Auteur/autrice : Mohamed Tidiane Ndiaye

  • SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Le Mawloud, une longue tradition chez les khadre de Makacolibantang 

    SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Le Mawloud, une longue tradition chez les khadre de Makacolibantang 

    +++Par Baboucar Thiam de l’APS+++

    Makacolibantang, 27 sept (APS) – C’est au bout d’une heure trente minutes sur une route latéritique jonchée de flags d’eau se rejoignant par endroits pour devenir des mares, que se dresse la commune de Makacolibantang. Rien, à priori, ne renseigne sur son caractère religieux, mais l’islam se trouve fortement encré dans ces terres du département de Tambacounda (est). La commémoration du Mawloud va donc de soi dans cette cité. Elle relève aussi d’une longue tradition.

    L’histoire de la célébration officielle du Mawloud à Makacolibantang, est étroitement liée aux Diaby, une famille d’obédience khadre, basée à Maka, une cité religieuse de la commune de Makacolibantang.

    ‘’Le Mawloud a toujours été célébré ici depuis l’installation d’Aladji Soryba Kéba Diaby à Maka’’, dans cette partie orientale du Sénégal, où il s’était établi en 1952, a indiqué Soryba Diaby, en parlant de son aïeul qui a contribué à la vulgarisation de la confrérie Khadre, remontant à Cheikh Abdoul Khadre Dieylani à Bagdad, en Irak.

    Aladji Soryba Kéba Diaby, venu de Touba, centre religieux et culturel soufi situé en Guinée, avait pour habitude de retourner chaque année dans son pays d’origine pour la célébration de la naissance du prophète Mohamed (PSL).

    Au bout de cinq ans, il est rejoint par son grand frère, Aladji Banfa Kéba Diaby. D’un commun accord, ils ont décidé de s’installer définitivement à Maka à partir de 1957 et d’y célébrer le Mawloud, raconte Soryba Diaby le petit-fils, maître coranique de la famille et responsable du comité d’organisation de la ziara annuelle.

    À l’époque, la célébration se passait dans la grande maison familiale. Les invités n’étaient pas aussi nombreux, des Sénégalais, en plus de « quelques Gambiens », dit-t-il, trouvé au milieu de sa cour sous un grand arbre, entouré de quelques-uns de ses talibés.

    Aladji Soryba Kéba Diaby, premier khalif

    Il n’existait pas encore de khalif général dans la famille, le plus âgé assurait simplement la direction de la famille, organisait les activités religieuses et la formation des apprenants, renseigne le maître coranique, qui a accepté de répondre aux questions du reporter de l’APS seulement après avoir obtenu l’autorisation de l’actuel khalif général, Aladji Oumou Sankoung Diaby.

    C’est à son décès que la célébration du Gamou a pris une autre dimension, avec l’arrivée à la tête de la famille de Aladji Soryba Kéba Diaby, sous le règne duquel le Mawloud a pris une dimension internationale, avec la participation de plusieurs pays, dont des fidèles des deux Guinées, du Mali et de la Mauritanie, toutes ces nationalités assistant désormais à la célébration du gamou ici à Makacolibantang, selon Soryba Diaby.

    Le Mawloud de Makacolibantang revêtit donc un cachet officiel, sous le format qu’on lui connait encore aujourd’hui, avec la participation des autorités administratives de la région de Tambacounda.

    “La détermination, l’ouverture d’esprit du premier khalif en la personne de Aladji Soryba Kéba Diaby’’ ont permis cette évolution, de même que “l’amitié qu’il entretenait avec le président Senghor’’, à la tête du Sénégal de 1960 à 1980.

    “La modernisation de l’organisation du Mawloud s’est faite grâce à Aladji Soryba Kéba Diaby et à son amitié avec le président de la République de l’époque’’, insiste Soryba Diaby, le petit-fils.

    A chaque édition du Gamou, le président Senghor rendait gratuit le train pour le transport des fidèles, en plus d’un soutien financier et en denrées (riz, lait en poudre et sucre), un appui qui se poursuivait même après le Mawloud. “Tous les trois mois, signale-t-il, le président Senghor envoyait des camions remplis de nourriture de toutes sortes’’.

    Depuis 66 ans, le Mawloud est donc célébré à Makacolibantang, où cet événement ne cesse de gagner en ampleur et en importance.

    “L’organisation respecte les pratiques de mon grand-père et de son grand frère, un mois avant le jour-j, nous récitons le Coran, nous faisons des zikr (invocations), jusqu’au jour du Mawloud, et c’est la même chose depuis 66 ans’’, explique le petit fils Soryba Diaby.

    Sauf qu’“il y a une cérémonie officielle au cours de laquelle nous recevons le gouverneur, la délégation de l’Etat et les autres autorités’’ représentant les pouvoirs publics sénégalais.

    “Karangbaya’’, quartier de résidence du marabout

    En raison de l’importance prise par l’évènement, « avec la participation de milliers de fidèles », le Gamou de Makacolibantang a été délocalisé de la grande maison familiale pour local spécifiquement dédié aux grands récitals religieux.

    “Cela a nécessité l’installation de tentes, qui ne résistaient pas aux intempéries, surtout en période d’hivernage’’, précise le petit fils d’Aladji Soryba Diaby, par ailleurs homonyme du saint-homme. Ce qui n’a pas empêché l’événement de continuer à évoluer, avec la participation de plus en plus importante de fidèles et disciples venus de la sous-région.

    Il se dit ici que le premier khalife aurait évité au président Senghor un accident d’avion. En reconnaissance, ce dernier lui avait attribué le titre de khalif général.

    Depuis, 6 khalifes généraux se sont succédé au khalifat de Makacolibantang, dont l’actuel, Aladji Oumou Sankoung Diaby.

    Jusqu’ici, la tradition dans cette famille, c’est que le plus âgé dirigeait le clan avec simplement le titre d’imam. “Tout le monde suivait la direction qu’il indiquait, et il était assisté par ses frères, à qui il déléguait certaines activités’’.

    A “Karangbaya’’, le quartier de résidence du marabout dans le village de Maka, ils sont tous de la famille Diaby, fils, petits-fils, arrière-petits-fils, neveux et nièces, en plus des disciples. Les maisons sont en dur pour l’essentiel, des demeures entièrement carrelées qui ne sont pas sans rappeler l’architecture islamique.

    C’est un lot de plus de 400 parcelles que l’ancien président de la République, Léopold Sédar Senghor, avait offert au premier khalif, après que ce dernier a obtenu de lui le lotissement de ce périmètre en 1975.

    C’est ici que se localisent la première mosquée construite par le saint-homme, dans la demeure servant également de résidence à tout khalif général de la famille Diaby.

    La filiation de cette famille à la khadrya a été confortée par un voyage effectué par Aladji Soryba Diaby à Bagdad, en Irak, sachant qu’il avait déjà dédié un recueil de poèmes à l’illustre Abdoul Khadre Dieylani, fondateur de cette confrérie musulmane.

    Le gardien du mausolée du fondateur de la khadrya “lui avait présenté un porte-clés qui en comporte 100, une seule pouvant ouvrir la porte du mausolée et les visiteurs n’ayant droit qu’à une seule tentative. Il a réussi à ouvrir le mausolée pour y prier. Et c’est à son retour au Sénégal qu’il a construit un haut lieu de prière, où les gens viennent de partout pour se recueillir et formuler de vœux’’, raconte le petit-fils.

    BT/BK/MTN/SMD

  • SENEGAL-RELIGION-PROFIL / Cheikh Mahi Ibrahima Niass, intellectuel ouvert et apôtre de la paix

    SENEGAL-RELIGION-PROFIL / Cheikh Mahi Ibrahima Niass, intellectuel ouvert et apôtre de la paix

    +++Par Ndeye Suzanne Sy de l’APS+++

     Dakar, 27 sept (APS) – L’art de diriger une communauté nécessite des talents et des qualités diverses, a-t-on l’habitude de dire. Cette pensée est bien comprise et épousée par Cheikh Mahi Niass. Le cinquième khalife de Médina Baye est décrit comme un homme modeste pour un khalife général, généreux, un savant hors pair.

    Sa courtoisie est connue de tous. Mais il s’agit surtout d’un homme épris de paix comme en témoigne ses nombreux voyages durant lesquels il a eu à consolider des parties en conflit. Cheikh Mahi est au diapason de tout ce qui se passe dans le monde.

    Un après-midi de juin 2023, alors qu’il devait recevoir à son domicile une délégation de l’Agence de presse sénégalaise (APS) conduite par son directeur général Thierno Ahmadou Sy, il n’y a mis aucune forme de protocole. Une approche peu commode chez les familles religieuses.

    “Pas de flash ni de caméra s’il vous plaît’’, lance un de ses fils à l’endroit de la délégation. Preuve de sa simplicité, le Khalife était dans une tenue tellement décontractée que son entourage ne voulait pas que l’on immortalisa le moment. Mais c’était sans compter avec le degré d’humilité et l’esprit de dépassement du principal concerné. Papa Mahi comme l’appellent les proches, a fini par se poser avec presque tous les membres de la délégation sous le regard circonspect de son entourage.

    Le khalife général de la fayda tidjania est un homme très cultivé. Avant de recevoir la délégation de l’APS à Médina Baye, le khalife confie : “J’ai tout de suite pris ma tablette pour me connecter et faire des recherches sur l’Agence de presse sénégalaise. Mais vous êtes là depuis plus de 60 ans et vous êtes un organe très respecté’’.

    “Vous avez un puissant outil entre vos mains. La presse est utile dans un pays, mais elle doit être responsable et équilibrée’’, poursuit le khalife de Medina Baye dans un propos qui en dit long sur sa large culture générale.

    Un panafricaniste ayant grandi sous l’aile de Kwame Nkrumah

    Quoi de plus normal, le Khalife de Médina Baye a fait des études supérieures. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences historiques de l’université Al Azhar en Egypte, obtenue en 1976. Cheikh Mahi Ibrahima Niass est d’un commerce facile. Il est affable et généreux dans le partage de ses connaissances.

    Tous les jours, après la prière de Asr, il prend quartier sous un abri qui jouxte sa maison à Médina Baye. Sur une chaise pliante, radio transistor jamais loin, tablette à la main, il fait toujours de fines analyses sur tous les sujets d’actualité. Son attitude à s’adapter aux enjeux du moment et aux sujets contemporains quand il échange avec les jeunes générations étonne plus d’un.

     Ayant vécu plusieurs années aux cotés de Kwame Nkrumah, le fils de Baye Niass a développé au fil du temps la doctrine du panafricanisme. Brillant conférencier et grand intellectuel, il se réclame d’un panafricanisme originel.

    “Beaucoup ne le savent pas. J’ai été éduqué par Kwame Nkrumah, ancien président du Ghana et l’un des pères du panafricanisme. Aujourd’hui, le panafricanisme est un vocable dévoyé et galvaudé. Moi je crois au panafricanisme prôné par Nkrumah. Je ne l’ai pas appris, je l’ai vécu. J’ai été éduqué par Nkrumah. Je vivais chez lui, avec lui sur proposition de mon père Cheikh Ibrahima Niass’’, raconte Cheikh Mahi à la délégation.

    A son domicile, une imposante photo de l’ancien président ghanéen est accrochée dans le salon. “Moi, je crois en ce Monsieur et en son panafricanisme. Il était sincère et profond. Je ne crois pas aux nombreux vendeurs d’illusions et aux populistes qui se réclament du panafricanisme’’, confie-t-il en pointant du doigt la photo de Nkrumah.

    Intellectuel hors pair

    Né en 1938 à Kaolack, Cheikh Mahi Niass est surnommé Khadimoul Oummah (le serviteur de la Oummah). A l’âge de cinq ans, il est envoyé en Mauritanie par son père pour des études coraniques. A l’âge de sept ans, il mémorisa le Livre saint. Comme plusieurs de ses frères à l’époque, le jeune Mahi était envoyé en Mauritanie chez Mouhammad Rabbani, un maître coranique très connu à Médina Baye qui a appris les versets du Coran à presque tous tes fils du Cheikh Al Islam Baye Niasse.

     De retour au Sénégal, il se consacre à l’apprentissage du savoir durant plusieurs années dans les “Madjaliss’’ (école traditionnelle d’apprentissage de la littérature arabe et des sciences islamiques). Il est ensuite envoyé par son illustre père à la prestigieuse université islamique d’Al Azhar du Caire où il obtint en 1976 une Maitrise en sciences et histoires islamiques à la faculté à la faculté des lettres et sciences sociales.

    En 1998, suite au rappel à Dieu de Mouhamed Nazir Ibrahima Niass, il devient directeur de l’Institut Islamique El Hadji Abdoulaye Niass. Fin analyste, conférencier hors pair, le khalife de Médina Baye est d’une courtoisie débordante. Il a hérité de son père le Tafsir du coran durant le mois béni de Ramadan. Il est un grand adepte de la lecture. Son imposante bibliothèque à la maison qu’il montre si fièrement aux visiteurs, en est la parfaite illustration.

    Son commerce facile et son humilité ne l’empêchent pas d’être intransigeant quand il le faut. Alors qu’il venait juste d’être intronisé comme nouveau Khalife général de Médina Baye, Cheikh Mahi Niass annonce la couleur dès sa première prise de parole publique en tant que Khalife. S’adressant pour la première fois aux disciples de Médina Baye après avoir été désigné pour la succession du défunt Cheikh Ahmad Tidiane Ibrahima Niass, il a menacé de se démettre de sa charge spirituelle si les jeunes disciples ne font pas preuve de discipline.

    “La discipline sera une sorte de contrat social entre le khalife que je suis et les jeunes disciples que vous êtes. Si vous vous illustrez de belle manière dans ce domaine, ce sera bénéfique pour tous. Au cas contraire, je risque de démissionner’’, a-t-il dit sur un ton plaisantin.

    Missionnaire de la paix

     Ses missions de paix l’ont projeté au-devant de la scène. Couvert de son manteau de président en exercice de l’Union islamique africaine, Cheikh Mahi a enregistré des succès retentissants dans ses missions de retour de la paix dans la région africaine.

    Le 23 mai 2022, il avait réuni les personnalités de 50 tribus à Darfour en conflit, qu’il avait exhortés de déposer les armes pour un retour de la paix. Une sollicitation fut une réussite puisque 6 jours plus tard, des autorités militaires ont annoncé la levée de l’état d’urgence imposé depuis le 25 octobre 2021, lors du coup d’Etat qui avait mis fin à la transition démocratique d’Omar El-Bachir, ancien président du Soudan.

    Une nouvelle, longtemps attendue après l’échec de plusieurs médiateurs, est considérée comme une consolation pour le pays, l’Afrique et le monde entier.

    Dans ses perspectives, Cheikh Mahi Niass envisage le projet de réécriture la fayda tidiane. Sur cette lancée, le patriarche de Médina Baye envisage un grand projet agricole nommé ‘’Toolu baye’’ pour guider les disciples à un retour vers la terre. Il a mis en place un fonds Médina Baye, un projet piloté à Cheikh Mahi Cissé, qui vise la modernisation de la cité en la dotant d’infrastructures sociales de base.

    Sa dimension intellectuelle et sociale a propulsé Cheikh Mahi Niass au-devant de la scène internationale.

    NSS/MTN/ABB/BK/OID

  • SENEGAL-SOCIETE / Gamou de Médina Baye : un symposium revisite les écrits de Cheikh Ibrahima Niass

    SENEGAL-SOCIETE / Gamou de Médina Baye : un symposium revisite les écrits de Cheikh Ibrahima Niass

    Kaolack, 27 sept (APS ) –  »La place des éloges du prophète Mouhamed (PSL) par Cheikh Ibrahima Niass dans son immense oeuvre intellectuelle » était au menu du symposium organisé en marge du gamou international de Médina Baye.
    Des experts de plusieurs nationalités, notamment des Américains, des Ecossais, des Camerounais et des Mauritaniens, ont assisté à cette rencontre de deux jours.
    « Comme chaque année, on a choisi un thème central pour chaque journée. Le thème d’hier c’était la place de l’éloge du prophète d’Allah par Cheikh Ibrahima Niass dans son immense oeuvre intellectuelle. C’était l’occasion pour  nous de parler de cinq de ses recueil de poèmes », a expliqué Akhmad Boucar Omar Niang, président du symposium, dans un entretien avec l’APS.
    Il a souligné que Cheikh Ibrahima Niass passait le plus clair de son temps a tisser des éloges pour le prophète Mouhamed ( PSL) et ces éloges sont remplis d’enseignement sur la vie sainte du prophète.
    Les participants ont également planché sur le thème  »La crise des valeurs, quel enseignement tiré de la pensée des enseignements de Cheikh Ibrahima Niass ».
    Seyda Aicha Djifri Cissé, de nationalité américaine, a présenté la leçon inaugurale sur  »la spiritualité comme moyen de réforme des âmes et des mœurs ».
    La question des réseaux sociaux, l’éducation, la spiritualité étaient, entre autres, les aspects abordés par les participants lors de ce symposium.
    AFD/MTN/OID/AKS
  • SENEGAL-RELIGION-ORGANISATION / Gamou de Médina Baye : le satisfecit du comité d’organisation

    SENEGAL-RELIGION-ORGANISATION / Gamou de Médina Baye : le satisfecit du comité d’organisation

    Kaolack, 27 sept ( APS ) – Cheikh Mounhamina Ibrahima Niass, président de Jammyatou Ansaroudine, la structure en charge de l’organisation du Gamou de Médina Baye, a salué le respect des engagements pris par l’Etat pour une réussite de l’évènement dans cette cité religieuse de la commune de Kaolack (centre).

    ‘’Les engagements ont été respectés à 100% dans le domaine de la téléphonie et de l’internet, de l’électrification, de l’hygiène et l’assainissement, avec une mention spéciale à l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (ex-UCG devenue SONAGED)’’, a-t-il assuré à l’APS.

    Des milliers de fidèles participent au Gamou, manifestation religieuse commémorant la naissance du prophète Mouhamed (PSL). De nombreux pèlerins étrangers participent à cet évènement de dimension internationale.

    ‘’La dimension de Baye Niass est internationale. Des délégations viennent de partout à travers le monde pour la célébration du Mawlid à Médina Baye. Les délégations en provenance du Nigéria, du Burkina Fasso, des Etats-Unies d’Amérique, d’Australie, du Soudan, du Cameroun, de la Mauritanie font également le déplacement’’, a signalé Cheikh Mounhamina Ibrahima Niass.

    Des délégations officielles participent à l’évènement qui sera aussi marqué par la journée Al-Quds dédiée à la cause palestinienne.

    La nuit du Gamou est rythmée par des séances de zikr (chants religieux) et d’exégèses sur la vie du prophète Mouhammad (PSL). Elle sera animée par Mouhamadoul Amine Ibrahima, dit Baba Lamine Niass.

    AFD/MTN/AKS/OID

     

  • Diacksao, lieu de retraite aux multiples facettes

    Diacksao, lieu de retraite aux multiples facettes

    +++Par Momar Khoulé Ba+++

    Diacksao, 27 sept (APS) – Situé à une vingtaine de kilomètres de la capitale de la Tidianiya, Diacksao est un lieu très prisé pour la méditation. Il  est devenu à la fois un endroit dédié à la spiritualité, à l’adoration d’Allah et à la formation, qui a vu passer beaucoup de “Moukhadams“ (émissaires) du guide religieux de Tivaouane. El Hadji Malick y cultivait aussi la terre, en compagnie de ses disciples, pour vivre à la sueur de son front.

    Lors de son pèlerinage à La Mecque en 1889, le guide religieux de Tivaouane avait imploré Allah de lui donner un lieu où il pourrait s’adonner aux travaux champêtres et vivre dignement à la sueur de son front. C’est dans ce contexte qu’est né Diacksao, comme un vœu exaucé de Seydi Hadji Malick Sy.

    C’est en 1957, sous le khalifat de Serigne Abdou Aziz Sy “Dabakh“, que Diacksao a connu son rayonnement. Selon Abdou Aziz Diop, petit-fils de Maodo, tous les “Moukhadams“ de son grand -père sont passés à Diacksao. Aujourd’hui encore, leurs descendants viennent pour y apprendre le Coran et la Charia. “Le culte du travail aussi, c’est Diacksao“, dit-il.

    Pendant les 93 ans qu’il a vécus, dont 40 ans de khalifat, Dabakh a marqué son époque pour un effort perpétuel pour se conformer au Coran et à la Sunnah, dans ses actes et propos. Une posture qui a beaucoup facilité son rôle de régulateur social. La bonne parole qu’il prêchait a éteint beaucoup de foyers de tension dans le pays.

    À Diacksao, il a désamorcé la fameuse grève du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec), en y recevant son secrétaire général d’antan, Mademba Sock.

    Une autre crise qui avait causé beaucoup de nuits blanches à Mame Dabakh, était la grève des élèves et étudiants de 1994. Un dossier dont se souvient encore Papa Youssoupha Diop, neveu de Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh. Parmi les grévistes, il y avait un petit-fils de Serigne Ameth Sy, frère aîné de Serigne Babacar Sy. “Après plusieurs va-et-vient, le problème était résolu, sous la supervision de Serigne Abdou Aziz Dabakh“, se rappelle Papa Youssoupha Diop.

    Il raconte encore avoir été un témoin oculaire des lettres rédigées en arabe par Serigne Papa Mactar Kébé sous la dictée de Serigne Abdou Aziz Sy “Dabakh“ et traduites en français par Iba Der Thiam, avant d’être acheminées aux presidents sénégalais et mauritanien, pour apaiser la tension qui couvait entre les deux pays en 1989.

    Dabakh, le régulateur social

    Guide lucide et impartial, Dabakh dont l’argumentaire reposait sur le Coran et la Sunnah, s’intéressait à tout ce qui pouvait constituer une préoccupation pour ses compatriotes et même au-delà du Sénégal.

    “Mame Abdou“, comme on l’appelait affectueusement, savait rassembler les Sénégalais autour de la bonne conduite à tenir. Ses déclarations disaient l’essentiel, sa voix rassurait les Sénégalais. La force des mots qu’ils utilisait, ramenait les uns et les autres à la raison, redonnait de l’espoir et de l’énergie à tous les Sénégalais, relève Youssoupha Diop.

    En fréquentant Diacksao, Dabakh s’inscrivait ainsi dans le sillage de Seydi Hadji Malick Sy, qui avait structuré sa vie autour du triptyque  “diang, diouli, bay“ (apprendre, prier cultiver), en abréviation (dia-diou-ba). Il considérait que l’homme doit rechercher le savoir par l’apprentissage (diang), pour savoir comment adorer son Seigneur (diouli) et travailler (bay).

    “On ne peut pas adorer Allah correctement si on n’est pas libre“, disait-il, et cette liberté passe par l’autonomisation, c’est-à-dire avoir les moyens de subvenir à ses besoins sans courber l’échine. Laquelle autonomie s’obtient grâce au travail.

    Mame Abdoul Aziz Sy, en tant que khalife des Tidianes a toujours invité le disciple tidiane à cultiver l’amour. Selon le 3-ème khalife de Maodo Malick Sy, il n’ y a pas d’amour dans un cœur malade de passions, de jalousie, d’envie, de présomption et de vanité.

    “Nettoie le cœur des souillures des péchés“, dit-il dans un de ses poèmes. Dans un autre, il fait cette invocation : “Purifie-nous le cœur“. Cette insistance sur la purification du cœur ne se résumait pas à la préparation à une méditation purement spirituelle. C’était aussi une préparation au don, au partage des espérances et des craintes, à la relation avec son prochain dans la sphère sociale, explique Youssoupha Diop.

     “L’état de la personne est aussi l’état de la société, poursuit-il, précisant que si l’état de la société est d’une certaine façon tributaire de l’état de la personne, il y a deux catégories qui ont une prépondérance dans l’état social : ce sont, comme nous renseigne le prophète, les oulémas et les gouvernants“.

    D’où la nécessité, selon lui, d’opérer un “croisement entre le cœur de l’individu et le cœur de la société“, représenté par les leaders religieux et politiques.  L’état de ces deux composantes reste alors déterminant dans la sérénité, l’équilibre et la paix de la société.

    C’est cette vive conscience qui animait El Hadji Abdoul Aziz Sy Dabakh et qui le consumait à chaque fois que ces deux éléments constituant le cœur social, souffraient d’une quelconque affection. Aussi, se présentait-il comme l’aiguille de la balance entre les plateaux, pour veiller au parfait équilibre. Pour que ni l’un ni l’autre des plateaux ne penche par violation des normes et valeurs qui régissent la vie des hommes et des femmes en société.

    MKB/ADI/BK/MTN/AKS

     

     

     

  • Kossi Baye, berceau de la Faydatou Tidjania

    Kossi Baye, berceau de la Faydatou Tidjania

    +++Par Assane Dème de l’APS+++

    Kossi (Kaolack), 27 sept (APS) – Kossi Baye Niass, rien que ce nom dit beaucoup de l’importance de ce village, point de départ à la mission  spirituelle de Cheikh Al Islam, dont la quête de Dieu est liée dans une grande mesure à cette localité de Ndiaffate, une commune de la région de Kaolack (centre) considérée comme l’une des étapes déterminantes dans la Faydatou Tidjania, profusion gnostique dont Cheikh Ibrahima Niass dit Baye (1900-1927) se déclare être le détenteur.

    Situé non loin de la transgambienne, ce village doit beaucoup à El Hadji Abdoulaye Niass El Kabir, père de Baye Niass, venu à Kossi en 1911, alors que ce village n’était qu’un hameau.

    La particularité de Kossi Bitéyène – son ancien nom – réside dans le fait que les premiers habitants de ce village sont originaires du Djolof, dans le nord-ouest du Sénégal, précisément de Mbeuleukhé (Louga).

    Ils avaient répondu à l’appel au “Jihad’’ de l’Almamy du Rip Maba Diakhou Bâ. Ils étaient venus prêter main forte à sa guerre sainte et étaient aussi à la recherche de terres fertiles. « Ils étaient des musulmans, qui croient en Dieu, au Coran et à la culture des terres », souligne Cheikh Bitèye, notable de Kossi Baye Niass.

    “Ici, en bas âge, les enfants, puisque tout le monde est de confession musulmane, vont à l’école coranique avant d’entrer à l’école française’’, dit cet enseignant à la retraite, qui a terminé sa carrière professionnelle dans son village natal en 2017, après avoir été dans plusieurs localités du pays.

    L’importance spirituelle de Kossi est liée à la venue dans ce village de El Hadji Abdoulaye Niass, père de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass, fondateur de Médina Baye, cité religieuse de la commune de Kaolack.

    El Hadj Abdoulaye Niass était arrivé dans cette zone vers les années 1911. De nombreuses familles de son Djolof natal y étaient déjà établies.

    Baye Niass protégeait les champs de Kossi des prédateurs

    Il s’installa d’abord à Taïba-Niassène, lieu de naissance de Cheikh Ibrahima Niass en 1900, à l’aube du 20ème siècle. Taïba Niassène se trouve dans le département de Nioro du Rip, non loin de Kossi. Le vénéré père de Baye Niass finira par s’établir des années plus tard à Léona Niassène, actuellement dans la commune de Kaolack.

    Mais, constatant qu’il ne peut vivre sans cultiver la terre, enseigner le Coran et apprendre aux disciples les enseignements islamiques, il prit la décision de s’installer à Kossi, où vivaient déjà certains de ses parents du Djolof.

    Le père de Cheikh Al Islam s’y consacra définitivement à l’éducation de ses disciples, à l’enseignement du Coran et aux travaux champêtres. Il se dit que sa présence protégeait les champs de Kossi contre les prédateurs.

    Il passait la saison sèche à Kaolack et revenait s’installer à Kossi pendant l’hivernage pour s’adonner à l’agriculture, jusqu’à sa disparition en 1922, selon l’imam ratib de Kossi, Mouhamadou Habib Bitèye.

    “C’est à Kossi que Baye Niass a mémorisé le Coran auprès de son père qui a formé de nombreux érudits en islam. En 1922, avec sa disparition, Baye Niass poursuivra son œuvre, sur les recommandations de son grand-frère, Mohamed Khalifa Niass. Il tient l’école coranique que leur avait léguée leur père, avant de devenir le maitre suprême de Kossi où il fit la révélation de la Faydatou Tidjania’’, indique l’imam, insistant sur l’amour que Baye Niass avait pour Kossi.

    Même quand il a déménagé à Kaolack, le fondateur de Médina Baye venait régulièrement à Kossi et ne retournait qu’après la dernière prière du soir.

    Aussi était-il tout autant engagé, à la suite de son père, pour le développement de la contrée, s’occupant inlassablement des champs de son vénéré père et guide religieux. Ce qui lui donnait l’occasion de réviser, à haute voix, ses cours de Coran et d’enseignement des sciences religieuses, en profitant ainsi de la solitude.

    Le Gamouwaate, qui marque la célébration du huitième jour de la naissance du prophète Mohamed (PSL), a été commémoré en 1929 pour la première fois à Kossi Baye Niass, à l’initiative de la Faydatou Tidjania, dont le grand-frère, Mohamed Khalifa Niass, lui avait ordonné de venir s’installer dans ce village, cultiver les terres et enseigner le Coran et la science islamique aux disciples.

    La dimension religieuse de Kossi “ignorée’’

    En 1929, au Gamou de Médina Baye, Cheikh Al Islam Ibrahima Niass avait lancé l’assistance : “Que qui veut connaitre son Créateur vienne me rejoindre à Kossi’’. “Un monde fou’’ est venu s’établir dans le village devenu son fief, suite à son appel. La Faydatou Tidjania était ainsi née.

    En 1929, au cours du “Gamouwaate’’ de cette année-là, à savoir la célébration du baptême du prophète (PSL) de 1929, alors que Baye Niass commémorait cet évènement « dans sa propre chambre où il n’y avait pas plus d’une dizaine de personnes », il leur avait dit : “Nous sommes ici en petit nombre, mais un jour, notre mouvement va s’éparpiller partout à travers le monde. Ce qui est aujourd’hui une réalité’’, commente Cheikh Bitèye.

    A la disparition d’El Hadji Abdoulaye Niass, Baye Niass, suivant les pas de son vénéré père, s’inscrivit dans une dynamique d’augmenter encore plus les “daaras’’, formant pour cela plusieurs “Moukhadam’’.

    “Il y a des gens qui ignorent la dimension religieuse de Kossi, c’est pourquoi jusqu’à présent, il est resté dans cette situation. Normalement, de par son importance, le village devrait pouvoir disposer de plusieurs infrastructures routières, en plus du bitumage de l’axe qui va de la route nationale à Kossi’’, indique Cheikh Bitèye.

    A l’en croire, pendant les évènements religieux qui sont organisés à Médina Baye, Léona ou Taïba Niassène, les disciples de Baye Niass venant du Nigéria, du Gabon, du Tchad, du Niger, du Mali, des Etats-Unis et d’autres pays du monde viennent s’abreuver aux sources de Kossi, sur les traces de Cheikh Al Islam, El Hadji Ibrahima Niass.

    “Malheureusement, il arrive régulièrement que leurs véhicules s’embourbent sur les axes qui mènent au village’’, a-t-il poursuivi, estimant que Kossi doit pouvoir bénéficier du programme de modernisation des cités religieuses mis en place par les pouvoirs publics.

    Même pour la mosquée du village, insiste-t-il, ce sont les populations locales et quelques disciples de Baye Niass qui ont mis la main à la pâte pour sa construction puisqu’elle était vétuste. “Cela s’est fait conformément aux recommandations du défunt Khalife de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass, qui voulait que cet édifice soit enlevé pour ériger un autre plus moderne’’.

    Or, cette mosquée devait selon lui être entièrement construite par l’Etat du Sénégal, d’autant plus qu’il s’agit d’un « patrimoine religieux historique », pour avoir été érigé par Baye Niass lui-même.

    ADE/BK/MTN/AKS

  • SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Gaé, source du rayonnement spirituel de Seydi Malick Sy

    SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Gaé, source du rayonnement spirituel de Seydi Malick Sy

    +++Par Alhousseynou Diagne+++

    Gaé (Dagana), 27 sept (APS) -Un tour au cimetière où reposent Alpha Mayoro Wellé et Fa Wade Wellé, oncle maternel et mère d’El Hadj Malick Sy (1855-1922), est “un passage obligé’’ pour le fidèle qui débarque à Gaé en quête des origines de Maodo. Le saint homme a vu le jour dans ce village du département de Dagana (nord), dans le Walo.

    Le rond-point Tivaouane est le lieu de rendez-vous des visiteurs des mausolées de ces illustres disparus.

    La dénomination de ce carrefour est un clin d’œil évident à El Hadj Malick Sy, grand patron de la cité religieuse de Tivaouane, située dans la région de Thiès (ouest) et considérée comme la capitale de la tidjaniya au Sénégal.

    À une dizaine de mètres de l’entrée de ce cimetière se trouve un mausolée en deux compartiments. La partie gauche est réservée à Alpha Mayoro Wellé, oncle d’El Hadj Malick Sy.

    “C’est l’aîné de Fa Wade Wellé. Il a vécu 63 ans. Un homme qui était crédité d’une vaste connaissance doublée d’une générosité exemplaire’’, explique Ousseynou Fall, l’un de ses petits-fils, gardien des lieux depuis trente ans.

    Les études et les sciences islamiques “le fascinaient, mais c’était quelqu’un qui vivait à la sueur de son front. Il travaillait dur dans les champs pour se nourrir et entretenir les siens et ses talibés (disciples)’’, dit-il.

    Fa Wade Wellé, mère d’El Hadj Malick Sy, repose dans la partie située à droite du mausolée.  “Elle a été inhumée ici en 1892, dans sa 100e année’’, explique Ousseynou Fall, avant revenir sur ses nombreuses qualités.

    “Elle a très tôt mémorisé le Coran, qu’elle enseignait en s’occupant personnellement du linge de ses talibés, avec lesquels elle avait des relations quasi familiales’’, dit-il, ajoutant que tout cela a été rapporté par plusieurs générations.

    “C’était une grande travailleuse. Elle cultivait elle-même ses champs. Ses récoltes étaient divisées en trois parts. Une pour ses talibés, une autre pour les oiseaux, et le restant destiné à la nourriture de la famille’’, a poursuivi M. Fall.

    En tant que conservateur, il ne manque pas d’anecdotes sur la mère d’El Hadj Malick Sy, comme l’histoire tant contée de la pierre mystérieuse.

    “Fa Wade Wellé séjournait à Ngambou Thillé (dans la commune de Bokhol) pendant l’hivernage, pour cultiver son champ. Pour faire ses ablutions, elle s’asseyait sur cette pierre, jusqu’en 1892, année de son décès’’, dit Ousseynou Fall.

    L’hivernage suivant, se produisit un miracle, “la pierre a été retrouvée ici, dans cet endroit’’, à Gaé, rapporte le petit-fils, qui dit tenir cette information de plusieurs générations.

    Gaé est une commune de la rive gauche du fleuve Sénégal, qui dépend administrativement de Dagana, chef-lieu de département du même nom, dont elle est distante de 7 kilomètres.

    On peut y accéder par Bokhol, à partir de la route nationale, d’où le voyageur peut emprunter une “bretelle’’ de 5 kilomètres pour aller à Gaé, un village de pêcheurs, d’agriculteurs et d’éleveurs.

    “C’est dans ce village qu’El Hadj Malick Sy a vu le jour, dans la même concession que sa mère Fa Wade Wellé, ainsi que son oncle Alpha Mayoro Wellé’’, renseigne le petit-fils et homonyme de ce dernier, conservateur de “Kër Gu Mag’’, appellation donnée à cette maison devenue un “patrimoine historique’’.

    Il n’a pas connu son père, qui est décédé peu de temps avant sa naissance, “probablement en 1842’’, enseigne le conservateur de “Kër Gu Mag’’, désigné par Tivaouane pour “accueillir, orienter et parler’’ à ceux qui viennent à Gaé pour des raisons diverses, des disciples organisés en “dahira’’ (les associations de fidèles appartenant à une même confrérie musulmane), des chercheurs, des étudiants.

    “Cette maison fut un véritable environnement propice à son émergence spirituelle’’, car, rappelle M. Fall, c’est Serigne Alpha Mayoro Wellé, frère aîné de Fa Wade Wellé, qui fut le maître de son neveu jusqu’à à la mémorisation du Coran. Il l’initia ensuite à d’autres connaissances islamiques.

    Mais “le jeune Malick’’, avide de savoir, va ensuite fréquenter d’autres foyers islamiques, à Dakar, Tivaouane, Diacksao, Ndiarndé, Ndombo Sandjiri – où il a écrit “Wasîlatul Munâ’’ (Tayssir), et Saint-Louis, ville de naissance de son fils Serigne Babacar, premier khalife général des tidjanes du Sénégal.

    Ousseynou Fall parle tout aussi volontairement des connections de Gaé avec El Hadj Oumar Tall, sachant que l’histoire des relations entre ce dernier et El Hadj Malick Sy est au cœur de l’évolution de la tidjaniya au Sénégal.

     

    Selon le conservateur, El Hadj Oumar Tall a séjourné au moins deux fois à Gaé, la dernière fois après son retour de La Mecque.

    “El Hadj Oumar Tall a passé ici entre quatre et six mois, car il aimait parler de savoir, et Alpha Mayoro faisait partie de la deuxième promotion de l’université de Pire’’, note-t-il.

    L’appel d’El Hadj Oumar Tall demandant des contributions et des volontaires pour sa guerre sainte (djihad) avait reçu, selon Ousseynou Fall, un écho favorable à Gayé, où l’on était allé jusqu’à dépêcher une mission pour remettre la « contribution » du village.

    La délégation conduite par Yokh Moussé Guèye comprenait Babacar Lô, Malamine Sarr, Samba Yaly et Alpha Mayoro Wellé, le plus jeune, dont l’âge était compris entre 25 et 30 ans.

    À l’audience, le chef de délégation avait remis à El Hadj Oumar Tall tout ce que Gaé avait collecté comme contribution. Mais à la « grande surprise » de ses membres, le marabout leur demanda : “Où est le pagne traditionnel qu’a donné ma sœur Fa Wade Wellé ?’’

    Yokh Moussé Guèye a alors répondu que le pagne avait été offert au chambellan pour qu’il puisse “faciliter l’audience’’ avec Cheikh Oumar Tall.

    Le pagne sera finalement restitué à son véritable destinataire, qui avait formulé des prières, avant d’“annoncer l’aura et le rayonnement international d’un enfant qui va naître à Gaé pour poursuivre sa mission’’, à savoir El Hadj Malick Sy.

    AHD/BK/MTN/AKS

     

     

  • SENEGAL-RELIGION-REPORTAGE / El Hadj Oumar Tall, une épopée spirituelle partie de Halwar

    SENEGAL-RELIGION-REPORTAGE / El Hadj Oumar Tall, une épopée spirituelle partie de Halwar

    +++Par Alhousseynou Diagne+++

    Halwar (Podor), 27 sept (APS) – Des tas de cendre, et tout autour, des fagots de bois. Signe de la présence d’un foyer coranique. C’est le premier détail qui attire l’attention dans la cour de la plupart des maisons à Halwar, village de naissance de Cheikh Oumar Foutiyou Tall (1797-1864), dans le département de Podor (nord).

    “C’est un passage obligé pour tout enfant né à Halwar. Tout le monde fréquente tôt l’école coranique, les garçons comme les filles’’, témoigne Thierno Oumar Tall, président du dahira “La Mémoire Oumarienne’’, une association engagée dans la préservation de l’héritage de Cheikh Oumar Tall ou Cheikh Oumar Foutiyou Tall.

    Dans certaines familles, dit-il, les enfants fréquentent parallèlement l’école française et poursuivent souvent même leurs études jusqu’à l’université.

    “Le sentiment le mieux partagé à Halwar est d’appartenir au village de Cheikh Oumar Foutiyou’’, souligne le président de “La Mémoire oumarienne’’, selon qui “dès le bas âge, un ensemble de valeurs est enseigné à l’enfant’’, qui est quasiment soumis à l’obligation de se doter de connaissances islamiques, notamment.

    Halwar privilégie le savoir sur toute autre chose. Comme si le village de naissance de ce chef de guerre et grand érudit de l’islam, se devait de toujours mériter de son illustre fils.

    Propagateur de la Tidjania

    La quête de connaissances semble être la raison d’exister de cette cité religieuse multiséculaire, lovée entre le marigot le Doué au sud et le fleuve Sénégal au nord, à environ cinq kilomètres du carrefour de la route menant à Démette, à la frontière avec la Mauritanie. 

    L’on y accède par une route bitumée qui part de la commune de Ndioum, de laquelle Halwar est séparé par un bras de fleuve appelé Gayo, lequel est enjambé par un pont à l’entrée du village de naissance de celui qui est considéré comme un acteur déterminant de la propagation de la Tidjania au Niger, au Mali, en Mauritanie et au Sénégal.

    Halwar se singularise par son calme remarquable, ne vibrant qu’au rythme des activités religieuses et des travaux champêtres.

    Comme l’avait fait El Hadj Oumar Tall, à un certain âge, les jeunes habitants du village, de sexe masculin, sont encouragés à quitter le village vers d’autres horizons pour poursuivre des études coraniques, parfaire leur formation religieuse de manière générale.

    Et pour galvaniser les jeunes “talibés’’, les motiver à aller chercher le savoir jusqu’en Chine, il est de coutume de leur raconter l’histoire du “combattant et résistant’’, en insistant sur les nombreuses anecdotes sur la vie du marabout, aussi extraordinaires et miraculeuses les unes que les autres.

    Les parents font par exemple visiter à leurs enfants les sites très caractéristiques de la vie et de l’œuvre du “combattant de la foi’’, “des lieux classés patrimoine culturel mondial et qui résistent encore au temps’’, même s’ils ont subi quelques “retouches mineures’’, rappelle avec fierté Thierno Oumar Tall.

    Faiseur de miracles

    Il y a toujours, par exemple, cette chambre debout au milieu d’un bâtiment en banco. C’était celle de Sokhna Adama Aissé Thiam, la mère de Cheikh Oumar Tall, qu’elle a mis au monde un mercredi coïncidant avec le 29e jour du mois “Chabaan’’, précédant le début du jeûne musulman, rapporte l’imam de la mosquée de Halwar, Thierno Mahmout Tall.

    “Le lendemain, c’est-à-dire le jeudi, le jeûne avait démarré dans la confusion. Une partie de la population avait observé le jeûne. Tandis que l’autre disant n’avoir pas aperçu le croissant lunaire attendait le vendredi pour entrer dans le mois de ramadan’’, ajoute-t-il.

    Mais un fait “ssez étonnant a attiré l’attention des parents du nouveau-né qui, toute la journée du jeudi, de l’aube au coucher du soleil, n’a pas tété le sein de sa mère’’. 

     Sokhna Adama Aissé Thiam et Thierno Saidou Atoumane Tall, les parents du jeune Cheikh Oumar Tall, inquiets pour leur fils, ont été surpris de voir l’enfant chercher le sein dès le coucher du soleil qui marque la rupture du jeûne, révèle l’imam Tall.

    Il évoque un autre fait qui s’est produit le jour de la naissance de Cheikh Oumar Tall et pouvant être considéré comme tout autant miraculeux : “Le marigot Ndiadialol où les populations s’approvisionnaient en eau et qui avait un goût salé, perdit depuis ce jour sa salinité’’.

     Une maîtrise précoce du Coran et des sciences islamiques

     Très tôt, son oncle Nguira Hamat Tall, l’initia à la lecture du Coran à Halwar, selon le patriarche. “Il sera son maître jusqu’à ce qu’il récite avec une grande maitrise tout le livre. C’est par la suite qu’il sera confié à son frère aîné Alpha Amadou Tall auprès de qui, il apprit d’autres spécialités dont le droit ou charia pour recevoir sa certification (lidiassa)’’.

     El Hadj Oumar Tall a ensuite poursuivi sa formation dans d’autres localités dont Ndormboss, dans l’actuelle commune de Dodel, et Séno Palel, dans la région de Matam.

     “Son enfance et sa jeunesse se sont passées naturellement comme pour la plupart de ses classes d’âge avec qui il vivait’’, indique l’imam Tall. 

     Après une longue période d’absence, il revient dans son village natal avec une forte envie d’effectuer le pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam.

    C’est durant cette période, qu’il se rend à Loboudou Doué, où il rencontre le marabout guinéen Abdoul Karim Diallo, qui l’initie à la Tijania et avec lequel, raconte Thierno Oumar Tall, il était prévu qu’ils se retrouvent, quelques années plus tard, en Guinée, sur le chemin du pèlerinage qu’il effectue à l’âge de 23 ans. Sauf que ce dernier décédera avant même la venue de Cheikh Oumar Tall.

     Ce grand érudit devenu chef de guerre et résistant à la colonisation, est le fondateur d’un nouvel empire musulman implanté dans la vallée du Niger, à partir de conquêtes territoriales nées de la guerre sainte (Jihad) qu’il déclencha à partir de 1852.

    Selon certaines sources historiques, l’empire toucouleur de El Hadj Oumar s’étendait en 1863 sur 300 000 km² et s’appuyait sur une administration redoutable dont le fonctionnement est encore aujourd’hui donné en exemple, ce qui a contribué à asseoir la réputation d’homme d’Etat du marabout.

     A Halwar, le premier Gamou célébré après la disparition d’El Hadj Oumar

     Du temps d’El Hadj Oumar Tall, les musulmans sénégalais en général et du Fouta en particulier ne célébraient pas le Gamou, a renseigné l’imam ratib de Halwar, Thierno Mahmout Tall, précisant que c’est avec l’avènement d’El Hadj Malick Sy que le Gamou a été institué.

     “Toutefois, la ziar d’Elhadj Oumar, commémoration de sa naissance et qui a lieu le dernier mercredi du mois de Chabane draine énormément de monde. C’est l’actuel khalife de la famille oumarienne, Thierno Bassirou Tall, qui en a relevé le niveau d’organisation. C’est ce qui fait que la localité est devenue trop petite pour recevoir les pèlerins’’, confie l’imam Thierno Oumar Tall.

     Dans le cadre du programme de réhabilitation des villes religieuses, Halwar a donc bénéficié d’une résidence dite “Gallé Cheikh Oumar’’.

     Cette infrastructure vient s’ajouter à plusieurs sites historiques dont la maison natale d’El Hadj Oumar, la chambre consacrée à ses retraites et où il a séjourné 41 jours avant de quitter Halwar pour la dernière fois, pour aller faire le Jihad (guerre sainte), ou encore la mosquée ainsi que le mausolée de Thierno Saidou Atoumane Tall (son père) et de Sokhna Adama Aissé Thiam (sa mère) qui attirent les visiteurs.

     Depuis la ziar de 2023, un disciple sénégalais du nom de Mamadou Sall, a entamé la construction d’un ensemble d’infrastructures composées d’une esplanade pour accueillir la cérémonie officielle de l’événement et des villas pour recevoir des hôtes de marque du khalife. Aujourd’hui, les travaux avancent à grands pas.

     Plus de 158 ans plus tard, l’épopée de ce personnage historique et héros légendaire continue d’être racontée aux nouvelles générations et chantée, notamment dans Tara, célébrissime geste en son honneur.

    AHD/BK/MTN/AKS

     

  • SENEGAL-AFRIQUE-POLITIQUE-RELIGIONS  / Coup d’État au Niger : Macky Sall dit avoir tenté d’envoyer le khalife de Médina Baye à Niamey

    SENEGAL-AFRIQUE-POLITIQUE-RELIGIONS / Coup d’État au Niger : Macky Sall dit avoir tenté d’envoyer le khalife de Médina Baye à Niamey

    Médina Baye, 26 sept (APS) – Le président sénégalais, Macky Sall, a déclaré, mardi, à Kaolack (centre), avoir tenté d’envoyer au Niger le khalife général de Médina Baye, Cheikh Mahi Ibrahima Niass, pour une mission de bons offices dans ce pays, à la suite du coup d’État survenu fin juillet dernier.

    ‘’Cheikh Mahi Ibrahima Niass est un apôtre de la paix. Son discours dépasse le Sénégal. Au fort de la crise politique au Niger, je l’ai appelé au téléphone pour une mission de médiation à Niamey, mais les circonstances n’étaient pas faciles’’, a-t-il révélé.

    Le chef de l’État s’exprimait lors d’une visite effectuée chez Cheikh Mahi Ibrahima Niass, en compagnie du président du Conseil économique, social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo, et des ministres Antoine Diome (Intérieur), Mansour Faye (Infrastructures), Mariama Sarr (Fonction publique) et Serigne Mbaye Thiam (Eau et Assainissement).

    ‘’J’étais prêt à vous confier une mission de médiation au Niger. Nous avions discuté de cela, mais les circonstances ne vous permettaient pas de vous rendre dans ce pays’’, a poursuivi Macky Sall.

    Il déplore le putsch survenu au Niger et estime que son homologue nigérien, Mohamed Bazoum, écarté du pouvoir par l’armée, est ‘’traité en prisonnier’’ par les putschistes.

    Macky Sall a salué ‘’la dimension intellectuelle et l’ouverture d’esprit’’ de Cheikh Mahi Ibrahima Niass.

    Selon lui, le guide religieux de Médina Baye est une ‘’figure emblématique du savoir’’.

    ‘’Vous faites beaucoup d’efforts aussi pour la stabilité du pays et la paix’’

    ‘’Je vous écoute avec beaucoup de plaisir. Votre discours est plein de pédagogie et de sagesse. J’apprends toujours en vous écoutant. Votre […] intelligence et vos analyses sont une fierté’’ pour le pays, a souligné Macky Sall.

    Il a salué la dimension internationale de la cité de Médina Baye, qui entretient des relations de longue date avec des communautés musulmanes du Niger et de nombreux autres pays.

    ‘’Cela prouve la dimension internationale de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass (1900-1975). Il fut un homme de savoirs. C’est pourquoi j’ai baptisé l’université du Sine-Saloum à son nom’’, a dit Macky Sall.

    Le président de la République a évoqué sa propre enfance à Kaolack. ‘’Je connais bien Médina Baye depuis quarante-trois ans. Quand j’étais au lycée Gaston-Berger (l’actuel lycée Valdiodio-Ndiaye), je venais prier ici les vendredis. Je fréquentais plusieurs fils de Baye Niass’’, s’est-il souvenu.

    Cheikh Mahi Ibrahima Niass a salué le parcours de Macky Sall, qui ‘’ne cesse de mettre en valeur les foyers religieux du pays’’.

    ‘’Les familles religieuses ont tiré profit de votre politique’’, a dit le khalife général de Médina Baye en faisant allusion au programme de modernisation des cités religieuses mis en œuvre par l’État sous l’impulsion du président de la République.

    ‘’Vous faites beaucoup d’efforts aussi pour la stabilité du pays et la paix, sans lesquelles aucun projet de développement ne peut prospérer’’, a dit le porte-parole du khalife, Cheikh Mahi Aliou Cissé.

    MTN/ADE/ESF

  • SENEGAL-RELIGIONS-TOURISME / Kaolack : les hôtels peuplés de visiteurs, l’hôtellerie locale mise sur le tourisme religieux

    SENEGAL-RELIGIONS-TOURISME / Kaolack : les hôtels peuplés de visiteurs, l’hôtellerie locale mise sur le tourisme religieux

    Kaolack, 26 sept (APS) – À quelques heures du Mawlid, la célébration de la naissance du prophète Mohamed, des milliers de fidèles affluent vers la cité religieuse de Médina Baye, dans la ville de Kaolack (centre), où les hôtels ont déjà fait le plein de visiteurs.

    Les 150 lits d’hôtel recensés dans la ville ont tous été réservés. Les responsables des hôtels de Kaolack, sans doute grisés par ces nombreuses réservations, plaident pour la promotion du tourisme religieux.

    Les principales rues de la ville, celles de Médina Baye notamment, sont prises d’assaut par les pèlerins. Des bouchons se forment par endroits, malgré le plan de circulation déroulé par la police.

    Si les pèlerins venant du Sénégal sont hébergés dans les maisons des Kaolackois, de nombreux étrangers se ruent vers les hôtels, dans l’espoir de trouver un lieu d’hébergement.

    Les hôteliers en train de se relever peu à peu des effets de la pandémie de Covid-19 se frottent les mains. Le Mawlid international de Médina Baye engendre de bonnes recettes.

    ‘’Il y a un impact très positif depuis quelques jours, en cette période du Mawlid. Il y a une forte affluence des étrangers. À notre niveau, on affiche plein, et ce sera ainsi durant une semaine’’, s’est réjoui Alioune Fall, directeur d’un célèbre hôtel kaolackois.

    Certains pèlerins restent à Kaolack jusqu’au ‘’gamouwaat’’, le deuxième Mawlid qui se tient dans la ville, une semaine après la célébration de la naissance du prophète Mohamed.

    ‘’Il y a un impact positif […] Tous les sites d’hébergement sont au complet. L’impact se ressent sur l’économie de la ville de Kaolack, avec des activités génératrices de revenus’’, a ajouté M. Fall.

    Le téléphone collé à l’oreille, très occupé, il dit déplorer la faible capacité d’accueil des hôtels de Kaolack. ‘’Dans tout le territoire communal, il y a environ 150 lits d’hôtel seulement. C’est insuffisant pour une ville de plus de 233.000 habitants’’, a déploré Alioune Fall.

    La faible capacité d’accueil des hôtels pousse les acteurs de l’hôtellerie à réfléchir au renouvellement de l’offre touristique locale, selon M. Fall.

    ‘’Aujourd’hui, a-t-il analysé, le tourisme a fondamentalement changé de visage, parce que les gens voyagent maintenant par affinité. L’avenir du tourisme se fera par thématique, avec des microgroupes qui vont se déplacer, pas par des bus de 30 places et d’autres moyens. Il est bon pour le Sénégal de travailler à d’autres offres touristiques.’’

    Alioune Fall recommande de miser sur le tourisme religieux, dont le potentiel est important dans cette ville du centre du pays. ‘’Le tourisme religieux est une solution [à la faible capacité d’accueil des hôtels]. L’investissement dans les domaines du tourisme et de l’hôtellerie doit prendre en compte la durée de la période d’affluence et le Mawlid international de Médina Baye’’, a-t-il suggéré.

    Le Mawlid sera célébré dans la cité religieuse de Médina Baye, ce mercredi. La célébration de la naissance du prophète Mohamed se tiendra sous l’égide de la Jamhiyatu Ansaru-Diin, une structure qui revendique plus de 500 millions de disciples de Baye Niass (1900-1975) dans le monde.

    Pendant une dizaine de jours, des milliers de disciples venant de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe, des Amériques et d’Asie convergent vers Médina Baye pour participer au Mawlid.

    Des délégations officielles participent à l’évènement, qui sera aussi marqué par la journée Al-Quds dédiée à la cause palestinienne.

    La nuit du Mawlid sera rythmée par des zikr, c’est-à-dire des chants religieux dédiés au prophète Mohamed. Elle sera animée par Mouhamadoul Amine Ibrahima, dit Baba Lamine Niass.

    ADE/MTN/AB/ASG/ESF