Catégorie : Culture

  • SENEGAL-ARTS / Saint-Louis va accueillir la 15e édition du  »Duo Solo Danse », mercredi

    SENEGAL-ARTS / Saint-Louis va accueillir la 15e édition du  »Duo Solo Danse », mercredi

    Saint-Louis, 27 mai (APS) – La 15e édition du festival international  »Duo Solo Danse », prévue à Saint-Louis (nord) à partir de mercredi, sera une occasion pour des talents nationaux et internationaux de s’exprimer par la danse contemporaine, a-t-on appris des organisateurs.

    Quelque 20.000 spectateurs sont attendus à cette manifestation, qui se poursuivra jusqu’au samedi 1er juin.

    L’évènement se tiendra dans plusieurs endroits, dont le centre culturel français, partenaire historique du festival  »Duo Solo Danse », affirment les organisateurs dans un communiqué reçu à l’APS.

    Le centre culturel  »Le Château » et le bateau de croisière « Bou El Mogdad » vont accueillir des activités de ce festival proposant une programmation « diversifiée et engagée », avec des artistes africains et européens, mais aussi des jeunes chorégraphes de divers horizons. 

    Outre le Sénégal, des artistes viendront du Cameroun, d’Espagne, de la France, du Ghana, d’Italie, du Mali, des Pays-Bas et de la Suisse.

    Le festival  »Duo Solo Danse » est une occasion pour les jeunes artistes, les chorégraphes aussi, de s’exprimer par la danse contemporaine, selon les organisateurs.

    « L’événement est une grande occasion pour les jeunes artistes, les aînés, les chorégraphes, porteuses et porteurs de projets », de démontrer leur talent dans cet art, précise un document de présentation.

    Le festival leur donnera l’opportunité de « restituer les travaux réalisés lors des semaines de résidence précédant » la manifestation culturelle.

    Le  »Duo Solo Danse » est considéré, depuis 2008, comme « l’un des évènements clés de la danse en Afrique de l’Ouest » ayant pour vocation de servir de « tremplin pour les jeunes talents et d’impliquer un public populaire ».

    Lors des précédentes éditions, il a accueilli des centaines d’artistes d’une quarantaine de pays, rappellent ses promoteurs.

    Ils signalent que « le festival a retrouvé sa vraie place avec une édition flamboyante réunissant une quarantaine d’artistes, dont une douzaine d’internationaux », en 2023, « après les éditions particulières de la période Covid-19 ».

    Aussi le festival  »Duo Solo Danse » est-il devenu un évènement artistique « incontournable en Afrique de l’Ouest », grâce à l’engagement de ses organisateurs « dans des actions de développement durable », en lien avec « l’éco-responsabilité ».

    Cette année, ils se sont donné comme « défis » de refuser les sachets plastiques, de s’approvisionner en huile et riz locaux, de sensibiliser les publics et les artistes à la protection de l’environnement.

    CGD/AMD/BK/FKS/ESF

  • SENEGAL-CULTURE / La richesse culturelle peulh célébrée à l’UGB

    SENEGAL-CULTURE / La richesse culturelle peulh célébrée à l’UGB

    Saint-Louis, 27 mai (APS) – L’Association internationale des étudiants peulh de l’Afrique et de la diaspora  »Kawral Renndo Fulbe International », a célébré ce week-end ses 72 heures, à travers une balade culturelle et une exposition d’œuvres d’art, à l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.

    Son président, Abdoulaye Sow, explique que cette balade culturelle est une occasion de rassembler tous les étudiants peulh,  »quelles que soient leur origine et leur caste, main dans la main, dans l’objectif de valoriser notre patrimoine culturel ».

    Il explique que cette balade  »donne une signification à la culture peulh ». C’est aussi selon lui  »une manière de montrer le legs [des anciens] à travers l’accoutrement, les objets traditionnels, les chants, les danses et poèmes, la richesse culturelle de cette ethnie ».

    La balade est partie du Tour de l’œuf, une place publique de l’UGB située entre les deux campus de la deuxième université sénégalaise, que les étudiants ont sillonné, munis d’objets d’art et habillés de grands boubous. Les filles  se sont distinguées par des boucles d’oreilles traditionnelles ostensiblement pendantes.

    L’objectif de cette manifestation est pour  »Kawral » de montrer un pan des valeurs culturelles de la communauté peulh en mettant l’accent sur quelques aspects purement culturels et favoriser l’intégration entre les étudiants de différents horizons afin de faciliter la compréhension entre eux, a ajouté Abdoulaye Sow.

    Selon Moussa Diallo, ancien président de  »Kawral », cette association est présente à l’UGB depuis plus de vingt ans. Il indique que manifestation culturelle est l’occasion de montrer qu’elle « vit et demeure pour toujours ».

    Les visiteurs ont aussi eu droit à une exposition d’œuvres d’art sur Cheikh Oumar Foutiyou Tall, grand érudit du Fouta Toro, Ousmane Dane Fodio du Nigeria, originaire lui aussi de cet ancien royaume, l’ancien président burkinabè Thomas Sankara, l’ancien président nigerian Muhamadu Buhari et l’ancien président sénégalais Macky Sall.

    La cérémonie a été clôturée par une conférence dont le premier thème est intitulé  »La philosophie peulh » (animée par le professeur Amadou Hamidou Diallo) et le second sur  »Dialogue des cultures peulh et arabe » (animé par le professeur Mamadou Youry Sall, enseignant chercheur à l’UGB).


    AMD/FKS/ASG

  • SENEGAL-RWANDA-THEATRE / Une pièce sur le génocide rwandais présentée à Sorano

    SENEGAL-RWANDA-THEATRE / Une pièce sur le génocide rwandais présentée à Sorano

    Dakar, 27 mai (APS) – La pièce ‘’Essuie tes larmes et tiens-toi debout !’’, interprétée au théâtre national Daniel Sorano de Dakar, est ‘’une arme pour combattre le négationnisme et  l’oubli’’, a déclaré son auteur Jean Marie Vianney Rurangwa, un Canadien originaire du Rwanda, pays au centre de cette pièce à cause du génocide des Tutsis dont il a été le théâtre en 1994.

    ‘’C’est une pièce contre l’oubli, le négationnisme et contre le révisionnisme, parce qu’il y a beaucoup de gens, par exemple des descendants des génocidaires, qui se mettent à le nier, à le révisioner’’, déclare-t-il vendredi.

    Il estime que ce spectacle, qui relate le génocide rwandais perpétré du 7 avril au 4 juillet 1994 avec plus d’un million de Tutsis tués en cent jours, est ‘’une arme pour combattre le négationnisme et les gens qui veulent reléguer cette mémoire aux oubliettes de l’histoire ».

    Sur plusieurs tableaux, Jean Marie Vianney Rurangwa raconte d’une manière douce une réalité cruelle, cette atrocité humaine perpétrée dans un pays qui, jadis, était considéré ‘’beau comme un paradis’’.

    Metteur en scène et acteur dans la pièce, il affirme que les racines de l’idéologie raciste ont saigné à blanc le tissu social du peuple rwandais en générant des pogromes perpétrés contre les Tutsis dans les années 1960.

    Le spectacle de plus d’une heure est centré sur le génocide, et décrit les horreurs sur les femmes enceintes, les enfants, les vieillards et toute la population tutsie.

    Jean Marie Vianney Rurangwa souligne la ‘’forte résilience’’ dont ont fait preuve les Rwandais. ‘’Parce que comme le phénix de la légende, ils sont renés de leurs centres et font tout pour que plus jamais ça ne soit pas un slogan vide de sens’’, dit-il.

    La pièce a été interprétée par 14 acteurs, dont trois femmes, à travers divers genres artistiques tels que la poésie, le chant, le théâtre et le slam. Un choix délibéré de l’auteur qui estime qu’il était important, vu la dureté du sujet, d’accrocher les gens jusqu’au bout à travers les chants, la musique, le slam.

    La pièce ‘’Essuie tes larmes et tiens-toi debout !’’, créée en 2002, a été jouée à Dakar dans le cadre de la commémoration des cent jours du génocide perpétré il y a trente ans, explique l’ambassadeur du Rwanda au Sénégal, Jean Pierre Karabaranga.

    Il souligne que la pièce qui date de plus de 22 ans est très connue dans le monde pour avoir été interprétée un peu partout.

    M. Karabaranga a rappelé l’excellence des relations de coopération entre le Sénégal et le Rwanda, en présence du directeur de cabinet du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, El Hadji Tanor Gningue.

    ‘’Cette prestation de très haute facture nous a replongé dans un passé douloureux que les artistes nous ont appelés à assumer avec responsabilité. +Essuie tes larmes et tiens-toi debout !+ est assez illustratif de la mentalité de résilience du peuple rwandais’’, a déclaré M. Gningue.

    FKS/ASG

  • SENEGAL-POESIE / ‘’Parlons poésie’’ : le poète Ousmane Tall surpris et joyeux de remporter le Prix Ibrahima Sall

    SENEGAL-POESIE / ‘’Parlons poésie’’ : le poète Ousmane Tall surpris et joyeux de remporter le Prix Ibrahima Sall

    Dakar, 27 mai (APS) – Le jeune poète Ousmane Tall a accueilli avec surprise et joie le 1er Prix Ibrahima Sall 2024, décerné samedi à son manuscrit de recueil de poème ‘’L’encre des étoiles’’.

    Il a remporté ce prix lors de la troisième édition du concours ‘’Parlons poésie’’, organisée à l’Institut français de Dakar.

    ‘’ Je ressens une immense joie et une surprise, car c’est la deuxième fois que je postule à ce concours après un échec l’année dernière. C’est une opportunité de se voir juger par des spécialistes’’, a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec l’APS.

    Le jury, présidé par le poète et critique littéraire Waly Ba, a salué ‘’l’originalité’’ du recueil de Ousmane Tall, jugé ‘’très touchant’’.

    Il a dans l’ensemble salué le niveau élevé des œuvres présentées cette année.

    Selon l’auteur, ‘’L’encre des étoiles’’, qui a une dimension cosmique, aborde différentes thématiques liées à la beauté, à l’esthétique, aux sentiments, au temps, à l’infini, entre autres.

    ‘’L’ouvrage parle de la recherche de soi et de la compréhension des autres. Il aborde l’univers, les astres, la lumière, le temps à l’infini. Ce sont des thématiques très larges, philosophique et métaphysique’’, explique Ousmane Tall.

    Il remporte ainsi un trophée et une récompense pécuniaire.

    Son manuscrit sera publié par les éditions Al Faruq, dirigées par le poère Fara Njaay.

    Le deuxième prix du concours ‘’Parlons poésie’’ 2024 a été décerné à Ndèye Sokhna Diop pour son manuscrit ‘’Du Nadir au Zénith’’.

    Le troisième prix est revenu à Cheikh Khouma pour ‘’Du Berceau au Tombeau’’.

    Le jury a décerné un prix spécial à Mouhamed Seck pour  »Et d’Œil et d’Oreille », en reconnaissance de son talent exceptionnel.

    FKS/ASG

  • SÉNÉGAL – LITTÉRATURE / Saint-Louis : présentation de deux ouvrages consacrés à Omar Blondin Diop

    SÉNÉGAL – LITTÉRATURE / Saint-Louis : présentation de deux ouvrages consacrés à Omar Blondin Diop

    Saint-Louis, 26 mai (APS) – L’Institut français de Saint-Louis a abrité, samedi, la cérémonie de présentation de deux ouvrages consacrés à la. vie et l’oeuvre du philosophe sénégalais, Omar Blondin Diop, mort en détention sur l’île de Gorée, le 11 mai 1973.

    Intitulés ”Nous voir nous-mêmes du dehors. Réflexions politiques d’Omar Blondin Diop (1967-1970)” et ”Cette si longue quête : vie et mort d’Omar Blondin Diop”, ces livres sont écrits par Florian Bobin, chercheur en Histoire africaine à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.

    À travers ses deux livres, le chercheur sénégalo-franco-canadien, par ailleurs animateur de webradio, revient sur l’histoire d’Omar Blondin Diop.

    ‘’J’estimais que c’était important de mener ce travail parce qu’Omar Blondin Diop fait partie de ces figures qui sont à la fois incontournables et insaisissables dans l’histoire politique du Sénégal’’, a déclaré l’auteur en marge de la cérémonie de présentation.

    À cette occasion, il est également revenu sur les circonstances de la mort ‘’tragique’’ de cet opposant au régime du président Léopold Sédar Senghor, souhaitant, une réouverture de ce dossier judiciaire.

    ‘’Omar Blondin Diop est en effet mort en prison en mai 1973 dans des conditions troubles. Et beaucoup d’éléments de l’enquête menée à l’époque sous la supervision du juge en charge de l’affaire, Moustapha Touré, révèlent qu’il y a eu des irrégularités’´, a-t-il fait savoir M. Bobin.

    D’après une note parvenue à l’APS, ‘’la vie et la mort d’Omar Blondin Diop représentent un des moments les plus marquants de l’histoire récente du Sénégal’’.

    La même source renseigne que ‘’depuis près d’un demi-siècle, la version officielle du suicide d’Omar Blondin Diop est largement contestée par de nombreuses voix dénonçant un assassinat’’.

    Né le 18 septembre 1946 à Niamey (Niger), Omar Blondin Diop intellectuel, artiste et militant politique est le premier Sénégalais à intégrer Normale Sup’. Ancien du collège Louis-le-Grand, cette grande figure de la gauche, qui a côtoyé Jean Paul Sartre, est considéré par beaucoup comme un martyr du néocolonialisme.

    Florian Bobin, né en 1999 à Bruges, une commune située en Gironde, dans le sud-ouest de France, vit à Dakar.

    Dans ‘’Nous voir nous-mêmes du dehors. Réflexions politiques (1967-1970)’’, il recense des écrits de l’intellectuel et révolutionnaire sénégalais, Omar Blondin Diop.

    ‘’Cette si longue quête : vie et mort d’Omar Blondin Diop’’ est une biographie qui retrace l’itinéraire du révolutionnaire qu’était ce brillant intellectuel mort  jeune, à l’âge de 27 ans.

    CGD/AMD/FKS/ABB

  • SENEGAL-CULTURE-COOPERATION / La Guinée-Bissau fait don d’un masque traditionnel au Monument de la renaissance africaine

    SENEGAL-CULTURE-COOPERATION / La Guinée-Bissau fait don d’un masque traditionnel au Monument de la renaissance africaine

    Dakar, 25 mai (APS) – La ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, a réceptionné, vendredi, un masque traditionnel dénommé ‘’Cabeça de baca burutu Bijago’’ (une tête de vache sauvage Bijago) offert au Monument de la Renaissance africaine par la Guinée-Bissau.
    ‘’C’est une contribution concrète à la volonté panafricaine d’union, de progrès et de prospérité collective’’, a-t-elle déclaré.
    Cette œuvre du patrimoine africain des îles Bijago, un archipel au large de Bissau du nom du peuple qui y vit, est d’une ‘’valeur patrimoniale inestimable’’, a estimé la ministre.
    Selon elle ‘’ce don va marquer de manière significative la contribution et la présence de la Guinée-Bissau au sein du Monument de la Renaissance africaine’’.
    ‘’J’engagerai mon département à élargir les axes de coopération notamment dans le sport, la jeunesse et la culture pour une meilleure harmonie et une prise en charge inclusive de nos préoccupations et priorités’’, a dit Mme Dièye.
    Le ministre bissau-guinéen de la Jeunesse, de la Culture et des Sports, Augusto Gomez, a, pour sa part, décrit le ‘’Cabeça de baca burutu Bijago’’, comme un objet d’art représentatif de la culture de la Guinée-Bissau et particulièrement celle du peuple Bijago.

    ‘’C’est un symbole de la diversité ethnique de la Guinée-Bissau donné au Sénégal pour renforcer les liens d’amitié et de fraternité’’, a-t-il dit, ajoutant que ce masque symbolise, ‘’la force de la jeunesse Bijago et, au-delà, la force de la jeunesse africaine’’.
    La cérémonie de remise est initiée par l’ambassadeur de la Guinée-Bissau au Sénégal, Albino Armando Arafa, dans le cadre de l’initiative du Monument de la Renaissance dénommée ‘’Afri scène’’, qui commémore la Journée mondiale de l’Afrique célébrée chaque 25 mai, date anniversaire de la naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue en 2002 l’Union Africaine (UA).

    MYK/FKS/ABB

  • SENEGAL-GENRE-PLAIDOYER / ‘’Minorisation des femmes’’ : une universitaire préconise ‘’un changement d’imaginaire social’’

    SENEGAL-GENRE-PLAIDOYER / ‘’Minorisation des femmes’’ : une universitaire préconise ‘’un changement d’imaginaire social’’

    Dakar, 24 mai (APS) – L’universitaire sénégalaise Fatoumata Bernadette Sonko préconise « un changement d’imaginaire social » pour mettre un terme à la « minorisation des femmes » dans la société en général, dans l’espace politique en particulier, au sein duquel la gent féminine est appelée à « mener le combat pour faire bouger les lignes ».

    Une « somme de facteurs » entrave « les fragiles avancées des droits acquis par les femmes », soutient-elle dans une tribune parvenue à l’APS en pointant la perpétuation du « processus d’ostracisation des femmes non seulement depuis la ‘déterritorialisation’ occasionnée par l’arrivée des religions du Livre et la colonisation, mais aussi la poursuite de cette exclusion par les autorités sénégalaises à partir de 1960 ».

    La situation est telle que « sans un changement d’imaginaire social, nommer des femmes à des postes de ‘visibilité’ ne permet pas de briser les stéréotypes solidement ancrés dans les mentalités », écrit Fatoumata Bernadette Sonko, enseignante au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), l’école de journalisme de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.

    « La loi sur la parité ne bouleverse pas le système d’inégalité dénoncé et ne change pas non plus la réalité sociologique. Il ne suffit pas de changer la culture politique, mais les soubassements de pratiques culturelles qui les marginalisent », fait-elle observer.

    « Il urge, donc, de s’attaquer aux fondements des structures sociales basées sur des privilèges et des curricula masculins », écrit cette enseignante-chercheure en médias et genre, auteure de plusieurs ouvrages, dont « Femmes sous silence au Sénégal. Une fabrique du patriarcat » (éditions L’Harmattan).

    Fatoumata Bernadette Sonko fait état d’un « sevrage brutal, suivi d’un régime draconien, digne d’un ‘programme d’ajustement structurel’ au féminin », concernant la sous-représentation des femmes dans les instances décisionnelles au Sénégal.

    Elle cite en exemple le nouveau gouvernement, dans lequel siègent quatre femmes sur 30 ministres, soit 13 % pour 49,6 % de la population, la même tendance s’observant, dit-elle, « avec les nominations hebdomadaires du Conseil des ministres pour les principaux postes décisionnels ».

    L’idéologie patriarcale « a servi de pivot à la politique coloniale »

    « Au-delà de l’indignation collective, cette minorisation des femmes interpelle et fait réfléchir sur ses origines, la construction idéologique qui la sous-tend et ses structures de légitimation », analyse l’enseignante au Cesti, ajoutant que l’État colonial, en plus des dégâts imputables au patriarcat, a contribué à imposer l’hégémonie masculine et à déposséder les femmes, notamment par la loi foncière de 1904.

    Dans le même ordre d’idées, « l’École normale des filles [de Rufisque] n’a été mise en place qu’en 1938, vingt ans après celle des garçons, pour les initier à des métiers subalternes. Pour mieux écarter les femmes de la vie politique décisionnelle, insiste-t-elle, l’administration coloniale a ostensiblement ignoré leur pouvoir traditionnel, leurs chefferies et leurs prêtrises ».

    Il en résulte que l’idéologie patriarcale « a servi de pivot à la politique coloniale et à ses relations avec les différentes aristocraties locales, puis avec les milieux maraboutiques ».

    Les Sénégalaises n’ont pas vu leur situation changer non plus avec l’indépendance du pays en 1960, les nouvelles autorités héritant « des valeurs infériorisant les femmes », les perpétuant « à travers les institutions et prolongeant le ‘contrat social sénégalais’ – expression que nous empruntons à Donal Cruise O’Brien – avec les chefs confrériques ».

    Le Code de la famille, entré en vigueur en 1972, « ne fait que cristalliser l’assujettissement des femmes. L’essentiel de ses dispositions leur sont défavorables », observe l’enseignante-chercheure.

    « La socialisation différenciée par une stratification liée au sexe fabrique des attentes différentes. Les filles sont éduquées à rendre service aux autres et à conjuguer au quotidien les verbes ‘plaire, avoir et satisfaire’, des PAS à assimiler systématiquement pour entrer dans le schéma social et œuvrer pour leur réussite conjugale », écrit Fatoumata Bernadette Sonko.

    Les filles « doivent se prévaloir d’une ‘langue courte’ renvoyant à un silence construit et validé par la société, avoir des ‘pas courts’ pour ne franchir l’espace assigné qu’avec une autorisation masculine, et un ‘regard court’ qui ne questionne pas les fondements de leur subordination. Étroitement surveillées, elles subissent, à chaque étape de leur vie, les contrôles d’une société panoptique, au sens foucaldien. Une surveillance qui contraste avec celle des garçons encouragés à monopoliser l’espace, à le conquérir, à y bâtir et conserver leur réussite professionnelle », analyse-t-elle.

    « Les femmes doivent être au cœur du ‘Projet’ »

    L’école, « une passerelle qu’empruntent plusieurs générations », y va également de son influence négative en excluant les femmes des pages de l’histoire ». La toponymie, « qui reflète une reconnaissance symbolique, immortalise les hommes et enterre les femmes. Masculine et coloniale, elle les efface de notre mémoire collective ».

    Il y a aussi les représentations véhiculées par les médias qui « accordent plus de visibilité et de poids aux hommes », sous la forme d’un « miroir déformé, qui n’est qu’une réplique réflexive de la configuration sociale », contribuant à renforcer « l’invisibilité et l’inaudibilité des femmes » dans les sphères décisionnelles.

    Or, fait valoir Fatoumata Bernadette Sonko, « la rupture prônée par le gouvernement, qui met l’accent sur le bien-être social de tous les Sénégalais, commence par la famille et dans la famille », dont les femmes « constituent le socle, le ‘poteau mitan’ ».

    « Pour atteindre ce bien-être, [les femmes] doivent être au cœur du ‘Projet’ de développement économique et social des nouvelles autorités », indique l’enseignante-chercheure, estimant que cette question doit être analysée au-delà du clivage sur le débat sémantique sur l’appellation du ministère de la Famille, à la place du ministère de la Femme.

    « Il doit aller au-delà de ce clivage pour apporter des réponses diversifiées et conjuguées aux préoccupations quotidiennes de toutes les femmes comme la sécurité, l’adaptabilité des services publics et du transport en commun, l’accès au foncier et au crédit, l’encadrement du travail des employées domestiques, la prise en charge par l’État des traitements de fertilité pour les couples en difficulté de procréation, les congés de maternité pour toutes, etc. »

    De la même manière, la « redéfinition des luttes à partir d’un schéma endogène est une priorité pour éviter le piège d’un féminisme médiatique communiquant à tout-va, un féminisme sans boussole ni colonne vertébrale qui emprisonne les femmes ».

    Tout cela pour dire que le rapport au pouvoir des femmes « ne doit pas se résumer en une énumération quantitative de leur présence dans les instances décisionnelles ou se limiter à la parité en termes de représentativité politique ».

    « La sous-représentation des femmes, qui régit tous les compartiments de la vie sociale, au-delà d’un sémantisme construit, n’est qu’un continuum », assène Fatoumata Bernadette Sonko.

    Elle estime que cette question « est politique et l’engagement politique en est l’antidote ». « C’est dans l’arène politique, lieu d’exercice du pouvoir, que les femmes doivent mener le combat pour faire bouger les lignes, s’en approprier comme un lieu de libération, malgré le coût social élevé du billet d’entrée, refuser de servir ‘d’escaliers’ aux hommes et assumer leur leadership au lieu d’attendre des substituts de reconnaissance pour se débarrasser de leur ‘mussoor de verre’. »

    BK/ESF

  • SENEGAL-CULTURE-PERSPECTIVES / Matam : le collectif  »Fouta Slam » veut participer à la naissance d’une génération de slameurs

    SENEGAL-CULTURE-PERSPECTIVES / Matam : le collectif  »Fouta Slam » veut participer à la naissance d’une génération de slameurs

    Matam, 24 mai (APS) – Le Collectif  »Fouta Slam » veut promouvoir de jeunes slameurs pour participer à la naissance d’une nouvelle génération et contribuer à « hausser le niveau de représentativité des jeunes s’activant dans cet art », a indiqué sa présidente, Khadija Sall.

    « Le Collectif a pour but de promouvoir de jeunes artistes, en rapport avec le centre culturel régional de Matam, et de participer à la naissance d’une génération de slameurs pour hausser le niveau de représentativité des jeunes évoluant dans cet art », a-t-elle déclaré.

    La région de Matam « est peu pourvue de slameurs, même s’il en existe quelques-uns dans certaines localités de la région », a souligné Khadija Sall dans un entretien avec l’APS.

    Slameuse, mais aussi poétesse et écrivaine, elle est à l’initiative de la première édition du concours interscolaire régional de Slam à Matam.

    Khadija Sall, également à l’origine d’un concours d’orthographe auquel ont pris part cette année des élèves venus de plusieurs établissements scolaires de la région, affirme que cette dernière est sous-représentée en matière de slam.

    Elle en veut pour preuve la « faible représentation » de la région de Matam lors de la dernière édition du Festival national des arts et de la culture (FESNAC) à Fatick, au cours de laquelle, seul le slameur  »Oncle Sam » de Thilogne, membre du sous collectif  »Tim Timol Slam » avait représenté la région.

    « Matam est en retard par rapport aux autres régions du Sénégal qui regorgent de plusieurs artistes évoluant dans cet art. À part +Oncle Sam+, il n’existe presque pas de grands noms du Slam dans la région. Même s’il en existe, on ne les voit pas », a déploré la jeune artiste, originaire de Sinthiou Bamambé.

    Malgré ce constat, lors du concours interscolaire régional de slam organisé à Kanel, beaucoup de jeunes élèves et d’étudiants se sont relayés au micro pour déclamer des textes portant sur divers sujets, de l’amour à la famille, en passant par l’histoire du Fouta, etc.

    Avec leurs prestations en pulaar, soninké, français ou anglais, les élèves slameurs ont séduit et égayé le public composé principalement d’élèves, d’acteurs culturels et de professeurs de français.

    Selon Khadija Sall, le Collectif  »Fouta Slam » est composé de 16 sous collectifs basés dans des localités comptant au moins un slameur connu dans la région, notamment à Thilogne, Ourossogui, Woudourou, Kanel, Orkadiéré, Sinthiou Bamambé ou encore Bokidiawé.

    « Dans chacune de ses entités, on peut retrouver jusqu’à quarante élèves slameurs qui sont encadrés par d’autres, à travers des ateliers d’écriture. Ils sont soumis à des évaluations qui leur donnent le droit de participer à des concours », explique celle qui dirige ce collectif créé en décembre 2023.

    AT/BK/FKS/ASB

     

  • SENEGAL-ALLEMAGNE-PATRIMOINE / Le Musée des civilisations noires accueille une exposition sonore consacrée aux tirailleurs sénégalais

    SENEGAL-ALLEMAGNE-PATRIMOINE / Le Musée des civilisations noires accueille une exposition sonore consacrée aux tirailleurs sénégalais

    Dakar, 22 mai (APS) – Le Musée des civilisations noires (MCN) de Dakar accueille depuis mardi 21 mai l’exposition ‘’Échos du passé’’, qui est faite d’enregistrements sonores attribués à des tirailleurs sénégalais de la Première Guerre mondiale (1914-1918), a-t-on appris des organisateurs de cet évènement.

    Selon eux, l’exposition se poursuivra au vendredi 21 juin 2024.

    Les enregistrements que le public est appelé à écouter étaient conservés au musée d’ethnologie de Berlin.

    Le lancement officiel de l’exposition a eu lieu mardi 21 mai au MCN en présence d’autorités sénégalaises et allemandes.

    Certains de ‘’ces enregistrements ont été réalisés en 1910 […] à Berlin, d’autres dans le camp de prisonniers de guerre de Wünsdorf, en Allemagne, entre 1915 et 1918’’, précise un communiqué conjoint du MCU et du Goethe Institute de Dakar, le centre culturel allemand.

    ‘’On peut entendre des chants, des dialogues en wolof, en pulaar, en soussou et en fon’’, des langues parlées en Afrique de l’Ouest, ajoute la même source.

    ‘’L’exposition ‘Échos du passé : à la découverte du patrimoine culturel immatériel’ est ouverte au public à partir de ce 21 mai et [se poursuivra] jusqu’au 21 juin 2024, au Musée des civilisations noires de Dakar’’, affirme le communiqué.

    Le MCU et le Goethe Institute invitent le public, les chercheurs notamment, à venir ‘’découvrir ce patrimoine jusque-là inconnu, afin de rassembler et de s’interroger éventuellement sur les pièces d’un puzzle historique’’.

    FKS/SMD/ESF 

  • SENEAL-LITTRERATURE / Saint-Louis : présentation samedi de deux ouvrages sur Omar Blondin Diop

    SENEAL-LITTRERATURE / Saint-Louis : présentation samedi de deux ouvrages sur Omar Blondin Diop

    Saint-Louis, 22 mai (APS) – L’Institut français de Saint-Louis abrite ce samedi, à partir de 17 heures, une cérémonie de présentation de deux ouvrages consacré à Omar Blondin Diop, jeune philosophe sénégalais et opposant au régime du président Léopold Sédar Senghor, retrouvé mort en détention sur l’île de Gorée, le 11 mai 1973.

     »Nous voir nous-mêmes du dehors. Réflexions politiques d’Omar Blondin Diop (1967-1970) », est le titre de l’un de ces ouvrages publiés par Florian Bobin, étudiant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

    Il a également à son actif un deuxième ouvrage, intitulé  »Cette si longue quête : vie et mort d’Omar Blondin Diop ».

     »La vie et la mort d’Omar Blondin Diop représentent un des moments les plus marquants de l’histoire récente du Sénégal », indique une note transmise à l’APS.

    Depuis près d’un demi-siècle, la version officielle du suicide de Omar Blondin Diop est largement contestée par de nombreuses voix dénonçant un assassinat, renseigne la même note.

    À travers ses deux livres, Florian Bobin, auteur, chercheur en histoire africaine et animateur de webradio, revient sur l’histoire d’Omar Blondin Diop.

    Florian Bobin, né en 1999 à Bruges, une commune située en Gironde, dans le sud-ouest de France, vit à Dakar. Il est étudiant-chercheur en histoire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, renseigne une note biographique.

    CGD/AMD/ASG/BK