Auteur/autrice : Khadidiatou Sakho

  • SENEGAL-SANTE-RETROSPECTIVE / Souveraineté pharmaceutique, Mpox, grèves… : 2024, une année d’espoir et d’inquiétude

    SENEGAL-SANTE-RETROSPECTIVE / Souveraineté pharmaceutique, Mpox, grèves… : 2024, une année d’espoir et d’inquiétude

    Dakar, 28 déc (APS) – L’actualité sanitaire a été marquée en 2024 par le débat sur la souveraineté pharmaceutique, la menace de l’épidémie de Mpox, la nouvelle enquête STEPS sur les maladies non transmissibles et les grèves à répétition dans le secteur de la santé.

    Le Sénégal s’est fixé pour objectif d’atteindre la souveraineté pharmaceutique d’ici à 2035, par la production de 50% de ses besoins en la matière.

    Dans ce sillage, le ministère de la Santé a mis en place la Delivery Unit (DU), chargée de la relance de l’industrie pharmaceutique

    La volonté du gouvernement sénégalais et des promoteurs du secteur consiste à atteindre une production couvrant 20% de la demande nationale en 2025 et 25% d’ici à 2030.

    En ce qui concerne toujours le médicament, le Sénégal est devenu le 7e pays à atteindre le niveau de maturité 3 (NM3 ) de l’OMS. Ce niveau de maturité présente des enjeux économiques eu égard au fait qu’il entrainera une augmentation de la production locale grâce à un environnement réglementaire favorable, ainsi que la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations de médicaments.

    L’arrivée d’un nouveau ministre de la Santé et de l’Action sociale, Ibrahima Sy, le 5 avril 2024, a coïncidé avec des remous dans le secteur. Les médecins en spécialisation, les internes sont plusieurs fois allés en grève en 2024.

    En 2024, le Sénégal a décidé de reprendre une enquête dite Steps. L’enquête Steps sur les maladies non transmissibles, deuxième du genre après celle de 2015, a eu lieu du 4 au 24 août. Il s’agit d’un outil de surveillance des facteurs de risque qui va permettre au pays de suivre et d’évaluer les politiques et programmes mis en place, les tendances des facteurs de risque dans le temps et de déterminer les populations les plus exposées à ces facteurs de risque.

     »STEP wise » est un outil standardisé, élaboré et recommandé par l’OMS pour la surveillance des facteurs de risques des maladies non transmissibles, ainsi que leur morbi-mortalité.

    A l’instar de nombreux pays, le Sénégal a vécu l’année 2024 sous la hantise de l’épidémie de la variole du singe, anciennement appelée Mpox. Déclarée depuis le 14 août 2024, comme une urgence par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le Sénégal a notifié 53 cas suspects, qui ont été testés au laboratoire et revenus tous négatifs, selon les autorités.

    Les cas suspects ont été relevés dans 27 districts sanitaires du pays depuis le 14 août. Depuis cette date, l’Organisation mondiale de la santé a élevé le Mpox au rang d’‘’urgence de santé publique de portée internationale’’.

    Face à cette menace, le ministère de la Santé a placé le système sanitaire sénégalais en alerte en renforçant la surveillance et la communication.

    L’année 2024 a été également marquée par les grèves du Collectif des médecins en spécialisation (COMES) et de l’Association des internes des hôpitaux. 

    Au coeur des revendications du collectif, la prise en charge  effective des DES (diplômés d’État de spécialité) et de leurs familles et la revalorisation de la prime de garde, entre autres.

    Le 14 novembre dernier, le ministère de la Santé et de l’Action, après des négociations, s’est engagé à assurer la prise en charge effective des DES et de leurs familles et à revaloriser la prime de garde à 15 000 FCFA pour les jours ouvrables et 20 000 FCFA pour les weekend et jours fériés par médecin de garde.

    De même, le ministère a promis de poursuivre les travaux du comité de suivi pour l’élaboration d’un statut dédié aux DES, avec la participation active de toutes les parties prenantes, notamment concernant la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie de Dakar.

    L’Association des internes et anciens internes des hôpitaux du Sénégal (AIAIHS) est allée en grève pour alerter sur ‘’les difficultés persistantes de l’internat’’. 

    Du 2 au 11 décembre, le Sénégal a organisé une campagne nationale de vaccination préventive contre la rougeole et la rubéole avec comme cible plus de 7 millions d’enfants âgés de 9 mois à 14 ans.

    Après trois greffes de reins avec donneur vivant réalisées en novembre 2023, une quatrième intervention avec donneur vivant apparenté a été réalisée  le 27 juillet 2024, à l’hôpital militaire de Ouakam, à Dakar.

    L’Institut Pasteur de Dakar (IPD) qui a découvert le virus de la fièvre jaune en 1927 et produit le vaccin anti-amaril dans les années 1930, a célébré ses 100 ans en 2024.

    L’IPD a mis à profit cette célébration pour inaugurer le Vaccinopôle  »Madiba » de Diamniadio, en présence du chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye.

    SKS/ADL/OID/ASG

  • SENEGAL-SANTE-PROFIL / Le diabète à l’adolescence, une vie privée de libertés et de loisirs

    SENEGAL-SANTE-PROFIL / Le diabète à l’adolescence, une vie privée de libertés et de loisirs

    Par Ndeye Suzanne Sy

    Dakar, 28 déc (APS) – Samba Gaye, 14 ans, vit au quotidien les contraintes et privations qui s’imposent aux adolescents atteints de diabète, une maladie qui lui a été diagnostiquée dès ses trois ans.

    Il ne lui est plus permis certaines choses depuis cette date et se retrouve limité dans son rapport avec les loisirs, une véritable entrave au plein accomplissement de ses rêves d’enfance.

    Samba Gaye se sent dans la situation d’une personne privée de certaines libertés, une expérience difficile à l’âge de tous les possibles, quand la vie passe aux plus jeunes les rêves de conquête du monde.

    Être adolescent et vivre avec le diabète n’est pas de tout repos. Il y a les contraintes du régime alimentaire, le poids du traitement, qui peut être coûteux pour certaines bourses, sans compter la charge mentale liée au stress inhérent à la gestion du diabète.

    Samba Gaye ne s’attendait pas à vivre une telle expérience à l’adolescence. Il n’imaginait pas non plus que la révélation de sa maladie il y a 11 ans, survenue après des pertes de poids continues, allait lui imposer cette discipline stricte.

    « C’est très difficile de ne pas faire ce que les autres enfants de mon âge font. Il faut abandonner beaucoup de choses, les mets sucrés, les plats trop gras. La situation des diabétiques n’est pas toujours prise en compte par la société. Il y a des mets qui ne sont pas recommandés à mon statut de diabétique’’, souligne Samba Gaye.

    A la découverte de son diabète de type 1, en 2013, il lui était « très difficile » d’accepter (…) et comprendre qu’il va falloir adopter un certain comportement ». Il lui était d’autant « pénible de faire face ». De savoir qu’il n’a pas hérité le diabète de sa famille ne l’aide pas plus à affronter une maladie pour laquelle rien ne le préparait.

    « Mes parents m’ont amené chez le médecin pour faire des analyses. Je ne me sentais pas bien de jour comme de nuit, et j’avais faim tout le temps », se rappelle-t-il.

     « Je pissais beaucoup, je maigrissais. Je ne remarquais pas ma perte de poids. Mais mon entourage me faisait des reproches sur mon corps qui perdait de son élasticité. Et plus je mangeais, plus j’avais faim. J’avais par moments des frissons. Mes jambes étaient lourdes également’’, détaille-t-il.

    Inutile de dire que le jeune Gaye trouve qu’il « n’est pas facile de vivre avec [le diabète]  » à son âge en particulier, même s’il croit que dans sa situation, il est peut-être « plus facile de comprendre et suivre l’évolution de la maladie pour vivre avec elle sans problème ».

    « L’adolescent qui a le diabète a plus de possibilités de respecter à la lettre le régime, dans la mesure où il a la possibilité d’aller au marché et de cuisiner pour soi-même. Certes, je cuisine souvent mais ce n’est pas tout le temps facile. Dès fois, il faut s’adapter aux mets que propose la famille en faisant attention à ce que l’on mange », fait savoir Samba Gaye.

    Samba Gaye prend de l’insuline à vie, qu’il achète à 1000 francs CFA l’unité. Il recommande de « manger avec intelligence », en suivant strictement un régime adapté, « si les moyens le permettent », en référence à la cherté du traitement du diabète.

    Il évoque également les difficultés que rencontrent certains diabétiques dans des structures dédiées, à l’instar du centre Marc Sankalé, à Dakar, où pour faire ses analyses, « il faut que l’on soit à jeûne. Si l’on doit commencer les soins à 10 heures, cela ne convient pas au sujet diabétique », alerte-t-il.

    L’adolescent ne manque pas d’insister aussi sur la cherté des médicaments, appelant l’Etat à davantage aider les malades du diabète, qui par moments doivent faire des bilans, trimestriel ou semestriel.

    NSS/SKS/SMD/BK/OID/ASG

  • SENEGAL-SANTE / Un spécialiste alerte sur le danger du diabète de type 1 chez l’enfant

    SENEGAL-SANTE / Un spécialiste alerte sur le danger du diabète de type 1 chez l’enfant

    Par Ndèye Suzanne Sy

    Dakar, 28 déc (APS) – La non prise en charge du diabète de type 1 chez l’enfant peut entrainer la mort dans la première semaine de vie, a alerté le responsable du programme ‘’Changement de diabète chez les enfants’’ (CDIC).

    « Le diabète de type 1, il faut le diagnostiquer, sinon en moins d’une semaine l’enfant décède. C’est ça la particularité sur le plan épidémiologique. C’est pourquoi on dit que le diabète, c’est un tueur silencieux’’, a déclaré le professeur Babacar Diop dans un entretien accordé à l’APS.

    « Il s’agit d’un problème de santé publique. C’est fréquent, ça augmente, c’est grave », a-t-il prévenu. Selon le pédiatre, ce qui est grave dans le cas du diabète de type 1, « c’est la loi du tout ou rien. C’est-à-dire soit il est diagnostiqué et traité, soit l’enfant décède ».

    A contrario, un adulte diabétique peut vivre avec la maladie pendant cinq ans, sans le savoir, fait-il remarquer.

    Sur le plan thérapeutique, le suivi des enfants diabétiques s’effectue en fonction des particularités, notamment physiologiques, des plus petits, explique le médecin.

    Selon docteur Diop, le diabète de type 1 est lié au manque d’insuline. « L’insuline est indispensable à la vie. Donc, si on ne lui met pas de l’insuline exogène, l’enfant peut mourir », prévient-il.

    Sur le plan évolutif également, il explique que « les complications sont essentiellement aiguës ». Il affirme que cela  »peut engager immédiatement le pronostic vital à cause de l’hypoglycémie et l’acidocétose ».

    En Afrique, 80% des enfants diabétiques ne sont pas diagnostiqués

    « Le nombre d’enfants diabétiques augmente dans le monde. Vous avez, aujourd’hui, à peu près 1 200 000 enfants de moins de 20 ans qui sont atteints de diabète dans le monde. La particularité en Afrique, c’est que les dernières études ont montré que 80% des enfants diabétiques ne sont pas diagnostiqués », relève le pédiatre.

    Prenant l’exemple du Sénégal, il avance que « si on dit qu’il y a 1000 enfants diabétiques, c’est peut-être qu’il y a 8000 autres enfants diabétiques qui ne sont pas connus ». D’après lui, « cela veut dire qu’ils meurent sans qu’on sache de quoi ils sont décédés ».

    Face à cette situation, le professeur Diop estime que l’enjeu est de sensibiliser le personnel de santé et la population de façon générale pour la réalisation d’un diagnostic le plus précocement possible.

    Un autre enjeu de la question concerne la prise en charge de la maladie, a-t-il souligné. Il fait observer qu’au début des années 2000, « un enfant diabétique mourait avant l’anniversaire de son diagnostic ». Cela revient à dire qu’à l’époque,  »l’expérience de vie d’un enfant diabétique ne dépassait pas un an ». C’est cette situation qui a justifié la mise en place d’un programme de prise en charge.

    « Grâce à l’appui de l’Association sénégalaise d’aide aux diabétiques (ASSAD), on a eu un partenariat public-privé qui a abouti à la mise en place d’un programme, qu’on appelle le CDIC, Changing diabetes in children, Changer la vie de l’enfant diabétique, en français », a-t-il indiqué.

    « L’enfant qui est diabétique est mal pris en charge par les pédiatres et mal pris en charge par les diabétologues », soutient le spécialiste, en parlant de la situation prévalant avant la mise en place de ce programme.

    Selon lui, c’étaient les diabétologues adultes qui suivaient les enfants, et ces derniers « n’étaient pas à l’aise » avec eux, alors que les pédiatres, spécialisés dans la prise en charge des pathologies liées à l’enfance, « n’étaient pas à l’aise avec le diabète’’.

     21 sites de prise en charge de l’enfant, 450 agents dédiés

    Le programme CDIC a ainsi permis de former 450 personnels de santé sur tout le territoire national.

    D’après lui, ce programme a également permis de mettre en place 21 sites de prise en charge du diabète de l’enfant, de sorte que dans toutes les régions du pays, il existe désormais des centres de prise en charge du diabète de l’enfant, selon lui.

    « Ces centres sont équipés. Et les moyens nécessaires à la prise en charge sont donnés gratuitement. De l’insuline est donnée ainsi que les bandelettes qui permettent de surveiller la glycémie qui sont chères et qui sont données gratuitement grâce à ce partenariat public-privé », se félicite le pédiatre.

    Le dosage de l’hémoglobine glycémie qui se fait tous les trois mois est donné également gratuitement grâce à ce programme, a-t-il ajouté.

    Le volet éducation thérapeutique est aussi pris en compte, ce qui revient à ‘’donner des compétences nécessaires à l’enfant et à sa famille pour s’auto-prendre en charge’’, a expliqué le médecin.

    De l’avis du praticien, il est important pour la famille et l’enfant de pouvoir s’auto-prendre en charge grâce à l’apport de l’éducation thérapeutique.

    « L’un des volets importants de cette éducation, ce sont les camps d’éducation qu’on organise, ce qu’on appelle les camps diabétiques, dans lesquels on regroupe plus de 50 enfants avec tout le personnel médical et paramédical qui les accompagne pendant trois à quatre jours ».

    L’objectif poursuivi est de contribuer « à l’amélioration de la connaissance en matière de prise en charge, en matière d’alimentation, en matière d’habitude de vie, comment on peut vivre mieux avec le diabète », a insisté Babacar Diop.

    1 600 enfants suivis de 2008 à 2024

    « Aujourd’hui, les dernières études que nous avons faites révèlent une réduction drastique du taux de décès avec ce programme », a-t-il relevé pour s’en féliciter.

    « Avant l’installation du programme, on avait à peu près 250 enfants connus, qui avaient été suivis. De la mise en place du programme en 2008 à nos jours, nous sommes à 1 600 enfants. Ça veut dire qu’on a amélioré les diagnostics », a argumenté le pédiatre.

    Dans le même temps, le taux de décès et passé de 6,7 % en 2016 à 2,9 %, « soit une réduction de plus de la moitié du taux de décès », s’est réjoui le pédiatre, ajoutant que le but est d’arriver à zéro décès.

    « Un enfant ne devrait plus mourir de son diabète si le diagnostic est fait et la prise en charge adéquate. Nous sommes dans cet ordre », a-t-il poursuivi.

    Les complications, sources de stress chez les malades

    « Il y a une complication quotidienne que tous les parents de diabétiques craignent. C’est la glycémie. C’est vraiment la bête noire des familles qui sont atteintes de diabète type 1 », déclare le praticien.

    « L’insuline, il faut la doser de manière à donner le juste nécessaire. S’il n’y en a pas suffisamment, l’enfant va faire une hypoglycémie, voire une acidocétose. S’il y en a beaucoup, l’enfant va faire une hyperglycémie », a relevé le pédiatre. Il y a donc un « juste milieu » à trouver entre la dose d’insuline et les apports alimentaires, soutient-il.

    Un enfant, pour grandir, doit avoir des apports nutritionnels suffisants, a-t-il rappelé, en faisant remarquer qu’un enfant, privé de l’énergie nécessaire à sa croissance, ne grandira pas.

    Cela justifie l’importance de lui donner suffisamment de calories via son alimentation, mais en même temps de lui donner une dose suffisante d’insuline lui permettant de ne pas faire d’hyperglycémie.

    « Cette peur de l’hypoglycémie, c’est quelque chose qui est quotidien et qu’il faut prendre en compte », insiste Babacar Diop.

    « Il est normal qu’il n’ait pas le temps de développer des complications chroniques », note le spécialiste. Mais avec l’amélioration de la survie, explique-t-il, « les enfants développent des complications chroniques ».

    Selon lui, toutes les complications observées chez les adultes, sont décelées également chez les enfants. Il cite les atteintes rénales, oculaires, « mais surtout les problèmes de croissance et de développement. Un enfant qui n’est pas bien équilibré ne peut pas avoir de développement normal », alerte le spécialiste.

    « Les complications qu’on voit chez l’adulte, ils peuvent les avoir », en même temps qu’il peut être décelé chez les enfants, un « retard de développement et de croissance […] », a-t-il fait valoir.

    Assurer la continuité du programme, un impératif pour les autorités

    « L’espoir réside dans le fait qu’un enfant diagnostiqué, bien pris en charge, peut avoir la même espérance de vie, sur le plan de la réussite sociale et professionnelle, qu’un enfant non-diabétique », assure le pédiatre.

    Il invite toutefois les autorités à prendre en main la continuité du programme Changing Diabetes in Children.

    « Un programme a une durée de vie. On a eu la chance de pouvoir renouveler le contrat deux fois, grâce à ces bailleurs-là. Mais, un programme est appelé à finir tôt ou tard », prévient Babacar Diop.

    « Je lance un appel aux bonnes volontés, au ministère, parce que c’est le rôle de l’État de prendre en charge la santé de sa population, de prendre le relais, de pérenniser ce programme-là », a-t-il dit, en militant pour la pérennisation de ce programme.

    En dépit des efforts consentis, des enfants continuent de mourir du diabète de type 1 et d’hypoglycémie, notamment. D’où l’intérêt, selon lui, de sensibiliser davantage les communautés pour le dépistage des enfants en cas de suspicion pour que le suivi des cas décelés soit assuré auprès des centres dédiés.

    NSS/SKS/BK/SMD

  • SENEGAL-SANTE-PROFIL / Aida Seck : « Se battre et garder le sourire » face au diabète

    SENEGAL-SANTE-PROFIL / Aida Seck : « Se battre et garder le sourire » face au diabète

    Par Ndèye Suzanne Sy

    Dakar, 28 déc (APS) – Le diabète de type 1 qui lui a été diagnostiqué à ses 16 ans l’oblige à prendre de l’insuline toute sa vie, mais rien dans sa situation n’entrave la détermination de Aida Seck à se battre et à garder le sourire malgré le poids de la maladie.

    La trentaine passée, Aïda fait avec les contraintes inhérentes à sa situation, se trouvant obligée de prendre de l’insuline deux fois par jour, une routine pour la native de Bargny, commune côtière du département de Rufisque.

    De savoir qu’elle n’est pas la seule personne atteinte de diabète dans sa famille apporte un certain apaisement.

     »Je suis issue d’une famille de diabétiques. Ma grand-mère souffrait de cette maladie. Toute la famille de ma mère est diabétique contrairement à celle de mon père qui ne souffre pas de diabète », confie-t-elle.

    Le diabète correspond à une élévation prolongée de la concentration de glucose dans le sang : on parle d’hyperglycémie. Dans le cas du diabète de type 1, ce dérèglement est dû à un déficit d’insuline, une hormone régulatrice de la glycémie.

    De teint clair, taille fine, Aida, diabétique depuis 1998 à ses 16 ans, a décidé de lutter contre la maladie. Pour elle, il n’est pas question de baisser les bras. La foi en bandoulière, elle ne se laisse pas affecter par le poids de la maladie.

    « Le diabète n’est pas une maladie. Il s’agit d’une question de savoir-vivre. Il s’agit de voir comment vivre avec la maladie. On peut vivre avec durant plusieurs années », a-t-elle expliqué.

    « Là où j’habite à Bargny, si je ne déclare pas que je suis malade, nulle ne peut douter que j’ai le diabète. Je ne me laisse pas affecter par la maladie. Je suis mon régime, je prends mes médicaments. Elle ne m’empêche pas de vaquer à mes occupations », assure-t-elle, sourire aux lèvres.

    1998, le début des tourments

    Le 5 mai 1998 est une date restée gravée dans sa mémoire, pas parce qu’elle correspondait au lendemain de Tamkharit, fête marquant le début de la nouvelle année islamique, mais parce que c’est ce jour qu’elle a appris sa maladie.

    « Avant, je ne connaissais pas le diabète. En 1998, alors que je venais de fêter mes 16 ans, on m’annonça la nouvelle. Imaginez une adolescente, à cet âge, qui ne se soucie pas des problèmes de la vie. Il m’était très difficile de l’accepter. Je ne vais jamais oublier ce jour-là. Je passais des journées entières à pleurer », a-t-elle confessé.

    « Je n’en avais jamais entendu parler. C’est le jour de la Tamkharit que j’ai eu des douleurs à la poitrine. Je l’ai dit à ma mère qui m’a rassurée que ce n’était rien de grave, justifiant la douleur par le fait d’avoir mangé beaucoup de couscous. J’ai eu un malaise le lendemain. Ma famille m’a acheminé vers l’Institut Pasteur de Dakar où on m’a fait des tests qui sont revenus positifs », explique cette patiente âgée de 32 ans aujourd’hui.

    Aida Seck fut ensuite évacuée au service pédiatrique de l’hôpital Principal de Dakar où elle a bénéficié d’une première prise en charge.

    « On m’a appris au service pédiatrique comment prendre l’insuline. À l’époque, j’avais 16 ans. J’ai appris comment me piquer avec une seringue au quotidien pour prendre mon insuline », informe-t-elle.

    Son corps porte les marques des piqûres sur ses bras qu’elle n’hésite pas à monter, des traces encore plus visibles de par son teint clair.

    Le centre Marc Sankalé, un espoir pour les malades

    Pour un traitement efficient, Aïda Seck est obligée de faire des analyses tous les trois mois au centre de prise en charge des diabétiques Marc Sankalé de l’hôpital Abass Ndao, où elle avait été orientée dès le début pour une prise en charge spécifique et adaptée à sa situation.

    « Il s’agit de mon hôpital », confie-t-elle, l’air heureux, en parlant de cet établissement hospitalier dakarois, spécialisé dans la prise en charge des cas de diabète.

    « Nous sommes nombreux à y être suivis. À mon arrivée, j’avais trouvé beaucoup d’enfants, mais également des adultes qui ont vécu longtemps avec la maladie. Lorsque je venais au centre, il y avait énormément d’enfants qui sont devenus aujourd’hui des adolescents », a-t-elle expliqué.

    Cette découverte lui a passé beaucoup de force et a renforcé sa volonté de se battre contre le diabète, de « vivre avec sans en faire un souci », dit-elle, plus que jamais déterminée, même en sachant que le combat qu’il a engagé n’est pas gagné d’avance. Elle se dit consciente de la difficulté de lutter contre le diabète au quotidien tout en vivant pleinement sa jeunesse.

    « Il était difficile au début de l’accepter en tant que jeune. Mais en prenant le diabète avec philosophie, on ne sent pas trop le poids », confie la patiente, avant d’ajouter : « Avant, je m’enfermai pour pleurer pendant des heures. Lorsque je l’ai accepté, je me suis battu jusqu’à trouver un équilibre ».

    Le seul bémol, à ses yeux, reste la prise en charge qui n’est pas à la portée de tout le monde.

    « Je dépends de ma famille pour ma prise en charge. C’est elle qui me soutient et m’épaule pour que je puisse faire face aux frais liés à mes analyses », a-t-elle révélé.

    Aïda Seck bénéficie également du soutien de certains membres de l’Association de soutien aux diabétiques, l’ASSAD.

    Le diabète, une prise en charge onéreuse

    Selon Baye Oumar Guèye, président de l’ASSAD, 80% des membres de l’association qu’il dirige sont issues de familles démunies. Et malgré des actions de solidarité menées par l’ASSAD pour aider certains malades à faire face au coût élevé de la prise en charge de leur maladie, les efforts de l’association restent parfois vains.

    De fait, certains ne s’en sortent simplement pas et rendent l’âme. L’ASSAD, pour honorer la mémoire de ces disparus, a organisé une cérémonie d’hommage au sein de l’hôpital Abbas Ndao, à l’occasion de la célébration de l’édition 2024 de la Journée mondiale du diabète de 2024.

    Consciente de toutes ces difficultés, Aida Seck invite les femmes à être à l’écoute de leurs enfants pour prévenir les complications.

    « Je lance un appel à toutes les femmes qui ont des enfants diabétiques, en leur demandant de les accompagner et de les soutenir », a-t-elle dit.

    Les mères de famille doivent à ses yeux développer plus de complicité avec leurs enfants pour être au fait de leurs besoins et pouvoir les conduire en consultation au besoin.

    S’inspirant de son cas, elle se dit convaincue que seule une mère ‘’peut contrôler son enfant et détecter une anomalie lorsque celle-ci survient’’.

    Concernant les enfants qui ont encore l’âge d’étudier, elle fait remarquer que si l’enfant doit aller à l’école, il faut que la mère puisse prendre contact avec son instituteur pour lui parler de la situation de l’enfant et lui signaler ses ‘’besoins spécifiques’’, ce qui permettrait à l’enseignant de les intégrer.

    « L’enfant, sous l’influence de ses camarades, peut par exemple vouloir acheter des jus ou chips peu recommandés pour un enfant diabétique », a prévenu la malade, estimant que seuls les parents peuvent soutenir les enfants dans le combat contre le diabète.

    NSS/SKS/OID/BK/ASG

  • SENEGAL-SANTE / L’Etat va mobiliser des financements innovants pour la santé et l’assurance maladie (PM)

    SENEGAL-SANTE / L’Etat va mobiliser des financements innovants pour la santé et l’assurance maladie (PM)

    Dakar, 27 déc (APS) – Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a indiqué, vendredi, que son gouvernement a décidé d’aller à la recherche de financements innovants en faveur de la santé et l’assurance maladie.

    ‘’Des financements innovants seront recherchés, y compris par le biais de la promotion de la culture de l’épargne pour la santé et la portabilité de l’assurance maladie ‘’, a-t-il dit lors dans sa déclaration de politique générale (DPG).

    Il a souligné que ‘’la digitalisation intégrale de la santé se fera à travers des plateformes numériques et systèmes d’informations digitalisés’’.

    Avec ce changement attendu, ‘’le dossier patient informatisé déjà disponible sera mis à l’échelle au fur à mesure’’, a indiqué le Premier ministre.

    Il a affirmé que l’Etat souhaite promouvoir ‘’des soins de santé accessibles à toutes les couches de la population, avec des professionnels et une amélioration de la gouvernance sanitaire’’. Dans cette perspective, dit-il, ‘’un accent particulier’’ sera mis sur ‘’les ressources humaines, le financement, l’organisation et la gestion’’.

    Selon lui, ‘’dans une approche multisectorielle, l’Etat renforcera la stratégie de la santé dans toutes les politiques pour agir sur les déterminants de la santé’’.

    ‘’Dans toutes les régions, nous mettrons en place une unité précoce de prise en charge des maladies chroniques et des épidémies, de même que des services d’accueil et d’orientation avec du personnel bien formé et qualifié’’, a-t-il notamment promis.

    ‘’Des services d’accueil des urgences fonctionnels seront élargis et modernisés’’, a ajouté M. Sonko.

    Toutes ces actions seront menées ‘’dans un cadre respectant les principes d’éthique et garantissant les droits des acteurs’’, a-t-il rassuré.

    Il précise que l’industrialisation dans le domaine pharmaceutique ‘’sera menée avec soins aussi bien pour les médicaments que pour la production de vaccins, avec l’appui des partenaires au développement et le secteur privé local’’.

    ‘’La pharmacopée et la médecine traditionnelle ne seront pas en reste. Elles seront mieux encadrées dans le cadre de la mise en fonctionnalité optimale de l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique et de la Société Sénégalaise de la pharmacie nationale d’Approvisionnement’’, a-t-il précisé.

    SKS/MD/ASG

  • SENEGAL-SANTE-PERSPECTIVES / Un plan stratégique autosoins pour alléger la surcharge de travail dans les structures sanitaires

    SENEGAL-SANTE-PERSPECTIVES / Un plan stratégique autosoins pour alléger la surcharge de travail dans les structures sanitaires

    Dakar, 20 déc (APS) – Le Plan stratégique national auto-soins du Sénégal (PSNAS), lancé vendredi à Dakar, vise à alléger la surcharge de travail dans les hôpitaux et les structures de santé, a affirmé, vendredi, le directeur général de la santé, Ousmane Cissé.

    « Cette stratégie d’autosoins vise aussi à alléger la surcharge de travail dans nos hôpitaux et autres structures de santé et contribuer aux efforts de couverture sanitaire universelle », a souligné le professeur Ousmane Cissé.

    Il intervenait, vendredi, à l’ouverture d’un atelier de validation institutionnelle du Plan stratégique national autosoins du Sénégal (PSNAS), organisé sous l’égide du ministère de la Santé, en partenariat avec l’ONG Path (Programme de technologies appropriées à la santé).

    Selon le professeur Cissé, l’Organisation mondiale de la Santé définit l’autosoins comme « la capacité des individus, des familles et des communautés à promouvoir la santé, à prévenir les maladies, à maintenir la santé et à faire face à la maladie et au handicap avec ou sans le soutien d’un prestataire des soins de santé ».

    « Aujourd’hui, le défi majeur de nos pays est l’atteinte des objectifs de développement durable et la couverture sanitaire universelle à l’horizon 2030. À ce titre, la validation de ce document constitue un tournant décisif dans le processus d’autonomisation des individus », a-t-il dit.

    « La vision de ce plan est qu’à l’horizon 2028, nous puissions être dans un Sénégal +souverain, juste et prospère+, où chaque +individu, membre de la famille et membre de la communauté, a les capacités de promouvoir la santé, de prévenir les maladies, de maintenir la santé et de faire face à la maladie et au handicap+, pour contribuer à la couverture sanitaire universelle », a-t-il fait savoir.

    Il note que cette vision « est en cohérence avec le volet santé du référentiel Sénégal 2050 du gouvernement », lequel porte sur « un système de santé de qualité, accessible à tout Sénégalais, quels que soient son lieu de résidence et son niveau de revenu, et ouvert aux usagers de la sous-région ».

    Il a rappelé à cet égard que les politiques de santé du pays mettent le patient au cœur des préoccupations des prestataires de soins.

    « C’est pourquoi nous devrions promouvoir et renforcer les capacités des individus à répondre à leurs propres besoins, à résoudre leurs propres problèmes et à mobiliser les ressources nécessaires […] » en conséquence, a-t-il exhorté.

    ID/SKS/ASG/BK

  • SENEGAL-AFRIQUE-SANTE-NUTRITION / Des experts planchent sur l’emballage des aliments fortifiés pour mieux lutter contre les carences en micronutriments

    SENEGAL-AFRIQUE-SANTE-NUTRITION / Des experts planchent sur l’emballage des aliments fortifiés pour mieux lutter contre les carences en micronutriments

    Dakar, 19 déc (APS) – Des représentants des industries oléagineuses, meunières et salinières, ainsi que des experts, ont entamé mardi à Dakar, un atelier de concertation sur la gestion et la protection du logotype « ENRICHI », apposé sur les emballages des aliments fortifiés, a constaté l’APS.

    Cette rencontre entre dans le cadre de la lutte contre les carences en micronutriments en Afrique de l’Ouest.

    D’une durée de trois jours, elle est initiée par l’Association des industriels de la filière oléagineuse de l’UEMOA et de la CEDEAO (AIFO-UEMOA-CEDEAO), en partenariat avec Catholic Relief Services (CRS) et la coopération allemande (GIZ).

    Cet atelier est organisé dans le cadre du projet de fortification alimentaire à grande échelle (LSFF) en Afrique de I‘Ouest.

    Le projet lancé en septembre 2022 à Ouagadougou au Burkina Faso, vise à augmenter la couverture des consommateurs de produits fortifiés à plus de 70% dans les pays de l’Afrique de l’Ouest.

    Le logotype « ENRICHI », apposé sur les emballages des aliments fortifiés, joue le rôle central dans l’initiative de garantir la qualité et la visibilité des produits enrichis.

    « La question des carences en vitamines et micronutriments constitue un problème de santé publique. Il est question aujourd’hui, de voir comment arriver à faire en sorte que le logo ‘enrichi’ soit l’objet d’une reconnaissance régionale, qu’il soit accepté comme un label pour l’identification des produits enrichis », a soutenu le président du Comité sénégalais pour la fortification des aliments en micronutriments (COSFAM), Amadou Sall Dial.

    Il intervenait à la cérémonie d’ouverture d’un atelier de concertation sur la gestion et la protection du logotype « ENRICHI », organisé par l’Association des Industriels de la filière oléagineuse de l’UEMOA et de la CEDEAO (AIFO-UEMOA-CEDEAO), en partenariat avec Catholic Relief Services (CRS) et GIZ.

    M. Sall a indiqué que cet atelier vise à « trouver les voies et moyens pour en faire un logo unique régional, qui va être la première marque distinctive pour les opérations de contrôle, mais qui permettra aux populations de faire meilleur discernement ».

    « On peut dire que le Sénégal est parmi les pays qui sont les plus en avance dans la gestion des carences. Aujourd’hui, chez nous, on est sous des taux d’anémie de plus de 51% de la population des femmes en âge de procréer », a révélé M. Dial, également directeur du regroupement industriel du Sénégal.

    « On a des statistiques identiques sur un certain nombre de pays. Le Sénégal s’y est pris très tôt, depuis 2009. On a fait plein d’efforts et il y a eu beaucoup de succursales qui ont été engagées », a-t-il évoqué.

    « Dans notre région, il y a un certain nombre de bonnes pratiques qui sont en cours au Sénégal et qui ont été transposées dans les autres pays. Elles permettent aussi de garder espoir quant à l’éradication prochaine de ces différentes carences au niveau du pays », a soutenu Amadou Sall Dial.

    « Notre rôle c’est d’aller dans le sens d’appeler tout ce qui pourrait être réticent par rapport à l’utilisation du logotype, mais au-delà de cela, de la fortification en soi et aussi faire sa promotion pour l’adoption du logotype par les industriels de ses filières », a soutenu le représentant du bureau exécutif de l’association des industriels de la filière oléagineuse de l’Afrique de l’Ouest (AIFO) et de la CEDEAO, El Hadj Dane Diagne.

    « C’est dans l’intérêt, aujourd’hui, de tous les industriels, que ce soit les filières oléagineuses, salinières et meunières, d’adopter ce logotype ‘enrichi’, parce que non seulement ça participe de leur contribution à la santé alimentaire et aussi de la qualité de leurs produits », a ajouté M. Diagne, directeur général de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS),

    « Dès que ce logotype sera adopté, nous aurons un plan de vulgarisation et un plan de promotion de son adoption, parce qu’il y a beaucoup d’obstacles qui vont au-delà des industries », a-t-il précisé.

    « La fortification des aliments en micronutriments est une stratégie pour lutter contre les carences en éléments nutritifs essentiels, qui peuvent entraîner des conséquences néfastes sur la santé, en particulier chez les enfants et les femmes enceintes », a expliqué le DG de la SONACOS.

    ID/SKS/ASB/MTN

  • SENEGAL-SANTE / Pédiatrie : 80% des décès enregistrés en chirurgie néonatale (spécialiste)

    SENEGAL-SANTE / Pédiatrie : 80% des décès enregistrés en chirurgie néonatale (spécialiste)

    Dakar, 13 déc (APS) – La chirurgie néonatale est à l’origine de 80 % des cas de décès enregistrés dans les services de pédiatrie, a relevé, vendredi, le Professeur Gabriel Ngom, président de la société sénégalaise de chirurgie pédiatrique.

     »La chirurgie néonatale représente 80 % des décès enregistrés dans nos services », a déclaré le Pr Ngom à l’ouverture du 4ème congrès de la société sénégalaise de chirurgie pédiatrique.

    Cette rencontre de deux jours se tient à la faculté de médecine de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Les participants vont débattre de plusieurs thèmes comme la chirurgie néonatale, la chirurgie mini invasive, la chirurgie en régions et l’orthopédie pédiatrique.

    Ces discussions vont permettre d’améliorer la prise en charge, a souligné le président de la société sénégalaise de chirurgie pédiatrique.

    Expliquant les causes de ce taux de mortalité, il a précisé que  »les nouveau-nés sont très fragiles et le diagnostic n’est pas toujours fait à temps ».  »C’est le diagnostic anténatal, c’est-à-dire avant la naissance qui peut le faire », a t-il dit.

     »Si on sait ce que le nouveau-né présente (…) avant la naissance, on peut mieux l’accueillir et l’orienter dans un centre de référence. C’est une situation qui n’est pas réglée dans notre pays. De ce fait, nous avons des nouveau-nés un peu moribonds. Ce qui fait que leur prise en charge est délicate et se traduit par un pronostic qui n’est toujours bon », a regretté le chirurgien.

    Pour le Pr Ngom, également chef du service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital d’enfants, Albert Royer, cette rencontre permettra aux participants de  »se mettre à niveau’’.

    30 chirurgiens pédiatres au Sénégal

    Faisant l’état des lieux de la chirurgie pédiatrique au Sénégal, il a déclaré que cette discipline  »se développe ».  »Depuis quelque années, on a réussi à mailler tout le territoire en chirurgiens pédiatres. Actuellement, il n y a que la région de Fatick qui n’est pas pourvue en chirurgien pédiatre’’, a t-il fait part.

    En ce qui concerne les maladies rencontrées chez les nouveau-nés, il a fait état d’affections  »surtout malformatives ».  »Pour les enfants plus grands c’est en général des infections ou bien des pathologies traumatiques », a t-il souligné.

     »Nous faisons environ une trentaine de chirurgiens pédiatres dont la majorité est localisée à Dakar’’, a-t-il rapporté.

    Présidant la cérémonie d’ouverture de ce congrès, le Professeur Bara Ndiaye, doyen de la faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie, a appelé à ‘’un développement de la chirurgie pédiatrique face à la forte croissance démographique (…)’’.

    ‘’Les besoins vont augmenter’’, a-t-il prévenu, signalant par ailleurs que beaucoup d’étudiants sénégalais et d’autres pays sont à la recherche du diplôme d’Etude spécialisée en chirurgie pédiatrique.

    SKS/OID/AB

  • SENEGAL-MONDE-AFRIQUE-SANTE / Les mutuelles de santé veulent relever le défi de la production et de la gestion des médicaments (association)

    SENEGAL-MONDE-AFRIQUE-SANTE / Les mutuelles de santé veulent relever le défi de la production et de la gestion des médicaments (association)

    Dakar, 12 déc (APS) – Plusieurs acteurs des mutuelles de santé d’Afrique et d’Europe prennent depuis mercredi matin, à Dakar, à une table ronde, en vue de réfléchir sur des solutions concrètes à l’accès aux médicaments, a constaté l’APS.

    “Nous avons eu aujourd’hui un regard croisé entre les mutuelles de santé d’Europe et d’Afrique pour réfléchir sur la problématique de l’accès aux médicaments, tout en mettant l’accent sur la souveraineté en matière de production de médicaments et de vaccins », a dit Babacar Ngom, président de la Mutuelle de santé des agents de l’Etat (MSAE).

    Il intervenait  lors d’une table-ronde internationale placée sur le thème  »La place de la mutualité et du médicament dans la souveraineté sanitaire ». La rencontre est organisée par la Mutuelle de santé des agents de l’Etat. La rencontre se tient à  la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odonto-stomatologie de l ‘université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).

    “En Afrique, nous constatons que la gestion des médicaments à certaines catégories de maladies parfois pose problème. Donc, cette table ronde internationale dont le thème porte sur l’accès aux médicaments, vient à point nommé”, a souligné Babacar Ngom.

    Au terme de cette rencontre, souligne-t-il, les acteurs devront être en mesure d’agir sur les déterminants dans le processus de production des médicaments, pour les rendre plus accessibles du point de vue du prix aux populations.  »Car on est confronté à un marché pharmaceutique coûteux”, a-t-il déploré.

    M. Ngom s’attend ainsi à  »des recommandations très fortes à l’endroit de l’ensemble de nos États, à l’endroit de nos mutuelles, et à l’endroit de l’Afrique qui, aujourd’hui, se positionne de manière intéressante dans la production en matière de souveraineté sanitaire ”.

    Le premier vice-président de l’Union africaine de la Mutualité-Rabat-Maroc estime qu’“il va falloir discuter pour voir comment amoindrir les coûts des médicaments ”.

    Pour le directeur des affaires européennes internationales de l’Union nationale des mutualités socialistes (Solidaris), Alain Couheur, “l’accès aux médicaments constitue un enjeu déterminant dans notre combat en faveur de la protection sociale et de la santé publique” . Il considère que  »l’accès aux médicaments ou à la vaccination, c’est une question de dignité humaine”.

    “Pour garantir une couverture de santé universelle, il faut impérativement résoudre les désintégrations de défense qui existent entre le secteur pharmaceutique et donc déployer un rapport de force que peut constituer la gouvernance”, a ajouté M. Couheur

    “Le mouvement mutualiste ne peut prospérer sans un écosystème de soutien et l’État qui  doit assumer son rôle de gardien », estime-t-il. Il indique que  »les Etats doivent agir avec détermination pour protéger leurs citoyens ».

    Le représentant du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Dr Mouhamadou Moustapha Diop, a évoqué la vision Sénégal 2050 (le référentiel de la politique économique et sociale du gouvernement).  Dans ce cadre, précise-t-il, il s’agit de doter le pays d’un système de santé plus inclusif et plus résiliant, en faisant notamment plus de prévention.

    Il soutient que la santé “s’imposera comme un véritable pilier de développement, conforté par la mise en place de projets structurés, faisant du Sénégal le principal hub régional de l’industrie pharmaceutique et de soins de santé”.

    “C’est fort de ce constat que l’État du Sénégal a pris l’initiative de mener des réformes dans le secteur de la santé, en mettant fortement l’accent sur le domaine de la pharmacie et du médicament, avec notamment l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique”, explique-t-il.

    ID/SKS/MD/ASG

  • SENEGAL-SANTE-AFRIQUE / Près de 50% des événements de santé publique « détectés précocement » en Afrique (officiel)

    SENEGAL-SANTE-AFRIQUE / Près de 50% des événements de santé publique « détectés précocement » en Afrique (officiel)

    Dakar, 11 déc (APS) – Près de 50% des événements de santé publique survenus entre 2018 et 2023 en Afrique ont été « détectés précocement » à l’EIOS (Intelligence épidémique à partir de sources ouvertes), a révélé, mardi, à Dakar, le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale.

    « En Afrique, grâce au programme EIOS de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 50% des événements de santé publique entre 2018 et 2023 ont été détectés précocement avant même leur notification officielle », a révélé Samba Cor Sarr.

    Il intervenait à l’ouverture de la cinquième réunion technique mondiale de l’initiative EIOS, au Hub régional des urgences de l’OMS pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, sis à Diamniadio.

    Selon le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, « ces résultats illustrent l’impact tangible de cette initiative sur notre capacité à protéger nos populations ».

    Lancé en 2018, l’initiative EIOS utilise des technologies modernes, notamment l’intelligence artificielle, pour collecter, analyser et communiquer des informations issues de sources publiques (médias, réseaux sociaux, bases de données, etc.).

    Cette initiative dirigée par l’OMS, est mise en œuvre en collaboration avec les États membres et d’autres partenaires, dont des organisations et réseaux tels que Global Health Security Initiative (GHSI), l’Africa CDC, l’Organisation mondiale de la santé animale et l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA).

    « Nou avons l’honneur d’accueillir au [Sénégal] plus de 200 experts de haut niveau venant du monde entier pour échanger sur la coordination de l’OMS et des partenaires sur les transformations des systèmes de surveillance épidémiologique adaptés à la complexité des urgences auxquelles on fait de plus en plus fac », s’est réjoui Samba Cor Sarr.

    Il s’est dit convaincu qu’en unissant les forces, les parties prenantes peuvent « relever les défis actuels, mais aussi anticiper ceux de demain en bâtissant un système de santé mondial plus résilient, plus inclusif et plus attentif aux préoccupations des populations. »

    Depuis son déploiement en 2019, l’EIOS est opérationnel dans 39 pays africains dont le Sénégal.

    « En Afrique, nous sommes des pionniers dans l’utilisation des informations libres pour détecter de façon rapide et sauver plus de vies », a vanté  le directeur régional des urgences de l’OMS en Afrique de l’Ouest et du Centre, Abdou Salam Guèye.

    Selon lui, « la plupart des événements ont été détectés en moins de sept jours. Grâce à ce moyen, on a pu détecter 90% des événements », a-t-il dit.

    « Dans l’avenir, c’est le système électronique qui va gagner. Le défi que l’on envisage de surmonter, c’est la diffusion des fausses nouvelles, parce que quand on commence à détecter les informations libres, alors que le système libre est accessible à tout le monde, il y en a qui, non seulement n’étaient pas au courant, mais osent en parler pour saboter », a-t-il mis en garde.

    Il recommande de « tout faire » pour que les détections « puissent être vérifiées avant les actions ». Il préconise aussi de continuer à « monitorer cette diffusion de fausses nouvelles pour adresser le retour qui est nécessaire ».

    « Pour cela, nous avons besoin de former les pays pour que les pays le fassent eux-mêmes, dans le respect de la loi et des règlements internationaux », a-t-il indiqué.

    La cinquième réunion technique l’initiative EIOS, ouvert ce mardi, se poursuivra jusqu’au jeudi 12 décembre 2024 à Diamniadio.

    La cérémonie d’ouverture a été clôturée par la visite de Samba Cor Sarr à l’entrepôt de stockage médical du Hub d’urgence régional de l’OMS.

    ID/ASG/BK