Catégorie : Portrait

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  • SENEGAL-HORTICULTURE-PORTRAIT   / Bineta Bâ, une figure inspirante du maraîchage au féminin  

    SENEGAL-HORTICULTURE-PORTRAIT   / Bineta Bâ, une figure inspirante du maraîchage au féminin  

    Par Momar Khoulé Ba

    Mbaye-Mbaye Peul 2, 13 juin (APS) – Bineta Bâ, 60 ans, est l’incarnation du maraîchage au féminin, sous son visage des plus inspirants à Mbaye-Mbaye Peul 2, un village de la commune de Darou Khoudoss, situé à 3 km de Mboro, dans le département de Tivaouane (région, ouest).  

    Cette figure de l’horticulture est née et a grandi à Mboro où, déjà toute petite, elle accompagnait son père aux champs. ‘’Je me rappelle, je passais la journée là-bas avec un pot de lait et un morceau de pain’’, raconte-t-elle.  

    ‘’J’avais 7 ans. A l’époque le pot de Gloria coûtait 10 F. Je ne connais que le maraîchage’’, confie-t-elle.  Après s’être essayée, un moment, à la vente de ferraille, qu’elle a dû abandonner, pour avoir perdu beaucoup d’argent, elle a acheté un champ avec ses économies.  

     »Ce champs où nous sommes, dit-elle, je l’ai acheté en 2012 (…). Tous les jours, je parcours 3 km pour venir travailler à Mbaye-Mbaye 2’’.  

    ‘’Je suis là à 8 heures et je quitte (le champ) à 18 heures pour faire le même trajet au retour’’, narre la dame qui, débordée par le labeur, a engagé des ouvriers agricoles qui, après une journée remplie, passent la nuit dans un bâtiment qu’elle leur a construit sur son lopin de terre.   

    Bineta Bâ cultive de la pomme de terre et de l’oignon, qu’elle alterne avec de la tomate et du poivron. Elle garde parfois l’oignon pendant huit longs mois. Depuis que des techniciens sont venus la former sur place, c’est elle qui produit son propre compost, pour amender le sol, à une époque où les maraîchers de la zone étaient unanimes au sujet de l’impossibilité d’avoir une culture à cent pour cent bio.  

    Après la production, l’urgence pour Bineta est de trouver des clients. Pour ce faire, ce ne sont pas les initiatives qui lui manquent.  

    ‘’Quand je récolte les légumes, je cherche d’abord des sacs à main, à raison de 250 francs l’unité. Ensuite, les coxeurs (rabatteurs) entrent en jeu’’, explique-t-elle.  

    Ces derniers réclament 500 francs sur chaque sac, pour écouler les  récoltes. ‘’Vous voyez que nous partageons presque tous nos gains avec eux’’, commente la productrice.  

    ‘’Nous avons beaucoup de potentiel mais malheureusement nous manquons terriblement de soutien’’, soupire-t-elle, non sans ajouter : ‘’C’est la mort dans l’âme que nous constatons parfois le pourrissement de nos récoltes, faute de clients ou de  moyens de transport.’’  

    Elle fonde beaucoup d’espoir sur les grandes surfaces, qui commencent à s’implanter dans le département de Tivaouane.  

    En termes de système de travail, la sexagénaire aime citer l’exemple d’un ressortissant indien, qui s’active dans le maraîchage à Richard-Toll, au Nord du pays. ‘’Il te donne les semences et t’achète toute la récolte. Tout le monde y gagne’’.  

     »Madame Bineta Bâ, vous participez à la quête de l’autosuffisance alimentaire, si chère au chef de l’Etat Macky Sall  ». Ce bout de phrase du speech prononcé par le ministre de l’Agriculture en 2016, lorsqu’elle recevait le 3-ème prix de la meilleure promotrice de l’horticulture, résonne encore dans ses oreilles, comme pour la galvaniser.  C’était dans le cadre du Programme d’aménagement et de développement économique des Niayes (PADEN).  

    Des mots qu’elle n’est pas prête d’oublier, même si depuis lors, elle dit n’avoir plus aucune nouvelle des autorités en charge de l’agriculture.  

    Bineta qui emploie au moins une vingtaine de femmes durant l’année, a écrit à son ministère de tutelle pour bénéficier de matériel agricole. Malgré son mince espoir d’obtenir gain de cause, elle demeure convaincue qu’elle mérite un appui de l’État.  

      Juste derrière la clôture de son champ d’un hectare et demi, deux autres hectares sont en friche. ‘’Je ne peux pas les exploiter faute de moyens’’, regrette Bineta Bâ, qui dit parfois avoir ‘’du mal à comprendre la politique agricole de l’État du Sénégal’’.  »Comment peut-on exiger une caution d’un million 80 mille francs à une pauvre dame qui peine à disposer de semences ?’’, s’interroge-t-elle.  

    Malgré son âge, son ambition reste intacte. Elle est persuadée qu’avec un soutien, elle peut aller loin dans le maraîchage.  

     »J’ai réussi à construire ma maison, à la sueur de mon front », se réjouit-elle, très consciente des nombreuses opportunités qu’offre le maraîchage.  

    ‘’Si tu perds ici, tu peux te rattraper avec le citron, par exemple. Aujourd’hui, tu peux perdre 500 francs, et gagner 1.500 francs demain’’, relève-t-elle. ‘’Ce qui veut dire qu’avec un appui, on peut facilement atteindre l’autosuffisance alimentaire’’.  

     » Pour faire la cuisine, je n’achète pas de légumes, je cueille des choux, des poivrons, des tomates et déterre des ignames dans mon champ’’, informe-t-elle. C’est aussi avec le produit de ses ventes qu’elle supporte les frais de scolarité de ses petits-enfants.  

    Elle a trois employés permanents payés 35.000F par mois. Avec les deux autres, elle partage le produit de la vente de l’oignon, du citron et de la tomate. En général, ils prennent leurs congés lors du Gamou (célébration de la naissance du Prophète (PSL).  

    Très consciente du manque d’emploi qui frappe la jeunesse sénégalaise, Bineta Bâ a foi en la capacité de l’agriculture à  caser les jeunes chômeurs. La zone des Niayes, estime-t-elle, a assez de terres pour employer des milliers de jeunes.  

    Pour elle, il suffit juste de leur offrir en exemple les maraîchers millionnaires, pour qu’ils sachent qu’il n’y a pas de sot métier.  

    MKB/ADI/ASB/ASG

  • SENEGAL-CINEMA / Sembène Ousmane, trajectoire d’un communiste  »convaincu »

    SENEGAL-CINEMA / Sembène Ousmane, trajectoire d’un communiste  »convaincu »

    Par Fatou Kiné Sène

    Dakar, 9 juin (APS) – L’écrivain et cinéaste Sembene Ousmane mort le 9 juin 2007 à l’âge de 84 ans a très tôt été façonné aux idéaux du Parti communiste français où il a milité dès son arrivée à Marseille dans la ville française, un engagement qui lui a permis de développer ses convictions marxistes, une facette de l’homme très peu mise en exergue, a déclaré l’écrivain et journaliste Boubacar Boris Diop.

     »C’est à Marseille (France) en 1946 qu’il a commencé à militer dans le Parti communiste français et dans le syndicat CGT (Confédération générale du travail). Après la guerre de 1939-1945, le Parti communiste français était très fort. Il a rencontré les cadres de ce parti qui l’ont pris en charge, encadré, orienté ses lectures vers Emile Zola, par exemple, vers des auteurs noirs américains, etc. », a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.

    Issu des classes populaires, pêcheur, maçon, plombier, ouvrier et docker à Marseille, Sembene Ousmane a été aussi assez proche du Parti africain de l’indépendance (PAI), où il a milité.

    Ecrivain devenu cinéaste, il est considéré comme le père du cinéma africain et a été forgé grâce à la fréquentation des bibliothèques de la CGT, mais surtout aux cours dispensés par le Parti communiste.

     »Il avait une grande soif de connaissance », souligne l’auteur de  »Murambi, l’histoire des ossements », qui précise que jusqu’à la fin de sa vie, à Yoff,  »Sembène a gardé sa carte de membre du  Parti communiste français ».  « C’était affiché au-dessus de son lit », confie-t-il.

     »Jusqu’à la fin de sa vie, Sembène est resté un communiste convaincu », a martelé le président de l’association Sembène Ousmane, le professeur Maguèye Kassé, qui donne comme preuve la proximité du cinéaste avec le PAI (…) ».  Il a été un  »membre très actif » du PIT (Parti de l’indépendance et du travail), considéré comme l’héritier du PAI.

     »Pendant la clandestinité, Sembene exécutait des tâches du parti en transportant ses directives à Moscou entre les camarades », se souvient Maguèye Kassé.

    Cet engagement s’explique, selon lui, par cette formation qu’il a reçue au Parti communiste français et notamment lors des luttes ouvrières menées par la CGT jusqu’à Georges Séguy qui a été secrétaire général et figure emblématique de cette confédération avant de passer le témoin à Henri Krasucki.

     »On a toujours reproché au CGT d’être le courant de transmission du Parti communiste français dans le monde ouvrier. Nous avons été ensemble Sembène et moi au moins à une reprise à la fête de l’humanité, une manifestation organisée par le Parti communiste français chaque année à la Courneuve, à Paris », raconte Professeur Kassé.

    Il a d’ailleurs rappelé la présence à cette fête de l’Américaine Angela Davis, une icône de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis et du Français Jean Daniel, acteur dans le film  »Camp de Thiaroye » (1988) de Sembène Ousmane.

    Blessé après dix ans de travail comme docker, Sembène Ousmane commence à écrire. A l’âge de 40 ans, il part à Moscou pour apprendre les techniques cinématographiques.

    Selon le professeur Maguèye Kassé, il a aussi accordé son soutien à tous les mouvements de libération, en République de Guinée avec Sékou Touré, chez Modibo Keita au Mali ou encore en Afrique du Sud et en Angola.

    L’écrivain et cinéaste Sembène Ousmane a publié de nombreux ouvrages adaptés par lui-même au cinéma, sauf le roman « Niwan » dont l’histoire à l’écran a été portée par son assistant de toujours, Clarence Delgado.

    FKS/OID/ASG

  • SENEGAL -MONDE-FOOTBALL / Mondial U20 : le Sénégal perd d’entrée, 1-0, contre le Japon

    SENEGAL -MONDE-FOOTBALL / Mondial U20 : le Sénégal perd d’entrée, 1-0, contre le Japon

    Dakar, 21 mai (APS) – L’équipe du Sénégal de football des moins de 20 ans s’est inclinée,1-0, contre le Japon, ce dimanche, en match comptant pour la phrase de poules de la Coupe du monde de la catégorie, qui se déroule en Argentine du 20 mai au 11 juin.

    La sélection nippone a ouvert le score à la 15e mn de la première mi-temps par Kuryu Matsuki.

    Samba Diallo a cru avoir égalisé cinq minutes plus tard, avant que l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) n’annule le but pour position illicite de l’attaquant des Lionceaux.

    En deuxième période, les hommes de Malick Daf ont poussé en multipliant les assauts dans le camp adverse. Mais ils ont jamais échoué à faire sauter le verrou nippon.

    Le Sénégal, logé dans la poule C, jouera son deuxième match, mercredi, contre Israël, défait plus tôt dans la journée par la Colombie. Cette dernière sera le dernier adversaire des Lions, samedi.

    Vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations, en Egypte au mois de mars dernier, les joueurs de Malick Daf vont participer à leur quatrième Coupe du monde.

    Pour sa dernière participation à cette compétition, en 2019, le Sénégal avait atteint les quarts de finale. En 2015, en Nouvelle-Zélande, l’équipe coachée à l’époque par feu Joseph Koto avait atteint le dernier carré.

    Les autres représentants du continent, que sont le Nigéria, la Tunisie et la Gambie, sont logés respectivement dans les poules D, E et F.

    Les Flying Eagles du Nigéria, qui jouaient à la même heure, ont réussi leur entrée en s’imposant par 2 buts à 1 devant la République Dominicaine.

    SK/MTN/ASG

  • SENEGAL-ARMEES-INSTALLATION / Le général Mbaye Cissé prend le commandement des armées

    SENEGAL-ARMEES-INSTALLATION / Le général Mbaye Cissé prend le commandement des armées

    Dakar, 25 avr (APS) – Le général de corps d’armées, Mbaye Cissé, a été installé, officiellement, ce mardi, dans ses fonctions de chef d’état-major général des Armées sénégalaises.

    La cérémonie de prise de commandement s’est déroulée au quartier Dial Diop sous la présidence du ministre des Forces armées, Sidiki Kaba, en présence du haut commandant de la gendarmerie nationale et directeur de la justice militaire, Moussa Fall, ainsi que de plusieurs officiers généraux et des colonels dont le commandant de la zone militaire N°1, le colonel Mbaye Gueye.

    Plusieurs responsables et des chefs des services extérieurs ainsi que plusieurs personnalités civiles et de militaires à la retraite ont pris part à la cérémonie d’installation.

    La cérémonie a été également marquée par le dépôt d’une gerbe de fleurs au Mémorial du Souvenir, suivi de la signature du livre d’or par le général Cissé. Il a été élevé au grade de commandeur de l’ordre national du Lion avant de recevoir le fanion du commandement.

    La présidence sénégalaise a annoncé, début avril, l’élévation du général de division Mbaye Cissé au rang de général de Corps d’armée et sa nomination au poste de chef d’Etat-major général des armées (CEMGA) en remplacement du général Cheikh Wade.

    Le nouveau Chef d’Etat-major général des armées, le général de Corps d’armée Mbaye Cissé, âgé de 59 ans, est un officier supérieur rompu aux tâches du commandement.

    Ancien enfant de troupes au Prytanée militaire de Saint-Louis, le général Cissé, chef d’Etat-major particulier du président de la République jusqu’à sa nomination aux fonctions de CEMGA, a reçu ses galons d’officier à sa sortie de l’Ecole nationale des officiers d’active (ENOA) de Thiès, qu’il avait intégrée en 1988.

    Après une application pratique à l’Ecole d’application de l’artillerie de Draguignan, en France, il occupe successivement les postes d’officier observateur artillerie, d’officier de reconnaissance, et enfin d’officier de tir au sein de la batterie 105 HM2 Bravo et Alpha.

    A l’issue de son temps de commandement de chef de corps, le diplômé des Cours de capitaines à l’Ecole d’artillerie de Fort Sill (Okalhoma) intègre en 2009, l’Etat-major général des armées, en qualité de chef de la division Etudes générales jusqu’en 2012. Date à laquelle il rejoint la mission onusienne au Congo comme adjoint au chef de la cellule de la réforme du secteur de sécurité.

    De 2013 à 2015, il occupe les fonctions d’officier supérieur adjoint au commandant de la Zone militaire n°3 à Kaolack, sa ville natale, avant de rallier l’Etat-major de l’armée de Terre, comme Chef de la chaîne des ressources humaines.

    Breveté de l’enseignement militaire supérieur au Collège interarmées de défense (ex-Ecole de guerre Paris), il commande par la suite (2016-2019) la zone militaire n°2 à Saint-Louis, avant d’occuper le poste de chef de cabinet du Chef d’état-major général des Armées jusqu’en juin 2020. Il a été Directeur général du Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS) à partir de juillet 2020.

    Le Général Cissé, fils d’un gendarme, est diplômé de l’Ecole d’état-major et de commandement de l’Armée de Terre des Etats-Unis et breveté de l’Ecole supérieure de guerre de Paris (ex Collège interarmées de défense).

    Il a également suivi d’autres formations dans le domaine de la défense et de la réforme du secteur de sécurité en général.

    Il est titulaire d’un certificat de maîtrise en philosophie, d’un certificat d’études supérieures de psychologie et de sociologie, d’un Master 2 en relations internationales (option Droit public-Sécurité-Défense) obtenu à l’université Paris 2 Panthéon Assas, en France.

    L’ancien directeur de promotion, puis chef de la cellule tactique de l’ENOA est notamment l’auteur de l’ouvrage souvenir ‘’Jambaar 1960-2010’’, et ‘’Opération Fodé Kaba II’’ dans lequel il évoque les hauts faits militaires des armées sénégalaises en Gambie, en 1981.

    Lauréat de plusieurs distinctions, l’ancien directeur du Centre des hautes études de défense et de sécurité, a également à son actif plusieurs publications dans des revues militaires dans les domaines de la géopolitique, de la sécurité, de la défense et de l’histoire militaire.

    AN/OID

  • SENEGAL-MEDIAS-PROFIL / Hamidou Pouye, un journaliste qui vit son handicap sans complexe

    SENEGAL-MEDIAS-PROFIL / Hamidou Pouye, un journaliste qui vit son handicap sans complexe

    Thiès, 17 avr (APS) – Le journaliste Hamidou Pouye, fondateur de la radio Sen Vision Médias, fait partie de ces personnes pour lesquelles le handicap n’est pas un obstacle à la réalisation de leurs ambitions. 

    Cet ancien élève de l’Institut national de l’éducation et de la formation des jeunes aveugles (INEFJA) de Thiès (ouest) souffre d’un handicap visuel depuis son enfance. Mais il a su se frayer un chemin dans le journalisme, un métier exigeant et difficile. Ce n’est pas étonnant si l’on sait que, pour lui, ‘’la vie est un défi, un exploit à réaliser, des obstacles à franchir, une histoire à écrire’’. Cette conviction, le journaliste l’a en permanence.

    Hamidou Pouye, dont le père était aussi un malvoyant, a réussi, grâce à son amour et à sa passion pour le journalisme, à mettre sur pied Sen Vision Médias, une web radio qui ‘’diffuse des informations dans le respect des règles d’éthique et de déontologie’’.

    Son amour pour les médias date des années d’enfance. Une immense passion pour le journalisme ne cesse de le brûler.

    ‘’J’ai toujours eu de l’amour et de la passion pour les médias. Quand j’étais en 4e et en 5e à l’INEFJA (1997-1998), j’avais installé dans ma chambre […] une radio qui émettait sur la 93.3 FM’’, révèle-t-il. ‘’Mes camarades de classe, avec lesquels j’habitais dans l’établissement, captaient la radio pour écouter les émissions qu’elle diffusait depuis ma chambre.’’

    Des difficultés d’avoir une formation de journaliste 

    Même si sa vie professionnelle a été jalonnée de difficultés, Hamidou Pouye n’a jamais renoncé. Il ne cède pas devant les obstacles de la vie. Sa détermination était forte de relever les défis et de surmonter les obstacles, à l’instar des personnes ne vivant avec aucun handicap.

    Hamidou Pouye est resté plusieurs années sans pouvoir accéder à la formation de ses rêves, faute d’un ‘’cadre adapté aux personnes en situation de handicap visuel’’ au Sénégal.

    ‘’Après que j’ai obtenu le bac en 2007, j’ai eu quelques difficultés pour accéder à la formation. C’est en 2012 que j’ai pu m’inscrire à l’Ecole supérieur de la presse, de l’information et des techniques de santé de Thiès’’, raconte-t-il. Cette école, où il a passé trois années de formation en journalisme et communication, ferme ses portes sans qu’il ne puisse soutenir son mémoire de fin d’études.

    Malgré tout, le jeune homme pense qu’il n’existe pas d’obstacle à la réalisation de ses ambitions. Conscient de son talent, qu’il considère comme un ‘’don divin’’, Hamidou Pouye se tourne vers les radios communautaires pour surmonter les obstacles à l’accès à la formation et vivre pleinement sa passion. ‘’J’ai travaillé à Rufisque pour la radio Bambilor FM et la radio Jokko FM. J’ai également été employé par une radio communautaire implantée à Pikine’’, rappelle M. Pouye.

    Les trois années de formation sur le tas ont été son fil d’Ariane dans la profession de journaliste, car de l’expérience acquise durant sa collaboration avec ces radios est née ‘’l’idée de créer une chaîne YouTube et un site Internet’’. En 2018, Hamidou Pouye crée la radio Sen Vision Médias. Et c’est la concrétisation de son rêve de devenir journaliste de radio.

    Sen Vision Médias est animée exclusivement par des personnes en situation de handicap visuel, selon son fondateur.

    Le journaliste crée aussi Afreeka Beat Radio, une web radio dédiée à la musique.

    Avec une forte détermination, le passionné de journalisme radio met sur pied Al Misbax Radio, qui diffuse via Internet des contenus sur l’islam au Sénégal. L’ambition du journaliste est de promouvoir en même temps des valeurs. Surtout dans la région de Thiès, où il s’est basé.

    Depuis les Parcelles Assainies de Thiès, son quartier de résidence, Hamidou Pouye anime ses stations radio, avec la collaboration de quelques amis tous en situation de handicap visuel.

    ‘’J’ai installé moi-même le studio. J’ai branché moi-même les câbles et tous les autres outils nécessaires à l’installation et à la configuration des radios’’, dit-il.

    Une radio émettant sur la bande FM en ligne de mire

    Soucieux de partager ses connaissances, Hamidou Pouye dispense des cours à l’INEFJA. ‘’J’ai une classe de CE1 de sept élèves […] Je partage ma vie quotidienne entre l’école et la radio.’’

    Agé de 42 ans, le natif de Rufisque (ouest), marié et père de trois enfants, rêve d’avoir une radio émettant sur la bande FM, pour, dit-il, promouvoir la vie des personnes vivant avec un handicap.

    ‘’Nous voulons avoir une radio émettant sur la bande FM. Beaucoup de mes frères vivant en situation de handicap pensent que leur vie doit rimer avec mendicité. La future radio sera un moyen de communication, un outil pour déconstruire cette réalité et montrer qu’il existe une autre voie’’, explique M. Pouye, martelant : ‘’Nous pouvons travailler comme tout le monde et gagner notre vie dignement.’’

    L’insertion sociale des personnes en situation de handicap étant pour lui un défi à relever, le journaliste veut fonder un média dédié à leur cause. Il rêve aussi de créer des emplois par ce moyen.

    ‘’Je rêve d’avoir une radio émettant sur la bande FM pour aider ceux d’entre nous qui ne gagnent pas la confiance des entrepreneurs’’, affirme le fondateur de Sen Vision Médias, qui déplore le ‘’retard’’ de l’application de la loi d’orientation sociale. Cette loi est censée améliorer les conditions de vie des personnes vivant avec un handicap.

    ABD/ASG/ESF