Catégorie : Reportage Région

  • SENEGAL-ENVIRONNEMENT-AGRICULTURE-REPORTAGE / Les eaux usées recyclées, le bon filon des maraîchers de Thiès

    SENEGAL-ENVIRONNEMENT-AGRICULTURE-REPORTAGE / Les eaux usées recyclées, le bon filon des maraîchers de Thiès

    Par Baboucar Thiam

    Thiès, 24 fév (APS) – Les eaux usées, habituellement considérées comme un problème d’assainissement dont la mauvaise prise en charge impacte durablement le cadre de vie, révèlent leur grand potentiel dédié à la valorisation de l’horticulture dans les faubourgs de la commune de Thiès (ouest), plombé par le déficit pluviométrique lié au changement climatique.

    Les pouvoirs publics ont installé plusieurs stations de traitement dans la région, dont une à Keur Saïb Ndoye, dans les faubourgs de la cité du rail. Non loin de cette station, plus d’une centaine de maraîchers ont décidé de transformer en opportunité les problèmes d’assainissement courants des villes. Ils utilisent les eaux usées recyclées par cette station pour développer une agriculture sans engrais chimiques.

    A l’entrée de la station de Keur Saïb, à la lisière de Médina Fall, un quartier de la commune de Thiès Nord, se dresse un grand bassin surplombé d’une structure métallique, dont la rouille commence à ternir la peinture bleue.

    Cette station est fortement sollicitée pour le traitement des eaux usées issues des fosses septiques et du système d’assainissement de la ville de Thiès et ses environs.

    ‘’Il faut savoir que c’est la seule station d’épuration de la ville de Thiès’’, précise Amath Ndiaye, en charge de la gestion de cette installation chargée du traitement des eaux usées des ménages de Thiès et environs, acheminées ici par des camions-citernes, mais aussi via le réseau de drainage.

    Les eaux arrivent à cette station ‘’chargée de matières solides, de sable, de sachets plastiques et autres ordures ménagères, en plus de l’huile qu’elles contiennent’’, détaille le responsable de la station d’épuration, la trentaine révolue.

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    Le recyclage effectué par cette station nécessite l’utilisation de méthodes mécaniques, telles que la filtration et la décantation, ainsi que de méthodes biologiques et chimiques. Les eaux dont ont été extirpés les déchets solides, la graisse et le sable ‘’contiennent des matières fécales dissoutes, qui seront enlevées par un traitement biologique qu’elles subiront en dernier ressort dans des bassins’’, a-t-il signalé.

    Le processus d’épuration supervisé par un laborantin

    Cette opération appelée ‘’traitement tertiaire’’ est exécutée par des bactéries vivant dans des bassins dits biologiques, dans lesquels ces organismes microscopiques se nourrissent et se reproduisent aussi.

    Il s’agit de bassins relativement profonds dans lesquels ces bactéries se gavent des matières fécales dissoutes dans un liquide à l’aspect répulsif, malodorant du fait qu’il provient des égouts et des fosses septiques.

    Au besoin, la contenance des bassins peut être désinfectée en utilisant du chlore. Cette eau chlorée peut servir dans les travaux publics (construction routière, bâtiment). Mais parfois, elle n’a pas besoin d’être chlorée, car ayant été débarrassée de ses matières fécales et substances nuisibles, après l’intervention des bactéries.

    Cette eau reste riche en phosphore et en azote, deux puissants fertilisants, et ‘’est très prisée par les maraîchers, les arboriculteurs et les horticulteurs qui l’utilisent pour arroser leurs plantes’’, renseigne le responsable de la station.

    Tout le processus d’épuration est supervisé par un laborantin, qui effectue des prélèvements à toutes les étapes, pour ‘’s’assurer que l’eau qui sort de la station est totalement purifiée et est réutilisable pour l’agriculture ou rejetée dans la nature, sans risque’’.

    Comme pour rassurer, le responsable du laboratoire de contrôle de la station de Thiès, El Hadj Cissé montre trois bocaux contenant des échantillons d’eau de couleur noire, d’aspect plus clair et enfin de couleur jaunâtre. Ils représentent les trois états successifs des eaux usées, de leur arrivée en provenance du système d’assainissement ou des camions-citernes à la fin du processus d’épuration.

    ‘’Ici, nous avons les trois échantillons que nous avons analysés au niveau du laboratoire, donc nous connaissons exactement la composition physico-chimique des eaux qui arrivent et qui sortent de cette station, afin de respecter les normes de rejet de l’ONAS et du Sénégal’’, assure-t-il, ajoutant que des normes sont fixées pour chaque paramètre.

    Des ‘’lits de séchage’’ pour traiter la boue issue des eaux usées

    Après l’activité des bactéries, l’eau noirâtre, passée par le clarificateur, devient jaunâtre. Ce liquide, appelé ‘’eau clarifiée’’, subit une analyse visant à vérifier d’abord le respect, à cette étape, des normes de conception de l’usine de Keur Saïb Ndoye, ensuite, celui des normes de rejet sénégalaises.

    Avant tout rejet des eaux déjà traitées, quelques-uns de leurs paramètres sont nécessairement mesurés, afin de s’assurer qu’elles respectent les normes sénégalaises. Il s’agit du potentiel hydrique (PH), de la demande biochimique en oxygène (DBO), de la demande chimique en oxygène (DCO) et des matières en suspension.

    ‘’Tous ces paramètres sont analysés à partir des eaux qui sortent complètement de la station d’épuration’’, insiste le laborantin. Pour traiter la boue issue des eaux provenant du système d’assainissement et des fosses septiques, la station est dotée de ‘’lits de séchage’’.

    Les eaux boueuses sont drainées vers l’épaississeur, après quoi elles sont acheminées dans les lits de séchage munis de drains superposés en profondeur, découpés pour favoriser l’infiltration des eaux qu’elles contiennent.

    Une fois asséchée dans les bassins pendant 30 jours, ‘’cette boue est d’abord broyée, réduite en poudre, mise en sac et distribuée aux cultivateurs, maraîchers, horticulteurs, arboriculteurs et autres producteurs agricoles de la zone pour servir de fertilisant ‘’, indique le gérant de la station d’épuration de Tivaouane, Lamine Diop.

    Elle peut aussi être utilisée dans la fabrication de pavés, dit-il. De fait, face à la baisse des rendements des terres agricoles et la prolifération des fertilisants chimiques, qui constituent un danger pour l’environnement et la santé, la boue issue du traitement des eaux usées peut représenter une alternative pour fertiliser les terres, tout en contribuant à préserver l’environnement.

    Dans cette optique, la station alimente en eau et en fertilisants des producteurs actifs dans les périmètres maraîchers de la zone. Au bout de plus d’une dizaine de minutes de marche sur une route latéritique, jonchée de nids de poules, apparaît une longue clôture en fils barbelés, surmontée de plantes rampantes. Une allée débouche là sur des périmètres maraîchers.

     Des périmètres exploités 12 mois sur 12

    Le site abrite aussi une vaste lagune où sont déversées les eaux déjà traitées pouvant être utilisées pour le maraîchage. Un endroit captivant de par sa verdure. Un bosquet luxuriant entourant une étendue d’eau claire sur laquelle s’étalent à perte de vue de belles fleurs de nénuphars : c’est la lagune recevant les eaux traitées à leur sortie de la station d’épuration, à laquelle elle est directement connectée par des tuyaux d’évacuation. Rien, à première vue, ne peut laisser croire que cette eau vient des fosses septiques et du système d’assainissement de Thiès.

    L’espace abrite des périmètres maraîchers, des arbres fruitiers, mais également une grande variété de végétaux sauvages. Preuve du caractère fertilisant de l’eau déversée dans la lagune, l’environnement immédiat, telle une oasis, contraste nettement avec le reste du paysage à la ronde. ‘’Cette eau nous aide beaucoup’’, confie Moundiaye Diogoye, un jeune maraîcher dont l’activité dépend de cette eau.

    Le jeune homme informe que grâce à cette lagune, bon nombre de maraîchers exploitent ici des parcelles 12 mois sur 12. ‘’Tous les travailleurs que vous voyez ici, plus d’une centaine, utilisent l’eau recyclée qui vient de l’usine’’, renseigne Diogoye.

    En cette période post-hivernale coïncidant avec la saison froide, l’activité horticole bat son plein. Les parcelles sont épanouies. Différentes variétés de légumes sont produites dans ces périmètres arrosés et fertilisés avec des eaux et de la boue sorties droit de la station de Keur Saïb Ndoye.

    L’engrais et l’eau que nous utilisons, nous viennent de la station, note Diogoye, un horticulteur habitant Médina Fall, un quartier adjacent de Keur Saïb Ndoye.  ‘’Actuellement, nous recrutons beaucoup de saisonniers qui nous viennent de l’intérieur du pays : Kaolack, Fouta, mais également de la zone des Niayes’’, affirme le jeune producteur.

    Boues de vidange aussi efficaces que les engrais minéraux

    Selon le conseiller technique du directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS), Mouhamadou Guèye, ces maraîchers démontrent, par la pratique, que les eaux usées traitées et les produits dérivés comme la boue, ont un pouvoir fertilisant, avec un avantage supplémentaire : leur utilisation ne pollue pas les terres et les nappes phréatiques.

    ‘’C’est cela qu’il faut promouvoir, afin d’avoir une agriculture biologique, une agriculture qui préserve l’environnement, bref une agriculture durable’’, recommande-t-il, en rappelant que les engrais minéraux contiennent des substances contribuant au lessivage de nos terres et à créer ainsi une baisse des rendements agricoles.

    Il préconise donc l’utilisation de cet engrais biologique comme un moyen de préservation de l’environnement et, dans une certaine mesure, comme un outil d’adaptation au changement climatique. ‘’Il faut promouvoir l’utilisation de ces engrais’’, insiste le conseiller technique, laissant entendre que le contexte s’y prête, d’autant que l’Etat du Sénégal autorise et encourage même désormais l’utilisation de l’engrais organique. Ce qui, selon lui, n’était pas le cas il y a quelques années.

    Il fait savoir qu’il y a ‘’plus d’une quinzaine de stations de traitement de boue de vidange’’ au Sénégal, dans lesquelles les eaux issues des fosses septiques sont collectées, traitées et valorisées en boue séchée pour l’agriculture, avec l’utilisation d’omniprocesseurs permettant de transformer les boues de vidange en eau distillée et en cendres pour formuler de l’engrais organo-minéral destiné à l’agriculture.

    Le technicien soutient que des tests réalisés par des laboratoires de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ont montré que ces boues peuvent être utilisées directement, ‘’sans influence néfaste, sur les terres et sur les cultures, avec un pouvoir fertilisant aussi bon que celui des engrais minéraux et sans effet néfaste sur l’environnement’’.

    De même, il affirme qu’une étude de l’USAID, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international, a montré qu’on peut augmenter de 32 fois le potentiel de traitement des boues de vidange au Sénégal.

    ‘’Nous avons encore 32 fois [plus] de marge d’augmentation de ce potentiel, la valorisation des boues de vidange et des produits issus de l’assainissement n’a pas encore atteint sa maturité, nous n’en sommes qu’au début’’, avance-t-il.

    Les maraîchers ont remarqué un autre avantage : c’est que les productions obtenues à partir de l’eau et des produits dérivés du traitement des boues de vidange, se conservent plus longtemps.

    BT/ADI/BK/ASB/OID/ASG

  • SENEGAL-ENVIRONNEMENT-REPORTAGE / A Salguir, l’asséchement des marigots plombe les activités économiques

    SENEGAL-ENVIRONNEMENT-REPORTAGE / A Salguir, l’asséchement des marigots plombe les activités économiques

    Par Cheikh Gawane Diop

    Salguir (Saint-Louis), 13 fév (APS) – Le village de Salguir, situé au nord-est de la commune de Gandon, dans la région de Saint-Louis, est confronté à l’asséchement progressif de ses trois marigots plombant les activités économiques comme l’agriculture et la pêche.

    Autrefois appelé Salguir Diagne, cette localité comprend principalement un écosystème de trois marigots,  »Khant »,  »Ndjim » et  »Ndiasséou », qui jouait un rôle vital pour l’équilibre écologique et économique local. Une fonction perdue au fil des années à cause de l’asséchement progressif des marigots accentué par le déficit pluviométrique lié au changement climatique.    

    Situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Saint-Louis, Salguir subi les conséquences du changement climatique, qui ont entrainé, en plus du tarissement des marigots, une disparition de certaines espèces de la faune et de la flore de la zone. 

    Une visite de terrain organisée par l’African journalists forum, une association regroupant des journalistes et chercheurs africains, a permis de constater de visu ces impacts.

     »Le problème qu’on est en train de vivre ici, il faut le replacer dans le cadre du changement climatique global’’, a expliqué Boubou Aldiouma Sy, professeur de géographie, géomorphologie au laboratoire ‘’Leïdi’’, dynamique des territoires et développement, du département de géographie de l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.

     »Le changement climatique global constaté à Salguir, n’est pas lié en réalité à la présence humaine mais à des saisons astronomiques naturelles, dont la saison sèche climatique que nous sommes en train de vivre actuellement », a-t-il précisé.

    Il a indiqué que cette saison sèche remonte à 7 mille ans.  »Et, c’est cette saison d’ailleurs qui est à l’origine de l’asséchement des cours d’eau du Sahara, qui était verdoyant au néolithique’’, a-t-il relevé.

    Le géographe a expliqué que le changement climatique global a pour effet de modifier les paramètres climatiques comme la température, l’ensoleillement, le vent, et la destruction des végétaux.

     »Cette modification des paramètres climatiques renforce l’énergie éolienne et l’énergie hydrique et affecte aussi sensiblement les activités productives primaires de nos sociétés fondamentalement agraires », a dit le professeur.

     »Elle perturbe également le tréfonds socio-culturel, les activités économiques, et favorise les phénomènes migratoires », a-t-il encore relevé, indiquant qu’une localité comme Salguir, est confrontée aux effets de ce changement climatique global qui oblige les populations locales à développer des aptitudes locales pour survivre.

     »Ici dans le cas du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie et de la Guinée, la réaction d’adaptation des communautés face au déficit pluviométrique, a été la mise en place de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) pour développer la culture irriguée », a-t-il cité en exemple.

    Selon lui, la mise en place de cette organisation est une réponse au déficit pluviométrique qui s’est installé depuis les années 70.  »La réponse des communautés face ce phénomène naturel, était donc, la construction des barrages à Manantali au Mali et à Diama, près de Saint-Louis ».

    Il a expliqué qu’entre ces deux barrages, il y a un ensemble d’endiguement pour maîtriser l’écoulement du Fleuve Sénégal et mieux utiliser l’eau à des fins d’irrigation des périmètres agricoles villageois.

     »De telles mesures, ont tendance à modifier sensiblement la circulation naturelle de l’eau dans le lit mineur et dans la vallée du fleuve », a-t-il souligné, ajoutant que cet endiguement à partir du barrage de Diama, permet également, d’empêcher la remontée de la salinité vers l’est.

    Boubou Aldiouma Sy a expliqué par ailleurs que la fréquence du déficit pluviométrique, de l’ensoleillement et du vent traduit une sécheresse prononcée, une dégradation très prononcée des végétaux et des phénomènes d’aspiration.   »On parle, dans pareille situation de thermo capillarité », a-t-il déclaré.

    Les activités productives primaires menacées 

    Concernant la terre, un support des activités productives primaires, il a indiqué qu’il est en passe de se dégrader à Salguir du fait de la modification des paramètres climatiques.

    ‘’Le support (terre) des activités productives primaires (agriculture, élevage, pêche, commerce) est en train de se dégrader de façon sensible dans la zone de Salguir », a-t-il réitéré, appelant à mieux comprendre ces phénomènes à l’origine de la thermo capillarité et du changement climatique global.

     »Il faut comprendre la façon dont le changement climatique se manifeste sur les végétaux, sur l’eau, sur l’agriculture, sur l’élevage, sur les hommes et surtout sur les sols pour atténuer les impacts », a-t-il recommandé.

    Cependant, a-t-il ajouté, une fois que tout cela est compris, il faudra mettre en place des dispositifs pour minimiser ou bien freiner ces phénomènes naturels dans le but d’arriver à des exploitations plus durables.

    Le journaliste René Massiga Diouf, président de l’association African journalists forum, a expliqué que cette visite de terrain vise à sensibiliser les journalistes, alerter l’opinion et les autorités sur les effets du changement climatique à Salguir.

    Il a précisé que cette visite des membres de l’association African journalists forum s’inscrit dans la continuité des activités entamées depuis quelques mois dans plusieurs localités pour sensibiliser les autorités sur les effets des changements climatiques.

     »Dans le cadre de ces activités, on était dernièrement, à Pilote Bar, Tassinère et Doun Baba Dièye et Keur Bernard, des localités situées dans la zone côtière de Saint-Louis », a-t-il rappelé.

     »Aujourd’hui, encore on essaie de montrer une autre facette des manifestations du changement climatique à Salguir’’, a-t-il ajouté, soulignant que ce village stratégique jouait par le passé un rôle important, dans la production de produits agricoles et le débarquement de ressources halieutiques.

     »C’est une zone qui approvisionnait pratiquement toutes les villes environnantes en produits agricoles, en poissons et dérivés », a-t-il relevé, expliquant que cette visite de terrain vise à montrer  »la place et l’importance de Salguir » dans les activités productrices mais aussi à documenter les effets locaux du changement climatique.

     »C’est pour cela, pour être au complet, dans le cadre du travail que nous faisons depuis quelques années, il était de notre devoir de venir ici pour montrer aussi, les effets du changement climatique, une réalité qui doit être prise en compte par les autorités », a souligné M. Diouf, par ailleurs journaliste à la RTS, la télévision publique.

    L’asséchement des trois marigots plombe les activités économiques

    Il a relevé qu’aujourd’hui à Salguir, plusieurs activités économiques comme la pêche et l’agriculture sont au ralenti à cause de l’asséchement des trois marigots de la zone.   »Ces points d’eau, a-t-il rappelé, permettaient aux populations de pratiquer la pêche, en plus de pratiquer le maraîchage dans les zones environnantes ».

     »Aujourd’hui, le changement climatique a un impact considérable sur pratiquement tous ces écosystèmes. Donc, si on n’alerte pas, si on ne met pas l’accent là où il se doit, peut-être que d’ici quelques années, on va assister à des conséquences néfastes dans cette zone mais aussi pour le Sénégal de manière générale, a-t-il prévenu.

    Le typha, l’autre difficulté à Salguir

    Outre la dégradation des terres agricoles, l’asséchement des trois marigots, les écosystèmes humides de Salguir sont confrontés à la prolifération du typha, une plante aquatique envahissante.

    Dame Diagne, membre actif de l’association inter villageoise (AIV), n’y va pas par quatre chemins pour exprimer son désespoir.

    ‘’Nous rencontrons beaucoup de difficultés avec la prolifération du typha. Cette plante envahissante cause des difficultés au développement des activités productrices des populations villageoises », a-t-il déploré.

     »A l’époque, la pêche, le maraîchage étaient rentables dans le village. Mais aujourd’hui, presque tous les jeunes ont migré vers la ville de Saint-Louis faute d’activités génératrices de revenus. Ce phénomène d’exode rural est dû aux effets désastreux du changement climatique sur les activités productrices’’, a-t-il expliqué. 

    M. Diagne plaide en outre pour l’accès du village à l’électricité.  »C’est un village traditionnel fondé depuis 1932 par nos grands-pères », a-t-il renseigné, appelant également à désenclaver leur localité à travers la construction d’une route.

    Créée en 2012, African journalists forum se veut une plateforme d’échanges et d’actions au service des médias et des populations africaines.

    Cette association ambitionne de faire connaître les problèmes de développement auxquels le continent se trouve confronté en mettant à la disposition des populations, les outils nécessaires à leur résolution.   

    CGD/AB/ASB/OID

  • SENEGAL-ENVIRONNEMENT-CRUE-REPORTAGE / A Yaféra, le défi de la reconstruction, deux mois après le retrait des eaux du fleuve Sénégal

    SENEGAL-ENVIRONNEMENT-CRUE-REPORTAGE / A Yaféra, le défi de la reconstruction, deux mois après le retrait des eaux du fleuve Sénégal

    +++Par Abou Ndiaye+++

    Yaféra (Bakel), 3 jan (APS) – Les habitants de Yaféra, un village du département de Bakel, fortement impactés par le débordement du fleuve Sénégal en septembre et octobre, tentent de relever le défi de la reconstruction des maisons et des établissements scolaires pour reprendre une vie normale.

    Situé dans la commune de Ballou, entre les villages de Golmy et Aroundou, Yaféra se trouve à 35 kilomètres de la capitale départementale de Bakel.

    Après avoir traversé le village de Bema, distant de 14 Km de Bakel, une piste latérite mène vers Yaféra en passant par Koughany et Golmy. 

    Peuplée à 90% de Soninkés, la localité est nichée à l’est, sur la rive du fleuve Sénégal. Avec plus 2.200 habitants, Yaféra est devenu tristement célèbre lors du débordement du fleuve Sénégal qui a impacté toutes les concessions. 

    Deux mois après cette situation douloureuse, la vie reprend son cours normal. Les rues, les maisons et les établissements scolaires qui étaient devenus impraticables, sont aujourd’hui libérés des eaux.

    Mais les populations de l’arrondissement de Moudéry gardent toujours de douleurs souvenirs de cet épisode qu’elles ont vécus pour la première fois.

    « Les gens avaient peur, ils étaient bouleversés. Beaucoup d’entre eux avaient abandonné leurs maisons, parce que ce n’était plus sûr de rester dans un bâtiment envahi par les eaux’’, se souvient Lassana Timéra, administrateur de « Yaféra Tv ».  

    L’enthousiasme d’un retour à la normale malgré les dégâts

    Trouvé dans son lieu de travail, Lassana Timéra reste toujours peiné de l’envahissement par les eaux de son village natal,  causant un arrêt total des activités génératrices de revenus. 

    « Le village était à l’arrêt. Le plus inquiétant c’est qu’il n’y avait plus de réseau téléphonique ni d’électricité. Personne ne pouvait travailler pour avoir de quoi assurer les repas quotidiens », selon Timéra.

    Même si les ruelles sont devenues de nouveau praticables, dans les maisons, les stigmates de la furie des eaux sont toujours visibles. 

    C’est le cas à l’école franco-arabe située dans le quartier Modinkany où l’eau avait envahi toutes les salles de classe et endommagé des tables bancs et le matériel didactique.  

    Sur la terrasse de l’établissement, des livres arabes, français et autres matériels sont exposés au soleil. 

    « On avait démarré les cours le 03 octobre. Le vendredi 11 octobre, l’eau a commencé à envahir le village et le samedi, nous étions dans l’impasse », souligne Dramane Timéra, natif de Yaféra et enseignant dans cette école. 

    « On a arrêté les cours le 13 octobre. Quand l’eau a envahi l’école à la surprise générale, tout le matériel était stocké dans les armoires et salles de classe et à la hâte, on est venu récupérer ce qu’on pouvait », ajoute M. Timéra. 

    L’école qui compte plus de 200 élèves a beaucoup de matériels.

    “Le directeur a fait une expression de besoins à l’inspection de Bakel, on a reçu quelques fournitures scolaires mais pas de tables bancs. Dans certaines salles, les élèves s’assoient à trois », fait-il savoir.  

    Au bord du fleuve, des périmètres maraîchers sont de nouveau aménagés après que le fleuve a retrouvé son lit normal. Des pirogues qui servaient de transport dans le village sont rangées sur la berge, en ce début de matinée. 

    Assis sur sa pirogue, pagaie à la main, Samané Doucouré revient d’une traversée en Mauritanie. Après l’arrêt de son travail pendant quelque temps, il est heureux de retrouver son gagne-pain. 

    « Je n’ai autre chose que ce travail; assurer la traversée entre Yaféra et Diogoutouro (Mauritanie). Avec les inondations, le travail était à l’arrêt. Nos pirogues servaient à transporter les gens. C’était difficile pour nous », dit-il désolé, soulignant que ses deux chambres et toilettes construites en banco n’ont pas pu résister à la furie des eaux. 

    Une préoccupation, reconstruire les bâtiments   

    Dans le village, plusieurs maisons en banco sont tombées. Celles qui tiennent debout sont éventrées et abandonnées par leurs propriétaires.  

    Assis sur une chaise, superposant des vêtements pour se protéger de la fraîcheur matinale, Khalilou Keïta contemple avec un grand désarroi le sort de leurs trois bâtiments emportés par les eaux. 

    « Tous nos bâtiments sont à terre. La famille est au niveau du site de relogement. Je suis resté pour surveiller le bétail parce qu’on ne peut pas garder les animaux au niveau du site et les matériels restant », souligne Keita qui a aménagé une case en paille dans la maison abandonnée par sa famille. 

    « Nous remercions l’État pour l’accompagnement en vivres, ça nous a beaucoup soulagé durant les moments difficiles. Actuellement, c’est la reconstruction de nos maisons qui nous préoccupe », dit-il.  

    Boubou Baby, un père de famille, est lui aussi préoccupé par le travail de reconstruction. Selon cet octogénaire, de retour dans sa maison, après avoir été relogé dans une école, la situation est toujours difficile. 

    « C’est ce qui reste de ma maison. J’ai perdu deux bâtiments. L’un avait six chambres et l’autre trois chambres, ils ont été emportés par les eaux », confie M. Baby qui se rappelle les inondations en 1955 à Yaféra. 

    « On ne pouvait pas rester encore à l’école mais la situation est toujours difficile. On n’a pas les moyens pour reconstruire nos maisons. Je n’ai pas de parents émigrés pour m’aider, mes enfants sont dans le village et ne travaillent plus depuis quelque temps », avance-t-il. 

    Ce désir de reconstruction des habitations et de reprendre leur quotidien animent également les sinistrés trouvés dans un site de relogement près du forage du village. 

    Environ cinquante-deux personnes de trois familles différentes (Traoré, Baby, Keïta) occupent le site depuis le début de la montée des eaux. 

    « L’État nous a vraiment accompagné en vivres depuis que nous sommes ici. Il y a aussi l’appui des bonnes volontés. Mais actuellement, on veut reconstruire nos maisons et y retourner. On n’a pas les moyens pour y arriver, nous demandons l’appui de l’État à ce niveau aussi », plaide Lassana Keïta, qui occupe une tente. 

    Pour ce boulanger qui a perdu son lieu de travail avec les inondations, la vie est loin d’être facile dans un site de relogement où il faut toujours attendre de l’État et des bonnes volontés. 

    « On n’a plus rien, plus de travail. On ne se nourrit que grâce aux appuis de l’État surtout et des bonnes volontés. Sinon, la situation allait être plus dure », regrette Lassana Keïta, père de famille. 

    « Avec cette fraîcheur, sous les tentes, on a du mal. Il fait froid actuellement, on n’a pas de couverture ni d’habits lourds pour se protéger de la fraîcheur. Nous voulons de l’aide pour reconstruire nos maisons et reprendre notre vie quotidienne », plaide-t-il.

    Les sinistrés souhaitent être accompagnés dans la reconstruction de leurs logements.

    « C’est des maisons en banco et la plupart des familles n’ont pas de moyens. J’ai toujours voulu attirer l’attention des autorités sur cette période post-inondation. C’est un moment très dur pour les sinistrés notamment pour la reconstruction de leurs maisons », indique Cheikhna Camara, maire de la commune de Ballou.  

    Lors d’un entretien téléphonique, M. Camara a également plaidé pour plus d’accompagnement. « On souhaiterait que les sinistrés puissent vraiment bénéficier de ce projet de construction de logement en faveur des familles démunies », a dit Cheikhna Camara. 

    AND/ABD/ASB/SKS/SBS/OID