Louga, 1er oct (APS) – Le président de la Fédération des associations de développement communautaire (FADEC), Makhtar Ndiaye, appelle à prendre des mesures pour protéger les Niayes, une « zone écologiquement fragile » où les efforts de reboisement sont contrariés par l’exploitation du zircon.
M. Ndiaye a lancé cet appel lundi à Kébémer, dans la région de Louga (nord-ouest), à l’issue d’un forum communautaire sur le changement climatique et la situation de la femme en milieu rural.
S’entretenant à cette occasion avec des journalistes, il a lancé « un appel aux nouvelles autorités sénégalaises pour qu’elles prennent des mesures afin de protéger cette zone fragile », à savoir les Niayes, une bande côtière qui va de Dakar à Saint-Louis, sur 180 km de long.
La zone des Niayes comporte des dunes et dépressions, des caractéristiques biophysiques favorables aux productions maraîchères.
« Je crois que c’est aussi le moment idéal pour lancer un appel à l’Etat, car tous les efforts et investissements réalisés au cours des 15 dernières années [dans cette zone], grâce aux fonds des contribuables européens, principalement espagnols et basques, sont aujourd’hui menacés par l’exploitation du zircon », a-t-il déclaré.
« Nous avons investi des milliards pour des résultats concrets, mais tout cela risque d’être sacrifié », a dit Makhtar Ndiaye, en parlant des « menaces » pesant selon lui sur les efforts de reboisement et de lutte contre la désertification dans cette partie du pays.
Le président de la Fédération des associations de développement communautaire a loué « les 15 années d’action » des partenaires espagnols en matière de lutte contre la désertification et le réchauffement climatique dans cette zone.
« Depuis 2009, notre structure, grâce à nos partenaires espagnols et basques, a mis en place un projet structuré autour de deux volets », dont un programme d’eau et d’assainissement à Ngourane, une commune située dans le département de Kébémer.
Il a aussi parlé d’un « projet de fixation des dunes intérieures mobiles dans les Niayes, allant de Lompoul à Potou sur le littoral ».
« Nous avons réalisé une bande de fixation des dunes sur 1 600 hectares, contribuant ainsi à la protection des cuvettes maritimes des Niayes, où 85% de la production maritime du Sénégal est concentrée », a-t-il déclaré.
Selon lui, le projet soutenu par des partenaires espagnols a permis de renforcer la sécurité alimentaire et de promouvoir une agriculture durable et biologique dans cette zone.
Il a déploré le fait que ces efforts se trouvent « désormais menacés par l’exploitation du zircon, qui progresse dangereusement près des zones reboisées ».
« En plus du reboisement, a-t-il poursuivi, nous avons également mis en place [un projet] pour enseigner des techniques agricoles respectueuses de l’environnement, en utilisant des produits organiques, afin d’accompagner les populations locales dans la gestion durable de l’eau et la sensibilisation à la fragilité de la nappe phréatique ».
M. Ndiaye a par ailleurs souligné que « malgré l’absence d’investissement direct du gouvernement sénégalais, les résultats obtenus sont le fruit d’une coopération internationale et de l’engagement de volontaires ».
Aussi en appelle-t-il à « une protection urgente de cette zone menacée par des projets d’exploitation minière ».
DS/BK/ASG