Catégorie : DOSSIERS SPECIAUX
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SENEGAL-RELIGION / Gamou Médina Baye : le COMAF tire un bilan satisfaisant de l’évènement
Médina Baye, 5 oct (APS) – Le Comité d’organisations des manifestations et activités de la Fayda (COMAF) a salué les efforts consentis par l’Etat du Sénégal pour un bon déroulement du Gamou international de Médina Baye, qui commémore la naissance du Prophète Mohamed.
‘’En tant que comité d’organisation, nous sommes satisfaits des efforts que l’Etat a faits pour nous accompagner dans l’organisation de cette manifestation religieuse’’, a notamment magnifié Cheikh Tidiane Gaye, un des coordonnateurs adjoints du COMAF, dans un entretien exclusif avec l’APS.
‘’Une très bonne partie de l’organisation est à la charge du COMAF, mais, sur certains aspects, nous avons besoin de l’accompagnement de l’Etat du Sénégal, parce que ce sont des choses que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes’’, a-t-il avoué.
Le coordonnateur adjoint du COMAF signale que le comité d’organisation du Gamou de Médina Baye a eu l’accompagnement de l’Etat dans divers secteurs. Il a souligné que chaque service a fait de son mieux pour que cet évènement puisse se dérouler normalement.
‘’A quelques heures du Gamouwaate (commémoration du huitième jour après la naissance du Prophète Mohamed, PSL), le comité d’organisation est à pied d’œuvre pour essayer de faire de son mieux afin que les pèlerins qui viennent à Médina Baye puissent continuer à vivre dans de meilleures conditions’’, a-t-il assuré.
Il s’est félicité du travail des forces de défense et de sécurité, lequel a permis une plus grande fluidité de la circulation en comparaison avec l’année dernière.
Concernant l’approvisionnement en eau, il a déclaré que Kaolack est confronté à des problèmes structurels qu’il est impossible de résoudre avec des solutions conjoncturelles.
Selon lui, même en dehors du Gamou, Kaolack a besoin d’efforts supplémentaires pour que les populations soient correctement ravitaillées en eau.
‘’Mais, à ce niveau, je salue encore l’accompagnement et l’effort de l’Etat, particulièrement le ministère de l’Eau et de l’Assainissement qui a commencé d’abord par envoyer des camions pour vider
d’éventuelles flaques d’eau. (…) », a-t-il encore dit.
ADE/ASG
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SENEGAL-RELIGION-CELEBRATION / Médina Baye en plein dans le Gamouwaat
Médina Baye, 4 oct (APS) – La fièvre religieuse monte à Médina Baye (Kaolack, centre) qui reste le point de ralliement de plusieurs fidèles musulmans venant surtout de pays étrangers pour célébrer le baptême de la naissance du prophète Mohamed (PSL) communément appelée “Gamouwaat’’, a constaté l’APS.
En quittant le centre-ville de Kaolack pour rallier Médina Baye, le trafic devient de plus en plus dense. Les automobilistes se disputent la priorité. Le dispositif sécuritaire visiblement allégé par rapport au premier Gamou, veille au grain.
A Medina Baye, les commerces se forment dans plusieurs coins de rue. Des fidèles étrangers venant du Nigéria, du Ghana, du Niger, de la Mauritanie entre autres pays de la sous-région proposent plusieurs articles.
Les rangées de chapelet, les étals remplis de bonnets, des piles de livres islamiques, des effigies de Cheikh Ibrahima Niass dit Baye ainsi que des chaussures et des tissus sont les marchandises les plus en vue.
La ferveur religieuse est plus perceptible aux alentours de la grande mosquée. De petites files d’attente se forment pour les visites (Ziarra) au niveau de l’esplanade des mausolées.
Non loin de là, l’école élémentaire de Médina Baye sert de quartier général aux agents des forces de défense et de sécurité. Ici, la rentrée scolaire prévue jeudi ne sera pas possible.
Dans plusieurs sites, les camps de consultations médicales gratuites installés depuis le premier Gamou, continuent à recevoir de patients.
Les réceptifs hôteliers qui ont affiché complet depuis plusieurs jours, restent toujours remplis. A la maison des hôtes à Médina Baye, des fidèles se bousculent à la réception pour trouver un point de chute.
“Nous sommes débordés. Nous avons affiché plein depuis le premier Gamou. Nous recevons en ce moment d’autres fidèles qui viennent surtout de l’étranger qui cherchent où se loger. On verra ce que l’on pourra faire pour eux’’, dit un agent à la réception de la maison des hôtes.
Après son Mawlid international tenu la semaine dernière pour commémorer la naissance du prophète (PSL), Médina Baye célèbre cette nuit le baptême du messager de l’Islam.
Une série de conférences abordant différentes thématiques sur le prophète sont organisées avant la nuit du Gamouwaat.
La nuit du Gamouwaat sera rythmée de Zikr, c’est-à-dire des chants religieux et des récits dédiés au prophète Mohamed en présence notamment de plusieurs disciples étrangers, donnant à l’évènement un cachet international.
ADE/MTN
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SENEGAL-RELIGION-AMBIANCE / Ndiassane dans la ferveur de son Gamou, « Nguente-li »
Ndiassane, 4 oct (APS) – La cité religieuse de Ndiassane commence à refuser du monde, avec les nombreux fidèles qui y débarquent pour la célébration du baptême du prophète Mohamed (PSL) appelé “Nguente-li“, une semaine après le Gamou de Tivaouane.
Comme les années passées , des disciples venus de la Mauritanie, de la Guinée, du Mali, de la Gambie affluent à Ndiassane pour assister au Gamou de la cité Kountiyou, qui sera le premier sous le khalifat de Cheikh Bou Sidy Moukhtar Kounta, devenu le responsable moral des Khadres depuis mai dernier.
Les rues de Ndiassane grouillent de monde, et les maisons rivalisent d’ardeur pour accueillir les pèlerins.
Dans cette ambiance qui contraste totalement avec la quiétude habituelle connue à la cité des Kounta, les gendarmes veillent au grain pour gérer le trafic fortement bouleversé par des centaines de véhicules ; sans oublier les motos Jakarta qui circulent partout à Ndiassane.
En attendant la cérémonie officielle prévue à 17 heures, certains marchands étalent leurs marchandises à même le sol, d’autres vendent à la criée.
Des troupeaux de moutons et de vaches sont aperçus dans certains détours de la localité. Une bonne partie de ce bétail devra être immolé pour les besoins de la restauration des visiteurs.
Certains services occupent les structures scolaires qui leur servent de quartier général. C’est le cas des gendarmes qui occupent le CEM et l’école primaire de Ndiassane, alors que les sapeurs pompiers ont installé leur poste de commandement à la case des tout-petits.
L’école franco-arabe abrite la cuisine aménagée par le mouvement Sant borom Ndiassane.
Le thème retenu cette année est “La méthode d’éducation et d’orientation de Cheikh Bou Mohamed Kounta“. Le nouveau khalife, un ancien employé de l’ASECNA, présenté comme un “homme moderne, ouvert au monde“, a impulsé des “innovations“ dans l’organisation de cet évènement annuel, tout en restant dans l’orthodoxie, selon Hamza Kounta, responsable de la communication.
Dans cette optique, un espace a été aménagé pour l’accueil de la presse et des dispositions particulières prises à l’esplanade de la grande mosquée de Ndiassane, qui abrite la cérémonie officielle.
Selon Hamza Kounta, les engagements pris par les différents chefs de service pour une bonne organisation de la manifestation, ont été respectés “à 90%“. Il a relevé “quelques couacs“ dans l’approvisionnement en eau, mais aussi pour ce qui concerne la voirie de Ndiassane.
Il a noté qu’un programme global prenant en compte les besoins de développement de la cité religieuse, a été soumis aux autorités.
Cheikh Bou Sidy Makhtar Kounta a succédé à Cheikh Bécaye Kounta, rappelé à Dieu au mois de mai dernier.
MKB/ADI
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SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Le Baobab d’Iwol, l’esprit protecteur des Bédiks
Par Ibrahima Diabakhaté
Kédougou, 3 oct (APS) – A l’entrée du village d’Iwol, dans la région de Kédougou (sud-est), s’élève un baobab géant qui ne laisse aucun visiteur indifférent. Agé de plus 800 ans, cet arbre mythique est un ‘’témoin’’ de l’histoire des Bédiks, à travers les hommages que cette ethnie y rend à ses ancêtres. Ce baobab est considéré comme l’esprit protecteur du village.
Le village d’Iwol, capitale des Bédiks, est niché sur une colline située à 23 kilomètres de la commune de Bandafassi. Les Bédiks, qui vivent le plus souvent en altitude, sont regroupés dans six villages qui se trouvent tous dans la région de Kédougou : Iwol, Ethiowar, Ethiès, Bantata, Andiel et de Mandathiès.
Ils sont partagés entre l’animismes et le christianisme, explique Jean-Baptiste Keïta, notable et natif d’Iwol.
Keïta, Camara, Samoura et Sadiakhou sont les patronymes des habitants des villages du pays bédik. ‘’Les Keïta sont les chefs de village, les Camara et Samoura organisent les fêtes et les Sadiakhou sont chargés du maintien des coutumes’’, explique Jean-Baptiste Keité.
Le baobab d’Iwol a une circonférence de 30 mètres. Âgé de plus de 800 ans, il est présenté comme l’un des plus gros du Sénégal et est désormais inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco.
Il est aujourd’hui considéré comme une référence mythique dans le respect et la perpétuation de l’histoire des Bédiks.
‘’Nous avons juste à l’entrée du village un gros baobab sacré et très mythique qui a poussé sur la tombe de l’ancêtre du village de la famille Camara (…) qu’on avait enterré là. Et cinq ans après, le baobab a poussé sur la tombe’’, renseigne Jean-Baptiste Keïta.
Ce baobab mythique, qui date du treizième siècle, est devenu un arbre symbolique des familles Bediks. Elles organisent des cérémonies rituelles autour du tronc d’arbre sacré pour les 800 habitants du village d’Iwol.
‘’Le baobab est un arbre très sacré pour nous les Bediks. Dans la langue bedik, nous l’appelons +amack+ et c’est un lieu de sacrifices et d’offrandes de la communauté bédik pour rendre un vibrant hommage à nos ancêtres’’, raconte Jean-Pierre Keïta, natif d’Iwol et enseignant catéchiste à la retraite.
Selon les traditions locales, les Bédiks ont quitté le Mali au douzième siècle après l’éclatement de l’empire de Soundjata Keïta. Ils sont venus s’établir sur la montagne d’Iwol, dans la commune de Bandafassi, où ils vivent depuis lors.
‘’Le roi Alpha Yaya a quitté la Guinée Conakry pour nous convertir à l’islam et ce qui n’a pas marché. Ensuite, la guerre a éclaté et les soldats prenaient les plus belles femmes et les plus jeunes et les amenaient de force en Guinée’’, raconte Jean-Baptiste Keïta, qui est en quelque sorte la mémoire de ce lieu de culte des Bédiks de confession animiste.
‘’Les envahisseurs égorgeaient les personnes âgées. Les rescapés sont partis se cacher dans des cavernes en dehors du village et ils ne sortent que les nuits pour aller puiser de l’eau’’, ajoute le notable.
Selon lui, les ancêtres Bédiks d’Iwol pilaient le mil et d’autres céréales à l’aide des cailloux pour éviter le bruit des pilons traditionnels.
‘’C’était la guerre et ils se sont réunis dans la caverne pour trouver l’esprit du village afin qu’il les protège. Il était très gentil et il a accepté automatiquement. Il a combattu en faveur des Bédik et nous avons eu la paix’’, dit-il.
Pas de retombées économiques pour le village
Plus de 1000 touristes viennent chaque année du Sénégal et de l’étranger visiter le baobab d’Iwol.
‘’Tout le temps dans le village, il y a des touristes qui viennent visiter le site historique d’Iwol pour comprendre l’histoire du baobab et des Bédiks qui font partie des ethnies minoritaire du pays Bassari’’, explique Mouhamadou Mbaye, directeur de l’école d’Iwol, trouvé dans son établissement.
M. Mbaye déplore toutefois l’absence de routes et le manque de salles de classe qui freinent le développement du village.
‘’Avec tous ces visiteurs qui viennent de partout, nous n’avons même pas de routes et d’écoles dignes de ce nom. Les enseignants ne veulent pas venir servir ici à cause de la montagne d’Iwol’’, insiste l’enseignant.
Les habitants du village d’Iwol ne bénéficient pas des retombées économiques du tourisme, déplore-t-il, relevant que les lieux n’ont jamais changé.
»Nous avons des guides qui viennent de partout avec beaucoup d’étrangers et de touristes, de la France, de l’Espagne, des Américains et des Sénégalais qui passent au village communautaire avant de se rendre à Iwol. Ils passent toute la journée parfois, d’autres font des jours là-bas et ils ne laissent rien du tout’’, s’offusque pour sa part Alexy Waly Diouf, directeur du village communautaire de Bandafassi.
M. Diouf a exhorté les populations du village d’Iwol à mettre en place un comité de gestion du baobab sacré qui attire beaucoup de touristes désireux de connaître la culture Bédik.
PID/ASB/OID/ASG
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SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Louga : Mbékheul Peul, un village très célèbre grâce à son baobab
Par Djiby Sène
Louga, 3 oct(APS) – Le village de Mbékheul Peul, situé dans l’arrondissement de Sakal, doit sa célébrité à un baobab auquel on prête de nombreux pouvoirs dont celui de guérir les malades.
Du fait de cette réputation, des parents de déficients mentaux y emmènent souvent leurs enfants dans l’espoir d’une guérison. D’autres personnes s’y rendent dans l’espoir de guérir de certaines pathologies.
Le secret de cet arbre mystique, hérité du fondateur du village, Hamady Kâ, est transmis de père en fils. Il est aujourd’hui détenu par l’actuel marabout et chef du village, Ahmadou Kâ.
»Le baobab a toujours été le lieu où toutes les prières se faisaient depuis nos ancêtres. Il s’agissait de traiter pour l’essentiel des personnes atteintes de déficience mentale ou de solliciter des prières pour des personnes confrontées à des difficultés’’, déclare Ahmadou Kâ, plus connu sous le nom de Baïdy Kâ.
A première vue, difficile de croire qu’il y a dans ce village, un arbre dont aucun génie ne résiste à la puissance mystique. Le fait est que, selon la tradition locale, cet arbre renferme beaucoup de mystères, assure le dépositaire du secret.
Le marabout demeure convaincu que ‘’toute personne atteinte de démence, une fois acheminée sous le baobab, même si elle est très agitée, va s’endormir immédiatement, ou se calmer’’, le temps qu’il lui administre un traitement.
Le village, rappelle-t-il, a été fondé par son arrière-grand-père, Hamady Kâ, qui ‘’était un homme religieux’’. Après lui, son fils aîné Al Hassane, et plus tard son père, Alpha Djiby Kâ ont repris les rênes.
Il dit recevoir quotidiennement des malades mentaux et d’autres personnes pour diverses sollicitations, de manière à perpétuer cette tradition léguée par ses ancêtres, et qui fait la particularité du village.
Occupé à l’origine par la seule famille de Hamady Kâ, Mbékheul Peul a fini d’être un lieu d’habitation très prisés par des habitants des villages riverains, du fait de la popularité dont jouit son fondateur. La localité est devenue au fil du temps, un ‘’melting-pot’’, où convergent différentes ethnies, une situation qui n’altère en rien ses fondements et sa hiérarchie traditionnelle.
On y accède par une piste latéritique longue d’une quinzaine de kilomètres. Dès son arrivée à la lisière du village, le visiteur se rend vite compte que Mbékheul Peul est un village traditionnel, du fait de son décor et de ses habitations.
»L’histoire de la localité est intimement liée à ce baobab mythique implanté au milieu de la concession familiale’’, explique le chef religieux de Mbékheul Peul. Cet arbre a été planté ici par le fondateur du village, Hamady Kâ, qui en avait fait un lieu de recueillement et de prières, a-t-il ajouté.
A la question de savoir si ce baobab renferme un mystère, le chef du village répond : ‘’Je n’en sais pas plus que vous’’.
»Mes parents m’ont laissé un héritage et des formules de prières que j’applique à la lettre. Et je ne saurais dire un mot sur les fondements de ce mystère que mon père et moi avons trouvé comme tel’’, fait-il savoir.
Toutefois, le marabout se dit préoccupé par la sauvegarde de cet héritage et souhaite surtout veiller sur le baobab qui est à la limite la ‘’carte d’identité’’ du village de Mbékheul Peul.
DS/ASB/OID/ASG
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SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / A Saint-Louis, ‘’Gouye Seeddële’’, le passage obligé des circoncis
Par Ahmad Mouslim Diba
Saint-Louis, 3 oct (APS) – A Saint-Louis, ‘’Gouye Seeddële’’ est le nom d’un mythique baobab qui a marqué des générations de la vielle ville, où tous les circoncis se pressaient pour un rituel qui a traversé les âges.
Cet arbre se dressait ‘’majestueusement’’ entre la voie ferrée et la route nationale, à quelque quatre kilomètres du centre-ville de Saint-Louis.
La tradition rapporte que les initiés devaient enfoncer un clou et planter un couteau sur l’arbre, un geste considéré comme un acte de bravoure. Aujourd’hui à sa place trône un arbre planté par les membres de l’association éponyme soucieuse de préserver ce patrimoine culturel de Ndar nom wolof de Saint-Louis.
Comme le génie tutélaire du fleuve ‘’Mame Coumba Bang’’ ou ‘’Reukeul mba ma reuk’’ qui était selon la légende populaire un ‘’djinn’’ (génie) qui apparaissait la nuit pour faire la fête aux noctambules dans les rues, ‘’Gouye Seeddële’’ fait partie des mythes de Saint-Louis.
Thiamba Seck, un observateur de la vielle ville renseigne que »ce baobab sacré se situait à l’entrée de la ville de Saint-Louis en venant de Dakar et il est connu par tous les Saint-louisiens toutes générations confondues qui ont eu à subir la circoncision ».
Parlant de cet arbre mythique dans son essai »L’imaginaire saint-louisiens, ‘’Doomou Ndar’’ à l’épreuve du temps », le philosophe Alpha Amadou Sy fait référence à ce baobab. »Cet arbre imposant a été pendant plusieurs décennies, le point de convergence de milliers de circoncis avec tout ce que cela charriait comme émotion et stress », lit-on dans cet ouvrage.
»Avant il était éloigné de la ville », souligne M. Seck dont les propos ont été renforcés par le doyen Doudou Baye Guèye qui dans un documentaire de la TFM affirme que fort des confidences de l’historien Pr Bouba Diop, »Gouye Seeddële’’ se situait aux limites de la ville de Saint-Louis ».
Le doyen Guèye indique qu’il »était le lieu de séparation de Cheikh Ahmadou Bamba et de son ami Diakha Cissé qui le raccompagnait » lors du séjour du guide des mourides à Saint-Louis.
Il symbolisait un lieu lointain et on disait que la personne venait de ‘’Gouye Seeddële ». Selon Thiamba Seck, »quand les gens s’y rendaient, c’est comme s’ils effectuaient un voyage et ils s’armaient de provisions ».
Arrivés sur les lieux, ils enfonçaient un clou sur l’arbre et y écrivaient leur nom ou un signe. Ils déposaient aussi une paire de chaussures ou un autre objet au pied de l’arbre, rappelle-t-il. Pour expliquer ce geste, il cite l’adage wolof ‘’ragal dou diam gouye », selon lequel ‘’une personne couarde ne peut pas planter un couteau sur un baobab ».
Se souvenant de ce rituel auquel bon nombre de saint-louisiens ont sacrifié, l’ancien député libéral note que »lorsqu’ils allaient vers ce baobab en cours de route quand ils urinaient ils pointaient leur couteau sur le sol pour se protéger de l’esprit maléfique tout en sollicitant une rapide guérison ».
Il signale que »tous ceux qui ont sacrifié à ce rituel ont bravé la peur et la douleur ».
Différentes sources sur le déracinement du baobab
»Malheureusement ce baobab s’est affaissé durant l’hivernage de 1986 quand la route Dakar-Saint-Louis devait être réalisée, ses racines ayant été affectées par les engins qui débroussailler la voie », renseigne Thiamba Seck. Mais d’autres sources évoquent les conséquences de la furie d’un violent vent pour évoquer le déracinement de ce baobab mythique
»Déraciné par un violent orage en 1986, le reste de l’arbre a été laissé à la merci des bûcherons et des badauds. Or, on aurait pu en récupérer le résidu et le conserver au Centre de recherche et de documentation du Sénégal (CRDS), en prenant le soin de consigner sur papier et sur film son histoire », se désole Alpha Amadou Sy.
»En plus des Saint-louisiens qui pourraient y retrouver un pan de leur enfance, ces archives auraient une portée indéniable pour s’adonner à une sorte de sociologie de la circoncision dans cette ville du Nord », estime le philosophe dans son essai publié aux éditions Harmattan en France.
Il pense qu »’à travers les générations qui se sont adonnées à ce rituel autour de »Gouye Seeddële », une différenciation progressive se lisait au niveau de l’âge où les enfants subissaient cette douloureuse épreuve’’.
»On sait que les générations les plus anciennes n’entraient dans la +case des hommes+ que vers 20 ans. De ce fait, les circoncis n’y sortaient que pour faire le deuil de leur adolescence en se mariant quelques temps après’’, ajoute-t-il.
Pour ressusciter le baobab, une association d’intellectuels saint-louisiens d’ici et d’ailleurs dirigée par le neveu de Me Lamine Guèye, le premier président de l’Assemblée nationale du Sénégal indépendant, mène quelques activités socio-économiques et culturelles.
Mais ‘’Gouye Seeddële’’, selon plusieurs témoignages, a beaucoup perdu de son histoire et de son prestige et la jeune génération ignore ce point de l’histoire de la vieille ville pourtant si attachée à sa tradition.
AMD/ASB/OID
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SENEGAL-EDUCATION-SOCIETE / Ndiassane : le Gamou va retarder la rentrée scolaire dans quelques écoles, selon l’IEF
Tivaouane, 3 oct (APS) – Le Gamou de Ndiassane, localité située dans le département de Tivaoune (Thiès) qui célèbre la naissance du prophète (PSL) mercredi prochain, une semaine après sa célébration dans plusieurs autres localités, va prolonger certainement les vacances scolaires de quelques jours dans certaines écoles qui accueillent déjà des pèlerins, selon l’Inspecteur d’éducation et de la formation de Tivaouane Amadou Dia.
A Ndiassane, il y a des écoles primaires et collèges qui logent des pèlerins lors de cet événement religieux au moins pendant trois jours dans la cité religieuse, renseigne l’IEF.
Dans un entretien avec l’APS M. Dia a fait le point sur la rentrée du personnel administratif et enseignant ce lundi en attendant de celle des écoliers prévue jeudi prochain.
Ainsi seule la commune de Ndiassane va enregistrer un léger retard dans le démarrage dans quelques écoles qui accueillent des pèlerins pour la commémoration du Gamou, a poursuivi Amadou Dia.
Les disciples ‘’Khadre’’ ont choisi de décaler la célébration de la naissance du prophète de l’Islam (PSL), une semaine après dans la ville où réside leur Khalife.
Sur la prochaine rentrée scolaire au niveau du département, l’IEF de Tivaouane a fait remarquer qu’il n’y a pas de problèmes d’inondations dans les écoles.
‘’Aucune école n’est inondée dans le département, il y en avait au niveau de Mboro avec deux écoles mais depuis l’année dernière tout est réglé », a assuré Amadou Dia.
Le ministère de l’Education nationale avait en effet demandé le point sur les écoles inondées, mais aucune école n’a été répertoriée du fait de la nature du sol appelé ‘’sol dior’’ qui absorbe rapidement les eaux de pluie, a-t-il relevé.
MKB/ADL/MTN
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SENEGAL-CULTURE-REPORTAGE / Le fromager de Diembéring, un sanctuaire des fétiches et des esprits protecteurs
Par Modou Fall
Diembéring, 2 oct (APS) – Sanctuaire de fétiches et autres esprits protecteurs, le fromager de Diembering est aussi le témoin de l’histoire des communautés ethniques de la Basse-Casamance, où la religion traditionnelle garde encore toute sa splendeur.
Situé dans l’arrondissement de Cabrousse, à quelque dix kilomètres au nord de la station balnéaire de Cap Skirring, ce village de pécheurs et d’agriculteurs se distingue par son fromager géant.
Plus de 1. 000 âmes composées essentiellement de diolas autochtones et de populations venues du nord du Sénégal cohabitent ici en parfaite symbose, et cela, depuis de longues années.
Le fromager géant surplombe un rond-point au niveau duquel les taxis clandestins en provenance du Cap-Skirring font demi-tour pour repartir sur Boucotte-Diembéring. Ce point nodal fait à la fois office de gare routière et de marché. Légumes, fruits, entre autres marchandises, garnissent les étals des vendeurs, à côté de boutiques.
Le fromager qui fascine par son gigantisme appartient à la famille des malvacées et trône majestueusement sur au ‘’moins 50 mètres de hauteur’’.
‘’C’est ici que tout se passe. La vie se résume à cette place ‘’, commente Ben Michel Diatta, un habitant de Diembéring trouvé juste à la grande place publique que surplombe le fromager.
‘’Cette place de Diembéring abrite tous les grands événements du village. Nous Diolas aimons la nature avec qui nous communions. Pour habiter, le Diola a besoin de placer son fétiche sur un arbre solide pour bien se protéger. Et comme le fromager est un arbre robuste et centenaire, il demeure le réceptacle des fétiches et autres génies protecteurs des hommes’’, explique le conservateur du musée de Diembéring, Ousmane Karfa Diatta.
Un fromager qui inspire respect et soumission
Le fromager de Diembéring, en dehors de son caractère sacré, est aujourd’hui un témoin de l’histoire du village et ‘’inspire respect et soumission’’.
‘’Ce fromager est un élément qui inspire respect et soumission. Il est rattaché à nous habitants de Diembéring par un certain nombre de faisceaux mystiques (esprits et fétiches)’’, explique le conservateur du musée de Diembéring.
Selon lui, ‘’cet arbre millénaire reflète, symbolise et représente de manière géographique la commune de Diembéring’’.
‘’Cette place, tout autour de ce fromager, continue jusqu’à présent de conserver cet héritage culturel de démystification de malédictions’’, a ajouté Ousmane Karfa Diatta.
Ainsi, ‘’la plupart des grandes cérémonies traditionnelles ont eu lieu ici’’, poursuit-il. ‘’Les femmes, quand elles sortent de leur bois sacré pour s’investir dans une mission de conjurer le mal ou d’exorciser quelqu’un, viennent autour du fromager faire des libations, des incantations, des chansons, des cris pour faire comprendre aux gens que l’affaire est déjà gérée », souligne l’ancien maire de Diembering, Tombo Guèye.
»Il y a aussi l’identifiant de leur fétiche qui est une branche qui, après avoir été traitée dans leur bois sacré, est posée à côté du fromager en guise de témoin. Et c’est la preuve que la mission que les gens leur ont confiée du côté du bois sacré a été faite’’, a ajouté M. Guèye, conseiller spécial à la primature et géographe de formation spécialisé dans les questions de géomorphologie littorale.
‘’Le fromager est aujourd’hui le témoin de beaucoup de cérémonies traditionnelles. C’est ici que les femmes du bois sacré se réunissent pour faire le tour du fromager et se donner l’ordre de pouvoir entreprendre une activité ‘’, a confié le conservateur du musée de Diembéring.
Ousmane Karfa Diatta indique que c’est devant cet arbre qu’a eu lieu l’arrestation d’un sage du nom de Kankoulabè, un notable du quartier Kénia de Diembéring et de son frère Afayo, entre 1919 et 1920.
‘’Ces arrestations ont suscité des chansons et des incantations mystérieuses des femmes du bois sacré du nom de Ehongna, autour de ce géant fromager. Et c’est ainsi que des corbeaux ont fait apparition et vidèrent les soldats français du lieu. Grâce à ces chansons, les détenus ont été protégés’’, raconte M. Diatta.
Ce fromager, une destination privilégiée des touristes
‘’Les visiteurs aiment prendre des photos au pied du fromager. Cet arbre est devenu le point de ralliement de la plupart des touristes que nous recevons à l’entrée de Diémbéring. Il joue aujourd’hui un rôle touristique’’, fait valoir l’ancien maire de Diembéring.
Selon lui, ‘’l’arbre est devenu une place incontournable dans la stratégie de marketing territorial de la commune de Diembering’’.
‘’C’est un arbre qui garde son mysticisme par l’attraction touristique. Nous voyons ce fromager sur beaucoup de cartes postales et des photos qui témoignent encore de son ancienneté’’, confirme Ousmane Karfa Diatta.
Les premiers habitants de la localité de Diembéring ont trouvé des fromages sur la grande place du village et ses alentours.
‘’Diembéring a entre autres comme emblème le fromager. Nous pouvons assimiler Diémbéring aux fromagers géants. Tout est parti d’une certaine pratique de la part de nos ancêtres qui les ont plantés ici. Ces fromagers ont été plantés à partir d’un besoin par nos ancêtres’’, a rappelé Tombo Guèye.
Il a rappelé que »Diembéring est un territoire littoral ». Selon lui, »les caractéristiques d’un territoire littoral font que, le plus souvent, il est soumis aux aléas climatiques (vents forts, orages) ». Le fait d’ériger des fromagers qui sont des espèces très géantes et robustes participaient à constituer un brise-vent contre ces phénomènes naturels. Eriger ces fromagers, c’était protéger les habitations’’, a expliqué le spécialiste de la géomorphologie littorale.
D’après Tombo Guèye, ‘’le fromager, depuis ses racines jusqu’aux feuillages, peut rendre beaucoup de services à la communauté’’.
»A l’époque de nos ancêtres, ses troncs donnaient du bois sous forme de planches très étalées. Ces troncs étaient une sorte de cercueil des patriarches qui quittaient ce monde d’ici-bas’’, a expliqué M. Guéye.
A Diembéring, déclare-t-il, ‘’à la périphérie de chaque concession, il y avait un fromager pour faire en sorte qu’on puisse être autonome’’.
‘’Le tronc du fromager servait également à fabriquer des pirogues à rame pour faire la pêche. Ses fruits ont été également utilisés pour des questions thérapeutiques’’, a encore souligné Tombon Guèye.
MNF/ASB/OID/ASG