Catégorie : Politique

  • SENEGAL-ECONOMIE-MANIFESTATIONS / Suspension du réseau Internet : l’UNACOIS-Jappo évalue les pertes à 25 milliards de francs CFA par jour pour le secteur privé

    SENEGAL-ECONOMIE-MANIFESTATIONS / Suspension du réseau Internet : l’UNACOIS-Jappo évalue les pertes à 25 milliards de francs CFA par jour pour le secteur privé

    Dakar, 7 juin (APS) – Les pertes journalières subies par le secteur privé sénégalais à cause de la mesure de restriction de l’Internet par données mobiles au Sénégal s’élèvent à 25 milliards de francs CFA par jour, a déclaré le secrétaire exécutif de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (UNACOIS-Jappo), Ousmane Sy Ndiaye, en considérant cette décision gouvernementale comme ‘’un mal nécessaire’’. 

    ‘’Nous avons convenu avec le secteur privé formel d’une évaluation selon laquelle il y a au minimum des pertes évaluées à 25 milliards par jour’’, a-t-il déclaré dans une interview avec l’APS.

    Selon lui, cette estimation ne prend pas en compte les transactions bancaires, dont certaines ont été suspendues ou annulées.

    ‘’Il y a eu des engagements également que les entrepreneurs, comme les industriels et les importateurs avaient pris avant la mesure de restriction vis-à-vis de leurs partenaires. Malheureusement, ils ont été fortement impactés’’, a déploré Ousmane Sy Ndiaye.

    Le secteur privé a été ‘’fortement impacté et perturbé’’ par la mesure de restriction de l’Internet, une décision prise par le gouvernement, a-t-il insisté.

    Le secrétaire exécutif de l’UNACOIS-Jappo considère cette mesure, malgré les pertes économiques qui en ont découlé, comme un ‘’mal nécessaire’’ pour la stabilité du pays.

    Le gouvernement a suspendu l’Internet par données mobiles en estimant que certains usagers s’en servaient pour véhiculer, via les médias sociaux, des ‘’messages de haine’’ durant les violentes manifestations à l’origine de la mort de 16 personnes au Sénégal, de jeudi à dimanche derniers.

    ‘’C’était probablement un mal nécessaire face aux enjeux de paix et de stabilité’’, a reconnu M. Ndiaye, considérant que la décision gouvernementale était indispensable pour ‘’faire cesser les violences’’. ‘’Je pense qu’on ne devait pas lésiner sur les moyens.’’

    Il est temps pour le Sénégal de s’interroger sur sa capacité à ‘’s’autoréguler’’, dans ce ‘’domaine […] de dépendance absolue’’, l’Internet et les médias sociaux.

    ‘’Les entrepreneurs, le secteur privé notamment, et les populations ne peuvent plus se passer du numérique’’, a-t-il souligné.

    Selon Ousmane Sy Ndiaye, des opérateurs économiques sénégalais ont pris des engagements qu’ils n’ont pas pu respecter à cause de la suspension de l’Internet par données mobiles.

    ‘’Le numérique fait éclater les frontières et fait en sorte que le monde entier puisse échanger en temps réel’’, a souligné M. Ndiaye.

    Les restrictions de l’Internet ont fortement entravé les transactions des Sénégalais vivant à l’étranger, a-t-il fait remarquer, estimant que les pertes subies doivent être évaluées.

    ‘’C’était un coup dur mais, heureusement, la mesure n’a pas perduré’’, a dit M. Ndiaye, invitant les Sénégalais au dialogue et à la tolérance.

    La mesure de restriction de l’Internet et des médias sociaux a été mise en œuvre du vendredi 2 au mercredi 7 juin.

    Selon des données provenant de plusieurs experts, 96 à 98 % des Sénégalais ont accès à Internet via les données mobiles.

    De nombreux usagers ont essayé d’accéder à Internet et aux médias sociaux en utilisant le VPN et d’autres moyens pour contourner la mesure gouvernementale.

    FD/MD/ASG/ESF

  • SENEGAL-GOUVERNEMENT / Communiqué du Conseil des Ministres du 7 juin 2023

    SENEGAL-GOUVERNEMENT / Communiqué du Conseil des Ministres du 7 juin 2023

    Dakar, 7 juin (APS) – Le Conseil des ministres s’est tenu ce mercredi 7 juin 2023 au Palais de la République, sous la
    présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Macky SALL.

    A l’entame de sa communication, le Président de la République s’est incliné devant la mémoire des personnes décédées lors des incidents graves notés ces derniers jours, plus particulièrement, dans les régions de Dakar et de Ziguinchor. En cette circonstance douloureuse, le Conseil des ministres a observé une minute de silence à la mémoire des victimes des évènements.

    Le Chef de l’Etat a saisi l’occasion pour présenter ses condoléances attristées à la nation et aux familles des victimes et leurs a assuré du soutien et de la présence de l’Etat à leurs côtés.

    Le Président de la République a aussi souhaité un prompt rétablissement aux blessés civils, policiers et gendarmes.

    Le Chef de l’Etat a saisi l’occasion pour saluer le professionnalisme remarquable et la posture républicaine efficace des forces de défense et de sécurité qui ont permis de maitriser, malgré tout, la violence sans précédent des attaques malveillantes, et d’arrêter les actes de vandalisme et de grand banditisme relevés.

    Le Président de la République a condamné fermement ces agressions caractérisées extrêmement graves contre l’Etat, la République et ses institutions et contre la nation sénégalaise à travers des violences humaines, des actes de saccages contre des biens publics et privés et des cyber-attaques contre des sites stratégiques du Gouvernement et des services publics vitaux, dont l’objectif était sans aucun doute de semer la terreur et de mettre à l’arrêt notre pays.

    Le chef de l’Etat a rappelé au Gouvernement l’impérative nécessité de protéger notre République et de préserver notre nation face aux attaques qui sont devenues récurrentes et multiformes visant la paralysie de notre économie, la mise à mal de l’image de marque de référence de notre pays, le Sénégal, qui demeure, avant tout, une grande démocratie.

    Devant la gravité sans commune mesure des faits, le Président de la république a réitéré sa détermination à protéger la Nation, l’Etat, la République, ses valeurs, et ses fondements. Il a cet effet ordonné l’ouverture d’enquêtes judiciaires immédiates et systématiques pour faire la lumière sur les responsabilités liées à ces évènements.

    Au regard de la situation, le Président de la République a demandé au Gouvernement de préparer un Mémorandum complet sur les décès, actes de vandalisme et défiance vis-à-vis de l’Etat perpétrés à l’occasion de ces manifestations.

    Le Président de la République a aussi invité le Gouvernement à faire un bilan exhaustif des pertes économiques et des dégâts matériels causés pour avoir une évaluation exacte des préjudices subis.

    Le Chef de l’Etat a tenu particulièrement à rassurer nos compatriotes et les hôtes étrangers qui vivent parmi nous, sur les dispositions prises pour préserver la stabilité du pays et la sécurité des personnes et des biens.

    Par ailleurs, le Président de la République a demandé au Gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assister les familles des victimes, ainsi que les personnes et les entités ayant subies des préjudices.

    Enfin, le Chef de l’Etat a réitéré son ouverture au dialogue et à la concertation avec toutes les forces vives de la Nation dans le respect de l’Etat de droit et de notre commune volonté de vivre ensemble dans la paix, la stabilité et la solidarité, comme rappelé lors de son message à la cérémonie de lancement du Dialogue national le mercredi 31 mai 2023.

    Revenant sur le lancement du dialogue national, le Président de la République a remercié tous les acteurs politiques, économiques, sociaux, religieux et coutumiers, ainsi que les femmes et les jeunes qui ont répondu à son appel.

    Le Chef de l’Etat a saisi l’occasion, pour se féliciter de la qualité des messages responsables et constructifs délivrés par les intervenants lors de cette importante rencontre d’échanges et de propositions de renforcement de l’Etat de droit et d’amélioration de notre système électoral et
    politique, de notre situation économique et sociale, dans la dynamique des performances du Plan Sénégal Emergent (PSE) lancé en 2014.

    A cet effet, le Président de la République a renouvelé son engagement à accompagner le travail des commissions du dialogue national afin de trouver, avec les acteurs impliqués, les compromis nécessaires et les consensus attendus sur toutes les questions prioritaires et majeures abordées, et devant consolider notre Pacte républicain, la résilience et la stabilité du Sénégal.

    Enfin, le Chef de l’Etat a indiqué que les propositions et recommandations définitives du travail des commissions doivent lui parvenir avant le 25 juin 2023, en vue de la mise en œuvre rapide des conclusions et décisions présidentielles issues du Dialogue national qu’il souhaite, encore une fois, inclusif, constructif et prospectif.

    Au terme de ce dialogue, le Président de la République a informé le Conseil qu’il s’adressera à la nation pour partager les conclusions et donner les grandes orientations qui permettront la consolidation de notre modèle démocratique et républicain.

    Abordant  le suivi de la campagne agricole 2023-2024, le Président de la République a demandé au Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire d’intensifier, en relation avec les acteurs de la campagne, les services techniques de l’Etat impliqués et les autorités administratives déconcentrées, toutes les actions requises pour assurer la mise en place effective et efficace des intrants et du matériel agricole sur l’étendue du territoire national, au regard des quantités de pluies déjà recueillies dans plusieurs localités du pays.

    Au demeurant, le Chef de l’Etat a invité les Ministres en charge de l’Agriculture et des Finances à prendre les dispositions appropriées pour le règlement de la dette portant sur l’approvisionnement en semences certifiées les années précédentes, avec notamment les coopératives des producteurs de semences.

    Enfin le Président de la République a demandé au Ministre en charge de l’Agriculture et aux Gouverneurs de région de veiller au suivi territorial hebdomadaire de la campagne agricole.

    S’agissant de l’urgence du renforcement des politiques d’insertion et de promotion de l’entreprenariat et l’emploi des jeunes, le Chef de l’Etat est revenu sur la création par décret 2021- 172 du 27 janvier 2021 du Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes (CNIEJ), un organe de consultation, de supervision stratégique et de la coordination interministérielle des politiques d’insertion et d’emploi des jeunes.

    A cet effet, le Président de la République a demandé au Ministre de la Jeunesse, de l’Entreprenariat et de l’Emploi de présenter en Conseil des ministres le premier rapport du CNIEJ en dégageant les perspectives avec de nouvelles mesures opérationnelles et pragmatiques pour soutenir et accentuer la formation professionnelle, l’apprentissage, l’entreprenariat et l’emploi des jeunes.

    Le Chef de l’Etat a aussi insisté sur l’importance pour les Ministères chargés de l’Emploi et des Finances, de vulgariser par une communication adaptée, l’évaluation de l’état d’exécution physique et financière de l’ensemble des composantes du Programme XEYU NDAW NI en vue de la consolidation prospective des résultats.

    Enfin, le Président de la République a demandé, aux Ministres en charge de l’Emploi et du Travail, d’engager avec les partenaires sociaux et le Patronat, l’optimisation des mécanismes de la Convention nationale Etat-Employeurs en vue de l’élargissement des possibilités de recrutements des jeunes diplômés qui arrivent massivement, chaque année, sur le marché du travail.

    Sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Chef de l’Etat est revenu sur les
    sujets suivants :
     l’amélioration de l’approvisionnement en eau des populations : en demandant au Ministre de l’Eau et de l’Assainissement de prendre toutes les mesures adéquates en relation avec la SONES, la SEN’EAU, l’OFOR et les délégataires de service public en milieu rural pour assurer, en liaison avec les associations et les autorités territoriales, l’amélioration continue du fonctionnement et de la gestion des systèmes hydrauliques sur l’étendue du territoire national ;
     le fonctionnement normal des collectivités territoriales : en demandant au Ministre des Finances et du Budget et au Ministre en charge des Collectivités Territoriales, de prendre toutes les mesures en relation avec les exécutifs territoriaux en vue d’asseoir un dialogue social permanent visant l’amélioration des conditions d’exercice des agents de la fonction publique territoriale, ainsi que le fonctionnement adéquat des services administratifs des collectivités territoriales.

    Dans sa communication, le Premier Ministre est revenu sur le suivi de la coordination de l’activité
    gouvernementale en évoquant :
     les violentes manifestations survenues la semaine dernière ;
     le lancement du dialogue national ;
     les questions d’actualité au Gouvernement ;
     ses visites à Diourbel, Mbacké et Touba ;
     la réception de taurillons à l’Ensa de Thies ;
     les opérations préparatoires à la fête de la tabaski ;
     la conférence E-learning Africa.

    AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES
     le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur le Document de
    programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP 2024-2026) ;
     le Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire a fait un
    point sur la pluviométrie, la préparation de la campagne agricole 2023-2024 et le suivi des
    exportations horticoles ;
     le Ministre de l’Eduction nationale a fait une communication sur les préparatifs du Concours
    général 2023.

    AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
    Le Conseil a examiné et adopté :
     le Projet de loi relatif aux Instituts supérieurs d’Enseignement professionnel (ISEP) ;

    AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
    Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
     Monsieur Cheikhou Issa SYLLA, Enseignant-Chercheur en Droit public à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société des Mines du Sénégal oriental (MIFERSO).

    Fait à Dakar le 7 juin 2023

    Le Ministre du Commerce, de la Consommation
    et des petites et moyennes Entreprises,
    Porte-parole du Gouvernement
    Abdou Karim FOFANA

  • SENEGAL-POLITIQUE-GOUVERNEMENT   / Macky Sall s’incline devant la mémoire des personnes décédées dans les violences

    SENEGAL-POLITIQUE-GOUVERNEMENT   / Macky Sall s’incline devant la mémoire des personnes décédées dans les violences

    Dakar, 7 juin (APS) – Le président de la République, Macky Sall, s’est incliné mercredi ‘’devant la mémoire’’ des personnes décédées dans les manifestations survenues jeudi et vendredi dans plusieurs villes du pays après la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant Ousmane Sonko pour ‘’corruption de la jeunesse’’, a appris l’APS d’une source proche de la présidence sénégalaise.

    ‘’Je voudrais, à l’entame de ma communication, m’incliner devant la mémoire des personnes décédées lors des incidents graves notés ces derniers jours dans les régions de Dakar et de Ziguinchor. Je voudrais, à cette occasion, vous demander de vous lever pour observer une minute de silence et de prière. Je souhaite en même temps un prompt rétablissement aux blessés’’, a-t-il déclaré en ouvrant la réunion hebdomadaire du gouvernement.

    L’opposant Ousmane Sonko, poursuivi en justice pour viol et menaces de mort sur la jeune dame Adji Sarr, a été condamné le 1er juin par la chambre criminelle du tribunal de Dakar à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’. La juridiction lui a aussi infligé une amende de 600.000 francs CFA.

    Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage où se seraient déroulés les faits jugés, a été condamnée à deux ans de prison ferme pour incitation à la débauche. La chambre criminelle a également condamné Mme Ndiaye à payer une amende de 600.000 francs CFA.

    Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye doivent payer solidairement 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts à Adji Sarr, une ex-employée de Sweet Beauté, un salon de massage dakarois, selon la décision rendue par la juridiction.

    Dans la foulée de la condamnation de M. Sonko, de violentes manifestations ont éclaté à Ziguinchor (sud), ville dont il est le maire, à Dakar, et dans une moindre mesure dans d’autres villes du pays.

    Les manifestants protestaient contre la menace d’inéligibilité que cette condamnation fait planer sur la tête du leader de Pastef-Les patriotes, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024. Après la décision rendue par la chambre criminelle, Me Djiby Diagne, l’un de ses avocats, a déclaré que ‘’la candidature d’Ousmane Sonko est hypothéquée’’.

    Samedi, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a déclaré que 15 personnes avaient été tuées au cours des violentes manifestations survenues entre jeudi et vendredi.

    Dimanche, le ministère de l’Intérieur a annoncé un nouveau décès causé par les émeutes.

    Antoine Diome a par ailleurs fait état d’une infiltration des manifestants à Dakar et dans d’autres régions.

    La Police nationale a révélé que quelque 500 manifestants, dont des mineurs et des étrangers, ont été interpelés jeudi et vendredi dans plusieurs régions du pays, au cours des manifestations survenues après le verdict du procès Ousmane Sonko-Adji Sarr.

    ‘’Cinq cent personnes ont été appréhendées aux cours des manifestations. Parmi elles, il y a des mineurs et des étrangers. Ces individus étaient […] armés et dangereux”, a déclaré le commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, directeur de la sécurité publique.

    ASG/ESF/MTN

  • SENEGAL-ECONOMIE-VIOLENCE-REPORTAGE / Guédiawaye, Keur Massar et Pikine : services administratifs, banques, mairies et stations-service en ruine après les émeutes

    SENEGAL-ECONOMIE-VIOLENCE-REPORTAGE / Guédiawaye, Keur Massar et Pikine : services administratifs, banques, mairies et stations-service en ruine après les émeutes

    Par Souleymane Gano

    Pikine, 7 juin (APS) – Pillages de commerces et de services publics, saccages de banques, sabotages d’infrastructures de télécommunication, incendies d’infrastructures de transport en chantier, vols, agression avec arme à feu… Les départements de Guédiawaye, Keur Massar et Pikine, les communes de Grand-Yoff et des Parcelles Assainies ont vécu l’horreur entre jeudi 1er et samedi 3 juin.

    Les habitants de ces collectivités territoriales garderont longtemps des souvenirs amers des scènes de violences, que certains d’entre eux racontent la peur au ventre. La violence n’a jamais atteint une telle ampleur, de mémoire de nombreux habitants de ces villes.

    Incendier commerces, banques, services administratifs et infrastructures routières était le principal recours des émeutiers déchaînés après la condamnation de l’opposant et maire de Ziguinchor (sud), Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’.

    M. Sonko était jugé pour des faits présumés de viol et de menaces de mort sur la jeune dame Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté de Dakar. La chambre criminelle du tribunal de Dakar a disqualifié les crimes de viol et de menaces de mort en ‘’corruption de la jeunesse’’, deux ans après l’éclatement de cette affaire judiciaire qui a tenu en haleine le Sénégal entier et a engendré la mort d’une quinzaine de personnes en février-mars 2021.

    Trois des 16 morts dénombrés dans le pays à la fin de la dernière vague de violence – selon un bilan officiel – ont été recensés dans le département de Pikine, selon diverses sources contactées par l’APS.

    Ce département, ainsi que ses voisins de Guédiawaye et de Keur Massar, de même que les communes de Grand-Yoff et des Parcelles Assainies, font partie, avec la ville de Ziguinchor, des parties les plus affectées du pays.

    A la suite des scènes de pillage, des bataillons de policiers, de gendarmes et de militaires ont été déployés dans les principaux endroits publics (rues, routes, services administratifs, etc.).

    Les activités économiques et la circulation routière reprennent timidement depuis dimanche, malgré la fermeture de ce qu’il reste des banques, des mairies ou des commerces vandalisés.

    Des commerçants et des conducteurs de motos-taxis tentent de reprendre leurs activités. La violence inouïe des derniers jours est sur toutes les lèvres.

    Dans le département de Pikine, les émeutiers ont réduit en cendres ou en ruines les services du Trésor public et des douanes, deux mairies, des banques, des magasins de l’enseigne française Auchan, les bureaux de la Loterie nationale sénégalaise, de nombreuses stations-service et des dizaines de voitures appartenant à l’Etat ou à des particuliers.

    Des pillages d’édifices publics et privés ont eu lieu à Keur Massar comme à Guédiawaye, aux Parcelles Assainies et à Grand-Yoff, deux communes d’arrondissement faisant partie de la banlieue et du département de Dakar.

    A Rufisque, l’autre département de la région de Dakar, la gare du TER – le train express régional transportant chaque jour des milliers de passagers entre Diamniadio et le centre-ville de Dakar – porte les traces des saccages. Devant la furie des émeutiers, le TER a suspendu ses rotations pendant quelques jours.

    ‘’Trois jeunes ont perdu la vie à Pikine-Guinaw Rails lors de ces manifestations. Il y a eu des blessés et d’importants dégâts matériels’’, raconte Nouha Badji, le directeur de la radio Rail-Bi FM implantée à Pikine.

    ‘’La violence était là ! Certains, au milieu de la foule, exprimaient leur colère sur la situation politique et économique du pays. D’autres les ont infiltrés pour se livrer à des actes de vandalisme en détruisant tout sur leur passage’’, témoigne le journaliste.

    Les familles des jeunes tués au cours des manifestations observent le deuil.

    Ismaïla, 21 ans, l’une des victimes, a été la cible d’un tir ‘’à bout portant’’, vendredi soir, selon les témoignages recueillis dans son quartier.

    ‘’Notre jeune frère était avec des amis, devant notre domicile. Une voiture s’arrête subitement devant eux, et l’un des passagers tire à bout portant sur Ismaïla, qui meurt sur-le-champ’’, a expliqué à l’APS un proche de la victime.

    A Pikine, la gravité des pillages des banques se mesure sur le trajet compris entre le Technopole et le marché Zinc, où se trouvaient au moins cinq établissements bancaires. Après les pillages, les transactions bancaires sont interrompues. ‘’Nous vivons maintenant les conséquences de ces manifestations. Dans le département, aucune banque ne fonctionne depuis jeudi. Personne n’arrive à faire une opération financière’’, raconte le directeur de Rail-Bi FM.

    ‘’Les populations vont souffrir de la destruction de deux mairies. Aucune des pièces d’état civil délivrées par les mairies ne peut l’être maintenant à cause des saccages’’, s’inquiète Nouha Badji.

    Abdou Aziz Fall, un agent de sécurité d’une banque située dans la commune d’arrondissement de Pikine-Ouest, éprouve de la peine à raconter les scènes de violence dont il a été témoin. ‘’C’est très, très dur, ce que nous avons vécu durant ces trois jours. Toutes mes pensées vont aux morts, à ceux qui ont perdu leurs biens et aux blessés’’, dit-il, tout amer, priant le ciel que ‘’de pareilles atrocités ne se répètent plus’’.

    Les mairies des communes de Pikine-Est et de Pikine-Nord sont en ruine. ‘’Tout est fermé à la mairie, plus rien ne fonctionne’’, confirme Ibrahima Khalil Mandiang, le chef de cabinet du maire de Pikine-Nord, précisant que le saccage a commencé par le service chargé de l’état civil. Les pillards ont mis le feu au bâtiment de la mairie, certains d’entre eux sont partis avec tout ce qu’ils étaient en mesure d’emmener, ajoute le chef de cabinet du maire dans un entretien téléphonique avec l’APS.

    ‘’On a tout détruit, le mal est énorme. Tout a été cassé, nous avons beaucoup perdu’’, s’émeut une vendeuse de café et de thé établie devant la bibliothèque municipale de Pikine en ruine. ‘’Je ne pense pas que ces manifestants soient vraiment des Pikinois, vu la violence de leur attaque sur les édifices publics et privés.’’

    ‘’Il y a eu trop de pillages. On a tout détruit, pillé et incendié’’, fait remarquer Djibril Déthié Mbaye en parlant du magasin Auchan de Pikine Icotaf, près duquel il tient un commerce. Les murs noircis par le feu laissent deviner l’importance des dégâts.

    Aux Parcelles Assainies, le désastre se voit sur le chantier du BRT, un moyen de transport de masse en construction depuis deux ans, sur le siège de la Société nationale de télécommunication, les agences locales de plusieurs banques et les stations-service. Les policiers sont encore en faction devant ces nombreux services saccagés.

    ‘’Après le premier jour de violence, nous croyions avoir échappé aux malfaiteurs, d’autant plus que nous habitons près du commissariat de police des Parcelles Assainies. Mais c’était compter sans la furie des émeutiers’’, se désole Ibrahima Guèye, un livreur de denrées alimentaires. Il s’est fait voler sa moto après avoir pris le soin de se garer tout près d’une station-service où se trouvaient des vigiles.

    Pape Birane Guèye, un habitant des Parcelles Assainies, prêche le retour au calme après avoir observé les dégâts. ‘’Il faut arrêter ces vagues de violence. Rien n’explique une telle furie. Cette foule était incontrôlable. Après les scènes de violence, je suis sorti de chez moi pour voir l’étendue du désastre’’, témoigne-t-il.

    SG/ESF/ASG

  • SENEGAL-POLITIQUES-VIOLENCES / Les délégués de quartier de Dakar appellent à un ‘’retour à la sérénité’’

    SENEGAL-POLITIQUES-VIOLENCES / Les délégués de quartier de Dakar appellent à un ‘’retour à la sérénité’’

    Dakar, 6 juin (APS) – Les délégués de quartier du département de Dakar ont invité les différentes parties prenantes et les acteurs de tous bords à œuvrer pour un ‘’retour au calme, à la sérénité et à la paix’’ à la suite des violentes manifestations survenues ces derniers jours à Dakar et dans d’autres régions du Sénégal.

    ‘’La politique ne saurait nous diviser (…) nous lançons un appel à tous les Sénégalais, de naissance comme de cœur, à un appel au calme, à la sérénité et à la paix’’, ont déclaré ces chefs de quartier dans un communiqué transmis à l’APS.

    ‘’Nous ne devons pas perdre ce que nous avons de plus précieux (…) notre pays est une référence dans la sous-région et dans le monde’’, ont-ils lancé.

    Ils ont déploré les ‘’affrontements, des scènes d’une rare violence qui se sont multipliés dans la capitale et un peu partout sur le territoire national’’, après le verdict du procès opposant Ousmane Sonko à la masseuse Adji Sarr.

    Evoquant les pertes en vies humaines et les nombreux dégâts causés par les manifestations, les chefs de quartier ont regretté des ‘’jeunes arrachés à la fleur de l’âge, des familles endeuillées, des commerces pillés, des automobiles brûlées, des maisons réduites en cendres et des citoyens traumatisés’’.

    ‘’Nous n’avons que le Sénégal. Sachons le préserver et le protéger’’, insiste le texte signé de Chimère Diaw, le président par intérim des délégués de quartier du département de Dakar.

    MTN/ASG

  • SENEGAL-TELECOMMUNICATIONS / La connexion Internet par données mobiles rétablie, selon le ministère de tutelle

    SENEGAL-TELECOMMUNICATIONS / La connexion Internet par données mobiles rétablie, selon le ministère de tutelle

    Dakar, 6 juin (APS) – La connexion Internet par données mobiles est rétablie sans distinction de plages horaires, a déclaré mardi le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique.

    Dans un communiqué, le ministère précise que ‘’les opérateurs de téléphonie ont été requis aux fins de mettre en œuvre la mesure’’.

    L’Etat avait entrepris une suspension de la connexion Internet par données mobiles, pendant plusieurs heures de la journée depuis dimanche, en raison de la diffusion de ‘’messages haineux et subversifs’’ par certains usagers.

    Il avait pris cette mesure deux jours après l’éclatement des émeutes à l’origine de la mort de 16 personnes, de plusieurs blessés et d’importants dégâts matériels.

    Dans un communiqué, le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique a annoncé dimanche une suspension temporaire de la connexion Internet ‘’dans certaines localités du pays et sur certaines plages horaires’’.

    De violentes manifestations ont eu lieu à Dakar et dans d’autres villes du Sénégal, dont Ziguinchor (sud), à la suite de la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’.

    Il était jugé pour viol et menaces de mort sur la personne d’Adji Sarr, une ex-masseuse, employée d’un salon de beauté à Dakar.

    Le tribunal a disqualifié en corruption de la jeunesse les faits de viol et de menaces de mort pour lesquels il était poursuivi.

    La peine de prison est susceptible d’empêcher M. Sonko de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, pour laquelle il s’est déclaré candidat, affirment ses avocats, se basant sur le Code électoral du pays.

    AN/MTN/ESF/ASG

  • SENEGAL-POLITIQUE-ECONOMIE-COLLECTIVITES  / La cellule régionale de gouvernance de Fatick installée

    SENEGAL-POLITIQUE-ECONOMIE-COLLECTIVITES / La cellule régionale de gouvernance de Fatick installée

    Fatick, 6 juin (APS) – La direction de la promotion de la bonne gouvernance du ministère de la Justice et la gouvernance de Fatick (centre) ont installé une cellule régionale chargée de la gouvernance dans cette région, pour permettre aux populations de contribuer aux politiques publiques, a constaté l’APS, mardi.

    Les cellules régionales de gouvernance (CRG) ont été créées par un arrêté ministériel du 12 juillet 2013 pour servir de relais aux initiatives de promotion de la bonne gouvernance et offrir aux citoyens un cadre d’expression sur les politiques publiques.

    ‘’Il faut redynamiser les cellules régionales pour permettre aux populations de s’exprimer sur les politiques publiques et de participer à leur évaluation’’, a dit Abdou Diop, le gouverneur adjoint chargé des Affaires administratives de la région de Fatick.

    La cellule régionale de la gouvernance est très représentative de l’ensemble des couches de la région, a-t-il assuré, affirmant que l’Agence régionale de développement, les services régionaux et les jeunes en sont membres en même temps que d’autres entités.

    Les premières CRG n’ont pas fonctionné depuis leur installation, a-t-il déclaré, rappelant qu’elles avaient été installées en 2013 dans les régions de Kaolack (centre), Kolda (sud), Tambacounda (est), Thiès (ouest) et Ziguinchor (sud).

    C’est pourquoi l’Etat a prévu de les relancer et de créer des CRG dans les régions qui n’en avaient pas.

    Les questions budgétaires et l’approche décentralisée des politiques publiques seront prises en compte par les cellules régionales de gouvernance, selon Abdou Diop.

    Le directeur de la promotion de la bonne gouvernance, Arona Sarr, a évoqué la nécessité de former les membres des CRG à l’analyse des questions budgétaires des politiques publiques.

    Des rapports périodiques doivent être publiés et un rapport final à la fin de chaque année, selon M. Sarr.

    SDI/MD/ESF

  • SENEGAL-POLITIQUE / CICODEV Afrique appelle à un ‘’dialogue inclusif de toutes les catégories’’ concernées

    SENEGAL-POLITIQUE / CICODEV Afrique appelle à un ‘’dialogue inclusif de toutes les catégories’’ concernées

    Dakar, 6 juin (APS) – L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV Afrique) ‘’appelle à un dialogue […] inclusif de toutes les catégories d’acteurs pour sortir notre pays’’ de la ‘’crise sociopolitique’’.

    ‘’Le Sénégal vit depuis un peu moins d’une semaine une crise sociopolitique, qui a engendré la mort de 16 personnes. CICODEV Afrique s’incline devant la mémoire des disparus’’, ajoute son secrétaire exécutif, Amadou Kanouté, dans un communiqué reçu à l’APS.

    ‘’Cette situation à l’issue incertaine met le pays sur une corde raide et le plonge dans l’impasse’’, affirme M. Kanouté.

    CICODEV Afrique est une association internationale de droit sénégalais créée en 2007 et basée à Dakar.

    Macky Sall a invité les leaders politiques, les syndicats de travailleurs, les guides religieux et les dirigeants du secteur privé à un dialogue national.

    Il a pris cette initiative dans un climat très tendu, marqué par de nombreuses arrestations dans les rangs de l’opposition.

    Une partie de l’opposition prend part à cette concertation. C’est le cas de l’ex-parti au pouvoir, le PDS, et de la coalition Taxawu Senegaal, dirigée par Khalifa Sall, un ancien maire de Dakar.

    Mais la coalition de partis d’opposition Yewwi Askan Wi n’y participe pas.

    Macky Sall a évoqué la possibilité d’une amnistie des faits pour lesquels certains leaders politiques ont été condamnés à des peines de prison les privant de leurs droits, ceux de voter et de se faire élire notamment.

    C’est à ce titre que le PDS et Taxawu Senegaal ont accepté de prendre part au dialogue national, Karim Wade et Khalifa Sall, deux de leurs leaders, ayant été condamnés en 2015 et 2018 à des peines de prison les privant de leurs droits politiques.

    Les heurts à l’origine de la mort de 16 personnes ont éclaté au lendemain du lancement du dialogue national, après que l’opposant Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’.

    ESF/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE / Dialogue national : le professeur Babacar Kanté va diriger la commission politique

    SENEGAL-POLITIQUE / Dialogue national : le professeur Babacar Kanté va diriger la commission politique

    Dakar, 6 juin (APS) – Le professeur Babacar Kanté, agrégé de droit public et de science politique, a été nommé président de la commission politique du dialogue national, annonce un communiqué de Moustapha Niasse, haut représentant du président de la République.

    M. Kanté est doyen honoraire de l’unité de formation et de recherche en droit de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord).

    Il était membre de l’ex-Observatoire national des élections et vice-président du Conseil constitutionnel du Sénégal.

    Plusieurs commissions spécialisées doivent être constituées pour conduire le dialogue national.

    Macky Sall a pris l’initiative de cette concertation entre leaders politiques, syndicats de travailleurs, guides religieux et dirigeants du secteur privé, dans un climat très tendu, marqué par de nombreuses arrestations dans les rangs de l’opposition.

    Une partie de l’opposition prend part à cette concertation. C’est le cas de l’ex-parti au pouvoir, le PDS, et de la coalition Taxawu Senegaal, dirigée par Khalifa Sall, un ancien maire de Dakar.

    Mais la coalition de partis d’opposition Yewwi Askan Wi n’y participe pas.

    Macky Sall a évoqué la possibilité d’une amnistie des faits pour lesquels certains leaders politiques ont été condamnés à des peines de prison les privant de leurs droits, ceux de voter et de se faire élire notamment.

    C’est à ce titre que le PDS et Taxawu Senegaal ont accepté de prendre part au dialogue national, Karim Wade et Khalifa Sall, leurs leaders, ayant été condamnés en 2015 et 2018 à des peines de prison les privant de leurs droits politiques.

    ESF/OID

  • SENEGAL-POLITIQUE / Visite privée du président Sall chez le Khalife général des Mourides

    SENEGAL-POLITIQUE / Visite privée du président Sall chez le Khalife général des Mourides

    Dakar, 6 juin (APS) – Le chef de l’Etat Macky Sall a été reçu lundi dans la soirée par le Khalife général des Mourides Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, a constaté un reporter de l’APS.

    Macky Sall s’est entretenu avec le khalife dans sa résidence à Darou Minane dans le cadre d’une visite privée.

    CGD/MTN