SENEGAL-SANTE / Plaidoyer pour l’inversion du modèle de financement des soins de santé primaires

Dakar, 20 août (APS) – Des acteurs de la santé ont plaidé mardi pour une inversion du modèle de financement des soins de santé primaires (SSP), principalement supportés jusque-là par les ménages à hauteur de 55,9%.

« Les ménages financent principalement les soins de santé primaires (SSP), alors qu’à la conférence d’Alma-Ata, les Etats s’étaient engagés à financer à hauteur de 15% les SSP. La santé devrait être un axe prioritaire en inversant le modèle de son financement », a déclaré Amadou Kanouté, directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Africa).

Il prenait part à une session des dialogues sur le thème « Les soins de santé primaires (SSP) au Sénégal : Quelles pistes pour un financement adéquat, équitable et pérenne ? »

Selon Amadou Kanouté, les comptes de la santé pour 2017-2021 « révèlent que l’esprit de la déclaration d’Alma-Ata, [faite en 1978, aux Etats-Unis], a été dévoyé avec ce schéma de financement », suivant lequel « ce sont plutôt les ménages qui financent principalement les SSP et les Etats y participent ».

Sous ce rapport, la Cicodev estime que « le système sanitaire devrait être un axe prioritaire de transformation systématique en inversant le modèle de son financement », selon son directeur exécutif.

Il ajoute que « les SSP sont la porte d’entrée vers la [Couverture sanitaire universelle-CSU], dans ce sens, un financement adéquat à travers l’éducation à la santé et à la prévention ouvriraient la porte vers la CSU ».

« Le référentiel économique, la souveraineté économique, pharmaceutique, cet esprit se retrouve dans la lettre d’Alma-Ata lorsque nos Etats se sont engagés à faire de la santé une priorité avec la participation communautaire à un coût qui leur est soutenable. D’où le sens de la campagne de plaidoyer pour un financement adéquat et pérenne des « soins de santé primaires », a expliqué Amadou Kanouté.

Pour Isidore Siénellou, représentant la Banque mondiale à cette rencontre, « la logique voudrait qu’on ait des SSP financés par l’Etat avec une participation des ménages ».

« Le Sénégal peut faire mieux parce qu’il a un niveau de richesse acceptable », a-t-il soutenu en martelant que « le financement par les ménages est régressif » et « entraine des iniquités et des inégalités ».

« Nous lançons ce cri pour que les Etats mettent plus de ressources dans le financement des « soins de santé primaires, qui représentent 90% » des besoins sanitaires des populations, et « c’est pourquoi nous souhaitons que les SSP soient intégrés dans leur agenda », a-t-il plaidé.

Marie Sarr Diop, conseiller technique au ministère de la Santé et de l’Action sociale, soutient qu’ »il est important de renverser la tendance ».

« La mise en place des mécanismes de financement est nécessaire pour le financement durable des SSP, gage d’un système de santé pérenne », a-t-elle indiqué.

« Dans le cadre du financement de la santé en 2024, le Sénégal se situe à 9,4% de l’objectif d’Abuja », selon les statistiques du ministère des Finances et du Budget.

« Dans cette proportion, a ajouté M. Diop, il faut aussi prendre en compte les autres financements de santé dans les autres ministères », dans le cadre du budget alloué au secteur sanitaire.

Elle a lancé « un appel à tous les acteurs », afin qu’ils ne ménagent « aucun effort » pour accompagner la mobilisation des ressources pour la prise en charge des soins de santé humaine.

NSS/BK/ABB/AKS