Catégorie : FACT CHECKING

  • SENEGAL-MEDIA-ANALYSE / L’accès aux sources, principal défi des fact-chekers, selon un spécialiste

    SENEGAL-MEDIA-ANALYSE / L’accès aux sources, principal défi des fact-chekers, selon un spécialiste

    Dakar, 22 janv (APS) – Le journaliste spécialisé en fact-checking, Aziz Momar Lo, a estimé, mercredi, à Dakar, que l’accès aux sources officielles est l’un des grands défis auquel font face les vérificateurs de faits en Afrique de l’Ouest et du centre.

    ‘’En Afrique de l’Ouest, que je connais mieux, et un peu en Afrique centrale, le problème d’accès aux sources est l’un des défis auquel les fact-checkers font face’’, a-t-il déclaré.

    Aziz Momar Lo s’exprimait ainsi au cours d’un panel organisé par le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de l’université Chaikh-Anta-Diop de Dakar, en partenariat avec la British Broadcasting Corporation (BBC).

    Cette activité a eu pour thème : ‘’Lutter contre la désinformation : le rôle des jeunes Africains dans la construction d’un avenir numérique fiable’’.

    ‘’Les informations ne sont pas toujours disponibles quand vous en avez besoin’’, a fait observer le fact-checker qui officie à Africa Check, la première organisation de vérification des faits en Afrique.

    Il a notamment cité le cas du Sénégal, où ‘’il est difficile de faire réagir les autorités, les ministères et les institutions publiques’’.

    En comparaison, a-t-il signalé, aux États-Unis, le quotidien Washington Post a fact-checké à plus de 20 000 reprises le président Donald Trump, durant les quatre ans de son premier mandat.

    ‘’Il est difficile de réaliser cela au Sénégal, d’autant que vous pouvez passer deux mois sur un seul article’’, a déploré Momar Azil Lo. 

    Présent au panel, le directeur général de la BBC, Jonathan Munro, a lancé un appel aux jeunes étudiants journalistes à plus de vigilance face à la propagation des fausses informations sur les réseaux sociaux.

    SC/ID/TAB/ABB/OID

  • SENEGAL-FRANCE-VERIFICATION / « Sans la France le Sénégal ne serait rien », non, Emmanuel Macron n’a jamais tenu ces propos

    SENEGAL-FRANCE-VERIFICATION / « Sans la France le Sénégal ne serait rien », non, Emmanuel Macron n’a jamais tenu ces propos

    Dakar, 15 jan (APS) – Des propos attribués au président français Emmanuel Macron ont été partagés sur les réseaux sociaux, Facebook et TikTok notamment, en lien avec le débat autour de l’avenir des bases militaires françaises en Afrique, avec en toile de fond une tendance à remettre ce que l’opinion considère comme un système néocolonial. Sauf que les déclarations en question n’ont pas été tenues par le dirigeant français.

    Emmanuel Macron aurait qualifié d’ »erreur historique » la fermeture annoncée de bases militaires françaises au Sénégal. Il aurait également déclaré que « sans la France, le Sénégal ne serait rien ». L’examen amène à conclure que ces propos n’ont pas été tenus par le président français.

    « Monsieur Ousmane Sonko, vous avez fait le choix de rompre avec la France, mais sachez une chose : sans la France, le Sénégal ne serait rien. Nous avons été là dans les moments cruciaux de votre développement, et tourner le dos à cette coopération serait une erreur historique ».  C’est la citation intégrale attribuée au chef de l’État français, partagée sur les réseaux sociaux, Facebook, TikTok notamment.

    Sur certaines pages ayant repris ce tweet supposé, du reste introuvable sur le fil d’actualité du compte officiel du président français, le message est accompagné de la voix d’Emmanuel Macron générée par l’intelligence artificielle.

    Après vérification, il s’est avéré que cela a tout l’air d’un faux tweet généré à partir d’un générateur de tweets, en ce sens que le nom du compte officiel du président français est différent de celui du tweet qu’on lui a faussement attribué.

    Un faux tweet ayant suscité des commentaires engagés

    Une recherche effectuée sur les différents réseaux sociaux officiels d’Emmanuel Macron ne permet de retrouver ce tweet probablement généré par un logiciel. De même, aucune plateforme gouvernementale officielle de la France n’a évoqué cette déclaration.

    Un citoyen sénégalais, visiblement tombé dans le piège de cette information erronée, a partagé le tweet sur Facebook avec ce commentaire : « L’État du Sénégal doit donner un ultimatum [le plus rapidement] possible à l’armée française de quitter le territoire sénégalais ». Il a ajouté : « L’animal blessé (Macron) devient violent, dangereux et très méchant ».

    Un de ses compatriotes a aussi posté un commentaire tout aussi virulent, en donnant foi à ce tweet faussement attribué à Emmanuel Macron : « La France est un serpent blessé, il est plus dangereux en l’état. Elle a reçu un vrai coup de massue avec cette déclaration de Ousmane Sonko ».

    Le faux tweet fait par ailleurs état d’un choix fait par le Sénégal de rompre avec la France, alors que la « rupture » prônée par les nouvelles autorités, ne veut pas en aucun cas dire rompre avec l’ancienne puissance coloniale.

    Le pouvoir en place au Sénégal depuis avril dernier souligne simplement, à travers ce slogan, sa volonté d’établir une coopération « gagnant-gagnant » avec tous les partenaires. Il n’a, jusque-là, jamais été question pour Dakar de rompre avec la France. 

    Lors d’une réception organisée le 14 juillet dernier, à l’occasion de la fête nationale de la France, l’ambassadeur Christine Fages avait assuré de la détermination de Paris de rester aux côtés du Sénégal pour relever les « défis communs » aux deux pays.

    La diplomate a fait état de la volonté de la France de « poursuivre et renforcer la coopération dans les secteurs qui contribuent à une plus grande souveraineté du Sénégal, notamment la souveraineté et la transition énergétique, la souveraineté alimentaire, la souveraineté sanitaire, la formation professionnelle, le sport et bien sûr, la mémoire ».

    Le contexte de cette désinformation

    Le 6 janvier, lors de la conférence annuelle des ambassadrices et ambassadeurs français tenue à l’Élysée, Emmanuel Macron évoquait un « départ négocié » des bases militaires françaises en Afrique.

    « Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence. Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce. Ne vous trompez pas, parfois il a fallu pousser.  Ce n’est pas parce qu’on est polis, corrects et qu’on se réorganise nous-mêmes qu’il faudrait que ce soit retourné contre nous en disant qu’on est chassés d’Afrique », a déclaré le chef de l’État français.

    Le chef du gouvernement sénégalais, Ousmane Sonko, a réagi quelques heures plus tard à cette déclaration sur ses réseaux sociaux, en affirmant que « dans le cas du Sénégal, cette affirmation (du président français) est totalement erronée ».

    « Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain », a réagi le Premier ministre sénégalais dont les propos ont été largement repris par les internautes.

    Le président Bassirou Diomaye Faye a fait part le 31 décembre de la décision du Sénégal de mettre fin dès 2025 à toute présence militaire étrangère sur le sol sénégalais.

    Depuis cette date, il n’y a pas eu de déclarations officielles du président français sur la question de la fermeture des bases militaires françaises en Afrique, ou une réaction faisant suite à celle du Premier ministre sénégalais, comme veut le faire croire le faux tweet.

    La propagation de fausses informations de ce genre se nourrit de l’arrivée au Sénégal de nouveaux dirigeants préconisant des partenariats justes et équilibrés entre la France et ses anciennes colonies africaines.

    SMD/BK

  • SENEGAL-FAKENEWS-RETROSPECTIVE / L’année 2024 rythmée par des déclarations faussement attribuées au président Bassirou Diomaye Faye

    SENEGAL-FAKENEWS-RETROSPECTIVE / L’année 2024 rythmée par des déclarations faussement attribuées au président Bassirou Diomaye Faye

    Dakar, 29 (APS) – Une rumeur attribuée au président Bassirou Diomaye Faye selon laquelle l’arabe deviendrait la langue officielle du Sénégal en remplacement du français a emballé les réseaux sociaux en 2024, de même qu’une autre aussi virale, laissant croire que le chef de l’Etat sénégalais aurait demandé à ses concitoyens de ne plus accrocher sa photo dans les bureaux de l’administration.

    Il y a eu, avant cette rumeur sur le choix de l’arabe comme langue officielle au Sénégal et celle sur la photo du président, une autre fakenews se rapportant au paiement des impôts des sociétés françaises implantées au Sénégal, en lien avec les orientations politiques et économiques des nouvelles autorités sénégalaises.

    Ces fakes news ont été largement partagées à travers le pays et même dans certains pays de la sous-région, via des plateformes se réclamant du panafricanisme en particulier.

    Dans des messages publiés en français, en anglais et en arabe, les personnes à l’origine de cette rumeur prétendent que « pour une première fois depuis son indépendance, [le Sénégal a] adopté en fin avril 2024 l’arabe comme langue officielle, en remplacement du français », soit quelques semaines après la prestation de serment du président Faye.

    Un compte Facebook identifié sous le nom Adam Chaibani, par exemple, en profitait pour appeler à « en finir avec la colonisation […]  » et faire de « la libération de l’Afrique notre combat ».

    Qu’en était-il réellement de la langue arabe au Sénégal ?

    Bassirou Diomaye Diakhar Faye a annoncé, le 17 avril 2024, à l’issue d’un Conseil des ministres, avoir décidé de créer une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’enseignement arabe, laquelle sera rattachée à la présidence de la République. Cette direction annoncée a été officialisé en septembre de la même année avec la nomination d’un directeur, le professeur Djim Dramé.

    Depuis cette nouvelle création institutionnelle, aucune autre décision n’a été prise sur les questions relatives à la langue arabe au Sénégal. S’il est vrai que la langue arabe a un fort ancrage sociologique et spirituel au Sénégal, il n’en demeure pas moins qu’il n’a jamais été question d’un changement de régime linguistique au Sénégal, dont la Constitution confère au français le statut de langue officielle.

    C’est peut-être dans la dynamique de formalisation de l’enseignement arabo-musulmane et du fait religieux au Sénégal entamée principalement à partir des années 2000 que le président de la République Bassirou Diomaye Faye a annoncé son intégration pleine et entière dans le système éducatif sénégalais. Mais jamais l’idée d’un changement de régime linguistique au Sénégal, matérialisant le passage du français à l’arabe, n’a été émise par les pouvoirs publics.

    En 2024 également, précisément entre juillet et août, les réseaux sociaux ont attribué au président Bassirou Diomaye Faye des propos selon lesquels il aurait demandé à ses compatriotes de ne plus accrocher sa photo dans leurs bureaux.

    Ces mêmes propos qui lui sont faussement prêtés, ont été tenus en 2019 par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devant des députés de son pays à l’occasion de son investiture.

    ‘’Je ne veux vraiment pas mes photos dans vos bureaux, car le président [de la République] n’est ni une icône ni une idole. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les chaque fois que vous prenez une décision.’’ Un post Facebook devenu viral avait prêté ces propos au président sénégalais.

    Le message a été par moments repris par des militants du président sur des plateaux de télévisions locales et le post a été parfois partagé des centaines de fois et a suscité autant de commentaires sur les médias sociaux, sur Facebook surtout, avait observé l’APS, jeudi 1er août.

    La citation est extraite presque mot pour mot du discours d’investiture prononcé par le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, en juillet 2019. Ce dernier avait tenu ces propos devant des députés. Il parlait de la corruption dans son pays.

    Un contexte politique favorable à la prolifération de fakenews

    Voici la citation originelle, qui figure dans un discours disponible sur le site officiel du dirigeant ukrainien : ‘’Et pour cela, nous avons besoin de gens au pouvoir qui serviront le peuple. C’est pourquoi je ne veux vraiment pas que ma photo soit dans vos bureaux, car le président [de la République] n’est pas une icône ni une idole ou un portrait. Accrochez les photos de vos enfants à la place et regardez-les à chaque fois que vous prenez une décision.’’

    La rumeur est accompagnée de commentaires, dont le suivant : ‘’La première fois dans l’histoire. Vraiment, le Sénégal donne toujours des bons (sic) exemples contrairement à ma Guinée… Instructif et symbolique à la fois… Merci, en voilà un homme de Dieu, un vrai dirigeant. Le Sénégal et les Sénégalais sont bénis.’’

    Il s’agissait ainsi de la troisième déclaration devenue virale et faussement attribuée au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, depuis son investiture en avril 2024. Il y a eu, avant cette rumeur relative à la photo officielle du président sénégalais dans les bureaux, une autre fausse nouvelle se rapportant au paiement des impôts des sociétés françaises implantées au Sénégal. Ces rumeurs diffusées sur les médias sociaux laissaient croire que des entreprises françaises opéraient au Sénégal sans payer des impôts, avant que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, annonce que ces impôts seront désormais payés au Trésor public sénégalais.

    Ces faknews les unes plus folles que les autres semblent trouver un terrain fertile dans le contexte géopolitique actuel, caractérisé par un sentiment dit ‘’antifrançais’’ et surtout, l’arrivée au Sénégal de nouveaux dirigeants annonçant une rupture systémique et préconisant des partenariats justes et équilibrés entre la France et ses anciennes colonies africaines.

    SMD/ASG/OID/FKS

  • SENEGAL-VERIFICATION / Non, Bassirou Diomaye Faye n’a pas dit aux Sénégalais de ne pas accrocher sa photo dans leur bureau

    SENEGAL-VERIFICATION / Non, Bassirou Diomaye Faye n’a pas dit aux Sénégalais de ne pas accrocher sa photo dans leur bureau

    Dakar, 1er août (APS) – Les propos selon lesquels Bassirou Diomaye Faye a demandé à ses compatriotes de ne plus accrocher sa photo dans les bureaux n’ont pas été tenus par le chef de l’État sénégalais. Les mêmes propos, qui lui sont faussement prêtés, ont été tenus en 2019 par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, devant des députés de son pays à l’occasion de son investiture.

    ‘’Je ne veux vraiment pas mes photos dans vos bureaux, car le président [de la République] n’est ni une icône ni une idole. Accrochez plutôt les photos de vos enfants et regardez-les chaque fois que vous prenez une décision.’’ Un post Facebook prête ces propos au président sénégalais.

    Le post a été partagé près de 300 fois et a suscité autant de commentaires sur les médias sociaux, sur Facebook surtout, a observé l’APS, jeudi 1er août.

    La citation est extraite presque mot pour mot du discours d’investiture prononcé par Volodymyr Zelensky en juillet 2019.

    Ce dernier avait tenu ces propos devant des députés. Il parlait de la corruption dans son pays.

    ‘’En finir avec la colonisation’’

    Voici la citation originelle, qui figure dans un discours disponible sur le site officiel du dirigeant ukrainien : ‘’Et pour cela, nous avons besoin de gens au pouvoir qui serviront le peuple. C’est pourquoi je ne veux vraiment pas que ma photo soit dans vos bureaux, car le président [de la République] n’est pas une icône ni une idole ou un portrait. Accrochez les photos de vos enfants à la place et regardez-les à chaque fois que vous prenez une décision.’’

    La rumeur est accompagnée de commentaires, dont le suivant : ‘’La première fois dans l’histoire. Vraiment, le Sénégal donne toujours des bons (sic) exemples contrairement à ma Guinée… Instructif et symbolique à la fois… Merci, en voilà un homme de Dieu, un vrai dirigeant. Le Sénégal et les Sénégalais sont bénis.’’

    Il s’agit de la troisième folle rumeur attribuée au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, depuis son investiture en avril 2024.

    En mai dernier, une autre fausse nouvelle selon laquelle l’arabe serait devenue la langue officielle du Sénégal, en remplacement du français, a été attribuée à M. Faye. Elle a été largement partagée sur les médias sociaux par des internautes se trouvant au Sénégal ou dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, via des plateformes se réclamant du panafricanisme notamment.

    Dans des messages publiés en français, en anglais et en arabe, les personnes à l’origine de cette rumeur prétendent que ‘’pour une première fois depuis son indépendance, [le Sénégal a] adopté en fin avril 2024 l’arabe comme langue officielle, en remplacement du français’’.

    Un compte Facebook identifié avec le nom d’Adam Chaibani, par exemple, en a profité pour appeler les usagers des médias sociaux à ‘’en finir avec la colonisation’’ et à faire de ‘’la libération de l’Afrique notre combat’’.

    Des partenariats justes et équilibrés

    Il y a eu, avant cette rumeur relative à la photo officielle du président sénégalais dans les bureaux, une autre fausse nouvelle se rapportant au paiement des impôts des sociétés françaises implantées au Sénégal. En lien avec les orientations politiques et économiques des nouvelles autorités sénégalaises.

    Ces rumeurs diffusées sur les médias sociaux laissaient croire que des entreprises françaises opéraient au Sénégal sans payer des impôts, avant que le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, annonce que ces impôts seront désormais payés au Trésor public sénégalais.

    Le contexte géopolitique actuel, caractérisé par un ‘’sentiment antifrançais’’ et la promesse faite par les nouvelles autorités sénégalaises d’opérer une rupture profonde dans la gestion du pays, semble très favorable à la propagation des fausses nouvelles.

    Il se nourrit de l’arrivée au Sénégal de nouveaux dirigeants préconisant des partenariats justes et équilibrés entre la France et ses anciennes colonies africaines.

    SMD/MTN/ESF

  • SENEGAL-AFRIQUE-MEDIA / Un journaliste burkinabè évoque les enjeux du fact-cheking

    SENEGAL-AFRIQUE-MEDIA / Un journaliste burkinabè évoque les enjeux du fact-cheking

    De l’envoyé spécial de l’APS : Serigne Mbaye Dramé

    Rabat, 22 avr (APS) – Le fact-checking est une technique de vérification de l’information qui devrait permettre aux journalistes de se réapproprier leur métier et de juguler la crise de confiance entre les citoyens et les médias classiques, estime le rédacteur en chef de l’Agence d’information du Burkina Faso (AIB), Tolida Apollinaire Agba.

    Il intervenait, lundi, à Rabat, au Maroc, à l’ouverture d’un séminaire consacré à la « détection des fakenews dans les contenus médiatiques », à l’initiative de la Fédération atlantique des agences de presses africaines (FAAPA).

    « Il faut prendre en compte le fait que des responsables politiques contournent les médias pour s’adresser directement au grand public », a-t-il fait observer, notant que ce phénomène contribue à nourrir « la crise de confiance entre les citoyens et les médias classiques ».

    Il rappelle que « de plus en plus le métier de journaliste est mis à mal par des diffuseurs sur la Toile, par moments plus influents que les professionnels des médias, et qui ne se préoccupent pas de vérifier la véracité de leurs publications ».

    Dans ce contexte, le fact-checking peut aider à « rétablir cette confiance entre citoyens et médias », mais aussi permettre aux professionnels des médias de « se réapproprier leur métier en retournant aux fondamentaux ».

    Il assure que cette technique de vérification de l’information, rangée dans le domaine du journalisme lent, peut aussi contribuer à la lutte contre « la guerre de la désinformation que se livrent plusieurs groupes d’intérêt essentiellement en Afrique ».

    L’intégration du fact-checking peut de la même manière permettre aux médias dits traditionnels d’accroître leur audience et de tirer les profits qui en découlent, a ajouté le rédacteur en chef de l’AIB, membre fondateur de Fasocheck, une initiative burkinabè pour la pratique et la promotion de la vérification des faits. 

    Il prône « la responsabilisation des hommes politiques et des décideurs publics qui ont tendance à grossir les faits et à verser dans la démagogie ».

    Le journaliste a aussi invité ses confrères à éviter les contraintes du direct, du deadline et de la course au scoop en négligeant l’aspect fondamental de la vérification.

    « Même s’il n’existe pas encore une étude sur l’impact du factchecking dans l’assainissement du débat public, les gens prennent en compte le travail de factcheckeurs. Cependant, cet impact est très peu, compte tenu du caractère viral que peuvent prendre les fausses informations », a souligné Tolida Apollinaire Agba.

    Prenant part à la cérémonie d’ouverture du séminaire, le président de la Fédération atlantique des agences de presses africaines, Fouad Arif, s’est félicité de la pertinence de la thématique choisie pour ce séminaire, évoquant à ce propos un « sujet d’actualité qui nous préoccupe tous en tant que professionnels des médias ».

    Ce séminaire traduit selon lui l’importance qu’accorde la FAAPA au renforcement des capacités et au renforcement des échanges d’expériences entre les journalistes des agences de presse africaines.

    « Les agences de presse africaines sont aujourd’hui appelées, dans le cadre d’une nouvelle dynamique, à s’adapter aux profondes mutations qui s’opèrent dans le monde des médias notamment en accompagnant l’évolution rapide des systèmes d’information », a fait remarquer M. Arif, par ailleurs directeur général de l’Agence marocaine de presse (MAP).

    Il dit s’attendre, au sortir de cette rencontre, à la création d’une plateforme spécialisée dans la vérification des informations et des contenus multimédia.

    Fouad Arif a aussi plaidé pour l’élaboration d’un guide sur le factchecking, en vue de le mettre à la disposition des journalistes des agences de presse africaines.

    Une vingtaine de journalistes d’agences de presse africaines prennent part à ce séminaire prévu pour se poursuivre jusqu’à vendredi.

    Ils viennent notamment de l’Angola, du Burkina Faso, du Cameroun, du Cap Vert, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Niger, du Nigéria, du Libéria, du Mali, du Maroc, de la Mauritanie, de la Namibie, du Togo et du Sénégal.

    SMD/BK

  • SENEGAL-OCI-MEDIAS-DEFIS / Les contenus médiatiques générés par l’IA imposent un renforcement des compétences techniques des journalistiques (spécialistes)

    SENEGAL-OCI-MEDIAS-DEFIS / Les contenus médiatiques générés par l’IA imposent un renforcement des compétences techniques des journalistiques (spécialistes)

    Dakar, 27 fév (APS) – L’irruption des technologies modernes dans la diffusion de contenus d’information à travers essentiellement des images et vidéos générées par l’intelligence artificielle vient rappeler la nécessité de renforcer les compétences techniques des journalistes pour atténuer les risques de désinformation et de prolifération de fake news, plaident des journalistes affiliés à l’Union des agences de presse de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

    Ils intervenaient mardi lors d’un webinaire organisé par l’Union des agences de presse de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), une rencontre portant sur le thème : « Défis de la vérification et de la collecte d’informations dans les zones de guerre », avec comme exemple la situation à Gaza.

    « La diffusion de scènes complétement fabriquées et générées par l’intelligence artificielle inquiète de plus en plus le travail journalistique », a d’emblée relevé Zois Bekios, journaliste et spécialiste de la vérification de l’information à l’agence de presse Viory, une agence de presse vidéo qui se réclame du Sud global dont le siège se trouve à Abou Dhabi.

    L’agence de presse Viory, lancée en décembre dernier lors du congrès mondial des médias de l’OCI, se veut un fournisseur « d’informations exclusives sur la politique, la technologie, le sport et le divertissement concernant les pays dits du Sud », indiquent ses initiateurs.

    Selon Zois Bekios, les images et vidéos générées par l’intelligence artificielle posent essentiellement « la problématique de la crédibilité des sources » dans la mesure où il est parfois « difficile de remonter à l’origine d’une vidéo ou d’une photo largement partagées ».

    De son point de vue, il revient au média de davantage renforcer « les compétences techniques » des journalistes afin qu’ils puissent maitriser les outils à mesure « d’atténuer ces risques de désinformation et de prolifération de fake news notamment en zone de conflits ».

    Sa collègue Marie Sakellariou a insisté, pour sa part, sur le processus de vérification de l’information, qui relève selon elle d’une « extrême importance ».

    Plusieurs journalistes d’agences de presse de l’OCI ont pris part à cette rencontre virtuelle.

    SMD/BK

  • SENEGAL-COTE D'IVOIRE-FAKENEWS / Faux, aucun cas de décès ou de violence visant la communauté ivoirienne n’a été constaté à Dakar

    SENEGAL-COTE D’IVOIRE-FAKENEWS / Faux, aucun cas de décès ou de violence visant la communauté ivoirienne n’a été constaté à Dakar

    Dakar, 30 jan (APS) – Aucun cas de décès ou de violence visant la communauté ivoirienne n’a été constaté dans le département de Dakar, suite au match opposant les équipes nationales des deux pays pour les huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule en Côte d’Ivoire, a appris l’APS de sources préfectorale et diplomatique.

    Après le match remporté, lundi, par la Côté d’Ivoire, une rumeur folle portant sur un Ivoirien qui aurait été tué à Dakar s’est très vite propagée à travers les réseaux.

    « L’autorité chargée de veiller à la sécurité publique informe qu’aucun cas de décès en lien avec cet évènement sportif ou de violence visant la communauté ivoirienne n’a été constaté dans le département de Dakar », indique le préfet de Dakar, Chérif Mouhamadou M. Blondin Ndiaye, dans un communiqué rendu public ce mardi.

    L’autorité administrative a relevé « qu’aucun individu victime de violences n’a été reçu dans les services hospitaliers après le match » ayant opposé les Lions du Sénégal aux Eléphants de la Côte d’Ivoire, ajoutant qu’aucune « déclaration de violence sur des étrangères n’a été enregistrée par les services de police ».

    Jointe par la RTI, la Télévision publique ivoirienne, la première conseillère à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Dakar, Abouya Kokola Marie-Célile, a assuré que cette rumeur, après vérification, s’est révélée « totalement fausse ».

    Une délégation de l’ambassade s’était déplacée à la morgue de l’hôpital du CHU de FANN, où le corps de la victime aurait été transféré. Mais sur place, aucun Ivoirien n’a été signalé dans les registres de l’hôpital après le match remporté par l’équipe de la Côte d’Ivoire à l’issue des tirs au but, selon la diplomate.

    Elle a toutefois parlé de « mécontentements isolés » qui ont été « contenus par les forces de l’ordre », appelant ses concitoyens du Sénégal et de la Côte d’Ivoire « au calme et à la retenue ».

    FKS/SMD/BK