Catégorie : Thiaroye 44

  • VIDEO / Commémoration de Thiaroye 44 : une volonté de produire un récit historique local

    VIDEO / Commémoration de Thiaroye 44 : une volonté de produire un récit historique local

    L’Agence de presse sénégalaise (APS) vous propose un entretien avec le Pr Mamadou Diouf, président du comité pour la commémoration du 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye. Le 1er décembre 1944, des Tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après la seconde Guerre mondiale, sont tués à Thiaroye, par l’Armée française alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France. Dans cet entretien, Pr Diouf souligne que l’hommage qui sera rendu, le 1er décembre, à ces Tirailleurs traduit l’engagement et la volonté des nouvelles autorités sénégalaises de produire un récit historique local.

  •  SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE-CINEMA / « Camp de Thiaroye » : le film qui remet le massacre de Thiaroye dans la mémoire collective

     SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE-CINEMA / « Camp de Thiaroye » : le film qui remet le massacre de Thiaroye dans la mémoire collective

    Dakar, 27 nov (APS) – Le cinéaste sénégalais Sembène Ousmane (1923-2007), dans sa démarche consistant à ‘’parler à (son) peuple’’, a réalisé – avec Thierno Faty Sow – ‘’Camp de Thiaroye’’ (Filmi Domireew/SNPC/SATPEC/ENAPROC, 2 heures 37mn), pour inscrire dans la mémoire collective le massacre, le 1er décembre 1944, par l‘Armée française de soldats africains appelés ‘’tirailleurs sénégalais’’

    Dans le cadre de la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le film sera diffusé sur la RTS et projeté au Complexe Ousmane Sembène.

     »Camp de Thiaroye’’ est à ce jour le film le plus célèbre consacré au massacre de Thiaroye. Réalisé en 1988, il est primé la même année à Venise (prix spécial du jury à la Mostra), censuré pendant près de dix ans en France. Il a été à nouveau projeté en 2024 au Festival de Cannes, dans une version restaurée.

    Ce film qui contribue à remettre dans la mémoire et l’historiographie ce douloureux événement, évoque le retour de tirailleurs sénégalais, anciens combattants de l’armée française et prisonniers en Europe durant la seconde Guerre mondiale, démobilisés puis rassemblés au camp de Thiaroye, à une quizaine de kilomètres de Dakar.

    Là, ils apprennent que le montant de leurs indemnités et pécule, constitués d’arriérés de solde et de primes de démobilisation, sera divisé en deux. Le général en fonction prétend changer les francs métropolitains en francs CFA à la moitié de leur valeur. Les tirailleurs, qui ne l’entendent de cette oreille, le font savoir. En représailles, le camp est attaqué à l’artillerie le 1er décembre 1944 à l’aube. Des dizaines d’entre eux sont tués.

    L’histoire racontée par Sembène et Thierno Faty Sow est organisée autour de la figure du sergent-chef Diatta (Ibrahima Sané), cultivé, parlant wolof, diola, français et anglais, amateur de littérature et de musique classique, marié à une Européenne. Il s’oppose au capitaine Labrousse, officier d’active des troupes coloniales, et est soutenu par le capitaine Raymond, qui rentre en France avec de nouveaux engagés à la fin du film.

    La distribution des rôles est restée fidèle à la configuration de ce qu’on a appelés ‘’tirailleurs sénégalais’’ qui, en réalité, venaient du Congo, du Gabon, de la Cote d’Ivoire, du Niger, du Burkina Faso, du Benin, du Mali, de la Guinée et du Sénégal.

    Pour Sembène, ‘’ces hommes ont été (…) les premiers levains du mouvement de la lutte pour l’indépendance’’.

    ‘’(…) On les a tués en décembre1944, en plein règne du général de Gaulle. Et pour nous donc, que ce soit de Gaulle, Mitterrand, ou Pétain, c’est la même chose’’, avait-il dit après une projection de son film dans une université du Massachusetts (Etats-Unis), ajoutant : ‘’cette dualité qui a existé entre les soldats noirs et les officiers blancs découle du système colonial qui a duré à peu près cent ans.

    ADC/OID/ABB

  • SENEGAL-FRANCE-AFRIQUE-MEMOIRE / Thiaroye 44 : en 2014, à Dakar, François Hollande dénonçait ‘’des évènements épouvantables et insupportables’’

    SENEGAL-FRANCE-AFRIQUE-MEMOIRE / Thiaroye 44 : en 2014, à Dakar, François Hollande dénonçait ‘’des évènements épouvantables et insupportables’’

    Dakar, 27 nov (APS) – Les évènements à l’origine du massacre d’anciens tirailleurs sénégalais à Thiaroye (ouest), en décembre 1944, sont ‘’tout simplement épouvantables et insupportables’’, avait déclaré en 2014 le président français de l’époque, François Hollande, lors d’une visite à Dakar.

    ‘’Les évènements qui ont eu lieu ici en décembre 1944 sont tout simplement épouvantables et insupportables […] Alors, je voulais venir ici, à Thiaroye, j’en avais fait la promesse, lors de ma première venue ici, à Dakar, au président de la République (Macky Sall)’’, en 2012, avait-t-il affirmé.

    Le chef de l’État français procédait à la remise symbolique, à son homologue sénégalais, Macky Sall, des archives de ce massacre, au cimetière des Tirailleurs sénégalais de Thiaroye, après le 15e sommet de l’Organisation internationale de la francophonie.

    Des militaires, d’anciens combattants, des personnalités sénégalaises, des diplomates de la France et du Sénégal, ainsi que les autorités locales avaient pris part à la cérémonie, à Thiaroye, un quartier de la ville de Pikine, dans la région de Dakar.

    ‘’Je voulais réparer une injustice et saluer la mémoire d’hommes qui portaient l’uniforme français, sur lesquels les Français avaient retourné leurs fusils, car c’est ce qui s’est produit’’, avait reconnu François Hollande.

    ‘’Ce fut la répression sanglante de Thiaroye’’, s’était récrié le président français.

    Il s’était longuement exprimé sur le massacre des tirailleurs sénégalais, les soldats africains de l’armée coloniale française.

    Beaucoup d’entre eux ont été tués le 1er décembre 1944 par des militaires français, au camp de Thiaroye. Ils réclamaient des arriérés de solde et des primes de démobilisation, après que les occupants nazis ont libéré la France.

    Appelés tous des ‘’tirailleurs sénégalais’’, ces soldats venaient des colonies françaises d’Afrique : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Gabon, Mali, le Niger, la République centrafricaine, le Sénégal, le Tchad, le Togo, etc.

    OID/ADL/ESF

     

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Thiaroye 44 : ‘’une contradiction’’ entre la France ‘’des droits de l’homme’’ et celle qui ‘’exerce un pouvoir violent’’ (historien)

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Thiaroye 44 : ‘’une contradiction’’ entre la France ‘’des droits de l’homme’’ et celle qui ‘’exerce un pouvoir violent’’ (historien)

    Dakar, 26 nov (APS) – Le voile ou le silence posé sur le massacre, le 1er décembre 1944, de Tirailleurs sénégalais par des militaires français à Thiaroye [une banlieue dakaroise] en dit long sur la ‘’contradiction’’ entre la  »France des droits de l’homme » et celle qui ‘’exerce un pouvoir violent’’ dénoncée par les premiers intellectuels africains notamment Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Frantz Fanon, estime l’historien sénégalais Mamadou Diouf.

    Le 1er décembre 1944, des  »tirailleurs sénégalais » démobilisés et renvoyés en Afrique après la seconde Guerre mondiale, sont tués par l’Armée coloniale française, alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.

     »C’est la contradiction entre ce qu’ils appellent la France des droits de l’homme, la France idéale, philosophiquement et intellectuellement, et la France historique, qui est la France qui a un empire colonial. Une France qui exerce, en fait, un pouvoir qui est un pouvoir violent’’, a notamment dit l’universitaire lors d’un entretien accordé à l’APS en prélude des commémorations du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.

    Si on ne comprend pas que le massacre de Thiaroye est perpétré au même moment où la France fête la libération après l’occupation, la débâcle de 1940, on ne comprendra pas pourquoi la France a tout fait pour qu’on n’en parle pas, a martelé Mamadou Diouf.

    Il s’agit, selon l’enseignant chercheur à l’université de Columbia aux Etats Unis, de l’environnement dans lequel il [le massacre de Thiaroye] s’est déroulé.

    ‘’Et cet environnement, c’est effectivement l’environnement de l’euphorie de la libération, en fait, et de l’arrivée au pouvoir de ce que De Gaulle va appeler les compagnons de la libération, ceux qui se sont battus pour que la France soit libérée’’, a expliqué l’historien ajoutant que c’est pourquoi ‘’ce massacre colonial, comme la plupart des massacres coloniaux, sera en général tu’’ par l’Hexagone.

    Le Pr Diouf a toutefois relevé que l’année du massacre est présente dans l’esprit des leaders africains.

    Il cite le poème contemporain de Léopold Sédar Senghor écrit en décembre 1944 où il se lamente du massacre de ces anciens soldats prisonniers [la plupart d’entre eux, sinon la quasi-totalité, étaient en prison pendant 4 ans après la débâcle. Et quand ils ont été libérés, ils ont été rapatriés et cantonnés à Thiaroye].

    ‘’Donc la première réaction de Senghor, c’est de manifester effectivement sa désapprobation et sa condamnation. Et en 1946, Senghor (alors député à l’Assemblée nationale française) va aussi demander une amnistie’’, s’est-il remémoré.

    La deuxième grande réaction qui précède celle de Senghor, souligne Mamadou Diouf, est celle de Lamine Guèye, député maire de Dakar qui demanda, en 1944, la mise en place d’une commission parlementaire pour enquêter sur ce qu’il appelle ‘’l’abominable atrocité et la tuerie de Thiaroye’’.

    L’universitaire souligne aussi la contribution du dramaturge et homme politique guinéen, Keita Fodéba, auteur de ‘’Aube africaine’’, écrit en 1948. Cette pièce sera représentée dimanche prochain au Grand Théâtre national de Dakar dans le cadre du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.

    Le président du comité pour la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye a relevé tout de même ‘’le silence complice » d’hommes politiques sénégalais une fois au pouvoir.

    ‘’Et c’est vrai, quand Senghor devient président, il n’en parle pas.  Quand il est remplacé par Abdou Diouf, il préside la première du film de Sembene +Camp de Thiaroye+ [le film de Sembene Ousmane et de Thierno Faty Sow sorti en 1988], mais il n’en parle pas. Le film va être interdit par la France pendant 10 ans’’, a fait savoir l’historien.

    Il souligne qu’Abdoulaye Wade, en revanche, s’est intéressé aux tirailleurs en initiant une journée qui leur est dédiée. « Mais pour la date, d’après la rumeur, les Français ont exigé qu’ils ne prennent pas le 1er décembre’’, informe le  professeur Diouf, ajoutant que c’est à cause de tout cela que « le massacre de Thiaroye s’est dissipé ».

    Pour Mamadou Diouf,  »cette histoire doit être dévoilée au sens plein du terme. Il va falloir lever le voile, ce voile qui a été posé effectivement par la France »’.

    FKS/OID/SMD/ADL

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Thiaroye 44 : un livre blanc sera remis au gouvernement le 3 avril 2025 (Comité)

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Thiaroye 44 : un livre blanc sera remis au gouvernement le 3 avril 2025 (Comité)

    Dakar, 26 (APS) – Le comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye remettra un livre blanc au gouvernement sénégalais, le 3 avril 2025, sur cette tragédie, a t-on appris de son président, le professeur Mamadou Diouf. 

     »Le 3 avril 2025, la commission devra remettre un livre blanc au gouvernement sénégalais. Ce livre blanc va faire le point’’, a t-il indiqué dans un entretien avec l’APS en prélude de la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Tirailleurs sénégalais à Thiaroye.

    Ce document va consigner le travail de la commission dont la mission est ‘’l’établissement des faits et leur rétablissement’’ sur cette affaire dite du ‘’Massacre des tirailleurs à Thiaroye’’ qui regroupe des soldats africains de l’Afrique Occidentale Française de retour de la 2e Guerre mondiale en Europe et qui ont été tués à Thiaroye, a t-il expliqué.

    L’une des missions du comité est de travailler sur l’établissement des faits et le rétablissement des faits, à cause, en fait, des manipulations qu’il y a, et à cause de toute une série de débats entre historiens, mais aussi des débats entre les historiens et les autorités publiques, a souligné Mamadou Diouf.

    Selon l’enseignant à Columbia university aux USA, ce travail va se poursuivre jusqu’en avril car il s’agit de faire le point sur la documentation existante.  »Est-ce qu’on a eu tous les documents ? Est-ce qu’il y a des documents qui sont toujours dissimulés ? Certains historiens accusent la France de le faire délibérément. Est-ce qu’il y a d’autres documents qu’on va pouvoir rassembler ?  Est-ce qu’il y a des témoignages qu’on pourra collecter sur tout ce travail ?, s’est -il interrogé.

    La première phase, fait savoir le président du comité, est un travail d’identification de la documentation, les sources primaires, les archives, et les sources secondaires, les études qui existent.

     »On va faire le point sur tout cela’’, a t-il, avant d’ajouter que la deuxième phase c’est d’impulser un travail de recherche et de production sur ce qui existe.

     »Il s’agit d’identification de la documentation, la cartographie des lieux où la documentation est préservée et en fait, l’élaboration d’un programme, qui serait un programme de recherche, et qui permettrait effectivement de pouvoir faire des études et de copier, étant entendu que ce ne sera pas la fin du processus’’, a indiqué Mamadou Diouf.

    Le professeur Diouf préconise l’écriture d’une histoire régionale plaidant ainsi pour l’organisation de programmes de recherche régionaux impulsé par l’Etat sénégalais et le département de la recherche et de l’enseignement supérieur.

    Le comité va partager tout le travail rassemblé avec les autres pays qui ont eu des tirailleurs.

    ‘’L’idée est d’encourager ce qu’on a appelé, disons, l’histoire régionale.  C’est-à-dire là aussi de sortir des limites, des territoires dont l’histoire est une histoire coloniale.  Pour penser une histoire d’avant qui pourrait être la fondation d’une histoire d’arrivée’’, a expliqué l’universitaire sénégalais.

    Faisant le point sur la mission du comité à quelques jours du 1er décembre, le président Mamadou Diouf a indiqué la première mission du comité est celle de la commémoration qui sera rythmée par des cérémonies officielles au cimetière de Thiaroye et au camp militaire du même quartier.

    Il y a aussi la grande première de la pièce ‘’Aube africaine’’ du Guinéen Keita Fodeba mise en scène par le Sénégalais Mamadou Seyba Traoré.  

    Il est aussi prévu la projection du film  »Camp de Thiaroye » de Sembene Ousmane et Thierno Faty Sow et aussi des discussions avec des jeunes de Thiaroye.

    ‘’La commémoration est un acte pour rendre visible quelque chose qui est invisible. (…) C’est la recherche d’une histoire partagée par plusieurs pays pour impulser la solidarité et l’unité au niveau de la région, mais aussi au niveau de l’ensemble du continent’’, a souligné le président du comité. 

     »Est-ce que la France est conviée à cette commémoration ? ». Mamadou Diouf estime que c’est une question politique qu’il va falloir demander au gouvernement et à la présidence de la République. 

    Ce qui est sûr, selon lui, c’est que le comité travaille avec la France, car une mission des membres du comité est présentement envoyée en France pour discuter avec les autorités archivistiques françaises sur l’état de la documentation sur le massacre de ces Tirailleurs sénégalais le 1er décembre 1944.

    FKS/OID/AKS

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Commémoration de Thiaroye 44 : une volonté des nouvelles autorités de produire un récit historique local

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Commémoration de Thiaroye 44 : une volonté des nouvelles autorités de produire un récit historique local

    Dakar, 26 nov (APS) – L’hommage qui sera rendu, le 1er décembre, aux Tirailleurs sénégalais massacrés à Thiaroye, traduit l’engagement et la volonté des nouvelles autorités sénégalaises de produire un récit historique local, a indiqué l’historien Mamadou Diouf, président du comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye.

    ‘’Ces engagements politiques sont en particulier structurés autour d’une affirmation plus forte qu’est la souveraineté nationale, autour d’un décalage qui semble-t-il être aujourd’hui nécessaire, en particulier pour la génération des gens qui ont aujourd’hui 40 ans et nés après les indépendances’’, a déclaré l’historien au cours d’un entretien accordé à l’APS.

    Selon lui, cette commémoration ‘’importante’’ est ‘’un acte politique qui signifie des engagements précis d’un Etat qui affiche publiquement son identité’’. 

    Mamadou Diouf a souligné que les prédécesseurs du président Bassirou Diomaye Faye avaient cet engagement politique. Toutefois, il manquait ‘’l’affichage’’ public.

    ‘’Ils [Les présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall ] ont tous eu un engagement politique. Il n’y a pas de régime sans engagement politique. Mais c’est l’affichage. Peut-être à cause des circonstances et du fait que la France exerçait une police rigoureuse pour qu’on ne parle pas de Thiaroye’’, a expliqué l’enseignant-chercheur à l’université de Colombia aux Etats-Unis.  

    Selon lui, le premier président de la République Léopold Sédar Senghor qui a gouverné de 1960 à 1981 a eu ‘’un projet politique basé sur le socialisme africain et la négritude’’ alors que son successeur Abdou Diouf 1981-2000 ‘’son projet idéologique était le retour à la charte nationale’’.

    ‘’Dans le couple senghorien enracinement-ouverture, Senghor a privilégié l’ouverture, lui [Abdou Diouf] va privilégier l’enracinement. Chez Wade (2000-2012), c’est un retour à une culture et à une civilisation qui se réclament d’un enracinement, mais différent de la manière dont les socialistes pensaient cet enracinement’’, a indiqué Mamadou Diouf. 

    Le nouveau régime, avec cette génération incarnée par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, sur la base de ses slogans et ses campagnes politiques, fait un écart et essaie de démanteler ce qu’ils appellent un système, pour mettre en place quelque chose de nouveau. 

     »(…) il (le régime) se décline le plus fortement sur une revendication souverainiste très importante et c’est cela qui est important pour Thiaroye, la production d’un récit qui n’est plus un récit contrôlé et orienté par la France, mais d’un récit qui est un récit local’’, précise-t-il. 

    ‘’Thiaroye, c’est aujourd’hui une révision du récit historique’’

    Pour le professeur Mamadou Diouf, l’hommage aux Tirailleurs massacrés à Thiaroye c’est aussi ‘’une révision du récit historique de l’empire français’’.

    Cet empire français était composé d’une métropole qui était dominatrice et de colonies qui étaient dominées.   »’Il y avait un centre et une périphérie. Et ce centre a plus dicté son récit que les périphéries’’, a-t-il fait savoir.

    Aujourd’hui, estime-t-il, ‘’Thiaroye est l’affirmation de la prise de parole des périphéries pour imposer leur présence sur la scène du monde. Et c’est pour ça que cette commémoration est intéressante et importante’’, a-t-il dit ajoutant que c’est d’autant plus important que cet événement a été tu et reste encore aujourd’hui un événement défini par des incertitudes.

    Cet hommage est à la fois un travail politique et de mémoire, mais c’est aussi un travail scientifique, car il s’agit de connaître, comprendre, réunir l’ensemble des faits pour pouvoir effectivement dire le 1er décembre 1944, voilà ce qui s’est passé à Thiaroye, a martelé l’historien. 

    Il a précisé toutefois que cette commémoration n’est pas contre la France.  »Il faut dire de manière très claire que la commémoration n’est pas contre la France, c’est un événement qui interroge un moment qui est une histoire que nous partageons avec la France, l’histoire de l’Empire français », a t-il souligné.

    FKS/OID/AKS

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-HISTOIRE / L’historien Mamadou Diouf invite à faire du massacre de Thiaroye ‘’une mémoire vive’’

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-HISTOIRE / L’historien Mamadou Diouf invite à faire du massacre de Thiaroye ‘’une mémoire vive’’

    Dakar, 26 nov (APS) – L’universitaire et historien sénégalais Mamadou Diouf a appelé à faire du massacre des Tirailleurs à Thiaroye ‘’une mémoire vive’’ en l’inscrivant de manière centrale dans l’éducation afin d’en assurer son appropriation par la nouvelle génération.

    ‘’Si nous décidons aujourd’hui de faire de Thiaroye cette mémoire vive, il faudra l’inscrire de manière centrale dans le travail d’instruction et d’éducation que définirait un projet politique’’, a dit l’enseignant-chercheur par ailleurs président du comité de commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais.

    Dans un entretien avec l’APS, Mamadou Diouf a indiqué que la nouvelle génération ne pourra s’approprier de cette tragédie qu’en en faisant une mémoire vive, une histoire vivante’’.

    ‘’La mémoire n’est pas nécessairement une relation avec le passé, elle est une projection dans le futur’’, a martelé l’enseignant à l’université de Columbia, aux Etats unis.

    De l’avis de l’historien, il s’agira de dire « dans quelles conditions on devient ce qu’on a décidé d’être ».

    ‘’C’est-à-dire quel est le projet politique, quel est le projet économique, quel est le projet culturel qu’une société se donne, se dote pour devenir une communauté.  Cela ne peut passer que par l’éducation, une éducation non seulement qui parle de cette histoire et qui fait de la mémoire une mémoire vive, toujours le visiter, mais c’est aussi une éducation au service de la construction d’une communauté’’, a expliqué le professeur Diouf.

    Il a dit être « en phase » avec des parlementaires de l’opposition française qui souhaitent la mise en place une commission d’enquête pour la reconnaissance pleine et entière du massacre de Thiaroye et l’accès à l’ensemble des archives relatives à cet évènement datant du 1er décembre 1944.

    « La demande de reconnaissance, dit-il, est inéluctablement suivie d’une demande de redistribution, comme disent les philosophes, d’une demande de réparation.  Et comme je le disais, pas seulement des réparations physiques, mais aussi des réparations morales. Et la France va passer par cela », argue l’historien.

    FKS/SMD/AKS

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Du décret de Napoléon III à la tuerie de Thiaroye : retour sur le long sacrifice des tirailleurs sénégalais

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Du décret de Napoléon III à la tuerie de Thiaroye : retour sur le long sacrifice des tirailleurs sénégalais

    Par Aboubacar Demba Cissokho

    Dakar, 25 nov (APS) – Les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires appartenant aux troupes coloniales. Il a été constitué en 1857 et dissous à la fin des années 1950.

    Les tirailleurs, des unités d’infanterie qui se différencient des unités d’Afrique du Nord, tels les tirailleurs algériens, vont désigner l’ensemble des soldats d’Afrique subsaharienne qui se battent sous le drapeau français. Ils ont participé à la conquête et à la ‘’pacification’’ de Madagascar entre 1895 et 1905.

    Le terme  »sénégalais » leur est donné parce que c’est au Sénégal que s’est formé en 1857 le premier régiment de tirailleurs africains.

    C’est le général Louis Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, face au manque d’effectifs venus de la France métropolitaine dans les nouveaux territoires d’Afrique, qui crée le corps des tirailleurs sénégalais. Il s’agissait pour lui de faire face aux besoins de maintien de l’ordre dans la phase de colonisation. Napoléon III signe le décret qui institue le corps le 21 juillet 1857.

    Lors de la Première Guerre mondiale (1914-18), environ 200 000 tirailleurs de l’Afrique occidentale française (AOF) sont mobilisés sous le drapeau français. Plus de 135 000 d’entre eux le font sur les théâtres d’opération en Europe. Quelque 30 000 soldats du corps des tirailleurs y ont trouvé la mort. Beaucoup d’entre eux sont revenus blessés ou invalides.

    Entre 1939 et 1944, pour le seconde Guerre mondiale, près de 140 000 Africains sont engagés par la France – c’est la moitié des effectifs des forces françaises qui ont participé à la libération de la France occupée par l’Allemagne nazie.

    Près de 24 000 sont faits prisonniers ou sont tués au combat. Le 23 août 1944, c’est un régiment de tirailleurs sénégalais qui libère la ville de Toulon, à la suite du débarquement de Provence. C’est cette date que Abdoulaye Wade avait choisie, en 2004, pour célébrer une Journée internationale des tirailleurs  »sénégalais ».

     Les tirailleurs sénégalais se sont également battus pour l’Empire colonial français, dont les autorités les engagent dans des conflits qui ont opposé la France à ses colonies : en Indochine (1946-1954), en Algérie (1954-1962), à Madagascar (1947).

    Aux tirailleurs qui ont été massacrés le 1er décembre 1944 à Thiaroye, le poète Léopold Sédar Senghor a dédié un de ses plus célèbres poèmes, dans le recueil ‘’Hosties noires’’.

    ADC/MTN/OID

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Les temps forts des 80 ans du Massacre de Thiaroye

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / Les temps forts des 80 ans du Massacre de Thiaroye

    Dakar, 23 nov (APS) – Dépôt de gerbes de fleurs au cimetière de Thiaroye, cérémonie militaire sont entre autres actes phares prévus le 1er décembre, pour commémorer le 80e anniversaire du massacre de tirailleurs sénégalais au Camp de Thiaroye.

    L’un des temps forts de cet événement sera le dépôt de gerbes de fleurs au cimetière militaire de Thiaroye par le président de la République Bassirou Diomaye Faye et ses invités, a appris l’APS, du coordonnateur du comité de commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, Abdoulaye Koundoul.

    Le dépôt de gerbes sera suivi d’une cérémonie militaire et civile au camp lieutenant Amadou Lindor Fall de Thiaroye avec une prestation du rappeur sénégalais, Didier Awadi en vidéo et chant et aussi la déclamation des lauréats du concours de poésie sur le thème du  »Massacre de Thiaroye ».

    Selon Koundoul, le concours a été remporté par un élève de Yeumbeul dans la banlieue de Dakar et deux jeunes filles du lycée d’Excellence Mariama Ba de Gorée.

    L’autre moment fort de cette journée historique est la représentation de la pièce de théâtre  »Aube africaine » au Grand théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose.

    Ce texte est écrit par le dramaturge guinéen Keita Fodeba et publié par Alioune Diop de  »Présence africaine » et mis en scène par Mamadou Seyba Traoré.

    D’autres activités sont aussi au programme pour célébrer ces héros partis en France pour combattre pendant la deuxième guerre mondiale pour la France. Ils ont été massacrés pour avoir demandé leur pécules le 1er décembre 1944.

    FKS/SKS/OID/MK

  • SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / ‘’Aube africaine’’, une représentation pour réclamer ‘’vérité et justice’’ sur le massacre de Thiaroye

    SENEGAL-AFRIQUE-FRANCE-MEMOIRE / ‘’Aube africaine’’, une représentation pour réclamer ‘’vérité et justice’’ sur le massacre de Thiaroye

    Dakar, 23 nov (APS) – Le Grand théâtre national de Dakar va accueillir, dimanche 1er décembre, la première de la pièce de théâtre ‘’Aube Africaine’’, dont l’ambition est de réclamer ‘’vérité et justice’’ sur ce qui est convenu d’appeler le massacre des tirailleurs sénégalais en 1944 au camp de Thiaroye, a appris l’APS d’un des initiateurs.

    Cette pièce sera représentée dans le cadre de la cérémonie officielle de la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye en 1944 organisée par le gouvernement sénégalais.

    ‘’La pièce ambitionne de juste dire qu’il faut que la vérité soit dite. Dire qu’on ne peut pas accepter que les gens soient ensevelis comme ça dans le silence. Qu’il s’est passé quelque chose de tragique à Thiaroye, il faut qu’on en parle’’, a laissé entendre le metteur en scène de la pièce, le Sénégalais Mamadou Seyba Traoré.

    S’entretenant avec  l’APS, en marge d’une séance de répétition de plus de deux heures au théâtre national Daniel Sorano, Mamadou Seyba Traoré est d’avis qu’il est important que « les choses soient dites pour l’histoire, pour la marche de l’humanité, pour la dignité humaine’’.

    La pièce de théâtre ‘’Aube africaine’’ est une adaptation de l’ouvrage du même nom de l’écrivain, dramaturge et homme politique guinéen, Keita Fodéba qui a publié ces légendes, poèmes et contes africains  dans les années 1950.

    Le choix de l’œuvre de Keita, selon le metteur en scène, émane de l’historien et universitaire sénégalais Mamadou Diouf, par ailleurs président du comité dédié à la commémoration des 80 ans du massacre de Thiaroye, installé en août dernier par le Premier ministre Ousmane Sonko.

    « Le choix a été fait pour une raison simple, Keita Fodéba a été l’un des premiers auteurs à écrire sur ce massacre de Thiaroye », pendant les années de la colonisation, renseigne le metteur en scène.

     »Vous savez, c’était l’omerta, on n’en parlait pas, il n’était pas question d’aborder ce sujet. Il se trouve que seul Fodéba et Léopold Sédar Senghor ont parlé des tirailleurs pendant la période coloniale’’, a t-il poursuivi.

    Mamadou Seyba Traoré salue ainsi ‘’l’audace’’ de cet écrivain guinéen qui a parlé d’un « sujet à l’époque tabou, et qui l’est toujours ».

    L’intrigue de la pièce qui épouse la dramaturgie de l’ouvrage part du recrutement des ‘’tirailleurs sénégalais’’,  vocable utilisé pour désigner tous les soldats africains ayant pris part aux côtés de la France durant les deux guerres mondiales.

    Elle aborde également leur retour après la seconde guerre mondiale, en passant en revue leur vie dans les tranchées, l’angoisse des familles restées au pays et le massacre de Thiaroye « parce qu’ils réclamaient simplement leur dû ».

    Dans un décor ‘’sobre et vide’’ ayant pour objectif de gommer la séparation entre le public et la scène, Mamadou Seyba Traoré dit vouloir que « le message passe directement de la scène au public ».

    Il avait aussi à cœur de représenter les neuf pays de l’Afrique Occidentale française dans cette pièce où, indique-t-il, « tous les ethnies se rencontrent ».

    ‘’On vit cette histoire, cet événement tragique dans la même communion. Et qu’on prie tous ensemble pour le repos de l’âme de nos héros. Mais également pour revendiquer notre droit à la justice, à la vérité’’, indique-t-il.

    Dans cette pièce qui navigue entre le passé de cette histoire tragique et le présent marqué par l’engagement d’une jeunesse africaine ‘’décomplexée », le metteur en scène plaide ‘’pour la diffusion de la vérité sur beaucoup de sujets relatifs à l’Afrique pour pourvoir avancer aujourd’hui’’.

    ‘’Aube Africaine’’, une pièce pluridisciplinaire mêle chant, danse, théâtre et musique avec des comédiens de Sorano et des autres troupes privées du Sénégal, a aussi voulu rendre hommage à Keita Fodéba en épousant l’esprit de son travail.

    Mamadou Seyba Traoré révèle toutefois avoir eu ‘’un grand souci’’ pour adapter au cinéma cette œuvre de Keita Fodéba.

    ‘’Il y a beaucoup de fulgurances, beaucoup d’images latentes qu’il faut actualiser. Ce que nous avons essayé de faire, c’est d’actualiser tous les non-dits du texte. Mais ces non-dits sont extrêmement bavards’’, a-t-il expliqué, ajoutant : ‘’ce sont des non-dits extrêmement clairs, précis et assez accusateurs’’.

    FKS/OID/SMD