Catégorie : Culture

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Un historien appelle à faire de la commémoration du massacre de Thiaroye un ‘’combat contre l’oubli »

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Un historien appelle à faire de la commémoration du massacre de Thiaroye un ‘’combat contre l’oubli »

    Dakar, 30 nov (APS) – L’historien et inspecteur général de l’éducation, Mor Ndao, invite à un combat contre l’oubli pour entretenir la mémoire des tirailleurs sénégalais massacrés au Camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944.

     »Ce qui reste, c’est ce combat contre l’oubli qu’il faut mener et dépasser le devoir de mémoire. C’est très bien de reconnaître les faits, prendre des actes politiques, la reconnaissance de la nation, mais au-delà du devoir de mémoire, il y a le travail de mémoire à mener », a-t-il dit au cours d’un entretien accordé à l’APS.

    Selon l’historien, le travail de mémoire implique la conjonction de toutes les forces, le dialogue intergénérationnel afin de passer le témoin aux générations futures.

     »Il y a un acte de transformation, de participation citoyenne, de dialogue et de co-construction, de transmission des valeurs aux générations futures à faire », préconise M. Ndao, par ailleurs directeur de l’Ecole doctorale Ethos.

    L’inspecteur général de l’éducation demande que ce massacre, à Thiaroye, perpétré sur  »nos valeureux tirailleurs qui ont participé à la construction et l’édification du monde libre, et assassinés à leur retour de la deuxième Guerre mondiale » soit enseigné dans toutes les écoles, mais ‘’de manière objective’’.

    Le professeur Mor Ndao, qui qualifie ce fait d’histoire ‘’d’assassinat » appelle à se projeter vers l’avenir pour aller vers un travail de mémoire.

    ‘’Il y a le devoir de mémoire, le travail de mémoire et la volonté de mémoire. Ces trois composantes doivent être en conjonction », insiste-t-il.

    Cette volonté de mémoire doit, selon lui, être l’aboutissement d’un long travail, d’une longue prise de conscience et aussi de bataille.

    ‘’Je pense que, comme ils [Les Français] ont fait pour la guerre d’Algérie avec la commission Stora, la France doit reconnaître ce crime contre les tirailleurs. Il y a aussi le Rwanda où il y a eu des avancées. Pourquoi pas pour Thiaroye ?’’, s’interroge le spécialiste des questions militaires, qui appelle à continuer de mener le combat.

    ‘’Il faut transmettre cette mémoire aux générations futures. Et c’est très important. Tôt ou tard, il faut que la France reconnaisse que c’est un crime », a t-il lancé.

    Le professeur Mor Ndao invite aussi ses collègues à  »faire ressortir cette vérité en réécrivant cette histoire pour remettre les choses à l’endroit afin que les gens sachent ce qui s’est réellement passé et tirer les leçons et les enseignements pour nous projeter dans le futur’’.

    FKS/OID/ABB

  • SENEGAL-GBRETAGNE-CULTURE / Dak’Art 2024 : quatorze artistes vivant avec un handicap exposent au British Council

    SENEGAL-GBRETAGNE-CULTURE / Dak’Art 2024 : quatorze artistes vivant avec un handicap exposent au British Council

    Dakar, 30 nov (APS) – Quatorze artistes vivant avec un handicap exposent leurs œuvres photographiques, au British Council, dans le cadre de la 15ème Biennale d’art africain contemporain de Dakar, a constaté l’APS.

    Environ une cinquantaine de photographies des membres de l’Association Handicap.SN, y est exposée dans une initiative d’appui à la créativité et à l’entreprenariat de ce centre d’apprentissage de l’anglais.

    ‘’C’est un plaisir d’avoir cet événement et de pouvoir renforcer cette coopération culturelle entre le Royaume-Uni et le Sénégal. D’autant plus que ces œuvres sont réalisées par des gens en situation de handicap’’, a déclaré l’ambassadrice du Royaume-Uni au Sénégal, Juliette John.

    ‘’Je pense qu’ils apportent une certaine sensibilité, à travers des thèmes ou des prises de vue qui nous ouvrent un peu l’esprit’’, a-t-elle ajouté.

    S’adressant à la presse à l’occasion de l’exposition ‘’Creative DNA’’, elle a souligné l’importance de donner aux personnes en situation de handicap, non seulement une place et une scène, mais aussi un accompagnement dans la formation, en vue d’apprécier leur ‘’talent’’ et leur ‘’créativité’’.

    ‘’Cette exposition photo est un espace à la fois de formation et d’exposition des œuvres uniques de 14 photographes en situation de handicap, qui s’inscrit dans un partenariat de longue date avec l’association Handicap.SN’’ a, pour sa part, soutenu la représentante résidente de British Council, Morgane Quemener.

    Elle a relevé que l’exposition s’inscrit dans leur engagement ‘’profond’’ pour ‘’l’égalité, la diversité et l’inclusion’’, mais également dans le cadre d’un vaste programme de soutien aux talents créatifs et entrepreneurs du Sénégal.

    Le président de l’association Handicap.SN, Khadim Talla, a, quant à lui, rappelé qu’à partir l’image, on peut donner un visage à la société du point de vue politique et culturel. 

    ‘’A travers ces photographies, vous avez plusieurs obstacles auxquels les personnes handicapées sont souvent confrontées dans la société, notamment dans la culture, l’éducation, l’emploi, l’auto-emploi et l’accessibilité’’, a-t-il souligné.

    AMN/ASB/ABB

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE-CINEMA / ‘’Camp de Thiaroye’’ : l’acteur Sidiki Bakaba rembobine le film du tournage

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE-CINEMA / ‘’Camp de Thiaroye’’ : l’acteur Sidiki Bakaba rembobine le film du tournage

    Dakar, 30 (APS) – L’acteur ivoirien Sidiki Bakaba, qui a joué dans le film  »Camp de Thiaroye » d’Ousmane Sembène et de Thierno Faty Sow, se souvient des moments  »inoubliables » du tournage de cette production cinématographique mise au goût du jour à la faveur de la commémoration, cette année, du 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye.

    Au début, fait savoir Sidiki Bakaba, dans un entretien téléphonique avec l’APS, il y avait une hésitation entre le rôle du sergent Diatta, finalement interprété par le journaliste Ibrahima Sané de la RTS, qu’il devait incarner entre ou celui de ‘’Pays’’, un muet revenu traumatisé de la guerre, et qui représente le continent africain dans le film. ce dernier voit tout, mais ne dit rien, car son temps de parler n’est pas encore arrivé, explique l’acteur.

    ‘’Lorsque le tournage devrait se faire, Sembène m’a remis le scénario et me dit +tu as le plus beau rôle du film+. Pour quelqu’un qui a l’habitude de jouer de grands textes, tu t’attends à en avoir un, mais il n’y a pas », dit-il en, se rappelant avoir poussé un rire du fait de cette surprise qu’il a eue dès le début de cette aventure.

    L’argument du cinéaste sénégalais était de donner ce grand rôle à un vrai acteur, qui ne pouvait être que Sidiki Bakaba.

    Le comédien ivoirien, qui vit aujourd’hui en France, dit remercier Sembène Ousmane qu’il considère comme ‘’son papa’’ pour lui avoir permis de participer à la reconstitution de cette histoire afin de permettre une compréhension du récit.

    Sous la direction du réalisateur d’‘’Emitai’’ (dieu du tonnerre, 1971) qui l’a laissé écrire le dialogue du muet, Sidiki Bakaba soutient avoir joué ce rôle dans ‘’un silence éloquent’’.

    Mais, avoue-t-il, ‘’ce qui m’a aidé à réussir ce rôle, c’est le mysticisme qui reste en moi’’. L’acteur dit avoir puisé dans sa technique occidentale de comédien, mais aussi de l’Africain qu’il est et du Soninké qu’il va toujours demeurer.

     »Pour le tournage de Thiaroye, le décor était planté dans un terrain vague non loin du cimetière. Le soir, en rentrant, je demandais au chauffeur de s’arrêter et j’allais au cimetière pour parler aux tirailleurs afin de leur demander leur autorisation de jouer le rôle’’, raconte-t-il, ajoutait qu’il formulait des prières pour eux.

    ‘’Je disais : je ne sais pas qui est  »Pays ». Je vous demande l’autorisation d’incarner ce rôle auquel Sembène a donné corps. Pays soit avec moi, puis je fais ma prière’’, dit-il.

    Il rapporte qu’à chaque fois le chanteur Ismaïla Lo, compositeur de la musique du film Camp de Thiaroye, et qui y interprétait un rôle de tirailleur, l’interpelait, en lui disant :  »hey, grand, tu nous fatigues ! », se souvient-il avec humour.

    Le comédien dit croire que ‘’l’art [est] un don divin », et  qu’incarner le rôle de  »Pays » dans cette ‘’histoire puissante’’ du film Camp de Thiaroye, était pour lui ‘’une immense responsabilité’’.

    Avec ce film, l’unité africaine était déjà née

    Revenant sur l’ambiance de tournage du film, Sidiki Bakaba note qu’avec le recul, ‘’on voit que l’unité africaine était déjà née’’.

    ‘’Si la France les a supprimés [les tirailleurs massacrés], c’est parce qu’ils s’entendaient tous, Guinéens, Sénégalais, Maliens, Congolais, Ivoiriens, etc. Ils avaient fait la guerre, souffert ensemble, dormi avec des cadavres de blancs… », précise-t-il, soulignant que le seul personnage qui avait compris en voyant le mirador et les barbelées était lui, ‘’Pays’’.

    Camp de Thiaroye marque la première coproduction sud-sud en matière cinématographique, car il a été produit par le Sénégal, la Tunisie et l’Algérie.

    L’artiste se rappelle de l’ambiance ‘’fraternelle, de solidarité et de +téranga+ à la sénégalaise », qui a régné au sein du groupe qui rentrait ainsi dans l’histoire en donnant vie à ce récit pour que jamais cela ne soit tu.

    Revenant sur les anecdotes du tournage, Sidiki Bakaba relève son côté ‘’vicieux’’ avec la présence de l’hélicoptère de l’armée française qui faisait la ronde pour les empêcher de tourner.

     »L’hélicoptère faisait du bruit au-dessus de nos têtes et l’ingénieur de son était obligé d’arrêter. C’était une mauvaise volonté pour que ce film ne se fasse pas », dit-il, saluant ainsi l’engagement de Sembène Ousmane qui a voulu, à travers cette production,  »instruire, conscientiser et éviter que l’on refasse les mêmes erreurs ».

    Le cinéaste sénégalais Sembène Ousmane (1923-2007), dans sa démarche consistant à ‘’parler à (son) peuple’’, a réalisé avec Thierno Faty Sow ‘’Camp de Thiaroye’’ (Filmi Domireew/SNPC/SATPEC/ENAPROC, 2 heures 37mn), pour inscrire dans la mémoire collective le massacre, le 1er décembre 1944, par l‘Armée coloniale française de soldats africains appelés ‘’tirailleurs sénégalais’’

     »Camp de Thiaroye’’ est à ce jour le film le plus célèbre consacré au massacre des tirailleurs à Thiaroye. Réalisé en 1988, il est primé la même année au festival Venise (prix spécial du jury à la Mostra), censuré pendant près de dix ans en France. Il y a été à nouveau projeté en 2024 au Festival de Cannes, dans une version restaurée.

    Le film, qui contribue à remettre dans la mémoire et l’historiographie ce douloureux événement, évoque le retour de tirailleurs sénégalais, anciens combattants de l’armée française, issus de pays d’Afrique subsaharienne, faits prisonniers en Allemagne durant la seconde Guerre mondiale, démobilisés puis rassemblés au camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres de Dakar.

    Là, ils apprennent que le montant de leurs indemnités et pécule, constitués d’arriérés de solde et de primes de démobilisation, sera divisé en deux. Le général en fonction prétend changer les francs métropolitains en francs CFA à la moitié de leur valeur. Les tirailleurs, qui ne l’entendent de cette oreille, le font savoir. En représailles, le camp est attaqué à l’artillerie le 1er décembre 1944 à l’aube. Des dizaines d’entre eux sont tués.

    L’histoire racontée par Sembène et Thierno Faty Sow est organisée autour de la figure du sergent-chef Diatta (Ibrahima Sané), cultivé, parlant wolof, diola, français et anglais, amateur de littérature et de musique classique, marié à une Européenne. Il s’oppose au capitaine Labrousse, officier d’active des troupes coloniales, mais est soutenu par le capitaine Raymond, qui rentre en France avec de nouveaux engagés à la fin du film.

    La distribution des rôles est restée fidèle à la configuration de ce qu’on a appelés ‘’tirailleurs sénégalais’’ qui, en réalité, venaient du Congo, du Gabon, de la Cote d’Ivoire, du Niger, du Burkina Faso, du Benin, du Mali, de la Guinée et du Sénégal.

    Dans le cadre de la commémoration de Thiaroye 44, le film ‘’Camp de Thiaroye’’ a été projeté, vendredi, à Dakar au complexe Sembène Ousmane et diffusé à la télévision publique, RTS.

    Il sera présenté, dimanche, lors d’un hommage solennel à Bordeaux par l’Association ‘’Mémoire et partage’’ de Karfa Diallo en présence de Sidiki Bakaba.

    FKS/OID/ABB

  • SENEGAL-MUSIQUE / Saint-Louis : lancement de la 14e édition du festival Métissons

    SENEGAL-MUSIQUE / Saint-Louis : lancement de la 14e édition du festival Métissons

    Saint-Louis, 30 nov (APS) – Les activités de la 14e édition du festival Métissons, un événement qui célèbre la richesse de la diversité musicale en rassemblant des artistes locaux et du monde entier, ont démarré, vendredi soir, à Saint-Louis (nord), a constaté un reporter de l’APS.

    L’ouverture officielle sur la scène de l’Institut français a été marquée par les prestations de Chadia et le Welliband du Sénégal, de l’artiste d’origine haïtienne Mike Overlord mais également de l’artiste saint-lousien Mbaye Ndiaye Tilala et le Massina Rythme.

    Dans son discours inaugural, le promoteur du festival Métissons, Ababacar Guèye, est revenu sur le rôle et la richesse musicale dans le développement artistique des musiciens locaux.

    ‘’Cet événement n’est pas seulement un spectacle, mais une plateforme ou des artistes locaux s’affirment et s’identifient de par leur talent’´, a-t-il lancé.

    Au-delà de l’art, cette richesse musicale contribue à l’exportation de l’image positive de Saint-Louis par l’attrait mondial sur ses traditions uniques et ses talents émergents qu’elle offre, a-t-il notamment souligné.

    Saint-Louis, dit-il, n’est pas seulement un carrefour culturel, la. Ville est aussi un pont entre les nations, grâce notamment à la musique, outil de diplomatie culturelle, qui fait se rencontrer l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Selon Abacara Guèye, l’histoire des Signares, ces jeunes femmes élégantes, noires ou métisses, en est la parfaite illustration.

    ‘’La musique joue un rôle essentiel dans la construction des relations internationales apaisées. Lorsqu’un artiste saint-lousien ou sénégalais se produit à l’étranger, il transporte avec lui des récits, des valeurs et une culture enracinée dans l’histoire de Saint-Louis’’, dit-il.

    La cérémonie d’ouverture du festival a été précédée d’un carnaval ‘’Takussanou Ndar’’, une procession de calèche qui montre et mais met en valeur la culture saint-louisienne.

    La programmation off prévoit, entre autres, des concerts apéritifs et des ‘’afters’’ dans différents lieux de la ville, créant une ambiance festive, indique une note de présentation transmise à l’APS.

    Créé en 2010, le festival Métissons de Saint-Louis s’est ancré dans l’agenda culturel de la capitale du nord et du Sénégal. Il se déroule sur deux jours, du vendredi 29 au samedi 30 novembre, et sert en même temps de lancement de la saison touristique, renseigne la même source.

    CGD/AMD/ABB/OID

  • SENEGAL-CINEMA / Mamadou Dia dévoile ‘’Demba’’, une réflexion sur le deuil et la résilience

    SENEGAL-CINEMA / Mamadou Dia dévoile ‘’Demba’’, une réflexion sur le deuil et la résilience

    Dakar, 30 nov (APS) – Le réalisateur sénégalais Mamadou Dia a présenté, vendredi, au cinéma Pathé de Dakar, son nouveau long métrage  »Demba », une œuvre qui explore le deuil, la résilience, la santé mentale et les tabous culturels liés à l’expression des émotions, et inspirée de sa propre expérience.

    Le film raconte l’histoire de Demba, un homme en quête de réconciliation avec lui-même et ses proches, confronté à la solitude et au poids du deuil à l’approche de l’anniversaire de la mort de sa femme, Awa.

    Alors qu’il s’apprête à prendre sa retraite après trente ans de service dans une mairie de Matam, ville du nord du Sénégal, il tente de renouer avec son fils Bajjo, malgré les tensions qui les éloignent.

     »+Demba+ est avant tout un film profondément personnel,  qui est né d’une expérience liée au deuil”, a confié le cinéaste, originaire de Matam, qui a perdu sa mère à l’âge de 13 ans.

    “J’aurais voulu qu’un adulte vienne simplement me dire que ma mère ne reviendrait pas, avec des mots clairs”, a-t-il expliqué, évoquant un défaut d’explication qui a marqué son enfance.

    Des années plus tard, lors d’une thérapie aux États-Unis pendant la pandémie du Covid-19, Mamadou Dia a revisité cette douleur de l’enfance.

    Une démarche qui lui a permis de comprendre les différentes phases du deuil, notamment la dépression, une  »notion difficile à nommer dans certaines cultures ».

    “En langue pulaar, je n’ai pas trouvé l’équivalent du mot dépression. Cela m’a poussé à m’interroger sur la manière dont nous dépassons une douleur que nous ne pouvons pas nommer”, dit-il.

    Le deuil comme expérience collective

    À travers  »Demba », Mamadou Dia ne se limite pas à une exploration individuelle du deuil. Le film montre comment cette expérience affecte toute une communauté.

    ‘’Chaque personnage du film expérimente la perte de quelque chose’’, explique-t-il, indiquant qu’Aïcha, une ancienne influenceuse, doit faire le deuil de son identité après avoir utilisé une fausse maladie pour attirer l’attention ; Bajjo, quant à lui, est confronté à la fragilité de son père vieillissant, une situation qui renverse les rôles familiaux traditionnels.

    “Nous faisons tous des deuils dans nos vies : deuil d’une relation, d’un corps qui change ou d’une ancienne vie”, soutient le réalisateur, insistant sur la portée universelle de son œuvre.

    Une autre perspective sur les émotions masculines

    Le choix d’un protagoniste masculin était également intentionnel pour Mamadou Dia. “Dans notre société, les hommes n’ont pas vraiment l’espace pour exprimer leurs émotions. La colère est souvent la seule réponse attendue. Avec +Demba+, j’ai voulu montrer un homme confronté à une souffrance silencieuse, loin des explosions émotionnelles classiques”, a-t-il signalé.

    Malgré les thèmes lourds abordés dans le film, Mamadou Dia a voulu créer une œuvre visuellement belle.

    “Nos mères, avec un simple boubou, dégagent une élégance incroyable. Cette beauté est facile à montrer et contrebalance la gravité des émotions explorées”, selon lui.

    Demba n’est pas seulement un film, pense-t-il, mais il est aussi un outil pour ouvrir le dialogue sur des sujets souvent tabous, comme le deuil et la résilience.

    “Ce film invite chacun à partager ses expériences et à mieux comprendre celles des autres”, soutient-il.

    Diplômé de la prestigieuse Tisch School of the Arts de l’Université de New York, Mamadou Dia s’est fait remarquer avec son premier long métrage,  »Baamum Nafi » (Le Père de Nafi), récompensé au Festival de Locarno, en Suisse, et sélectionné pour représenter le Sénégal aux Oscars du cinéma, à New York, en 2021.

    Avec  »Demba », Mamadou Dia poursuit son exploration des thématiques humaines et sociales, mêlant réalité et fiction pour raconter des histoires universelles ancrées dans la culture sénégalaise.

    En plus de la projection-presse,  »Demba » sera en première nationale à Matam, samedi, avant sa sortie nationale et internationale le 6 décembre prochain.

    Le film était sélectionné en première mondiale au dernier festival  international du film de Berlin, communément appelé Berlinale tenue en février 2024.

    AN/FKS/ABB/OID

  • SENEGAL-CULTURE-EVENEMENT / Ouverture à Saly d’un festival du costume et de la coiffure traditionnels

    SENEGAL-CULTURE-EVENEMENT / Ouverture à Saly d’un festival du costume et de la coiffure traditionnels

    Saly, 30 nov (APS)- Un festival international du costume et de la coiffure traditionnels s’est ouvert, vendredi, à Saly (Mbour, ouest), pour magnifier l’élégance vestimentaire du Sénégal, a constaté l’APS.

    ‘’Nous avons choisi cette année le costume et la coiffure traditionnels pour magnifier l’élégance vestimentaire du Sénégal, pour la première édition de ce festival international’’, a dit Boubacar Sabaly, président de ladite manifestation culturelle, qui va se dérouler du 29 novembre au 1er décembre à Saly.

    Après la cérémonie d’ouverture du festival, un forum et des panels sur l’artisanat et la culture, une visite du festival avec ses expositions et productions artistiques, un carnaval, le samedi, suivi d’une soirée de gala, sont également prévus, a-t-il indiqué.

    ‘’Le festival veut remettre à sa place le tourisme dans la station balnéaire de Saly et le pôle touristique de Thiès’’, selon M. Sabaly.

    Présent à l’ouverture du festival Mouhamadou Moustapha Thioune, secrétaire général du ministère du Tourisme et de l’Artisanat a magnifié l’organisation d’un tel événement qui, estime-t-il, offre beaucoup de d’opportunités en termes de tourisme.

    Il a également réaffirmé la disponibilité de la tutelle pour accompagner ce genre d’initiatives, ‘’qui permettent de développer des activités au niveau des territoires’’.

    DOB/ADI/ABB

  • SENEGAL-MONDE-CINEMA / ‘’Festival Dakar court’’: onze films en compétition officielle (organisateur)

    SENEGAL-MONDE-CINEMA / ‘’Festival Dakar court’’: onze films en compétition officielle (organisateur)

     

    Dakar nov (APS) – Onze films seront en compétition officielle à la septième édition du Festival international du court métrage de Dakar ou ‘’ Festival Dakar court’’, prévue du 9 au 14 décembre prochain, a appris jeudi l’APS du responsable de la structure promotrice de cet évènement cinématographique.

    ‘’Cette année, nous avons reçu 417 films dont 34 films d’écoles. Onze films ont été retenus dont 4 films d’écoles, la sélection a été très difficile», a déclaré le cinéaste Moly Kane, président de l’association ‘’Cinémarekk’’.

    Le président de ‘’Cinémarekk’’, la structure organisatrice de l’évènement, s’exprimait vendredi, au cours d’une conférence de presse en prélude à ce festival, à l’institut français de Dakar.

    Pour la sélection officielle des scenarios, 4 projets présentés par des jeunes sénégalais ont été sélectionnés pour le ‘’Prix Grec-France Télévisions’’ doté d’une enveloppe de 20 000 euros (13 054 721 francs CFA).

    ‘’La musique et le cinéma sont jumeaux. C’est à travers la musique que le cinéaste fait passer l’émotion’’, a-t-il dit au sujet du thème de cette édition qui porte sur  ‘’Musique et Cinéma’’.

    Trente candidats sont sélectionnés pour le prix Dakar court talents. 15 journalistes sont aussi sélectionnés pour la formation de critique de cinéma.

    Le jury de la complétion officielle sera présidé par Moussa Sène Absa. Fatou Kandé Senghor présidera, quant à elle le jury ‘’Prix Grec-France Télévisions’’.

    Et le jury ‘’Talents Dakar court critique’’, sera présidé par le journaliste Alioune Ndiaye.

    MYK/MK/ASB

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Recherche sur  »Thiaroye 44 »: un historien préconise d’aller au-delà des archives françaises

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Recherche sur  »Thiaroye 44 »: un historien préconise d’aller au-delà des archives françaises

    Dakar, 29 nov (APS) – L’historien Mor Ndao préconise  »d’aller au-delà des archives françaises » dans la recherche de la vérité sur le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944, estimant qu’il faut penser aux archives américaines et anglaises.

     »Avec les archives françaises, on ne peut qu’avoir que la version de la France. Mais recouper avec les autres serait intéressant aussi’’, a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.

     »Les Américains étaient à Dakar et bien informés (…) Les Anglais étaient à Dakar aussi. Les Anglais ont toute la photographie aérienne de Dakar durant quatre ans, maison par maison. Ce sont des archives aussi importantes », fait savoir le professeur Ndao.

    Dans une société majoritairement orale, l’historien invite aussi à prendre en compte les témoignages des populations de Thiaroye qui racontent les péripéties du massacre.

    FKS/OID

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE-JUSTICE / Massacre de Thiaroye : un historien appelle à revoir ‘’symboliquement’’ le procès des 35 rescapés

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE-JUSTICE / Massacre de Thiaroye : un historien appelle à revoir ‘’symboliquement’’ le procès des 35 rescapés

    Dakar, 29 nov (APS) – Le professeur d’histoire moderne et contemporaine, Mor Ndao, a appelé à revoir  »symboliquement » le procès des 35 rescapés du massacre des tirailleurs sénégalais, le 1er décembre 1944 à Thiaroye, et qui ont été condamnés  »pour rébellion » le 5 mars 1945 à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.

    ‘’Il se pose un devoir moral de revoir ces procès symboliquement. Oui, il faut revoir ces procès symboliquement. Et remettre les choses à l’endroit », a plaidé l’historien spécialiste des questions militaires dans un entretien avec l’APS en prélude des cérémonies de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Tirailleurs sénégalais à Thiaroye.

    Le professeur Mor Ndao rappelle qu’en 1947, il y a eu une pression de l’opinion internationale pour exiger la libération des 35 survivants de ce massacre de Thiaroye condamnés par l’armée coloniale française.

    Ils ont été tous amnistiés, selon le professeur, précisant qu’il ne s’agit pas d’annulation des peines.

     »Ce qui pose le devoir moral de revoir ces procès symboliquement », martèle-t-il.

    Certains descendants de ces tirailleurs se battent encore aujourd’hui aux côtés de l’avocat français Hervé Banbanaste pour leur réhabilitation, a fait savoir récemment le média français France 24.

    Le nombre de tirailleurs tués dans ce massacre reste une question entière, selon M. Ndao qui parle de trois versions différentes.

    La première version constituée des témoignages de la population de Thiaroye note que le jour et le lendemain du massacre deux grandes fosses ont été creusées par des bulldozers au niveau du cimetière des soldats indigènes qui se trouve sur l’actuelle route nationale.

    ‘’Elle (population) dit qu’on a creusé deux grands trous. La pelleteuse est venue mettre les corps. On les a ensevelis. Ensuite, on a mis des branches, etc », relate-t-il.

    La deuxième version fait état de 35 tombes individuelles vues le lendemain.

    ‘’Et on a mis des corps sur les tombes individuelles d’après les témoignages recueillis », précise M. Ndao qui estime que ce sont les 35 tombes qui sont actuellement au cimetière militaire de Thiaroye.  »On estime que ce sont les blessés qui sont décédés à l’hôpital militaire de Ouakam et amenés à Thiaroye. Certains même ont été exécutés là-bas », dit -il.

    La troisième version évoque des fosses dans le camp.  »Cela signifie que ceux qui sont morts ont été enterrés sur place parce que c’est plus sécurisant quand on cache, il ne faut pas déplacer’’, pense l’historien.

    Après le massacre, l’administration coloniale a arrêté 45 tirailleurs qu’elle a fait prisonniers et défiler dans les rues de Dakar avec les menottes.

    Sur ces 45 personnes, 35 seront jugés devant le tribunal militaire de Dakar le 5 mars 1945 et condamnés à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.

    Le flou des chiffres sur les disparus

    Quant vingt ans après, le nombre de morts est toujours inconnu, souligne l’historien. Selon lui, en interrogeant les statistiques, entre ceux qui sont rentrés, 1 300, et ceux qui sont rapatriés, il y a un trou de 200, 191, 200 soldats.

     »Mais quand on interroge les 300 perdus de vue aussi qui pouvaient être intégrés dans le dispositif, on peut se dire qu’il y avait 400 disparus », estime le professeur Ndao.

    La version officielle parle de 35 morts en plus du sergent soudanais tué à la gare de Dakar parce qu’il avait refusé d’embarquer dans le train.

     »Lorsque l’ancien président français, François Hollande, est venue à Dakar en 2014 pour remettre les archives au président de la République Macky Sall, on a parlé de 74, 70 voire 114 morts »,  souligne encore le spécialiste des questions militaires.

    Il a rappelé que le professeur Mbaye Guèye, l’un des premiers historiens sénégalais à écrire sur ce massacre, parle de 191 morts. Les historiens sénégalais Cheikh Faty Faye et Abou Sow aussi ont écrit sur ce drame.

    FKS/OID/AKS

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Un historien sénégalais assimile la tuerie de Thiaroye en 1944 à un « massacre prémédité »

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Un historien sénégalais assimile la tuerie de Thiaroye en 1944 à un « massacre prémédité »

    Dakar, 29 nov (APS) –L’historien sénégalais et spécialiste des questions militaires, Mor Ndao, a assimilé la répression sanglante des tirailleurs sénégalais, par l’Armée coloniale française, le 1er décembre 1944, à Thiaroye, à un « massacre prémédité », parlant même d’un « summum de l’horreur » qui découle d’une « hypocrisie » de la part de l’ancienne métropole.

    Le 1er décembre 1944, des Tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après la seconde Guerre mondiale, sont tués à Thiaroye, par l’Armée française alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.

    « Ce comportement de l’armée coloniale française est inimaginable. C’est le summum de l’horreur, de l’hypocrisie pour nous qui regardons avec des lunettes le XXIe siècle », a-t-il déclaré lors d’un entretien accordé à l’APS.

    « Tout est parti de Morlaix, en France, précisément dans le port de Bretagne où ils [les Tirailleurs] devaient embarquer pour regagner Dakar en octobre 1944 », a rappelé Mor Ndao, un historien spécialisé sur les questions militaires.

    « Quelques échauffourées ont éclaté à Morlaix parce que le modus operandi était qu’ils devaient récupérer leurs soldes de captivité et leurs primes de démobilisation après l’accord conclu entre les autorités militaires et ces anciens prisonniers de guerre’’, a-t-il expliqué.

    Mais ce qui va aggraver les choses, dit-il, c’est « cette situation de suspicion » à l’égard de ces Tirailleurs parce qu’ayant été en contact avec les Allemands et probablement qu’ils colporteraient « les idées allemandes, l’idéologie allemande ».

    Les statistiques disent qu’ils étaient un régiment de 2 000 tirailleurs voire 1 950, mais selon l’historien il y a eu 300 tirailleurs qui avaient refusé d’embarquer pour exiger une avance et des tenues propres.

    ‘’Il y a eu des incidents et la gendarmerie est intervenue. On a ouvert le feu sur les 300 tirailleurs qui refusaient d’embarquer en Bretagne et ils ont été faits prisonniers et convoyés dans un autre camp qui s’appelle Trèves’’, relate-t-il.

    L’historien souligne que 1 950 soldats ont pris le bateau à destination de Dakar, mais ce sont 1 600 tirailleurs qui sont arrivés dans la capitale sénégalaise. Les 300 restant ont été déclarés ‘’perdus de vue’’ après l’escale de Casablanca (Maroc) où les tirailleurs ont reçu de nouvelles tenues de la part du corps américain stationné dans la Méditerranée occupée par les alliés ayant gagné la guerre.

    Selon les statistiques, quelque 1 300 hommes ont débarqué à Dakar, le 21 novembre 1944.

    Mais l’historien sénégalais émet des doutes sur ces statistiques. « Les chiffres sont importants. Mais ce qui est plus important, c’est ce qui se cache derrière les chiffres », fait savoir M. Ndao qui est par ailleurs président de la commission sénégalaise d’histoire militaire.

    Il a signalé qu’une circulaire du ministère des colonies est sortie pour dégager les procédures de prise en charge de ces tirailleurs, anciens prisonniers de guerre.

    « Ils ont été isolés dans un dépôt fait de baraques qu’on appelait les poulaillers (…) vivant dans des conditions assez précaires, avec une alimentation infecte », raconte Mor Ndao qui n’exclut pas, à travers cette attitude, « l’intention des autorités coloniales de les éliminer car les considérant comme étant dangereux ».

    Selon le professeur Ndao, les 25 et 26 novembre 1944, les Tirailleurs sont sommés de rendre les tenues offertes par le corps américain à Casablanca et de changer les sommes d’argent, du franc métropolitain, en franc local.

    ‘’Il y a eu un problème sur le taux de change. Certains ont été accusés de vol parce qu’ils avaient de l’argent par devers eux », explique-t-il.

    Le professeur Ndao fait savoir que 500 Tirailleurs du Soudan français, actuel Mali, ont été sommés d’aller le lendemain à la gare de Dakar pour rentrer chez eux.

    Selon lui, une note du service des renseignement français, disait qu’il fallait « se débarrasser des tirailleurs dans les plus bref délais. (…) ».

    Le 30 novembre 1944, l’ordre de départ a été donné, indique l’historien, qui fait savoir que les tirailleurs ont refusé ce qui a été assimilé à « une rébellion, une mutinerie ».

    Un général français qui est venu dans le but d’apaiser la situation a été un peu kidnappé le 30 novembre dans l’après-midi. Il leur a promis de régler l’affaire le lendemain.

    Pr Mor Ndao raconte qu’à l’aube, vers 6 heures 30, le 1er décembre 1944, plusieurs unités venant de Ouakam, de Dakar et de Rufisque, 585 éléments au total de la gendarmerie, du régiment d’artillerie coloniale, certains tirailleurs, 3 automitrailleuses et 2 chars de combat américains se sont croisés au rond-point Rufisque-Thiaroye.

    « Et à 7h45, raconte t-il, ils sont entrés dans le camp et encerclent les tirailleurs qu’ils ont sommés de partir.

    Mais face à leur refus, l’ordre a été donné d’ouvrir le feu et dans cette confusion à l’aube certains se sont échappés. Des soldats démobilisés se sont enfuis, escaladant les murs pour rejoindre Thiaroye village.

    Le télégramme de la France du même jour les accuse de « rébellion, de mutinerie et d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».

    Selon lui, 45 tirailleurs ont été faits « prisonniers, enchaînés et menottées ».

    Parmi eux, 35 tirailleurs seront jugés devant le tribunal militaire de Dakar le 5 mars 1945 et condamnés à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison, déplore le professeur d’histoire moderne et contemporaine.

    FKS/SKS/OID/MTN