Catégorie : Politique

  • SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / La fixation de la date du 2 juin pour la tenue de la présidentielle est  »contraire à la Constitution », selon le Conseil constitutionnel

    SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / La fixation de la date du 2 juin pour la tenue de la présidentielle est  »contraire à la Constitution », selon le Conseil constitutionnel

    Dakar, 6 mars (APS) – Le Conseil constitutionnel a jugé contraire à la Constitution la tenue de l’élection présidentielle au-delà du 2 avril, date marquant la fin du mandat du président Macky Sall, a-t-on appris de la haute juridiction.

    Dans une décision rendue publique, mercredi, après saisine du chef de l’Etat pour avis sur les conclusions du dialogue national, le Conseil constitutionnel a en même temps considéré que l’article 36, alinéa 2, de la Constitution n’est pas applicable au cas où l’élection n’a pas lieu avant la fin du mandat.

    Autrement dit, le président Macky Sall, ne peut pas rester en fonction au-delà du 2 avril.

    Le Conseil constitutionnel a également maintenu la liste des 19 candidats déjà retenus pour participer à l’élection présidentielle en considérant que l’existence d’un consensus issu d’un dialogue postérieur à la décision arrêtant la liste définitive des candidats, ne fait pas partie des causes de modification de cette liste, limitativement énumérées par les articles 29, alinéa 2, et 34, alinéa premier de la Constitution.

    S’agissant de la fixation de la date du scrutin présidentiel, la haute juridiction a indiqué que l’élection du président de la République ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat qui arrive à terme le 2 avril 2024 et signalé que l’expression dans les meilleurs délais contenue dans sa décision du 15 février, renvoie nécessairement à une date pouvant permettre la tenue du scrutin avant la fin du mandat.

    Elle considère notamment qu’un décret fixant la date de l’élection au 2 juin 2024, soit deux mois après l’expiration du mandat en cours, ne trouverait de base légale ni dans la loi électorale ni dans la décision du 15 février, et que la reprise du processus électoral déjà engagé ne justifie pas un tel report.

    ‘’Le président de la République ne peut, en l’absence d’un texte l’y habilitant expressément, fixer la date de l’élection au-delà de la fin de son mandat’’, souligne le Conseil constitutionnel en estimant qu’en vertu du caractère intangible de la durée du mandat du président de la République, la fixation de la date de l’élection au-delà de la fin du mandat a pour effet de créer un vide institutionnel non prévu par la Constitution.

    Elle estime qu’elle est, de ce fait, contraire au principe à valeur constitutionnelle de sécurité juridique et de stabilité des institutions en rappelant qu’en application des dispositions de l’article 103 de la Constitution, la durée du mandat du président de la République ne peut être réduite ou allongée au gré des circonstances politiques, quel que soit l’objectif poursuivi.

    Cette décision du Conseil est une nouvelle étape des développements liés à la crise politique que traverse le Sénégal depuis l’interruption de facto du processus électoral avec l’abrogation du décret convoquant le corps électoral, le 3 février, la veille de l’ouverture officielle de la campagne électorale.

    L’élection présidentielle était initialement prévue le 25 février.

    Le Conseil constitutionnel a, dans une décision rendue publique le jeudi 15 février 2024, annulé le décret par lequel le chef de l’Etat a renoncé à la convocation des électeurs pour l’élection présidentielle le 25 février.

    La haute juridiction avait, dans le même temps, jugé ‘’contraire à la Constitution’’, une loi récemment adoptée par l’Assemblée nationale portant sur le report au 15 décembre du scrutin du 25 février.

    Les ‘’sept sages’’ n’avaient pas manqué d’inviter les autorités compétentes à organiser l’élection présidentielle dans les meilleurs délais après avoir constaté l’impossibilité de le tenir à la date initiale.

    Le chef de l’Etat avait invoqué, entre autres raisons, les divergences entre le Conseil constitutionnels et l’Assemblée nationale après qu’une commission d’enquête parlementaire a été mise sur pied pour enquêter sur des soupçons de corruption et de connexions douteuses avancées par des députés du groupe parlementaire du Parti démocratique sénégalais.

    Le PDS a porté  de telles accusations après que le dossier de candidature de son leader, Karim Wade, a été déclaré irrecevable par le Conseil constitutionnel. La juridiction a invoqué la double nationalité sénégalaise et française du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade pour motiver le rejet de son dossier. Au Sénégal, il faut être exclusivement de nationalité sénégalaise pour briguer la magistrature, selon la loi électorale.

    L’annonce du report de l’élection présidentielle a provoqué une montée soudaine de la tension politique. Quatre personnes ont ainsi perdu la vie  à Dakar, Saint-Louis et Ziguinchor, à la suite de heurts entre des forces de l’ordre et des manifestants opposés au report du scrutin.

    Cet épisode a été suivi d’une vague de libérations de militants et d’activistes emprisonnés en raison d’activités liées à leur engagement politique

    AKS/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / Amnistie générale : les députés étalent leurs divergences à l’hémicycle

    SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / Amnistie générale : les députés étalent leurs divergences à l’hémicycle

    Dakar, 6 mars (APS) – Les députés ont étalé, mercredi, leurs divergences au sujet du projet de loi portant amnistie générale des faits de violences en lien avec la politique, survenus entre février 2021 et février 2024.

    Ils ont notamment marqué leurs désaccords quant au bien fondé de ce projet de loi soumis à leur examen après que la commission des Lois de l’Assemblée nationale l’a adopté.

    Le projet de loi adopté par en Conseil des ministres le 28 février avait été agité par le chef de l’Etat à l’ouverture du dialogue national organisé les 26 et février au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio.

    De nombreuses personnes ont perdu la vie ou blessées lors de manifestations violentes ayant secoué le Sénégal depuis le déclenchement de procédures judiciaires à l’encontre de l’opposant, Ousmane Sonko, accusé de  »viols répétitifs et menaces de mort » par Adji Sarr, une employée d’un salon de massage à Dakar.

    Dans l’exposé des motifs, le chef de l’Etat évoque un besoin d’apaiser le ”climat politique et social” de renforcer ”la cohésion nationale” et de consolider ”le dialogue national” et permettre à  »certaines personnes qui ont eu maille à partir avec la justice de participer pleinement à la vie démocratique”.

    ‘’Le projet de loi intervient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024. (…) Il permettra à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits’’, lit-on dans le document soumis aux députés.

    Il y est mentionné que sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques y compris celles faites par tous les supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non.

    ‘’L’amnistie entraine, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la remise totale de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que la disparition de toutes les déchéances, exclusions, incapacités et privations de droits attachés à la peine’’, lit-on dans le document.

    Des députés prenant part à l’examen du projet de loi d’amnistie général des faits politiques survenus au Sénégal entre mars 2021 et février 2024, ont magnifié, ledit projet loi estimant qu’il permettra de renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble des Sénégalais.

    Abdoulaye Wilane, un député de la coalition Benno Bok Yakaar (BBY, mouvance présidentielle) a souligné le caractère historique d’une telle initiative en ce qu’elle ‘’permettra aux Sénégalais de se retrouver autour d’un même objectif’’.

    ‘’L’instant est solennel, le moment historique. Je voudrais vous inviter à vous éloigner des considérations personnelles. Je demande aux parlementaires de travailler à l’optimisme des grands peuples en adoptant ce projet de loi d’amnistie général », a-t-il déclaré en s’adressant à ses collègues.

    Ibrahima Baba Sall, un autre député de la mouvance présidentielle, vice-président de l’assemblée nationale, a salué l’intention de pacification et de réconciliation ayant fondé le projet de loi, ‘’des facteurs importants pour la vivre ensemble’’.

    ‘’Nous allons voter ce projet pour accompagner la volonté du président de la République de pacifier l’espace public’’ a-t-il soutenu.

    Le jeune parlementaire, Abdoulaye Diagne, un autre membre de cette coalition, a souligné la nécessité pour ses collègues de voter le projet de loi, ‘’au nom de la réconciliation et de la cohésion nationale’’.

    ‘’On doit sortir Ousmane Sonko, en abandonnant les charges’’

    Il a, en même temps, plaidé pour une indemnisation des personnes décédées ou ayant perdu des biens matériels lors des manifestations.

    ‘’Ce projet vise uniquement à réconcilier les Sénégalais. Le président de la République Macky Sall veut que nous soyons tous d’accord. C’est la seule chose qui motive cette loi’’, a renchéri Farba Ngom, un parlementaire de la majorité.

    Un avis que ne partage pas des parlementaires de l’opposition à l’image de de Guy Marius Sagna, membre du groupe Yewwi Askan-wi.

    ‘’Dire que cette loi est faite pour Ousmane Sonko est faux. Je ne voterai pas cette loi qui vise à mépriser toutes les pertes en vies humaines. Oui il faut sortir Ousmane Sonko de prison, mais il faut le faire en abandonnant les charges’’, a-t-il réagi.

    Modou Bara Gueye, un député du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) s’est élevé contre le projet de loi, en estimant qu’aucun contexte ne permet le vote d’une telle loi.

    ‘’Dites-nous d’abord qui sont les responsables. Expliquez- nous d’abord ce qui s’est passé entre 2021 et 2024. Dites-nous ce qui a motivé ce pardon national. Je pense qu’il faut d’abord situer les responsabilités’’, a pour sa part dit Marietou Dieng, une députée du parti Rewmi.

    Thierno Diop, un parlementaire de Taxawu Sénégal a insisté sur le fait que la justice était rendue au nom du peuple et qu’elle devait jouer son rôle son rôle après les événements violent ayant secoué le pays.

    ‘’Je ne peux pas comprendre qu’on nous demande de passer sous silence tout ce qui s’est passé ces dernières années et sans raison valable’’, a-t-il expliqué.

    ‘’La justice doit être dite. Elle doit jouer pleinement son rôle parce que le peuple sénégalais restera debout pour que justice soit faite même si cette loi passe’’, a-t-il estimé.

    Pour Thierno Alassane Sall, un député non inscrit, ce projet de loi illustre l’incapacité de l’Etat du Sénégal à assumer sa mission régalienne.

    ABD/AKS/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE / Champ d’application de la loi d’amnistie générale : « une prérogative dévolue au juge » (ministre)

    SENEGAL-POLITIQUE / Champ d’application de la loi d’amnistie générale : « une prérogative dévolue au juge » (ministre)

    Dakar, 6 mars (APS) – Le champ d’application de la loi d’amnistie générale des faits commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, en lien avec des manifestations ou ayant des motivations politiques est une ‘’prérogative dévolue au juge’’, a précisé la garde des Sceaux, ministre de la Justice.

    Aissata Tall Sall a apporté cet éclaircissement lors de l’examen de ce projet par la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des institutions de l’Assemblée nationale.

    Selon le rapport de cette commission consulté par l’APS, la garde des Sceaux a expliqué que ‘’la loi ne spécifie pas et n’indexe pas la personne qui va en bénéficier’’. ‘’Ceci est une prérogative dévolue au juge », a-t-elle précisé.

    Elle s’est appesantie sur les aspects fondamentaux de la loi, qui renvoient à son caractère général et impersonnel ainsi que son application  »erga omnes » (d’application générale ou à l’égard de tous).

    Ce qui signifie que toutes les manifestations marquées par des incidents de violences pendant cette temporalités sont concernées par l’amnistie, a-t-elle indiqué.

    ‘’Par contre, la qualification des faits de personnes qui ont commis d’autres crimes ou délits dans d’autres circonstances sont hors portée de cette loi’’, a-t-elle expliqué.

    ‘’La qualification des faits est du ressort exclusif du juge, qui est le seul habillé à décider si le fait poursuivi bénéficie ou pas d’une amnistie’’, a-t- elle ajouté.

    La plénière devant examiner le projet de loi portant amnistie générale des faits commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, en lien avec des manifestations ou ayant des motivations politiques, a démarré mercredi à l’Assemblée nationale.

    Ce projet de loi adopté mardi par la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale sera défendu par la garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, au nom du gouvernement.

    Le ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy, va également prendre part à cette séance plénière, aux côtés de sa collègue chargée du département de la Justice.

    Macky Sall, dans un décret du 1er mars, a ordonné à la garde des Sceaux de présenter aux députés le projet de loi portant amnistie, qui vise notamment à apaiser le climat politique et social, selon le gouvernement.

    Il vise également ‘’le renforcement de la cohésion nationale et la consolidation du dialogue national, tout en permettant à certaines personnes qui ont eu maille à partir avec la justice de participer pleinement à la vie démocratique’’.

    ‘’Le projet de loi survient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024 […]. Il permettra à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits’’, lit-on dans l’exposé des motifs du projet qui sera soumis aux députés.

    Le texte affirme que ‘’sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous les supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non’’.

    ‘’L’amnistie entraîne, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la remise totale de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que la disparition de toutes les déchéances, exclusions, incapacités et privations de droits attachés à la peine’’, lit-on dans le document.

    De nombreuses voix se sont élevées au sein de l’opposition et de la société civile pour désapprouver cette initiative

    ABD/ASG/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE / Manifestations violentes de 2021-2024, « une procédure d’indemnisation sera mise en oeuvre » (garde des Sceaux)

    SENEGAL-POLITIQUE / Manifestations violentes de 2021-2024, « une procédure d’indemnisation sera mise en oeuvre » (garde des Sceaux)

    Dakar, 6 mars (APS) – Une procédure d’indemnisation sera mise en place en faveur des personnes gravement impactées par les manifestations violentes survenues au Sénégal entre mars 2021 et février 2024, a indiqué la garde des Sceaux, ministre de la Justice.

    S’adressant aux membres de la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des institutions de l’Assemblée nationale, Aïssata Tall Sall « a informé qu’après [l’adoption du projet de loi portant amnistie générale des faits politiques renvoyant à cette date], et conformément aux recommandations du chef de l’Etat, une procédure d’indemnisation sera mise en place à travers une commission qui se chargera d’étudier tous les cas et les dossiers y afférents ».

    Les propos de la ministre de la Justice sont contenus dans un rapport de la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des institutions de l’Assemblée nationale, qui a examiné et adopté mardi ce projet de loi d’amnistie générale.

    Selon Aïssata Tall Sall, citée dans le même rapport, « le pardon est au-dessus de la réparation », et « il faut avoir un sens d’élévation absolu pour y arriver ».

    Aussi la ministre de la Justice a-t-elle fait part de ses regrets relativement  « aux actes odieux et terroristes » perpétrés durant la période visée par ledit projet de loi.

    ABD/BK/ASG

  • SENEGAL-POLITIQUE / Assemblée nationale : début de la plénière pour l’examen du projet de loi portant amnistie générale

    SENEGAL-POLITIQUE / Assemblée nationale : début de la plénière pour l’examen du projet de loi portant amnistie générale

    Dakar, 6 mars (APS) – La plénière devant examiner le projet de loi portant amnistie générale des faits commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, en lien avec des manifestations ou ayant des motivations politiques, a démarré à l’Assemblée nationale, a constaté l’APS.

    Ce projet de loi adopté mardi par la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale sera défendu par la garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, au nom du gouvernement.

    Le ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy, va également prendre part à cette séance plénière, aux côtés de sa collègue chargée du département de la Justice.

    Macky Sall, dans un décret du 1er mars, a ordonné à la garde des Sceaux de présenter aux députés le projet de loi portant amnistie, qui vise notamment à apaiser le climat politique et social, selon le gouvernement.

    Il vise également ‘’le renforcement de la cohésion nationale et la consolidation du dialogue national, tout en permettant à certaines personnes qui ont eu maille à partir avec la justice de participer pleinement à la vie démocratique’’.

    ‘’Le projet de loi survient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024 […]. Il permettra à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits’’, lit-on dans l’exposé des motifs du projet qui sera soumis aux députés.

    Le texte affirme que ‘’sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous les supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non’’.

    ‘’L’amnistie entraîne, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la remise totale de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que la disparition de toutes les déchéances, exclusions, incapacités et privations de droits attachés à la peine’’, lit-on dans le document.

    De nombreuses voix se sont élevées au sein de l’opposition et de la société civile pour désapprouver cette initiative.

    ABD/BK/ESF

  • SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / Le Sénégal indépendant au rythme d’une dizaine de lois d’amnistie

    SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / Le Sénégal indépendant au rythme d’une dizaine de lois d’amnistie

    Par Serigne Mbaye Dramé

    Dakar, 5 mars (APS) – En soixante-quatre ans de vie politique et institutionnelle, les députés sénégalais ont voté une dizaine de projets et propositions de lois d’amnistie, le dernier étant celui que l’Assemblée nationale va examiner mercredi 6 mars 2024 en séance plénière.

    S’il est adopté, ce projet de loi permettra de couvrir tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 et se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, explique son exposé des motifs.

    A l’ouverture du dialogue qu’il a initié, les 26 et 27 février, le président de la République, Macky Sall, justifiait cette loi d’amnistie générale en disant qu’elle s’inscrit dans un esprit de réconciliation nationale.

    Selon le décret présidentiel, cette amnistie concerne  »tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non ».

    Si une partie de l’opinion publique, notamment des intellectuels, des universitaires et des leaders politiques, s’est élevée contre ce mécanisme juridique en appelant à situer les responsabilités, les lois d’amnistie, dans leur esprit, sont définies comme étant des lois de pardon et d’oubli, qui profitent entièrement à des sociétés vivant de violents clivages qu’ils doivent dépasser. Elles ne sont votées qu’exceptionnellement.

    ‘’Puis-je voter une loi d’amnistie avant de savoir ce qui est arrivé à Didier Badji ? En général, une loi d’amnistie est votée après tous les jugements. Vérité d’abord et puis pardon, peut-être, ensuite. J’attends le projet de loi d’amnistie pour donner mon avis’’, a réagi l’opposant et député Guy Marius Sagna sur sa page Facebook, à l’annonce de ce projet de loi.

    L’adjudant-chef de gendarmerie Didier Badji, en service à l’Inspection générale d’Etat, est porté disparu depuis le 18 novembre 2022. Il serait, au moment de sa disparition, en compagnie du sergent Fulbert Sambou, un agent des renseignements généraux, dont le corps a été repêché en mer.

    Dans un manifeste publié par plus de 200 membres et rendu public le 1er mars dernier, le Collectif des universitaires pour la démocratie dit alerter sur les dangers de la loi d’amnistie générale annoncée par le chef de l’Etat. Pour ces intellectuels, effacer les crimes du passé reviendrait à bafouer la mémoire des victimes et à fragiliser les fondements de l’Etat de droit. Refuser l’oubli forcé est la seule voie pour respecter les principes républicains, soutiennent-ils.

    Des délits et infractions politiques pour l’essentiel

    « L’éventuelle validation par les parlementaires d’un projet de loi ayant pour objectif d’amnistier des infractions consécutives aux manifestations politiques interroge notre rapport à l’Histoire […] D’un point de vue anthropologique, l’existence programmée de cette loi amnistiante questionne nos rapports au Réel », écrivent les auteurs de la tribune en faisant allusion à ce projet de loi adopté mardi par la commission des lois de l’Assemblée nationale.

    La loi d’amnistie de 1967, avec son caractère rétroactif sur l’ancien président du Conseil du gouvernement, Mamadou Dia, gracié en 1974 après douze ans d’emprisonnement, et celle de 1991 relative à la question casamançaise de 2005 ont marqué les esprits. Il n’en demeure pas moins que ce mécanisme juridique a été mis en branle pour la première fois dans l’histoire politique et institutionnelle du pays en octobre 1960.

    Des lois d’amnistie ont également été votées en 1964, 1967, 1981, 1988 et 2004.

    Dans un rapport de l’Assemblée nationale datant de mars 1961, il est mentionné que l’amnistie de 1960 concernait des incidents survenus à Tivaouane (ouest) en juin 1959 et à Fatick (centre) en juillet 1960.

    L’ordonnance numéro 60-032 du 18 octobre 1960 portant amnistie « des évènements regrettables étant survenus à Tivaouane et à Fatick, les 20 juin 1959 et 28 juillet 1960, le gouvernement a cru devoir amnistier les infractions commises au cours ou à l’occasion de ces évènements’’, lit-on dans ce document, lequel parle d’une « amnistie spéciale de circonstance ».

    Trois ans plus tard, une autre loi d’amnistie visant des atteintes à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat a été adoptée, en janvier 1964.

    Cette loi exprime « la volonté de rechercher la paix, tant sur le plan intérieur que dans les relations avec l’extérieur. Elle juge opportun de prendre des mesures d’apaisement et d’oubli à l’heure où le gouvernement sénégalais a acquis une puissance politique suffisante », renseigne le professeur agrégé de droit public Meissa Diakhaté, de l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar.

    Dans un article publié sur le site Internet du Centre de recherche, d’expertise et de formation sur les institutions constitutionnelles, les administrations publiques, la gouvernance financière et la légistique en Afrique, M. Diakhaté fait également référence à la loi d’amnistie du 24 février 1967, relative à l’ »intérêt politique de l’Etat ou à un droit politique des citoyens ».

    L’universitaire fait aussi référence à celle de mars 1976 devant couvrir les crimes et délits politiques commis entre le 25 février 1967 et le 31 décembre 1975. Cette loi rappelle ce qu’il était convenu d’appeler l’affaire Mamadou Dia, qui concernait en même temps les ministres Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall. Ils furent tous les quatre membres du gouvernement Dia. Graciés et libérés par le président de la République, Léopold Sédar Senghor, en mars 1974, ils bénéficient d’une loi d’amnistie en avril 1976, un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal.

    Il s’en suivra la loi d’amnistie de mai 1981 devant couvrir essentiellement les délits commis pour des motifs politiques entre le 31 décembre 1975 et le 31 décembre 1980.

    Cette énième initiative d’une loi amnistiante avait la particularité de se limiter aux seuls délits politiques et, par conséquent, n’avait pas de compétence sur les faits de corruption et de détournement de deniers publics. Le vote de cette loi en juillet 1981 coïncidait avec la création de la Cour de répression de l’enrichissement illicite. 

    La question casamançaise

    Sa circonscription aux infractions liées à des activités politiques se justifiait par le fait, disait-on, du contexte de prélèvement exceptionnel de solidarité nationale au profit du monde rural et de l’importance que le gouvernement attachait à la lutte contre les infractions portant une atteinte grave à l’économie nationale.

    Si la loi d’amnistie a été généralement mise en branle au sortir de contextes électoraux très souvent marqués par des évènements politiques tragiques, elle a toutefois été initiée en 1988, 1991 et 2004 pour des délits en lien avec le conflit de Casamance (sud) survenu en décembre 1982.

    Docteur en histoire moderne et contemporaine, Mamadou Yéro Baldé, enseigne que la loi d’amnistie de juin 1988 visait essentiellement les infractions criminelles ou correctionnelles commises entre le 1er janvier 1982 et le 31 juillet 1987, en relation avec les évènements dits de Casamance. Cette amnistie était également élargie aux troubles politiques survenus lors de la préparation de l’élection présidentielle du 28 février 1988.

    M. Baldé, enseignant-chercheur au département d’histoire de la faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation de l’UCAD, souligne également que la loi amnistiante de juillet 1991 s’est inscrite dans le même sillage, le législateur se souciant des crimes et délits en lien avec les évènements dits de Casamance.

    Cette loi devait couvrir les infractions criminelles ou correctionnelles relatives à l’importation, à la fabrication, à la détention et au transport des explosifs et de tous les engins meurtriers ou incendiaires, que leurs auteurs aient été jugés définitivement ou non, et commises entre le 19 mai 1988 et le 8 avril 1991.

    Dans son article intitulé  »Décentralisation et enjeux politiques. L’exemple du conflit casamançais (Sénégal) », publié en 1998, le chercheur Hassane Dramé évoque deux faits majeurs ayant motivé l’amnistie de 1991.

    L’universitaire parle notamment de l’échec de la politique du tout militaire et du tout répressif, ainsi que de la radicalisation à partir de 1990, d’une partie du MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (rébellion), du fait du contexte défavorable et de l’affaiblissement intérieur et extérieur de l’Etat sénégalais.

    Au plan interne, la libération, l’année précédente, de l’abbé Diamacoune Senghor, et l’amnistie des principaux responsables du MFDC avaient permis de réorganiser le mouvement indépendantiste. Durant la même période, le Sénégal se relève d’une crise politique très tendue, à la suite de la contestation par l’opposition des résultats de l’élection présidentielle de 1988, selon M. Dramé.

    Arrivé au pouvoir en mars 2000 à la faveur de la première alternance politique, Abdoulaye Wade, qui avait promis de régler ce conflit en cent jours seulement, est à l’origine d’une loi d’amnistie relative à la Casamance en juillet 2004, rappelle Mamadou Yéro Baldé.

    M. Wade disait souhaiter que toutes les forces vives de la nation s’impliquent dans le seul combat qui vaille, celui de faire du Sénégal, dans les meilleurs délais, un Sénégal émergent et entretenu par une solidarité nationale, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, le NEPAD, qu’il a lancé en 2001 avec ses homologues sud-africain et nigérian, Thabo Mbeki et Olusegun Obasanjo.

    La dernière loi d’amnistie connue dans l’histoire politique et institutionnelle du Sénégal est celle de 2005. Il s’agissait d’un texte d’origine parlementaire, qualifié de scélérat, tendant à absoudre des actes criminels, dont l’assassinat en 1993 de Me Babacar Sèye.

    La Loi Ezzan, passée à la postérité sous l’appellation du député l’ayant proposé, Ibrahima Isidore Ezzan, un militant du Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade, fait partie de celles qui ont marqué les esprits au Sénégal.

    Cette loi visait notamment à amnistier de graves infractions en lien avec les élections générales ou locales ayant eu une motivation politique, entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004, que leurs auteurs aient été jugés ou non. Elle effaça de la mémoire du greffe l’assassinat de l’avocat Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, rappelle Meïssa Diakhaté.

    Selon cet universitaire, le Conseil constitutionnel estimait que l’article 2 de la loi était non conforme à la Constitution. Il considérait que l’article 2 de la loi, en poursuivant un objectif de protection des intérêts d’une famille et les proches du défunt Babacar Sèye, visait un but différent de celui pour lequel compétence a été conférée au législateur.

    Le Conseil constitutionnel notait que c’est dans un but d’apaisement politique ou social que le législateur devait rechercher, dans l’exercice de la compétence que la Constitution lui reconnaît en matière d’amnistie, l’oubli de certains faits par l’effacement de leur caractère répréhensible.

    A la suite de son adoption en Conseil des ministres, mercredi dernier, les membres de la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale ont examiné, ce mardi, le projet de loi portant adoption d’une amnistie générale des faits en lien avec la politique entre février 2021 et février 2024.

    Sa validation par le Parlement fera de ce mécanisme juridique sa 10e mise en branle en soixante-quatre ans de vie politique et institutionnelle.

    Interrogé par l’APS, le professeur Meïssa Diakhaté note que la seule différence avec les initiatives précédentes se trouve « dans les contextes ».

    L’universitaire fait allusion à certaines idées et à la formulation du projet de loi, qui figuraient dans les amnisties antérieures. Il s’agit des expressions « sont amnistiés de plein droit » (1976) et « infractions commises par tous les moyens de diffusion publique » (1981). L’idée selon laquelle « les auteurs aient été jugés définitivement ou non » est également apparue dans la loi amnistiante de 1991, précise-t-il.

    SMD/AKS/OID/ESF 

  • SENEGAL-INSTITUTIONS / Amnistie générale : les députés convoqués en séance plénière, mercredi

    SENEGAL-INSTITUTIONS / Amnistie générale : les députés convoqués en séance plénière, mercredi

    Dakar, 5 mars (APS) – Les députés sont convoqués en séance plénière mercredi à 10 h à l’Assemblée nationale pour examiner le projet de loi portant amnistie générale, a appris l’APS mardi de l’institution.

    La Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall, va défendre le projet de loi adopté mardi par la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale.

    Le président Macky Sall a, dans un décret en date du 1 er mars, ordonné au Garde des Sceaux de présenter l’Assemblée nationale le projet de loi portant amnistie dont l’objectif porte entre autres sur l’apaisement du climat politique et social, le renforcement de la cohésion nationale, la consolidation du dialogue national, tout en permettant à certaines personnes qui ont eu maille à partir avec la justice de participer pleinement à la vie démocratique.

    ‘’Le projet de loi intervient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024. (…) Il permettra à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits’’, lit-on dans l’exposé des motifs du projet qui sera soumis aux députés.

    Il y est mentionné que sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques y compris celles faites par tous les supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non.

    ‘’L’amnistie entraine, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la remise totale de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que la disparition de toutes les déchéances, exclusions, incapacités et privations de droits attachés à la peine’’, lit-on dans le document.

    De nombreuses voix s’élèvent au sein de l’opposition et de la société civile pour dénoncer le texte.

    FD/AKS/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE-RELIGION / Le CNRA met en garde contre « les propagandes politiques » dans les sketchs et émissions Ramadan

    SENEGAL-POLITIQUE-RELIGION / Le CNRA met en garde contre « les propagandes politiques » dans les sketchs et émissions Ramadan

    Dakar, 5 mars (APS) – Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) attire l’attention des médias sur l’utilisation des sketches et émissions durant le mois de Ramadan pour « la diffusion de contenus politiques, notamment ceux faisant la propagande en faveur de candidats ou s’attaquant à d’autres » dans un contexte pré-électoral.

    Dans un communiqué rendu public mardi, le CNRA rappelle aussi l’injonction faite aux médias de ne pas diffuser des programmes pouvant « entraîner ou provoquer une confrontation entre les religions, les confréries ou les communautés ».

    Le texte invite également les médias à davantage de « vigilance » dans le choix des programmes du mois de Ramadan. Il rappelle à cet égard l’interdiction de la diffusion de « contenus de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale et la cohésion sociale, ou de nature à tourner en dérision la religion ».

    Le régulateur dit compter sur « le sens des responsabilités des médias et les exhorte à privilégier la conception et la diffusion de contenus conformes au cadre légal et réglementaire ».

    Le jeûne du Ramadan doit débuter au Sénégal entre le 10 et le 11 mars prochains.

    SMD/ASG/BK

  • SENEGAL-INSTITUTIONS / Le projet d’amnistie générale soumis à l’examen de la commission des lois de l’Assemblée nationale, mardi

    SENEGAL-INSTITUTIONS / Le projet d’amnistie générale soumis à l’examen de la commission des lois de l’Assemblée nationale, mardi

    Dakar, 4 mars (APS) – Les  membres de la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale examinent mardi à partir de 9 heures le projet de loi portant adoption d’une amnistie générale des faits en lien avec la politique entre février 2021 et février 2024, a appris l’APS de source officielle.

    Le président Macky Sall a, dans un décret en date du 1 er mars, ordonné au Garde des Sceaux de présenter l’Assemblée nationale le projet de loi portant amnistie dont l’objectif porte entre autres sur l’apaisement du climat politique et social, le renforcement de la cohésion nationale, la consolidation du dialogue national, tout en permettant à certaines personnes qui ont eu maille à partir avec la justice de participer pleinement à la vie démocratique.

    ‘’Le projet de loi intervient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024. (…) Il permettra à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits’’, lit-on dans l’exposé des motifs du projet qui sera soumis aux députés.

    Il y est mentionné que sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques y compris celles faites par tous les supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non.  

    ‘’L’amnistie entraine, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la remise totale de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que la disparition de toutes les déchéances, exclusions, incapacités et privations de droits attachés à la peine’’, lit-on dans le document.

    De nombreuses voix s’élèvent au sein de l’opposition et de la société civile pour dénoncer le texte.

    FD/AKS/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / Projet de loi d’amnistie générale, une  »prime troublante à l’impunité » au Sénégal, selon Amnesty international

    SENEGAL-POLITIQUE-JUSTICE / Projet de loi d’amnistie générale, une  »prime troublante à l’impunité » au Sénégal, selon Amnesty international

    Dakar, 4 mars (APS) – L’ONG Amnesty international s’est élevée, lundi, contre l’annonce de l’examen prochain d’une loi d’amnistie générale des faits de violences en lien avec la politique, perpétrés entre février 2021 et février 2024 au Sénégal, estimant que son adoption constituerait un « affront » aux familles des victimes et une « prime troublante à l’impunité ».

    L’adoption de cette loi d’amnistie par le parlement constituerait un manquement de l’Etat sénégalais à son obligation de justice, de vérité et de réparation qui lui incombe en vertu droit international pour les familles de plus de 60 personnes tuées lors des manifestations, dont quinze ont porté plainte et attendent toujours que justice leur soit rendue, a indiqué l’ONG spécialisée dans la promotion d’actions visant à prévenir et faire cesser les atteintes graves à l’ensemble des droits humains.

    Les membres de la Commissions des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale du Sénégal se réunissent mardi pour examiner le projet de loi qui sera ensuite soumis à l’approbation des députés en séance plénière.

    Le projet de loi portant amnistie générale, une initiative du président Macky Sall, a été adopté le 28 février en Conseil des ministres. L’idée avait au préalable été agitée par le chef de l’Etat lors du dialogue national organisé les 26 et 27 au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio.

    Dans l’exposé des motifs, le chef de l’Etat rappelle son intention d’apaiser le  »climat politique et social » de renforcer  »la cohésion nationale » et de consolider  »le dialogue national » et permettre à  »certaines personnes qui ont eu maille à partir avec la justice de participer pleinement à la vie démocratique ».

    ‘’Le projet de loi intervient pour amnistier les infractions commises tant au Sénégal qu’à l’étranger et couvrant une période allant de 2021 à 2024. (…) Il permettra à des personnes privées de leurs droits civiques et politiques d’être rétablies dans leurs droits’’, lit-on dans l’exposé des motifs du projet qui sera soumis aux députés.

    Il y est mentionné que sont amnistiés, de plein droit, tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques y compris celles faites par tous les supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non.

    ‘’L’amnistie entraine, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la remise totale de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que la disparition de toutes les déchéances, exclusions, incapacités et privations de droits attachés à la peine’’, lit-on dans le document.

    Ce projet de loi constitue un déni de justice pour les victimes, ainsi que pour leurs familles, qui attendent justice, vérités et réparations, a ainsi déclaré Samira Daoud, la directrice régionale International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

    Dans des propos rapportés par le communiqué, elle soutient qu’en adoptant une telle loi, ‘’l’Etat sénégalais manquerait à ses obligations nationales et internationales, et favoriserait également l’impunité par les crimes de sang’’

    Amnesty international réclame que des enquêtes judiciaires rapides, approfondies et impartiales soient menées sur l’usage de la force par les forces de défense et de sécurité lors des manifestations, et que les personnes soupçonnées d’homicides illégaux soient traduites en justice dans le cadre de procès équitables devant des juridictions civiles ordinaires’’.

    De nombreuses personnes ont perdu la vie ou ont été blessées depuis 2021 dans des violences en lien avec la politique.

    MK/AKS/OID