Auteur/autrice : Ousmane Ibrahima Dia

  • SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / A Saint-Louis, ‘’Gouye Seeddële’’, le passage obligé des circoncis

    SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / A Saint-Louis, ‘’Gouye Seeddële’’, le passage obligé des circoncis

    Par Ahmad Mouslim Diba

    Saint-Louis, 3 oct (APS) – A Saint-Louis, ‘’Gouye Seeddële’’ est le nom d’un mythique baobab qui a marqué des générations de la vielle ville, où tous les circoncis se pressaient pour un rituel qui a traversé les âges.

    Cet arbre se dressait ‘’majestueusement’’ entre la voie ferrée et la route nationale, à quelque quatre kilomètres du centre-ville de Saint-Louis.

    La tradition rapporte que les initiés devaient enfoncer un clou et planter un couteau sur l’arbre, un geste considéré comme un acte de bravoure. Aujourd’hui à sa place trône un arbre planté par les membres de l’association éponyme soucieuse de préserver ce patrimoine culturel de Ndar nom wolof de Saint-Louis.

    Comme le génie tutélaire du fleuve ‘’Mame Coumba Bang’’ ou ‘’Reukeul mba ma reuk’’ qui était selon la légende populaire un ‘’djinn’’ (génie) qui apparaissait la nuit pour faire la fête aux noctambules dans les rues, ‘’Gouye Seeddële’’ fait partie des mythes de Saint-Louis.

    Thiamba Seck, un observateur de la vielle ville renseigne que  »ce baobab sacré se situait à l’entrée de la ville de Saint-Louis en venant de Dakar et il est connu par tous les Saint-louisiens toutes générations confondues qui ont eu à subir la circoncision ».

    Parlant de cet arbre mythique dans son essai  »L’imaginaire saint-louisiens, ‘’Doomou Ndar’’ à l’épreuve du temps », le philosophe Alpha Amadou Sy fait référence à ce baobab.  »Cet arbre imposant a été pendant plusieurs décennies, le point de convergence de milliers de circoncis avec tout ce que cela charriait comme émotion et stress », lit-on dans cet ouvrage.

     »Avant il était éloigné de la ville », souligne M. Seck dont les propos ont été renforcés par le doyen Doudou Baye Guèye qui dans un documentaire de la TFM affirme que fort des confidences de l’historien Pr Bouba Diop,  »Gouye Seeddële’’ se situait aux limites de la ville de Saint-Louis ».

    Le doyen Guèye indique qu’il  »était le lieu de séparation de Cheikh Ahmadou Bamba et de son ami Diakha Cissé qui le raccompagnait » lors du séjour du guide des mourides à Saint-Louis.

    Il symbolisait un lieu lointain et on disait que la personne venait de ‘’Gouye Seeddële ». Selon Thiamba Seck,  »quand les gens s’y rendaient, c’est comme s’ils effectuaient un voyage et ils s’armaient de provisions ».

    Arrivés sur les lieux, ils enfonçaient un clou sur l’arbre et y écrivaient leur nom ou un signe. Ils déposaient aussi une paire de chaussures ou un autre objet au pied de l’arbre, rappelle-t-il. Pour expliquer ce geste, il cite l’adage wolof ‘’ragal dou diam gouye », selon lequel ‘’une personne couarde ne peut pas planter un couteau sur un baobab ».

    Se souvenant de ce rituel auquel bon nombre de saint-louisiens ont sacrifié, l’ancien député libéral note que  »lorsqu’ils allaient vers ce baobab en cours de route quand ils urinaient ils pointaient leur couteau sur le sol pour se protéger de l’esprit maléfique tout en sollicitant une rapide guérison ».

    Il signale que  »tous ceux qui ont sacrifié à ce rituel ont bravé la peur et la douleur ».

    Différentes sources sur le déracinement du baobab

     »Malheureusement ce baobab s’est affaissé durant l’hivernage de 1986 quand la route Dakar-Saint-Louis devait être réalisée, ses racines ayant été affectées par les engins qui débroussailler la voie », renseigne Thiamba Seck. Mais d’autres sources évoquent les conséquences de la furie d’un violent vent pour évoquer le déracinement de ce baobab mythique

     »Déraciné par un violent orage en 1986, le reste de l’arbre a été laissé à la merci des bûcherons et des badauds. Or, on aurait pu en récupérer le résidu et le conserver au Centre de recherche et de documentation du Sénégal (CRDS), en prenant le soin de consigner sur papier et sur film son histoire », se désole Alpha Amadou Sy.

     »En plus des Saint-louisiens qui pourraient y retrouver un pan de leur enfance, ces archives auraient une portée indéniable pour s’adonner à une sorte de sociologie de la circoncision dans cette ville du Nord », estime le philosophe dans son essai publié aux éditions Harmattan en France.

    Il pense qu »’à travers les générations qui se sont adonnées à ce rituel autour de  »Gouye Seeddële », une différenciation progressive se lisait au niveau de l’âge où les enfants subissaient cette douloureuse épreuve’’.

     »On sait que les générations les plus anciennes n’entraient dans la +case des hommes+ que vers 20 ans. De ce fait, les circoncis n’y sortaient que pour faire le deuil de leur adolescence en se mariant quelques temps après’’, ajoute-t-il.

    Pour ressusciter le baobab, une association d’intellectuels saint-louisiens d’ici et d’ailleurs dirigée par le neveu de Me Lamine Guèye, le premier président de l’Assemblée nationale du Sénégal indépendant, mène quelques activités socio-économiques et culturelles.

    Mais ‘’Gouye Seeddële’’, selon plusieurs témoignages, a beaucoup perdu de son histoire et de son prestige et la jeune génération ignore ce point de l’histoire de la vieille ville pourtant si attachée à sa tradition.

    AMD/ASB/OID

  • AFRIQUE-EDUCATION-ACCES-GENRE / Kix symposium : les perspectives de la recherche appliquée en éducation et centrée sur le genre au menu d’un panel à Abidjan

    AFRIQUE-EDUCATION-ACCES-GENRE / Kix symposium : les perspectives de la recherche appliquée en éducation et centrée sur le genre au menu d’un panel à Abidjan

    Dakar, 2 oct (APS) – Le programme ‘’Gender at the center initiative’’ de l’institut de planification de l’éducation (IIPE UNESCO Dakar) organise, à Abidjan, un panel autour du thème « Favoriser le changement grâce à des preuves solides : perspectives de la recherche appliquée en éducation et centrée sur le genre en Afrique subsaharienne”, a appris l’APS.

    Ce panel, prévu du 03 au 05 octobre dans le cadre du Kix symposium,  »mettra en lumière le travail réalisé par le programme Gender at the center initiative (GCI) qui passe désormais du stade pilote à une approche stratégique’’, expliquent les organisateurs dans un document.

    La même source rappelle que l’’initiative Priorité à l’égalité, ‘’plus connue sous le nom de Gender at the Center initiative (GCI), a été lancée en 2019 durant le sommet du G7 en France’’.

    Elle est pilotée par l’initiative des nations unies pour les filles (UNGEI) et l’institut de planification de l’éducation (IIPE UNESCO Dakar) et vise, entre autres, à ‘’renforcer l’intégration d’une perspective de genre dans le développement des politiques éducatives de 8 pays d’Afrique : le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger, le Nigéria, la Sierra Leone et le Tchad’’.

    Selon le document, ‘’l’IIPE-UNESCO Dakar est chargé du pilotage technique de cette initiative qui œuvre à la promotion de l’égalité de genre dans les systèmes éducatifs en Afrique’’.

    Il ajoute que l’objectif est ‘’de renforcer les capacités des acteurs et actrices des systèmes éducatifs à développer des ressources en faveur de l’égalité de genre dans et par l’éducation’’.

    A Abidjan, le programme Gender at the center initiative (GCI) présentera ses dernières recherches sur l’éducation en Afrique, annonce-t-on.

    Il s’agit de l’étude sur les femmes en situation de leadership à l’école, selon le document, précisant que ce travail de recherche basé sur les données du PASEC2019 ‘’a mis en évidence une association positive et statistiquement significative entre le sexe du directeur de l’école et les performances des élèves en lecture et en mathématiques à la fin de l’école primaire dans quatre pays d’Afrique francophone : Bénin, Madagascar, Sénégal et Togo’’.

    L’étude indique ainsi de meilleurs résultats d’apprentissage dans les écoles dirigées par des femmes.

    Le texte signale que la deuxième étude du GCI ‘’se rapporte aux facteurs d’échec et d’abandon scolaire des filles’’.

    Le panel du GCI présentera ainsi ‘’l’intérêt d’élaborer des  outils de prévention précoce pour l’amélioration de l’éducation des filles en Afrique subsaharienne’’’.

    Le Symposium continental de KIX sur la recherche en éducation est organisé conjointement par le Pôle Afrique 21 et le Pôle Afrique 19 de KIX.

    Il a pour thème ‘’Renforcer la production et l’analyse de données pour des systèmes éducatifs résilients, inclusifs et plus performants en Afrique subsaharienne’’.

    Selon les organisateurs, ‘’le symposium vise à promouvoir l’apprentissage et le dialogue entre les chercheurs, les praticiens et les décideurs politiques sur l’utilisation des données pour améliorer les résultats de l’éducation et la qualité de l’enseignement’’.

    OID/ASB

  • SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Le fromager de Diembéring, un sanctuaire des fétiches et des esprits protecteurs

    SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Le fromager de Diembéring, un sanctuaire des fétiches et des esprits protecteurs

    Par Modou Fall

    Diembéring, 2 oct (APS) – Sanctuaire de fétiches et autres esprits protecteurs, le fromager de Diembering est aussi le témoin de l’histoire des communautés ethniques de la Basse-Casamance, où la religion traditionnelle garde encore toute sa splendeur.

    Situé dans l’arrondissement de Cabrousse, à quelque dix kilomètres au nord de la station balnéaire de Cap Skirring, ce village de pécheurs et d’agriculteurs se distingue par son fromager géant.

    Plus de 1. 000 âmes composées essentiellement de diolas autochtones et de populations venues du nord du Sénégal cohabitent ici en parfaite symbose, et cela, depuis de longues années.

    Le fromager géant surplombe un rond-point au niveau duquel les taxis clandestins en provenance du Cap-Skirring font demi-tour pour repartir sur Boucotte-Diembéring. Ce point nodal fait à la fois  office de gare routière et de marché. Légumes, fruits, entre autres marchandises, garnissent les étals des vendeurs, à côté de boutiques.

    Le fromager qui fascine par son gigantisme appartient à la famille des malvacées et trône majestueusement sur au ‘’moins 50 mètres de hauteur’’.

    ‘’C’est ici que tout se passe. La vie se résume à cette place ‘’, commente Ben Michel Diatta, un habitant de Diembéring trouvé juste à la grande place publique que surplombe le fromager.

    ‘’Cette place de Diembéring abrite tous les grands événements du village. Nous Diolas aimons la nature avec qui nous communions. Pour habiter, le Diola a besoin de placer son fétiche sur un arbre solide pour bien se protéger. Et comme le fromager est un arbre robuste et centenaire, il demeure le réceptacle des fétiches et autres génies protecteurs des hommes’’, explique le conservateur du musée de Diembéring, Ousmane Karfa Diatta.

    Un fromager qui inspire respect et soumission

    Le fromager de Diembéring, en dehors de son caractère sacré, est aujourd’hui un témoin de l’histoire du village et ‘’inspire respect et soumission’’.

    ‘’Ce fromager est un élément qui inspire respect et soumission. Il est rattaché à nous habitants de Diembéring par un certain nombre de faisceaux mystiques (esprits et fétiches)’’, explique le conservateur du musée de Diembéring.

    Selon lui, ‘’cet arbre millénaire reflète, symbolise et représente de manière géographique la commune de Diembéring’’.

    ‘’Cette place, tout autour de ce fromager, continue jusqu’à présent de conserver cet héritage culturel de démystification de malédictions’’, a ajouté Ousmane Karfa Diatta.

    Ainsi, ‘’la plupart des grandes cérémonies traditionnelles ont eu lieu ici’’, poursuit-il. ‘’Les femmes, quand elles sortent de leur bois sacré pour s’investir dans une mission de conjurer le mal ou d’exorciser quelqu’un, viennent autour du fromager faire des libations, des incantations, des chansons, des cris pour faire comprendre aux gens que l’affaire est déjà gérée », souligne l’ancien maire de Diembering, Tombo Guèye.

     »Il y a aussi l’identifiant de leur fétiche qui est une branche qui, après avoir été traitée dans leur bois sacré, est posée à côté du fromager en guise de témoin. Et c’est la preuve que la mission que les gens leur ont confiée du côté du bois sacré a été faite’’, a ajouté M. Guèye, conseiller spécial à la primature et géographe de formation spécialisé dans les questions de géomorphologie littorale.

    ‘’Le fromager est aujourd’hui le témoin de beaucoup de cérémonies traditionnelles. C’est ici que les femmes du bois sacré se réunissent pour faire le tour du fromager et se donner l’ordre de pouvoir entreprendre une activité ‘’, a confié le conservateur du musée de Diembéring.

    Ousmane Karfa Diatta indique que c’est devant cet arbre qu’a eu lieu l’arrestation d’un sage du nom de Kankoulabè, un notable du quartier Kénia  de Diembéring et de son frère Afayo, entre 1919 et 1920.

    ‘’Ces arrestations ont suscité des chansons et des incantations mystérieuses des femmes du bois sacré du nom de Ehongna, autour de ce géant fromager. Et c’est ainsi que des corbeaux ont fait apparition et  vidèrent les soldats français du lieu. Grâce à ces chansons, les détenus ont été protégés’’, raconte M. Diatta.

    Ce fromager, une destination privilégiée des touristes

    ‘’Les visiteurs aiment prendre des photos au pied du fromager. Cet arbre est devenu le point de ralliement de la plupart des touristes que nous recevons à l’entrée de Diémbéring. Il joue aujourd’hui un rôle touristique’’, fait valoir l’ancien maire de Diembéring.

    Selon lui, ‘’l’arbre est devenu une place incontournable dans la stratégie de marketing territorial de la commune de Diembering’’.

    ‘’C’est un arbre qui garde son mysticisme par l’attraction touristique. Nous voyons ce fromager sur beaucoup de cartes postales et des photos qui témoignent encore de son ancienneté’’, confirme Ousmane Karfa Diatta.

    Les premiers habitants de la localité de Diembéring ont trouvé des fromages sur la grande place du village et ses alentours.

    ‘’Diembéring a entre autres comme emblème le fromager. Nous pouvons assimiler Diémbéring aux fromagers géants. Tout est parti d’une certaine pratique de la part de nos ancêtres qui les ont plantés ici. Ces fromagers ont été plantés à partir d’un besoin par nos ancêtres’’, a rappelé Tombo Guèye.

    Il a rappelé que  »Diembéring est un territoire littoral ». Selon lui,  »les caractéristiques d’un territoire littoral font que, le plus souvent, il est soumis aux aléas climatiques (vents forts, orages) ». Le fait d’ériger des fromagers qui sont des espèces très géantes et robustes participaient à constituer un brise-vent contre ces phénomènes naturels. Eriger ces fromagers, c’était protéger les habitations’’, a expliqué le spécialiste de la géomorphologie littorale.

    D’après Tombo Guèye, ‘’le fromager, depuis ses racines jusqu’aux feuillages, peut rendre beaucoup de services à la communauté’’.

     »A l’époque de nos ancêtres, ses troncs donnaient du bois sous forme de planches très étalées. Ces troncs étaient une sorte de cercueil des patriarches qui quittaient ce monde d’ici-bas’’, a expliqué M. Guéye.

    A Diembéring, déclare-t-il, ‘’à  la périphérie de chaque concession, il y avait un fromager pour faire en sorte qu’on puisse être autonome’’.

    ‘’Le tronc du fromager servait également à fabriquer des pirogues à rame pour faire la pêche. Ses fruits ont été également utilisés pour des questions thérapeutiques’’, a encore souligné Tombon Guèye.

    MNF/ASB/OID/ASG

  • SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / L’arbre Moussa Molo : une sacralité qui résiste au temps

    SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / L’arbre Moussa Molo : une sacralité qui résiste au temps

    Par Mamadou Gano

    Kolda, oct (APS) – L’arbre ‘’Moussa Molo Baldé’’, un caïlcédrat géant doté de pouvoirs mystiques qui mettaient à l’abri de toute surprise l’ancien résistant à la pénétration française en Haute-Casamance, garde encore sa réputation d’arbre mystique, comme l’attestent les prières organisées par les populations de Kolda (sud) pour les enfants circoncis et les femmes en mal de fécondité.

    C’est à Doumassou, un quartier de Kolda situé à proximité du camp militaire Moussa Molo Baldé, que se dresse cet arbre qui en impose par sa taille, son emplacement et sa réputation. Aujoud’hui, sa sacralité ne fait l’objet d’aucun doute.

    Selon la tradition orale, c’est à son ombre que Moussa Molo Baldé venait se reposer pendant ses conquêtes. C’est lui-même qui l’aurait rendu mystique, afin de bénéficier de sa protection pendant ses moments de repos, pour éviter ainsi toute surprise venant de ses ennemis pendant notamment ses heures de sommeil.

    La même source rapporte que lors de son périple dans le royaume du Fouladou, le chef de guerre et érudit musulman, El hadji Oumar Tall, aurait fait escale sous l’arbre pendant des heures, accompagné d’Alpha Molo Baldé, le père de Moussa Molo.

    Des siècles plus tard, les populations continuent à vénérer ce caïlcédrat qui, jadis, protégeait le guerrier peul. L’histoire de cet arbre mythique qui surplombait les habitations du petit village de Kolidado, est liée à celle de Kolda, explique Solo Diané, le chef du quartier de Doumassou qui abrite le caïlcédrat.

    ‘’Personne ne sait quand et qui a mis l’arbre sous terre, car il précède la création de Kolda vers 1872’’, renseigne le notable. C’était d’abord un petit village occupé par des Bambaras venus de l’empire mandingue et Fodé Coulibaly était le premier chef de village, fait-il savoir.

    C’est sous cet arbre, dit-il, que les habitants du village venaient faire leurs prières et tenaient des rencontres afin d’être protégés des agissements des colons français.

    Par la suite, ils construisirent une mosquée afin d’accomplir leurs cinq prières quotidiennes dans de meilleurs conditions. ‘’Voilà comment depuis lors la tradition est perpétuée par des générations et cela, jusqu’à  nos jours’’, confie Solo Diané.

    De ‘’fausses croyances’’ sur le caïlcédrat géant

    Le chef de quartier de Doumassou déplore les ‘’fausses croyances’’ selon lesquelles un étranger qui fait le tour de l’arbre, ne pourrait plus quitter Kolda. ‘’C’est faux, l’arbre n’a rien de mystique et ne renferme rien qui ressemble à des pratiques occultes’’, martèle-t-il.

    ‘’Les anciens ont beaucoup prié sous cet arbre pour leur protection et ce sont des prières qui y ont été faites que Dieu a acceptées’’, fait-il valoir.

    Selon lui, les populations organisent des prières sur le site lors des préparatifs de l’entrée et de la sortie du bois sacré des circoncis. Il rappelle aussi que ‘’des femmes  +dimbas+, qui ont des difficultés de maternité, y organisent des prières qui, souvent, sont exaucées’’.

    Les enfants qui doivent entrer dans le bois sacré font le tour de l’arbre, accompagnés de kankourang, un initié arborant un masque fait d’écorces rouges et de fibres, des ‘’selbés’’ (encadreurs) et des sages pour  invoquer la protection pour eux.

    ‘’La veille de l’opération chirurgicale, ils sont conduits vers l’arbre pour y faire sept tours, accompagnés des +selbés+ [les encadreurs] et des anciens afin de demander la protection pour les nouveaux initiés durant leur séjour dans le bois sacré. Vers les années 70 et jusqu’aux années 80, le séjour des enfants dans le bois sacré durait jusqu’à trois mois. Et maintenant, il ne dure que des semaines’’, regrette Solo Diané.

    MG/ASB/OID/ASG

     

  • SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / ‘’Ɓakne Ngati’’, le baobab sacré de Ngati

    SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / ‘’Ɓakne Ngati’’, le baobab sacré de Ngati

    Par Awa Ndiaye

    Ngati (Fatick), 2 oct (APS) – A Ngati, un village de la commune Niakhar (Fatick, centre), les traditions subsistent encore. Ici, les habitants ‘’vénèrent’’ un baobab dénommé ‘’Ɓakne ngati’’ (le baobab de Ngati en sérère), à travers des libations et des offrandes en l’honneur de cet arbre sacré dont l’histoire se confond avec celle de ce village de l’ancien royaume du Sine.

    Ngati se trouve au beau milieu du Sine, un ancien royaume sereer. Ils sont très rares les fils et filles de cette contrée à ne pas connaître son histoire et celle de son baobab mystérieux.

     »L’histoire de Ngati se confond avec l’histoire globale du Sine. C’est pourquoi, si nous voulons retracer l’histoire du baobab de Ngati, nous serons obligés de retracer celle de Diakhao Sine en passant par Bicole jusqu’au site actuel où se trouve le baobab’’, confie Abdoulaye Faye, membre de la famille de Mame Diodio Ngati, l’héritière du baobab.

    Assis sous l’arbre géant, vêtu d’un boubou beige, la tête coiffée d’ un chapeau, Abdoulaye Faye, 68 ans, fait un bref résumé de la lignée des rois qui ont eu à diriger le Sine, de la première reine, Sigua Badial Ndong, en passant par Tacet Faye, Wagane Diongolor, Diouma Dieng de Sass, Silmang de Mbimor, Mbégane Ndour, Mado Mbissel Diop, Diomay Banguan, Diokel Faldier, Mansouga Diouf, Birame Pathé Coumba Diagua, Wamone Ndong, Boucar Sossay, Guène Ndiaye Dagone, Guédio Palmane Niane, Bouka Thilasse Mané Niane, jusqu’à Wassila, le fondateur de Diakhao.

    Il insiste notamment sur les règnes de Coumba Ndofféne ‘’Fa Mack’’ (le grand), surnommé ‘’le lion de Mbelfandal’’, de Sémou Famack, l’oncle de Salmone Faye et grand frère de Diodio Codou Borome Ndaw Rass, qui est au début de toute l’histoire de Ngati.

    Après la mort du roi Coumba Ndofféne Diouf en 1923, Mahécor Diouf fut intronisé par le grand Diaraf, narre-t-il. A cette époque, dit-il, seuls les Guelwars pouvaient accéder au trône. Il fallait appartenir à cette lignée matriarcale pour prétendre diriger le royaume du Sine, selon lui.

     »’En ces temps, si tu n’étais pas un Guelwar, tu pouvais aspirer à être un chef dans les cantons comme Diohine, Ngayohéme, Ngoyé, etc., mais jamais roi du Sine’’, insiste-t-il.

    Habillé d’un boubou rouge, Bouna Faye, membre lui aussi de la famille, est assis sur une chaise sous le baobab sacré. Il fait partie des conservateurs des legs ancestraux. Le septuagénaire détaille l’arbre généalogique de la famille royale de Ngati.

    Il revient sur le règne de Diogo Gnilane, qui avait épousé une vendeuse de poissons avec qui il eut deux files, Ndella Ngati et Gnilane Diouf. La lignée maternelle étant plus considérée que celle paternelle dans le Sine, le roi savait pertinemment qu’une fille ne pouvait pas accéder au trône. Alors, le roi Dioguo Gnilane provoqua un gigantesque feu de brousse, pour attribuer des terres à ses filles.

    ‘’Ce fut le début de l’histoire de Ngati et de son baobab, dit-il, après avoir été interrompu dans son récit par un appel +ngario mboutou+ (Venez déjeuner en sereer).’’ Un repas somptueux est servi. Du riz au poisson comme aiment les Sérères. Les femmes et les enfants mangent ensemble autour d’un bol, les hommes autour d’un autre.

    Après le déjeuner, tout ce beau monde se retrouve encore sous le baobab et chacun reprend ses occupations. Entre temps, Bouna Faye est lui parti assister à un mariage.

    C’est Abdoulaye Faye qui reprend le récit sur le village de Ngati et son baobab sacré. Le feu de brousse provoqué par le roi Diogo Gnilane s’est d’abord déclaré à Mbafaye, avant d’atteindre Mboudaye. Mais à hauteur de Bicole, il bifurqua vers Songorma et continua sa progression jusqu’à Péthie Djiré, à Koboskine. Il se dirigea ensuite vers Mboukoutour avant de s’arrêter à Polek.

    ‘’Après le feu de brousse, le cortège royal fait le tour de la surface brûlée et parcourt les villages de Mbafaye, Nianiane, Mboudaye, Bicole, Mbanéme, Songorma, Pethie Djiré, Mboukoutour, Polek et Mbem’’, renseigne le notable Faye.

    Ils ont découvert alors sur le site correspondant à l’emplacement de l’actuel village de Ngati, un jeune baobab au milieu d’herbes calcinées et qui restait intact malgré la furie des flammes. Après trois jours de feu de brousse provoqué par Diogo Gnilane pour céder des terres à sa descendance féminine, dont Gnilane et Ndella Ngati, le baobab est resté entièrement intact.

    Un baobab séculaire aux multiples facettes

    C’est à la suite de cette découverte étrange qu’ils ont décidé d’implanter la maison royale de Ngati à côté du baobab. C’est ce mystère qui fait du baobab de Ngati un arbre sacré.

    Toutes les terres environnantes calcinées par le feu furent cédées à la famille royale qui devait rester à Ngati, renseigne Abdoulaye Faye. Ces terres étaient destinées à l’agriculture, au pâturage et l’habitat.

    L’âge du baobab est estimé à 203 ans, soit le même que celui du village de Ngati. Sa grandeur se mesure en fonction de celle de la maison royale qui n’a cessé de s’agrandir et de gagner en popularité au fil des siècles.

    Le baobab de Ngati est même entré dans le langage courant des habitants de toute cette partie de la région de Fatick. Les personnes de grande taille ou les choses importantes sont comparées à cet arbre, a en croire le notable, qui estime son diamètre à sept mètres.

    Les habitants du village et ceux des localités environnantes vénèrent et respectent cet arbre mystérieux. Chaque année, la conservatrice du baobab choisit un mercredi pour venir y faire des libations. Le rituel consiste à verser de la farine du mil autour de l’arbre sacré. Et les habitants font le tour du baobab en chantant et en dansant.

    Surplombant le village de Ngati, le baobab, feuillu, fait office d’agora pour les habitants. Sous ses branches protectrices, des enfants, des jeunes, des hommes, et des femmes, se rencontrent. Les enfants aiment venir se folâtrer à l’ombre de ses branches gigantesques, où ils s’adonnent à plusieurs jeux, en particulier celui cache-cache.

    Agée de dix ans, Gnilane Faye fait partie de ces enfants qui viennent s’amuser sous l’arbre.

    ‘’Je viens ici tous les jours jouer avec mes amies’’,  lance la petite Gnilane, trouvée en train de jouer sur ses branches. ‘’On se sent bien à l’aise même si je suis une fois tombée de l’arbre. Cela n’empêche que je suis toujours là’’, ajoute-t-elle pour montrer son attachement à cet arbre.

    Très souriante avec de belles dents colorées en marron, la tête à moitié tressée, elle retourne joyeusement jouer avec ses amies.

    De temps à autre, beaucoup de personnes viennent visiter le site ou prendre des photos. Des étudiants ont même écrit des mémoires sur le baobab de Ngati, révèle Bouna Faye.

    Mais, avec l’avènement de la loi sur le domaine national, toutes les terres appartenant à la famille royale ont été redistribuées aux populations qui désiraient faire de l’agriculture ou de l’élevage.

    Fief du royaume du Sine, Ngati, la bourgade au baobab séculaire et ses trois maisons restées telles quelles depuis deux siècles, garde toujours un mystère sur son histoire et son baobab sacré. De génération en génération, cet arbre aux multiples facettes continue encore à émerveiller son monde.

    NAN/FKS/ASB/OID

  • MONDE-FOOTBALL / Championnats du monde des malentendants: le Sénégal en demi-finale

    MONDE-FOOTBALL / Championnats du monde des malentendants: le Sénégal en demi-finale

    Dakar, 1er oct (APS) – L’équipe du Sénégal de football des malentendants s’est qualifiée, dimanche, pour les demi-finales des championnats du monde en battant, 1-0, les Etats-Unis.

    Les championnats du monde se jouent en Malaisie.

    Le chef de l’Etat leur a adressé ses ‘’chaleureuses félicitations’’ pour ‘’cette brillante victoire’’.

     »Chaleureuses félicitations chers Lions du Sénégal pour cette brillante victoire qui vous ouvre les portes des demi-finales de la Coupe du Monde de football des Malentendants’’, a écrit Macky Sall sur X (ancien twitter).

     »C’est historique ! La Nation est fière de vous et de votre encadrement. Nos vœux et prières vous accompagnent. En avant jusqu’au bout. Dem ba jeex !’’, a-t-il ajouté.

    SK/OID

  • SENEGAL-ITALIE-ARTISANAT-COOPERATION / Une cordonnerie d’un coût de 20 millions inaugurée à Ngaye Méckhé 

    SENEGAL-ITALIE-ARTISANAT-COOPERATION / Une cordonnerie d’un coût de 20 millions inaugurée à Ngaye Méckhé 

    Tivaouane, 1er octobre (APS) –  Une cordonnerie d’un coût de 20 millions de francs Cfa a été inaugurée, samedi, à Ngaye Méckhé, grâce à la coopération italienne.

    Cette unité est le fruit des efforts de l’association Africa Tremila Onlus et la fondation Giuseppe Maestri qui ont financé le projet avec l’implication des ressortissants de Ngaye Méckhé en Italie.

    La cérémonie d’inauguration s’est déroulée en présence d’une délégation venue de la province de Bergamon accompagnée des autorités de l’ambassade d’Italie à Dakar.

    L’Association des ressortissants des Niayes pour le développement du littoral assure la gestion de cette cordonnerie.

    Grâce à cette nouvelle unité, les cordonniers de Ngaye vont être formés aux nouvelles technologies pour la transformation du cuir.

     »Les cordonniers passeront alors de l’ère artisanale à l’ère moderne avec pour objectif l’augmentation de la productivité’’, a salué Mor Diop, un ressortissant de Ngaye établi en Italie.

    Signé en 2018 à Bergamon, l’accord de coopération du projet ‘’Dallou Ngaye’’, prévoit la création d’un centre de formation et de production de maroquinerie dans la communauté sénégalaise de Ngaye Méckhé.

    Cet accord implique l’association Africai Tremila et la Fondation Giuseppe Maestri, basées dans la province de Bergamon.

    MKB/OID

     

  • SENEGAL-SOCIETE / Une réunion spéciale consacrée aux préparatifs du gamou de Ndiassane

    SENEGAL-SOCIETE / Une réunion spéciale consacrée aux préparatifs du gamou de Ndiassane

    Ndiassane, 1er oct (APS) – Le Préfet du département de Tivaouane, Mamadou Guèye, a présidé, samedi, dans la soirée, une réunion spéciale consacrée aux préparatifs du gamou annuel de Ndiassane, prévu mercredi.

    Cette rencontre s’est déroulée en présence du Sous-préfet de Pambal, du porte-parole du Khalife de la famille Kounta, du représentant du maire de la commune de Chérif Lô, des membres du comité d’organisation, des représentants de la Gendarmerie nationale, de la Brigade nationale des Sapeurs-Pompiers, du Service d’hygiène, entre autres.

    L’objectif de la réunion était de faire le point sur le niveau de mise en œuvre des engagements des différents services de l’Etat en perspective du gamou, l’évènement religieux commémorant la naissance du Prophète de l’Islam.

     »Le bilan à mi-parcours s’est ainsi avéré très satisfaisant dans l’ensemble », s’est réjoui le Préfet de Tivaouane.

    La réunion a été suivie d’une visite de terrain sur les routes à réhabiliter, le site d’implantation du marché dit  »malien », les travaux d’extension du réseau électrique, entre autres

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  • SENEGAL-MIGRATION / Deux pirogues transportant 262 candidats à l’émigration irrégulière arraisonnées par la Marine

    SENEGAL-MIGRATION / Deux pirogues transportant 262 candidats à l’émigration irrégulière arraisonnées par la Marine

    Dakar, 1er oct (APS) – La Marine nationale sénégalaise a annoncé que son patrouilleur Walo a arraisonné samedi deux pirogues avec 262 candidats à l’émigration irrégulière par voie maritime.

    ‘’Le patrouilleur Walo a arraisonné le 30 septembre 2023 deux pirogues avec 262 candidats à l’émigration irrégulière par voie maritime. 26 femmes et 13 mineurs se trouvaient parmi les passagers’’, a indiqué la Marine sur son compte X (ancien twitter).

    Elle a ajouté que ‘’les migrants ont été débarqués à la Base navale Amiral Faye Gassama (BNAFG) et remis aux services compétents de l’Etat’’.

     »En coordination avec des moyens de l’Armée de l’Air’’, le patrouilleur Walo a arraisonné vendredi, à 100km au large de Dakar, ‘’deux pirogues avec 272 candidats à l’émigration irrégulière par voie maritime’’, selon toujours la Marine.

    Elle signale que  »16 femmes et 7 enfants se trouvaient parmi les passagers’’. Ces candidats à l’émigration irrégulière ont été ‘’remis aux services compétents de l’Etat’’.

    OID

  • SENEGAL-SOCIETE / Le préfet de Tivaouane salue une distribution correcte de l’eau durant le gamou

    SENEGAL-SOCIETE / Le préfet de Tivaouane salue une distribution correcte de l’eau durant le gamou

    Tivaouane, 1er oct (APS) – Le préfet du département de Tivaouane, Mamadou Guèye, a salué la distribution correcte de l’eau dans la ville sainte durant la célébration du gamou.

    L’édition 2023 du gamou ‘’a connu une pleine réussite’’ dans la distribution du liquide précieux partout à Tivaouane, a dit Mamadou Guéye, notant qu’aucune perturbation n’a été signalée au Poste de contrôle opérationnel (PCO).

    S’exprimant à l’APS, il a expliqué ‘’ce succès’’ par le fait que ‘’la Sen eau, la société de distribution d’eau courante, a également été ajoutée’’ dans le dispositif du Poste de contrôle opérationnel.

     »Il y a toujours une articulation des différents secteurs autour de la sécurité pour pouvoir assurer une bonne organisation », a-t-il dit.

    Mamadou Guéye a souligné que la sécurité ‘’était totale’’ aux abords des ‘’piquages’’ à partir des tuyaux transférant l’eau en provenance du Lac de Guiers.

    A cela s’ajoutent 10 citernes contenant chacune 30.000 m3 d’eau.

    Pour Khalifa Niang, principal organisateur des cérémonies religieuses à Tivaouane, ‘’cette distribution correcte de l’eau avant, durant et après le gamou est à mettre à l’actif de notre brillant préfet Mamadou Guéye’’.

     »En élargissant le PCO à la Sen eau, il a permis de cerner en même temps tous les paramètres qui pouvaient empêcher une meilleure supervision de la distribution correcte de l’eau’’, a-t-il confié.

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