Auteur/autrice : Moussa Konte

  • SENEGAL-COLLECTIVITES-JUSTICE / « Il y a une volonté manifeste de me mettre en prison pour récupérer la mairie » de Dakar (Barthélémy Dias)

    SENEGAL-COLLECTIVITES-JUSTICE / « Il y a une volonté manifeste de me mettre en prison pour récupérer la mairie » de Dakar (Barthélémy Dias)

    Dakar, 9 déc (APS) – Le maire de la Ville de Dakar, Barthélémy Diaz, a dénoncé, lundi,  »une volonté manifeste » des nouvelles autorités étatiques de l’emprisonner pour récupérer la municipalité qu’il dirige depuis janvier 2022.

     »Au regard de la démarche adoptée par les tenants actuels du pouvoir, on constate qu’il y’ a aujourd’hui, une volonté manifeste de mettre Barthélémy Diaz en prison pour récupérer la mairie’’, a-t-il déclaré lors d’un point de presse dans les locaux de la mairie de Dakar.

    Ce face à face avec les journalistes intervient trois jours après sa révocation de son poste de député par le bureau de l’Assemblée, à la suite d’une requête introduite par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

    Le ministre de la Justice a officiellement saisi le bureau de l’Assemblée nationale de procéder à la révocation du mandat de M. Dias condamné pour  »coups mortels » dans l’attaque en 2011 de sa mairie de Mermoz-Sacré-Cœur.

    Le pourvoi introduit par ses avocats pour obtenir la cassation de sa condamnation à deux ans de prison, dont six mois ferme, ainsi que des dommages et intérêts de 25 millions de francs CFA à verser à la famille de la victime, a été rejeté en décembre 2023 par la Cour suprême.

    En application des dispositions de l’article 61, dernier alinéa, de la Constitution et l’article 51 du règlement intérieur, dernier alinéa,  »le bureau de l’Assemblée nationale, réuni le jeudi 5 décembre 2024, a procédé à la radiation de M. Barthélémy Dias », a expliqué, vendredi, le président de l’institution parlementaire, Malick Ndiaye, lors de la séance consacrée à la ratification des commissions.

    Lors de son point de presse, M. Dias, tête de liste nationale de la coalition  Samm sa Kaddu, a déclaré qu’il n’avait jamais  »souhaité siéger à l’Assemblée nationale pour cette quinzième législature ».  »Et je l’avais déjà indiqué’’, a t-il dit, estimant que cette ‘’radiation n’est rien d’autre qu’un pas de plus pour récupérer la mairie de Dakar’’.

     »Ce matin, j’ai entendu dire qu’on allait m’appliquer la contrainte par corps pour m’obliger à verser les 25 millions assortis à ma peine en guise de dommage et intérêts. Alors ne soyez pas étonnés que je puisse être arrêté à tout moment, car ce qui les intéresse en réalité, c’est la mairie’’, a-t-il laissé entendre.

    Barthélémy Dias a déclaré qu’il ne pouvait pas être révoqué de la municipalité. ‘’Sur ce point, l’article 135 du code général des collectivités territoriales est très clair. Il dispose que lorsque le maire ou tout autre conseiller municipal est condamné pour crime, sa révocation est de droit est très claire. Et me concernant la Cour d’appel de Dakar m’a condamné pour délit et non pour crime », a-t-il précisé.

    MK/OID

  • SENEGAL-SOCIETE-GENRE-INITIATIVE / Une loi d’orientation pour l’autonomisation économique des femmes en gestation

    SENEGAL-SOCIETE-GENRE-INITIATIVE / Une loi d’orientation pour l’autonomisation économique des femmes en gestation

    Dakar, 5 déc (APS) – Le secrétaire général du ministère de la Femme et des Solidarités, Ndiogou Diouf, a annoncé, jeudi, la proposition prochaine d’une loi d’orientation relative à l’autonomisation économique des femmes.

     »Sur instruction du chef de l’Etat qui a demandé à ce qu’on lui fasse le point sur le dispositif d’autonomisation économique des femmes, nous sommes en train de mettre en place un comité interministériel pour réfléchir sur un grand programme économique holistique d’autonomisation économique des femmes », a-t-il déclaré.

     »A ce programme économique ambitieux sera adossée une loi d’orientation pour l’autonomisation économique des femmes, dont nous allons bientôt faire la proposition », a-t-il ajouté.

    Le secrétaire général du ministère de la Femme et des Solidarités s’exprimait à l’occasion de la table ronde sur l’accès sécurisé des femmes et des jeunes aux fonciers.

    Cette rencontre organisée avec l’appui de la Banque mondiale, s’inscrit dans la continuité de la stratégie genre et d’accompagnement social du Projet cadastre et sécurisation foncière (PROCASEF), intégrant un plan d’action opérationnel et une approche partenarial pour relever les défis d’un accès équitable au foncier pour les femmes et les jeunes.

     »L’accès des femmes à la terre constitue une priorité et un moyen de lutte efficace contre les inégalités des genres, ainsi qu’un levier de renforcement du pouvoir économique et social, en garantissant le droit d’accès à la terre conformément aux dispositions de la Constitution », a relevé M. Diouf.

    C’est à ce titre, a-t-il souligné,  »à la faveur de la matérialisation de ce droit que l’axe trois de la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité des genres 2016-2026 est dédié à l’accès aux opportunités économiques dont le foncier constitue une condition essentielle ».

    Toutefois,  »l’enquête qui a été réalisée entre 2022 et 2023 met en exergue un accès très ferme des femmes aux fonciers agricoles notamment », a renseigné le secrétaire général du ministère de la femme et des solidarités.

    Cette enquête  »révèle que les femmes ne représentent que 11,1% des responsables des parcelles agricoles au niveau national, reflétant ainsi une disparité dans l’accès aux terres agricoles entre hommes et femmes ».

    Il s’agit, selon lui, de  »disparités existantes en matière d’accès à la terre largement favorables aux hommes, justifiées en grande partie par des pratiques coutumières et des influences sociales qui ont établi des normes et valeurs qui régissent des moralités d’accès, d’utilisation et modes de transfert de propriétés généralement défavorables aux femmes ».

    La nouvelle loi d’orientation en gestation va ainsi  »redéfinir en partie, les conditions d’accès au foncier » qui constitue  »un actif majeur important pour économiquement permettre aux femmes d’assurer leur indépendance et jouer leur rôle pleinement dans le tissu économique et la croissance endogène et partagée », a fait valoir l’officiel.

    MK/ASB/OID

  • SENEGAL-MEDIAS / Mamadou Ibra Kane : « Il n’appartient ni à la tutelle ni au gouvernement de valider l’existence légale des entreprises de presse »

    SENEGAL-MEDIAS / Mamadou Ibra Kane : « Il n’appartient ni à la tutelle ni au gouvernement de valider l’existence légale des entreprises de presse »

    Dakar, 3 déc (APS) – Le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, a déclaré, mardi, qu’il n’était pas du ressort du ministère de la Communication ou du gouvernement de « valider l’existence légale des entreprises de presse au Sénégal ».

    « Ni le ministère de la Communication ni le gouvernement ne sont habilités à valider l’existence légale des entreprises de presse au Sénégal. Ce n’est pas du ressort du ministre de la Communication, du gouvernement de manière générale, de valider une existence légale des médias au Sénégal », a-t-il martelé.

    Mamadou Ibra Kane intervenait ainsi à l’occasion d’un point de presse organisé par le CEDEPS, dans la foulée de la publication d’une liste provisoire de 112 entreprises de presse officiellement reconnues par l’État comme satisfaisant aux dispositions du Code la presse.

    Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, a dévoilé cette liste lors d’un point de presse tenu ce mardi, à la salle de conférence de la Primature.

    Cette liste est composée de 10 télévisions, 11 entreprises de presse écrite, 17 radios, 11 radios communautaires, 6 web TV et 54 organes de presse en ligne.

    « Nous sommes simplement scandalisés, abasourdis par les déclarations du ministre de la Communication, du gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye », a réagi M. Kane.

    Selon lui, « l’article 11 de la Constitution du Sénégal garantit la création d’une entreprise de presse ou d’un média sans autorisation préalable ».

    A l’en croire, le ministre a fait une confusion entre « une entreprise de presse enregistrée au niveau du ministère de la Communication et l’existence légale […] ».

    « L’enregistrement des médias au niveau du ministère de la Communication permet à l’État de dire quelles sont les entreprises commerciales qui peuvent avoir le statut d’entreprise de presse », pour « bénéficier des subventions de l’État et de la même manière accéder au marché publicitaire de l’État ».

    « Il ne s’agit pas, à la place de l’enregistrement, de valider une existence légale ou pas », a-t-il martelé.

    « C’est notre existence même aujourd’hui, en tant qu’entreprise des médias, qui est menacée. Et contre cela, nous allons réagir », a averti Mamadou Ibra Kane.

    Il a annoncé que les diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal vont se « battre par tous les moyens de droit pour infirmer les deux arrêtés pris par le ministre de la Communication ».

    ID/MK/ASG/BK

  • SENEGAL-MEDIAS-REGULATION / 112 entreprises de presse officiellement reconnues par l’Etat

    SENEGAL-MEDIAS-REGULATION / 112 entreprises de presse officiellement reconnues par l’Etat

    Dakar, 3 déc (APS) – Le ministre de la communication, des télécommunications et du numérique, Alioune Sall, a publié, mardi, une liste provisoire de 112 entreprises de presse officiellement reconnues par l’Etat comme étant conformes aux dispositions du code de la presse.

     »Les résultats des analyses des 380 dossiers soumis par les entreprises de presse au niveau de la plateforme Déclaration médias du Sénégal (DMS), font état, à la date du 29 novembre 2024, de 112 entreprises de presse en conformité avec des dispositions du code de la presse’’, a-t-il déclaré, lors de la cérémonie de publication de la liste provisoire des médias conformes à la loi.

    Il s’agit de « 10 télévisions, 11 entreprises de presse écrite, 17 radios, 11 radios communautaires, 6 web tv et 54 organes de presse en ligne’’, selon le ministre.

    Les organes de presse déclarants non reconnus officiellement, a-t-il indiqué, ont ‘’72 heures pour se conformer aux exigences légales’’.

    Quant aux médias non-inscrits sur la plateforme DMS, ils ne pourront plus bénéficier du Fonds d’appui à la presse dont le montant alloué va passer à plus deux milliards l’année prochaine, a-t-il ajouté.

    Entre autres mesures coercitives, le ministre a annoncé  »l’interdiction d’impression par les imprimeries pour la presse écrite, l’arrêt de diffusion par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) pour les médias audiovisuels, et l’impossibilité d’accession à la communication commerciale de l’Etat’’.

    Il a dans le même sillage préconisé aux entreprises privées de ‘’ne plus faire de publicité sur ces organes illégaux sous peine de tomber sous le coup de la loi sur le blanchiment’’.

    Le ministre de la Communication a par ailleurs précisé que tout le processus de reconnaissance des entreprises de presse en conformité avec la loi, a été exécuté de manière inclusive et transparente avec les acteurs concernés.

     »La volonté des nouvelles autorités n’est pas d’affaiblir la presse ou de la museler. Mais nous avons, compte tenu de certains manquements et écarts constatés, jugé urgent d’assainir ce secteur si noble, afin de savoir qui est qui et qui fait quoi, et permettre à tous ces hommes et femmes qui s’y activent, notamment les jeunes reporters, de vivre pleinement de leur métier’’, a-t-il expliqué.

    Dans cette perspective, Alioune Sall a annoncé quelques réformes dans le secteur, telles que la révision du code de la presse et celui de la publicité, la réforme du CNRA pour prendre en compte les médias sociaux, entre autres, pour, dit-il, ‘’impulser un écosystème transformateur des médias’’.

    MK/ASB/OID

  • SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE / Massacre de Thiaroye : Bassirou Diomaye Faye souligne l’impératif d’identifier les victimes et de situer les responsabilités

    SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE / Massacre de Thiaroye : Bassirou Diomaye Faye souligne l’impératif d’identifier les victimes et de situer les responsabilités

    Dakar, 1er déc (APS) – L’identification des victimes du massacre des tirailleurs sénégalais exécutés par l’armée coloniale française, le 1er décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, ainsi que l’imputabilité des responsabilités sont aujourd’hui essentielles pour ouvrir la voie à une réconciliation sincère, a estimé le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye.

    ‘’Identifier les victimes et situer les responsabilités est essentiel pour ouvrir la voie à une réconciliation sincère’’, a-t-il déclaré à l’occasion de la cérémonie officielle de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs à Thiaroye.

    Cette commémoration, a t-il dit, ‘’relève du devoir de mémoire contre l’oubli, pour la manifestation de la vérité des faits et pour nous acquitter d’une dette morale vis-à-vis des tirailleurs et de leurs familles’’.

    ‘’C’est pourquoi nous avons mis en place un comité international de chercheurs indépendants pour aider à la reconstitution exacte des faits et à une meilleure connaissance de cette séquence de notre histoire partagée avec la France’’, a ajouté le président Faye, qui avait à ses côté ses homologues Cheikh Mohammed Ould Ghazouani (Mauritanie), président en exercice de l’Union africaine, Umarou Sissokho Emabllo (Guinée-Bissau), Adama Barrow (Gambie), Brice Clotaire Oligui NGuéma (Gabon) et Azali Assoumani (Comores).

    La France était représentée par son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Noël Barrot.

    Il a indiqué avoir sollicité de son homologue français ‘’la mise à disposition de tous documents d’archives pouvant contribuer à la manifestation de la vérité et sa collaboration, le moment venu, pour la localisation des sépultures et l’identification éventuelle des victimes’’.

    Ces archives réclamées ‘’permettront (…) de savoir comment on en est véritablement arrivé à la tragédie de Thiaroye’’, a affirmé le président sénégalais.

    Elles permettront également d’avoir ‘’une lecture plus fidèle de l’état d’esprit des tirailleurs rapatriés, de leur nombre exact, de leur identité, de leurs origines, des lieux où ils sont enterrés, des épreuves endurées, des frustrations et humiliations subies, ainsi que du montant qui est dû à chacun’’, a-t-il ajouté.

    Le chef de l’Etat a notamment invité les ‘’acteurs étatiques et non étatiques de tous les pays concernés, y compris la France, les historiens et chercheurs de tous bords’’, à ‘’joindre’’ leurs ‘’efforts’’ pour ‘’porter un regard lucide sur cet épisode sombre de notre histoire commune’’.

    Bassirou Diomaye Faye s’est par ailleurs dit  »heureux » que la France ait ‘’franchi un pas important dans la restauration de la vérité grâce au président Emmanuel Macron’’ qui, dans une lettre qu’il lui a adressée, jeudi, d »’assumer que les événements de Thiaroye en 1944 ont abouti à un massacre’’.

    ‘’Il s’agit d’une avancée appréciable dans le processus de réhabilitation de l’honneur et de la dignité des tirailleurs victimes, à la suite de la déclaration du président François Hollande au cimetière de Thiaroye, le 30 novembre 2014, quand il saluait la mémoire d’hommes qui portaient l’uniforme français et sur lesquels la France avait retourné les fusils’’, a-t-il rappelé.

    Toutefois, ‘’il reste encore beaucoup de zones d’ombre dans cette histoire, notamment le nombre de tirailleurs exécutés’’.

    Fort de ce constat, le président de la République est d’avis que ‘’cette vérité exige encore d’être pleinement révélée, transmise et reconnue ».

    ‘’Nous devons encourager cette dynamique pour restaurer la mémoire et la dignité des tirailleurs sénégalais’’, a-t-il insisté.

    MK/SG/OID/ABB

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-COMMEMORATION / Le massacre de Thiaroye 44, un acte ‘’prémédité visant à réprimer des revendications légitimes’’, selon Diomaye Faye

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-COMMEMORATION / Le massacre de Thiaroye 44, un acte ‘’prémédité visant à réprimer des revendications légitimes’’, selon Diomaye Faye

    Dakar, 1er déc (APS) – Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a soutenu, dimanche, que le massacre des tirailleurs sénégalais, perpétré le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, était un acte prémédité, visant à réprimer des revendications légitimes.

    ’’C’était là un acte prémédité, visant à réprimer des revendications légitimes, à dissuader d’autres et à perpétuer l’ordre colonial. Le crime fut commis et les faits sont incontestables. Voilà le sort qui a été réservé à certains qui ont contribué à écrire dans le sang et la sueur la glorieuse histoire de la libération’’, a-t-il déclaré.

    Bassirou Diomaye Faye s’exprimait ainsi à l’occasion de la cérémonie officielle de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais, en présence du Premier ministre Ousmane Sonko et de plusieurs autorités militaires, administratives, locales, religieuses et coutumières.

    Le chef de l’État de la Mauritanie Mohamed Ould El-Ghazouani, également président en exercice de l’Union Africaine (UA) et ses homologues de la Gambie, Adama Barro, de la Guinée-Bissau, Umaru Sissokho Emballo, Brice Oligui Nguema du Gabon, des Comores, Azali Assoumani, étaient également présents.

    ‘’Votre présence remarquée à nos côtés est le symbole fort de votre attachement à l’histoire que nous partageons’’, a-t-il lancé à leur endroit.

    ‘’Grande’’ est son ‘’émotion’’, a-t-il dit, ’’en cette date et en ces lieux qui nous parlent, où des héros africains sans défense, armés de courage, de dignité et de fraternité africaine ont été froidement abattus. Il s’agissait là d’un massacre’’.

    Quatre-vingts ans après ce crime de masse, a-t-il relevé, ‘’le silence de Thiaroye est toujours aussi assourdissant’’, tandis que ‘’les murmures venues d’outre-tombe nous interpellent avec fracas pendant que l’ampleur de ce crime demeure minimisée et souvent même niée par certains milliers d’héritiers de ceux qui l’ont commis’’.

    Selon lui, ‘’des profanes comme beaucoup d’entre nous, jeunes et moins jeunes, se poseraient la question de savoir de quoi s’agissait-il exactement, tellement la chape de plomb était fermement posée depuis trop longtemps pour tenter de rayer cet épisode fâcheux de notre histoire’’

    Alors qu’en réalité, ‘’il s’agissait d’Africains en majorité arrachés à leurs terroirs contre leur gré pour aller combattre ou servir l’empire colonial français d’alors’’, a tenu à rappeler le président Faye.

    ‘’Ils ont donné de leur jeunesse, ils ont donné de leur sang, ils ont donné de leur chair pour la liberté et pour la paix dans le monde’’, a-t-il martelé, tout en soulignant que ‘’la suite de l’histoire est à l’inverse de ces immenses sacrifices consentis’’.

    À la place d’éloge et de reconnaissance, l’ordre fut donné de neutraliser ceux qui avaient enduré la ségrégation dans les prisons allemandes et la rigueur de la captivité, a souligné le chef de l’État.

    Et ‘’l’irréparable se produisit le 1er décembre 1944, ici à Thiaroye, quand le général [Marcel Dagnan] ordonna de tirer sur des innocents désarmés, dont le seul tort a été de réclamer le paiement de leurs indemnités, primes et autres allocations’’, a poursuivi Diomaye Faye.

    Aujourd’hui, a-t-il ajouté, ‘’par devoir de mémoire, de vérité et de justice, nous ne pouvons oublier l’horreur des exécutions sommaires, ici, au camp de Thiaroye’’.

    ‘’Il est impératif de rappeler l’histoire, toute l’histoire, sans trou de mémoire. C’est ce qui fonde l’essence universelle des valeurs de paix, de liberté et d’égale dignité attachées à la nature humaine’’, a-t-il soutenu.

    MK/SG/ABB

  • SENEGAL-AFRIQUE-COMMEMORATION / Massacre de Thiaroye : le Pr Mamadou Diouf invite à briser le silence et à accorder aux victimes, le statut de ‘’morts pour l’Afrique’’

    SENEGAL-AFRIQUE-COMMEMORATION / Massacre de Thiaroye : le Pr Mamadou Diouf invite à briser le silence et à accorder aux victimes, le statut de ‘’morts pour l’Afrique’’

    Dakar, 1er déc (APS) – Le président du Comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye 44, le professeur Mamadou Diouf, a invité, dimanche, à briser le silence sur cette tuerie et à accorder aux victimes le statut de ‘’morts pour l’Afrique’’.

    ‘’Il est indispensable de briser le silence et d’afficher, fortement, notre regard, nos commentaires et imaginations créatrices sur l’évènement. Thiaroye est pour nous, Sénégalais, l’occasion, aussi dramatique que majestueuse, d’accorder aux victimes du massacre le statut de « morts pour l’Afrique »  », a déclaré l’historien.

    Il s’exprimait ainsi à l’occasion de la cérémonie de commémoration du massacre des tirailleurs sénégalais par l’armée coloniale française, à Thiaroye, le 1er décembre 1944.

    ‘’Le massacre des tirailleurs est une histoire partagée, qui nourrit une pédagogie pour édifier les fondations de l’intégration africaine », a-t-il ajouté.

    Mamadou Diouf a rappelé que ‘’le 1er décembre 1944, à 5h30 du matin, 1 200 hommes des troupes coloniales françaises et de la gendarmerie, prenant position autour du camp militaire de Thiaroye et soutenus par trois véhicules blindés et deux chars, ont lancé l’assaut dans l’enceinte de la caserne sur 1 200 à 1 800 tirailleurs sénégalais présents et désarmés’’.

    La revendication des tirailleurs, a-t-il précisé, ‘’portait sur plusieurs questions, dont les plus significatives sont les indemnités, les soldes, les primes de démobilisation et autres allocations, mais aussi les conditions du cantonnement à Thiaroye et de retour aux pays d’origine ».

    Les autorités françaises ont, dans les jours qui ont suivi le massacre, tout fait pour dissimuler le carnage et la tuerie, a fait savoir le professeur de l’université Columbia de New York, aux Etats-Unis.

    Selon lui, prendre l’initiative relativement à la production du récit portant sur ce moment de notre histoire, c’est retourner l’évènement à l’Afrique, en effaçant la territorialisation coloniale et en autorisant une mise en scène mémorielle commandée par les Africains, hors des champs d’honneur français.

     »Le crime des tirailleurs, un crime de désobéissance, dicté par la confusion entretenue par la métropole entre les valeurs qui lui sont exclusivement réservées d’une part, et la gouvernance et l’arrogance impériales, d’autre part’’, constitue une ‘’disjonction qui a eu un coût si terrible que ses répercussions se font encore sentir de nos jours’’, a affirmé Mamadou Diouf.

    C’est pourquoi, a-t-il souligné, la décision des nouvelles autorités sénégalaises de rétablir la vérité est une vaste entreprise difficile mais combien passionnante dont l’animation nécessitera des opérations permanentes, susceptibles de participer au travail historique et mémoriel pour produire des récits, des leçons civiques, culturelles et artistiques au service des communautés panafricaine.

    La cérémonie officielle de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais a été présidée par le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, au camp militaire lieutenant Amadou Lindor Fall de Thiaroye, en présence de plusieurs chefs d’États africains.

    MK/SG/ABB

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Le Sénégal commémore le 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Le Sénégal commémore le 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais

    Thiaroye, 1ᵉʳ déc (APS) – Le Sénégal commémore officiellement ce dimanche le 80ᵉ anniversaire du massacre des tirailleurs, perpétré le 1ᵉʳ décembre 1944 au camp militaire de Thiaroye, dans le département de Pikine.

    La cérémonie officielle, présidée par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, se déroule en présence de plusieurs chefs d’État africains, dont Mohamed Ould Ghazouani, président en exercice de l’Union africaine (UA) et de la Mauritanie, et de ses homologues de la Gambie, Adama Barro, de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, du Gabon, Brice Oligui Nguéma, et des Comores Assoumani Azali.

    Le Premier ministre, Ousmane Sonko et plusieurs membres du gouvernement, des autorités militaires, des élus, des représentants de missions diplomatiques et d’institutions internationales accrédités au Sénégal, sont présents à cette cérémonie.

    Des délégations de la France, du Cameroun, de Djibouti, du Tchad, du Burkina Faso prennent part également à cette commémoration.

    Les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires originaires de pays d’Afrique subsaharienne incorporé aux troupes coloniales.

    L’épithète ‘’sénégalais’’ leur est accolé parce que c’est au Sénégal que s’est formé en 1857 le premier régiment de tirailleurs africains.

    C’est le général Louis Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, qui crée le corps des tirailleurs sénégalais, suite à un décret signé par Napoléon III le 21 juillet 1857, pour pallier le manque d’effectifs de la France métropolitaine.

    Lors de la Première Guerre mondiale (1914-18), environ 200 000 tirailleurs originaires d’Afrique occidentale française (AOF) sont mobilisés sous le drapeau français.

    Plus de 135 000 sont envoyés sur les théâtres d’opération en Europe et quelque 30 000 soldats du corps des tirailleurs y ont trouvé la mort et beaucoup d’entre eux sont revenus blessés ou invalides.

    Entre 1939 et 1944, près de 140 000 Africains sont engagés par la France, constituant ainsi la moitié des effectifs des forces françaises qui ont participé à la libération de la France occupée par l’Allemagne nazie.

    Le 23 août 1944, c’est un régiment de tirailleurs sénégalais qui libère la ville de Toulon, à la suite du débarquement de Provence. Cette date avait été choisie, en 2004, par le président Abdoulaye Wade (2000-2012) pour célébrer une Journée internationale des tirailleurs sénégalais.

    Les tirailleurs sénégalais se sont battus pour l’Empire colonial français, dont les autorités les engagent dans des conflits qui ont opposé la France à ses colonies : en Indochine (1946-1954), en Algérie (1954-1962), à Madagascar (1947).

    Aux tirailleurs qui ont été massacrés le 1ᵉʳ décembre 1944 à Thiaroye, le poète Léopold Sédar Senghor a dédié un de ses plus célèbres poèmes, dans le recueil « Hosties noires ».

    Divergences sur le bilan du massacre de Thiaroye

    Le premier décembre 1944, des tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après la Seconde Guerre mondiale, sont massacrés par l’armée française alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.

    En novembre 1944, 1 280 soldats, selon des chiffres officiels, issus de différents territoires de l’Afrique occidentale française, sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar, avant d’être tués à l’arme automatique.

    Ces tirailleurs viennent des colonies de la Côte d’Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin), du Gabon, de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de l’Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Sénégal, du Soudan français (actuel Mali), du Niger et du Togo.

    Pour accélérer leur retour en Afrique après la libération de la France, les autorités promettent de payer leurs soldes une fois arrivés à Dakar.

    Arrivés au Sénégal le 21 novembre 1944, ils sont installés en tant qu’anciens combattants dans un camp militaire, à Thiaroye. Les soldats continuent la procédure pour se faire payer leurs indemnités et le versement du pécule couvrant quatre ans (1940-44), correspondant à la période où ils ont été faits prisonniers.

    Sur leur insistance, le commandant leur donne rendez-vous sur la place des armes. Le 1ᵉʳ décembre 1944, à l’aube, ils sont réveillés au clairon. Le haut-commandement leur demande de se rassembler sur l’esplanade du camp. Là, ils s’aperçoivent que le camp est complètement encerclé par divers régiments. Le haut-commandement de l’armée française fait alors ouvrir le feu sur des centaines de soldats démobilisés.

    Encore aujourd’hui, il y a divergence sur le nombre de morts dans ce massacre. Si deux rapports officiels français différents parlent respectivement de 35 et 70 morts, certains historiens considèrent que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d’hommes tombés sous les balles de leurs camarades soldats.

    L’historien sénégalais Mbaye Guèye dénombre 191 tués. Aucune de ces hypothèses ne peut encore être étayée sérieusement, parce que les archives militaires françaises n’ont pas été ouvertes.

    Selon l’historienne Rokhaya Fall, le nombre de tirailleurs ayant péri lors du massacre perpétré par l’armée coloniale française à Thiaroye le 1ᵉʳ décembre dépasse celui officiellement déclaré.

    « Quand nous sommes arrivés en France, on nous a présenté les actes de décès de 1944. Déjà, ils étaient au nombre de 44. Mais nous nous sommes dit qu’un événement de cette nature, avec la gravité des faits, les conséquences devaient nécessairement aller au-delà de 1944 », a-t-elle expliqué.

    « Nous avons demandé les registres de 1945. C’est au niveau de ces registres que nous avons trouvé beaucoup d’actes de décès en provenance de l’hôpital Principal de Dakar », a ainsi ajouté la professeure.

    Selon Rokhaya Fall, même si ces documents attestent a priori que ce sont ceux des victimes du massacre, au regard de leur nombre élevé, la prudence doit être de mise afin de « faire un tri pour voir les décès qui sont directement liés à l’événement ».

    « La délégation s’est intéressée aussi aux journaux de l’époque, à des fonds iconographiques », a-t-elle poursuivi, indiquant que « les journaux tels que Le Télégramme, L’Aurore, ont rapporté des scènes de vie et la trajectoire des prisonniers africains ».

    « Ces témoignages ont permis d’ajouter un vécu dramatique aux milliers de soldats, qui, pour la plupart, n’étaient pas encore identifiés. De même, certaines sources iconographiques ont permis de mettre un visage sur certains prisonniers de guerre », a-t-elle avancé.

    A l’en croire, ‘’la mission a appréhendé aussi des trous dans les archives, des trous qui expliquent les ombres, c’est la question du carré. Il y a eu des listes nominatives de prisonniers sénégalais, trouvés dans les archives des départements’’.

    SG/MK/ABB

  • SENEGAL-MONDE-CINEMA / ‘’Festival Dakar court’’: onze films en compétition officielle (organisateur)

    SENEGAL-MONDE-CINEMA / ‘’Festival Dakar court’’: onze films en compétition officielle (organisateur)

     

    Dakar nov (APS) – Onze films seront en compétition officielle à la septième édition du Festival international du court métrage de Dakar ou ‘’ Festival Dakar court’’, prévue du 9 au 14 décembre prochain, a appris jeudi l’APS du responsable de la structure promotrice de cet évènement cinématographique.

    ‘’Cette année, nous avons reçu 417 films dont 34 films d’écoles. Onze films ont été retenus dont 4 films d’écoles, la sélection a été très difficile», a déclaré le cinéaste Moly Kane, président de l’association ‘’Cinémarekk’’.

    Le président de ‘’Cinémarekk’’, la structure organisatrice de l’évènement, s’exprimait vendredi, au cours d’une conférence de presse en prélude à ce festival, à l’institut français de Dakar.

    Pour la sélection officielle des scenarios, 4 projets présentés par des jeunes sénégalais ont été sélectionnés pour le ‘’Prix Grec-France Télévisions’’ doté d’une enveloppe de 20 000 euros (13 054 721 francs CFA).

    ‘’La musique et le cinéma sont jumeaux. C’est à travers la musique que le cinéaste fait passer l’émotion’’, a-t-il dit au sujet du thème de cette édition qui porte sur  ‘’Musique et Cinéma’’.

    Trente candidats sont sélectionnés pour le prix Dakar court talents. 15 journalistes sont aussi sélectionnés pour la formation de critique de cinéma.

    Le jury de la complétion officielle sera présidé par Moussa Sène Absa. Fatou Kandé Senghor présidera, quant à elle le jury ‘’Prix Grec-France Télévisions’’.

    Et le jury ‘’Talents Dakar court critique’’, sera présidé par le journaliste Alioune Ndiaye.

    MYK/MK/ASB

  • SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE-RECHERCHE / Massacre de Thiaroye 44 :  »le nombre de décès va au-delà de ce qui a été annoncé » (Pr Rokhaya Fall)

    SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE-RECHERCHE / Massacre de Thiaroye 44 :  »le nombre de décès va au-delà de ce qui a été annoncé » (Pr Rokhaya Fall)

    Dakar, 29 nov (APS) – Le nombre de Tirailleurs ayant péri lors du massacre perpétré par l’armée coloniale française à Thiaroye le 1er décembre dépasse celui officiellement déclaré, a souligné vendredi l’historienne Rokhaya Fall, membre du comité  de commémoration du 80e anniversaire de ce drame survenu dans la banlieue de Dakar.

     »On ne peut pas donner pour le moment un chiffre exact, un chiffre précis, mais on doit dire que le nombre de décès va bien au-delà de ce qui a été jusqu’ici annoncé », a-t-elle dit lors de la conférence de presse du comité de commémoration.

    Le Sénégal va commémorer, dimanche, le 80ème anniversaire du Massacre de Tirailleurs sénégalais à travers une cérémonie qui sera organisée dimanche à Thiaroye en présence du chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye. Elle sera également marquée entre autres par un dépôt de gerbes de fleurs au cimetière de Thiaroye par le président de la République.

    Historienne, membre du comité de commémoration, professeur Rokhaya Fall, a dirigé la mission des experts sénégalais qui s’étaient récemment rendus en France récemment à la recherche de documents d’informations permettant de rétablir les faits sur ce moment tragique.

    ‘’Quand nous sommes arrivés, on nous a présenté les actes de décès de 1944. Déjà, ils étaient au nombre de 44. Mais nous nous sommes dit qu’un événement de cette nature, avec la gravité des faits, les conséquences devaient nécessairement aller au-delà de 1944 », a-t-elle expliqué.

    ‘’Nous avons demandé les registres de 1945. C’est au niveau de ces registres que nous avons trouvé beaucoup d’actes de décès en provenance de l’hôpital Principal de Dakar », a ainsi ajouté la professeure.

    Selon Rokhaya Fall, même si ces documents attestent a priori que ce sont ceux des victimes du massacre, au regard de leur nombre élevé, la prudence doit être de mise afin de ‘’faire un tri pour voir les décès qui sont directement liés à l’événement ».

    ‘’La délégation s’est intéressée aussi aux journaux de l’époque, à des fonds iconographiques’’, a-t-elle poursuivi, indiquant que ‘’les journaux tels que Le Télégramme, L’Aurore, ont rapporté des scènes de vie et la trajectoire des prisonniers africains’’.

    ‘’Ces témoignages ont permis d’ajouter un vécu dramatique aux milliers de soldats, qui, pour la plupart, n’étaient pas encore identifiés. De même certaines sources iconographiques ont permis de mettre un visage sur certains prisonniers de guerre », a-t-elle avancé.

    A l’en croire, ‘’la mission a appréhendé aussi des trous dans les archives, des trous qui expliquent les ombres, c’est la question du carré. Il y a eu des listes nominatives de prisonniers sénégalais, trouvés dans les archives des départements’’.

    ‘’Pendant 80 années, l’État français s’est employé à fabriquer l’oubli’’, a pour sa part soutenu le président du comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre, le professeur Mamadou Diouf.

    ‘’C’est en cela que cette commémoration, c’est quelque chose de fondamental. Parce qu’il s’agit de rétablir des faits qui sont des faits constants, établis depuis plus de huit décennies’’, a-t-il laissé entendre.

    MK/OID/AKS