dire 24,2 %.

    La poursuite du processus de digitalisation des unités douanières est l’une des mesures ayant permis à la DGD d’obtenir ces résultats, selon la fiche.

    Le système de gestion automatisée des informations douanières s’est enrichi de nouveaux bureaux, ce qui a permis d’accroître les liquidations dans les 14 régions du pays, selon la même source. ‘’À titre d’exemple, signale-t-elle, les recettes du bureau des douanes de Rosso […] sont passées de 9,3 milliards en 2023 à 12,4 milliards en 2024, ce qui représente une progression de 3,1 milliards en valeur absolue et 33,3 % en valeur relative.’’

    Les résultats obtenus sont aussi le fruit d’une ‘’franche collaboration des partenaires de premier plan des douanes, notamment les autres forces de défense et de sécurité, les acteurs portuaires, les commissionnaires en douanes et le secteur privé national’’, note la DGD.

    Elle espère que ‘’la reprise de l’activité économique annoncée en 2025 et le renforcement des moyens d’action envisagé vont […] permettre d’exploiter de manière plus optimale le potentiel fiscal à tirer des importations et de combattre avec plus d’efficacité la lutte contre la fraude et la criminalité transnationale organisée’’.

    ESF/ASB/SMD

  • SENEGAL-MAURITANIE-HYDROCARBURES / Gaz : la Mauritanie et le Sénégal ont procédé à l’ouverture officielle du premier puits du projet GTA

    SENEGAL-MAURITANIE-HYDROCARBURES / Gaz : la Mauritanie et le Sénégal ont procédé à l’ouverture officielle du premier puits du projet GTA

    Dakar, 1er jan (APS) – Les ministères mauritanien et sénégalais chargés de l’Énergie annoncent avoir procédé à l’ouverture officielle du premier puits du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), qui se trouve sur la frontière maritime du Sénégal et de la Mauritanie.

    ‘’Les ministères chargés de l’Énergie en Mauritanie et au Sénégal, Petrosen et la Société mauritanienne des hydrocarbures annoncent avec fierté l’ouverture officielle du premier puits du projet GTA’’, écrivent les services de communication des deux départements ministériels.

    ‘’Le franchissement de cette étape importante marque un grand pas dans l’aboutissement du projet GTA et consolide le partenariat exemplaire existant entre la Mauritanie et le Sénégal, qui sont désormais destinés à jouer un rôle clé dans l’industrie énergétique régionale’’, soulignent-ils.

    Le communiqué conjoint rappelle que le projet Grand Tortue Ahmeyim est ‘’développé’’ par la Société mauritanienne des hydrocarbures, la Société des pétroles du Sénégal, BP et Kosmos Energy.

    Ce projet ‘’représente l’une des plus grandes découvertes gazières en eaux profondes de la région. Porté par une coopération exemplaire entre les deux nations, [il] témoigne de leur engagement à exploiter de manière durable les ressources naturelles, au bénéfice des populations et des économies des deux pays’’, affirment les services de communication des deux ministères.

    Ils déclarent que ‘’l’ouverture du premier puits du projet marque le couronnement des opérations techniques et ouvre la voie au démarrage de la commercialisation du gaz prévue très prochainement’’.

    Les ministres mauritanien et sénégalais de l’Énergie, Mohamed Ould Khaled et Birame Souleye Diop

    ‘’L’ouverture des puits de gaz est une étape historique pour le Sénégal. Elle traduit notre vision commune avec la Mauritanie de faire du projet GTA un modèle de collaboration énergétique réussi’’, affirme le communiqué en citant Birame Souleye Diop, le ministre chargé de l’Énergie, du Pétrole et des Mines au Sénégal.

    Mohamed Ould Khaled, le ministre mauritanien de l’Énergie et du Pétrole, estime que ‘’ce partenariat exemplaire avec le Sénégal démontre la capacité [des] deux pays à atteindre ensemble des objectifs ambitieux et durables’’.

    ‘’L’avenir énergétique de notre région s’annonce prometteur’’, espère-t-il.

    ‘’L’ouverture du premier puits du champ GTA [a] eu lieu ce mardi 31 décembre 2024 à 17 heures’’, précise l’Agence mauritanienne d’information (AMI) en citant M. Ould Khaled.

    Ce dernier déclare que cette étape marque le début de la production de gaz à la frontière sénégalo-mauritanienne.

    La production ‘’se poursuivra avec la liquéfaction des premières molécules de gaz en vue de leur exportation au cours du premier trimestre de l’année 2025’’, ajoute l’AMI en citant le même ministre.

    Selon Mohamed Ould Khaled, la capacité de production de gaz du champ GTA est estimée à 2,5 millions de tonnes par an. Elle devrait passer à 10 millions de tonnes par an dans les prochaines années, a-t-il dit.

    ESF/SMD/ASB

  • SENEGAL-ECONOMIE-RETROSPECTIVE / États généraux sectoriels, accusations de falsification des comptes publics et crise de la dette dominent l’économie sénégalaise en 2024

    SENEGAL-ECONOMIE-RETROSPECTIVE / États généraux sectoriels, accusations de falsification des comptes publics et crise de la dette dominent l’économie sénégalaise en 2024

    Dakar, 31 déc (APS) – Le Sénégal a connu en 2024, sur les plans économique et financier, d’importantes mesures administratives du gouvernement, ainsi que le non-renouvellement des accords de pêche avec l’Union européenne (UE), les états généraux de l’industrie, du commerce, des PME et des transports publics, des accusations de falsification des comptes publics, la mort de l’homme d’affaires Baba Diao et de l’ancien ministre Mamadou Moustapha Ba, en plus d’une crise sans précédent de la dette publique.

    Des inspecteurs des impôts et des domaines au pouvoir. Il faudrait d’abord signaler l’élection à la présidence de la République, le 24 mars, d’un inspecteur des impôts et des domaines, Bassirou Diomaye Faye, qui confie la conduite du gouvernement à Ousmane Sonko, son confrère, ami et camarade de parti.

    Pêche. Un mois après sa prise de fonctions, le gouvernement de M. Sonko publie une liste de 132 navires industriels battant pavillon sénégalais et de 19 navires étrangers. Le but de cette mesure est, selon les autorités, de lutter contre la surexploitation des ressources. Les pêcheurs sénégalais se plaignent depuis longtemps des licences accordées aux armateurs industriels, ceux d’Europe et de la Chine notamment. Cette décision est aussi la matérialisation de l’une des promesses faites par Bassirou Diomaye Faye : réévaluer les accords de pêche.

    « Des défaillances »

    Six mois plus tard, l’Union européenne (UE) et le gouvernement sénégalais se disputent l’initiative du non-renouvellement des accords autorisant des navires de pays d’Europe à pêcher dans les eaux du Sénégal. L’UE n’envisage pas de renouveler le protocole de pêche signé en 2019 avec le Sénégal en raison de ‘’défaillances’’ constatées dans la lutte menée par les pouvoirs publics sénégalais contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, a déclaré, le 12 novembre, à Dakar, son représentant dans le pays, Jean-Marc Pisani. Le protocole de pêche en question, d’une durée de cinq ans et comprenant ‘’14 accords’’ touchant notamment à l’économie et à l’environnement, a expiré le 17 novembre.

    « En raison des défaillances constatées dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, l’UE ne peut envisager le renouvellement du protocole tant qu’il n’y a pas de progrès suffisants du Sénégal dans ce domaine », soutient M. Pisani. Mais plusieurs jours plus tard, il est démenti par le gouvernement sénégalais, qui déclare avoir pris l’initiative de ne pas renouveler les accords de pêche.

    Jean-Marc Pisani, l’ambassadeur de l’UE au Sénégal

    Le 3 mai, le Premier ministre annonce 23 décisions à mettre en œuvre pour le déroulement de la campagne agricole hivernale, à laquelle le gouvernement alloue un budget record de 120 milliards de francs CFA. Lors du conseil interministériel consacré à l’agriculture, Ousmane Sonko demande au secrétaire d’État chargé des Coopératives et de l’Encadrement paysan, au ministre des Forces armées et à son collègue de l’Agriculture de veiller à la distribution des intrants agricoles (semences, engrais…), « dans les conditions de stricte transparence, auprès des réels ayants droit, en veillant à identifier et à sanctionner tout détournement d’objectif ».

    Cette mesure a permis aux paysans d’accéder aux intrants agricoles et à des prix jugés abordables, ce qui n’était plus arrivé depuis de nombreuses années. Le 26 novembre, à la fin de l’hivernage, le gouvernement fixe à 305 francs CFA le prix du kilogramme d’arachide pour la nouvelle campagne de commercialisation dudit produit. Ce prix plancher de l’arachide connaît une hausse de 25 francs sur celui en vigueur lors de la précédente campagne de commercialisation des récoltes, qui était de 280 francs.

    « Nous avons été obligés de procéder à un arbitrage… »

    Intervenant à un conseil interministériel consacré à la nouvelle campagne de commercialisation des produits agricoles (2024-2025), le Premier ministre assure que l’État du Sénégal est allé au-delà de la proposition faite par le Comité national interprofessionnel de l’arachide (CNIA). Le CNIA, qui réunit des producteurs d’arachide, avait proposé au gouvernement de fixer le prix du kilogramme à 290 francs CFA, selon Ousmane Sonko. « Nous avons été obligés de procéder à un arbitrage en tenant compte des intérêts des producteurs et des huiliers », dit-il.

    Quelques semaines plus tard, des graines d’arachide sont saisies par les forces de sécurité et les services décentralisés du ministère de l’Industrie et du Commerce, et des commerçants accusés de non-respect du prix fixé par le gouvernement. « Il nous a été signalé qu’on écoulait des graines d’arachide à des prix illicites. Deux opérateurs privés collectaient des graines à un prix en deçà de celui fixé par le gouvernement. En plus, leur centre de collecte n’a pas été agréé par l’État », déclare à l’APS le chef du service départemental du commerce de Mbour (ouest), Mamadou Lamine Ndiaye.

    À la suite de l’audition des commerçants accusés de non-respect du prix indiqué, une phase contentieuse a été ouverte, selon M. Ndiaye. Les mis en cause peuvent accepter les faits qui leur sont reprochés et payer une amende, dit-il. « Autrement, ajoute le commissaire aux enquêtes économiques, nous allons procéder à la vente de la marchandise et nous en ouvrir au procureur de la République, afin que les mis en cause comparaissent en justice. »

    Cette année, le Premier ministre a ordonné une suspension des constructions sur les anciennes dépendances du domaine public maritime.

    Suspension d’opérations domaniales. Le 14 mai, le Bureau d’information et de la communication du gouvernement, rattaché au cabinet du Premier ministre, annonce la création, par ce dernier, d’une commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les dépendances du domaine public maritime (DPM) de la région de Dakar. Par l’arrêté instituant ladite commission, Ousmane Sonko ordonne « la suspension de toutes les constructions et autres travaux sur les anciennes dépendances du domaine public maritime [de] la région de Dakar, pour un délai de deux mois ».

    Deux mois plus tard, le 16 juillet, M. Sonko reçoit un pré-rapport de la commission ad hoc. À la suite de son approbation par le Premier ministre, le document est remis au président de la République. « Ce rapport a mis en lumière plusieurs irrégularités préoccupantes, notamment en matière d’impact environnemental et socioéconomique », signale la présidence de la République sur sa page Facebook. Cette année, le gouvernement a suspendu plusieurs fois des opérations de lotissement de terrains dans les régions de Dakar et Thiès (ouest).

    Mise en service du BRT. Le 15 mai, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye (l’actuel président de l’Assemblée nationale), procède à la mise en service du Bus Rapid Transit (BRT). Le BRT est décrit comme « un projet d’infrastructure ambitieux, qui vise à transformer la mobilité dans l’agglomération de Dakar », selon les partenaires à l’origine de sa construction, dont l’État du Sénégal et la Banque européenne d’investissement. Ils estiment que le Bus Rapid Transit marque le début d’ « une nouvelle ère » des transports, dans la mesure où ses bus fonctionnent entièrement à l’électricité, ce qui réduit la pollution de l’air.

    C’est le fruit d’un partenariat public-privé dans lequel 419 milliards de francs CFA ont été investis, selon Khadim Niang, l’ingénieur polytechnicien chargé du projet de Bus Rapid transit de Dakar. Le BRT dessert 23 stations pour transporter quelque 300.000 passagers par jour, a dit M. Niang. Ses dessertes s’effectuent entre la préfecture de Guédiawaye et le centre-ville de Dakar, soit 18,3 kilomètres, de 5 heures à 21 heures. Il traverse 14 communes d’arrondissement.

    « Une étape historique »

    Selon Khadim Niang, 69 % du financement de l’ouvrage ont été fournis par l’État du Sénégal et ses partenaires économiques et financiers, le restant, 31 %, provenant du secteur privé. L’exploitation des 121 bus articulés du BRT a généré des centaines d’emplois.

    Les premiers barils de pétrole de Sangomar. Le 25 juin, la présidence de la République annonce que le champ Sangomar, situé au large de Dakar, a produit ses premiers barils de pétrole, le même jour, en présence du chef de l’État. « Aujourd’hui, le président de la République […] a assisté à la production des premiers barils de pétrole de la plateforme Sangomar », déclare-t-elle dans un communiqué, soulignant qu’il s’agit d’« une étape historique » de l’entrée du Sénégal « dans l’industrie pétrolière ».

    La visite du chef de l’État au champ Sangomar a eu lieu en présence de Meg O’Neill, la présidente-directrice générale de Woodside Energy, des ministres sénégalais de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, des Forces armées, Birame Diop, et du directeur général de la Société sénégalaise des pétroles, Thierno Seydou Ly. « Avec des réserves estimées à 630 millions de barils de pétrole brut et une production initiale prévue de 100.000 barils par jour, ce projet (Sangomar) est un pas décisif vers la souveraineté énergétique et un avenir prospère pour notre pays », ajoute la présidence de la République.

    Le président de la République sur le champ pétrolier de Sangomar, avec Meg O’Neill, la présidente-directrice générale de Woodside Energy

    Grève dans le secteur minier. La grève des travailleurs de la société minière Sabodala Gold Operations (SGO) est l’un des évènements économiques majeurs de cette année. Le 14 août, après plusieurs jours de grève, SGO et ses employés signent un accord mettant fin à la grève menée dans une mine située à Massawa, dans la région de Kédougou (sud-est). Les travailleurs réclamaient « la valorisation du forfait d’heures supplémentaires des travailleurs non-cadres », des « avantages en nature » (logement et nourriture), « le changement du mode de rémunération des heures supplémentaires des travailleurs cadres », le « respect des droits acquis relatifs à l’avance Tabaski ».

    Les négociations ayant mis fin à la grève se sont déroulées sous la direction du ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé (l’actuel ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens). « Un accord comprenant plusieurs points a été trouvé », déclare M. Diémé à l’APS après la signature de l’accord conclu par SGO et ses employés. La signature de l’accord est confirmée à l’APS par des délégués des travailleurs.

    Le référentiel « Sénégal 2050 ». Le 14 octobre, à Diamniadio, a eu lieu la cérémonie de lancement du document de politique nationale de développement « Sénégal 2050 », sous la présidence du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye. Le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement y ont pris part, des membres du corps diplomatique basé à Dakar et du secteur privé, des chefs religieux et coutumiers également.

    Avec ce document, le gouvernement veut mettre fin à « la dépendance » du pays envers ses partenaires économiques et financiers en s’appuyant sur les ressources locales et le capital humain sénégalais. À l’aide de cette nouvelle stratégie de développement du pays, les autorités aspirent, entre autres objectifs, à tripler le revenu national brut par habitant. « Ce document national […] de planification des axes de notre politique économique et sociale va […] refléter les choix stratégiques et opérationnels devant asseoir la transformation systémique du Sénégal », affirme le gouvernement dans le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 2 octobre.

    États généraux. Les états généraux de l’industrie, du commerce et des PME se sont déroulés les 17 et 18 octobre à Diamniadio (ouest). Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, un livre blanc contenant les propositions et recommandations devait être remis au Premier ministre. « Les prochaines étapes [de la concertation] vont se dérouler dans les régions, où on va refaire l’exercice qui a été fait ici, avec les maires, les gouverneurs et les dirigeants des chambres de commerce », dit M. Diop lors de cette rencontre.

    Le ministère voulait, avec ces rencontres, associer les régions et les mairies à la définition de la politique industrielle et commerciale du pays pour les prochaines années, selon lui. Le livre blanc annoncé devait contenir les propositions faites lors des états généraux et définir des stratégies quinquennales et décennales pour le secteur, confie-t-il aux participants.

    Du 21 au 25 octobre, à Dimaniadio, ont eu lieu d’autres états généraux, ceux des transports publics. C’était l’occasion, selon le président de la République, de faire « un état des lieux rigoureux » et un « diagnostic complet » des maux de ce secteur en vue de sa « transformation rapide et intégrale ». « Les présentes assises, par leur caractère exceptionnel, offrent l’opportunité unique d’établir un état des lieux rigoureux et de réfléchir aux solutions durables pour remédier aux problèmes endémiques du secteur. Je vous invite […] à dresser un diagnostic complet et sans complaisance des sous-secteurs du transport public routier, ferroviaire et aérien », dit Bassirou Diomaye Faye en présidant la cérémonie d’ouverture de la concertation.

    Une mort « pas naturelle »

    « Vous devrez également définir les contours d’un système de transport inclusif et durable, capable de prendre en charge les nouvelles formes de mobilité, qu’elles soient électriques ou digitales », a-t-il ajouté. Un rapport contenant les propositions et recommandations faites lors des états généraux devait lui être remis.

    Des nécrologies. Le secteur privé et la République ont été endeuillés au cours de cette année. Le 3 juillet, l’ingénieur et homme d’affaires sénégalais Abdoulaye Diao, dit Baba Diao, est décédé à Dakar à l’âge de 79 ans. Il était le fondateur d’ITOC – International Trading Oil and Commodities Corporation -, une société spécialisée dans le négoce international de pétrole brut et de produits raffinés. Cette entreprise est également un partenaire de premier plan de l’État du Sénégal, qu’elle approvisionnait en hydrocarbures.

    Baba Diao était aussi le fondateur de la Banque Outarde, créée en 2017. C’est une « banque sénégalaise 100 % dédiée aux entreprises et aux entrepreneurs ». Brillant mathématicien, l’homme d’affaires est né à Thiès (ouest). Plusieurs fois lauréat du Concours général sénégalais, il s’est inscrit au lycée Louis-Le-Grand de Paris, avant de rejoindre l’Institut français du pétrole et l’École centrale de Lille (France). Revenu au Sénégal à la fin de ses études, il intègre la fonction publique et contribue à la création de PETROSEN, la Société sénégalaise des pétroles, au début des années 80, avant d’entamer une longue carrière d’homme d’affaires. Dans le secteur pétrolier d’abord, le secteur bancaire ensuite.

    La dépouille de Mamadou Moustapha Ba, dans la cour de l’hôpital militaire de Ouakam, à Dakar, le 13 novembre

    Le 4 novembre, l’ex-ministre sénégalais des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, est décédé des suites d’une courte maladie, en France, à l’âge de 59 ans, selon sa famille. Il avait dirigé ce département ministériel du 17 septembre 2022 à avril 2024, après avoir exercé les fonctions de directeur général du budget pendant plusieurs années. Mamadou Moustapha Ba est diplômé de l’ex-École nationale d’économie appliquée (ENEA) de Dakar – l’actuelle École supérieure d’économie appliquée -, en 1991. Après l’ENEA, il avait intégré l’administration des finances publiques sénégalaises au début des années 90, avant de poursuivre ses études en Belgique.

    Six jours après son décès, au Sénégal, le procureur de la République, annonce qu’une autopsie effectuée pour identifier la cause du décès de Mamadou Moustapha Ba révèle des éléments de nature à attester que sa mort « n’est pas naturelle ». « Les résultats de l’autopsie ordonnée pour déterminer les causes du décès du ministre Mamadou Moustapha Ba ont révélé plusieurs éléments qui sont de nature à attester que la mort n’est pas naturelle », a-t-il écrit.

    Le 13 novembre, l’ancien ministre est inhumé à Nioro, dans la région de Kaolack (centre).

    Amadou Hott, candidat à la présidence de la BAD. Le 28 novembre, le gouvernement sénégalais lance la candidature de l’ancien ministre Amadou Hott à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Plusieurs ministres prennent part à la cérémonie, sous la présidence de Yassine Fall, chargée du département de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères. « M. Amadou Hott, candidat du Sénégal à la présidence de la Banque africaine de développement, bénéficiera du soutien nécessaire », déclare Mme Fall, ajoutant que, avec l’ancien collaborateur de Macky Sall, « la promesse d’une Afrique prospère et intégrée est à portée de main ».

    Le successeur du Nigérian Akinwumi Adesina sera élu le 29 mai 2025, à Abidjan. La Sud-Africaine Bajabulile Swazi Tshabalala, vice-présidente principale de la BAD, a démissionné de ses fonctions en octobre dernier en raison de sa candidature à la présidence de cette institution financière. Une dizaine de jours auparavant, l’ancien ministre sénégalais était le premier à démissionner du poste d’envoyé spécial du président de la BAD, chargé de l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique.

    Selon le magazine économique et financier Financial Afrik, le Béninois Romuald Wadagni, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, le Mauritanien Ousmane Kane et le Zambien Samuel Maimbo sont également candidats. Économiste et banquier âgé de 52 ans, Amadou Hott a été conseiller spécial du président Macky Sall et directeur général du Fonds de garantie des investissements prioritaires.

    Une polémique. Cette année a également connu une grosse polémique, les nouvelles autorités ayant accusé Macky Sall et certains de ses collaborateurs d’avoir falsifié les comptes publics du pays. Le 26 septembre, le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement dénoncent, lors d’une conférence de presse, la publication de « données erronées » par leurs prédécesseurs. Les données présumées fausses concernent surtout la dette et le déficit budgétaire, selon eux.

    Amadou Hott, lors du lancement de sa candidature à la présidence de la BAD, le 28 novembre, à Dakar

    « Les autorités que nous avons remplacées ont menti au pays et aux partenaires en […] fournissant des données erronées », a soutenu Ousmane Sonko. Selon lui, les anciens ministres des Finances Amadou Ba (également ancien Premier ministre), Mamadou Moustapha Ba et Abdoulaye Daouda Diallo, ainsi que Macky Sall, l’ex-président de la République, font partie de ceux qui sont à l’origine de la publication des statistiques présumées falsifiées.

    Le 15 octobre, l’ex-président de la République dément avoir fait publier des données erronées. « Je tiens à dire que ces propos sont faux, totalement faux. Attendons que la justice confirme ou infirme avant d’accuser les gens… » soutient Macky Sall dans un entretien donné à l’agence de presse américaine Bloomberg.

    « Un scandale »

    « Les ministres mis en cause n’ont même pas accès à ces informations […] J’ai laissé un pays où les indicateurs étaient au vert. Le Fonds monétaire international a confirmé cela, un mois après que j’ai quitté le pays », s’est-il défendu.

    Baisse de la note financière du Sénégal. Macky Sall dit aussi regretter que l’accusation le concernant en même temps que certains de ses collaborateurs ait poussé l’agence Moody’s à dégrader la note financière du Sénégal. « Oui, je voudrais dire que je suis au regret de constater la baisse de la note du Sénégal par Moody’s, à la suite de l’intervention du Premier ministre, dans laquelle on aurait évoqué un scandale relatif à la gestion de l’ancien régime », affirme-t-il.

    Le 4 octobre, l’agence Moody’s a réduit la note du Sénégal en raison de la hausse du déficit budgétaire et du niveau d’endettement observés dans le pays entre 2019 et 2023, déclare le ministère des Finances et du Budget dans un communiqué. « La note du Sénégal vient d’être revue à la baisse en passant de Ba3 à perspective stable à B1, avec une mise sous surveillance. Cette baisse est consécutive à la révision à la hausse du déficit budgétaire et du niveau d’endettement observés sur la période 2019-2023. »

    Endettement. Cette année, le Sénégal est classé par la Banque moniale parmi les pays les plus endettés du monde. Un audit des finances publiques a été lancé par la Cour des comptes, et les résultats devraient être publiés dans les prochains jours ou les prochaines semaines, selon le Premier ministre.

    La dette publique du Sénégal est « estimée à plus de 15.500 milliards de francs CFA. Mais à la suite de l’audit sur la situation des finances publiques effectué par l’Inspection générale des finances, l’encours [de la dette] serait à plus de 17.700 milliards de francs CFA », déclare la commission des finances de l’Assemblée nationale dans un rapport publié samedi 28 décembre.

    ESF/MTN/ASG

  • SENEGAL-GOUVERNANCE / Bassirou Diomaye Faye annonce quatre réformes, dont le vote de la loi sur l’accès à l’information

    SENEGAL-GOUVERNANCE / Bassirou Diomaye Faye annonce quatre réformes, dont le vote de la loi sur l’accès à l’information

    Dakar, 31 déc (APS) – Quatre lois seront examinées par les députés en 2025 en vue de la protection des lanceurs d’alerte, de la réforme de l’organe de lutte contre la corruption, de l’accès à l’information et de la déclaration de patrimoine, a déclaré, mardi, le président de la République.

    « Quatre lois sur la transparence et la bonne gouvernance seront soumises à [l’Assemblée] nationale. Elles portent sur la protection des lanceurs d’alerte, la réforme de l’organe de lutte contre la corruption, l’accès à l’information et la déclaration de patrimoine », a déclaré Bassirou Diomaye Faye en s’adressant à la nation à l’occasion du Nouvel An 2025.

    Les associations sénégalaises de journalistes réclament depuis plusieurs années l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information.

    La déclaration de patrimoine sera élargie à « tous les agents de la fonction publique, sans exception », a annoncé M. Faye.

    « Concernant la déclaration de patrimoine, elle sera généralisée à tous les agents de la fonction publique, sans exception, ainsi qu’à tous les postes électifs ou nominatifs impliquant une gestion budgétaire, quelle qu’en soit l’importance », a-t-il dit.

    « Les modalités de publicité et de mise à jour des déclarations souscrites seront définies par la loi », a ajouté le chef de l’État, concernant toujours la déclaration de patrimoine.

    ESF/MTN

  • SENEGAL-MESSAGE-HYDROCARBURES-REFORMES / Le COS-PETROGAZ sera davantage ouvert à l’opposition, à la société civile, aux syndicats et aux experts

    SENEGAL-MESSAGE-HYDROCARBURES-REFORMES / Le COS-PETROGAZ sera davantage ouvert à l’opposition, à la société civile, aux syndicats et aux experts

    Dakar, 31 déc (APS) – Le président de la République a annoncé, mardi soir, avoir pris un nouveau décret visant à donner plus de place à l’opposition, à la société civile, aux syndicats et à l’Ordre national des experts au sein du Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-PETROGAZ).

    ‘’J’ai pris un nouveau décret organisant le Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz pour y donner plus de place à l’opposition, à la société civile, aux syndicats et à l’Ordre national des experts’’, a déclaré Bassirou Diomaye Faye s’adressant à la nation à l’occasion du Nouvel An 2025.

    Le COS-PETROGAZ est chargé de conseiller le président de la République dans la définition et l’orientation stratégique de l’exploitation du pétrole et du gaz, afin qu’elle profite à tous les Sénégalais.

    ‘’J’entends ainsi garantir une exploitation optimale et transparente des ressources pétrolières et gazières au profit de l’économie nationale, et des générations actuelles et futures’’, a assuré le chef de l’État.

    Bassirou Diomaye Faye soutient, par ailleurs, qu’‘’aucun changement, aucune rupture n’est possible dans un environnement de corruption endémique’’.

    ‘’Si nous voulons le changement, nous devrons résolument être prêts à nous réformer nous-mêmes, dans nos comportements face au bien public, et dans notre manière de servir la collectivité’’, a-t-il ajouté.

    Le chef de l’État annonce que quatre lois sur la transparence et la bonne gouvernance seront proposées à l’Assemblée nationale.

    ‘’Elles portent sur la protection des lanceurs d’alerte, la réforme de l’organe de lutte contre la corruption, l’accès à l’information et la déclaration de patrimoine’’, a précisé le président de la République.

    Il annonce également que la déclaration de patrimoine sera généralisée à tous les agents de la fonction publique, sans exception, ainsi qu’à tous les postes électifs ou nominatifs impliquant une gestion budgétaire, quelle qu’en soit l’importance.

    ‘’Les modalités de publicité et de mise à jour des déclarations souscrites seront définies par la loi’’, a ajouté M. Faye.

    ESF/OID

  • SENEGAL-MESSAGE-ECONOMIE / Emplois et investissements : Faye annonce le lancement d’une initiative dénommée ‘’Liggéeyal sa réew’’

    SENEGAL-MESSAGE-ECONOMIE / Emplois et investissements : Faye annonce le lancement d’une initiative dénommée ‘’Liggéeyal sa réew’’

    Dakar, 31 déc (APS) – Le président de la République a annoncé, mardi soir, le lancement au cours du premier trimestre de 2025, d’une plateforme baptisée ‘’Liggéeyal sa réew’’, pour permettre aux Sénégalais de faire acte de candidature aux emplois publics mis en compétition ou de proposer des projets et des opportunités d’investissement.

    ‘’Au courant du premier trimestre de 2025, le gouvernement lancera la plateforme ‘Liggéeyal sa réew’, qui permettra à chaque Sénégalais […] de déposer sa candidature aux postes publics en compétition ou de proposer des projets et opportunités d’investissement’’, a dit Bassirou Diomaye Faye dans un discours adressé à la nation à l’occasion du Nouvel An 2025.

    Il a annoncé avoir chargé le Bureau Organisation et Méthode (BOM) d’identifier les emplois à mettre en compétition. ‘’J’ai déjà [demandé au] Bureau Organisation et Méthode de travailler à l’identification des postes clefs devant être mis en compétition’’, a dit le chef de l’État.

    Bassirou Diomaye Faye ajoute avoir recommandé au BOM de ‘’proposer des modèles types de fiches de postes et des règles d’organisation et de fonctionnement du comité de sélection des candidats qui [lui] seront soumis au bout du processus, pour nomination’’.

    ESF/OID

  • SENEGAL-FINANCES-REGULATION / L’ARCOP décide d’internaliser ses missions d’audit, avec l’aide de la Cour des comptes

    SENEGAL-FINANCES-REGULATION / L’ARCOP décide d’internaliser ses missions d’audit, avec l’aide de la Cour des comptes

    Dakar, 30 déc (APS) – L’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) annonce avoir pris la décision, avec l’aide de la Cour des comptes, d’internaliser désormais ses missions d’audit, qui ont toujours été confiées à des cabinets externes.

    Son directeur général, Moustapha Djitté, a demandé à Mamadou Faye, le premier président de cette institution chargée du contrôle de l’exécution des lois de finances et de la sanction des fautes de gestion, entre autres missions, de l’aider à former une équipe interne d’audit, selon le site Internet de l’ARCOP.

    ‘’Nous souhaitons bénéficier d’un programme de formation conçu par des auditeurs professionnels comme vous, pour accompagner l’équipe que nous allons mettre en place. Il s’agira de les former aux fondamentaux et à la pratique de l’audit’’, a dit M. Djitté lors d’une rencontre avec le dirigeant de la Cour des comptes.

    L’ARCOP rappelle qu’elle confie ses missions d’audit, depuis sa création, à des cabinets recrutés via ‘’une procédure transparente’’.

    ‘’Désormais, explique-t-elle sur son site Internet, l’objectif est de bâtir une équipe interne capable de conduire les audits annuels en renforçant l’efficacité et en optimisant l’exploitation des rapports produits.’’

    L’Autorité de régulation de la commande publique laisse toutefois entendre que cette innovation ne l’empêchera pas de continuer à faire appel aux experts des cabinets privés.

    ‘’Nous prévoyons de recruter des auditeurs expérimentés issus de cabinets privés, qui seront formés aux spécificités des marchés publics. Ces auditeurs travailleront en tandem avec des spécialistes confirmés dans ce domaine pour équilibrer les compétences en audit et en commande publique’’, explique l’ARCOP.

    Cette nouvelle organisation va l’amener à créer trois sections d’audit reflétant la structure de l’Administrative publique sénégalaise, à savoir l’administration centrale, le secteur parapublic et les collectivités territoriales.

    ‘’Renforcer la transparence et la gouvernance des dépenses publiques’’

    Chaque section sera dirigée par un auditeur expérimenté et un spécialiste des marchés publics. Ensemble, ils vont superviser ‘’une équipe de jeunes recrues chargées de la collecte des informations’’, avec un ‘’objectif ambitieux […] d’auditer au moins 100 autorités contractantes par an’’.

    Selon la même source, le premier président de la Cour des comptes et le directeur général de l’ARCOP se sont mis d’accord pour la matérialisation de cette nouvelle démarche. ‘’Nous sommes prêts à collaborer pour vous aider à réussir cette mission. Il est essentiel que les corps de contrôle unissent leurs efforts pour couvrir efficacement le vaste périmètre à surveiller’’, a assuré Mamadou Faye.

    Selon l’ARCOP, une convention devrait être signée par les deux institutions. Elle dit avoir misé sur la Cour des comptes pour réaliser cette ambition, en raison de son ‘’expérience nationale et internationale’’, de son statut de ‘’référence’’ en matière de formation à l’audit financier.

    La future collaboration des deux institutions va amener l’ARCOP à former des experts de la Cour des comptes aux marchés publics et aux partenariats public-privé.

    ‘’Cette synergie vise à renforcer la transparence et la gouvernance des dépenses publiques’’, précise l’autorité chargée de la commande publique.

    Les dirigeants de l’ARCOP et de la Cour des comptes ‘’partagent une vision commune : promouvoir des pratiques de gestion publique rigoureuses et consolider la confiance dans l’utilisation des deniers publics au Sénégal’’.

    ESF

  • SENEGAL-ECONOMIE / L’or, le premier produit d’exportation du secteur extractif sénégalais en 2023

    SENEGAL-ECONOMIE / L’or, le premier produit d’exportation du secteur extractif sénégalais en 2023

    Dakar, 30 déc (APS) – L’or représentait 44,28 % des exportations sénégalaises de produits tirés du secteur extractif en 2023, lesquels constituaient 31,89 des biens vendus par le Sénégal à l’étranger au cours de la même année, a-t-on appris, lundi, à Dakar, du comité national chargé d’administrer l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

    Le métal jaune a généré, en termes d’exportation, 491 milliards de francs CFA, indique le rapport 2023 de l’instance chargée d’administrer l’ITIE.

    L’acide phosphorique arrive en deuxième position en constituant 27 % des exportations de produits pétroliers et miniers.

    Les revenus tirés des ventes de ce composé chimique s’élevaient à 300 milliards de francs en 2023, selon le rapport annuel publié ce lundi par le comité national de l’ITIE.

    Des revenus miniers et pétroliers qui ne cessent d’augmenter d’année en année

    « Au titre de l’année 2023, le volume des transactions effectuées par les entreprises du secteur extractif avec des fournisseurs étrangers et locaux se chiffre à 1.967 milliards de francs CFA, dont 906 milliards captés par les entreprises sénégalaises, soit 46 % », a indiqué la présidente de cette structure administrative, Oulimata Sarr, lors de la présentation du rapport.

    Selon elle, le montant de 906 milliards revenus aux entreprises sénégalaises est le fruit de la loi sur le contenu local, qui favorise l’intégration des entreprises et de la main-d’œuvre locales dans la production des sociétés étrangères s’activant dans ce secteur.

    « Cette progression des proportions de parts de marchés captées par les entreprises nationales nécessite une réflexion poussée, au regard des exigences en matière de contenu local », a souligné Mme Sarr.

    En 2023, a-t-elle signalé, 8.523 personnes ont été employées par les 26 entreprises qui s’activaient dans le secteur extractif sénégalais.

    Selon la présidente du comité national de l’ITIE, 87 % des employés du secteur extractif en 2023 étaient des citoyens sénégalais.

    La masse salariale globale déclarée par les entreprises dudit secteur s’élevait à 96 milliards de francs CFA.

    Les revenus générés par le secteur extractif au Sénégal en 2023 s’élèvent à 363,08 milliards de francs CFA, avec une hausse de 102,67 milliards, soit 39 %, sur leur montant de l’année précédente, selon le comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives.

    Depuis 2019, c’est la plus importante hausse des revenus miniers et pétroliers, qui ne cessent d’augmenter d’année en année, signe de l’expansion de ce secteur qui, l’an dernier, représentait 31,89 % des exportations sénégalaises, selon les données publiées par l’instance exécutive de l’ITIE.

    L’augmentation des revenus du secteur extractif était de 29 % en 2019, de 16 % ensuite en 2020, de 22 % en 2021, puis 20 % en 2022.

    Le montant de 363,08 milliards générés en termes de revenus par le secteur extractif en 2023 ne tient pas compte des paiements sociaux et environnementaux, qui s’élèvent à 16,95 milliards de francs CFA — autrement, les revenus seraient de 380,03 milliards.

    « Pour l’exercice fiscal 2023, le total des revenus générés par le secteur extractif a augmenté en passant de 275,32 milliards en 2022 à 380,03 milliards, y compris les paiements sociaux et environnementaux », a indiqué la présidente du comité national de l’ITIE.

    La hausse annuelle de 102,67 milliards a été tirée par le sous-secteur minier, qui a enregistré un bond de 96,70 milliards de francs de revenus, a-t-elle signalé.

    Le secteur extractif a fourni 9,40 % des recettes de l’État en 2023

    Le sous-secteur des hydrocarbures a généré 30,65 milliards en 2023, soit une augmentation de 8 % équivalant à 5,95 milliards, des montants ne tenant pas compte des paiements sociaux et environnementaux.

    Les entreprises du sous-secteur minier ont produit 332,43 milliards de francs CFA en 2023 – soit 92 % de la production -, contre 235,71 milliards pour l’année précédente, selon le comité national de l’ITIE.

    « En somme, la contribution du secteur extractif a conduit à une hausse de 4,72 % du produit intérieur brut du Sénégal » de la même année, a dit Mme Sarr.

    Selon elle, le secteur extractif a fourni 9,40 % des recettes de l’État de l’année dernière.

    Concernant l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, le nombre de demandes de permis d’exploitation du secteur extractif était de 15 en 2020, et il y avait neuf autorisations.

    En 2024, les services publics concernés ont reçu 66 demandes de permis d’exploitation. Seules 12 autorisations ont été accordées.

    MYK/ESF/BK