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  • SENEGAL-ELEVAGE-REPORTAGE / À Louguéré Diabi, l’accès à l’eau potable suscite une nouvelle espérance chez les éleveurs 

    SENEGAL-ELEVAGE-REPORTAGE / À Louguéré Diabi, l’accès à l’eau potable suscite une nouvelle espérance chez les éleveurs 

    De l’envoyé spécial de l’APS, Abdoulaye Diallo

    Louguéré Diabi (Podor), 15 mai (APS) – Les éleveurs de Louguéré Diabi, un village situé à 30 kilomètres de la commune d’Aéré Lao, dans la région de Saint-Louis (nord), vivent avec l’espoir de meilleures conditions de vie depuis la mise en service d’un forage construit par le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC).

    Ce village perdu dans la zone semi-désertique du Ferlo, dans le département de Podor, est très enclavé. Il est traversé par une piste sablonneuse.

    Le vent chaud et sec qui souffle dans cette partie nord du Sénégal est un signe de l’évidente dégradation de la situation du paysage en survie, qui se résume à quelques feuillages et arbustes.

    Après près d’une heure de route pour rallier le village, Louguéré Diabi se découvre enfin, enveloppé dans une vague de chaleur amplifiée par un soleil encore haut dans le ciel en cette mi-journée.

    Le forage de Louguéré Diabi, une aubaine pour les éleveurs et leur cheptel 

    Assis sur des nattes, les habitants du village s’adonnent au rituel du thé à l’ombre de petites tentes. Certains, un peu surpris ou intrigués, se redressent discrètement à la vue des visiteurs. Un petit silence s’installe. Puis c’est les salutations d’usage, pendant que les enfants, curieux plus qu’intimidés, jettent des regards furtifs au personnel du PUDC.

    En saison sèche, le manque d’eau et de pâturages rend le bétail très vulnérable, dans ce village situé à une cinquantaine de kilomètres de la frontière sénégalo-mauritanienne.

    Pour répondre aux doléances des éleveurs de cette localité et favoriser le développement du pastoralisme dans la zone, l’État du Sénégal, dans le cadre de la mise en œuvre du PUDC, y a construit un forage.

    Selon les données techniques fournies par ce programme, le forage de Louguéré Diabi dispose d’un débit d’exploitation de 50 mètres cubes et d’un château d’eau d’une capacité de 150 mètres cubes. L’infrastructure est également dotée de 12 fontaines et de deux abreuvoirs.

    Depuis la construction de cette infrastructure hydraulique destinée à 10 localités, Louguéré Diabi est devenu le carrefour des villages environnants, le point de chute et de passage aussi de nombreux éleveurs transhumants.

    D’après les estimations des gestionnaires du forage, ce sont des milliers de vaches, de moutons, de chèvres, d’ânes et de chevaux qui viennent s’y abreuver chaque jour, surtout en saison sèche, un moment où les éleveurs transhumants quittent leurs terres à la recherche de pâturages verts.

    Abdou Diallo, l’un des gestionnaires du forage, signale que chaque éleveur débourse 200 francs CFA par mois et par bovin en guise de participation au fonds de roulement de l’ouvrage hydraulique, en contrepartie des services fournis.

    Un retour progressif des déplacés

     »Nous consommons parfois 600 litres de gasoil par jour. Nous utilisons 890 mètres cubes par jour. Le forage fonctionne de 5 heures à 14 heures, puis de 17 heures à une heure du matin », explique-t-il.

    La construction de forages par le PUDC est une initiative naturellement très appréciée des populations, comme en témoigne Amadou Dia, âgé de 65 ans.

     »Dans ce village, nous avons toujours été confrontés à une pénurie d’eau », dit le sexagénaire, qui a voyagé d’Aéré Lao à Louguéré Diabi en compagnie du reporter de l’APS.

     »Dieu Merci. En 2023, le PUDC a construit ce forage pour nous. Nous en sommes contents et remercions l’État du Sénégal pour ce qu’il a fait à l’aide de ce programme », ajoute-t-il en présence d’autres éleveurs acquiesçant de la tête.

    Selon Amadou Dia, avant la mise en service du forage de Louguéré Diabi, les éleveurs consacreraient une journée et demi, deux jours quelquefois, à la recherche du liquide précieux.

     »On avait énormément de problèmes pour abreuver le bétail. Depuis que ce forage est là, les autres villages viennent ici chercher de l’eau. C’est aussi un grand soulagement pour les éleveurs transhumants », poursuit-il.

    Au fil des années, la pénurie d’eau a engendré un phénomène migratoire. Certains habitants de Louguéré Diabi ont quitté le village à cause du manque d’eau, selon des témoins.

    Un grand soulagement pour les éleveurs transhumants

    Et depuis que l’accès à l’eau potable est devenu plus facile à Louguéré Diabi, les villageois notent le retour progressif de certains déplacés.

     »Cette localité était très peuplée, mais beaucoup de nos frères ont quitté leurs concessions à cause du manque d’eau. Dieu merci, depuis que le forage est construit, nous assistons à un retour progressif de certains déplacés », se réjouit M. Dia.

    La construction du forage est une aubaine pour les éleveurs transhumants venant de la zone du Djolof, à la recherche de pâturages. C’est le cas d’Abou Sow, éleveur transhumant dont le troupeau compte plus de 100 têtes.

    Cet éleveur, trouvé avec ses bêtes à l’un des abreuvoirs du village, suivait son troupeau se bousculant pour étancher sa soif après des kilomètres parcourus sous la canicule. Le brise-jet du robinet laissait couler l’eau à flot, au grand bonheur du bétail qui en profite pour se désaltérer à grandes gorgées.

    Abou Sow observe la scène, satisfait.  »Sans eau, dit-il, aucun éleveur ne peut réussir. Je suis content, car mon troupeau s’abreuve bien. L’État doit construire davantage de forages et de châteaux d’eau dans la zone du Ferlo. »

    Selon Amadou Dia, les 12 fontaines de l’ouvrage hydraulique approvisionnent au moins 5.000 bovins.

     »Le nombre est important parce que les éleveurs transhumants nous viennent de partout, notamment du Djolof. Il y en a qui ont un troupeau de 100, 200, 300, voire 500 bovins », raconte-t-il dans un wolof approximatif et enrobé dans un accent pulaar.

    Trois personnes meurent en allant puiser de l’eau 

    Avant d’en arriver là, le village de Louguéré Diabi a connu des histoires bien tristes liées au manque d’eau auquel il était confronté.

    Il y a par exemple cette histoire concernant trois personnes, dont un garçon et une fille, qui ont perdu la vie alors qu’ils étaient en train de puiser de l’eau dans le seul puits qui comptait le village.

    Depuis l’inauguration du forage, les habitants du village ont jugé nécessaire de fermer ce puits d’une profondeur de plus de 100 mètres.

    Aïssata Dia, mère de l’une des victimes, a du mal à fermer la page de cette histoire bien traumatisante, que cette quinquagénaire, teint noir et taille moyenne, continue de ressasser.

     »Ma fille avait 14 ans […] Malheureusement, elle est tombée dans le puits lorsqu’elle est allée chercher de l’eau », confie-t-elle au visiteur en pulaar, le regard figé sur la margelle du puits dont elle avait auparavant scruté la profondeur.

     »Nous avons tellement souffert à cause du manque d’eau. Aujourd’hui, ce forage est un grand soulagement pour nous les femmes, nos enfants et le cheptel », ajoute Mme Dia sur un ton empreint d’émotion, le regard noir et plein de tristesse.

    Faire de l’accès à l’eau en milieu rural une priorité

    Mamadou Sara Ba, 63 ans, a lui aussi perdu son fils de 15 ans dans des circonstances similaires. Malgré le poids des années, le sexagénaire évoque avec émotion le film de la mort de son garçon.  »Il tirait la corde du puits quand elle a lâché et l’a projeté au fond. Coincé pendant des heures à l’intérieur, mon fils a fini par perdre la vie », dit-il, d’une voix qui trahit la même tristesse lisible sur son visage.

    Des confidences empreintes d’émotion, qui plongent l’assistance dans un silence profond. Un silence rompu par des troupeaux de caprins et d’ovins convergents vers Louguéré Diabi.

    Ici, la pénurie d’eau a provoqué tellement de drames que chaque berger y va de sa mésaventure à raconter, des histoires malheureuses provoquées par l’augmentation des besoins d’approvisionnement en eau dans le Ferlo.

     »On a connu beaucoup de difficultés. On parle des personnes décédées dans ce puits, parce que la vie humaine est sacrée. Mais ce puits est un cimetière de bétail », révèle un autre habitant du village.

     »On ne peut pas compter le nombre de bovins, de chèvres ou de moutons tombés dans ce puits […] C’était une situation extrêmement délicate », rappelle le vieux berger.

    Amadou Dia confirme son témoignage.  »C’est vrai. On perdait notre bétail à cause du manque d’eau. Il y a deux ans, un de nos voisins a perdu deux bovins », dit-il.

    Les habitants de Louguéré Diabi, conscients de ce passé douloureux, se réjouissent de la construction du forage, tout en invitant les pouvoirs publics à faire de l’accès à l’eau en milieu rural une priorité.

    Ils considèrent que, de cette manière, l’État va développer l’élevage dans le Ferlo, une vaste région comprenant une partie des régions de Saint-Louis et Louga, ainsi que toute la région de Matam (nord). Cette perspective devrait également faire renaître l’espoir chez les éleveurs, les populations de manière globale.

    ABD/ABB/BK/ASG/ESF

  • SENEGAL-MUSIQUE / REPORTAGE / Le ‘’Dieuf Dieul de Thiès’’ retrouve la scène pour aller à la conquête du public européen en mars prochain

    SENEGAL-MUSIQUE / REPORTAGE / Le ‘’Dieuf Dieul de Thiès’’ retrouve la scène pour aller à la conquête du public européen en mars prochain

    Par Alioune Diouf

    Thiès, 8 mai (APS) – L’orchestre ‘’Dieuf Dieul’’ de Thiès, après une courte existence de quatre ans (1979 à 1983), a fait son come-back, à la faveur de la sortie, le 19 janvier dernier, de son premier album éponyme, mélange d’un vieux disque dépoussiéré et de nouvelles chansons, avec lequel il compte aller à la conquête du public européen, lors d’une tournée internationale prévue en mars 2025.

    “On ne pensait même plus au +Dieuf Dieul+, jusqu’à ce que ce Grec, Adamantios, découvre cette bobine, qui est ensuite tombée entre les mains de Sylvain Dartoy [directeur de la production du groupe] de la société +Wax Booking+’’, raconte Mamadou Bassirou Sarr, dans un entretien accordé à l’APS à son domicile du quartier Nguinth.

    Bass Sarr, de son nom d’artiste, relève que le nouveau partenaire, qui dirige une agence de tournée, de production de spectacle, a “su faire ce qu’il faut avec beaucoup de dynamisme, pour diligenter les choses ». “On a su réunir le reste de la troupe, qui était là et qui était toujours valide », poursuit-il.

    Créé en 1979, le ‘’Dieuf Dieul’’ qui veut dire ‘’On récolte ce que l’on a semé’’ en wolof, de Thiès est le fruit d’une fusion entre les dissidents du groupe ‘’Ouza et ses Ouzettes’’ et de jeunes chanteurs thiéssois novices, auxquels s’est joint un autre artiste venu du Sud du pays.

    L’un d’entre eux, Bass Sarr en l’occurrence, quittait l’école pour des répétitions avec ses amis Ernest et Abdoulaye Camara, au quartier Carrière.

    C’est très certainement l’un des derniers groupes encore en activité de la fin des années 70 issu de cette grande époque des orchestres amplifiés africains avec un succès au Sénégal et en Gambie.

    L’orchestre s’est disloqué en 1983, après son unique disque, un enregistrement en Nagra réalisé par Moussa Diallo, un tenancier de boîte de nuit, très connu des mélomanes de l’époque, et qui habitait le quartier Carrière, raconte Mamadou Bassirou Sarr, un membre fondateur du groupe.

    Les artistes n’ont pas eu le temps d’exploiter cette bobine, qui a été découverte en 2014, par un DJ grec du nom de Adamantios Kafetzis, “à la recherche d’une musique rare » au Sénégal et en Gambie.

    La famille de feu Moussa Diallo exigeait l’accord des membres du groupe encore en vie, pour céder le disque en question.

    “Il a discuté avec la famille [de Moussa Diallo] et m’a trouvé à Dakar où je jouais, pour me parler de ce disque qu’il avait découvert, m’expliquant que la famille ne voulait pas le lui donner sans l’accord des musiciens qui en étaient les auteurs », a-t-il dit.

    Bass Sarr, qui s’est retrouvé au groupe ‘’Africando’’ [un groupe de salsa né en 1993 de la rencontre de deux mélomanes, le producteur sénégalais Ibrahima Sylla et le Malien Boncana Maïga], a alors adhéré à l’idée, tout en faisant appel à Pape Seck, le “grand-frère » du groupe d’alors.

    Un “compromis » est alors trouvé pour que le Grec prenne avec lui ces vieilles bandes pour aller les retaper en Europe. “C’est comme ça qu’est venu le premier album de ‘’Dieuf Dieul », poursuit le chanteur sexagénaire.

    Quarante ans après, le groupe thiéssois voyait ainsi sa production gravée pour la postérité.

    L’album n’était pas fini, mais une “bonne promotion » a permis au ‘’Dieuf Dieul new look’’ de faire des tournées avec, de 2016 à 2018. Un élan qui a été brisé par la Covid-19, raconte-t-il.

    En 2018, un Français nommé Sylvain Dartoy, patron de l’agence de production “L’Afrique dans les oreilles », devenue ‘’Wax Booking’’, a repris les choses en main en relation avec le Centre culturel français de Saint-Louis.

    Le groupe a été en résidence de création dans la ville tricentenaire tout le mois de décembre 2018, pour faire “le premier album nickel, fini, pour le +Dieuf Dieul+ de Thiès », avec l’appui d’une équipe de techniciens français qui s’est déplacée depuis l’Hexagone pour faire les enregistrements.

    Au bout d’un mois, ils ont donné un concert à l’Institut français de Saint-Louis dans le cadre de la 19e édition du festival ‘’Africa fête Sénégal’’ et ont bouclé un album de 12 titres.

    “Nous préparons deux à trois morceaux à mettre là-dedans, mais sinon tout est fini et on prévoit même de faire une tournée internationale encore en mars 2025 à travers toute l’Europe », annonce l’artiste. “On est vraiment dans toutes les hit-parades, que ce soit à Londres, aux Etats-Unis, en Europe particulièrement. Le disque est sorti depuis janvier et on est en train d’en faire la promotion. »

    “L’orchestre s’est réorganisé, nous avons fait de telle sorte qu’actuellement, nous sommes en pleine compétition et en forme », se réjouit Bass Sarr.

    “Pape Seck, notre grand frère, qui était chef d’orchestre et guitariste est décédé, ainsi que notre chanteur mandingue. On a su trouver des remplaçants pour continuer le chemin », raconte-t-il.

    Le ‘’Dieuf Dieul’’ s’appuie aujourd’hui sur un groupe de sept membres, contre huit auparavant, pour se refaire une nouvelle vie musicale. Cinq d’entre eux sont au Sénégal et les deux autres, établis en Europe.

    Côté sénégalais, il espère pouvoir compter sur une “oreille plus jeune », vu que “tous les grands mélomanes qui avaient connu cet orchestre, ne sortent plus où n’écoutent même plus la musique ».

    Le “mbalax afro-mandingue » que le groupe avait travaillé surtout lors de son séjour en Casamance, notamment à Kolda et  à Ziguinchor, était une musique “en avance sur son temps »,  explique-t-il.

    Bass Sarr estime que ce rythme, produit d’un brassage entre sonorités du Cayor et de la Basse Casamance, “n’était pas très compris par beaucoup de Sénégalais », même s’il est “revenu » aujourd’hui et “fait actuellement son bout de chemin ».

     »Il y avait des chanteurs de divers horizons, comme moi qui était Thiéssois, Cayorien, Lassana Camara que nous avions pris en cours de route en Casamance et qui chantait le mandingue (socé). »

    La touche de Pape Seck qui avait travaillé avec Ouza, mais surtout avec le ‘’Guélawar Jazz’’ en Gambie, en faisait une “musique multidimensionnelle de la sous-région ».

    Concernant les droits d’auteur, il rassure qu’avec le nouveau producteur, Sylvain Dartoy, “tout est clair et est net, les papiers sont signés et tout se passe bien ». “Il y a quelques semaines, il m’a appelé pour me parler de royalties », poursuit-il.

    A ce sujet, Bassirou Sarr est formel. “On y trouve notre compte actuellement, [et] on espère que ça aille mieux », dit-il, avec un large sourire.

    ADI/FKS/ASG

  • SENEGAL-SOCIETE-GENRE- REPORTAGE / A Dakar, ‘’Jam School 221’’, une école de musique, forme exclusivement des femmes instrumentistes

    SENEGAL-SOCIETE-GENRE- REPORTAGE / A Dakar, ‘’Jam School 221’’, une école de musique, forme exclusivement des femmes instrumentistes

    Dakar, 3 mai (APS) – Située dans le quartier de Fann résidence à Dakar, ‘’Jam School 221’’ ou encore ‘’Jigeeni academy music School’’, l’école de musique spécialement dédiée aux femmes dénommée a officiellement ouvert ses portes, le 20 février dernier.

    Le projet a été porté depuis 2002 par l’entrepreneur culturel Samba Diaité, qui ambitionne de positionner la femme instrumentiste dans l’écosystème de la musique sénégalaise voire africaine.

    Par ailleurs manager de l’orchestre « Jigeen ñi », l’homme a voulu matérialiser sa foi dans le potentiel des femmes par le biais de cet établissement de formation musicale, qui leur est exclusivement dédié.

    Sise au centre culturel turc Yunus Emre, reconnaissable à ses hauts murs blancs surplombés des drapeaux de la Turquie et du Sénégal, +Jam School 221+ compte une première promotion de 25 étudiantes venues de toute l’Afrique.

    A l’intérieur, un jardin bien entretenu, orné d’un manguier et de quelques arbres moins imposants, occupe l’avant-cour. Au bout du couloir dallé qui traverse le jardin trône majestueusement une bâtisse à deux niveaux aux traits sobres, peints en blanc et vert. Au rez-de-chaussée, dans une grande salle dont la baie vitrée offre une vue imprenable sur la cour arrière et la piscine, des sièges sont disposés en rangées devant un petit tableau d’art posé sur un chevalet. C’est dans ce cadre convivial que se déroulent les cours de ‘’Jam school 221’’ (Jegeeni academy music school).

    ‘’Le démarrage des activités pédagogiques de l’école est l’aboutissement d’un travail de longue haleine’’, lâche d’emblée le directeur Samba Diaite.

    Les enseignements dispensés à ‘’Jigeeni academy music School’’ sont, entre autres, le solfège, l’écriture et la lecture musicale, le chant, les instruments modernes comme la guitare, le piano, ceux traditionnels comme la kora.

    La plupart du corps enseignant vient de l’École nationale des arts (Ena) qui certifie les diplômes délivrés par l’établissement.

    Combattre l’absence de femmes instrumentistes dans les orchestres

    Diaïté rappelle que l’idée est née en 2002, mais qu’‘’il a fallu d’abord commencer par former les formateurs et formatrices qui, à leur tour, vont assurer l’encadrement des étudiantes. Ces formations ont été organisées entre décembre et juin 2022’’.

    La mise sur pied de cette école de musique pour femmes, dit-il, vise ‘’à combattre l’absence de ces dernières comme instrumentistes dans les orchestres’’.

    Souvent, regrette Diaité, les femmes se tournent vers la danse ou exercent comme choristes dans les formations musicales.

    C’est d’après ce constat qu’il a créé l’orchestre +Jigeen ñi+, ‘’son plus grand rêve’’, composé exclusivement de femmes : la pianiste et chef d’orchestre Khady Dieng, sa sœur ainée Aïssatou Dieng (batterie), Evora Vaz à la guitare basse, Rema Diom (soliste) et Ndèye Cissé « Yaye Fall » (percussion), toutes des autodidactes.

    ‘’Nombreuses sont les femmes qui veulent faire carrière dans la musique, mais sont rebutées par le regard de la société qui voit les musiciennes comme des femmes de mœurs légères’’, déplore Samba Diaité qui est également le directeur artistique du Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, de Dakar.

    L’apprentissage pratique comme méthode d’enseignement

    Pour cette première année, 65 dossiers de candidatures ont été reçus et 25 ont été retenus. Les étudiantes s’acquittent des frais d’inscription et d’une mensualité.

    ‘’Aucun niveau d’études n’est exigé des candidates. Nous avons plutôt mis l’accent sur les capacités musicales et les motivations parce la plupart des artistes en Afrique n’ont suivi aucune formation. Ils sont pour la plupart issus des familles de griots’’, confie Samba Diaité.

    ‘’Les filles sélectionnées ont déjà certaines aptitudes en musique et sont surtout passionnées par le métier’’, poursuit-il.

    Il indique que les enseignements sont plus axés sur la pratique, le ‘’learning by doing’’ (l’apprentissage par la pratique).

    Toutefois, il y a des cours théoriques, et les cycles de formation varient entre trois mois et deux ans.

    Après les cours, toutes les étudiantes feront un stage pratique à l’orchestre « Jigeen ñi »‘, avec notamment des concerts au Grand théâtre national Doudou Ndiaye Coumba, a assuré Diaité, ce manageur culturel de 42 ans originaire de Ziguinchor (Sud).

    Professeur de solfège, de chant et de technique vocale, Henri Assissé Sagna magnifie la fondation de l’école. Selon cet enseignant de l’Ena à la retraire, qui officie à ‘’Jigeeni academy music school’’, ‘’cette école de formation musicale est une aubaine pour les femmes qui veulent faire carrière dans la musique parce que bénéficiant d’une bonne formation.

    ‘’J’ai divisé mon cours en deux parties pour permettre aux étudiantes d’apprendre d’abord la lecture musicale, purement théorique, ensuite la technique vocale qui est pratique avec un chant folklorique peul intitulé +Tino+’’, dit-il.

    Des apprenantes enthousiastes

    L’étudiante Gildas Diatta, choriste se dit très satisfaite des modules enseignés.

    ‘’En plus des cours sur les instruments, on nous apprend le solfège, l’écriture et la lecture musicale, c’est super !’’, s’exclame-t-elle réjouie.

    Cette pensionnaire de la chorale Sainte Thérèse de Grand-Dakar est convaincue qu’au bout de la formation, elle sera une musicienne polyvalente qui, en plus du chant, sera en mesure de maîtriser au moins un instrument.

    Sarah Ngona, de nationalité congolaise, est venue, dit-elle, approfondir ses connaissances en musique, perfectionner sa voix et apprendre à jouer du piano, son instrument de prédilection.

     »J’espère sortir d’ici avec une bonne base en musique tant en théorie qu’en pratique » ajoutant, tout en magnifiant la qualité des enseignements.

    Le reggae man Iba Gaye Massar, membre du Conseil d’administration de la Société sénégalaise du droit d’auteur (Sodav), salue l’initiative de Samba Diaité d’avoir créé l’orchestre « Jigeen ñi » et aujourd’hui ‘’Jam School 221’’.

    La formation va permettre aux femmes, selon lui, au-delà du chant et de la danse, où elles se cantonnent souvent, d’intégrer le domaine, non moins important, des instruments musicaux.

     »Je suis frappé par l’enthousiasme de ces étudiantes qui apprennent vite », souligne Iba Gaye Massar, formateur en guitare, par ailleurs vice-président de l’Association des métiers de la musique du Sénégal (AMS).

    MYK/FKS/ABB

  • SENEGAL-SPORTS-EMPLOI / JOJ 2026 : 200 jeunes de Matam vont bénéficier d’un accompagnement à l’insertion (chef de projet)

    SENEGAL-SPORTS-EMPLOI / JOJ 2026 : 200 jeunes de Matam vont bénéficier d’un accompagnement à l’insertion (chef de projet)

    Matam, 3 mai (APS) – Deux cents jeunes de la région de Matam vont bénéficier d’un accompagnement à l’insertion, dans le cadre des Jeux olympiques de la jeunesse, (JOJ) prévus en 2026, à Dakar, a annoncé, vendredi, Moustapha Diop,  chef de projet de l’Initiative Fit Sénégal à l’ONG Partenariat.

    ‘’Sur les 600 jeunes que nous devons accompagner pour la zone nord couvrant les trois régions, 200 seront issus de Matam avec au moins 71 volontaires’’, a-t-il déclaré lors d’un comité régional de développement sur l’Initiative FIT Sénégal, de l’ONG Partenaire. Ce projet est destiné à accompagner les jeunes vers l’emploi dans le cadre des JOJ Dakar 2026.

    Selon lui, cet accompagnement se fera avec les acteurs territoriaux qui seront appuyés dans le cadre du projet d’insertion des jeunes’’, à travers ‘’un parcours d’insertion qui sera structuré conformément à un certain nombre de métiers qui ont été cités comme ayant un lien avec l’événement’’.

    Dans cette perspective, dit-il, ‘’les jeunes seront orientés selon la situation et le contexte socio-économique de chacun’’, en rapport avec ‘’la réalité de l’environnement de chaque zone géographique.’’

    Cette démarche permettra ainsi à tous ces jeunes, d’’’intégrer le monde professionnel à travers le chantier-école et la mise en place de filières beaucoup plus adaptées à leur environnement et pouvant alimenter le marché local’’, a-t-il déclaré.

    Il a précisé que le projet sera déroulé ‘’au-delà de la tenue des JOJ’’, afin de permettre aux bénéficiaires de ‘’continuer à exercer les métiers dans lesquels ils ont été formés.’’

    Présidant ce CRD au nom du gouverneur de région, le préfet du département de Matam, Souleymane Ndiaye, a recommandé aux initiateurs du projet d’impliquer les acteurs territoriaux en ‘’intégrant dans le dispositif de préparation et de vulgarisation les chefs de services, les projets, programmes et ONG qui interviennent au niveau territorial’’.

    AT/MK/ASG

  • SENEGAL-MER-EROSION / A Diembéring, la riziculture mise en péril par l’avancée de la mer

    SENEGAL-MER-EROSION / A Diembéring, la riziculture mise en péril par l’avancée de la mer

    Par Modou Fall

    Diembéring, 21 avr (APS) – La salinité des eaux et des sols, consécutive à l’avancée de la mer et à la baisse de la pluviométrie, met en péril la riziculture pluviale, principale activité agricole de subsistance des communautés de Diembéring, dans le sud du Sénégal, qui l’ont héritée de leurs ancêtres.

    Des phénomènes naturels ont entraîné de profonds bouleversements socioéconomiques et environnementaux, dans cette commune de l’arrondissement de Kabrousse, dans le département d’Oussouye.

    Située sur le littoral sud, une zone particulièrement vulnérable et très affectée par l’érosion côtière accentuée par l’avancée de la mer, la commune Diembéring a progressivement vu sa plage et son couvert végétal disparaître sous les eaux. La voie devient ainsi de plus en plus libre pour l’eau de la mer qui, petit à petit, progresse vers les rizières.

    Un processus qui débouche sur la salinisation des parcelles rizicoles de cette commune de la Basse Casamance, au point de remettre en cause la riziculture, principale activité agricole de subsistance des communautés locales.

    A Diembéring, comme partout ailleurs en Casamance, la riziculture pluviale demeure l’activité agricole dominante avec environ 60 % des superficies cultivées. Cependant, la dégradation des conditions climatiques de la zone depuis la fin des années 1960, met à rude épreuve cette activité dont les productions actuelles arrivent à peine à couvrir les besoins alimentaires d’une population de plus en plus en difficulté.

    ‘’Nos rizières sont sous les eaux. On ne peut plus cultiver correctement. La mer a pris nos terres cultivables. Nous sommes vraiment dans des difficultés. Il faut que l’Etat réagisse pour freiner l’avancée de la mer’’, implore Bineta Sylla. Trouvée au bord de la plage de Diembéring, Bineta s’adonne au fumage du poisson.

    Elle dit avoir renoncé à la riziculture pour se lancer dans cette activité. Elle déclare ne plus disposer ni de rizière encore moins d’une autre parcelle pour s’adonner au maraîchage.

    D’une superficie de 237 kilomètres carrés, la commune de Diembéring compte 20.924 habitants. Une population répartie entre une quinzaine de villages et d’îles : Ourong, Carabane, Cachouane, Gnikine, Sifoka, Wendaye, et Ehidj. Des localités qui, pour l’essentiel, sont situées entre la mer et l’embouchure du fleuve Casamance.

    ‘’A Diembéring, la situation est inquiétante. Nos rizières sont en train d’être englouties par la mer. Nous risquons de mourir de faim car, aujourd’hui, notre plus grande menace de survie vient de la mer’’, s’inquiète Daniel Diatta, un notable de ce chef-lieu de commune.

    Assis au bord de la plage, le vieil homme est préoccupé par ‘’la montée du niveau de la mer et la perte des parcelles rizicoles’’.

    A Kabrousse, plus de 4.000 ha de riz engloutis par la mer

    A Kabrousse, un des villages côtiers de la commune de Diembéring, au sud de la station balnéaire de Cap Skirring, l’avancée de la mer a fini d’engloutir des milliers d’hectares de rizières, généralement situées dans des bas-fonds ou des vallées.

    Ici, les conséquences de la montée du niveau de la mer sont visibles à quelques encablures de la plage et menacent directement l’existence des activités rizicoles de milliers de paysans.

    ‘’Les rizières du village de Kabrousse s’étendent sur 5.000 hectares, dont 4600 ha occupés par la mer’’, renseigne Ababacar Bernard Diatta, chef de cabinet du maire de Diembéring. Originaire de ce village où il vit avec famille, il indique que près de 400 hectares de rizières échappent encore à la montée des eaux.

    Toutefois, ‘’si nous croisons les bras, la riziculture sera bientôt une vieille histoire à Kabrousse, où jadis 2.130 riziculteurs s’adonnaient durant l’hivernage aux activités rizicoles’’, prédit-il.

    ‘’A Kabrousse, une bonne partie des rizières est engloutie par la mer. Donc, il est évident que, d’ici quelques années, on risque de ne plus avoir de périmètre apte à la riziculture’’, alerte-t-il encore. Il signale que plusieurs paysans autochtones n’ont déjà plus de rizières. ‘’La mer a englouti nos rizières, au moins sur un kilomètre’’, révèle-t-il.

    Aujourd’hui, ‘’l’économie du village est au ralenti et en danger’’, s’alarme-t-il. Ababacar Bernard Diatta estime qu’en cas de disparition des activités rizicoles ancestrales menées ici depuis des siècles, ‘’c’est l’âme du village de Kabrousse même qui disparait aussi’’. ‘’Ici, tout est lié à la culture du riz’’, rappelle le chef de cabinet du maire de la commune de Diembéring.

    A Kabrousse, village de la figure historique Aline Sitoé Diatta (1920-1944), héroïne de la lutte anticoloniale, l’avancée de la mer a aussi fini de submerger la quasi-totalité des périmètres dédiés aux activités rizicoles.

    Des hectares de parcelles rizicoles sous les eaux à Ourong

    Zone insulaire par excellence, Ourong est un village paisible et calme, peuplé de près de 950 habitants. Accessible par pirogue, l’île offre un décor de maisons en dur et en argile.

    Après une traversée d’au moins une heure à travers de bolongs (mot désignant chenal en Casamance) recouverts de mangrove, une équipe de journalistes de l’APS débarque enfin sur l’île. Partout le silence. Seul résonne le gazouillement des oiseaux.

    Ourong, comme les autres îles visitées dans la commune de Diembéring, notamment Diogué, Cachouane, Gnikine et Carabane, souffre aussi de l’avancée fulgurante de la mer.

    ‘’A Ourong, comme dans les autres îles de la commune de Diembéring, des hectares de parcelles rizicoles sont sous les eaux’’, indique Babacar Dji Coly, chargé de communication du Projet de renforcement de la résilience économique et environnementale des zones côtières de la base Casamance (REEZO).

    Il informe que des activités de reboisement de la mangrove, ont été menées dans le cadre de ce projet avec les insulaires, pour réduire la salinité des terres cultivables.

    Saisissant cette occasion, les populations locales ont demandé l’aide à l’Etat central, pour que leurs ‘’habitations’’ et leurs ‘’zones rizicoles’’ ne soient pas rayées de la carte du Sénégal, du fait de ‘’la grande vulnérabilité’’ du littoral sud, face à l’avancée fulgurante de la mer.

    MNF/AB/ASB/ASG

  • SENEGAL-SOCIETE-FORMATION / Energies renouvelables : des prestataires de Thiès et Diourbel formés pour la fourniture d’un service de qualité

    SENEGAL-SOCIETE-FORMATION / Energies renouvelables : des prestataires de Thiès et Diourbel formés pour la fourniture d’un service de qualité

    Thiès, 19 avr (APS) – Trente prestataires de services dans le domaine des énergies renouvelables, viennent de boucler à l’Ecole polytechnique de Thiès, quatre jours de formation en fourniture de services de qualité.

    Les prestataires ayant pris part à cette formation qui a pris fin jeudi, sont des entrepreneurs du secteur informel originaires des régions de Thiès et Diourbel.

    Ils ont vu leurs compétences techniques renforcées, au terme de cette formation, tout en étant initiés à l’identification des équipements de qualité dans leur domaine de prédilection.

    La réglementation du secteur a aussi été abordée lors de cette session qui s’est déroulée à l’Ecole polytechnique de Thiès et sanctionnée par une attestation.

    Des modules de la formation portaient sur les précautions à adopter sur un chantier d’installation solaire, sur les types d’équipement existants, entre autres points.

    Les bénéficiaires peuvent revenir à l’EPT pour tester des équipements techniques, a relevé le directeur de cet établissement.

    Cette formation a été initiée par l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (ANER), en partenariat avec PTB, institut allemand de métrologie une entreprise allemande, dans le cadre d’un projet intitulé « Renforcement de l’infrastructure qualité pour des services énergétiques innovateurs ».

    Un des participants, Mbaye Diouf Niang, formateur en électrotechnique, explique que cette formation lui ouvrira le chemin de la professionnalisation pour aller à conquête du marché en tant que prestataire de service dans le domaine du solaire.

    Pour Issa Rouhoulahi Sonko, expert en énergies renouvelables, représentant le ministre du Pétrole, des Energies et des Mines, la tenue de cette session de formation procède de la volonté de l’Etat d’améliorer les équipements en énergies renouvelables utilisés dans le pays.

    Dans sa nouvelle Lettre de politique sectorielle, l’Etat a insisté sur l’accès à des « équipements de qualité à des prix très bas », a relevé M. Sonko.

    Il a évoqué un arrêté ciblant une liste de 25 équipements d’énergie renouvelables faisant l’objet d’une exonération de taxe, pour les importateurs qui suivent la procédure indiquée à cet effet. L’objectif étant de rendre ces équipements accessibles aux populations, selon Issa Rouhoulahi Sonko.

    Aux termes de la Lettre de politique sectorielle, il est prévu que certains de ces équipements soient montés au Sénégal par des entreprises locales, a-t-il précisé.

    Le lancement du projet « Renforcement de l’infrastructure qualité pour les services innovateurs », est une façon de mieux encadrer et d’assainir le secteur, en renforçant les compétences des prestataires du secteur informel, en termes de normes techniques et réglementaires.

    Serigne Fallou Diouf, ingénieur de projet à l’ANER, note que « depuis pas mal d’années, le secteur est infecté par une forme d’installation défectueuse », liée au fait que les usagers « recourent à des non-techniciens » ou des personnes qui ne s’y connaissent pas.

    Le Sénégal mène une politique de promotion des énergies renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque, avec à ce stade, un taux de couverture de 32% de la production nationale totale d’énergie du pays, grâce au mix énergétique, a relevé M. Diouf.

    Les universités de Dakar, Saint-Louis, Bambèye, Ziguinchor, ainsi que l’Ecole polytechnique de Thiès, ont mis en place un master interuniversitaire d’énergie renouvelable, pour accompagner cette dynamique, a indiqué Alassane Diène, directeur de l’EPT.

    De cette manière, elles mutualisent aussi bien leurs enseignants que leurs équipements, favorisant aussi une mobilité des étudiants entre ces différentes structures, a-t-il ajouté, se réjouissant de ce partenariat qui leur vaut « beaucoup de satisfaction ».

    Les universités concernés ont récemment acquis, par le biais de l’Etat, beaucoup d’équipements pédagogiques et de recherche de pointe, évalués à « des centaines de millions » de FCFA, et permettant de booster le secteur, a-t-il renseigné. Ce qui a permis d’accueillir cette cohorte d’entrepreneurs pour une formation.

    Après Dakar, qui a reçu le premier lot de bénéficiaires et la zone ouest (Thiès et Diourbel), cette formation sera organisée dans trois autres zones du pays, pour toucher les régions de Fatick, Kaolack, Kaffrine, ainsi que celles de Saint-Louis, Matam, Ziguinchor, Sédhiou et Kolda.

    ADI/BK

  • SENEGAL-ELEVAGE-PERSPECTIVES / Diourbel: pour une autosuffisance en mouton, des éleveurs misent sur l’amélioration de la race locale et la création de fermes villageoises et communales

    SENEGAL-ELEVAGE-PERSPECTIVES / Diourbel: pour une autosuffisance en mouton, des éleveurs misent sur l’amélioration de la race locale et la création de fermes villageoises et communales

    Diourbel, 15 avr (APS) – Des éleveurs de la région de Diourbel (centre) prônent une amélioration de la race locale de moutons, invitant par la même occasion les pouvoirs publics à penser à la création de fermes villageoises et communales devant permettre aux jeunes de faire de l’élevage une activité lucrative et ainsi régler une bonne partie du chômage au Sénégal.

    L’élevage, à côté de l’agriculture, demeure l’une des activités les plus pratiquées dans la région de Diourbel. Dans cette zone agro-sylvo-pastorale de nombreux jeunes se sont frayés un chemin dans ce secteur qui, du reste, « a besoin d’une réorganisation »,  de l’avis de Mor Ndao Gueye.

    Selon cet inspecteur de l’éducation à la retraire, reconverti dans l’élevage, « cette activité génère du profit mais aussi de l’emploi », d’où l’importance à son avis,  »de la réorganiser au bénéfice des acteurs ».

    Aujourd’hui à fond dans l’élevage intensif après une carrière remplie dans l’Education nationale, Mor Ndao Gueye est un amoureux des animaux qui consacre du temps, de l’énergie et des moyens pour booster un secteur pourvoyeur d’emplois.

    Dans sa ferme nichée à Ndayane, un quartier périphérique de la commune de Diourbel, il s’est lancé dans l’élevage de vaches, de moutons et de la volaille.

    Le néo retraité fait observer que « le Sénégal doit s’orienter vers l’amélioration des races locales de moutons pour assurer une autosuffisance », surtout pendant la Tabaski, appelé aussi fête du sacrifice, une des plus grandes fêtes musulmanes durant laquelle le bélier est égorgé. 

    « Je suis convaincu que l’amélioration de la race locale peut nous valoir beaucoup de satisfaction. On doit s’inspirer de la race dite +ladoum’+ en faisant des croisements pour améliorer notre race de mouton », insiste M. Guèye, déplorant également les difficultés auxquelles certains éleveurs font face pour avoir accès à l’aliment de bétail.

    L’inspecteur à la retraite invite par ailleurs les pouvoirs publics à créer des fermes villageoises et communales pour permettre aux jeunes de se lancer dans l’élevage. Il estime que  »cette initiative peut régler une bonne partie du chômage au Sénégal ».

    Cette idée de valorisation de l’activité de l’éleveur est partagée par Gorgui Ngom un jeune entrepreneur qui s’est lancé dans l’embouche bovine dans le département de Bambey.

     Trouvé dans sa petite ferme en train de donner du consistant à ses taureaux comme il le fait chaque matin, le bonhomme déclare toutefois être confronté à la cherté de l’aliment de bétail.

    Titulaire d’un Baccalauréat, Gorgui Gorgui a fini par jeter son dévolu sur l’élevage après un court séjour dans la capitale sénégalaise. La foi et les idées à revendre, le trentenaire Baol-Baol, réputés pour la débrouillardise et futé en affaires, trouve sa voie toute tracée dans l’élevage. Il ambitionne d’être un champion dans ce domaine qui nécessite « de la volonté mais aussi des moyens au regard du coût jugé exorbitant de l’aliment de bétail ».

    Pour juguler la cherté de l’alimentation, il s’est rabattu sur l’augmentation de ses emblavures habituelles de mil et d’arachides pendant l’hivernage pour assurer une bonne partie des besoins en aliment de ses animaux.

    Le bachelier suggère également que l’État organise la distribution des aliments de bétail, en dépit des efforts consentis. Convaincu du potentiel dont regorge l’élevage, Gorgui Ngom n’a pas manquer d’inviter les jeunes à se lancer dans le secteur « pour contribuer au développement économique du pays ».

    MS/SMD/OID

  • SENEGAL-ENVIRONNEMENT-PATRIMOINE / Siwaal, un site sacré témoin de l’histoire du village de Thiobon

    SENEGAL-ENVIRONNEMENT-PATRIMOINE / Siwaal, un site sacré témoin de l’histoire du village de Thiobon

    Du correspondant de l’APS, Modou Fall

    Thiobon (Bignona), 11 avr (APS) – Situé dans l’aire marine protégée (AMP) de Kaaloola Blouf-Fogny, Siwaal (des pierres en diola) est un site sacré, témoin de l’histoire du village Thiobon, une localité de la commune de Karthiack, dans le département de Bignona (sud).

    Pour rallier ce village ‘’traditionnellement reconnu dans le Blouf par son hospitalité, son savoir dans le développement’’, il faut passer par Tobor, Bignona et Tendiem. En cours de route, un paysage luxuriant défile sous le regard subjugué des voyageurs, à l’image de ce groupe de journalistes et d’agents de l’AMP qui a pris place à bord d’un bus dans le cadre d’une caravane sur les aires marines protégées de la Casamance.

    Ces contrées de la région disposent d’un véritable trésor constitué d’une riche flore comprenant des manguiers, des orangers, des citronniers, des palmiers, des anacardiers, entre autres espèces végétales.

    Après trois heures de route, la caravane arrive à Thiobon. Le véhicule doit cependant emprunter une piste latéritique pour entrer à l’intérieur du village.

    Composé essentiellement de Diolas autochtones, ce village d’agriculteurs et de pêcheurs fondé par une famille Mané vers les années 1800, se distingue par son site sacré, situé auprès du quai.   

    Sur place, des femmes trient des graines d’arachide. Après les salutations d’usage, elles invitent les visiteurs à en grignoter. ‘’Prenez, prenez !’’, lance avec force insistance l’une d’elles.

    Dans ce village du département de Bignona, la transformation des produits locaux est l’activité principale des femmes. Elles s’activent également dans la recherche d’huîtres, de crevettes, entre autres fruits de mer vivant dans les mangroves.

    Vers la mi-journée, le village plonge dans le calme. Les enfants étant partis à l’école, les femmes, restées presque seules dans les foyers, s’occupent des affaires domestiques. Seules quelques habitants sont visibles dans les rues ou sur la place publique qui fait office de marché.

    ‘’Thiobon est un village traditionnellement reconnu pour son hospitalité’’, soutient Ousmane Coly, notable et président de l’aire marine protégée de Kaaloola Blouf-Fogny, qui polarise neuf villages pour une superficie de plus de 83.000 mètres carrés.

    Thiobon fut l’un des premiers villages à être islamisés dans le département de Bignona et le premier dans l’arrondissement de Tendouck, renseigne Ousmane Coly. Selon lui, ‘’Thiobon est le premier village du Blouf à avoir aussi une mosquée construite dans les années cinquante par ses aïeux’’.

    Ce village de près de 3. 000 habitants, a deux écoles primaires et un collège. Il est entouré au sud par  Mlomp, à l’est par  Karthiack, au nord par Kabiline  et à l’ouest par le marigot de Diouloulou.

    Thiobon provient d’‘’Ehimbane’’ (la tomate en diola) 

    Durant la période coloniale, des Français débarquèrent au quai de Thiobon où ils construisirent des habitats. Ils pratiquaient le maraîchage, plus précisément la culture de la tomate. C’est de là qu’est venu le nom de Thiobon, ‘’Ehimbane’’, c’est-à-dire la tomate, en diola, explique M. Coly.

    ‘’Les Diolas ne parlant pas français à l’époque, ont dit Thiobon au lieu de +c’est bon+. Puisque les Blancs étaient bien accueillis, ils disaient toujours +c’est bon+ pour manifester leur satisfaction’’, raconte le notable.

    Siwaal érigé en AMP en 2020

    Autour des aires marines protégées, les populations sont organisées suivant le processus de construction du territoire. Dans la plupart des cas, ces AMP comportent une dimension religieuse. C’est le cas du site de Siwaal. Le site est entouré de pierres, d’eau et diverses espèces d’arbres.

    Situé dans l’aire marine protégée de Kaaloola Blouf-Fogny, il est considéré comme saint et spirituellement important. Il a une grande importance culturelle pour la communauté locale qui y pratique ses rituels. Les familles ‘’Diédhiou’’ du village de Thiobon continuent de conduire les activités sacrificielles de ce site qui, selon elles, a été découvert par leurs aïeux.  

    ‘’Ici, c’est un lieu sacré. Nous y recevons pas mal de gens venant de partout au Sénégal. Nous recevons des autorités, des lutteurs et même des footballeurs professionnels et des élèves. C’est un lieu de prière’’, explique Bakary Walo Diédhiou, le conservateur des lieux. Il rappelle que le célèbre lutteur « Yékéni » y venait pour préparer ses combats.  

    Visiblement ravis de recevoir les visiteurs, le vieux Diédhiou prend son temps pour montrer comment formuler ses vœux afin qu’ils soient le plus rapidement exaucés par Dieu.  

    Le matériel des naufragés d’une pirogue à Erongol retrouvé à Siwaal

    L’histoire de Thiobon, c’est aussi la confluence de bolongs à l’embouchure de Baïla, Diouloulou et Kafountine. Ce lieu est appelé Orongol (la rencontre des bolongs, en Diola). Erongol est l’endroit par lequel passaient les populations pour aller cultiver dans les îles. Ils considéraient ce lieu de rencontre des bolongs comme mystérieux, à cause du mouvement de l’eau, rappelle Ousmane Coly.

    D’ailleurs, ‘’vers les années cinquante, dit-il, une pirogue s’était renversée à Erongol (…)’’.  Un accident autour duquel continuer de subsister le plus grand mystère, même si le matériel des naufragés, à savoir les Kadiandous (houes) et les chaussures ont été retrouvés à Siwal, près du quai de Thiobon, renseigne-t-il.

    ‘’Du coup, Siwal est devenu un site sacré parce qu’il est en corrélation avec Erongol. Aujourd’hui, quand une pirogue se renverse de l’autre côté, à des centaines de mètres de Erongol, on retrouve les bagages sur le site de Siwaal’’, dit-il, ajoutant que des gens viennent de partout aujourd’hui pour implorer Dieu.  

    Ousmane Coly raconte qu’une lumière mystérieuse était visible la nuit sur ce site. Et les populations ignoraient son origine. ‘’C’est un lieu plein de mystère’’, soutient le notable.

     »Chérif Mamina Aïdara a fait chasser les mauvais esprits d’Erongol »

    ‘’Depuis des années, nous avons eu à désamorcer la bombe. Comme c’était difficile de traverser, nous avons eu à demander l’aide des chérifs, en l’occurrence Chérif Mamina Aïdara qui a formulé des prières pour apaiser Erongol’’, rappelle-t-il.

    ‘’Un taureau noir a été [sacrifié] dans le fleuve. Et l’animal a disparu. Et on se rend compte que, durant ces années, Erongol est devenu passif’’, ajoute-t-il. A l’en croire, quand une personne se rapprochait d’Erongol, elle se taisait, jusqu’à ce qu’elle dépasse le lieu de rencontre des bolongs, qui était jugé dangereux.

    L’île de Kareungueul investi par des pêcheurs maliens et guinéens

    ‘’Nous allons poursuivre notre voyage à l’ile de Kareungheul érigé en AMP en 2020’’, lance aux visiteurs le conservateur de l’aire marine protégée de Kaaloolal Blouf Fogny, le capitaine Augustin Sadio.

    A partir du quai de Thiobon, le groupe prend place dans deux pirogues, l’une en fer et l’autre en bois. Chacun met son gilet de protection. Et c’est le coup d’envoi de cette visite. Tout au long du trajet, le regard se pose sur un bolong ceinturé par des rangées de mangroves.

    ‘’Cette île est un campement  dénommé Keureungueul. Ici, on voit la présence de pêcheurs et de transformateurs. Ce sont des Maliens et des Guinéens. Ils pêchent le poisson et le transforment par fumage. Cette activité ne rime pas avec la conservation’’ de l’AMP, déplore le capitaine Augustin Sadio.

    Le capitaine Sadio indique que ces pêcheurs ont été installés par le village de Thiobon, soulignant qu’il est interdit de s’implanter dans la mangrove et d’utiliser ses bois pour faire du fumage.

    ‘’Nous avons sensibilisé ces pêcheurs pour leur faire savoir que l’activité qu’ils mènent est interdite. C’est une problématique que nous essayons de gérer’’,   ajoute le conservateur de l’AMP du Kaaloolal Blouf-Fogny.

    Dans l’avenir, il veut ériger sur l’île Kareungueul un campement et un mirador pour surveiller davantage cette zone qui est à quelques encablures du fleuve Casamance.

    MNF/ASB/OID/ASG

  • SENEGAL-METEO-COMMERCE / A Tambacounda, la canicule plombe les activités commerciales

    SENEGAL-METEO-COMMERCE / A Tambacounda, la canicule plombe les activités commerciales

    Tambacounda, 9 avr (APS) – La forte canicule a ralenti les activités économiques à Tambacounda (est), poussant les populations à choisir le moment de la journée où le temps est le plus clément pour s’adonner à leurs activités.

    Selon l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), la forte canicule en cours dans la ville de Tambacounda et dans les autres localités, va perdurer jusqu’à ce mardi. 

    ‘’Il fait très chaud’’!, s’exclame Babacar Cissé, un boutiquier établi à Liberté, un  quartier de la commune situé près de la gare routière, communément appelée ‘’garage Dakar’’.

    Tenant un éventail à la main, Cissé est assis dehors, à  l’ombre du local abritant sa  boutique pour profiter de l’air libre, à cette heure de la mi-journée. ‘’A cette heure de la journée, les clients viennent au compte-goutte faire leurs achats, obligeant la plupart des boutiquiers à baisser rideau’’, explique-t-il.

    Pendant les moments les plus chauds de la journée, les clients se font désirer dans les boutiques, fait-il remarquer. Selon lui, ce n’est que vers 17 heures, voire vers 18 heures, qu’ils reviennent faire leurs achats.

                                                         Le commercial au ralenti 

    Pape Sall, un vendeur de friperies, déclare que la forte canicule ralentit les activités commerciales. La plupart des gens préfèrent en effet rester chez eux pour éviter de s’exposer aux rayons torrides du soleil. Tenant une cantine mitoyenne à la boutique de Babacar Cissé, il se repose sur une  table en guettant l’arrivée de potentiels clients. 

    ‘’A cause de la rareté de la clientèle, si tu ne vends rien avant midi ou 13 heures, tu es sûr de ne rien écouler jusqu’au lendemain », se désole le vendeur de friperies, en se rafraichissant de temps en temps la tête avec de l’eau. 

    Sur l’artère principale donnant accès à la gare routière ‘’Dakar’’, les activités et la circulation des motos taxis  »Jakarta » et des véhicules tournent au ralenti en comparaison avec la période précédant l’installation de la canicule. Des commerçants implantés le long de cette artère attendent sous une chaleur accablante que le soleil soit au zénith, pour prendre leur pause en baissant les rideaux de leurs commerces.

    ‘’Le manque à gagner est énorme, mais on espère qu’avec la Korité, on va combler le gap perdu durant la canicule et le ramadan’’, déclare le boutiquier Babacar Cissé.

                                                Des clients très matinaux au marché central

    Un décor bien différent au marché central de la commune de Tambacounda où il faut jouer des coudes pour se faufiler entre les motos taxis, les étals des tabliers et les clients.

    Ass Diop, gérant d’une boutique d’alimentation générale au marché central dit rendre grâce à Dieu avec cette affluence de clients notée depuis ce matin.  Devant son commerce, des clients composés majoritairement de femmes se bousculent pour s’offrir quelques articles et autres denrées de première nécessité.

    Au marché central, les clients ont changé leurs habitudes en allant tôt le matin faire leurs achats, explique-t-il. Mais, il indique que l’affluence ‘’va diminuer au fur et à mesure » qu’approche la prière de Tisbar (dhor).  »A cette heure de la journée, la canicule devient insupportable, surtout pour ceux qui ont jeûné’’, signale-t-il. Entre 17 heures et 18 heures, difficile, dit-il, de rencontrer âme qui vive mis à part les boutiquiers et les tabliers. ‘’Au cours de cette tranche horaire, nous ne vendons presque rien’’, confie Ass Diop, adossé sur une étagère dans sa cantine où un ventilateur accroché au plafond tourne à plein régime.

    Des vendeuses de fruits installées devant la Cour d’appel de Tambacounda, exposent des marchandises dans une artère  d’un silence de cathédrale. ‘’Il est vrai que l’artère est calme, mais nous ne manquons pas de clients. Même avec la chaleur, nous arrivons à écouler nos produits’’, déclare Rama Diallo, une jeune vendeuse entourée de ses amies. Le souci des vendeuses de fruits, dit-elle, c’est de perdre une bonne partie de leurs marchandises, surtout la mangue, la papaye et la banane qui ne résistent pas à la chaleur. Pour éviter une telle situation, les commerçants limitent drastiquement les quantités proposées quotidiennement à la vente.

    BT/AB/ASB/ASG

  • SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE / Pour la Korité, les hommes plébiscitent le style tradi-moderne

    SENEGAL-SOCIETE-REPORTAGE / Pour la Korité, les hommes plébiscitent le style tradi-moderne

    Par Khady Mendy

    Dakar, 5 avr (APS) – Le ramadan tirant à sa fin, la question de la tenue idéale pour la célébration de l’Aïd-El-Fitr ou Korité, fête marquant la fin de ce mois de jeûne, fait partie intégrante des préparatifs.

    Les femmes sont peut-être les plus enthousiastes, mais les hommes ne sont pas non plus en reste, et pour eux, la mode est à la tendance  »tradi-moderne », néologisme désignant un style alliant couture traditionnelle et moderne.

    Comme pour ravir la vedette aux femmes, généralement connues pour leur goût prononcé du faste, les hommes se ruent en masse chez les couturiers avec une grande préférence pour les tenues tradi-modernes.

    Pour Cheikh Dièye, un jeune horticulteur originaire de la Petite-Côte, arborer ce style vestimentaire suscite une « sensation d’enracinement ».

     »Je me sens comme un porte-étendard de ma riche culture quand je m’habille en tenue africaine ou en tradi-moderne. La petite touche de modernité rend ce type d’habillement commode pour tout type de cérémonie, notamment lors de la fête de Korité », explique-t-il fièrement.

    Le président Diomaye Faye fait des émules

    M. Dièye partage ce sentiment avec Aldiouma Faye. De plus, selon ce dernier, « hormis le mariage réussi du traditionnel et du moderne, ces tenues confèrent du confort ainsi qu’une certaine allure à ceux qui les portent ».

    Ce style vestimentaire, dans sa variante la plus prisée, comprend une saharienne qui arrive en dessous des genoux, confectionnée avec des épaulettes comme pour l’abacost, en plus d’un pantalon.

    Si certains voient à travers le port de ces tenues très prisées des jeunes gens et des hommes d’âge mûr, une forme d’expression culturelle et identitaire, d’autres justifient leur choix par la tendance, ou encore par la volonté de s’identifier à des personnalités connues.

     »Cette année, j’ai décidé de m’offrir le même costume africain que celui porté par le président Diomaye Faye lors de sa première visite au palais. Il était très élégant dans cet accoutrement qui promeut en même temps nos vaillants couturiers locaux », confie Bara Kâne.

    Filon porteur pour jeunes entrepreneurs

    L’attrait des Sénégalais pour ce style vestimentaire a donné des idées à de jeunes entrepreneurs, qui ont flairé le bon filon.

    Mouhamadou Moustapha Guèye est l’un deux. Selon lui, les nombreuses réactions positives qu’il reçoit lorsqu’il porte ce style de vêtement, l’ont convaincu à en faire une marque propre, « African Dressing ».

     »J’aime m’habiller africain surtout avec les tissus wax et le fil à fil. Et les gens me demandaient très souvent où est-ce qu’ils pouvaient se procurer les tenues que je portais.  C’est de là que m’est venue l’idée de créer une marque de costume africain moderne », explique Guèye, qui dit s’inspirer de la mode africaine.

    Ses créations sont rangées en trois catégories phares : les costumes simples, les tenues avec panache et celles avec broderie qui, tous, peuvent apparaitre sous forme de deux ou trois pièces assorties d’un gilet ou d’un manteau.

    Idem pour Serigne Khadim Diop, propriétaire d’une marque éponyme suivi du slogan  »Solou Class’chic », qui se définit comme un   »amoureux de la sape ».

    Les affaires marchent bien pour eux, comme pour Ben Abdel Aziz, le fondateur de « Senegalese Style ». Ils disent qu’ils sont submergés par des commandes, notamment en cette période de Korité, les contraignant à des nuits blanches pour la satisfaction des clients.

    Les vendeurs de tissus y trouvent leur compte

    Ce type d’habit est confectionné avec des tissus plus sobres que le basin, faisant l’affaire des marchands de textile.

     »Pour des costumes tradi-modernes, le fil-à-fil-anglais et le super-cent sont en haut des ventes », souligne Serigne Mbaye, gérant d’une boutique de tissus sur les deux voies de Keur Massar sud.

     »À peine livrés, les tissus s’écoulent comme de petits pains. Nous faisons de gros chiffres qu’il m’est impossible d’estimer en cette dernière semaine du mois de ramadan. La confection de tenues africaines modernes fait que les tissus pour homme se vendent à un rythme sans précédent », s’enthousiasme un autre commerçant qui préfère garder l’anonymat.

    La gent féminine ne s’en laisse pas conter

    Si le tradi-moderne l’emporte chez les hommes, les femmes, pour la plupart, restent plus fidèles au style tape-à-l’œil.

    Amsatou doit passer la fête de Korité chez ses beaux-parents à Louga, région du nord-ouest du Sénégal. La dame au teint clair, de stature moyenne dans une robe en crêpe noire, a passé six heures dans le marché avant de pouvoir faire son choix.

     »Il me faut mettre les bouchées doubles cette année. C’est la première fois que je dois aller là-bas pour une fête après deux ans de mariage. Les épouses de mes beaux-frères y seront, donc je dois paraitre éclatante », lance-t-elle avec le sourire.

    Au marché zinc de Pikine, dans la banlieue dakaroise, l’ambiance des veilles de fête est au rendez-vous.

    Les magasins de tissu refusent du monde. À chaque devanture, les commerçants exposent leurs marchandises. Pour nombre de clients, faire un choix parmi les nombreux rouleaux de tissus relève d’un véritable embarras.

    Pour les trois amies, Marie Bèye, Fama et Ndèye Astou, la meilleure option, c’est le brodé Lafaya, à la mode.  Le prix du paquet de cinq mètres s’élève à 25.000 francs CFA.

    D’autres tissus, comme la soie plissée, le brodé cotonnade ou encore le basin riche super gold XXL, ne sont pas pour autant passés de mode, confient les vendeurs.

    Les adeptes du bling-bling, à l’image de Sokhna Fall et Raïssa, jettent leur dévolu sur les tissus perlés dont les prix sont compris entre 18.000 et 35.000 francs CFA.

    Chrétienne de confession, cette dernière est également en plein dans les préparatifs vestimentaires de la Korité qu’elle passera chez ses amis musulmans.  »C’est cela le dialogue islamo-chrétien que nous vivons pleinement », soutient-elle.

    KM/ABB/SBS/BK/ASG