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  • SENEGAL-RELIGIONS-CELEBRATION / Mawlid : environ 4.000 pèlerins des îles du Saloum arrivent à Kaolack à bord de pirogues

    SENEGAL-RELIGIONS-CELEBRATION / Mawlid : environ 4.000 pèlerins des îles du Saloum arrivent à Kaolack à bord de pirogues

    Kaolack, 27 sept (APS) – Cinquante-quatre pirogues sont arrivées au port de Kaolack (centre) avec quelque 4.000 pèlerins venus participer au Mawlid international de Médina Baye, a constaté un journaliste de l’APS, mardi.

    Ces pèlerins ont débarqué avec des valises, des matelas et des ustensiles de cuisine.

    ‘’Depuis plus de quarante ans, les pèlerins quittent les îles du Saloum à bord de pirogues, pour venir assister au Mawlid de Médina Baye. Aujourd’hui, nous avons fait accoster 54 pirogues dans lesquelles il y avait des pèlerins’’, a dit à l’APS le président de la section ‘’Jamhiyatou Ansarou-Diin’’ du département de Foundiougne (centre-ouest), Issa Ba.

    Les pèlerins venant des îles du Saloum ‘’veulent, à travers ce voyage, rendre un hommage mérité au vénéré guide Cheikh Ibrahima Niass’’, a-t-il affirmé.

    Les fidèles des îles du Saloum ont commencé à se rendre au Mawlid de Médina Baye par ce moyen depuis les années 1960, selon Issa Ba.

    Cette tradition ne cesse de se perpétuer, a-t-il ajouté.

    ‘’Dans les années 1960, Baye Niass a quitté Kaolack pour se rendre dans les îles du Saloum, précisément à Diamniadio et à Djirnda, à bord d’une pirogue. À cette époque-là, il n’y avait pas de pirogues motorisées, mais des pirogues à pagaie ou à voile’’, a rappelé M. Ba.

    ‘’Les pèlerins disposent aujourd’hui de plusieurs moyens de transport. Mais, pour honorer leur guide religieux, ils préfèrent voyager par pirogue, le moyen par lequel Baye Niass se rendait chez eux pour la célébration du Mawlid’’, a souligné le président de la section ‘’Jamhiyatou Ansarou-Diin’’ du département de Foundiougne.

    Les pèlerins arrivés en grand nombre à Kaolack viennent de trois communes insulaires : Djirnda, Dionewar et Bassoul.

    ‘’Il y a une nette amélioration dans l’organisation du voyage et des conditions d’accueil. Mais l’État doit s’impliquer davantage dans l’organisation, par le biais de ses services à Kaolack et à Fatick’’, a plaidé Issa Ba.

    Djiby Thior, âgé d’environ 40 ans et originaire du village de Fayako (commune de Djirnda), abonde dans le même sens en demandant l’aide des services de l’État.

    ‘’Nous souhaitons que l’accompagnement des pouvoirs publics soit renforcé par des vedettes et des forces de sécurité, pour que le voyage des pèlerins se déroule dans de bonnes conditions’’, a dit M. Thior.

    Dans les villages insulaires, le voyage par voie maritime vers Kaolack, pour le Mawlid, se prépare pendant plusieurs mois. ‘’L’organisation du voyage dure des mois durant lesquels les pèlerins s’organisent en menant des activités génératrices de revenus’’, a-t-il expliqué.

    ‘’Nous sommes des pêcheurs. Pour préparer l’édition suivante du Mawlid, des journées entières de pêche sont dédiées à l’événement. Tous les pêcheurs du village mettent la main à la pâte pour réunir les fonds nécessaires’’, a poursuivi Djiby Thior.Serigne Mboup, le maire et président de la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Kaolack, a assisté au débarquement des pèlerins.

    L’homme d’affaires suggère de considérer l’arrivée des milliers de pèlerins des îles du Saloum comme une ‘’opportunité économique profitable à la ville de Kaolack’’.

    ‘’Il faut aller vers la création d’une grande foire sur le site de débarquement des pèlerins, pour leur permettre de faire des achats sur place, avant de se rendre à Médina Baye’’, a expliqué M. Mboup.

    Médina Baye, un quartier de la ville de Kaolack, va organiser son Mawlid international, ce mercredi soir.

    Cette célébration de la naissance du prophète Mohamed aura lieu sous l’égide de la ‘’Jamhiyatu Ansaru-Diin’’, qui revendique plus de 500 millions de membres, tous des disciples de Cheikh Ibrahima Niass, dit Baye Niass (1900-1975).

    Des milliers de fidèles venus de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe, des Amériques et d’Asie prennent part à cette célébration, chaque année.

    Des délégations officielles participent à l’événement.

    La nuit de mercredi à jeudi sera rythmée de zikr, c’est-à-dire des chants religieux dédiés au prophète Mohamed, sous la houlette de Mouhamadoul Amine Ibrahima, dit Baba Lamine Niass.

    AFD/ADE/MTN/ESF

  • SENEGAL-POLITIQUE / Présidentielle 2024 : remise du modèle de la fiche de collecte de parrainages, vendredi

    SENEGAL-POLITIQUE / Présidentielle 2024 : remise du modèle de la fiche de collecte de parrainages, vendredi

    Dakar, 27 sept (APS) – La direction générale des élections (DGE) va abriter, vendredi à partir de 10 h, une séance d’information et de remise de la fiche de collecte des parrainages des candidats à l’élection présidentielle du 25 février 2024, a appris l’APS d’une source officielle.

    Dans un communiqué, le directeur général des élections ‘’informe les candidats à la candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 issus des partis politiques légalement constitués, des coalitions de partis politiques, ainsi que les personnes indépendantes, qu’en application des dispositions de l’article L.57 du code électoral, que le modèle de la fiche de collecte des parrainages en format papier et électronique est disponible au niveau de la direction générale des élections’’.

    Il annonce que ‘’la séance de remise et d’information sera organisée à l’intention des candidats à la candidature ou leurs mandataires, le 29 septembre 2023 à partir de 10 heures, dans la salle de conférences de la direction générale des élections’’.

    Le DGE rappelle que ‘’les mandataires, quant à eux, doivent se munir de la lettre de désignation dûment signée par le candidat à la candidature’’.

    AMN/OID/ASG

  • SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Le Mawloud, une longue tradition chez les khadre de Makacolibantang 

    SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Le Mawloud, une longue tradition chez les khadre de Makacolibantang 

    +++Par Baboucar Thiam de l’APS+++

    Makacolibantang, 27 sept (APS) – C’est au bout d’une heure trente minutes sur une route latéritique jonchée de flags d’eau se rejoignant par endroits pour devenir des mares, que se dresse la commune de Makacolibantang. Rien, à priori, ne renseigne sur son caractère religieux, mais l’islam se trouve fortement encré dans ces terres du département de Tambacounda (est). La commémoration du Mawloud va donc de soi dans cette cité. Elle relève aussi d’une longue tradition.

    L’histoire de la célébration officielle du Mawloud à Makacolibantang, est étroitement liée aux Diaby, une famille d’obédience khadre, basée à Maka, une cité religieuse de la commune de Makacolibantang.

    ‘’Le Mawloud a toujours été célébré ici depuis l’installation d’Aladji Soryba Kéba Diaby à Maka’’, dans cette partie orientale du Sénégal, où il s’était établi en 1952, a indiqué Soryba Diaby, en parlant de son aïeul qui a contribué à la vulgarisation de la confrérie Khadre, remontant à Cheikh Abdoul Khadre Dieylani à Bagdad, en Irak.

    Aladji Soryba Kéba Diaby, venu de Touba, centre religieux et culturel soufi situé en Guinée, avait pour habitude de retourner chaque année dans son pays d’origine pour la célébration de la naissance du prophète Mohamed (PSL).

    Au bout de cinq ans, il est rejoint par son grand frère, Aladji Banfa Kéba Diaby. D’un commun accord, ils ont décidé de s’installer définitivement à Maka à partir de 1957 et d’y célébrer le Mawloud, raconte Soryba Diaby le petit-fils, maître coranique de la famille et responsable du comité d’organisation de la ziara annuelle.

    À l’époque, la célébration se passait dans la grande maison familiale. Les invités n’étaient pas aussi nombreux, des Sénégalais, en plus de « quelques Gambiens », dit-t-il, trouvé au milieu de sa cour sous un grand arbre, entouré de quelques-uns de ses talibés.

    Aladji Soryba Kéba Diaby, premier khalif

    Il n’existait pas encore de khalif général dans la famille, le plus âgé assurait simplement la direction de la famille, organisait les activités religieuses et la formation des apprenants, renseigne le maître coranique, qui a accepté de répondre aux questions du reporter de l’APS seulement après avoir obtenu l’autorisation de l’actuel khalif général, Aladji Oumou Sankoung Diaby.

    C’est à son décès que la célébration du Gamou a pris une autre dimension, avec l’arrivée à la tête de la famille de Aladji Soryba Kéba Diaby, sous le règne duquel le Mawloud a pris une dimension internationale, avec la participation de plusieurs pays, dont des fidèles des deux Guinées, du Mali et de la Mauritanie, toutes ces nationalités assistant désormais à la célébration du gamou ici à Makacolibantang, selon Soryba Diaby.

    Le Mawloud de Makacolibantang revêtit donc un cachet officiel, sous le format qu’on lui connait encore aujourd’hui, avec la participation des autorités administratives de la région de Tambacounda.

    “La détermination, l’ouverture d’esprit du premier khalif en la personne de Aladji Soryba Kéba Diaby’’ ont permis cette évolution, de même que “l’amitié qu’il entretenait avec le président Senghor’’, à la tête du Sénégal de 1960 à 1980.

    “La modernisation de l’organisation du Mawloud s’est faite grâce à Aladji Soryba Kéba Diaby et à son amitié avec le président de la République de l’époque’’, insiste Soryba Diaby, le petit-fils.

    A chaque édition du Gamou, le président Senghor rendait gratuit le train pour le transport des fidèles, en plus d’un soutien financier et en denrées (riz, lait en poudre et sucre), un appui qui se poursuivait même après le Mawloud. “Tous les trois mois, signale-t-il, le président Senghor envoyait des camions remplis de nourriture de toutes sortes’’.

    Depuis 66 ans, le Mawloud est donc célébré à Makacolibantang, où cet événement ne cesse de gagner en ampleur et en importance.

    “L’organisation respecte les pratiques de mon grand-père et de son grand frère, un mois avant le jour-j, nous récitons le Coran, nous faisons des zikr (invocations), jusqu’au jour du Mawloud, et c’est la même chose depuis 66 ans’’, explique le petit fils Soryba Diaby.

    Sauf qu’“il y a une cérémonie officielle au cours de laquelle nous recevons le gouverneur, la délégation de l’Etat et les autres autorités’’ représentant les pouvoirs publics sénégalais.

    “Karangbaya’’, quartier de résidence du marabout

    En raison de l’importance prise par l’évènement, « avec la participation de milliers de fidèles », le Gamou de Makacolibantang a été délocalisé de la grande maison familiale pour local spécifiquement dédié aux grands récitals religieux.

    “Cela a nécessité l’installation de tentes, qui ne résistaient pas aux intempéries, surtout en période d’hivernage’’, précise le petit fils d’Aladji Soryba Diaby, par ailleurs homonyme du saint-homme. Ce qui n’a pas empêché l’événement de continuer à évoluer, avec la participation de plus en plus importante de fidèles et disciples venus de la sous-région.

    Il se dit ici que le premier khalife aurait évité au président Senghor un accident d’avion. En reconnaissance, ce dernier lui avait attribué le titre de khalif général.

    Depuis, 6 khalifes généraux se sont succédé au khalifat de Makacolibantang, dont l’actuel, Aladji Oumou Sankoung Diaby.

    Jusqu’ici, la tradition dans cette famille, c’est que le plus âgé dirigeait le clan avec simplement le titre d’imam. “Tout le monde suivait la direction qu’il indiquait, et il était assisté par ses frères, à qui il déléguait certaines activités’’.

    A “Karangbaya’’, le quartier de résidence du marabout dans le village de Maka, ils sont tous de la famille Diaby, fils, petits-fils, arrière-petits-fils, neveux et nièces, en plus des disciples. Les maisons sont en dur pour l’essentiel, des demeures entièrement carrelées qui ne sont pas sans rappeler l’architecture islamique.

    C’est un lot de plus de 400 parcelles que l’ancien président de la République, Léopold Sédar Senghor, avait offert au premier khalif, après que ce dernier a obtenu de lui le lotissement de ce périmètre en 1975.

    C’est ici que se localisent la première mosquée construite par le saint-homme, dans la demeure servant également de résidence à tout khalif général de la famille Diaby.

    La filiation de cette famille à la khadrya a été confortée par un voyage effectué par Aladji Soryba Diaby à Bagdad, en Irak, sachant qu’il avait déjà dédié un recueil de poèmes à l’illustre Abdoul Khadre Dieylani, fondateur de cette confrérie musulmane.

    Le gardien du mausolée du fondateur de la khadrya “lui avait présenté un porte-clés qui en comporte 100, une seule pouvant ouvrir la porte du mausolée et les visiteurs n’ayant droit qu’à une seule tentative. Il a réussi à ouvrir le mausolée pour y prier. Et c’est à son retour au Sénégal qu’il a construit un haut lieu de prière, où les gens viennent de partout pour se recueillir et formuler de vœux’’, raconte le petit-fils.

    BT/BK/MTN/SMD

  • SENEGAL-AFRIQUE-FOOTBALL / le Maroc et le trio Kenya,  Ouganda et Tanzanie hôtes des CAN 2025 et 2027

    SENEGAL-AFRIQUE-FOOTBALL / le Maroc et le trio Kenya, Ouganda et Tanzanie hôtes des CAN 2025 et 2027

    Dakar, 27 sept (APS) – Le Maroc et le trio Kenya-Ouganda-Tanzanie ont été choisis par la Confédération africaine de football (CAF) pour abriter respectivement les éditions de la Coupe d’Afrique des nations 2025 et 2027, a annoncé, mercredi, le président de l’instance dirigeante du foot africain, Patrice Motsepe.

    La décision de confier l’organisation des prochaines éditions des CAN 2025 et 2027 a été faite, à l’issue de la réunion du Comité exécutif de la CAF au Caire, en Egypte.

    Favori, après les retraits de la candidature de l’Algérie à l’organisation des CAN 2025 et 2027 et du Zambie (2025), le Maroc a été choisi sans surprise pour abriter la CAN 2025.

    Le Bénin et le Nigeria avaient aussi déposé une candidature commune auprès de la CAF pour les CAN 2025 et 2027.

    Après l’édition de 1988, le Maroc va accueillir la CAN, 37 ans après.

    Le royaume chérifien devait abriter l’édition de 2015, mais la CAF lui en avait retiré l’organisation, après qu’il avait demandé le report de cette édition pour cause d’épidémie d’Ebola. La Guinée Equatoriale avait abrité cette CAN.

    La candidature du trio Kenya-Ouganda-Tanzanie a été préférée à celles du Sénégal, du Botswana, de l’Égypte, et à la candidature commune du Bénin et du Nigeria. Ces pays de l’Afrique de l’est vont accueillir leur premier édition de la CAN.

    Les vingt-et-un hôtes de la CAN

    Depuis sa création, vingt-et-un pays différents ont déjà accueilli la compétition sportive. L’Egypte, nation la plus titrée avec sept trophées de la CAN, est aussi le pays qui a le plus abrité l’évènement, avec cinq éditions (1959, 1974, 1986, 2006 et 2019). Le Ghana a à son actif quatre éditions de CAN (1963, 1978, 2000 et 2008). L’Ethiopie (1962,1968,1976) et la Tunisie (1965, 1994, 2004) en sont à trois éditions.

    Huit pays ont accueilli la CAN à deux reprises : Soudan (1957, 1970), Cameroun (1972, 2021), Côte d’ivoire (1984, 2023), Afrique du Sud (1996, 2013), Nigeria (1980, 2000), Gabon (2012, 2017), Guinée Equatoriale (2012, 2015), Maroc (1988, 2025).

    Neuf autres nations ont organisé une seule fois la CAN. Il s’agit de l’Algérie (1990), de la Libye (1982), du Sénégal (1992), du Burkina Faso (1998), du Mali (2002),  de l’Angola (2010) et du Kenya (2027), de l’Ouganda (2027) et de la Tanzanie (2027).

    SK/OID/AKS

  • SENEGAL-RELIGION-PROFIL / Cheikh Mahi Ibrahima Niass, intellectuel ouvert et apôtre de la paix

    SENEGAL-RELIGION-PROFIL / Cheikh Mahi Ibrahima Niass, intellectuel ouvert et apôtre de la paix

    +++Par Ndeye Suzanne Sy de l’APS+++

     Dakar, 27 sept (APS) – L’art de diriger une communauté nécessite des talents et des qualités diverses, a-t-on l’habitude de dire. Cette pensée est bien comprise et épousée par Cheikh Mahi Niass. Le cinquième khalife de Médina Baye est décrit comme un homme modeste pour un khalife général, généreux, un savant hors pair.

    Sa courtoisie est connue de tous. Mais il s’agit surtout d’un homme épris de paix comme en témoigne ses nombreux voyages durant lesquels il a eu à consolider des parties en conflit. Cheikh Mahi est au diapason de tout ce qui se passe dans le monde.

    Un après-midi de juin 2023, alors qu’il devait recevoir à son domicile une délégation de l’Agence de presse sénégalaise (APS) conduite par son directeur général Thierno Ahmadou Sy, il n’y a mis aucune forme de protocole. Une approche peu commode chez les familles religieuses.

    “Pas de flash ni de caméra s’il vous plaît’’, lance un de ses fils à l’endroit de la délégation. Preuve de sa simplicité, le Khalife était dans une tenue tellement décontractée que son entourage ne voulait pas que l’on immortalisa le moment. Mais c’était sans compter avec le degré d’humilité et l’esprit de dépassement du principal concerné. Papa Mahi comme l’appellent les proches, a fini par se poser avec presque tous les membres de la délégation sous le regard circonspect de son entourage.

    Le khalife général de la fayda tidjania est un homme très cultivé. Avant de recevoir la délégation de l’APS à Médina Baye, le khalife confie : “J’ai tout de suite pris ma tablette pour me connecter et faire des recherches sur l’Agence de presse sénégalaise. Mais vous êtes là depuis plus de 60 ans et vous êtes un organe très respecté’’.

    “Vous avez un puissant outil entre vos mains. La presse est utile dans un pays, mais elle doit être responsable et équilibrée’’, poursuit le khalife de Medina Baye dans un propos qui en dit long sur sa large culture générale.

    Un panafricaniste ayant grandi sous l’aile de Kwame Nkrumah

    Quoi de plus normal, le Khalife de Médina Baye a fait des études supérieures. Il est titulaire d’une maîtrise en sciences historiques de l’université Al Azhar en Egypte, obtenue en 1976. Cheikh Mahi Ibrahima Niass est d’un commerce facile. Il est affable et généreux dans le partage de ses connaissances.

    Tous les jours, après la prière de Asr, il prend quartier sous un abri qui jouxte sa maison à Médina Baye. Sur une chaise pliante, radio transistor jamais loin, tablette à la main, il fait toujours de fines analyses sur tous les sujets d’actualité. Son attitude à s’adapter aux enjeux du moment et aux sujets contemporains quand il échange avec les jeunes générations étonne plus d’un.

     Ayant vécu plusieurs années aux cotés de Kwame Nkrumah, le fils de Baye Niass a développé au fil du temps la doctrine du panafricanisme. Brillant conférencier et grand intellectuel, il se réclame d’un panafricanisme originel.

    “Beaucoup ne le savent pas. J’ai été éduqué par Kwame Nkrumah, ancien président du Ghana et l’un des pères du panafricanisme. Aujourd’hui, le panafricanisme est un vocable dévoyé et galvaudé. Moi je crois au panafricanisme prôné par Nkrumah. Je ne l’ai pas appris, je l’ai vécu. J’ai été éduqué par Nkrumah. Je vivais chez lui, avec lui sur proposition de mon père Cheikh Ibrahima Niass’’, raconte Cheikh Mahi à la délégation.

    A son domicile, une imposante photo de l’ancien président ghanéen est accrochée dans le salon. “Moi, je crois en ce Monsieur et en son panafricanisme. Il était sincère et profond. Je ne crois pas aux nombreux vendeurs d’illusions et aux populistes qui se réclament du panafricanisme’’, confie-t-il en pointant du doigt la photo de Nkrumah.

    Intellectuel hors pair

    Né en 1938 à Kaolack, Cheikh Mahi Niass est surnommé Khadimoul Oummah (le serviteur de la Oummah). A l’âge de cinq ans, il est envoyé en Mauritanie par son père pour des études coraniques. A l’âge de sept ans, il mémorisa le Livre saint. Comme plusieurs de ses frères à l’époque, le jeune Mahi était envoyé en Mauritanie chez Mouhammad Rabbani, un maître coranique très connu à Médina Baye qui a appris les versets du Coran à presque tous tes fils du Cheikh Al Islam Baye Niasse.

     De retour au Sénégal, il se consacre à l’apprentissage du savoir durant plusieurs années dans les “Madjaliss’’ (école traditionnelle d’apprentissage de la littérature arabe et des sciences islamiques). Il est ensuite envoyé par son illustre père à la prestigieuse université islamique d’Al Azhar du Caire où il obtint en 1976 une Maitrise en sciences et histoires islamiques à la faculté à la faculté des lettres et sciences sociales.

    En 1998, suite au rappel à Dieu de Mouhamed Nazir Ibrahima Niass, il devient directeur de l’Institut Islamique El Hadji Abdoulaye Niass. Fin analyste, conférencier hors pair, le khalife de Médina Baye est d’une courtoisie débordante. Il a hérité de son père le Tafsir du coran durant le mois béni de Ramadan. Il est un grand adepte de la lecture. Son imposante bibliothèque à la maison qu’il montre si fièrement aux visiteurs, en est la parfaite illustration.

    Son commerce facile et son humilité ne l’empêchent pas d’être intransigeant quand il le faut. Alors qu’il venait juste d’être intronisé comme nouveau Khalife général de Médina Baye, Cheikh Mahi Niass annonce la couleur dès sa première prise de parole publique en tant que Khalife. S’adressant pour la première fois aux disciples de Médina Baye après avoir été désigné pour la succession du défunt Cheikh Ahmad Tidiane Ibrahima Niass, il a menacé de se démettre de sa charge spirituelle si les jeunes disciples ne font pas preuve de discipline.

    “La discipline sera une sorte de contrat social entre le khalife que je suis et les jeunes disciples que vous êtes. Si vous vous illustrez de belle manière dans ce domaine, ce sera bénéfique pour tous. Au cas contraire, je risque de démissionner’’, a-t-il dit sur un ton plaisantin.

    Missionnaire de la paix

     Ses missions de paix l’ont projeté au-devant de la scène. Couvert de son manteau de président en exercice de l’Union islamique africaine, Cheikh Mahi a enregistré des succès retentissants dans ses missions de retour de la paix dans la région africaine.

    Le 23 mai 2022, il avait réuni les personnalités de 50 tribus à Darfour en conflit, qu’il avait exhortés de déposer les armes pour un retour de la paix. Une sollicitation fut une réussite puisque 6 jours plus tard, des autorités militaires ont annoncé la levée de l’état d’urgence imposé depuis le 25 octobre 2021, lors du coup d’Etat qui avait mis fin à la transition démocratique d’Omar El-Bachir, ancien président du Soudan.

    Une nouvelle, longtemps attendue après l’échec de plusieurs médiateurs, est considérée comme une consolation pour le pays, l’Afrique et le monde entier.

    Dans ses perspectives, Cheikh Mahi Niass envisage le projet de réécriture la fayda tidiane. Sur cette lancée, le patriarche de Médina Baye envisage un grand projet agricole nommé ‘’Toolu baye’’ pour guider les disciples à un retour vers la terre. Il a mis en place un fonds Médina Baye, un projet piloté à Cheikh Mahi Cissé, qui vise la modernisation de la cité en la dotant d’infrastructures sociales de base.

    Sa dimension intellectuelle et sociale a propulsé Cheikh Mahi Niass au-devant de la scène internationale.

    NSS/MTN/ABB/BK/OID

  • SENEGAL-AFRIQUE-SANTE / Maladies non transmissibles : appel au renforcement de la collaboration et à l’allocation de ressources appropriées

    SENEGAL-AFRIQUE-SANTE / Maladies non transmissibles : appel au renforcement de la collaboration et à l’allocation de ressources appropriées

    Diamniadio, 27 sept (APS) – Les participants à la conférence internationale sur les maladies non transmissibles (MNT) ont appelé à une collaboration entre les gouvernements, les organisations internationales, les professionnels de la santé, et plaidé pour  l’allocation de ressources appropriées en vue de renforcer la prévention et la lutte contre ces pathologies.

    Dans la Déclaration ayant sanctionné cette rencontre de deux jours, ils ont exhorté  »les gouvernements, les organisations internationales, les professionnels de la santé, la société civile, le secteur privé et les communautés à collaborer en vue de renforcer la prévention et la lutte contre les MNT ».

    Cela implique selon eux  »l’allocation de ressources appropriées, la mise en œuvre de politiques de santé efficaces, la formation et le renforcement des capacités des professionnels de la santé, ainsi que l’engagement des communautés dans la promotion de la santé ».

     »Nous prenons conscience que les maladies non transmissibles, telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, les maladies rénales, le cancer, le diabète, l’obésité, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies respiratoires chroniques, les maladies de système et les maladies psychiatriques, constituent un problème majeur de santé publique en Afrique et à travers le monde », a souligné le professeur Mamadou Ba, en lisant la Déclaration de Dakar.

    La conférence internationale sur l’épidémie des maladies non transmissibles (MNT), ouverte lundi au Centre international de conférences Abdou Diouf  (CICAD) de Diamniadio à l’initiative de l’African Research Network (ARN), avec l’appui du gouvernement sénégalais, a pris fin mardi.

    La Déclaration déclinée en 13 points souligne  »la nécessité d’une approche intégrée et multisectorielle pour prévenir, identifier, traiter et gérer les MNT », ce qui inclut  »la promotion de modes de vie sains, la sensibilisation et l’éducation des populations tout au long du cycle de vie, l’accès aux services de santé de qualité, le renforcement des systèmes de santé ».

    Les participants ont insisté sur l’importance de la recherche.  »Nous reconnaissons l’importance de la recherche scientifique pour mieux comprendre les causes, les facteurs de risque et les meilleures pratiques en matière de prévention et de prise en charge des MNT en Afrique. Nous appelons à une intensification de la recherche sur les MNT’’, a dit Professeur Mamadou Ba.

    Les participants ont appelé  à une  »mobilisation accrue sur le plan politique et financière en faveur de la prévention et du contrôle des MNT en Afrique’’.

    Ils ont demandé aux gouvernements de  »prendre des mesures concrètes pour intégrer les programmes de lutte contre les MNT dans leurs politiques de santé nationales, en mettant un accent particulier sur les populations les plus vulnérables et marginalisées ».

    Les maladies non transmissibles, telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, les maladies rénales, le cancer, le diabète, l’obésité, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies respiratoires chroniques, les maladies de système et les maladies psychiatriques, constituent un problème majeur de santé publique en Afrique et à travers le monde, a souligné le Professeur Mamadou Ba. Il appelle à  »une meilleure implication des associations de malades qui doivent être intégrés et accompagnés dans les programmes de lutte contre les MNT ».

    SKS/OID/AKS

  • Kossi Baye, berceau de la Faydatou Tidjania

    Kossi Baye, berceau de la Faydatou Tidjania

    +++Par Assane Dème de l’APS+++

    Kossi (Kaolack), 27 sept (APS) – Kossi Baye Niass, rien que ce nom dit beaucoup de l’importance de ce village, point de départ à la mission  spirituelle de Cheikh Al Islam, dont la quête de Dieu est liée dans une grande mesure à cette localité de Ndiaffate, une commune de la région de Kaolack (centre) considérée comme l’une des étapes déterminantes dans la Faydatou Tidjania, profusion gnostique dont Cheikh Ibrahima Niass dit Baye (1900-1927) se déclare être le détenteur.

    Situé non loin de la transgambienne, ce village doit beaucoup à El Hadji Abdoulaye Niass El Kabir, père de Baye Niass, venu à Kossi en 1911, alors que ce village n’était qu’un hameau.

    La particularité de Kossi Bitéyène – son ancien nom – réside dans le fait que les premiers habitants de ce village sont originaires du Djolof, dans le nord-ouest du Sénégal, précisément de Mbeuleukhé (Louga).

    Ils avaient répondu à l’appel au “Jihad’’ de l’Almamy du Rip Maba Diakhou Bâ. Ils étaient venus prêter main forte à sa guerre sainte et étaient aussi à la recherche de terres fertiles. « Ils étaient des musulmans, qui croient en Dieu, au Coran et à la culture des terres », souligne Cheikh Bitèye, notable de Kossi Baye Niass.

    “Ici, en bas âge, les enfants, puisque tout le monde est de confession musulmane, vont à l’école coranique avant d’entrer à l’école française’’, dit cet enseignant à la retraite, qui a terminé sa carrière professionnelle dans son village natal en 2017, après avoir été dans plusieurs localités du pays.

    L’importance spirituelle de Kossi est liée à la venue dans ce village de El Hadji Abdoulaye Niass, père de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass, fondateur de Médina Baye, cité religieuse de la commune de Kaolack.

    El Hadj Abdoulaye Niass était arrivé dans cette zone vers les années 1911. De nombreuses familles de son Djolof natal y étaient déjà établies.

    Baye Niass protégeait les champs de Kossi des prédateurs

    Il s’installa d’abord à Taïba-Niassène, lieu de naissance de Cheikh Ibrahima Niass en 1900, à l’aube du 20ème siècle. Taïba Niassène se trouve dans le département de Nioro du Rip, non loin de Kossi. Le vénéré père de Baye Niass finira par s’établir des années plus tard à Léona Niassène, actuellement dans la commune de Kaolack.

    Mais, constatant qu’il ne peut vivre sans cultiver la terre, enseigner le Coran et apprendre aux disciples les enseignements islamiques, il prit la décision de s’installer à Kossi, où vivaient déjà certains de ses parents du Djolof.

    Le père de Cheikh Al Islam s’y consacra définitivement à l’éducation de ses disciples, à l’enseignement du Coran et aux travaux champêtres. Il se dit que sa présence protégeait les champs de Kossi contre les prédateurs.

    Il passait la saison sèche à Kaolack et revenait s’installer à Kossi pendant l’hivernage pour s’adonner à l’agriculture, jusqu’à sa disparition en 1922, selon l’imam ratib de Kossi, Mouhamadou Habib Bitèye.

    “C’est à Kossi que Baye Niass a mémorisé le Coran auprès de son père qui a formé de nombreux érudits en islam. En 1922, avec sa disparition, Baye Niass poursuivra son œuvre, sur les recommandations de son grand-frère, Mohamed Khalifa Niass. Il tient l’école coranique que leur avait léguée leur père, avant de devenir le maitre suprême de Kossi où il fit la révélation de la Faydatou Tidjania’’, indique l’imam, insistant sur l’amour que Baye Niass avait pour Kossi.

    Même quand il a déménagé à Kaolack, le fondateur de Médina Baye venait régulièrement à Kossi et ne retournait qu’après la dernière prière du soir.

    Aussi était-il tout autant engagé, à la suite de son père, pour le développement de la contrée, s’occupant inlassablement des champs de son vénéré père et guide religieux. Ce qui lui donnait l’occasion de réviser, à haute voix, ses cours de Coran et d’enseignement des sciences religieuses, en profitant ainsi de la solitude.

    Le Gamouwaate, qui marque la célébration du huitième jour de la naissance du prophète Mohamed (PSL), a été commémoré en 1929 pour la première fois à Kossi Baye Niass, à l’initiative de la Faydatou Tidjania, dont le grand-frère, Mohamed Khalifa Niass, lui avait ordonné de venir s’installer dans ce village, cultiver les terres et enseigner le Coran et la science islamique aux disciples.

    La dimension religieuse de Kossi “ignorée’’

    En 1929, au Gamou de Médina Baye, Cheikh Al Islam Ibrahima Niass avait lancé l’assistance : “Que qui veut connaitre son Créateur vienne me rejoindre à Kossi’’. “Un monde fou’’ est venu s’établir dans le village devenu son fief, suite à son appel. La Faydatou Tidjania était ainsi née.

    En 1929, au cours du “Gamouwaate’’ de cette année-là, à savoir la célébration du baptême du prophète (PSL) de 1929, alors que Baye Niass commémorait cet évènement « dans sa propre chambre où il n’y avait pas plus d’une dizaine de personnes », il leur avait dit : “Nous sommes ici en petit nombre, mais un jour, notre mouvement va s’éparpiller partout à travers le monde. Ce qui est aujourd’hui une réalité’’, commente Cheikh Bitèye.

    A la disparition d’El Hadji Abdoulaye Niass, Baye Niass, suivant les pas de son vénéré père, s’inscrivit dans une dynamique d’augmenter encore plus les “daaras’’, formant pour cela plusieurs “Moukhadam’’.

    “Il y a des gens qui ignorent la dimension religieuse de Kossi, c’est pourquoi jusqu’à présent, il est resté dans cette situation. Normalement, de par son importance, le village devrait pouvoir disposer de plusieurs infrastructures routières, en plus du bitumage de l’axe qui va de la route nationale à Kossi’’, indique Cheikh Bitèye.

    A l’en croire, pendant les évènements religieux qui sont organisés à Médina Baye, Léona ou Taïba Niassène, les disciples de Baye Niass venant du Nigéria, du Gabon, du Tchad, du Niger, du Mali, des Etats-Unis et d’autres pays du monde viennent s’abreuver aux sources de Kossi, sur les traces de Cheikh Al Islam, El Hadji Ibrahima Niass.

    “Malheureusement, il arrive régulièrement que leurs véhicules s’embourbent sur les axes qui mènent au village’’, a-t-il poursuivi, estimant que Kossi doit pouvoir bénéficier du programme de modernisation des cités religieuses mis en place par les pouvoirs publics.

    Même pour la mosquée du village, insiste-t-il, ce sont les populations locales et quelques disciples de Baye Niass qui ont mis la main à la pâte pour sa construction puisqu’elle était vétuste. “Cela s’est fait conformément aux recommandations du défunt Khalife de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass, qui voulait que cet édifice soit enlevé pour ériger un autre plus moderne’’.

    Or, cette mosquée devait selon lui être entièrement construite par l’Etat du Sénégal, d’autant plus qu’il s’agit d’un « patrimoine religieux historique », pour avoir été érigé par Baye Niass lui-même.

    ADE/BK/MTN/AKS

  • SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Gaé, source du rayonnement spirituel de Seydi Malick Sy

    SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Gaé, source du rayonnement spirituel de Seydi Malick Sy

    +++Par Alhousseynou Diagne+++

    Gaé (Dagana), 27 sept (APS) -Un tour au cimetière où reposent Alpha Mayoro Wellé et Fa Wade Wellé, oncle maternel et mère d’El Hadj Malick Sy (1855-1922), est “un passage obligé’’ pour le fidèle qui débarque à Gaé en quête des origines de Maodo. Le saint homme a vu le jour dans ce village du département de Dagana (nord), dans le Walo.

    Le rond-point Tivaouane est le lieu de rendez-vous des visiteurs des mausolées de ces illustres disparus.

    La dénomination de ce carrefour est un clin d’œil évident à El Hadj Malick Sy, grand patron de la cité religieuse de Tivaouane, située dans la région de Thiès (ouest) et considérée comme la capitale de la tidjaniya au Sénégal.

    À une dizaine de mètres de l’entrée de ce cimetière se trouve un mausolée en deux compartiments. La partie gauche est réservée à Alpha Mayoro Wellé, oncle d’El Hadj Malick Sy.

    “C’est l’aîné de Fa Wade Wellé. Il a vécu 63 ans. Un homme qui était crédité d’une vaste connaissance doublée d’une générosité exemplaire’’, explique Ousseynou Fall, l’un de ses petits-fils, gardien des lieux depuis trente ans.

    Les études et les sciences islamiques “le fascinaient, mais c’était quelqu’un qui vivait à la sueur de son front. Il travaillait dur dans les champs pour se nourrir et entretenir les siens et ses talibés (disciples)’’, dit-il.

    Fa Wade Wellé, mère d’El Hadj Malick Sy, repose dans la partie située à droite du mausolée.  “Elle a été inhumée ici en 1892, dans sa 100e année’’, explique Ousseynou Fall, avant revenir sur ses nombreuses qualités.

    “Elle a très tôt mémorisé le Coran, qu’elle enseignait en s’occupant personnellement du linge de ses talibés, avec lesquels elle avait des relations quasi familiales’’, dit-il, ajoutant que tout cela a été rapporté par plusieurs générations.

    “C’était une grande travailleuse. Elle cultivait elle-même ses champs. Ses récoltes étaient divisées en trois parts. Une pour ses talibés, une autre pour les oiseaux, et le restant destiné à la nourriture de la famille’’, a poursuivi M. Fall.

    En tant que conservateur, il ne manque pas d’anecdotes sur la mère d’El Hadj Malick Sy, comme l’histoire tant contée de la pierre mystérieuse.

    “Fa Wade Wellé séjournait à Ngambou Thillé (dans la commune de Bokhol) pendant l’hivernage, pour cultiver son champ. Pour faire ses ablutions, elle s’asseyait sur cette pierre, jusqu’en 1892, année de son décès’’, dit Ousseynou Fall.

    L’hivernage suivant, se produisit un miracle, “la pierre a été retrouvée ici, dans cet endroit’’, à Gaé, rapporte le petit-fils, qui dit tenir cette information de plusieurs générations.

    Gaé est une commune de la rive gauche du fleuve Sénégal, qui dépend administrativement de Dagana, chef-lieu de département du même nom, dont elle est distante de 7 kilomètres.

    On peut y accéder par Bokhol, à partir de la route nationale, d’où le voyageur peut emprunter une “bretelle’’ de 5 kilomètres pour aller à Gaé, un village de pêcheurs, d’agriculteurs et d’éleveurs.

    “C’est dans ce village qu’El Hadj Malick Sy a vu le jour, dans la même concession que sa mère Fa Wade Wellé, ainsi que son oncle Alpha Mayoro Wellé’’, renseigne le petit-fils et homonyme de ce dernier, conservateur de “Kër Gu Mag’’, appellation donnée à cette maison devenue un “patrimoine historique’’.

    Il n’a pas connu son père, qui est décédé peu de temps avant sa naissance, “probablement en 1842’’, enseigne le conservateur de “Kër Gu Mag’’, désigné par Tivaouane pour “accueillir, orienter et parler’’ à ceux qui viennent à Gaé pour des raisons diverses, des disciples organisés en “dahira’’ (les associations de fidèles appartenant à une même confrérie musulmane), des chercheurs, des étudiants.

    “Cette maison fut un véritable environnement propice à son émergence spirituelle’’, car, rappelle M. Fall, c’est Serigne Alpha Mayoro Wellé, frère aîné de Fa Wade Wellé, qui fut le maître de son neveu jusqu’à à la mémorisation du Coran. Il l’initia ensuite à d’autres connaissances islamiques.

    Mais “le jeune Malick’’, avide de savoir, va ensuite fréquenter d’autres foyers islamiques, à Dakar, Tivaouane, Diacksao, Ndiarndé, Ndombo Sandjiri – où il a écrit “Wasîlatul Munâ’’ (Tayssir), et Saint-Louis, ville de naissance de son fils Serigne Babacar, premier khalife général des tidjanes du Sénégal.

    Ousseynou Fall parle tout aussi volontairement des connections de Gaé avec El Hadj Oumar Tall, sachant que l’histoire des relations entre ce dernier et El Hadj Malick Sy est au cœur de l’évolution de la tidjaniya au Sénégal.

     

    Selon le conservateur, El Hadj Oumar Tall a séjourné au moins deux fois à Gaé, la dernière fois après son retour de La Mecque.

    “El Hadj Oumar Tall a passé ici entre quatre et six mois, car il aimait parler de savoir, et Alpha Mayoro faisait partie de la deuxième promotion de l’université de Pire’’, note-t-il.

    L’appel d’El Hadj Oumar Tall demandant des contributions et des volontaires pour sa guerre sainte (djihad) avait reçu, selon Ousseynou Fall, un écho favorable à Gayé, où l’on était allé jusqu’à dépêcher une mission pour remettre la « contribution » du village.

    La délégation conduite par Yokh Moussé Guèye comprenait Babacar Lô, Malamine Sarr, Samba Yaly et Alpha Mayoro Wellé, le plus jeune, dont l’âge était compris entre 25 et 30 ans.

    À l’audience, le chef de délégation avait remis à El Hadj Oumar Tall tout ce que Gaé avait collecté comme contribution. Mais à la « grande surprise » de ses membres, le marabout leur demanda : “Où est le pagne traditionnel qu’a donné ma sœur Fa Wade Wellé ?’’

    Yokh Moussé Guèye a alors répondu que le pagne avait été offert au chambellan pour qu’il puisse “faciliter l’audience’’ avec Cheikh Oumar Tall.

    Le pagne sera finalement restitué à son véritable destinataire, qui avait formulé des prières, avant d’“annoncer l’aura et le rayonnement international d’un enfant qui va naître à Gaé pour poursuivre sa mission’’, à savoir El Hadj Malick Sy.

    AHD/BK/MTN/AKS

     

     

  • SENEGAL-RELIGION-REPORTAGE / El Hadj Oumar Tall, une épopée spirituelle partie de Halwar

    SENEGAL-RELIGION-REPORTAGE / El Hadj Oumar Tall, une épopée spirituelle partie de Halwar

    +++Par Alhousseynou Diagne+++

    Halwar (Podor), 27 sept (APS) – Des tas de cendre, et tout autour, des fagots de bois. Signe de la présence d’un foyer coranique. C’est le premier détail qui attire l’attention dans la cour de la plupart des maisons à Halwar, village de naissance de Cheikh Oumar Foutiyou Tall (1797-1864), dans le département de Podor (nord).

    “C’est un passage obligé pour tout enfant né à Halwar. Tout le monde fréquente tôt l’école coranique, les garçons comme les filles’’, témoigne Thierno Oumar Tall, président du dahira “La Mémoire Oumarienne’’, une association engagée dans la préservation de l’héritage de Cheikh Oumar Tall ou Cheikh Oumar Foutiyou Tall.

    Dans certaines familles, dit-il, les enfants fréquentent parallèlement l’école française et poursuivent souvent même leurs études jusqu’à l’université.

    “Le sentiment le mieux partagé à Halwar est d’appartenir au village de Cheikh Oumar Foutiyou’’, souligne le président de “La Mémoire oumarienne’’, selon qui “dès le bas âge, un ensemble de valeurs est enseigné à l’enfant’’, qui est quasiment soumis à l’obligation de se doter de connaissances islamiques, notamment.

    Halwar privilégie le savoir sur toute autre chose. Comme si le village de naissance de ce chef de guerre et grand érudit de l’islam, se devait de toujours mériter de son illustre fils.

    Propagateur de la Tidjania

    La quête de connaissances semble être la raison d’exister de cette cité religieuse multiséculaire, lovée entre le marigot le Doué au sud et le fleuve Sénégal au nord, à environ cinq kilomètres du carrefour de la route menant à Démette, à la frontière avec la Mauritanie. 

    L’on y accède par une route bitumée qui part de la commune de Ndioum, de laquelle Halwar est séparé par un bras de fleuve appelé Gayo, lequel est enjambé par un pont à l’entrée du village de naissance de celui qui est considéré comme un acteur déterminant de la propagation de la Tidjania au Niger, au Mali, en Mauritanie et au Sénégal.

    Halwar se singularise par son calme remarquable, ne vibrant qu’au rythme des activités religieuses et des travaux champêtres.

    Comme l’avait fait El Hadj Oumar Tall, à un certain âge, les jeunes habitants du village, de sexe masculin, sont encouragés à quitter le village vers d’autres horizons pour poursuivre des études coraniques, parfaire leur formation religieuse de manière générale.

    Et pour galvaniser les jeunes “talibés’’, les motiver à aller chercher le savoir jusqu’en Chine, il est de coutume de leur raconter l’histoire du “combattant et résistant’’, en insistant sur les nombreuses anecdotes sur la vie du marabout, aussi extraordinaires et miraculeuses les unes que les autres.

    Les parents font par exemple visiter à leurs enfants les sites très caractéristiques de la vie et de l’œuvre du “combattant de la foi’’, “des lieux classés patrimoine culturel mondial et qui résistent encore au temps’’, même s’ils ont subi quelques “retouches mineures’’, rappelle avec fierté Thierno Oumar Tall.

    Faiseur de miracles

    Il y a toujours, par exemple, cette chambre debout au milieu d’un bâtiment en banco. C’était celle de Sokhna Adama Aissé Thiam, la mère de Cheikh Oumar Tall, qu’elle a mis au monde un mercredi coïncidant avec le 29e jour du mois “Chabaan’’, précédant le début du jeûne musulman, rapporte l’imam de la mosquée de Halwar, Thierno Mahmout Tall.

    “Le lendemain, c’est-à-dire le jeudi, le jeûne avait démarré dans la confusion. Une partie de la population avait observé le jeûne. Tandis que l’autre disant n’avoir pas aperçu le croissant lunaire attendait le vendredi pour entrer dans le mois de ramadan’’, ajoute-t-il.

    Mais un fait “ssez étonnant a attiré l’attention des parents du nouveau-né qui, toute la journée du jeudi, de l’aube au coucher du soleil, n’a pas tété le sein de sa mère’’. 

     Sokhna Adama Aissé Thiam et Thierno Saidou Atoumane Tall, les parents du jeune Cheikh Oumar Tall, inquiets pour leur fils, ont été surpris de voir l’enfant chercher le sein dès le coucher du soleil qui marque la rupture du jeûne, révèle l’imam Tall.

    Il évoque un autre fait qui s’est produit le jour de la naissance de Cheikh Oumar Tall et pouvant être considéré comme tout autant miraculeux : “Le marigot Ndiadialol où les populations s’approvisionnaient en eau et qui avait un goût salé, perdit depuis ce jour sa salinité’’.

     Une maîtrise précoce du Coran et des sciences islamiques

     Très tôt, son oncle Nguira Hamat Tall, l’initia à la lecture du Coran à Halwar, selon le patriarche. “Il sera son maître jusqu’à ce qu’il récite avec une grande maitrise tout le livre. C’est par la suite qu’il sera confié à son frère aîné Alpha Amadou Tall auprès de qui, il apprit d’autres spécialités dont le droit ou charia pour recevoir sa certification (lidiassa)’’.

     El Hadj Oumar Tall a ensuite poursuivi sa formation dans d’autres localités dont Ndormboss, dans l’actuelle commune de Dodel, et Séno Palel, dans la région de Matam.

     “Son enfance et sa jeunesse se sont passées naturellement comme pour la plupart de ses classes d’âge avec qui il vivait’’, indique l’imam Tall. 

     Après une longue période d’absence, il revient dans son village natal avec une forte envie d’effectuer le pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam.

    C’est durant cette période, qu’il se rend à Loboudou Doué, où il rencontre le marabout guinéen Abdoul Karim Diallo, qui l’initie à la Tijania et avec lequel, raconte Thierno Oumar Tall, il était prévu qu’ils se retrouvent, quelques années plus tard, en Guinée, sur le chemin du pèlerinage qu’il effectue à l’âge de 23 ans. Sauf que ce dernier décédera avant même la venue de Cheikh Oumar Tall.

     Ce grand érudit devenu chef de guerre et résistant à la colonisation, est le fondateur d’un nouvel empire musulman implanté dans la vallée du Niger, à partir de conquêtes territoriales nées de la guerre sainte (Jihad) qu’il déclencha à partir de 1852.

    Selon certaines sources historiques, l’empire toucouleur de El Hadj Oumar s’étendait en 1863 sur 300 000 km² et s’appuyait sur une administration redoutable dont le fonctionnement est encore aujourd’hui donné en exemple, ce qui a contribué à asseoir la réputation d’homme d’Etat du marabout.

     A Halwar, le premier Gamou célébré après la disparition d’El Hadj Oumar

     Du temps d’El Hadj Oumar Tall, les musulmans sénégalais en général et du Fouta en particulier ne célébraient pas le Gamou, a renseigné l’imam ratib de Halwar, Thierno Mahmout Tall, précisant que c’est avec l’avènement d’El Hadj Malick Sy que le Gamou a été institué.

     “Toutefois, la ziar d’Elhadj Oumar, commémoration de sa naissance et qui a lieu le dernier mercredi du mois de Chabane draine énormément de monde. C’est l’actuel khalife de la famille oumarienne, Thierno Bassirou Tall, qui en a relevé le niveau d’organisation. C’est ce qui fait que la localité est devenue trop petite pour recevoir les pèlerins’’, confie l’imam Thierno Oumar Tall.

     Dans le cadre du programme de réhabilitation des villes religieuses, Halwar a donc bénéficié d’une résidence dite “Gallé Cheikh Oumar’’.

     Cette infrastructure vient s’ajouter à plusieurs sites historiques dont la maison natale d’El Hadj Oumar, la chambre consacrée à ses retraites et où il a séjourné 41 jours avant de quitter Halwar pour la dernière fois, pour aller faire le Jihad (guerre sainte), ou encore la mosquée ainsi que le mausolée de Thierno Saidou Atoumane Tall (son père) et de Sokhna Adama Aissé Thiam (sa mère) qui attirent les visiteurs.

     Depuis la ziar de 2023, un disciple sénégalais du nom de Mamadou Sall, a entamé la construction d’un ensemble d’infrastructures composées d’une esplanade pour accueillir la cérémonie officielle de l’événement et des villas pour recevoir des hôtes de marque du khalife. Aujourd’hui, les travaux avancent à grands pas.

     Plus de 158 ans plus tard, l’épopée de ce personnage historique et héros légendaire continue d’être racontée aux nouvelles générations et chantée, notamment dans Tara, célébrissime geste en son honneur.

    AHD/BK/MTN/AKS

     

  • SENEGAL-ISLAM-STRATEGIE / Université populaire de Maodo, point d’ancrage et de dissémination de l’islam

    SENEGAL-ISLAM-STRATEGIE / Université populaire de Maodo, point d’ancrage et de dissémination de l’islam

    Tivaouane, 27 sept (APS) – Le marabout Elhadj Malick Sy, un adepte des sciences, a élaboré, face aux colonisateurs, une réelle stratégie de contournement pour assurer la percée de l’Islam au Sénégal.

    Après un séminaire à Ndiarndé où le marabout soufi était parti acquérir des connaissances, il décida de répandre l’islam dans la ville de Tivaouane où il s’était installé. L’objectif était plus de former des personnalités devant perpétuer cette mission. C’est de là qu’est né le concept d’‘’université populaire’’, qui regroupait plusieurs apprenants. El hadj Malick Sy se servait de l’éducation pour maintenir la foi des musulmans.

    A travers cette démarche, Maodo comme l’appellent affectueusement ses fidèles, a réussi à former une élite intellectuelle dans l’université populaire de Tivaouane. Il instaura des centres d’éducation partout dans le pays, des lieux de vivification de l’islam. La stratégie consistait à mener une pédagogie d’islamisation par la décentralisation et par l’initiation à la tidjania. Cette élite se devait de former d’autres formateurs intellectuels et éducateurs spirituels.

    C’était une université dans laquelle il n’y avait pas de dogmatisme en termes de faculté. C’était lui en tant que recteur qui enseignait toutes les sciences, mais un enseignement supérieur en son temps,  a expliqué Mounirou Sy enseignant-chercheur à l’Université Iba Der Thiam de Thies,.

    En l’absence de classes cloisonnées et d’instituts séparés, il les regroupait tout le monde . A chacun dans son domaine, il donnait des enseignements en fonction de son niveau. ‘’Cette université-là s’est disséminée après à travers le Sénégal et au-delà. C’est pourquoi ce n’est pas une université qu’on localise. Elle est non territorialisée mais une université universelle’’, a t-il expliqué.

    Le professeur de droit et chercheur à l’université de Thiès, décrit Maodo comme ’l’incarnation parfaite du modèle prophétique’’. Parce qu’il est d’avis que ‘’le prophète a été envoyé à partir du savoir. La tidjania dès lors, est “une science, une confrérie de savoir et de lumière basée sur la spiritualité et la connaissance discursive’’.

    A la question de savoir ce qui reste de cette université populaire, l’universitaire résume la situation en ces termes : ‘’ce qu’on peut retenir aujourd’hui, c’est la spiritualité globalisante au Sénégal. Partout où vous allez, il y a des mosquées, des instituts et la culture de l’agriculture’’. Ce pan de l’économie, à savoir le noyau dur de l’économie sénégalaise. ‘’Maodo a été l’un des champions. Il avait de grands champs à Gossas, Gamboudji, Thilé, Ndiarndé et à Diacksao donc il a montré l’exemple que le marabout ne doit pas être quelqu’un qui se recroqueville sur lui vivant des “adiya“ (présents) ou de la sueur des autres“.

    “ ll doit fournir lui-même l’effort de chercher du travail, d’incarner ce travail et de gagner de manière licite les ressources qui lui permettent de vivre’’, a-t-il étayé. En somme, Mounirou Sy déclare : ‘’C’est cela l’enseignement d’El Hadj Malick, la connaissance discursive, la foi ardente envers Dieu, l’honnêteté pour être bien, bon et beau’’.

    L’islamisation a connu un succès éclatant grâce à cette stratégie d’université populaire de Maodo avec la formation d’érudits qui ont eu à s’implanter partout au Sénégal et à raviver la flamme de l’islam dans les mosquées et les zawiyas construites à cet effet.

    Mounirou Sy avait pris part à un forum sur le thème “Leçons et lumières de Ndiarné“, organisé à la résidence située près de la zawiya Babacar Sy. La rencontre a enregistré la participation de descendants d’une partie des 89  “muqadams“ (émissaires) qu’Elhadji Malick avait formés à Ndiarndé et qui s’étaient disséminés au Sénégal et dans d’autres contrées africaines.

    Les participants ont revisité les caractéristiques de leurs ascendants respectifs et leur contribution à la propagation de l’islam, y compris au-delà de nos frontières.

    NSS/ADI/AKS