Catégorie : Culture

  • SENEGAL-NECROLOGIE-HOMMAGE / Eloges, émotion et recueillement à la levée du corps d’Amadou Mahtar Mbow

    SENEGAL-NECROLOGIE-HOMMAGE / Eloges, émotion et recueillement à la levée du corps d’Amadou Mahtar Mbow

    Dakar, 25 sept (APS) – Des hommages appuyés ont été prononcés, mercredi, à la mosquée omarienne de Dakar, pour saluer la vie et l’œuvre d’Amadou Mahtar Mbow, ancien directeur général de l’UNESCO, décédé la veille, dans la capitale sénégalaise, à l’âge de 103 ans. Il a été inhumé mercredi en fin de matinée au cimetière musulman de Yoff.

    Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, accompagné des ministres Birame Diop (Forces armées), Ousmane Diagne (Justice), Jean-Baptiste Tine (Intérieur et Sécurité publique), Cheikh Tidiane Dièye (Hydraulique et de l’Assainissement), a assisté à la cérémonie au nom du chef de l’Etat. De même que d’anciens ministres et députés à l’image de Mamadou Lamine Loum, le dernier chef du gouvernement sous la présidence d’Abdou Diouf (1981-2000), et de Cheikh Hadjibou Soumaré, ancien Premier ministre sous le magistère d’Abdoulaye Wade (2000-2012).

    ‘’Je suis là pour représenter le président de la République qui comme vous le savez est hors du pays. Mais il m’a chargé de transmettre ses sincères condoléances à la famille éplorée et surtout de l’informer de son intention de venir présenter ses condoléances à la maison’’, a dit M. Sonko, relevant qu’avec le décès d’Amadou Mahtar Mbow,  »le Sénégal perd un de ses plus dignes fils, lequel, a consacré toute sa vie à se battre pour la construction de modèle aussi bien de développement que de modèle sociétal pour son pays le Sénégal, et qui s’est battu toute sa vie pour faire rayonner l’image du son pays et de l’Afrique à travers le monde.’’

    La prière mortuaire a été dirigée par l’mam de la mosquée, Seydou Nourou Tall, en présence Thierno Madani Tall,  khalife de la famille Thierno Mountaga Ahmad Tall, conformément aux dernières volontés du disparu.

    Amadou Mahtar Mbow était ’’un homme rassurant, un homme apaisant, qui a donné du Sénégal l’une des meilleures images au monde. Il a brillé à la tête de l’UNESCO, mais surtout, il nous aura honorés par sa fermeté face à des puissances qui voulaient écrire l’histoire du monde à leur manière’’, a témoigné Amadou Tidiane Wone, ancien ministre de la Culture, qui s’est exprimé au nom de la famille d’Alpha Ciré Kane. ’’Il a résisté, il a produit de l’intelligence et du sens pour l’humanité dans cette organisation qui appartient à tous, et notamment aux pays les plus démunis, qui ont tant de choses à écrire, mais qui n’ont pas l’occasion de le faire’’, a-t-il ajouté

    ’’Premier Africain à diriger une organisation internationale d’envergure, humaniste convaincu, intellectuel complet, il a profondément marqué l’histoire de notre institution en défendant avec force l’exigence de solidarité et d’égale dignité entre les peuples et entre les cultures’’, a pour sa part déclaré le directeur régional de l’UNESCO, Dimitri Songa, qui lisait le message de la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.

    ’’Nous lui devons également l’œuvre scientifique monumentale qu’est ‘L’Histoire générale de l’Afrique’, laquelle a donné non seulement au monde, mais surtout aux Africains et aux Africaines, un moyen de s’approprier leur histoire et de se projeter vers l’avenir’’, a-t-il ajouté.

    Membre d’honneur de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, Amadou Mahtar Mbow a non seulement marqué le paysage scientifique de notre pays, mais a laissé une empreinte indélibile sur la scène internationale, de par son parcours exceptionnel d’éducateur et de leader intellectuel, social et politique’’, a de son côté souligné son président, Moctar Touré.

    ’’Je voudrais donc tout juste témoigner ici, devant vous et devant l’éternel, de son caractère humain hors du commun, de son âme, de son esprit infatigable et de sa passion pour la science. Nous exprimons notre gratitude au Seigneur de nous l’avoir laissé longtemps bénéficier de sa sagesse, de sa bienveillance et de ses conseils qui ont toujours été très judicieux’’, a-t-il ajouté.

    Il a assuré que l’héritage d’Amadou Mahtar Mbow continuera d’inspirer les générations futures et contribuera au rayonnement et à l’impact de la science et au progrès de l’humanité.’’

     »À l’occasion de la célébration de son centenaire au Musée des civilisations noires, Amadou Mahtar Mbow disait à ceux qui étaient venus le fêter, je cite : « Je ne sais pas combien de temps j’ai encore à vivre, mais j’ai consacré toute ma vie à essayer de faire du bien avec cette épouse-là à ma droite’’, a rappelé sa fille, Dr Awa Mbow, qui a parlé à la suite du Premier Ministre.

    ’’Son épouse, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, ainsi que toute sa famille et tous ses proches, peuvent attester qu’il a été un homme bon et aimant dont la vie riche et exaltante fut dédiée à penser et à faire du bien’’, a-t-elle relevé, ajoutant que ’’sa disparition marque la perte pour l’humanité d’un être lumineux qui a dignement marqué son époque et durablement influencé le monde.’’

    Amadou Mahtar Mbow, décédé dans la nuit de lundi à mardi à Dakar, à l’âge de 103 ans, a consacré toute sa vie aux combats pour le triomphe des valeurs humanistes. Homme de culture, leader éclairé, universitaire, intellectuel et trésor humain vivant, il est le premier Africain à diriger cette institution  de 1974 à 1987.

    Membre fondateur de la célèbre Fédération des étudiants d’Afrique noire en France et du Parti du regroupement africain-Sénégal, il a fréquenté les plus grands cercles intellectuels et militants de la diaspora africaine à Paris, avec Abdoulaye Ly, Assane Seck, Cheikh Anta Diop, Alioune Diop, Joseph Ki-Zerbo, Amady Aly Dieng… Nous sommes dans les années 1950 et 1960. Amadou Mahtar Mbow et ses camarades sont sur tous les fronts pour démonter les idéologies et thèses suprémacistes ou racistes de l’époque.

    Le Sénégal était à l’orée de son indépendance, qui lui sera octroyée par la France en 1960. Amadou Mahtar Mbow sera plus tard ministre de l’Education nationale (1966-1968), puis de la Culture et de la Jeunesse (1968-1970). Il fut également député, membre du conseil exécutif et du conseil municipal de Saint-Louis (nord).

    Quelques années plus tard, en 1974, arrive la consécration. Amadou Mahtar Mbow devient directeur général de l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Pour la première fois, avec M. Mbow, un Africain dirige une institution spécialisée des Nations unies.

    Amadou Mahtar Mbow était également un visionnaire aux idées et aux combats avant-gardistes. Septième directeur général de l’UNESCO, il a lancé avant tout le monde, dès 1978, le débat sur la restitution des biens culturels des peuples anciennement colonisés. C’est dire que l’actuel président français, Emmanuel Macron, en commanditant le rapport ‘’Restituer le patrimoine africain’’ (2018) à Bénédicte Savoy, professeure d’histoire de l’art, et à Felwine Sarr, universitaire sénégalais, n’a fait qu’emprunter le sillon tracé par le fonctionnaire international sénégalais, quarante ans plus tôt.

    Et ce n’est pas tout. Le nouvel ordre mondial de l’information et de la communication, le fameux NOMIC, porte également son empreinte. De même, les questions d’accès universel à l’information et aux technologies de la communication, la résorption du gap technologique (la fracture numérique) entre le Nord et le Sud demeurent plus que jamais des préoccupations actuelles.

    Témoin de son temps et acteur majeur de la vie nationale sénégalaise, Amadou Mahtar Mbow n’a jamais rechigné à servir la nation chaque fois que l’on faisait appel à lui, même s’il devait bénéficier d’un repos bien mérité.

    Citoyen engagé, il avait accepté de présider les Assises nationales (1ᵉʳ juin 2008-24 mai 2009). Une ‘’parodie de conférence nationale’’, avait raillé le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui n’avait pas du tout accepté la tenue de cet évènement.

    MK/AKS/ADC

  • MONDE-MEMOIRE / L’Unesco annonce la création d’un réseau de jumelage des lieux et musées de mémoire de l’esclavage

    MONDE-MEMOIRE / L’Unesco annonce la création d’un réseau de jumelage des lieux et musées de mémoire de l’esclavage

    Dakar, 25 sept (APS) – La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a annoncé la création d’un réseau de jumelage des lieux de mémoire et des musées de l’esclavage d’Afrique, des Amériques et d’Europe, pour ‘’donner une nouvelle impulsion au travail de mémoire et de transmission ».

    Mme Azoulay en a fait l’annonce, mardi lors d’un évènement organisé en l’honneur des victimes de l’esclavage, à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies qui se déroule à New-York, précise un communiqué publié sur le site de l’UNESCO.

    Elle a précisé que ce réseau de jumelage vise à soutenir le partage des connaissances et le dialogue interculturel.

    ‘’Il créera des opportunités d’interactions et de coopération d’une rive à l’autre, de l’Atlantique pouvant prendre la forme de festivals et d’événements, d’échanges scolaires et de visites virtuelles, ou encore de partage de bonnes pratiques entre professionnels’’, a-t-elle déclaré.

    Elle estime que ‘’l’on doit mieux reconnaître, considérer et nous souvenir des millions d’Africains, d’hommes, de femmes et d’enfants capturés, déportés vers les Amériques puis exploités pour approvisionner l’Europe en sucre, en café, en indigo et en coton’’.

    Ce réseau, créé avec le soutien du Brésil, de la Colombie, du Congo, de la France, de la Jamaïque et des Pays-Bas, va fédérer ces lieux historiques liés, renforcer leur visibilité auprès du grand public et promouvoir une meilleure compréhension mondiale de l’histoire de l’esclavage, en particulier auprès des jeunes générations.

    Audrey Azoulay a aussi appelé les Etats ‘’à accorder une plus grande importance à l’histoire de l’esclavage dans les manuels et les programmes scolaire’’. Elle considère que l’esclavage est ‘’ l’un des plus grands crimes de l’histoire de l’humanité, qui marque encore des communautés entières’’.

    L’UNESCO célèbre cette année les trente ans de son programme ‘’Routes des personnes mises en esclavage’’, créé en 1994 à l’initiative du Bénin et d’Haïti.

    Elle annonce aussi vouloir constituer une alliance de chaires universitaires pour mettre en relation des chercheurs des trois continents autour d’enjeux prioritaires, comme la lutte contre le racisme et la discrimination envers les populations d’ascendance africaine.

    L’objectif, souligne-t-elle, est de faire progresser les connaissances sur ces faits historiques et leur impact sur les sociétés contemporaines.

    FKS/SBS/ASG

  • SENEGAL-NECROLOGIE-TEMOIGNAGE / Le monde de la culture rend hommage à Amadou Mahtar Mbow

    SENEGAL-NECROLOGIE-TEMOIGNAGE / Le monde de la culture rend hommage à Amadou Mahtar Mbow

    Dakar, 25 sept (APS) – Des intellectuels, écrivains et artistes ont rendu hommage à l’ancien directeur général de l’UNESCO Amadou Mahtar Mbow, décédé à l’âge de 103 ans, en évoquant notamment la mémoire d’un  »serviteur des grandes causes ».

    A travers des messages adressés par mail au président de la Communauté africaine de Culture section Sénégal (Cacsen), structure dont Amadou Mahtar Mbow est l’un des fondateurs, les réactions ont été nombreuses en provenance du Sénégal et de l’étranger.

    Pour Ibrahima Lo, le directeur du livre et de la lecture, Amadou Mahtar Mbow était ‘’une icône qui a su mener une vie utile, digne et au service des grandes causes. Le Sénégal  a perdu un des ses plus illustres fils.

    ‘’L’humanité lui [Amadou Mahtar Mbow] doit de fières chandelles’’, a-t-il écrit. Ce que confirme le président de la Cacsen, l’écrivain Alpha Amadou Sy qui souligne que l’humanité a perdu ‘’un homme de science, un citoyen du monde’’.

    ‘’Son combat épique (…) pour le nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC), entre autres, atteste de sa lecture lucide des contradictions majeures de nos sociétés actuelles’’, souligne M. Sy qui présente au nom de la communauté africaine les condoléances à la famille et priant pour que son héritage soit perpétué.

    ‘’Le parcours d’Amadou Mahtar Mbow riche en développement personnel, en marche pour l’éclosion des valeurs culturelles africaines face à la mondialisation sans borne, est à transmettre aux générations actuelles et futures à travers l’école, les universités, le cinéma et l’audiovisuel’’, a pour sa part souhaité,  l’universitaire et spécialiste de cinéma Hadji Maï Niang.

    L’universitaire burkinabé Lazare Ki-Zerbo, fils de l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo, compagnon de lutte de Amadou Mahtar Mbow  a lui dit que  »le monument de l’Afrique contemporain’’ s’en est allé.

    Ce combattant de la seconde guerre mondiale part, dit-il, à la veille du 80eme anniversaire du massacre de Thiaroye le 1er décembre 1944.

    Lazare Ki-Zerbo témoigne du ‘’combattant de la génération nationaliste, si attachée à défaire le colonialisme sous toutes ses formes, partisans de l’unité politique de l’Afrique de l’ouest’’.

    FKS/SBS/MK/AKS

  • SENEGAL-MONDE/HOMMAGE / L’UNESCO relève les ‘’initiatives durables’’ sous l’ère Amadou Mahtar Mbow

    SENEGAL-MONDE/HOMMAGE / L’UNESCO relève les ‘’initiatives durables’’ sous l’ère Amadou Mahtar Mbow

    Dakar, 24 sept (APS) – L’ancien Directeur général de l’UNESCO (1974-1987) Amadou Mahtar Mbow a fortement contribué à la renommée de l’organisation onusienne par ses ‘’initiatives durables’’, a souligné, mardi, la directrice générale de cette organisation, Audrey Azoulay.

    Elle a salué la mémoire d’un ‘’artisan de l’égalité entre les peuples’’ après le décès mardi de M. Mbow à l’âge de 103 ans. Elle a rappelé que son ère est marquée par des  »initiatives durables » telles que le Programme international pour le développement de la communication (PIDC) créé en 1981.

    Le PIDC a encouragé les conditions favorables à l’essor des médias dans les pays en développement, en transition, en situation de conflit et de post-conflit.  Le programme apporte son soutien à des projets médiatiques tout en cherchant à garantir un environnement sain pour le développement d’une presse libre et pluraliste.  

    ‘’Amadou Mahtar MBow plaide aussi avec force en faveur d’un +Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication+ – l’information internationale étant alors exclusivement fournie par cinq grandes agences de presse toutes situées en Europe et en Amérique du Nord avec pour conséquence que le flot de nouvelles circule essentiellement du Nord vers le Sud’’, rappelle la directrice dans un communiqué de presse de l’UNESCO transmis à l’APS.

    Selon le document, le mandat du premier Africain à avoir dirigé une organisation internationale de cette envergure, est aussi marqué par la création du Comité du patrimoine mondial, institué par la Convention du patrimoine mondial de 1972 et établi en 1976.

    Il signale la mise en place deux ans plus tard du Comité intergouvernemental pour la promotion du retour de biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale.   

    Selon l’UNESCO, c’est aussi sous le mandat d’Amadou Mahtar Mbow que sont désignées les premières ‘’Réserves de biosphère’’’, aires protégées reconnues par l’UNESCO comme régions modèles conciliant la conservation de la biodiversité et le développement durable.

    ’Nous lui devons notamment l’œuvre scientifique monumentale qu’est l’Histoire générale de l’Afrique, qui a donné au monde et plus particulièrement aux Africaines et aux Africains un moyen de s’approprier leur histoire et de se projeter vers l’avenir’’, a ajouté la directrice de l’UNESCO.

    Audrey Azoulay a adressé ses condoléances à ses proches, à ses amis et à ceux nombreux amis, à l’UNESCO et ailleurs, qui voyaient en lui ‘’un modèle de pensée et d’action’’.

    Amadou Mahtar Mbow est décédé dans la nuit de lundi à mardi à Dakar.

    FKS/ASG/MTN

     

  • SENEGAL-NECROLOGIE-PORTRAIT / Amadou Mahtar Mbow : itinéraire d’un patriarche exemplaire

    SENEGAL-NECROLOGIE-PORTRAIT / Amadou Mahtar Mbow : itinéraire d’un patriarche exemplaire

    Par Amadou Ba

    Dakar, 24 sept (APS) – L’ancien directeur général de l’UNESCO Amadou Mahtar Mbow, décédé dans la nuit de lundi à mardi à Dakar, à l’âge de 103 ans, a consacré toute sa vie aux combats pour le triomphe des valeurs humanistes. Homme de culture, leader éclairé, universitaire, intellectuel et trésor humain vivant, il est le premier Africain à diriger cette institution  de 1974 à 1987.

    Le président de la République, le Premier ministre et le gouvernement ont à l’unanimité adressé leurs ‘’sincères condoléances’’ à sa famille et à la nation sénégalaise.

    L’‘’engagement’’ et la ‘’vision’’ d’Amadou Mahtar Mbow ‘’pour une justice éducative et culturelle continueront d’inspirer les générations à venir’’, a déclaré Bassirou Diomaye Faye, depuis New York, où il prend part à la 79ᵉ Assemblée générale des Nations unies.

    ‘’Un homme multidimensionnel’’, disent en chœur tous ceux qui l’ont connu ou côtoyé. Si cette expression employée pour les personnalités semble galvaudée de nos jours, elle garde toute sa pertinence dans le cas d’Amadou Mahtar Mbow.

    Homme de culture, humaniste, leader éclairé, universitaire, intellectuel, trésor humain vivant… Amadou Mahtar Mbow est tout cela à la fois. Et bien plus encore. ‘’On lui reprochera de vouloir sauver la conscience du monde, de donner trop de place à l’éthique et à l’humanisme’’, a une fois dit de lui l’écrivain sénégalais Fadel Dia.

    Dans un hommage paru dans la presse sénégalaise, il avait évoqué ‘’son combat pour un nouvel ordre économique international et pour un nouvel ordre de l’information et de la communication’’, qui ‘’lui vaudra l’inimitié des plus nantis et lui coûtera son poste’’ de directeur général de l’UNESCO.

    Il n’est pas tant besoin de dérouler le CV kilométrique de M. Mbow. Il suffit de rappeler ses brillantes communications aux rencontres et congrès fondateurs du panafricanisme et de la libération des peuples à l’époque dominés, pour suggérer la dimension exceptionnelle de l’homme. Les conférences d’experts auxquels il avait été convié pour discuter des réformes, des manuels scolaires et des programmes d’enseignement en Afrique noire et à Madagascar, comme on disait à l’époque, contribuent aussi à donner une idée de ce qu’il représentait.

    La postérité va retenir que lors des grands-messes, le Sénégalais avait proposé des innovations restées gravées dans le marbre.

    Au moins 32 publications scientifiques parues dans des ouvrages de référence portent sa signature. Il en est de même de 30 autres publications thématiques (éducation, culture, etc.).

    Une conscience politique précoce

    Très tôt guidé par les idéaux de liberté et de dignité, l’adolescent Amadou Mahtar Mbow s’engageait volontairement dans l’armée de l’air coloniale, lors de la Seconde Guerre mondiale, à 18 ans. À la fin de celle-ci, il avait poursuivi ses études en France en même temps qu’il prenait part à tous les combats pour l’émancipation du continent africain et des peuples opprimés.

    Membre fondateur de la célèbre Fédération des étudiants d’Afrique noire en France et du Parti du regroupement africain-Sénégal, il a fréquenté les plus grands cercles intellectuels et militants de la diaspora africaine à Paris, avec Abdoulaye Ly, Assane Seck, Cheikh Anta Diop, Alioune Diop, Joseph Ki-Zerbo, Amady Aly Dieng… Nous sommes dans les années 1950 et 1960. Amadou Mahtar Mbow et ses camarades sont sur tous les fronts pour démonter les idéologies et thèses suprémacistes ou racistes de l’époque.

    Pour l’ancien ministre et écrivain Cheikh Hamidou Kane, auteur du roman ‘’L’Aventure ambiguë’’ (1961), ‘’ce qui fascine dans cette existence d’Amadou Mahtar Mbow et celle de la génération des autres membres des ‘aînés du XXe siècle africain’ qui ont noms, entre autres, Senghor, Cheikh Anta Diop, Amadou Hampaté Bâ, Alioune Diop, Joseph Ki-Zerbo,  »c’est à la fois leur indéfectible fidélité au génie de cette ‘Afrique-Mère’ si universellement décriée et leur combat victorieux pour sa renaissance et son nouvel avènement au monde’’.

    ‘’Pour ce qui les concerne eux tous, il n’est que de citer leurs combats pour opposer au mépris un défi victorieux’’, ajoute le célèbre romancier.

    Un éducateur de base

    Ces combats parachevés par les indépendances de nombreux Etats africains, Amadou Mahtar Mbow décide de rentrer dans son pays natal pour éduquer et former les futurs cadres sénégalais et africains.

    C’est ainsi qu’au Sénégal, l’éducation et l’instruction de masse des populations, celles du monde rural notamment, deviennent son cheval de bataille. L’administration coloniale lui confie la direction du service de l’éducation de base, un programme d’alphabétisation et de développement des communautés rurales. 

    Amadou Mahtar Mbow s’attèle alors, avec ardeur, à la dissémination de la culture au sein des ‘’masses laborieuses’’, comme on disait à l’époque. À Darou Mouhty (centre), Badiana (sud), Sénoudébou (est), Gaya (nord), etc. Il sillonne le Sénégal en enseignant l’histoire et la géographie.

    Le Sénégal était à l’orée de son indépendance, qui lui sera octroyée par la France en 1960. Amadou Mahtar Mbow sera plus tard ministre de l’Education nationale (1966-1968), puis de la Culture et de la Jeunesse (1968-1970). Il fut également député, membre du conseil exécutif et du conseil municipal de Saint-Louis (nord).

    Quelques années plus tard, en 1974, arrive la consécration. Amadou Mahtar Mbow devient directeur général de l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Pour la première fois, avec M. Mbow, un Africain dirige une institution spécialisée des Nations unies !

    La bénédiction du pape Jean-Paul II

    Le Sénégalais passe treize ans à la direction générale de l’UNESCO, exerçant deux mandats salués en raison des avancées de l’institution.

    L’espagnol Federico Mayor Zaragoza, qui le remplace, a dit de son prédécesseur qu’il était ‘’un grand monsieur de ce monde’’.

    En 1984, le pape Jean-Paul II lui adresse une lettre de félicitation en saluant le combat qu’il mène à la tête de l’UNESCO ‘’en faveur d’une alphabétisation qui, tout en répondant à des besoins économiques et pratiques, vise fondamentalement la promotion et l’épanouissement de l’homme au niveau de sa vocation spirituelle’’.

    ‘’J’invoque, sur tous ceux qui se consacrent ou donnent le temps dont ils disposent à cette expansion de la culture humaine chez les peuples et les individus les plus déshérités, la lumière et la force du Dieu Tout-Puissant’’, avait prié le pape. 

    Dans sa grande besace de satisfecit et de distinctions glanés à travers le monde, Amadou Mahtar Mbow compte au moins 42 titres de docteur honoris causa. Il a également reçu 37 décorations dans le monde. À titre comparatif, l’agrégé de grammaire et premier président sénégalais (1960-1980), Léopold Sédar Senghor, en compte 11.

    Un militant visionnaire

    Amadou Mahtar Mbow était également un visionnaire aux idées et aux combats avant-gardistes. Septième directeur général de l’UNESCO, il a lancé avant tout le monde, dès 1978, le débat sur la restitution des biens culturels des peuples anciennement colonisés. C’est dire que l’actuel président français, Emmanuel Macron, en commanditant le rapport ‘’Restituer le patrimoine africain’’ (2018) à Bénédicte Savoy, professeure d’histoire de l’art, et à Felwine Sarr, universitaire sénégalais, n’a fait qu’emprunter le sillon tracé par le fonctionnaire international sénégalais, quarante ans plus tôt.

    Et ce n’est pas tout. Le nouvel ordre mondial de l’information et de la communication, le fameux NOMIC, porte également son empreinte. De même, les questions d’accès universel à l’information et aux technologies de la communication, la résorption du gap technologique (la fracture numérique) entre le Nord et le Sud demeurent plus que jamais des préoccupations actuelles. 

    Témoin de son temps et acteur majeur de la vie nationale sénégalaise, Amadou Mahtar Mbow n’a jamais rechigné à servir la nation chaque fois que l’on faisait appel à lui, même s’il devait bénéficier d’un repos bien mérité.

    Citoyen engagé, il avait accepté de présider les Assises nationales (1ᵉʳ juin 2008-24 mai 2009). Une ‘’parodie de conférence nationale’’, avait raillé le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui n’avait pas du tout accepté la tenue de cet évènement.

    M. Wade finira par partir, défait électoralement en 2012 par Macky Sall. Ce dernier, une fois au pouvoir, confie à Amadou Mahtar Mbow la tâche de réfléchir à des institutions solides et capables de prévenir les dérives des tenants du pouvoir. Les rapports qui en étaient issus seront plus tard boudés par son commanditaire.

    À l’époque, l’écrivain Fadel Dia avait bien résumé la situation : ‘’La seule occasion qui lui (Amadou Mahtar Mbow) fut offerte de donner une démonstration de sa lucidité fut la présidence des Assises nationales du Sénégal, rare moment de communion nationale qui fut malheureusement snobé par un président et rangé au placard par le suivant !’’

    L’intéressé, lui, ne s’en était pas offusqué outre mesure. Car, qui connait Amadou Mahtar Mbow sait qu’il n’avait fait que répondre à l’appel de la nation. Comme il l’a fait durant toute sa vie, au Sénégal et partout où le devoir l’appelait. C’est cet homme-là qui vient de partir à jamais à l’âge canonique de 103 ans. Une université sénégalaise porte son nom.

    ABB/SBS/ADL/BK/ESF/FKS

  • SENEGAL-NECROLOGUE-REACTION / Amadou Mahtar Mbow a défendu l’exigence de solidarité et d’égale dignité des peuples (DG UNESCO)

    SENEGAL-NECROLOGUE-REACTION / Amadou Mahtar Mbow a défendu l’exigence de solidarité et d’égale dignité des peuples (DG UNESCO)

    Dakar, 24 sept (APS) – Amadou Makhtar Mbow, premier Africain à avoir dirigé l’UNESCO, a défendu avec force l’exigence de solidarité et d’égale dignité des peuples, a déclaré mardi, Audrey Azoulay, la directrice de l’agence onusienne en charge des sciences, de l’éducation et de la culture.

    « Amadou Mahtar M’Bow a défendu avec force l’exigence de solidarité et d’égale dignité entre les peuples et entre les cultures », a-t-elle réagi à l’annonce du décès ce mardi de M. Mbow à l’âge de 103 ans.

    « A l’heure des indépendances, il s’est évertué à ce que chaque Etat trouve sa juste place à l’UNESCO, donnant chair à l’ambition du multilatéralisme », a témoigné Mme Azoulay dans un message publié sur le réseau social X.

    Elle n’a pas manqué d’insister sur le fait que le monde devait au défunt  « l’œuvre scientifique monumentale qu’est l’Histoire générale de l’Afrique, qui a donné au monde et plus particulièrement aux Africaines un moyen de s’approprier leur histoire et de se projeter vers l’avenir ».

    La direction de l’UNESCO a également salué la mémoire d’un  humaniste convaincu et d’un intellectuel complet.

    Amadou Makhtar Mbow qui fut pendant 13 ans directeur général de l’UNESCO « a profondément marqué notre institution », a-t-elle martelé en exprimant sa « profonde tristesse ».

    AKS/MTN

  • SENEGAL-ETATSUNIS-DISTINCTION-REACTION / Admis à l’Académie américaine des Arts et Sciences : Pr Mamadou Diouf y voit  »une reconnaissance » de son  »parcours »

    SENEGAL-ETATSUNIS-DISTINCTION-REACTION / Admis à l’Académie américaine des Arts et Sciences : Pr Mamadou Diouf y voit  »une reconnaissance » de son  »parcours »

    Dakar, 24 sept (APS)- Le professeur Mamadou Diouf, historien sénégalais et enseignant à l’université Columbia de New York, voit son élection à l’Académie américaine des Arts et Sciences comme  »une reconnaissance » de son parcours mais aussi, celle de  »la capacité des Africains à assurer une représentation au niveau le plus élevé’’.

    ‘’C’est une reconnaissance de mon parcours mais c’est aussi, une reconnaissance de la capacité des Africains et des Sénégalais à assurer une représentation au niveau le plus élevé’’, a-t-il dit en réaction à son élection à cette prestigieuse organisation internationale.

    L’historien sénégalais a été admis ce week-end à l’Académie lors d’une cérémonie officielle accueillant les 250 nouveaux membres élus en 2024, organisée à Boston aux Etats-Unis.

    Joint par téléphone depuis les Etats-Unis, le professeur Diouf souligne que c’est ‘’le rêve de quelqu’un qui s’intéresse tant aux questions politiques qu’académiques, scientifiques et littéraires’’ qui se réalise. L’Académie américaine des Arts et Science est créée en 1780.

    Selon lui, cette distinction est ‘’la consécration la plus élevée pour un intellectuel de ce côté-ci de l’Atlantique’’.

    Revenant sur le processus d’admission à l’Académie américaine des Arts et Sciences, M. Diouf a indiqué qu’on y postule pas par candidature.

    ‘’On est proposé par des collègues et l’Académie fait ensuite des enquêtes pour voir si vous êtes à la hauteur de la réputation que vos collègues ont de vous’’, a t-il expliqué.

    Il retrouve dans cette Académie son compatriote le philosophe Souleymane Bachir Diagne élu en 2019.

    ‘’J’ai été élu dans la même promotion que l’acteur, activiste et homme d’affaire américain George Clooney [section 6 arts de la scène]. J’ai aussi passé tout le week-end avec un des grands basketteurs américains Grant Hill, nouveau membre de l’Académie, homme d’affaire et activiste qui était le président de l’équipe américaine de basketball aux JO à Paris’’, a fait savoir Mamadou Diouf.

    Selon lui, les initiateurs de cet Académie américaine des Arts et Sciences, ‘’des intellectuels patriotiques’’ se sont donnés comme vocation ‘’d’être un cadre de réflexion, d’échanges et d’innovation autant sur les questions politiques, économiques, que culturelles, de recherches scientifiques et littéraires’’.

    Le professeur Mamadou Diouf fait partie des 250 membres de 31 domaines d’expertises élus en 2024 et ‘’reconnus pour leur excellence’’, a fait savoir l’Académie dans un communiqué de presse mis en ligne.

    Il a été admis dans la classe IV consacrée aux ‘’Lettres et arts’’ à la section 2 intitulée ‘’Historique’’ où on retrouve six autres universitaires.

    ‘’Nous rendons hommage à ces artistes, universitaires, scientifiques et dirigeants des secteurs public, privé et à but non lucratif pour leurs réalisations et pour la curiosité, la créativité et le courage nécessaires pour atteindre de nouveaux sommets’’, a déclaré David Oxtoby, président de l’Académie.

    Il a invité ainsi ‘’ces individus exceptionnels’’ à se joindre aux travaux de l’Académie ‘’pour relever des défis majeurs et faire progresser le bien commun ».

    Pour le président de l’académie, il s’agit de ‘’soutenir la mission de l’Académie, qui consiste à s’engager au-delà des disciplines et des clivages’’.

    L’Académie américaine des arts et des sciences a été fondée en 1780 ‘’pour aider une jeune nation à relever ses défis grâce à un objectif, des connaissances et des idées partagés’’.

    L’Académie a élu ses premiers membres en 1781.

    Intellectuel et historien sénégalais, Mamadou Diouf enseigne l’histoire et les études africaines à l’université Columbia de New York (Etats-Unis).

    Il préside le comité de commémoration du 80e anniversaire du Massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye prévue le 1er décembre prochain.

    FKS/ADL/OID/SBS

  • SENEGAL-USA-EDUCATION-DISTINCTION-REACTION / Des professeurs d’histoire saluent l’admission du Pr Mamadou Diouf à l’Académie américaine des Sciences et des Arts

    SENEGAL-USA-EDUCATION-DISTINCTION-REACTION / Des professeurs d’histoire saluent l’admission du Pr Mamadou Diouf à l’Académie américaine des Sciences et des Arts

    Dakar, 23 sept (APS)- L’Association des Historiens du Sénégal (A.H.S) s’est félicitée de l’admission d’un de ses éminents membres, le Professeur Mamadou Diouf, à l’Académie américaine des Sciences et des Arts.

    ‘’Cette distinction lui a été décernée pour son excellence et son expertise scientifique dans le domaine des arts et des sciences mais aussi,  pour sa persévérance et son leadership dans la recherche’’, indique l’AHS dans un communiqué transmis à l’APS.

    L’association souligne que le Pr Diouf est ‘’un spécialiste reconnu par ses pairs dans les domaines de l’histoire politique, sociale, urbaine et intellectuelle de l’Afrique coloniale et postcoloniale mais également, des questions épistémologiques et historiographiques’’.

    Le communiqué rappelle qu’il est membre fondateur de l’Association des Historiens du Sénégal, structure dans laquelle, il a occupé les fonctions de Trésorier général dans les années 1980.

    Avant de rejoindre les Etats-Unis en 2000, où il exerce aujourd’hui les fonctions de Directeur de l’Institut d’études africaines de l’Université de Columbia, le professeur Mamadou Diouf a été enseignant au département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (1980-1990), précise le texte.

    Il fût chef du département de Recherche, d’Information et de Documentation du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) de 1991 à 1999. Le Professeur Mamadou Diouf est auteur de nombreuses publications scientifiques à ‘’fort impact dans les milieux académiques’’.

    SG/ADL/OID/SBS

  • SENEGAL-SUISSE-RELIGION / Ibrahima Thioub appelle à s’inspirer du ‘’modèle de la Muridya’’ pour penser les problèmes du 21ème siècle

    SENEGAL-SUISSE-RELIGION / Ibrahima Thioub appelle à s’inspirer du ‘’modèle de la Muridya’’ pour penser les problèmes du 21ème siècle

    Dakar, 22 sept (APS) – L’ancien recteur de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, Professeur Ibrahima Thioub, a appelé le monde à s’inspirer du modèle de la Muridya basé sur l’éducation afin de penser les problèmes du 21ème siècle.

    ‘’Si on forme un type nouveau d’homme, on est capable de reconstruire de nouvelles sociétés, comme l’on fait les lettrés du 19ème siècle en Sénégambie’’, a déclaré, samedi, l’universitaire sénégalais.

    Il s’exprimait à Genève (Suisse), lors d’une conférence consacrée à l’apport de la Muridiyya dans la construction d’une alternative au jihad armé et organisée dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la paix.

    Cette rencontre, retransmise par visioconférence, est initiée par le ‘’Gingembre littéraire’’ du magazine panafricain ‘’ContinentPremier”, du journaliste sénégalais El Hadji Gorgui Wade Ndoye. M. Ndoye est accrédité auprès des Nations unies à Genève (Suisse), et de l’institut ‘’Africalab’’ de l’Université de Genève.

    Le thème de la conférence est : “La construction d’une alternative au jihad armé. L’exemple de la Muridiyya de Cheikh Ahmadou Bamba : XIXe-XXIe siècle”. 

    L’ancien recteur de l’UCAD considère que la Muridya est  »un modèle qui doit nous inspirer à la réflexion, non pas à recopier les solutions du 19ème siècle, mais à penser les problèmes du 21ème siècle’’.

    Il estime que la victoire de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la Muridya, l’une des plus grandes confréries musulmanes au Sénégal, a été obtenue non pas par les armes, mais ‘’par l’école, par l’instruction, l’éducation, la formation d’un type nouveau d’homme’’.

    Le Pr Thioub est largement revenu sur le contexte de l’époque où Cheikh Ahmadou Bamba a puisé tout son expérience de jeunesse. Il a souligné que jusqu’à son exil, le fondateur du mouridisme a résolument opté pour une distanciation vis-à-vis des pouvoirs politiques de son époque, consacrant son temps à l’éducation de ses disciples et à la quête de Dieu.

    ‘’Paradoxalement, son refus des honneurs du pouvoir et la critique qu’il développe contre les leaders religieux de son temps, trop soumis au pouvoir temporel au point de dévier des recommandations divines, constituent autant de ruptures qui, finalement, conduisent à l’émergence et l’essor de la Muridya’’, explique l’ancien recteur à la retraite.

    De militant de la paix, on ne peut pas trouver mieux que Cheikh Ahmadou Bamba, affirme Ibrahima Thioub.

    Il en veut pour preuve ses deux affirmations suivantes : ‘’J’ai signé un pacte avec Allah. Même si le Mahdi descendait sur terre appelant au Jiyad par les armes, je ne l’aiderais point. Je ne tuerai ni serpent, ni scorpion, ni aucun vivant, car la voie que j’ai choisie m’interdit d’utiliser les armes dans mon combat.’’

    Selon lui, le fondateur de Touba avait aussi dit : ‘’Si le seigneur m’avait intimé l’ordre de me venger de mes ennemis par la violence, je lui aurais demandé de m’accorder cette faculté qui pousse un être à se venger, car il n’existe pas en moi.’’

    Selon l’universitaire, ‘’la paix se construit contre ses ennemis ou avec ses ennemis’’.

    Il rappelle que le 21 septembre 1895, Il y a 129 ans jour pour jour, Serigne Touba embarquait à Dakar dans le bateau qui l’amena en exil au Gabon.

    Venu participer à la rencontre, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation Abdourahmane Diouf, a plaidé pour une mise en évidence de la ‘’soft power sénégalaise, à travers la doctrine de non-violence’’ et son impact possible sur le fonctionnement de nos institutions et sur nos relations avec le reste du monde ».

    Plusieurs autres personnalités ont pris part à cette conférence, parmi lesquels le sous-directeur général de l’OMS, Socé Fall, le chargé d’affaires de l’ambassade du Sénégal en Suisse, Edouard Manga, et les ambassadeurs de la Francophonie et de la Gambie auprès des Nations unies, respectivement, Henri Monceau et Muhammad Kah. 

     

    FKS/ASG

  • SENEGAL-EDUCATION / Moustaha Guirassy plaide pour la vulgarisation des valeurs culturelles dans les écoles

    SENEGAL-EDUCATION / Moustaha Guirassy plaide pour la vulgarisation des valeurs culturelles dans les écoles

    Bélél Kéllé (Podor), 21 sept. (APS) – Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a plaidé, samedi, à Bélél Kéllé, dans le département de Podor, pour la ‘’vulgarisation des valeurs culturelles » des  différents terroirs du pays « dans les écoles ».

     »Je souhaite ardemment que l’accent soit mis sur les valeurs culturelles de nos différents terroirs. J’exhorte les autorités académiques du département à prêter une attention toute particulière à nos valeurs culturelles, pour qu’elles soient davantage valorisées dans nos écoles  », a-t-il déclaré en présidant la  cérémonie officielle des journées culturelles de Bélél Kéllé, dans la commune de Guédé Village.

    Le thème de cet événement culturel initié par l’Association sportive et culturelle (ASC) de Bélél Kéllé porte sur ‘’la promotion des valeurs des communautés’’.

    Moustapha Guirassy estime que l’éducation doit ‘’s’appuyer sur des valeurs culturelles du pays’’.

    A Bélél Kéllé, il a assisté à une parade de moutons, communément appelée  »diaro baali » en pulaar. Il s’est montré impressionné par cette tradition en milieu peul,  derrière laquelle il y a, dit-il, des valeurs à ‘’enseigner aux enfants, notamment l’amour et le respect à l’endroit des animaux ». ‘’Ce sont des valeurs à introduire dans notre système éducatif de manière à faciliter la connexion entre l’école et la communauté’’, a suggéré M. Guirassy.

     »Diaro baali » est une occasion, selon Doro Sidy Bâ, un responsable du village, de montrer ‘’la complexité des relations entre le berger et son troupeau’’.

    ‘’Cette activité, qui se tient en plein hivernage, est un évènement phare en milieu pastoral. C’est une manière de démontrer que le berger a tout sacrifié pour sauver le cheptel », a expliqué M. Ba.

    AHD/AT/FKS/ASG