Catégorie : Culture

  • SENEGAL-LITTERATURE-EDITION / Une auteure sénégalaise va sortir un livre jeunesse en wolof et français

    SENEGAL-LITTERATURE-EDITION / Une auteure sénégalaise va sortir un livre jeunesse en wolof et français

    Dakar, 10 oct (APS) – La maison d’édition sénégalaise Saaraba annonce la sortie prochaine de son nouveau livre jeunesse en français et wolof , « Petit Pathé , une sortie mémorable » de l’auteure Aminata Khoussa, indique un communiqué reçu à l’APS.

    ‘’Pathé est un adorable garçon, un peu espiègle. Aujourd’hui c’est la grande foire, une occasion pour lui de prendre l’air avec sa petite sœur Khady. Un lieu d’émerveillement pour les enfants, mais aussi de péripéties pour ce qui sera sans doute… une sortie mémorable !’’, résume la note de l’éditeur.

    Le livre, dont la date de sortie n’est pas encore précisée, est illustré par Daniel Séverin Ngassu, informe la même source, qui ajoute que la maison d’édition ‘’veut également valoriser le travail de ces illustrateurs’’.

     

    Son auteure, Aminata Khoussa, a fait partie de la grande finale des 9ème jeux de la francophonie. Passionnée par l’art oratoire depuis sa plus tendre enfance, elle évolue entre le droit et l’entreprenariat.

     

    « Petit Pathé , une sortie mémorable », est son second ouvrage jeunesse, après “Les contes de Khoussa Madior”.

    ABB/OID

  • SENEGAL-MALI-ARTS  / Photographie : Lassana Igo Diarra nommé commissaire général de la 14e édition des Rencontres de Bamako

    SENEGAL-MALI-ARTS / Photographie : Lassana Igo Diarra nommé commissaire général de la 14e édition des Rencontres de Bamako

    Dakar, 9 oct (APS) – Le galeriste et acteur culturel Lassana Igo Diarra a été nommé commissaire général de la 14e édition des Rencontres de Bamako, une biennale africaine de la photographie prévue en novembre 2024 dans la capitale malienne, a appris l’APS, lundi, d’une source officielle.

    La décision a été prise le 5 octobre par le ministre malien de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Andogoly Guindo.

    ‘’Le commissaire général est chargé, sous l’autorité du ministre de la Culture, d’animer et de coordonner l’organisation des Rencontres de Bamako’’, précise M. Guindo dans le document dont une copie a été transmise à l’APS.

    Réagissant à sa nomination, Lassana Igo Diarra a dit l’avoir accueillie avec ‘’beaucoup de responsabilité, vu la situation (sociopolitique et sécuritaire) que le Mali traverse’’.

    Il estime que ‘’c’est une reprise de la diplomatie culturelle qui remet Bamako au centre de la créativité africaine’’.

    ‘’Nous accueillons cette nomination dans le silence et dans la parole, a-t-il ajouté. C’est un très grand défi […] Ça peut être une opportunité que nous avons le devoir et l’obligation de transformer.’’

    ‘’Nous comptons sur l’Afrique’’, a poursuivi le galeriste. Lassana Igo Diarra a été, en 2019, le directeur général de la 12e édition des Rencontres de Bamako, la plus grande manifestation dédiée à la photographie sur le continent.

    Depuis 2011, il est le fondateur et le directeur de la galerie Médina de Bamako, un espace de diffusion et de promotion de la créativité artistique du Mali et d’ailleurs.

    L’acteur culturel malien a aussi fondé les éditions Balani’s, qui ont dans leur répertoire des livres de contes, des bandes dessinées, des romans, des catalogues et des livres d’arts.

    Lassana Igo Diarra est membre du bureau de l’Association internationale des biennales et de jurys de plusieurs événements artistiques et culturels dans le monde.

    Il a été commissaire de plusieurs expositions nationales et internationales.

    Le galeriste a dirigé les expositions ‘’Le président Modibo Keïta et sa Cadillac’’, ‘’Konna Blues’’, ‘’60 Arts du Mali. Sacrifices ultimes’’ et ‘’Mali Moto’’.

    Le travail de Lassana Igo Diarra sur le musicien Ali Farka Touré a été salué et montré à la Documenta 14, à Kassel (Allemagne) et à Athènes, avec l’exposition ‘’Learning from Timbuktu’’ sur les manuscrits.

    Comme producteur audiovisuel de musique et de spectacles, il a notamment produit, avec son label Balani’s Vibes Production, un symposium sur Bazoumana Sissoko, l’un des plus grands instrumentistes du Mali.

    L’acteur culturel est membre fondateur du Réseau Kya, qui regroupe des organisations culturelles du Mali, et de l’Organisation malienne des éditeurs de livres.

    ADC/ESF

  • AFRIQUE-MUSIQUE / Des rappeurs africains lancent un album pour promouvoir l’unité africaine 

    AFRIQUE-MUSIQUE / Des rappeurs africains lancent un album pour promouvoir l’unité africaine 

    Dakar, 9  oct (APS) – Quelque 88 rappeurs de douze pays africains ont lancé l’album  »Brisons les frontières » pour promouvoir l’unité du continuent, a appris l’APS.

     »Cet album sorti au mois d’août dernier regroupe des artistes originaires de  la Mauritanie, Maroc, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Nigéria, Zambie, Bénin, Cameroun, Congo Brazzaville, Sénégal, Gabon et Guinée Conakry », a dit le rappeur sénégalais Ibrahima Keita alias ‘’Shaka Babs’,  samedi lors de la cérémonie de présentation de la production.

    Ce projet, a-t-il rappelé,  est né après la mise en place en 2022 d’une plateforme artistique engagée dénommée ‘’Hip hop self défense Africa’’ dont l’un des objectifs est la promotion de l’unité africaine à travers le hip hop,  »un mouvement artistique universel’’.

    Il a souligné que l’album  »Brisons les frontières » composé de douze titres avec un morceau dédié à chaque pays, est un appel à l’intégration africaine.

     »Nous voulons juste être Africains, et ne pas sentir une différence entre le Camerounais, le Sénégalais, le Marocain ou le Malien. nous sommes tous africains’’, a dit Shaka Babs, par ailleurs un des initiateurs de ce projet culurel.

    Le rappeur sénégalais  à appeler à éviter la division entre Africains et pour y arriver, selon lui, ‘’il faut briser les frontières artificielles héritées de la colonisation, et rester africain’’.

    Pour Shaka Babs,, » l’unité africaine permettra de résoudre tous les problèmes de l’Afrique y compris la question de l’émigration clandestine ».

    ‘’Le jour où l’Afrique sera unie, nous serons la première puissance mondiale. Tant qu’on n’aura pas fédéré toutes les forces de l’Afrique, on aura toujours des problèmes, car la jeunesse africaine souffre et chaque génération avec sa souffrance à cause de la division de  l’Afrique’’, a-t-il encore soutenu.

    Il a ajouté que la particularité de cette production confectionnée pendant plus d’un an réside sur les solutions abordées par les rappeurs à travers des chansons et massages  orientées pour que  l’intégration africaine soit une réalité.

    A cet effet, a-t-il précisé, ‘’les artistes se sont inspirés des réalités de chaque pays pour chanter l’unité et toutes ces voix regroupées donnent un message fort aux dirigeants africains’’.

    Le rappeur Malal Talla alias ‘’fou malade’’ a salué l’initiative qui est, selon lui,  »d’une importance capitale ».

    ‘’C’est vraiment un travail énorme et impressionnant sur chaque musique, et chaque titre de cette compilation qui  renvoient à la sociologie de chaque pays en termes de son (…)’’, a dit  »fou malade », nommé par ailleurs parrain de la plateforme ‘’Hip hop self défense africa’’.

    ‘’En écoutant l’album, cela te ramène à ton propre pays. C’est un album intergénérationnel où l’on retrouve, Duggy tee, Xuman, Nabashu entre autres rappeurs du Sénégal’’, a encore soutenu Malal Talla, ajoutant qu’ il est important que les artistes prennent ce genre d’initiative, car la musique va au-delà de l’art de combiner des sons agréables à l’oreille.

    ‘’La musique, est un acte social’’, a-t-il déclaré, avant d’inviter les artistes à s’approprier ce travail pour mieux le vulgariser.

    La rappeuse Nabashu de son vrai nom Dieynaba Sy est la seule Sénégalaise qui a participé à cet album.

    Des concerts sont envisagés dans les douze pays africains des artistes ayant participé à cette production avant la tenue d’un grand concert panafricain, selon les initiateurs.

    FKS/AB/OID

  • AFRIQUE-CINEMA-CULTURE / Le réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun désigné président du jury aux JCC 2023

    AFRIQUE-CINEMA-CULTURE / Le réalisateur tchadien Mahamat Saleh Haroun désigné président du jury aux JCC 2023

    Dakar, 8 oct (APS) – Le cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun a été désigné président du jury des films longs et courts métrages fiction et des films d’animation de la 34ème édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) en Tunisie prévues du 28 octobre au 4 novembre, a appris, dimanche l’APS des organisateurs.

    Le cinéaste, lauréat du Tanit d’argent en 2006 pour son film ‘’Darrat ou saison sèche’’, a participé avec plusieurs de ses films aux précédentes éditions des JCC, dans la compétition officielle et dans des sections parallèles, souligne un communiqué de presse transmis à l’APS.

    ‘’Il est considéré parmi les rares réalisateurs dont les films ont été choisis à deux reprises pour l’ouverture des JCC, notamment avec +Un Homme qui crie+ en 2010 et +Lingui les liens sacrés+ en 2021’’, précise-t-on dans le document.

    Le réalisateur a été sélectionné dans la compétition des films documentaires en 2016 avec son film ‘’Hissein Habré, une tragédie tchadienne’’, avant de revenir lors de la 29ème édition des JCC en 2018, hors-compétition, avec ‘’A season in France’’ (Une saison en France).

    Mahamat Saleh Haroun est le premier cinéaste tchadien.

    Il a fait des études en cinéma et en journalisme en France, son pays de résidence depuis 1982.

    Il a occupé le poste de ministre de la Culture, du développement touristique et de l’artisanat du Tchad durant un an en 2017 avant de démissionner et de retour à sa grande passion : l’écriture et la réalisation, révèle-t-on dans sa biographie.

    FKS/MTN

  • SENEGAL-SANTE-CULTURE / Le titre d’ambassadrice de la lutte contre le cancer remis à Coumba Gawlo, dimanche

    SENEGAL-SANTE-CULTURE / Le titre d’ambassadrice de la lutte contre le cancer remis à Coumba Gawlo, dimanche

    Dakar, 7 oct (APS) – Le titre d’ambassadrice de la lutte contre le cancer sera remis dimanche à Dakar à l’artiste sénégalaise Coumba Gawlo Seck, a appris samedi l’APS de son entourage.

    A l’initiative de l’Association cancer du sein au Sénégal, la cérémonie de remise officielle de ce titre aura lieu à 11 heures au musée Henriette Bathily, précise un communiqué transmis à l’APS.

    Dans cette perspective, ajoute la même source, Coumba Gawlo “entend jouer pleinement sa partition, en droite ligne de son engagement social et humanitaire’’.

    Face au cancer qui continue de faire des ravages, la mobilisation de tous, notamment des leaders d’opinion, peut impacter positivement sur la prévention, l’accompagnement et la prise en charge des malades, rapporte le texte.

    MTN

  • SENEGAL-LITTERATURE / Le livre « Sénégal à portée de mains, le lion sort de sa tanière », un diagnostic sans complaisance

    SENEGAL-LITTERATURE / Le livre « Sénégal à portée de mains, le lion sort de sa tanière », un diagnostic sans complaisance

    Dakar, 6 oct (APS) – L’ouvrage de l’expert en développement, Abdou Soulèye Diop, intitulé « Sénégal à portée de mains, le lion sort de sa tanière », se veut une « analyse impartiale » d’un consultant appelant à « recentrer le débat sur les idées plutôt que sur les personnes », a appris l’APS lors d’une cérémonie de présentation du livre, vendredi, à Dakar.

    « Dans le contexte actuel du Sénégal, l’ouvrage démontre comment à la croisée de sa trajectoire de développement, il est essentiel de recentrer le débat sur les idées plutôt que sur les personnes », a notamment dit l’auteur, évoquant « une analyse impartiale d’un consultant qui apporte une contribution au débat d’idées ».

    Publié en septembre dernier par les éditions d’Afrique challenge le livre de 266 pages se réfère essentiellement aux objectifs du développement durable (ODD) 2030, a précisé l’auteur, ajoutant partir « d’un diagnostic sans parti pris et sans complaisance ».

    « Le livre est construit autour d’un certain nombre de piliers, notamment d’une construction structurée qui traite les enjeux stratégiques de développement du Sénégal », a relevé Abdou Soulèye Diop, en faisant allusion aux aspects économique, social, au capital humain, à la dimension environnementale et à la gouvernance.

    Il a dit proposer « un plan de développement complet et novateur pour le Sénégal, et qui pourrait servir de modèle pour d’autres pays de la région ».

    Fruit de nombreuses années de recherche et de pratique sur le terrain, le livre propose une « approche transformative », se fondant sur plusieurs années d’expertise sur les projets de développement, notamment au Maroc et dans d’autres pays africains, a-t-il poursuivi.

    Auteur de plusieurs articles et rapports sur le développement en Afrique et d’un précédent ouvrage sur le Sénégal intitulé « 2012, 100 projets pour un Sénégal émergent », Abdou Souleye Diop a acquis une expérience en élaborant des stratégies de développement pour divers pays du continent, indique sa biographie.

    AMN/SMD/ASG

  • SENEGAL-LITTERATURE-EDITION / Un auteur évoque le potentiel de l’Intelligence artificielle en Afrique

    SENEGAL-LITTERATURE-EDITION / Un auteur évoque le potentiel de l’Intelligence artificielle en Afrique

    Dakar, 6 oct (APS) – L’ouvrage de l’expert en innovation digitale, Alioune Badara Mbengue intitulé « Prospérité symbiotique » éclaire le potentiel de l’Intelligence artificielle  (IA) en Afrique et s’attarde sur un futur où l’innovation technologique et l’ingéniosité africaine auront à fusionner pour créer des solutions plus résilientes et durables pour le continent, a constaté l’APS.

    Publiée cette année par la librairie et la maison d’édition Harmattan, le livre lève le voile également sur « les défis et les possibilités inexplorables » que l’intelligence artificielle offre à l’Afrique en matière de création d’emplois et l’émergence de nouveaux métiers.

    « Ce livre interpelle sur la relation entre l’homme et l’IA. Le sous-titre du livre « L’impératif de succès de la relation entre l’Afrique et l’intelligence africaine  (IA) » aborde la problématique selon laquelle cette dernière est aujourd’hui incontournable », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie de présentation et de dédicace du livre.

    Alioune Badara Mbengue a aussi précisé que son ouvrage invite à mieux connaitre « l’apport de l’IA dans plusieurs domaines de la vie sociale », en se donnant les moyens de « tirer profit de cette évolution technologique ».

    Une technologie menaçante pour le devenir de l’humanité

    Il est d’avis que dans tous les secteurs, « on sera irrévocablement obligé de faire avec l’IA, car le monde va s’y adapter ».

    Lauréat de plusieurs prix en matière d’innovation et de créativité, Alioune Badara Mbengue évoque toutefois une autre facette de cette technologie que l’on pourrait « craindre pour le devenir de l’humanité ».

    Dans cette perspective, le philosophe et penseur sénégalais Souleymane Bachir Diagne, a précisé que  »la notion de sens demeure une frontière entre la machine et l’être humain et elle reste toujours très inquiétante ».

    Prenant part à la cérémonie de présentation du livre, il a estimé que l’on devrait entamer « la réflexion sur quel monde nous voulons. Cette nouvelle technologie va créer un nouveau monde et c’est à nous de nous y adapter ».

    « L’intelligence artificielle apportera un changement très profond et énorme, mais on ne sait pas encore ce qui adviendra de cette dernière », a-t-il encore fait valoir.

    AMN/FKS/SMD/AB

  •  SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Le tamarinier de Fissel Mbadane : un arbre théâtre d’une bagarre macabre

     SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Le tamarinier de Fissel Mbadane : un arbre théâtre d’une bagarre macabre

    Par Mansoura Fall

    Fissel Mbadane, 6 sept (APS) – Le tamarinier sacré situé sur la route de Fissel Mbadane, dans le département de Mbour (ouest), rendu célèbre par une chanson de l’artiste-musicien Youssou Ndour (Daaxaar ga ca yoonu Mbaadane), a été le théâtre, en 1977, d’une bagarre politique macabre devenue un sujet tabou pour beaucoup d’habitants de cette commune.

    Si les vertus médicinales du tamarinier ne sont plus à démontrer, ses vertus mystiques sont, elles, bien préservées dans la société sénégalaise, particulièrement dans la communauté de Fissel Mbadane, peuplée en majorité de sereer.

    Les vertus fébrifuges, purgatives et laxatives de son fruit appelé le tamarin, sont connues depuis des siècles par la médecine traditionnelle. L’arbre est aussi considéré comme sacré et mystique par de nombreux habitants de la localité.

    Situé sur la route de Fissel Mbadane, plus précisément à Mboufoudj, l’un des 28 villages qui formaient la communauté rurale de Fissel, devenue aujourd’hui une commune, il reste l’un des tamariniers les plus célèbres du Sénégal.

    Bien avant l’évènement politique macabre dont il fut le théâtre, ce tamarinier était un lieu de rendez-vous pour toutes les grandes cérémonies socioculturelles du village, notamment les ‘’xoye’’ (séance de divination pré-hivernale) dans une zone dominée par l’animisme.

    Son gardien, Cheikh Diouf raconte que son père, Ibrahima Diouf, avait l’habitude d’accueillir une famille de chérifs dont le patronyme est Aïdara. Elle venait organiser des prières sous le tamarinier. C’est lors de l’une de ces séances, dit-il, que son père, qui se trouve être le propriétaire du tamarinier, se convertit à l’islam.

    Bien plus tard, une famille de ‘’djinn’’ (génie), chassée d’un autre tamarinier à Khombole (Thiès), voulut s’y installer. Malheureusement pour elle, le propriétaire Ibrahima Diouf avait fini par convertir les ‘’djinn’’ eux-mêmes à l’islam, lesquels se sont désormais installés à un endroit éloigné un peu de l’arbre.

    Un des vœux de feu Ibrahima Diouf était de construire une mosquée à côté de l’arbre mystique. Une prière bien exaucée, puisque qu’en plus de la mosquée, les habitants du village ont érigé une école coranique, juste en face de l’arbre.

    Du haut de ses 20 mètres, ce tamarinier de 200 ans et au feuillage persistant semble avoir résisté aux affres du temps. Témoin de plusieurs époques, l’arbre continue de recevoir des visiteurs qui viennent pour des prières ou cueillir ses fruits et écorces sous l’œil attentif de son gardien.

    Théâtre d’une bagarre politique macabre

    Mais les bienfaits de cet arbre bicentenaire ont été éclipsés en 1977 par un évènement politique dont il fut le théâtre lors d’une opération de vente de cartes pour le renouvellement de la section locale du Parti socialiste (PS). Cheikh Diouf lui-même en était témoin, alors qu’il était à peine âgé de 30 ans.

    ‘’Une bagarre a éclaté entre deux tendances au sein du même parti qui se disputaient le fauteuil du bureau du secrétariat du PS de Fissel. Il s’agissait pourtant de plusieurs amitiés intimes que la politique a entachées’’, indique Cheikh Diouf. Il envisage même d’écrire un ouvrage sur cet évènement politique méconnu et qui a coûté la vie à une personne.

    El Hadji Khaly Guèye et Abdou Babou Ngom, leaders politiques locaux soutenus respectivement par Amadou Ly, responsable à Mbour, et par François Bopp (ex ministre des Sports), se disputaient un poste de secrétariat à Fissel. Tous étaient présents à une vente des cartes organisée sous le tamarinier. Mais, la rencontre est interrompue par la visite surprise d’assaillants.

    Leur arrivée mit fin à l’opération de vente de cartes, renseigne Cheikh Diouf qui, ce jour-là, était chargé de remplir les noms des adhérents sur les cartes.

    ‘’Nous avons subitement vu [une bande d’hommes] venant de Fissel armée jusqu’aux dents [surgir] en direction du tamarinier. Ils nous ont menacé d’arrêter immédiatement le processus de vente des cartes’’, rapporte-t-il.

    Un autre témoin des faits, Demba Sène, déclare que les assaillants ont confisqué le stylo avec lequel Cheikh Diouf écrivait, pour l’empêcher de continuer son travail. ‘’Mais, c’était sans compter avec la témérité de ce dernier, qui s’est aussitôt défendu’’, déclare-t-il.

    L’homme à la tête de la bande avait provoqué Cheikh Diouf, se souvient Demba Sène. Il y avait de l’électricité dans l’air et les esprits ont commencé à chauffer, se remémore-t-il.

    ‘’Je me suis soudain retrouvé projeté en arrière et j’ai atterri sur une table en bois, mais ma réplique ne s’est pas faite attendre’’, narre-t-il, disant avoir asséné à la seconde qui suit un poing de sa main droite sur la figure du cerveau de la bande.

    ‘’Et c’est là que les choses ont dégénéré. Une bagarre sans merci a éclaté entre les deux camps, on n’était pas préparé du tout. Donc, on a ramassé des bâtons ici et là et on s’est défendu avec’’, explique Djokal Sène, le grand frère de Demba Sène.

    Agé aujourd’hui de presque une centaine d’années, Djokal Sène, assis sur son hamac en bois dans la cour de sa maison, se rappelle encore tous les détails de cet évènement comme si c’était hier. Bien sûr, certains n’ont pas manqué de prendre la poudre d’escampette face à des adversaires munis d’armes blanches, explique le vieil homme.

    Un homme tué d’un coup de couteau dans le dos

    Ces affrontements ont occasionné la mort de Ndom Diouf, tué d’un coup de couteau dans le dos. De nombreux blessés furent enregistrés lors de ces évènements tragiques. ‘’Ce jour-là, le chef de village de l’époque a immédiatement appelé la police qui a interpellé 18 personnes’’, raconte-t-il.

    ‘’ Nous avons tous été acheminés à la Mac de Thiès’’, dit Djokal Sène avec un brin de sourire, déclenchant l’hilarité générale dans la cour de sa maison. Ce jour-là,  déclare Demba Sène, il n’y avait jamais eu autant de policiers dans le village de Mboufoudj. Il affirme que ces derniers avaient été aidés dans leur travail par le chef de village qui donnait les noms des antagonistes.

    Des 18 personnes arrêtées, seules trois personnes sont encore en vie. Le présumé meurtrier qui a écopé d’une peine plus lourde, est sorti de prison depuis longtemps. Il vit loin du village de Mboufoudj, explique Djokal Sène, qui s’est gardé de donner son nom.

    Cette histoire politique reste encore taboue dans de nombreuses familles de Fissel Mbadane qui se sont déchirées suite à cet événement douloureux, explique un journaliste d’une radio locale.

    ‘’Chaque famille ou témoin peut donner différentes versions pour atténuer le problème et éviter d’entrer dans certains détails de l’affrontement dans le but justement d’éviter de blesser la sensibilité des familles des victimes’’, précise Pape Kaïré.

    Dans les semaines qui ont suivi ce drame dont le tamarinier de Fissel Mbadane fut le théâtre, la chanson Mbadane de Youssou Ndour, à l’époque lead vocal du groupe Etoile de Dakar, faisait déjà vibrer des mélomanes sénégalais. Et en 1978, le titre intégra l’album ‘’Tolou Badou Ndiaye’’.

    Les habitants demandent aujourd’hui au lead-vocal du Super étoile de Dakar, qui a rendu célèbre le tamarinier de la route de Fissel Mbadane, de venir dans leur village. Ils trouvent paradoxal le fait que le chanteur n’a jamais mis les pieds dans cette localité située pourtant à environ 1h30mn de route de la ville de Mbour via la route de Thiadiaye.

    MF/ASB/ASG

  • SENEGAL-CULTURE-ANALYSE / Des conteurs évoquent la valeur symbolique des arbres tutélaires

    SENEGAL-CULTURE-ANALYSE / Des conteurs évoquent la valeur symbolique des arbres tutélaires

    Dakar, 6 oct (APS) – Les arbres tutélaires, au-delà de leur valeur de totem, jouaient un rôle important comme espace de socialisation dans les terroirs traditionnels, analysent les conteurs Massamba Guèye et Babacar Ndaak Mbaye.

    « Les arbres tutélaires plantés par les ancêtres fondateurs avaient une valeur symbolique et totémique », a dit M. Guèye, chercheur, conteur et écrivain.

    Selon lui, les arbres tutélaires étaient en même temps des lieux de convergences et de rencontres en milieu traditionnel sénégalais.

    « Les espaces étaient symbolisés par les arbres, parce que lorsqu’on construisait une maison ou aménageait un lieu, la première chose qu’on mettait en place, c’était un arbre », a-t-il expliqué.

    A l’époque, fait savoir le conteur et professeur de lettres modernes, planter un arbre équivalait à « marquer l’appartenance, l’arrivée et l’installation d’une communauté ».

    « Cela signifiait qu’on y avait fait quelque chose qui nous appartenait, cet arbre était au milieu du village et beaucoup de choses s’y passaient : décisions [importantes], cérémonies de circoncision… », a rappelé Massamba Guèye.

    Une ‘’représentation mystique’’

    Ces arbres équivalent à des lieux de rassemblement tels que le Grand Théâtre national de Dakar ou le Théâtre national Daniel-Sorano, selon M. Guèye.

    Il a donné l’exemple du tamarinier situé sur la route de Mbadane (centre), « daaxaar ga thia yoonou Mbadane », dans la commune de Fissel, en insistant sur la « représentation mystique » qui s’attache à cet arbre rendu célèbre par le chanteur Youssou Ndour.

    « On parle de cette représentation mystique, mais ce qui le rend célèbre et qui a donné cette chanson », c’est exactement un « évènement politique » de 1977, a précisé M. Guèye.

    Cet événement a coïncidé avec la vente de cartes de membre en vue du renouvellement de la section locale du Parti socialiste, qui était au pouvoir au Sénégal.

    Ces affrontements avaient engendré la mort de Ndom Diouf, tué d’un coup de couteau dans le dos, et de nombreux blessés avaient été dénombrés. Dix-huit personnes au moins avaient été interpellées par les forces de l’ordre.

    « On dit que personne n’a le courage d’aller à l’arbre se trouvant sur la route de Mbadane pour exprimer l’idée qu’il y a un dangereux combat à mener. Les gens ont donné au tamarinier en question cet aspect mystérieux », explique le professeur de lettres modernes.« C’est [cet événement politique] qui a rendu le tamarinier célèbre. Mais dans la représentation populaire, les gens croient qu’on a peur d’y aller parce que c’est le lieu d’habitation des djinns », a précisé Massamba Guèye.

    Selon le conteur, c’est ce procédé qui ajoute une dimension mystérieuse à des faits réels. « C’est pourquoi on parle de traitement épique de faits historiques », relève M. Guèye, soulignant que dans ce cas, tout part de faits historiques, mais la version populaire leur donne « un traitement épique ».

    « En réalité, c’est vraiment cet incident politique qui est à l’origine de cette chanson » reprise par Youssou Ndour « comme un air populaire », sauf que le musicien a fait cette chanson « pour évoquer cet incident politique ».

    Une « fonction symbolique, spirituelle et mystique »

    Ce tamarinier de la route de Mbadane, « Gouye Diouly » à Saint-Louis (nord), le fromager de Djimbéring (sud), le baobab de Ngati (centre), tous ces arbres sont « investis par le mystique », soutient de son côté le conteur Babacar Ndaak Mbaye.

    M. Mbaye relève « la fonction symbolique, spirituelle et mystique » de ces arbres – tamariniers, fromagers, etc. -, le baobab en particulier étant considéré comme « symbole de notre spiritualité et symbole du Sénégal ».

    Le fromager, dit-il, « est le symbole d’une grande femme et d’un grand homme. Lorsqu’on vous dit que vous êtes comme le fromager, sachez que cela fait référence à votre grandeur », explique Babacar Ndaak Mbaye, président de l’Association des conteurs du Sénégal.

    Selon lui, le poète et écrivain Serigne Moussa Ka en avait dénombré 33 dans le Cayor, l’actuelle région de Thiès (ouest).

    FKS/ASB/BK/ESF

  • SENEGAL-CULTURE / Une association regroupant les rappeurs portée sur les fonts baptismaux à Matam

    SENEGAL-CULTURE / Une association regroupant les rappeurs portée sur les fonts baptismaux à Matam

    Matam, 6 oct (APS) – Des rappeurs de la commune de Matam (nord) ont mis en place, jeudi, une association regroupant les artistes évoluant dans le secteur du rap dans cette région du nord du Sénégal.

    L’Association des rappeurs de Matam (AR Matam) est une structure répondant à « un besoin qui se faisait sentir depuis longtemps, car on a constaté que les rappeurs de Matam étaient un peu dispersés », a déclaré le directeur du centre culturel régional de Matam, Samba Kandé.

    Les promoteurs de la nouvelle structure misent sur elle pour pallier le « manque de formation et de synergie constaté dans le mouvement hip hop à Matam », avec comme conséquence « une baisse d’intensité […] sentie » dans l’animation de ce secteur culturel.

     »C’est ainsi que les jeunes ont décidé de mettre en place cette association en partenariat avec le centre culturel régional », a expliqué M. Kandé, qui vient de prendre ses fonctions en remplacement d’Abdourahmane Diallo.

    Le nouveau directeur du centre culturel régional de Matam a dit son espoir de voir cette association « résoudre tous les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes rappeurs de Matam », en plus de travailler à la tenue régulière de festivals dans la commune.

    Le rappeur Kawous Brown, de son vrai nom Alassane Ndoye, a été élu président de AR Matam. Il est secondé par le producteur Vito Ndiaye (Yiyandé Production), vice-président de la nouvelle structure.

    AT/BK