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  • SENEGAL-INONDATIONS-REPORTAGE / Dandé Mayo Nord : le quotidien des habitants perturbé par une crue abondante

    SENEGAL-INONDATIONS-REPORTAGE / Dandé Mayo Nord : le quotidien des habitants perturbé par une crue abondante

     Par Amadou Thiam

    Matam, 8 oct (APS) – Des hectares de périmètres rizicoles et des habitations sous les eaux. Depuis quelques semaines, le décor est identique dans certains villages du Dandé Mayo Nord, une partie de la région de Matam située au bord du fleuve Sénégal, qui a connu une forte crue cette année.

    Conséquence de la crue abondante, la pirogue reste la seule solution pour ceux qui veulent se rendre à Dandé Mayo.

    Pour accéder dans cette partie de la région, il faut passer par Ndouloumadji, en empruntant l’un des trois ponts du département qui relie le walo (terme désignant les terres de la vallée inondables par les eaux du fleuve) et le diéry (terres non inondables par les eaux du fleuve).

    A partir de cet ouvrage, dont le franchissement est interdit aux poids lourds, on mesure aisément la vitesse de l’onde de crue et distingue clairement le clapotis de l’eau. L’air devient plus humide.

    L’eau du fleuve, à force de monter, a envahi des périmètres agricoles et un terrain de football du village.

    A des centaines de mètres de là, le village dit Virage laisse apparaitre ses cases. Passé ce village, la piste devient impraticable. Le voyageur doit s’accrocher pour éviter de tomber. Des deux côtés de la piste, on peut mesurer l’ampleur de la crue.

    Sur la latérite, la force du courant n’a rien épargné sur son passage. Des sacs de terre et autres grosses pierres n’ont pas résisté à la force de l’eau.

    Une dizaine de kilomètres après, plusieurs véhicules sont arrêtés, peu avant Nguidjilone, sur ordre d’un groupe de gens s’attelant à réparer la piste. Tous les passagers de minibus, de véhicules particuliers et même d’une délégation de la SAED, la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta du fleuve Sénégal, doivent patienter avant de poursuivre leur route.

    Une odeur de poisson frais s’exhale de certaines voitures. Excédée, une des propriétaires des caisses à poisson crie toute sa colère. Elle ne supporte pas que les jeunes et adultes qui réparent la piste immobilisent les voitures pour continuer à travailler.

     »Nous devons rentrer dans nos villages pour vendre nos poissons et gagner un peu d’argent. Si vous nous empêchez de passer, vous allez nous faire perdre de l’argent, parce que les produits risquent de se détériorer’’, fulmine-t-elle.

    L’eau coule à une très grande vitesse, une force à laquelle ne résistent guère les sacs à terre faisant office de digue. Chacun essaie autant que faire se peut d’éviter de s’embourber. Des jeunes tentent d’expliquer au délégué régional de la SAED le bien-fondé de leur démarche.

    Sacs de sable, pierres et autres matériaux

     »Nous ne pouvons pas vous laisser passer et empêcher les autres, même si vous êtes en mission. Nous avons immobilisé le véhicule d’un marabout qui a accepté de s’arrêter. Nous voulons juste mettre des sacs de sable et des pierres pour rendre la route un peu praticable », crie un adulte, sans doute le chef du groupe.

    Un véhicule de couleur blanche assurant le transport des pierres et sacs de sable attend de descendre son chargement. Après une marche arrière, le chauffeur positionne son véhicule pour permettre aux habitants du village d’enlever les sacs et les pierres dont ils se servent pour remblayer la route.

    Après plusieurs minutes d’explication avec les passagers, la délégation de la SAED et d’autres voyageurs, la route est ouverte. Un chauffeur, énervé par cette situation, déplore le blocage de la piste.  »Personne ne va rien payer », lance-t-il.

    Le marabout, dont le véhicule s’était garé un peu à l’écart, reprend son chemin, escorté par un groupe de gens.

    A moins d’un kilomètre se trouve la base de la société en charge de la construction de la route du Dandé Mayo nord.

    A l’entrée de Nguidilone, maisons, écoles et mosquées sont inondées.

    De l’autre côté de la route, une zone inhabitée est aussi sous les eaux. Au loin, les périmètres agricoles sont littéralement recouvertes d’eau. Une situation qui contraste avec le reste du village, épargné par la furie du fleuve.

    Ce même décor est presque visible tout le long de la route du Dandé Mayo Nord. A Diowol, le fleuve et le bras du fleuve ne font plus qu’un, engloutissant le sable fin de Bilbassi.

    Sur le chemin latéritique et parfois cahoteux, où des dos d’âne faits de sacs de sable et de cordes ralentissent les véhicules, la vue sur le fleuve donne un aperçu des conséquences de la montée des eaux.

    A Nguidilone, c’est l’entrée du village qui est la partie la plus impactée par le débordement du fleuve Sénégal. Par contre, à Sinthiou Diam Dioro, dans la commune de Dabia, c’est tout le village qui est immergé.

    Arrivé à hauteur d’un radié, on aperçoit un bus immobilisé. Il s’est embourbé au tout début du débordement du fleuve. Ce véhicule de transport appelé ‘’horaire’’ assurait la desserte entre Dakar et le Dandé Mayo nord.

    Sinthiou Diam Dioro, localité la plus impactée

     »On peut dire que c’est presque 95% du village qui est sous les eaux. Tous les bâtiments en banco sont tombés, il ne reste que les constructions en ciment », explique Moussa Diaw, un habitant du village.

    Diaw est venu rencontrer le directeur général de la SAED en visite dans les périmètres agricoles de Sinthiou Diam Dioro qui sont épargnés par les eaux.

    Bati Sow, une habitante du village, déclare avoir eu du mal à sortir du village, à cause du débordement du fleuve, qui n’a pas épargné, selon elle, une partie des cimetières.

     »Pour se déplacer dans le village, aller à la boutique ou au marché, les gens prennent des pirogues », déclare-t-elle. Elle déplore le fait que les ministres qui étaient dans la région jeudi ne sont pas venus jusqu’à Sinthiou Diam Dioro, considéré comme la localité la plus impactée par la crue.

    Mais la situation est plus critique dans la zone du Dandé Mayo Nord située derrière Orefondé. Le pont reliant le walo au diéry est submergée, empêchant le passage des voitures.

    Même à Oréfondé, l’eau est arrivée jusqu’aux abords de certaines maisons.

    C’est ici que ceux qui se rendent dans le Dandé Mayo viennent prendre des pirogues. Ce qui était une terre ferme est devenu un lieu d’embarcation, faisant de la berge un lieu de vie. Des commerces s’y développent avec la vente de cacahuètes, d’eau fraîche et autres boissons. Le débordement du fleuve fait aussi le bonheur des charretiers.

    De la Route nationale numéro 2 (RN 2) jusqu’au point de traversée, chaque passager en partance pour le Dandé Mayo doit débourser 100 francs CFA pour emprunter une charrette.

    Sur le rivage, deux pirogues à moteur ont accosté en attendant de trouver des clients.  »Le transport peut durer une heure de temps. Arrivé à Diorbivol, le passager qui veut continuer prend un véhicule. Seuls ceux qui sont dans ce village reprennent une pirogue’’, explique un piroguier.

    AT/ASB/OID/FKS/ASG

  • SENEGAL-FLEUVE-CRUE / Matam : des habitants de Gourel Défa évacuent leurs maisons à cause de la montée des eaux du fleuve

    SENEGAL-FLEUVE-CRUE / Matam : des habitants de Gourel Défa évacuent leurs maisons à cause de la montée des eaux du fleuve

    Gourel Défa (Matam) – Beaucoup d’habitants de Gourel Défa, un quartier de la commune de Matam (nord), ont commencé à quitter leurs maisons, à cause des inondations causées par la montée des eaux du fleuve Sénégal, a constaté l’APS.

    La digue de protection, qui le ceinture, n’a en effet pas tenu face à la crue déferlante. Les eaux ont envahi ce quartier situé au bord de la route principale menant vers Diamel, un autre quartier de Matam.

    À Défa, les maisons sont espacées les unes des autres de plusieurs mètres. Des concessions de fortune côtoient des bâtiments en dur en construction.

    Certains de ces bâtiments, déjà prêts à être habités, sont pourtant vides et fermées à clé. D’autres constructions sont au stade des fondations. Quelques-unes d’entre elles sont entièrement envahies par les eaux.

    Kadia Sow, une habitante du quartier, est obligée de patauger avec ses trois enfants pour sortir de sa maison. C’est la seule manière pour elle de rejoindre la route principale du quartier afin d’aller vaquer à ses occupations.

    Derrière elle, sa fille cadette crie de toutes ses forces, devant l’impossibilité pour elle de suivre le rythme de sa mère.

    Cette dame d’une quarantaine d’années vit sous les eaux depuis plusieurs jours. Sa maison, comme beaucoup d’autres de ce quartier de la commune de Matam, sont à la merci des eaux du fleuve. Celles-ci ne cessent en effet de monter et ont dépassé la cote d’alerte de 8 mètres à la station de Matam.

    Elle dit avoir déjà fait ses bagages et s’apprête à quitter la demeure familiale en compagnie de ses enfants.

     »Un de mes fils est parti hier. Mon mari est allé chercher un endroit où il pourra habiter le temps que la situation revienne à la normale. Moi, je vais rejoindre ma famille à Tiguéré », explique-t-elle.

    Une ampleur inédite

    Et comme à l’ordinaire depuis quelques jours, Gourel Défa s’est réveillé en cette matinée au milieu des eaux qui l’encerclent de partout.

    Sur une charrette, des femmes s’apprêtent à quitter les lieux pour se rendre au marché central de Matam, où elles mènent des activités commerciales.

    À l’évocation de la question des inondations dans leur quartier, elles décident aussitôt de descendre de la charrette, un moyen de locomotion très prisé dans cette partie de la commune de Matam, pour parler de leur situation.

    De mémoire de ses habitants, Gourel Défa n’a jamais été confronté à des inondations d’une ampleur aussi grande que celle de cette année.

     »J’habite ici depuis plusieurs années, mais je n’ai jamais connu cette situation. La montée des eaux n’a jamais créé des inondations dans ce quartier », déclare Marième Diaw, une habitante de Gourel Défa d’un âge avancé.

    Pendant qu’elle parle, d’autres femmes sinistrées accourent pour l’entourer, comme pour mieux conforter ses propos.

    Non loin de la maison de Kadia Sow se trouve une autre concession totalement inondée. Ici, l’eau s’est arrêtée juste à l’entrée du bâtiment principal. Les toilettes, situées en dehors de la bâtisse, sont également envahies par les eaux, de même que les alentours du puits.

    Une résidente marche pieds nus sur plusieurs mètres avant d’atteindre la terre ferme.

    En face, un bâtiment en construction devant abriter des bureaux de la Douane n’est pas, non plus, épargné.

    Pour le jeune Abdourahmane Diop, qui s’active dans le transport fluvial entre Matam (Sénégal) et Réwoyel (Mauritanie), les habitants du quartier n’ont d’autre choix que de déménager.

     »Beaucoup d’habitants ont quitté le quartier pour aller trouver des logements à Soubalo [quartier de Matam] ou ailleurs. Nous n’avons jamais vécu une situation pareille depuis que j’habite ici », souligne-t-il.

    AT/SBS/ASG/BK

  • SENEGAL-SPORT / Le fitness en plein air, une activité en essor à Dakar

    SENEGAL-SPORT / Le fitness en plein air, une activité en essor à Dakar

    +++Par Sokhna Guèye+++

    Dakar, 23 sept (APS) – A Dakar, la capitale sénégalaise, la pratique du fitness, abréviation de l’expression anglaise ‘’physical fitness’’ (forme physique) est de plus en plus développée. Les clubs de fitness, dans des salles dédiées ou en pleine rue, sont en plein essor, et sont fréquentés par des pratiquants, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, de plus en plus nombreux.

    A la place de la Nation, ex-place de l’Obélisque, dans le quartier de Colobane, le fitness se pratique en plein air. Il est 20 heures sur les lieux. Les pratiquants commencent à arriver, seul ou par petits groupes, et enfilent leur tenue de sport. Une sono diffuse une musique techno entrainante, tandis qu’une jeune fille balaie l’espace qui, bientôt, sera prise d’assaut par ces sportifs du soir.

    Marie Diop, la quarantaine, qui a commencé à pratiquer le fitness en plein air il y a juste un an, est de ceux-là. ‘’C’est une pratique vraiment bénéfique pour moi, car j’avais pris du poids. Mais depuis que je viens ici, à Colobane, je suis devenue un peu plus fine’’, dit-elle dans un léger sourire laissant paraître une certaine fierté.  

    Selon elle, la perte de poids n’est pas le seul avantage qu’elle tire de la fréquentation de ce club de fitness.

    ‘’Je m’essoufflais très vite, mais le fitness m’a beaucoup aidé à réguler mon rythme cardiaque. C’est vraiment une activité idéale pour la santé’’, dit-elle.

    Les membres de Colobane fitness Club (Septembre 2024)

    En effet, avec le développement des maladies cardiovasculaires, le sport et le fitness particulièrement, l’a aidé ‘’à brûler beaucoup de calories’’ et ‘’à afficher une bonne mine’’.

    C’est pourquoi, chaque soir, Marie Diop enfile son jogging pour sa séance de fitness de 30 minutes, qui lui a permis de perdre ‘’pas moins de 5 kilos superflus, de la mauvaise graisse’’, sourit-elle, conseillant aux femmes de son âge et aux plus âgées de faire comme elle.   

    ‘’Bien se sentir, physiquement et mentalement’’

    Un peu plus expérimenté que Marie Diop dans la pratique du fitness, M. Camara confie qu’il a débuté en 2020, et depuis lors, ‘’je ne me suis pas arrêté’’, dit-il.

    Comme Marie Diop, le fitness est pour lui un moyen efficace de se ‘’sentir bien mentalement et physiquement’’. Mieux, ajoute-t-il,  »les exercices de cardio, qui renforcent le cœur, sont essentiels pour maintenir et améliorer la santé’’.

    Au club de fitness de la place de la nation, les pensionnaires sont non seulement initiés à l’aérobic, un mélange de mouvements chorégraphiques en musique permettant de développer la souplesse, et au ‘’BodyAttack’’, mais également à des exercices de self-défense.

    ‘’Outre le fitness simple l’aérobic et le BodyAttack, nos moniteurs nous enseignent également, le +BodyCombat+’’, un entraînement d’arts martiaux, renseigne M. Camara.

    Exercices de self défense sans contact

    Joignant la parole à l’acte, on le voit, au milieu de ce groupe mixte, donner des coups de poings et des coups de pied sans contact, pendant plusieurs minutes.

    Une remise en forme dans la bonne humeur

    Malgré la sueur qui dégouline de son front, M. Camara exécute ses mouvements à cœur joie. ‘’Le fitness est une pratique sportive exécutée de manière décontractée. Il me permet d’évacuer le stress, de m’entraîner avec amusement’’, dit-il.

    Le club de fitness de la place de la nation, Colobane Fitness Club (CFC), sur le papier, a été créé le 9 août 2019, renseigne son fondateur, Modou Samb, qui dit pratiquer assidument le sport et les arts martiaux depuis 1996.

    ‘’C’est une association légalement reconnue avec un bureau comprenant un président, un vice-président, un secrétaire général, un trésorier, etc.’’, explique-t-il.

    Selon lui, un certain nombre de critères d’adhésion est édicté, que les adhérents sont tenus de respecter.

    ‘’Nous veillons à la discipline, le comportement et l’habillement décent des membres de CFC. C’est cela qui nous a permis de nouer des jumelages avec d’autres clubs de fitness dans les régions du pays. Nous sommes également en contact avec d’autres collègues coachs de pays africains comme le Mali, Rwanda, Afrique du Sud, par exemple’’, se félicite-t-il.  

    Modou Samb, fondateur de Colobane fitness Club

    Sur les bienfaits du fitness, Modou Samb indique qu’il s’agit d’‘’une activité qui permet d’améliorer, de façon générale, son état de santé, sa musculation ou simplement à un pratiquant de s’adonner à une remise en forme’’.

    A titre d’exemple, il ajoute que les exercices de cardio, parce qu’ils renforcent le cœur, permet d’avoir une bonne oxygénation sanguine, et ainsi de prévenir et de lutter contre les risques de tension artérielle.  

    De plus en plus de femmes et de jeunes filles

    A en croire Modou Samb, l’adhésion au CFC, ouvert du lundi au vendredi, est plus abordable comparé aux salles de fitness. ‘’Il faut d’abord payer des frais d’inscription à 8 000 francs CFA. Ensuite, 100 francs CFA par jour ou 2 000 francs le mois et 3 000 francs CFA la tenue de sport’’.

    ‘’Colobane fitness club est un club social qui organise des actions caritatives durant les mois de ramadan, dans les mosquées, et aide ses membres en cas de maladies ou en cas d’urgence’’, ajoute El Hadj Sarr, le trésorier du CFC.

    Vantant les mérites de ce club de fitness, il déclare que leurs moniteurs proposent aux adhérents, selon leurs besoins, des exercices de musculation, d’amincissement, en plus du bien-être sur le plan de la santé ; le tout dans une ambiance psycho-sociale qui font qu’ils se sentent zen.    

     

    Aujourd’hui, constate El Hadj Sarr pour s’en réjouir, de plus en plus de gens, les femmes notamment, pratiquent le fitness.

    ‘’C’est devenu une mode, une bonne alternative pour tous ceux qui ne savent pas quel sport pratiquer. Les femmes et les filles, qui pratiquent de plus en plus le fitness, se sont rendues compte de ses bienfaits, sur le plan de la santé et de l’esthétique de leur corps’’, observe-t-il.

    SOG/ABB/FKS/OID

  • SENEGAL-SOCIETE / A Dakar, les lavandières confrontées à la concurrence des laveries automatiques

    SENEGAL-SOCIETE / A Dakar, les lavandières confrontées à la concurrence des laveries automatiques

    +++Par Sokhna Guèye+++

    Dakar, 13 sept (APS) – Dans plusieurs quartiers de Dakar, il est fréquent de voir un groupe de femmes, jeunes et moins jeunes, laver le linge, à la devanture de maisons ou dans un espace ouvert, entourées de plusieurs bassines remplies de vêtements.

    Appelées lavandières ou lingères, ces femmes sont pour la plupart originaires du monde rural qu’elles quittent pour la capitale, Dakar, à la recherche d’une vie meilleure. Elles effectuent un travail pénible, espérant, avec l’argent gagné, avoir de quoi payer le loyer d’une chambrette à Dakar et également envoyer un peu d’argent à la famille restée au village.   

    Mais aujourd’hui, ces lingères font face à la concurrence de laveries automatiques ou pressings de plus en plus présentes dans la capitale.

    Au quartier Médina, par exemple, Souleymane Faye, assisté d’un jeune garçon, tient un pressing, un magasin devenu exigu, car faisant également office de multi-services. Des vêtements propres sont ensachés et posés de part et d’autre du local, pendant que le linge sale est mis dans une machine à laver et que d’autres habits sont étalés sur le sèche-linge.

    Les tarifs appliqués par Souleymane s’élèvent entre 600 et 4 000 francs CFA, selon le type d’habit (teeshirts, chemises, pantalons ou boubou) ou s’agissant d’un drap de lit ou d’une couette.

    ‘’Dans certains pressings, le tarif est fixé en fonction du poids du linge, mais chez nous, nos prix sont arrimés au volume de la bassine. On paye 800 francs CFA pour un pantalon, 600 francs CFA pour un tee-shirt et 700 francs CFA pour une chemise’’, explique-t-il.

    A Dakar, de plus en plus de machines à laver ou de blancheries automatiques sont installées un peu partout dans les quartiers 

    Dans son pressing, Souleymane offre également un service de repassage moyennant le paiement de la somme de 4 000 francs CFA.

    Selon lui, ‘’le travail se passe bien’’. D’ailleurs, espère-t-il trouver un magasin plus spacieux afin de mieux organiser son travail et faire croître son chiffre d’affaires.

    Si Souleymane se frotte les mains, il n’est pas sûr que les lavandières peuvent en dire autant. Au quartier Médina, où il est fréquent de les voir en groupe, s’affairant sur les trottoirs, devant des bassines remplies d’eau et de linge sale, les lingères disent ressentir la concurrence des laveries automatiques, sans pour autant se plaindre outre mesure.

    Les lingères font de la résistance

    ‘’Même si la concurrence des pressings est réelle, les clients continuent à nous solliciter, car les machines à laver ne peuvent pas enlever toutes les impuretés qu’on peut retrouver sur des habits’’, renseigne Fatou Sène, originaire de Ngoundiane, dans la région de Thiès.

    Assise devant un tas de linge sale, elle indique que ses tarifs sont de loin inférieurs à ceux appliqués par les tenanciers des blanchisseries.

    ‘’Un pantalon est lavé et repassé moyennant 200 francs CFA, une chemise à 200 francs CFA, un tee-shirt à 200 francs CFA et un drap de lit à 500 francs CFA. Les boubous et autres habits traditionnels sont lavés à 1 500 francs CFA’’, détaille-t-elle.   

    Il arrive, ajoute cette dame, que les clients se fassent rares, ‘’durant la saison des pluies, notamment, car nous travaillons à l’air libre, à même les trottoirs’’.  

    Pour sécher le linge, elle est ses congénères usent du système D, accrochant le linge à des clôtures, des cordes tendues entre deux arbres.

    Pis, il leur arrive, elle est ses collègues lingères, de recevoir des menaces de déguerpissement venant des autorités du quartier ou de la mairie.  

    Et en l’absence de clients, ‘’nous faisons du porte-à-porte pour proposer nos services’’, ajoute Fatou Sène, qui dit toutefois compter sur certains qu’elle a réussi à fidéliser.

    A la Médina, des lavandières en train de laver du linge sur les trottoirs 

    Accompagnées de leurs enfants qu’elles portent, pour certaines, sur le dos ou qu’elles laissent jouer sur les trottoirs, tout en frottant frénétiquement les vêtements à laver, les lavandières trouvées à la Médina sont tiraillées entre leur travail et la surveillance de leur progéniture.

    Technologie et nouvelles habitudes de consommation

    A quelques pâtés de maisons du lieu de travail de fortune de Fatou Sène, Aïssatou Ndione, une autre lingère, est à la tâche. Elle soutient que le développement des blanchisseries automatiques dans le quartier, a affecté son travail.

    ‘’Aujourd’hui, beaucoup de mes anciens clients préfèrent les machines à laver et le fer à repasser électrique. La concurrence des laveries modernes rend désormais notre travail de moins en moins rentable’’, constate amère cette dame aux 20 ans d’expérience dans le lavage manuel.

    Face à cette concurrence ‘’asymétrique’’, Aïssatou Ndione mise sur les tarifs bas qu’elle pratique, comparé aux laveries automatiques.  

    Quoique flexibles, les tarifs de ses services lui permettent, tant bien que mal, de vivre à la force de ses biceps mais, précise-t-elle : ‘’Il est plus fructueux pour moi d’avoir un client avec plusieurs vêtements à laver. Dans pareil cas, le prix est fixé par cuvette, alors qu’un article unique ne me rapporte quasiment rien’’.  

    Si pour une serviette, par exemple, elle demande 300 francs CFA tout au plus, ‘’je lave une cuvette remplie de linge à 3 000 francs CFA’’, dit Aïssatou Ndione.

    De nos jours, la technologie a bouleversé la pratique de beaucoup de métiers et créé de nouvelles habitudes chez les gens. Le travail de lingère ne fait, hélas, pas exception.

    Selon plusieurs d’entre elles interrogées par l’APS, ‘’l’apparition des blanchisseries automatiques et autres machines à laver, installées un peu partout à Dakar, a fait baisser (leur) chiffre d’affaires’’.

    SOG/ABB/OID

  • SENEGAL-SOCIETE / La plage de Soumbédioune, point de convergence des amateurs de poissons grillés

    SENEGAL-SOCIETE / La plage de Soumbédioune, point de convergence des amateurs de poissons grillés

    Par Sokhna Guèye

    Dakar, 4 août (APS) – La plage de Soumbédioune, située près du quai de pêche éponyme, est devenue en cette période de l’année le principal lieu de convergence des amateurs de poissons et fruits de mer grillés, qui, tous les soirs, y viennent par groupes pour déguster leurs mets préférés.

    En cette période de grandes vacances, coïncidant avec la forte chaleur, de nombreuses personnes y affluent à la tombée de la nuit pour des dégustations, baignades et rencontres amoureuses.

    C’est vers 21 heures que les noctambules finissent de prendre possession de cette plage de Soumbédioune coincée entre la Cour suprême et l’hôtel Terrou Bi. Le parking ne désemplit pas, à cause du ballet incessant des véhicules. Dans l’air flotte une odeur de poisson grillé.

    Tous les soirs, le poisson et les fruits de mer grillés attirent de plus en plus d’amateurs, en cette période de grandes vacances

    Au bout de quelques mètres d’un chemin cahoteux, apparait dans toute sa splendeur cette oasis marine, bordée de gauche à droite par des brise-lames. L’endroit fait figure de véritable piscine naturelle qui brille aux reflets des lampadaires.

    Sur place, des dizaines de tables sont disposées. Tout autour, des jeunes et des adultes s’installent par groupes. Des couples sont aussi reconnaissables ça et là. D’autres viennent également en famille ou avec des amis, pour déguster le bon poisson grillé, causer et écouter de la musique.

    Ces retrouvailles nocturnes font les bonnes affaires de Fatou Diop, une vendeuse de poissons grillés qui s’active depuis plusieurs années dans ce filon qu’elle qualifie de ‘’très rentable.’’

    A la plage Soumbédioune, des touristes espagnols de passage dans la capitale sénégalaise 

    Venue de la Gueule-Tapée, un quartier populaire jouxtant la baie de Soumbédioune, la trentaine dépassée, elle est à la tête d’une petite entreprise employant neuf personnes.

    Tous les soirs, Fatou Diop propose à sa clientèle des plats dont les prix varient entre 3 000, 5 000 et 20 000 francs CFA en fonction de la taille ou du type de poisson.

    Lamine Thiam s’active également dans la vente de poissons grillés depuis plus de vingt ans. Comme Fatou Diop, il a réussi à monter son petit business. Durant toute la soirée, son restaurant ne désemplit pas. Il propose des poissons comme la carpe, le capitaine et le thiof (mérou bronzé).

    ‘’Nous recevons les clients le week-end comme lors de jours ouvrables’’, soutient M. Thiam. Il confie que de grandes personnalités sont des habituées de ce lieu. Suffisant, selon lui, pour que l’État aide à améliorer la sécurité et l’hygiène de cette plage.

    Juste devant son étal, des touristes espagnols de passage dans la capitale sénégalaise sont également identifiables le long d’une table. ‘’Après un passage à la place de l’Indépendance en plein centre-ville, ils sont venus faire la plage ‘by night’ où ils retrouvent de l’ambiance, de l’animation et de la foule pour se divertir’’, explique leur guide.

    Venu des Parcelles Assainies, un quartier de la banlieue dakaroise, Daouda Diop est lui aussi un habitué des lieux. En compagnie de son amie, une résidente du quartier Fann-Hock, situé non loin de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, il déclare avoir choisi cet endroit pour ‘’son animation exceptionnelle et les poissons frais qu’on y trouve, qui sont à la portée de toutes les bourses’’.

    Un peu plus loin, deux animateurs ambulants appelés ‘’bongo maan’’ (batteur de tambours), Denis Sadji et Papa Faye, chantent et assurent l’ambiance sur les lieux, contre quelques pièces d’argent. ‘’Cela fait presque des années que nous jouons du bongo, depuis le bas âge même. Donc, je sais comment rendre les gens heureux et joyeux’’, dit Denis Sadji.

    SOG/MK/OID/ASG/ABB

  • SENEGAL-RELIGION-TRANSPORT / Tamba : les fidèles mourides déterminés à rallier Touba, malgré le manque de véhicules de transport

    SENEGAL-RELIGION-TRANSPORT / Tamba : les fidèles mourides déterminés à rallier Touba, malgré le manque de véhicules de transport

    De notre correspondant à Tambacounda, Abdoulaye Diallo

    Tamba, 21 août (APS) – A deux  jours de la célébration du grand Magal de Touba, les fidèles mourides de la ville de Tambacounda (sud-est) font montre d’une grande détermination à rallier la cité religieuse, en dépit des difficultés qu’ils rencontrent à la gare routière Dakar de Tambacounda, pour trouver un moyen de transport, a constaté l’APS.

    Sur place, c’est le grand rush ce mercredi matin, à 48 heures de la commémoration de cet évènement religieux marquant le départ en exil au Gabon, en 1895, du fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927).

    Malgré la forte pluie qui s’abat sur la ville, les fidèles se sont levés très tôt le matin pour rallier « garage Dakar », point de départ des transports en commun vers Touba. Parmi eux, Serigne Thiam, un fidèle mouride originaire de Kaolack et établi à Tambacounda, depuis plus de deux décennies.

     »Je suis arrivé ce matin à 7 heures à la gare routière à la recherche d’une voiture  de transport en commun pour rallier Touba », explique-t-il.

    Mohamed Cissé, un jeune fidèle mouride trouvé également à la gare routière, dit garder encore l’espoir d’embarquer vers la cité religieuse de Touba.

    Sur place, les moyens de transport en commun vers cette destination se font désirer de plus en plus pendant que la foule des clients en partance pour Touba  grossit de plus en plus. 

    Confrontés à cette situation, ces deux disciples de Serigne Touba restent néanmoins déterminés à rejoindre la cité religieuse, lieu de convergence de millions de pèlerins venus d’horizons divers, pour célébrer l’édition 2024 du grand Magal, prévue vendredi.

    ‘’Comme vous le constatez, c’est difficile de trouver un moyen de transport, mais pas question de se décourager. Nous resterons ici le temps qu’il faut, car nous sommes déterminés à aller à Touba’’, martèle Mohamed Cissé.

    ’’Dans les normes, on payait le prix du transport à 8 000 francs CFA pour les voitures de transport en commun appelés +sept places+, mais actuellement les chauffeurs ont revu à la hausse les prix habituels », se désole Serigne Thiam.

    Il indique par exemple que « les prix de transport de ces véhicules sont passés entre 10 000 et 12 000 francs CFA ». Il considère toutefois que  »le plus grand problème n’est pas la hausse des prix, mais celui de trouver un véhicule de transport pour Touba ».

     »Si j’arrive à trouver un moyen de transport, quel que soit le prix, je vais m’acquitter de la somme pour aller à Touba’’, insiste-t-il.

    Selon des témoignages recueillis sur place, à chaque Magal, les fidèles mourides de Tambacounda rencontrent beaucoup de difficultés pour rallier Touba. Une situation que déplorent certains voyageurs qui demandent  »des solutions urgentes » à ce problème récurrent.

    ‘’Nous déplorons vraiment cette situation. Il y a beaucoup de fidèles mourides à Tamba. Les autorités doivent mettre à notre disposition des bus de la société de transport urbain  Dakar Dem Dikk [DDD] comme cela se fait à Dakar, la capitale, et dans d’ autres régions ’’, plaide Mohamed Cissé.

    ‘’Entre Tambacounda et Touba, nous avons un véritable problème de transport, les nouvelles autorités doivent nous aider. Elles doivent doter la région de bus DDD en perspective du Magal. On l’a bien fait à Dakar, les autorités peuvent faire la même chose à Tambacounda’’,  lance à son tour Serigne Thiam.

    Thierno Guèye, un des nombreux fidèles trouvés à la gare Dakar de Tamba, dit se rendre chaque année à Touba pour la commémoration du grand Magal.

     » Aujourd’hui, dit-il, depuis plus de 2 heures, je suis ici à la recherche d’un véhicule en partance pour Touba. »

    Il déclare qu’il a trouvé avec les autres voyageurs  »une situation déplorable » à la gare routière. « Chaque année, nous vivons la même situation. Le Magal de Touba est un évènement de grande importance, un évènement international. Je ne comprends pas pourquoi ici à Tambacounda, les fidèles peinent chaque année à avoir un moyen de transport ‘’, s’interroge-t-il, visiblement offusqué par cette situation.

    ‘’Le ministre des Transports doit penser à Tambacounda qui est une région reculée. Normalement, chaque année, un dispositif de bus de DDD doit être mis en place pour faciliter le transport des fidèles’’, suggère-t-il.

    ABD/AB/ABB/ASG

  • SENEGAL-RELIGION-COMMEMORATION / Magal de Touba : les eaux pluviales inquiètent habitants et pèlerins

    SENEGAL-RELIGION-COMMEMORATION / Magal de Touba : les eaux pluviales inquiètent habitants et pèlerins

    Touba, 21 août (APS) – A moins de deux jours de la célébration de la 130e édition du Grand Magal de Touba, de nombreuses familles se disent inquiètes à cause des eaux pluviales présentes dans les concessions et artères de la ville religieuse où les pèlerins affluent en nombre pour commémorer le départ en exil du fondateur du mouridisme.

    Au quartier Guédé, le décor, par endroit, atteste de la forte quantité d’eau enregistrée depuis le début de l’hivernage mais surtout ces derniers jours dans la capitale du mouridisme. Plusieurs routes sont impraticables à cause des flaques d’eau.

    Automobilistes, charretiers et piétons éprouvent d’énormes difficultés à circuler convenablement. Vêtu d’un ‘’turki Ndiareme’’, un accoutrement à l’identité mouride, Moustapha Dieng estime que la situation est difficile pour les habitants du quartier mais surtout pour les hôtes.

    Sur cette route qui mène directement à la grande mosquée, les usagers sont obligés de faire un grand tour à cause des eaux qui résistent au dispositif de pompage mis en place.

    Au quartier Nguiranène, l’un des sites les plus critiques, selon un membre du comité d’organisation sous couvert de l’anonymat, les populations sont déboussolées et ne savent plus où donner la tête à cause des eaux pluviales.

    Dans certains quartiers, plusieurs concessions sont abandonnées, les occupants n’ayant pas de choix cohabitent avec les eaux. C’est le cas dans plusieurs quartiers périphériques de la ville de Touba.

    ‘’Depuis que la célébration du Magal a commencé à coïncider avec l’hivernage, nous vivons la même situation. Nous avons tous les problèmes du monde pour accueillir convenablement nos hôtes », soutient Sokhna Awa Sylla.

    Cette habitante de Darou Manane, un quartier de la commune de Touba, la quarantaine révolue, appelle les autorités à renforcer le dispositif de pompage pour soulager les populations pendant le Magal.

    Souleymane Ndiaye, un pèlerin qui vient d’arriver à Touba, estime que la situation est certes difficile mais le fondateur du mouridisme en vaut la peine.  »C’est difficile de passer le Magal dans ces conditions mais on n’a pas le choix », martèle le disciple mouride.

    Selon lui, en dépit des efforts consentis, les nouvelles autorités doivent mettre l’accent sur l’assainissement de la ville de Touba.

    « Je sais que les autorités ont investi beaucoup d’argent à Touba pour régler le problème des inondations, mais il reste entier. Donc il faut changer de fusil d’épaule », suggère t-il. 

    Il estime que la mairie de Touba, de son côté, ainsi que les bonnes volontés doivent retrousser les manches pour soulager les populations qui pataugent dans les eaux.

    Amy Ndiaye résidante au quartier Darou Miname dit être optimiste grâce aux engagements du président de la République. 

    En attendant une solution durable, une bonne partie des populations de la ville de Touba s’est habituée à célébrer le 18 Safar dans les eaux.

    Malgré le déploiement des services techniques de l’Office national de l’assainissement (ONAS) et de la brigade des sapeurs-pompiers, l’accès reste difficile pour les pèlerins, du moins dans certains quartiers.

    Dans certains endroits de la ville, l’accès est difficile voire impossible pour les visiteurs. “Nous sommes fatigués, depuis plus de deux ans on cohabite avec les eaux de pluie pendant le Magal », déclare un habitant de Touba rencontré non loin de la grande mosquée.

    Comme l’année dernière, déclare Fallou Sylla, beaucoup d’habitants ne vont pas célébrer le Magal chez eux à cause des eaux pluviales. « Beaucoup de maisons sont complètement envahies par les eaux, ce qui pousse ainsi leurs occupants à quitter les lieux », explique-t-il.

    MS/ASB/OID/AKS

  • SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE / Casamance : le Fogny redevient une place forte de la culture arachidière

    SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE / Casamance : le Fogny redevient une place forte de la culture arachidière

    Par Ibou Mané

    Bignona, 20 août – (APS) – La culture de l’arachide a pris le pas sur celle du cannabis dans le Fogny, la partie nord du département de Bignona, dans la région de  Ziguinchor (sud), à la faveur de la pacification de la zone, jadis chasse gardée des membres du Mouvement des forces démocratique de la Casamance (MFDC).

    Dans les champs, où jusqu’à une récente date le cannabis était cultivé, l’arachide est en train de supplanter la culture de cette plante prohibée, a constaté un reporter de l’APS.

    Un juste retour à la normale dans le Fogny qui avait été toujours considéré comme une zone de culture de l’arachide avant que le conflit armée ayant secoué la Casamance ne gagna en ampleur. En raison de cette crise, cette partie du département de Bignona était devenue la chasse gardée de combattants du MFDC, un mouvement irrédentiste  qui a aujourd’hui quasiment été militairement vaincue.

    Au plus fort de la crise, les populations locales, composées majoritairement de producteurs agricoles, avaient fui la localité gagnée par l’insécurité.

    Le Fogny, vidé de ses agriculteurs arachidiers, la culture du cannabis, auparavant timide, s’était alors intensifiée du fait de l’insécurité. La localité avait fini par devenir une zone de non-droit.

    Des revenus ‘’importants et licites’’

    ‘’Des champs de cannabis s’étendaient sur plusieurs hectares et étaient exploités par des éléments de la rébellion ou des groupes affiliés aux combattants du MFDC dans cette partie sud du pays’’, se souvient un interlocuteur.

    Un autre ayant accepté de témoigner dans l’anonymat a souligné que les nombreuses opérations de ratissage effectuées par l’armée, combinées à l’installation de cantonnements militaires dans plusieurs parties du Fogny, ont eu raison de la culture du cannabis’’.

    Aujourd’hui, à Djibidione, par exemple, des champs d’arachide ornent à perte de vue le décor dans plusieurs localités de cette commune située dans l’arrondissement de Sindian. De même que tout le département de Bignona.

    Sur le choix de se consacrer dorénavant à la culture de l’arachide, les populations locales interrogées par l’APS, insistent sur l’importance et le caractère licite des revenus tirés de la commercialisation de la légumineuse par les paysans.

    ‘’Changement de mentalité’’

    ‘’C’est un changement de comportement qui est en train aujourd’hui de s’opérer au niveau du Fogny par rapport aux pratiques illicites’’, croit savoir le maire de Djibidione, Lamine Diémé.

    Selon lui, cette prise de conscience des communautés locales est favorisée, non seulement par la présence de l’armée dans la zone, mais également par des campagnes de sensibilisation menées par les équipes municipales, de concert avec les chefs de villages et les groupements de jeunesse.

    ‘’En effet, beaucoup de gens dans la population locale ignoraient que la culture et la vente de cannabis étaient illicites. En plus, disaient-elles, c’est plus rentable que la culture de l’arachide’’, fait savoir M. Diémé.

    Aujourd’hui, l’édile de Djibidione se dit heureux de voir que cette tendance s’est inversée considérablement au niveau de plusieurs localités de sa commune, où la culture de l’arachide devient à nouveau attractive.

    Plaidoyer pour du matériel agricole

    ‘’Pour montrer l’exemple, j’ai moi-même cultivé 5 hectares d’arachide cette année’’, s’est-il réjoui.

    Toutefois, M. Diémé invite l’État à davantage mettre les moyens pour éradiquer définitivement le peu qui reste de la culture du cannabis dans cette zone.

    ‘’Il y a certes quelques résistances par rapport à cette pratique illicite, mais nous sommes déterminés à changer les mentalités et le visage de notre commune avec zéro culture de cannabis’’, assure-t-il.

    Il plaide également pour la dotation par l’État de tracteurs et de matériels agricoles.

    ‘’Pour davantage encourager les gens à arrêter les pratiques illicites, il faudra les doter de moyens, de matériels agricoles pour leurs activités de culture de l’arachide’’, dit-il, reconnaissant toutefois avoir reçu suffisamment d’engrais pour la présente campagne agricole.

    ‘’Beaucoup de moyens sont mis à la disposition de l’armée pour la destruction des champs de cannabis. Nous en attendons de même concernant le domaine agricole’’, souhaite le maire de Djibidione.

    IM/ MNF/ABB/AKS/ASG

  • SENEGAL-FRANCE-SOCIETE / Sarcelles, une ville aux allures africaines les mardis, vendredis et dimanches

    SENEGAL-FRANCE-SOCIETE / Sarcelles, une ville aux allures africaines les mardis, vendredis et dimanches

    Par Momar Khoulé Ba

    Paris, 20 août (APS) – La commune française de Sarcelles, située dans la banlieue parisienne, prend, les mardis, vendredis et dimanches, les allures d’un ‘’little Africa’’, son marché devenant notamment un lieu de rendez-vous prisé par les immigrés et autres ressortissants français d’origine africaine, a constaté un reporter de l’APS.

    Située à environ 15 kilomètres de la capitale française, Sarcelles est un endroit incontournable pour les Africains lorsqu’arrive le moment de préparer le voyage au pays. Le marché a la réputation de proposer des produits à moindre coût.

    A 11h, ce jour-là, l’ambiance tant vantée par ses habitués avait fini de s’installer dans cette  agglomération constituée de deux parties distinctes : le vieux Sarcelles, dit ‘’Sarcelles-village’’, édifié au bord de la rivière, Petit Rosne, et l’autre Sarcelles se situant autour de l’Eglise Saint-Pierre-et-Saint-Paul.

    Sarcelles s’étend sur 4,6 km du nord au sud et 3,1 km d’est en ouest. Sur place, on y retrouve presque toutes les sonorités et les spécificités africaines. 

    À la rue située avenue Frédéric-Joliot-Curie, a lieu les mardis, vendredis et dimanches matin le marché de Sarcelles. Dans ce marché très couru et quasi monopolisé par les Africains, un nom est sur toutes les lèvres :  Eric Nako. Il fait partie des premiers acteurs de ce marché.

    Ce Camerounais au physique imposant totalise 35 ans de présence à Sarcelles. Il s’investit dans le brassage des communautés africaines.

    « J’ai commencé dans ce marché en 2000. Ça fait 24 ans aujourd’hui. Le charme de Sarcelles c’est que le marché était auparavant géré par les Français de confession juive. Ils y vendaient de bons articles à moindre coût le week end’’, se remémore-t-il.

     ‘’Beaucoup de gens viennent maintenant pour faire de bonnes affaires parce que les articles sont de moindre coût comparés aux prix dans les boutiques dédiées. Tous les dimanches, mardis, et vendredis, à Sarcelles, des commerçants de toutes les nationalités viennent se faire de l’argent en vendant divers articles », confie Eric.

    « Je suis là pour chercher un bon costume pour le mariage de mon cousin. On m’a dit qu »Eric vend de bonnes choses », déclare l’un d’eux, un Marocain très enthousiaste à l’idée de repartir avec un costume bleu à bon prix. 

    ‘’Je viens ici avant de retourner au pays. Je suis à la recherche de cadeaux pour certains amis restés au pays, le Congo Brazzaville’’, fait de son côté savoir Cyriac Mbemba.

    Il présente le marché de Sarcelles comme un laboratoire de production d’hommes d’affaires africains, en citant le nom d’anciens vendeurs à Sarcelles devenus de prospères négociants en Afrique.

    Eric Nako ne manque pas de saluer le comportement des Sénégalais dans le marché qu’il présente comme d’infatigables travailleurs. 

    Je travaille avec un Sénégalais devenu aujourd’hui un petit frère pour moi. Il est avec moi depuis 9 ans. C’est un garçon sérieux et honnête. Cela fait vraiment plaisir’’, magnifie-t-il.

    MKB/AKS/ABB

  • SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE / Touba : le défi de la mobilité à trois jours de la célébration du grand Magal

    SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE / Touba : le défi de la mobilité à trois jours de la célébration du grand Magal

    Touba, 20 août (APS) – L’arrivée en nombre de pèlerins à Touba pour les besoins du grand Magal commence à poser un problème de mobilité occasionnant des embouteillages sur les axes menant à la cité religieuse à moins de trois jours de l’évènement commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride, a constaté un reporter de l’APS.

    ‘’Depuis le week-end dernier, circuler dans la ville est devenu difficile avec l’arrivée des premiers pèlerins. Cette difficulté va s’accentuer à mesure que l’on s’approche du Magal’’, témoigne Modou Diop qui s’active dans le commerce dans le quartier de Darou Manane.

    ‘’Il est clair que mercredi au plus tard, la ville va déborder de monde. Le flux de pèlerins va augmenter dans les prochaines heures, comme c’est le cas à chaque Magal’’, souligne-t-il.

    ‘’Les pèlerins ont commencé à arriver depuis le week-end dernier, mais le flux ne cesse d’augmenter depuis ce mardi’’, explique Mame Diarra Thiam, venue au marché de l’ancien garage pour effectuer les derniers achats de sa famille en prévision du Grand Magal.

    La gare routière, les routes menant à la cité religieuse, surtout au sens giratoire séparant Mbacké et Touba, sont congestionnées par un nombre impressionnant de véhicules, allant des voitures particulières aux bus de transport en commun. Il en est de même pour les charrettes à traction animale venant de certains villages environnants.

    Cet engorgement, particulièrement sensible à Mbacké, rend les déplacements difficiles pour les pèlerins, qui doivent parfois passer de longues heures dans les embouteillages avant d’atteindre leur destination.

    ‘’Il est malheureux de constater que les tarifs ont déjà doublé sur ce trajet. Ils pourraient même être multipliés par cinq, comme l’année dernière’’, déplore une cliente installée de façon inconfortable dans un ‘’Mbacké-Touba’’, un ancien véhicule de marque 504 ou 505 avec une cabine arrière.

    Certains jeunes acceptent même de monter sur les porte-bagages de ces types de véhicules pour rallier Touba. Les prix ont triplé et pourraient quintupler dans les prochaines heures, selon des clients qui se lamentent à bord, sans compter la surcharge à l’intérieur.

    Du côté des chauffeurs, le temps perdu, la consommation excessive de carburant, ainsi que les déviations fréquentes, justifient l’augmentation des prix, qui avoisinent au moins les 1 000 francs CFA à l’aller comme au retour.

    Des solutions réclamées pour rendre fluide la circulation

    Face à ces défis de circulation, de nombreux habitants et visiteurs plaident pour la construction de ponts et d’autres infrastructures qui pourraient aider à désengorger les routes durant le Magal.

    ‘’Cette situation se présente chaque année. Les routes sont complètement saturées. Il faudrait vraiment penser à des solutions comme des ponts et des routes secondaires bitumées aux différentes entrées de la ville de Touba pour fluidifier la circulation’’, plaide Khadim Thiam, un habitant de Mbacké.

    ‘’Serigne Touba en vaut le coup pour le service qu’il a rendu à l’Islam et à la oummah islamique’’, fait-il valoir en indiquant que l’érection de ponts et d’autres aménagements pourraient permettre de mieux répartir le trafic et de faciliter l’accès à la ville pour les pèlerins.

    Les motos “Jakarta” : une solution rapide mais risquée à Touba

    Dans ce contexte d’affluence, les motos-taxis, communément appelées ‘’Jakarta’’, font office de moyen le plus rapide pour rallier les différents quartiers de Touba.

    ‘’Vous vous rendez compte, c’est vraiment exagéré. En temps normal, le tarif de ces +Jakarta+ est de 300 à 500 francs CFA entre l’ancien garage et les parages du marché Ocass’’, assure Idrissa Diop.

    Cependant, leur utilisation n’est pas sans risques, notamment en raison de la circulation dense et parfois chaotique.

    ‘’Les motos +Jakarta+ sont vraiment pratiques, surtout quand on est bloqué dans les embouteillages, mais il faut être prudent car la circulation est très intense. Et la plupart de leurs conducteurs sont des enfants’’, avertit Idrissa Diop, un usager régulier.

    Les autorités locales rappellent aux conducteurs de ces motos et à leurs passagers l’importance de respecter les règles de sécurité pour éviter les accidents.

    Le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, par la voix de son porte-parole, a appelé lundi soir les conducteurs et usagers de la route à faire preuve de prudence à l’occasion du Grand Magal de Touba,

    Le Magal de Touba, un grand événement religieux commémorant le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), le fondateur du mouridisme, attire chaque année des milliers de pèlerins.

    Lors de la 129e édition du Grand Magal, en 2023, plus de cinq millions de pèlerins et dix-sept délégations étrangères y avaient pris part, selon président de la commission culture et communication du comité d’organisation dudit évènement, Serigne Abdoul Ahad Mbacké.

    AN/ASB/AKS/ABB